Mois : avril 2011

Massacre à Séphora

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 Hier pour fêter mes vacances et la rédaction d'un papier qui me donnait un peu de fil à retordre, j'ai décidé d'aller chez Sephora acheter le bain magique pour les ongles. En entrant dans le magasin, je me faisais la réflexion que je n'y avais pas mis les pieds depuis des lustres et que j'étais conne tout de même, c'est chouette parfois d'acheter des produits qui ne servent à rien mais qui font du bien.

Et puis quand le vendeur m'est tombé dessus comme la misère sur le bas clergé, je me suis rappelée pourquoi je n'entre JAMAIS dans ce temple de perdition.

Chez Sephora comme chez le coiffeur ou le marchand de chaussures, je suis en effet le profil type de la victime du vendeur ultra-serviable. Le genre de fille que les gars repèrent à peine elle a franchi le portique. Limite si ça ne se met pas à clignoter partout sur les écrans de contrôle. "Pigeon de première catégorie en vue, PNC aux portes. On se tient prêt… GO, GO, GO !".

Non mais franchement. En plus, j'ai fait super attention, ne restant jamais plus de dix secondes devant un présentoir (au bout de 11 s tu es sûre d'être grillée), allant et venant avec l'air de celle qui SAIT ce qu'elle est venue chercher et affichant l'air le plus désagréable qu'il m'est possible de prendre.

Bilan: je venais pour le bain magique à 7,90 euros.

Je suis repartie avec une note de…

148 euros.

Je vais aller me suicider au dissolvant. Je veux dire, ce n'est pas comme si j'étais pour ainsi dire sans revenu fixe, désormais.

148 euros, donc, dont un recourbe cils (que je sois pendue si je m'en sers un jour, ça me fiche une trouille bleue cette affaire) (ça ressemble à un speculum), un TAILLE CRAYON (j'ai perdu tous mes khôls mais on ne sait jamais, des fois que), un truc touche éclat Dior qui parait-il réveille tout (selon mon nouveau meilleur copain du séphora italie) et un fond de teint minéral (que je ne sais pas m'en servir sans tapisser la salle de bain et accessoirement flinguer mes fringues) (c'est vicieux, le fond de teint en poudre. Plus tu frottes tes fringues, plus ça se transforme en crème qui adhère) (c'est le principe en même temps).

Sans compter une bonne petite séance d'humiliation publique, mon poto vendeur ayant décrêté que je ne pouvais pas sortir du magasin avec une gueule pareille (il l'a formulé plus délicatement mais en gros il aurait hurlé que j'avais une tronche à chier contre, ça n'aurait pas été pire). Et qui a donc entrepris de me démaquiller, puis de "travailler mon teint". Et vas-y que je te colle de la touche éclat sur mes imperfections et mes rougeurs (bien fort "les rougeurs") et vas-y que je hurle que la dame n'a pas de poches, sous ses yeux, non non non ! En revanche, "qu'est-ce que c'est fatigué tout ça ! Pas de cernes, mais tout est… fatigué, quoi" ! "Allez, encore un peu de touche éclat, hop, DIX ANS EN MOINS !".

Solitude.

Et hop, la touche éclat dans ton panier. J'ai bien tenté de tout reposer dès qu'il a eu le dos tourné mais on n'apprend pas aux vieux singes à faire la grimace. Il a senti le coup de jarnac et il m'a escortée jusqu'à la caissière. Impossible de m'enfuir, j'étais cernée (enfin, non, "fatiguée", plutôt).

Quand je suis rentrée chez moi, je suis tombée sur ma copine Zaz. Elle m'a regardée bizarrement et m'a demandé ce qui m'était arrivé, si j'avais chialé toute l'après-midi ou si j'avais une mononucléose.

Par contre je suis super fière, j'ai réussi à refuser le pinceau Kabuki ("Ah, non, merci, j'ai déjà"). C'est toujours ça de pris. Sauf qu'en vrai j'en ai pas. J'ai l'air encore un peu plus con avec ma boite de poudre.

Si quelqu'un a besoin d'un fond de teint ou d'un recourbe cil, hein, n'hésitez pas à m'envoyer un mail. J'ai un taille crayon aussi.

Allez, je vous laisse, je prends un train et il faut que je trouve une valise assez grande pour caser mes nouvelles acquisitions. Bien sûr que je les emporte. Ce n'est pas parce que ça sert à rien que je n'en ai pas besoin, enfin !

A la semaine prochaine, pour celles qui s'en inquiètent, sachez que je prévois de piquer l'appareil de ma mère afin d'immortaliser les 129 cadrans solaires du village. Et aussi mon jean vert.

Ah oui, chez Zara j'ai acheté un jean vert. Color block me voilà.

De la dentelle

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Alors voilà, le sort a parlé et le churros a tiré. En tout bien tout honneur, ça va de soi, d'autant que si ça se trouve dans le lot, il y a des mineures.

Voici les noms des gagnantes:

Les sacs:

12 Zaz06

208 Marion (D1)

Les t-shirts:

126: La papote

256: Manollipop

Un grand bravo à vous, merci de m'envoyer vos coordonnées par mail pour que je les transmette au bazar vert !

A part ça, je pars demain en vacances dans mon refuge des Alpes du Sud et je ne peux pas vous dire à quel point j'en suis heureuse. Mon petit frère était chez moi hier soir pour un passage express à Paris et on était bien d'accord tous les deux à propos de tout ce que ça a de merveilleux d'aller acheter le pain au village (bon, ok, c'est tout le temps mon père qui le fait, mais l'IDEE d'aller acheter le pain, je kiffe), d'entrer dans l'église romane magnifique (pareil, parfois c'est surtout l'idée mais ça compte aussi), de boire un coup en terrasse du restaurant d'altitude (là par contre, souvent on passe à l'acte) ou juste d'être réveillés par cet oiseau dont le chant est reconnaissable entre tous.

Bref, je trépigne, je me languis et j'ai un peu super peur qu'on ait un temps pourri étant donné que selon mes études scrupuleuses le soleil brille au dessus de Briançon depuis maintenant 3 semaines et que c'est rare que ça tienne un mois.

Surtout, j'ai deux papiers à terminer d'ici demain matin et bien sûr, plutôt que de m'y mettre, je suis là, à bavasser.

Bref je vous laisse pour aujourd'hui, avec cette photo bien pas nette de ce qui est censé représenter mon épaule. C'est ma copine Chloé, il y a quelques mois, elle portait une tunique dans ce style, en laine avec de la dentelle ajourée aux épaules. Je lui avais dit comme je la trouvais belle. Et pour mon anniversaire, elle est arrivée avec la cousine de cette tunique, que j'adore. Je crois que ça résume totalement ce que je pense de l'amitié, ce truc que les choses qu'on se dit ne tombent pas dans l'oreille d'un sourd.

Bonne journée

Ah et non, en effet, je confirme, mon APN n'est toujours pas réparé…

Du concours avec Mon Bazar Vert et du Margaux Motin inside

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Bon après avoir bien plombé l'ambiance hier, je vous propose d'alléger l'atmosphère avec un concours. Ça faisait longtemps, non ? En plus, c'est un concours avec des lots canons, offerts par Mon Bazar Vert, site pour lequel je vous rappelle, je collabore désormais une fois par mois.

L'enjeu ? Deux t-shirts et deux sacs ornés de dessins de… Margaux Motin. Ma préférée des blogueuses BD, celle dont je me sens la plus proche, dont les billets me font tour à tour rire ou pleurer. J'en ai déjà parlé mais vraiment, ce que j'apprécie le plus chez elle, outre son trait ultra précis et travaillé, c'est sa finesse et sa justesse. Son côté scato aussi, j'avoue. Et cul, bien sûr, évidemment.

Bref, deux sacs et deux t-shirts, quatre gagnantes. Dans votre commentaire, si vous optez pour le t-shirt, vous mettez votre taille, merci ! Et donc vous précisez ce que vous voulez, ça nous aidera.

Pour jouer, répondez à ces questions:

1) De quel peuple s'inspire la collection de bijoux éthique Karuni ?
2) Quelle marque en vente sur le shop tire son nom d'un célèbre jeu de mains ?
Bien sûr, vous pourriez tricher, mais je sais que vos parents ont mis à l'intérieur de vous un océan d'honnêteté
Bonne journée !
MBVCOLLECTION SAC

Le jour où on est un peu mouru

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La naissance de mes jumeaux ne s'est pas passée comme dans un rêve. Ils sont arrivés trop tôt, en catastrophe, dans un hopital qui n'était pas conçu pour gérer deux prémas. A peine ont-ils été extirpés de mon ventre, que le Samu les a emmenés à l'autre bout de Paris. Je me suis réveillée de l'anesthésie générale, j'ai eu le temps de voir la double couveuse passer devant mon brancart et d'effleurer le poignet de mon fils. Ma fille était cachée par son frère, je ne l'ai découverte que trois jours plus tard, lorsqu'on a bien voulu me conduire à elle.

Au bout d'une petite semaine, ils sont revenus dans la maternité où je me remettais péniblement de ma césarienne (on va dire que les 32 kilos pris pendant les sept derniers mois dont seulement 5 s'étaient envolés pendant l'accouchement ne m'aidaient pas à retrouver une quelconque mobilité. Sans compter l'état de dépression avancé dans lequel je me trouvais, combiné à une montée de lait atomique qu'aucune machine d'avant-guerre ne pouvait soulager).

Je garderai toute ma vie en mémoire ce berceau en plexiglas dans lequel se blotissaient ces deux poupons minuscules et encore tuyautés. A ce moment là, nous avons vraiment cru, le churros et moi, qu'on en avait fini de pleurer. Je n'en pouvais plus de fierté, j'étais enfin une maman comme celle dont je partageais la chambre et non un ventre vide échoué sur un lit d'hopital, cherchant à comprendre ce qui avait bien pu se passer pour que rien ne se déroule comme prévu.

Le premier jour, ça n'a été que de la joie. Premier bain, première tentative compliquée de mise au sein (lequel était sans mentir deux à trois fois plus volumineux que leur tête), premiers calins sans les bruits insupportables des moniteurs de la néonat. Premières visites aussi des grands-parents tout esbaudis de découvrir ces deux cornichons fripés qui venaient d'un coup de créer une nouvelle génération.

Le lendemain, j'ai bien trouvé que mon machin respirait un peu vite, mais la puéricultrice m'a répondu que c'était pas bientôt fini de voir le mal partout. "Vos bébés sont là, vous les avez assez réclamés (sans blague), ils vont bien maintenant, cessez un peu de chercher les problèmes quand il n'y en a pas". Le bon sens près de chez vous et la gentillesse qui allait avec.

N'empêche que mon bouchon, il respirait vite.

Une nuit a passé, et non seulement il continuait à haleter comme un chiot essouflé, mais il ne faisait maintenant que dormir. Las, dans cette clinique adorée de toutes les parisiennes branchées, le personnel à l'époque était probablement plus occupé à louer les vertus du chant prénatal qu'à observer un bébé prématuré.

Il a fallu attendre la relève des puéricultrices et l'arrivée d'une jeunette moins sûre de son fait que son ainée pour qu'on finisse par m'écouter. Quand je lui ai tendu mon Marius à moitié groggy avec son ventre qui se soulevait à chaque inspiration, je n'ai pas eu besoin de mobiliser beaucoup de neurones pour comprendre que ça sentait le roussi.

Sauf que là encore, rien n'a fonctionné correctement. La pédiatre censée être de garde a mis six heures à pointer ses fesses. Pendant ce temps, avec les moyens du bord, le personnel soignant a tenté de soulager le machin, à grand renfort d'oxygène qui ne servait à rien et d'antibiotiques au cas où. Avec le churros et un couple d'amis arrivés en pleine crise (les pauvres), on s'est assis à l'entrée de la pouponnière où nos deux bébés avaient été consignés. Je m'en veux encore aujourd'hui de n'avoir pas été capable de rester auprès d'eux. Voir mon fils ainsi m'était si insupportable que j'étais paralysée, figée sur cette chaise, dans cette salle des pas perdus. Comme coincée dans un espace temps parrallèle.

La pédiatre s'est enfin ramenée, en pestant, en plus, d'avoir été dérangée en plein pont du 8 mai. Elle n'a pas râlé longtemps, remarquez, surtout quand elle a constaté que l'objet de son tourment était tout simplement en train de crever.

A partir de là, c'est le brouillard, le flou intégral. Les sirènes du Samu, des blouses blanches partout, des cris, "il s'enfonce, on intube, tout de suite". Et puis deux infirmiers qui se postent devant l'ascenseur pour retenir les portes, la couveuse qui passe devant moi, dans éclair. "On laisse passer, on laisse passer…". A nouveau les sirènes mais qui cette fois-ci s'éloignent. Nos enfants ne sont plus là. Le churros serre ma main et me fait cette promesse que j'entends encore: "je ne te laisserai jamais tomber".

De cet après-midi, je retiens tout ça, à savoir pas grand chose si ce n'est le vague souvenir de mes tripes en bouillie, comme si j'allais finir par me vomir moi même.

Je revois toutefois un visage. Celui de Cédric Klapisch, assis en face de moi, me regardant avec compassion et embarras. Sa femme avait accouché elle aussi quelques jours plus tôt dans cette clinique au doux nom de fleur et devant laquelle je ne pourrai plus jamais passer sans que mon coeur remonte dans ma gorge. A chaque fois que je vois un de ses films ou que je lis une interview de lui, il me vient à l'esprit que sans qu'il ne me connaisse, on est connectés.

Mes enfants sont restés hospitalisés un mois. Ils avaient attrapé un staphylocoque et mon fils faisait une septicémie. Le diagnostic a été réservé pendant trois jours. J'ai appris cet après-midi là que le monde pouvait disparaitre sous mes pieds. Comme ça, en moins de temps qu'il ne faut pour le dire. Je crois que j'ai aussi perdu un peu de moi. Une minuscule part de mon être est restée sur cette chaise, dans cette salle des pas perdus d'une clinique parisienne qui depuis, d'ailleurs, a déménagé.

Edit: Je tiens à préciser que cette histoire remonte à 11 ans maintenant et que depuis, cette clinique s'est modernisée, qu'elle est accolée à un service de néonat et que les futures mamans qui vont y accoucher ne doivent pas s'inquiéter. La seule leçon à retenir c'est que lorsqu'on attend des jumeaux, on va dans un hopital de niveau 3.

J’ai un cadeau à faire, chez Zadig et Voltaire, ça m’énerve…

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Frédéric Lefevbre, il est comme ça. Un intellectuel, vous voyez. Et quand il a besoin de se prendre une grande leçon de vie et de littérature, il se plonge dans son livre de chevet.

Le bien connu "Zadig et Voltaire". Après, il se fait toute l'oeuvre de Zazie. Dans le métro. On lui a dit que c'était comme ça que ça s'écoutait, cette grande musique.

Par contre, la Princesse de Clèves, de cette conne des Galeries Lafayette, il ne supporte pas, ça lui file des boutons comme à Nicolas.

Si ce n'était pas si triste, ce serait hilarant. Mais j'ai beau trouver ça hilarant, j'avoue, la tristesse l'emporte malgré tout. Allez Fredo, file te plonger dans les écrits de Voltaire. Parait même qu'il aurait écrit un bouquin qui s'appelle Zadig. Mais Zadig tout court, tu vois ? Je veux dire, à l'époque, ça n'existait pas encore le concept des pulls en faux cachemire à 500 boules avec marqué Elvis derrière.


 

Tout ça m'évoque la chanson de Souchon. On nous Claudia Shiffer, on nous Paul-Lou Sulitzer, le mal qu'on peut nous faire…

Allez, sinon, pour la route quelques up et down.

– Up: "Mon" arbre de Judée, qui cette année donne le meilleur de lui même. Il est presque phosphorescent, d'un rose tirant sur le violet. Je le mange des yeux tous les jours, parce que je connais la brieveté de sa floraison. Et je savoure cette chance d'avoir, à Paris, un arbre sous mes fenêtres.

– Up: Les dessous bleus roi de chez Princesse Tam-Tam, avec culotte haute qui planque le ventre. J'ai craqué, je suis trop color block, moi, ça y'est.

– Down: Les dessous de Princesse Tam Tam bleus roi, dont le 95 C est à peine plus large qu'un 90B de n'importe quelle autre marque. A ce niveau là, c'est de la tromperie organisée. Du genre, si si, les gros nichons aussi ont le droit d'être color block et trendy. Alors qu'en réalité, au bout d'à peine une heure, tu te retrouves avec quatre seins sous ton pull. Merci.

– Up: "La balade de Lila K", de Blandine le Callet. J'avais aimé son premier bouquin, "Pièce montée", tout en en trouvant le style un peu emprunté et l'intrigue assez facile. Là, elle fait le pari de la science fiction, un peu dans l'esprit "Bienvenue à Gattaca". Et ma foi, elle m'a prise au tripes. Il y a quelques passages un peu too much, quelques facilités, mais cet auteur sait vous emmener avec elle. Et certains aspects du livre font froid dans le dos, tant on peut y voir la suite logique de notre société de plus en plus sécuritaire.

– Up: "Ma part du gateau", de Cédric Klapish. Un jour, je vous raconterai comment, sans le savoir, Cédric Klapish fait partie intégrante de mon histoire, parce qu'il fut le spectateur involontaire de l'épisode le plus douloureux de ma vie. Mais toujours est-il que j'ai bien aimé son film, je sais que beaucoup n'en apprécient pas la fin, elle peut sembler relever du grand n'importe quoi, mais je ne vois pas bien comment cette histoire entre un connard de trader – du genre à dévorer Zadig et Voltaire les soirs de pluie – et cette femme de ménage au grand coeur aurait pu se terminer. A voir, pour Karin Viard, pour cette vision manichéenne mais militante de la société.

– Up: La recette de la tarte au citron de Trish Deseigne (dans le livre I love cakes), soigneusement suivie samedi et grace à laquelle je me suis approchée de la perfection faite tarte. Au citron.

Voilà, je vous laisse, je ne peux résister à l'appel du dernier best seller de Flaubert, Madame Du Barry. Il parait que c'est intense. Sexuellement.

Edit: pour ceux qui commencent à en avoir ras le bonbon des photos d'Iphone, sachez que théoriquement, je récupère mon reflex mardi. Yeah.

40 ans après les « salopes », 343 femmes se mobilisent à nouveau

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Le premier appel des 343 salopes a été signé quelques jours après ma naissance. Le second vient d'être publié, ce 2 avril 2011. 40 ans après, c'est effarant de constater que les revendications des 343 filles, soeurs, nièces ou amies de ces pionnières du féminisme ne sont hélas pas très éloignées de celles du premier manifeste.

Si l'avortement est autorisé, il est encore souvent un parcours du combattant, jonché de culpablisation et de refus de médecins considérant que l'acte est contraire à leur éthique. Les femmes continuent à assumer l'essentiel des tâches ménagères, elles sont moins bien payées que leurs homologues à compétences égales, subissent le joug du plafond de verre qui les empêche d'accéder aux postes à responsabilités.

Je n'aime pas la victimisation, je suis de celles qui, privilégiées, vivent avec un homme pour qui l'égalité n'est pas qu'une vue de l'esprit. J'ai été élevée par une mère qui m'a toujours encouragée à suivre ma voie et m'a enseigné, par l'exemple, que s'assumer financièrement et s'épanouir professionnellement étaient gage de liberté. Mais je suis témoin, tous les jours, de l'oppression des femmes, de la manière dont même inconsciemment certaines d'entre nous persistent à penser qu'elles appartiennent au sexe faible. Dans le secteur de l'enseignement supérieur, que j'ai suivi pendant des années, il est frappant de constater par exemple combien les assemblées de décideurs ne sont composées que de têtes – souvent grises – d'hommes. Parmi les présidents d'université, rares sont les femmes, parmi les recteurs, idem, les grandes écoles sont dirigées par des hommes. Je cite cet exemple parce que je le connais et qu'il est d'autant plus frappant au regard de la forte féminisation du corps enseignant, mais on retrouve ce même constat dans tous les milieux. Pire, quand un métier se féminise, certains avancent qu'il se déprécie. Je l'ai entendu, souvent, à propos du journalisme.

Bref, la route est longue, et pour toutes ces raisons, je soutiens à mon tout petit niveau ce nouvel appel. Et j'espère de tout mon coeur que mes filles n'auront pas à en signer un troisième dans quarante ans.

"Nous ne demandons pas la lune, nous exigeons juste l'égalité".

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Mécénat et ongles douteux

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Journée un peu particulière aujourd'hui puisqu'en quelque sorte je retourne au bureau. Enfin pas vraiment au bureau, mais je renfile mon costume de journaliste éduc et je couvre une conférence pour un magazine très étudiant avec plein de gens très sérieux (on parle de prendre des notes pendant les débats pour ensuite en rédiger un compte-rendu, pas d'aller sauter sur les bombes en Libye, on a le journalisme qu'on mérite).

Ceci dit, c'est amusant, en partant de mon agence de presse, je pensais tirer un trait sur cette partie là de ma vie professionnelle. Finalement, on ne ferme pas la porte aussi facilement sur huit années d'immersion dans un secteur, quel qu'il soit.

Et c'est peut-être très bien comme ça. Ce grand écart entre mon blog, mes papiers pour pour Psycho, mes projets d'écriture et le type de boulot d'aujourd'hui, je le vivais mal quand j'étais en poste. Impression de trahir mon employeur, de ne pas savoir choisir, de n'être à ma place nulle part.

Aujourd'hui, c'est différent, je vais où bon me semble, en toute transparence. Je ne cache rien aux uns ou aux autres et je revendique, même, ce goût pour des sujets variés. Résultat, plus une once de culpabilité et un réel plaisir de ne pas quitter complètement ces gens qui furent mes contacts pendant des années.

Aussi, il faut bien payer le loyer, hein*.

Par contre, je n'ai plus de dissolvant et à force de me dire que je vais aller m'acheter le bain magique pour les ongles de chez Sephora (que même ma copine qui reçoit tous les cosmétiques à l'oeil, elle l'ACHETE, parce que d'après elle, c'est MIRACULEUX), sans bien sûr me résoudre à bouger mon postérieur, je me retrouve à quelques heures de partir jouer les femmes Barbara Gould, avec les ongles aussi propres que les oreilles de ma fille. (on sécrète énormément de cerumen, dans la famille).

* J'ai moi aussi du mal à y croire mais pour l'instant, aucun mécène n'est venu me trouver pour me proposer de me financer une année dans une maison d'écrivains située de préférence à la Barbade. Les chiens.