Hippocrate, série magistrale

Vous connaissez mon amour des séries médicales – oui je suis toujours assidument Greys anatomy – et des séries Canal + qui ont réveillé la fiction française. Je me suis donc jetée comme une affamée sur Hippocrate, conçue et réalisée par Thomas Lilti. Et je me suis pris une claque magistrale. C’est écrit, réalisé et joué au cordeau. L’histoire est ingénieuse: dans un hôpital de banlieue parisienne, trois internes bientôt rejoints par un FFI (faisant fonction d’interne) albanais, sont contraints de prendre en charge un service entier d’hôpital en raison de la mise en quarantaine des soignants titulaires, suite au décès suspect d’un malade potentiellement contagieux. L’occasion pour Lilti (et sans doute ses scénaristes mais je n’ai pas trouvé leur nom) de dénoncer sans jamais être lourd l’insuffisance des moyens accordés à l’hôpital public. Peu expérimentés – Alyson par exemple effectue son premier stage d’internat – les jeunes médecins en devenir se trouvent face à des prises de décision qui les dépassent. Tout en goûtant aussi à l’autonomie que la situation particulière leur confère. Il y a d’avantage de l’Urgences que du Greys anatomy dans cette série, dans son côté très âpre et réaliste. On y retrouve aussi l’esprit du film éponyme de Lilti et de Médecin de campagne, son second long métrage, lui aussi très convaincant. Chaque personnage est attachant parce que non binaire, les patients que l’on rencontre épisode après épisode sont brossés pour que l’on souhaite vraiment suivre leur parcours. Surtout, le réalisateur prend le temps. Celui qu’il faut pour décider d’arrêter un massage cardiaque sur une jeune femme dont le coeur ne répond plus, pour poser une perfusion, redresser une personne âgée ou calmer une crise d’épilepsie. « Hâtez-vous lentement », prêche aux internes Jacky Berroyer – formidable -, vieux généraliste à la retraite venu les épauler. Conseil appliqué à la lettre par Thomas Lilti.

On sent tout l’amour du métier, toute la peur aussi, de ceux qui le commencent, peur de mal agir, peur de trop agir ou pas assez. Et puis il y a Louise Bourgoin, alias Chloé, qui habite littéralement ce personnage dédié à sa vocation, prête à s’oublier pour aller au bout de son ambition, rugueuse et dure, mais aussi droite et pleine d’une empathie qui la rend humaine avant tout. Je ne veux pas vous spoiler donc je ne vous en dis pas plus sur elle, mais si je savais qu’elle jouait bien – j’ai beaucoup aimé « Je suis un soldat » – là c’est la révélation. Je pense qu’on ne croise pas souvent un rôle qui vous colle ainsi à la peau. Et puis tous les autres comédiens bien sûr, mention spéciale à Alice Belaïdi, qui sort pour le coup de sa zone de confort et qui là aussi est d’une justesse époustouflante. Elle m’a fait penser à ma fille, à ce qu’elle pourrait vivre si d’aventure elle parvenait à exaucer ce rêve d’être un jour médecin.

Vous m’aurez comprise, j’ai adoré, comme je n’avais pas adoré une nouvelle série depuis bien longtemps. Autant j’ai été passablement déçue par la dernière saison de 10%, autant là, ok, je crie au chef d’oeuvre.

40 comments sur “Hippocrate, série magistrale”

  1. Nathalie a dit…

    Oh c’est drôle, j’ai trouvé que la saison 3 de 10% était bien différente des autres mais qu’est-ce que j’ai ri. J’ai toujours peur quand je regarde une série médicale de voir toujours un peu la même chose.

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  2. AnneduSud a dit…

    Tu me donnes super envie ! Si tant est que je trouve une solution moi qui n’ait pas Canal. Et puis Alice Belaïdi. J’avais été scotchée par elle à Avignon dans Confidences à Allah. Et je m’étais dit qu’elle serait un jour une grande. En 2008. 10 ans déjà !

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  3. sirius a dit…

    J’ai commencé à la regarder et j’aime beaucoup : il mélange rire, émotion, pleurs, tendresse en restant toujours plausible. Les acteurs sont formidables. En fait on oublie que c’est filmé, on oublie Louise Bourgoin….
    Concernant 10% j’ai beaucoup aimé l’épisode Isabelle Huppert l’actrice qui se démultiplie, un peu moins l’épisode Dalle. J’ai trouvé les sous-initrigues sur les vies personnelles des uns et des autres plutôt inégales.

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  4. Brigitte a dit…

    Je partage tout…les acteurs magnifiques, le scénario parfait…mais justement, tellement réaliste, que j’ai souffert en regardant les deux premiers épisodes. Je ne sais vraiment pas si je vais poursuivre…
    Je précise que je n’ai jamais regardé de série médicale avant..et oui, c’est possible

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  5. Kinou a dit…

    Moi j’avoue que le pitch me fait peur.
    Je trouve ça angoissant, en temps que patient potentiel, de se dire qu’on peut se retrouver entre les mains d’un interne, peut-être sympathique, mais dramatiquement inexpérimenté…on joue quand même notre santé, là.
    je préfère ne pas trop voir les coulisses, même si je ne me fais pas trop d’illusions.

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  6. Claudie a dit…

    Le genre de série qu’il faut que je conseille la série à ma nièce qui est en prépa de médecine alors …enfin s’il elle arrive à
    s’octroyer un petit moment de répit dans ses révisions ..:(

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    • DOMINIQUE a dit…

      Je ne sais pas trop le cursus, mais on peut acheter le DVD quelques mois après, ou juste après la diffusion sur Canal, ce qui a été le cas pour « Engrenages » par exemple.
      Mais bon. C’est le circuit au grand jour. Je suppose qu’il y a des copies pirates qui traînent. Le contraire serait étonnant.
      Louise Bourgoin, je l’ai adorée dans Adèle Blanc Sec. Et puis, Jackie Berroyer ! Donc j’attendrai un peu pour voir cette série.

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  7. chrysty a dit…

    Ayant une fille ancienne interne (gynéco-obstétrique) et maintenant chef de clinique, je peux dire que la réalité dépasse parfois la fiction !

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  8. L'excessive a dit…

    Les scénaristes ayant travaillé avec Thomas Lilti sont Julien Lilti, Claude Le Pape et la très chouette Anaïs Carpita !
    Tu donnes très très envie de jeter un oeil à cette série ! J’espère pouvoir y jeter un œil rapidement…

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  9. Suzanne a dit…

    La dernière série médicale que j’ai suivie c’était Urgences-ampoule d’adré-NFS Chimi iono-On dégage BOUM.
    15 ans après (plus ?) Je me remets pas de la mort de Mark Greene.
    C’est de la même veine, tu dis ? Y a-t-il des histoires autour des soignants hors hôpital ou la série se concentre-t-elle sur leur boulot ? C’est peut-être un peu tôt pour le dire ?

    Sinon je pense à toi chaque fois que je me mets de la crème pour les mains, ça aurait tellement pu m’arriver…

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    • Géraldine a dit…

      Pareil pour Mark Green, j’en ai tellement pleuré. Je me souviens de cet épisode comme si c’était hier. A l’époque mon mari ne voulais plus que je regarde Urgences car j’étais au fond du trou à chaque épisode.

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      • Dom a dit…

        Moi pareil. Le souvenir de cet épisode me rend toujours triste et pourtant c’était juste une série.. A propos de série je viens de regarder sur canal+ une mini série de la BBC tirée d’un roman d’Agatha Christy, témoin indésirable et j’ai beaucoup aimé. L’intrigue, le jeu des acteurs, la noirceur du sujet et la lumière très anglaise.

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  10. Marine a dit…

    Je partage ton avis sur 10%. Cela devient non crédible voire carrément farfelu dans le dernier épisode et il manque la dimension personnelle qui permet l’attachement aux personnages. Cela n’est pas du tout mis en valeur.
    Pour Hippocrate, j’ai enregistré mais pas encore regardé. Mais j’adore comme toi les séries médicales.

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  11. Lou a dit…

    Pour ceux qui n’ont pas canal la série entière est trouvable en streaming! Il suffit de googliser… hippocrate série streaming 🙂

    Par ailleurs en tant qu’externe en médecine je peux dire à ceux qui s’inquiètent dans les commentaires que certes la réalité ne dépasse pas tant la fiction dans la mesure où il est effectivement fréquent que les internes se retrouvent sans titulaires (physiquement, mais ils sont bien sûr toujours joignables), mais en réalité les internes sont censés être tous du même niveau que Louise Bourgoin (qui gère quand même très bien). Les deux autres néo-internes c’est un peu une blague! Aucun interne n’a ce niveau en réalité, un néo-interne a déjà fait plus de trente mois de stages dans onze services différents avant de commencer l’internat, donc soyez rassurés ils sont quand même bien plus à l’aise… et bien plus supervisés. Même si une quarantaine venait à être mise en place 😉 Là les deux néo-internes on dirait plutôt des bébés bébés bébés externes. D’ailleurs je trouve sensationnel qu’ils fassent une série à l’hosto sans externes! Wtf? Enfin bon…
    Bref pour ma part je n’en suis qu’à l’épisode 5 pour l’instant je valide également, assez chouette bien que pas folichonne en rebondissements… Et quand on est du milieu il y a malheureusement (comme dans chaque film/série médical(e)!) pas mal de petites incohérences médicales (la manière dont Louise Bourgoin, qui est censé avoir quatre ans de réa derrière elle, fait son massage cardiaque!? c’est juste à pleurer de rire, qu’elle n’espère sauver personne en massant comme ça!!!! – pour ne citer que celles-ci) et administratives (Alice Belaïdi qui change de stage, service et hôpital à la one again, un jour là, un jour ici, ah non pas envie j’y retourne, euh non jamais ça n’arriverait en vrai ah ah) qui limitent un peu l’adhésion…

    Oups je me suis un peu lâchée ah ah, à la base je voulais donc juste indiquer aux nombreuses personnes se lamentant de ne pas avoir canal que ça se trouvait très facilement en streaming (je suis pas très à jour sur hadopi et légalité donc je sais pas si j’ai le droit de lâcher un lien, dans le doute je ne le fais pas… mais google est votre ami)
    Bonne journée 🙂

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    • DOMINIQUE a dit…

      Merci Lou pour toutes ces précisions sur la série. Mais je crois que les incohérences que tu décris sont attribuables à la liberté de création que se permettent les auteurs ! Je pense aussi que n’importe quel professionnel, du maçon à l’artiste peintre en passant par l’ingénieur en aéronautique, trouverait quelque chose à redire si son métier était scénarisé.
      Il n’y a guère que les hommes politiques sur lesquels on peut TOUT imaginer (voyez Trump : qui eût cru qu’un tel personnage puisse être Président des Etats-Unis ?).

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      • Caroline a dit…

        Oui je pense que tu touches du doigt, Lou, ce qui différencie une fiction, même ultra réaliste, d’un documentaire; C’est toute la frontière entre le « crédible » et le « vraisemblable ». Tout ce qu’on recherche en fiction, c’est le crédible. On peut en revanche s’accorder quelques libertés avec le vraisemblable. Mais c’est super intéressant d’avoir l’avis justement de quelqu’un de l’intérieur !

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        • Leyleydu95 a dit…

          C est drôle,ça me fait penser à une scène de « full monty » ou les ouvriers (et aspirants danseurs) regardent « flashdance » pour s entraîner…et quand la danseuse repart travailler dans une acierie ou un truc de ce genre et ou on la voit souder une pièce,les mecs remarquent que si elle sait sûrement danser,elle sait pas souder,sa pièce tiendra jamais…et patati et patata…cette scène me fait beaucoup rire!

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    • Lou a dit…

      Oui évidemment, je pense que c’est propre à toute fiction qui se veut représenter un milieu un peu spécialisé (personnellement j’ai dévoré The Good Wife mais mon père avocat et ayant notamment pas mal bossé aux US avait trouvé des trucs ahurissants…)!
      Évidemment que certaines libertés servent la série, par exemple le schmilblick administratif permet quelques petits retournements de situation, mais dans la mesure où le réalisateur est aussi médecin j’ai été un peu frustrée qu’il se permette des libertés sur des faits médicaux (par exemple quitte à faire énoncer à Alison une liste de médicaments à donner pour traiter tel patient, autant que ça soit les bons…)

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  12. Cathclaire a dit…

    C’est là qu’on voit que tu es journaliste, tu as parfaitement exprimé ma pensée.
    J’ai adoré cette série que j’ai regardé en une journée, impossible de m’arrêter. Les personnages continuent de me hanter parfois.
    Et Louise Bourgoin !!

    Du coup je viens de commencer Au nom du père sur Arte et c’est vraiment prenant. Et j’aime tellement les VO scandinaves.

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  13. MarieG a dit…

    A force de vous lire et pour ne pas mourir idiote, j’ai regardé les deux premiers épisodes (et je regarderai probablement les suivants).
    Il y a bien évidemment des libertés scénaristiques.
    J’aimerais savoir si la manière dont le staff parle avec les patients et parle des patients est une liberté scénaristique ou si c’est la réalité. Parce que ce n’est pas joli joli. A vrai dire je n’ai jamais vu ça, des « calmez-vous » à tire-larigot (vous avez déjà vu quelqu’un à qui on dit celà se calmer, a fortiori s’il est en souffrance ?). J’ai vu de l’efficacité, mais pas beaucoup d’empathie.
    Le stress n’empêche ni la compassion, ni l’empathie, d’autant que l’empathie que l’on offre aux patients facilite largement les soins et déstresse aussi le médecin.

    Au nom du Père me réjouit… vais la regarder en vostfr. Non que je comprenne le danois, mais le rythme de la langue fait amha partie de la construction de la série

    Belle journée

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  14. Addie37 a dit…

    Grande adepte du genre j’attendais cette série avec impatience : série médicale + création Canal +, c’était pour moi et bingo, je suis tombée dedans direct. Je te rejoins sur tout ce que tu dis et j’ajoute que j’apprécie le réalisme de la série, notamment dans ses décors. Les séries médicales US nous montrent des installations flambant neuves, des médecins toujours au top de la technologie alors que là, on reconnaît beaucoup plus ce qui se passe à l’APHP. Et en effet, le rythme est mieux respecté ; ce qui ne m’empêche pas d’être une fan inconditionnelle de Grey’s anatomy 😉

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    • MarieG a dit…

      Hum… j’ai testé pour vous. Cet automne un accident de voiture m’a amenée direct aux urgences puis en salle d’op de l’hôpital principal d’une région moins fréquentée aux USA. Tout s’est très bien passé et tout le monde s’est vraiment bien occupé de moi. Effectivement il y a de la technologie. Par contre, à force de me faire balader dans mon lit à travers les couloirs, j’ai fini par constater que le bâtiment de l’hôpital était loin d’être flambant neuf: la peinture s’écaillait, les linos s’éraillaient, etc… Ca ne m’a pas dérangée, au contraire, je me suis dit qu’ils avaient choisi où mettre l’argent. C’était un hôpital où rien n’était luxueux et tout extrêmement efficace et efficient. La kiné venait me voir deux fois par jour… Un truc que je n’avais jamais vu: un jour qu’il fallait me poser une xième voie veineuse, l’infirmière n’y est pas arrivée; pas d’énervement, elle a appelé une collégue spécialiste, spécialement formée qui vient accompagnée d’une machine à échographie. Du coup, elle trouve les bonnes veines sans aucune douleur pour les patients. Ce service est utile à tout l’hôpital, aussi pour poser des cathéters pour l’oncologie, etc… je n’en avais jamais entendu parler ici. Bref, tout n’est pas parfait au pays de l’oncle Sam, mais c’est aussi un endroit où je n’ai jamais vu une infirmière être traitée de haut par un médecin. Ils sont partenaires et ça se sent.
      Belle soirée

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  15. Smouik a dit…

    C’est pas bien de se faire tentatrice à ce point ^^
    Diagnostiquée série-addict, je n’ai plus le droit de m’approcher d’une série, à l’exception de 10% parce que seulement 2 épisodes par semaine et limitée à 3 semaines, donc pas trop de risque…

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  16. Sylvie a dit…

    bonjour,

    J’ai littéralement dévoré cette série..j’ai adoré, très bien interprètée, elle dénonce avec émotion le mal être des hôpitaux….un véritable bijou.

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  17. tallulah06 a dit…

    Deux séries qui me font envie, Hippocrate et l’amie prodigieuse, sont sur canal plus, dommage pour le reste du Monde…. et j’ai oublié this is us tiens. On fera autrement pour se les procurer….

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    • Caroline a dit…

      en même temps, pour être scénariste, il faut bien, pour être payé, que les séries soient financées par des chaines. On a tendance à vouloir que tout soit gratuit et disponible sur internet, mais ces contenus ne se font pas sans financement…

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