J’apprends l’arabe, par Hyam Zaytoun

La première fois que j’ai vu Hyam, c’était sur un plateau. J’étais là comme une petite souris pour assister au tournage d’un épisode de Parents Mode d’Emploi. Hyam jouait Nora, la copine de Sergio. C’était émouvant parce qu’elle jouait – à la perfection – une scène qu’on avait écrite à trois avec B. et A. Je m’étais dit qu’elle était drôlement jolie et qu’elle avait l’air gentille. Et que c’était magique d’entendre nos mots dans la bouche d’une comédienne. C’était la première fois qu’un truc comme ça m’arrivait. On a échangé quelques sourires et B. nous a présentées et je suis repartie.

Et puis quelques mois plus tard, projection de ces premiers 26 minutes, en présence de toutes l’équipe. J’y étais avec ma petite famille, ainsi que tous les acteurs de la série. Et alors qu’Hyam s’installe devant nous, Rose s’écrie alors: « maman, y’a ma prof de théâtre ! »

Et en effet, c’était elle. Je n’avais pas assisté à la première réunion du fameux cours et n’avait donc pas fait le rapprochement.

Comme je dis souvent, paraphrasant Etienne Daho, il n’y a pas de hasard, que des rencontres. Hyam Zaytoun, donc, comédienne que vous avez peut-être vue notamment dans la saison 1 du bureau des légendes, se trouve être ma presque voisine et prof de théâtre de ma fille.

Petit à petit, nous avons sympathisé et commencé, même, à écrire ensemble. J’ai découvert une comédienne engagée, qui déploie son talent aussi bien sur grand écran que sur des scènes de théâtre de banlieue parisienne et qui a à coeur de s’inscrire dans une démarche citoyenne, en développant des projets solidaires, en lien avec le quotidien des gens de notre petite ville. Je ne m’étendrai pas plus sur cette amitié naissante qui nous appartient, mais quand elle m’a fait lire ce feuilleton radio qu’elle avait proposé à France Culture, j’ai eu envie de vous en parler. Parce que c’est une histoire si jolie, si contemporaine, si pleine de sens en ces temps tellement complexes pour toute personne issue d’une double culture. Et puis rien n’est plus à la mode aujourd’hui que les podcasts et je dois avouer que c’est un concept auquel j’adhère sans réserve, en accro à la radio que je suis depuis toujours.

Je vous invite vraiment à écouter sur France Culture cette série, « J’apprends l’arabe », par Hyam Zaytoun. Vous suivrez pas à pas Leila, qui un jour, décide d’apprivoiser la langue de son père, l’arabe, donc. Et plutôt que d’essayer de vous expliquer cela plus en détail, j’ai eu envie de laisser la parole à son auteur, le temps d’une petite interview.

Comment t’est venue cette idée de série ?

Hyam Zaytoun: Il y a quelques années j’ai commencé à prendre des cours d’arabe classique.. ça n’a l’air de rien mais c’était une démarche très importante pour moi… Et ça a commencé à créer plein d’échos dans ma vie personnelle. Alors j’ai tenu un petit journal… comme ça juste pour moi ..Et puis il y a mon ami Jordi, qui m’a offert ce beau livre « Autoportrait de l’auteur en coureur de fond » de Haruki Murakami… C’est un livre génial qui m’a donné l’idée que l’on pouvait aussi écrire sur une pratique, un petit défit tout personnel, qu’il y avait matière pour cela… Bref, ça m’a ouvert une porte!

 

Est-ce que tu as tout de suite pensé à un feuilleton radio ?
Hyam Zaytoun: Assez vite j’ai pensé à une forme feuilletonnante, parce que c’était une idée de chronique que j’avais…  Et puis, j’ai fait la connaissance de Camille Kohler, auteure radio et littérature, qui écrit notamment ce super feuilleton pour France Culture «  La vie trépidante de Brigitte Tornade »… je lui ai parlé de l’idée d’un feuilleton autour de mon apprentissage de l’arabe, et elle a m’a tout de suite encouragée et permis de rencontrer Celine Geoffroy, conseillère littéraire a France Culture qui a été une vraie magicienne avec ce projet… et fait qu’il me ressemble vraiment.
Est-ce que tu continues à apprendre l’arabe ?
Hyam Zaytoun: Absolument… Je crois que je vais faire ça toute ma vie… J’en ai besoin en fait… Après 3 ans à apprendre l’arabe classique, aujourd’hui j’apprends le dialecte égyptien qui est la langue de mon père … C’est toujours aussi laborieux, mais dès que je prononce cette langue, c’est physique, j’éprouve une grande joie.
Est-ce que tu t’es petit à petit éloignée de l’autobiographie dans ton écriture ?
Hyam Zaytoun: Tout en restant très proche de mon quotidien, j’ai repensé, restructuré, pour tisser des thématiques, faire chaque fois un petit tableau, faire des échos avec le monde qui nous entoure .. Mais bon, je me dévoile beaucoup, je prends un risque aussi…
Est-ce que c’est important pour toi, en ce moment, de parler de la double culture, du besoin qu’on a de se connecter à ses racines, par exemple en apprenant une langue parlée par l’un de ses parents ?
Hyam Zaytoun: C’est ce qui fait je j’écris… je me sens infiniment française parce que c’est ma culture, ma vie, ma langue, ma pensée… mais avec un espace à l’intérieur lié à l’ailleurs, au différent, et même au manque… comme si j’avais hérité d’un déracinement qui pourtant n’est pas à moi. Parfois ça se vit sur le mode de la mélancolie, parfois sur celui de la comédie… Mais oui, en tout cas, en ce moment où il y a une sorte de désignation identitaire permanente, qui est la plupart du temps vécue sur le mode de la peur ou de la violence , je trouve que penser le mélange , le métissage, c’est plutôt salvateur, et en réalité complètement universel… parce qu’on est de fait de ça, tout un chacun…
Bonne journée…

56 comments sur “J’apprends l’arabe, par Hyam Zaytoun”

  1. Nathalie a dit…

    L’histoire des rendez-vous c’est surtout Eluard, mais va pour Daho, Cabrel, toi ou moi peu importe, c’est ce qui est chouette avec la culture. Elle vit. Bonne semaine à toutes!

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  2. Madame H a dit…

    Les paroles de cette jeune femme me bouleversent ce matin… Mon père le Libanais d’Egypte est mort trop tôt il y a maintenant presque 7 ans, et ne m’a pas appris l’arabe … Je l’ai réalisé avec douleur il ya quelques mois en parlant avec un cousin éloigné qui s’est étonné que je ne parle pas la langue de mon père. Et pourtant, « comme si j’avais hérité d’un déracinement qui pourtant n’est pas à moi », je porte en moi cette racine qui ne veut pas éclore …

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    • marieal a dit…

      Madame H, si tu veux apprendre l’arabe libanais, tu peux le faire toute seule, si ça te tente: pour l’arabe classique, il y a plein de moyen de l’apprendre, à le lire et l’écrire, en combinant internet et des livres
      et pour le libanais, il y a un petit livre assimil  » apprendre l’arabe libanais » et aussi quelques vidéos gratuites sur youtube ( hiba Najem) en français et en anglais pour comprendre la prononciation. Tu peux aussi échanger avec des syriens , c’est quasiment pareil que le libanais, je suis en train d’étudier cette question: leur apprendre le français en apprenant mon arabe…
      Petite anecdote: j’ai commencé par apprendre sur internet à lire le Coran sans savoir ce que ça voulait dire, j’ai déchiffré et répété des sourates du Coran sur un plan purement phonétique sans rien y comprendre, peut être même que j’ai prêtée allégeance à D. et que je suis fichée S maintenant!…et pile poil à ce moment là, il y a eu dans mon impasse une voiture de police banalisée qui est venue planquer une semaine- c’est la police qui a fini par nous dire que c’était des flics en surveillance quand nous avons chacun notre tour été signaler ce camion blanc qui stationnait dans notre cul de sac sans en bouger 24/24h…alors tous les jours, par peur d’être moi même sur écoute à cause de cette façon d’apprendre l’arabe, je parlais bien fort en disant que « j’apprenais l’arabe libanais pour aller vivre quelques mois sur place le temps de l’adoption de notre enfant ». Ils ont du être rassurés, ils sont partis au bout de 5 jours où je l’ai répété au moins 10 fois par jour!

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  3. Bérengère a dit…

    une rencontre….les hasards de la vie…..ça donne un billet rempli d’émotions et en plus un lundi matin !!
    j’aime !

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    • marieal a dit…

      juste un commentaire que je n’avais plus le temps de poster ce matin.
      Tu disais: « il n’y a pas de hasard, il n’y a que des rencontres »?
      Ce billet fait étrangement écho à un film que j’ai regardé en VOD hier soir, un film de science fiction « Premier contact » où tout tourne autours du langage pour communiquer avec des extraterrestres. Et l’une des théorie du film c’est celle ci: l’hypothèse de Sapir-Whorf, cette théorie utilisée en linguistique et en anthropologie soutient que notre vision du monde dépend de notre langage. En somme, notre façon de penser appartient à la manière dont l’on échange.
      Rigolo ,non, que ton billet tombe justement le lendemain du jour où ce film m’a interpellé sur la fonction de la langue que l’on parle?!

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  4. Reine a dit…

    Pffff, oh lala… »un déracinement qui n’est pas à moi »…l’écho , je vous raconte pas…
    Issue de deux immigrations , de deux déracinements, je n’ai eu de cesse de me déraciner à mon tour en partant très jeune de ma ville natale, en vivant à l’étranger , en aimant l’anonymat des grandes villes , en changeant constamment de jobs , de projets de vie, et en comprenant tout ça très tard ….mais bon, c’est comme ça…
    Sinon, RAV, mais je bosse cette semaine dans un immeuble juste en face la boutique Sézane ….Mes glandes salivaires vont fonctionner à plein régime pendant le lunch break ….

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    • Sandrine a dit…

      Bonjour Reine,

      Votre commentaire m’a touchée à un point….!!! Je crois que je suis en train d’expérimenter le même chemin de vie que vous, sans en avoir été consciente du tout jusqu’à présent. Je n’avais jamais soupçonné que ce déracinement originel pouvait être la cause de tous ces bouleversements cycliques (déménager, changer de métier, de ville, de pays).

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      • Reine a dit…

        @Sandrine : ah! je suis moi aussi touchée comme si j’étais en contact avec une soeur d’errances…je n’ai pas fini de tout dépeloter mais je crois que je tiens un fil solide d’explications…même un peu tard , ça fait du bien…..mais ça ne change rien, hein!
        Plein de choses de sa vie qu’on pensait spontanées, fortuites, deviennent presque « programmées » : les amis de coeur, tous des « très enracinés » familialement,culturellement, territorialement. Les hommes aimés dont on « épouse » l’enracinement et puis qu’on quitte parce que cette dualité devient insupportable…le manque d’ambition , parce que s’accrocher , hein, non….(oui, et la flemme , aussi :)))
        Je suis en pleine psychologie de comptoir là ..sorry

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    • Guillemette a dit…

      Ah mon Dieu, j’ai découvert les lieux vendredi et multi-craqué pour leurs ballerines d’été (entre autres…).
      Sois forte, Reine, très courageuse. C’est de la torture de résister !

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      • Reine a dit…

        @guillemette: oui, exactement de la torture et du marchandage ridicule avec soi même ….bon, je vais laisser ma carte bleue à la maison…

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  5. Daphné a dit…

    Nous sommes faits d’un métissage universel. Que j »aime ces mots, qui résonnent en moi et donnent du sens à la manière dont j’entends bien vivre ma vie – sans me laisser enfermer dans les cases qu’on voudrait nous assigner.

    Parce que c’est ce qui déborde du cadre qui est toujours le plus intéressant, et que les bouquets de fleurs sauvages poussées au grand air auront toujours plus de folie que les sages fleurs poussées sous serre.

    Et qu’est-ce j’aime lire les témoignages de Reine et Madame H en écho à cet article. Parce que ton blog aussi, c’est une histoire de rencontres et de métissages.

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  6. Smouik a dit…

    « Le hasard, c’est le nom que prend Dieu quand il veut rester anonyme » Albert Einstein
    On peut remplacer « Dieu » par l’Univers si on préfère…

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    • Carson a dit…

      Mon grand père disait « le hasard, c’est Dieu qui se promène avec des lunettes noires » et j’adorais cette phrase même si je sais maintenant qu’elle n’était pas de lui 😉

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  7. Anna Chiara a dit…

    Très fan de radio aussi !! Et ma dernière découverte c’est le projet de Pascale Clark : BocSons ! Je vous invite à aller voir (enfin écouter…) cela regorge de pépites radiophoniques !

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    • Reine a dit…

      AAAh j’irai ce soir….Pascale Clark , tout ce que j’ai suivi d’elle, est fin, intelligent …..et sa voix!! (d’ailleurs à ce propos la voix de Caroline, oui , notre taulière, a je trouve la même qualité)

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  8. Nanette a dit…

    J’ai connu Hyam dans une série qui passait sur m6. Doc 13 🙂
    Je sais je sais, cetait un peu sous le soleil made on Marseille mais c’était Super sympa à regarder 🙂

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  9. Nora a dit…

    Elle est magnifique cette dame, un très beau soleil universel.
    Je vais aller découvrir sa série sur France culture.

    Merci Caroline pour les jolies pépites culturelles de ce billet et Bon lundi à tout le monde.

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  10. Stef 74 a dit…

    Ce déracinement en héritage, je le vis également. Papa Français, maman Portugaise arrivée ici à 13 ans. A l’époque il fallait s’intégrer à tout pris alors elle est devenue plus Française que les Français, allant même jusqu’à franciser son nom et évidemment elle ne nous a pas appris la langue. A la maison, nous parlions Français et rien d’autre, sauf les rares fois où ma grand mère venait nous rendre visite. En les écoutant parler cette langue que je ne comprenais pas, avec un débit si rapide, je disait toujours qu’elles tricotaient avec leurs bouches.

    A 12 ans j’ai fini par l’apprendre en allant vivre là bas une année, mais à cette époque je n’ai pas su apprécier ma chance et j’ai fait un rejet total de cette autre culture. Il m’aura fallu attendre d’avoir 35 ans pour qu’un jour, sans savoir comment, le sentiment profond du déracinement m’envahisse. D’abord très doucement et puis de plus en plus fort. Je ne comprenais pas pourquoi, ni comment ce pays m’appelait. J’ai mis du temps, j’ai beaucoup réfléchi et analysé les choses. J’avais peur de reproduire l’histoire familiale ou de « réparer » inconsciemment le traumatisme du déracinement, toujours si présent chez ma mère. Jusqu’à ce que je sois sûre que cette envie était vraiment la mienne et que mes motivations m’appartenaient entièrement.

    Tout ça pour dire que d’ici quelques mois, mon double et moi, nous partons nous installer au Portugal. A 42 et 43 ans, la vie devant nous, la liberté en bandoulière, nous allons profiter de la vie dans ce pays que j’aime tant et que mon double à aimé à la folie dès ses premiers pas sur place (Chouchou ne parle pas un mot de la langue, mais ça ne l’inquiète pas le moins du monde) 🙂

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  11. Jane B. Root a dit…

    La gourmandise du lundi. Merci.

    A l’Eurovision également la délicatesse a triomphé des hurleuses déchainées de la corde et des pyrotechniciens vocaux hyperactifs. Cool !

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  12. L'Homme a dit…

    J’ajoute que Hyam est une prof de théâtre hors pair. Il faut voie la qualité du spectacle de fin d’année et la joie de Rose (et des autres enfants) quand elle va tous les mardis soirs à son cours

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  13. Val Lao sur la Colline a dit…

    Touchée en plein coeur, j’écouterai. C’est sûr.
    Une de mes émissions radio favorites, que j’écoute chaque semaine (en podcast) : celle de Zoé Varier : D’Ici, d’Ailleurs. Je suis littéralement fan, et souvent très émue par les témoignages de ces étrangers en France, ce sont toujours des parcours incroyables.
    Coïncidence : je cours, plusieurs dizaines de kilomètres par semaine, et suis véritablement aspirée par ce hobby, qui a des répercussions positives sur ma vie, à tous les niveaux, et même sur des plans que je n’aurais pas soupçonnés. Il se trouve que j’ai commandé la semaine dernière chez mon libraire « Autoportrait de l’auteur en coureur de fond » de Haruki Murakami, parce que je suis curieuse de lire ce qu’il a retiré de cette expérience et que… j’espère enfin trouver dans ces pages sans doute quelqu’un qui me comprend ! 😉

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    • ES a dit…

      +++ au sujet de l’émission de Zoé Varier.
      On découvre à chaque fois des parcours « hors normes » (et je suis toujours très admirative devant le français généralement parfait des invités, alors que ce n’était pas leur langue maternelle), c’est parfois très émouvant (comme par ex le 6 mai lorsque l’invitée racontait l’emprisonnement de son père par la dictature argentine)…

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        • Nora a dit…

          Très très beaux témoignages sur l’antenne de Zoé Varier, j’ai écouté ce soir l’histoire de l’indien. Je suis très émue. Merci beaucoup.

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  14. DOMINIQUE a dit…

    Ayant grandi dans une ville proche de la frontière espagnole, à l’école nous avions un certain nombre d’enfants d’espagnols qui fuyaient misère et franquisme. Je les enviais très fort de connaître deux langues, moi qui ne savais que parler français. Avec le temps et les études ça s’est arrangé, mais j’ai toujours su que c’était un privilège, d’avoir une langue maternelle différente de la langue officielle.
    Comme me disait un copain espagnol « pour moi le français est la langue du dehors, l’espagnol la langue du cœur ». En plus, il avait l’exotisme de dire « houit » au lieu de « huit », car il avait appris le français en Belgique…

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    • Jane B. Root a dit…

      Frontalière, présente ! A 6 bornes de l’Allemagne. En Alsace on dit que le français est « la langue de l’intérieur ». L’intérieur signifiant l’intérieur géographique de la France c’est à dire tout ce qui ne cause pas alsacien est n’est ni le Bas Rhin ni le Haut Rhin (ni la Moselle dans une moindre mesure). Cette expression est la réponse à celle utilisée par le gouvernement français pour désigner l’Alsace-Moselle pendant l’annexion allemande (1871–1918) : la « France de l’extérieur ».
      Les rancoeurs ayant la vie aussi dure qu’un steak de chez Autogrill on se méfie encore « des français de l’intérieur » ici. Donc ici on cause français (par devoir et par raison), allemand (par proximité, pour les affaires et acheter le PQ trois fois moins cher à Kehl qu’en France) et alsacien (avec le coeur et pour les engueulades familiales).

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    • Reine a dit…

      Sauf que quand tu es enfant, tu aimerais bien une certaine continuité entre l’intérieur et l’extérieur….
      Et aujourd’hui c’est très valorisé et valorisant le plurilinguisme….mais je n’ai pas le sentiment que cela l’était autant il y a 40 ans et plus….
      Hé , je suis parfaitement consciente que mon trilinguisme « de naissance » m’a apporté des compétences intellectuelles et sociétales et ont été des atouts ……mais pff quelle gymnastique émotionnelle….
      Pour l’anecdote , mes mots d’amour pour mes enfants, c’est spontanément dans la langue de ma mère, les mots d’amour pour mes hommes , ben ça vient en italien , la langue de mon père…coucou Freud :)))

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      • mammouth a dit…

        Mes enfants sont quintilingues. Ouais rien que ça. Ça m’impressionne beaucoup moi qui a grandi dans un milieu unilingue et qui n’a appris d’autres langues que sur le tard. Pour eux, c’est tout à fait naturel de naviguer d’une langue à l’autre. Ils ont grandi dans un milieu multilingue, plusieurs de leurs copains sont dans un cas de figure similaire. Un de mes filles écrit des histoires dans trois langues. Alors j’ai hâte de savoir dans quelle langue ils parleront à leurs amoureux…

        Nous sommes de deux nationalités différentes vivant dans un pays étranger (les enfants multiplient les nationalités). Alors nous nous sommes beaucoup questionnés quand les enfants sont nés sur comment leurs donner des racines, qui forcément seront autres que les nôtres propres comme ils ne grandissent pas dans nos pays respectifs. Citoyens européens ou du monde, c’est mignon, mais ça le fait moyen pour l’ancrage. Malgré que je vive à l’étranger depuis très longtemps et que j’ai depuis quelques années une double nationalité, j’ai un enracinement très fort de mon pays et de ma famille. Alors forcément, je crois que c’est très important voire vital d’en avoir un. Mais je me trompe peut-être. Et j’espère qu’ils ne sentiront pas « un déracinement qui n’est pas à eux », mais je ne peux le garantir. Peu importe les raisons qui nous poussent à partir, même par choix, on s’ennuie toujours de la famille et des amis laissés là bas et ce n’est pas quelque chose que j’ai envie de cacher. Tout choix a un coût, si je puis dire.

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      • Jane B. Root a dit…

        Enfant/continuité : quand t’es élevée par un grand père qui a changé 4 fois de nationalité dans sa vie, qui s’est pris sur la gueule dès l’enfance les bombes allemandes et françaises, et tout ça 4 fois, tout est relatif. Tu fais tienne sa devise « ni allemand, ni français, alsacien et je les emmerde tous ! ».
        Et je crois que ça se matérialise aussi par les classes bilingues chez nous. Dès la maternelle. J’ai découvert avec stupeur qu’aucune autre région frontalière n’avait mis ça en place, ni avec l’italien, ni avec l’espagnol, ni avec le néerlandais. Médusée j’étais ! Quelle gâchis de richesse et de possibilité d’échanges culturels.

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  15. Shakti a dit…

    Nous portons tous en nous des choses des générations précédentes, sans le savoir. L’étude transgénérationelle est assez intéressante pour ça.
    Mon beau-père n’a pas appris l’arabe à mon ex-mari qui du coup, ne « sait pas » qui il est quand il va dans cet autre pays.
    Quand nos enfants sont nés, j’ai souhaité que leur grand-père leur parle dans sa langue, et il ne l’a pas fait. Tant pis.
    Mais le pire, c’est qu’aujourd’hui, mon ex-mari a fait un autre enfant avec une jeune femme anglophone et qu’il reproduit le schéma de son père en ne parlant que très peu le français à son petit…
    L’Histoire bégaie souvent sans qu’on en ait conscience…

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  16. Sarah a dit…

    Quelle belle personne (sous tous les sens du terme / un air de Jeanne Balibar sur la première photo)
    Je ne sais pas comment le dire de façon plus intelligente, mais en deux mots c’est chouette cette évolution de tes billets aussi !
    Et je vais me jeter sur France Culture.

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  17. Fred b. a dit…

    Ce billet me rappelle une conversation que j’ai eu avec mon coiffeur, ici, à Shanghai. Il parle très bien anglais, car il a vécu son adolescence en Nouvelle-Zélande ou ses parents se sont installés alors qu’il avait 14 ans. Il y a vécu plus de 15 ans. Puis il a décidé de rentrer en Chine, pour y élever ses futurs enfants car il ne veut pas m’a t-il expliqué que ses enfants aient ce qu’il appelle « le syndrome de la banane »: tu es blanc à l’intérieur mais personne ne le sait car à l’extérieur tu es jaune. Il veut que ses enfants soient 100% chinois, sans ambiguïté. Il a souffert de son déracinement et ne veut pas reproduire l’histoire avec ses enfants.

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  18. le vieux pull a dit…

    Quelle rencontre !

    Je chéris aussi chacun des hasards qui m’amène à des rencontres heureuses, même quand il s’agit de me retrouver enfermée dans des WC puants pour me découvrir par la suite des affinités avec ma voisine de chasse d’eau…

    J’aime quand Hyam mêle « langue » et « physique » dans la même phrase.

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  19. ptite maman a dit…

    Pas de hasard, non… c’est fou ce qu’il fait écho ce billet chez moi. Et je découvre, en lisant les commentaires quelques pistes quant à ma sempiternelle « bougeotte » , ce besoin d’aller découvrir ces « ailleurs » qui semblent m’appeler de plus en plus fort ces derniers temps… cette envie d’apprendre enfin l’arabe, la langue de mon papa à moi aussi…pour en faire quoi? je ne sais même pas (ou peut être pas encore).

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