Catégorie : Envie de livres ?

Moi tout craché de Jay Mc Inerney

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Je suis une inconditionnelle de New-York. Enfin, surtout dans les livres ou les films, n'est-ce pas, parce que mis à part un bref séjour il y a sept ans très exactement, durant lequel j'ai eu a) froid à me damner b) le mal de mes petits dont je ne m'étais jamais autant éloignée (la terreur quand j'ai réalisé que s'il leur arrivait un truc il me faudrait une journée minimum pour les rejoindre, je ne vous raconte pas), je ne connais donc pas très bien la ville.

Mais tout de même, je me souviendrai toute ma vie je pense d'un cosmopolitan siroté en haut de "The View", le bar du Marriott, perché en haut d'un building à Time Square et qui TOURNE. Oui, parfaitement, qui tourne et que du coup on peut admirer toutes les hauteurs de la ville, comme dans un manège, un peu. Attendez, ça ne tourne pas assez vite pour avoir l'estomac retourné, c'est imperceptible, c'est merveilleux, c'est whooooou. A l'intérieur, ça fait ambiance lost in translation, version touristique et un peu plus cheap, avec buffet à volonté all inclusive et tout et tout, mais enfin, tout de même.

L'homme, mon ami Jef et moi, on était comme des fous d'avoir découvert de manière impromptue cet endroit et on se prenait pour des personnages d'un bouquin de Jay mc Inerney. Si on ne nous avait pas délogés, je pense qu'on y serait encore à tenter de repérer les gratte-ciel par rapport au plan qu'il y a sur les serviettes du bar.

Serviette

Bon, on est d'accord, ils n'y vont pas, les personnages de Jay Mc Inernay, à the Wiew, c'est un peu comme si les branchouilles parisiens allaient prendre un drink en haut de la tour montparnasse. Même pas en rêve.

Bref, tout ça pour dre que j'adore New-York, ou peut-etre encore plus l'IDEE de New-York.

Du coup (oui, j'en arrive au fait), j'ai dévoré le dernier bouquin justement de Jay Mc Inerney. "Moi tout craché". Un recueil de nouvelles écrites entre le début des années 80 et maintenant. C'est passionnant de voir le style de l'auteur évoluer, c'est incisif, c'est assez désespéré, c'est très sexuel aussi. Je suis sans voix devant le talent de cet écrivain qui brosse des portraits en quelques pages, crée une atmosphère, raconte une histoire à partir de trois fois rien.

On ne peut pas s'identifier aux héros, ils sont de ceux, donc, qui ne fréquentent sûrement pas The view, qui sniffent des saladiers de coke comme si c'était vraiment du sucre glace, qui se pintent à toute heure et qui baisent comme ils éternuent. Il n'empêche que finalement, les questions qu'ils se posent ne sont pas loin d'être les mêmes que nous, comment aimer longtemps, comment ne pas vieillir, que choisir entre famille et passion, à quoi bon tout ça, quoi.

Voilà, je vous le conseille, on voyage pour quelques euros, on pénètre dans un univers d'auteur, un vrai.

Edit: J'avais déjà parlé de cet auteur, ici

Seule, Venise

Seule venise  La première fois que je suis allée à Venise, j'avais 12 ans, c'était avec les scouts – oui, personne n'est parfait, j'ai 7 ans de scoutisme à mon actif, avec un aumônier qui s'est avéré pédophile des années après, ce qui n'est pas sans rapport avec ma légère tendance à bouffer du curé aujourd'hui – et déjà, j'avais ressenti au plus profond de moi l'extraordinaire pouvoir romantique de cet endroit. Rien d'original à ça, on est d'accord, mais à 12 ans, je ne savais même pas ce que ça signifiait, ce terme de romantisme. Simplement, malgré mon cafard d'être loin de chez moi, ma haine de l'esprit de troupe qui nous était imposée, j'étais transportée par cet atmosphère.

La seconde fois, j'avais 18 ans, j'étais en prépa Hypokhagne – un ratage total, pas mieux que les scouts et toujours cet esprit de troupe, à bien y réfléchir – et là encore, malgré le peu d'amis que je m'étais fait dans cette classe (la vente de petits pains au chocolat à toutes les récrés pour financer le voyage n'y avait rien fait), je rêvais d'amour sur les canaux, mais il ne me regardait même pas. Alors, avec les deux autres cancres de la promo, les seuls ne se promenant pas le guide bleu greffé à la main, on s'est pris la plus grosse cuite de ma vie: une bouteille de mauvais rhum à trois, des courses poursuites sur la place saint Marc, une traversée abominable jusqu'à l'auberge de jeunesse sur l'île de la Giudecca et pour finir un vomi magistral du haut de mon lit superposé qui a atterri directement sur les pieds de la première de la classe qui allait se coucher. Autant dire que la fin de l'année fut un grand moment de solitude.

La troisième fois, 22 ans, avec trois copines, à l'automne sous des trombes de pluie, on a visité les églises, arpenté les petites rues, été à Murano, Torcello et au Lido. Toujours seule, et encore et encore cette faim de baisers partout dans cette cité des Doges. Retour à l'auberge de jeunesse, pas de vomi cette fois-ci, pas d'étreintes non plus.

Et puis la quatrième fois fut la bonne. L'homme m'y emmenée par surprise, pour nos dix ans, et m'a demandée en mariage au milieu de la place Saint Marc. Les violons, les pigeons, la chaleur, les odeurs, rien ne me semblera plus jamais plus romantique. Enfin, après tout ce temps, Venise et moi étions au diapason. (pour ceux qui voudraient savoir tout ça dans les détails, c'est et )

Si je raconte tout ça aujourd'hui, c'est parce que j'ai lu ce magnifique livre de Claudie Gallay dont j'avais adoré les déferlantes. Il raconte ce séjour, un mois de décembre, d'une femme qui part à la dérive, quittée par celui auquel elle était férocement attachée. Elle trouve refuge dans une maison d'hôte peuplée d'orginaux et se remet à aimer. Je crois que c'est mon cinquième séjour à Venise, en fait, tellement j'ai eu la sensation de marcher dans les pas de l'héroïne. A lire auprès d'un feu de cheminée par jour de grand vent, ou mieux, dans un Paris-Venise de nuit, histoire de se préparer…

Les chroniques de Spiderwick, par Petite chérie

Critiquelivre

Petite chérie est une mangeuse de livres. J'aime à penser que je n'y suis pas pour rien, disons que si mimétisme il y a chez les enfants, je préfèrerais qu'elle ait hérité de ma boulimie de livres plutôt que de celle de Pringles onion sour.

Comme elle s'intéresse par ailleurs de plus en plus à ce blog – les enfants, à ce propos, je sens que bientôt il va y avoir autocensure au niveau des histoires de turlute -, je me suis dit que ce serait peut-être une idée drôlement pédagogique que de lui proposer d'écrire des critiques de livre.

Ok, c'est limite de l'exploitation. Encore un peu et elle me pondra des billets sponsorisés.

En même temps c'est où que je trouve l'argent pour a) mon futur reflex, b) l'objectif qui va avec, c) le mac book de mes rêves et enfin, d) la maison lounge en bord de mer pour cet été ?

Bref, ma mangeuse de livres, elle a sauté sur l'occase et comme elle venait de terminer "Les Chroniques de Spiderwick", elle a écrit de sa blanche main ce petit texte. J'ai laissé les fautes et n'ai pas touché une virgule et je trouve que ce n'est pas si mal.

J'ajouterai juste que je confirme ne pas avoir vu ma fille durant les deux ou trois semaines pendant lesquelles elle a lu ce bouquin. Ce qui peut constituer un argument assez solide en faveur d'un cadeau de Noël…

Spiderwick

Laura Kasischke, la desperate writer

LauraK

C'est une ancienne collègue qui me l'a fait découvrir en m'en parlant cet été avant que je parte en Corse. J'avais oublié et puis en rupture de stock à la fin de mes vacances, je suis partie en désespoir de cause chercher de quoi tenir pendant les trois derniers jours dans l'improbable tabac-papeterie-magasin de souvenirs du village où on créchait.

Et là, à côté des inévitables Mary Higgins Clark, Marc Levy ou Danielle Steel, il y avait ce livre de poche, signé Laura Kasischke. "A moi pour toujours". J'ai pris ça comme un signe du destin, qu'il y ait une perle parmi les nanards que j'étais prête pourtant à m'enfiler, faute de grive, on mange des merles et moi sur la plage, il me faut un livre dans ma besace, même si je sais que c'est souvent très utopiste de penser pouvoir l'ouvrir.

Bref, je l'ai donc acheté, et je l'ai dévoré. Depuis, j'ai lu aussi "Un oiseau blanc dans le blizzard", son tube, en quelque sorte. Cet auteur américain a un style reconnaissable entre tous, je dirais qu'elle est dans la lignée de Laurie Colwin, sauf qu'elle serait son pendant sombre. Parce que si Laurie Colwin sait tremper sa plume dans une sauce aigre-douce, celle de Laura Kasischke est, elle, souvent bien acide derrière des apparences de parfaite housewife.

C'est d'ailleurs inévitable de penser aux desperate, les intrigues des deux opus que j'ai lus se passant dans les banlieues plutôt cossues de l'Amérique, dans des foyers qu'on pourrait penser tranquilles. Il y a un peu d'American Beauty aussi, si vous voyez ce que je veux dire.

Les récits démarrent comme des histoires à l'eau de rose, mais comme toutes les fleurs coupées, les roses aussi finissent par pourrir. Je ne veux rien révéler, parce que tout le charme de Laura K, c'est de vous surprendre et de vous livrer, l'air de rien, des polars redoutables.

Elle décrit les sentiments de dépit amoureux, du temps qui passe ou de la vanité humaine comme peu d'écrivains savent le faire, avec une finesse et une ingéniosité toutes particulières.

Alors voilà, avant ce week-end de novembre, je ne saurais que trop vous conseiller ces deux livres, dont on ne ressort pas tout à fait indemne et qui se lisent en moins de temps qu'il ne faut pour le dire…

Les heures souterraines

Delphinedevigan  Ce week-end, j'ai dévoré "Les heures souterraines" de Delphine de Vigan. Autant vous prévenir, ce n'est pas à proprement parler le bouquin le plus drôle de la rentrée.

On pourrait même dire que c'est sacrément triste. Genre no future, pas grand chose à sauver dans l'humanité.

Et en même temps, il est d'utilité publique, ce livre. Même qu'il tombe à point nommé et trouve des résonances dans l'actualité qui le rendent évidemment encore un peu plus juste.

L'histoire ? Mathilde, 40 ans, 3 enfants, subit un harcèlement silencieux mais tenace au travail depuis huit mois. En cette journée du 20 mai, sur la foi d'affirmations douteuses d'une voyante vue en désespoir de cause, elle va, elle en est sûre, rencontrer un homme qui changera le cours de sa vie.

Cet homme c'est peut-être Thibault, médecin urgentiste, qui lui a décidé de quitter une femme qui ne l'aime pas comme il voudrait et qui va de domicile en domicile diagnostiquer crises d'angoisses, bronchites aigues ou abandon caractérisé.

Si l'histoire de Thibault m'a un peu moins accrochée, j'ai été stupéfaite par la précision et le réalisme de la description du harcèlement moral que subit Mathilde. La destruction minutieuse et implacable de sa confiance en elle, l'isolement progressif, l'indifférence polie de ceux qui quelques semaines auparavant étaient des compagnons de machine à café, les vexations invisibles à l'oeil nu, le déni absolu du harceleur, l'impossibilité de remonter le fil jusqu'au moment où tout a basculé.

La honte, surtout, celle qui pousse à se taire, même auprès de ses amis, parce qu'on a la sensation que peut-être en réalité, tout ça, on l'a bien mérité. Surtout, comment décrire précisément ces suites de micro-événements, ces silences étouffés, ces mails jamais reçus alors qu'ils ont été envoyés, ces pots de départ organisés alors qu'on est en RTT ? Impossible.

Impossible également, à un certain stade du processus, de suivre les conseils avisés d'un syndicaliste de bonne volonté: tout consigner, noter par écrit chaque événement, ne pas lâcher un pouce de terrain, surtout ne pas démissionner. Impossible pour Mathilde de se battre, parce que pour cela il faudrait avoir encore une once d'énergie.

Voilà, il faudrait imposer la lecture de ce livre à tous les DRH de France et de Navarre. Il faudrait en envoyer un caisson au patron de France Telecom, à celui du Techno-centre Renault et à tous les anonymes qui broient quotidiennement des vies, en toute impunité, sans jamais risquer la garde à vue.

Les heures souterraines c'est aussi une peinture de la ville et de ses entrailles, du flot humain qui se déverse soir et matin dans les boyaux du metro. C'est la chorégraphie oppressante de nos solitudes qui se croisent sans parfois jamais se rencontrer. A ce titre, ce cliché illustre, je trouve, parfaitement le quotidien de bon nombre de parisiens…

Metro

Edit: Photo trouvée sur un joli blog, parfois mes pérégrinations me réservent de belles surprises…

On n’est pas des gourdes, deux de plus

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Alors voilà, parait même qu'ils sont en tête de gondole à la Fnac, trop la fierté à l'intérieur de moi. Ils sont sortis, les deux petits derniers de cette collection futile, certes mais qui parle de choses fondamentales.

Le premier "Maman, faut couper le cordon", contient en plus, cerise sur le gâteau, des textes de quelques unes d'entre vous. J'avais en effet proposé à l'époque de m'envoyer des textes pour en sélectionner quatre ou cinq. A la clé, l'immense honneur d'être publiée – ok, j'y vais un peu fort – et 50 euros de droits d'auteur. Ont été finalement choisies, les contributions de Tobette, Violette, Crêpe Georgette et Fyfe (et non pas Fyfette).

Pour ce qui est du second, "Etes vous sûre d'avoir trouvé le bon ?", là aussi, il y a quelques contributions, même cause, même punition. Sont présentes dans ces pages: Solange (alias Souslesmots) et Marie-Laetitia

Alors voilà, merci à ces co-auteur(e)s, c'était drôlement chouette de recevoir vos textes et puis je me sens moins seule dans ces petits livres. Merci aussi à toutes les autres qui ont participé, ça avait donné des commentaires magnifiques et des mails vraiment drôles, émouvants ou les deux.

Actuellement, je suis en train d'en terminer un autre, qui a pour thème, la bonne blague, "Comment séduire un homme". Un peu comme si on me demandait des conseils pour comment devenir sportive, genre. Bref, je galère bien, vu l'étendue de mes compétences dans le domaine. Si certain(e)s d'entre vous sont tenté(e)s d'apporter une pierre à l'édifice, je suis preneuse. Toujours le même tarif, 50 euros, ce qui est un peu dérisoire, je sais…

Le mec de la tombe d’à côté

Lemecdelatombedacoté Désirée et Benny sont dans un cimetière. Désirée ne tombe pas à l'eau mais pleure par acquis de conscience sur la tombe de son jeune mari mort en vélo. Benny, chef d'une exploitation agricole dans la campagne suédoise n'en finit pas de décorer la sépulture de sa maman.

Désirée est aussi fluette que benny est costaud, aussi design et intello que Benny est rustaud. Le suspense ne dure pas longtemps même si au départ Benny ne peut pas encaisser cette bibliothécaire "toute beige": ces deux là vont s'aimer comme des possédés.

ça parait mince comme trame et plutôt déjà vu. Ce qui ne l'est pas, c'est le style incomparable de l'auteur, Katarina Mazetti, qui est loin, très loin de la littérature pour poulettes trentenaires en mal de bluettes. Ses descriptions de scènes d'amour sont crues comme le saumon de la mer du nord mais font voltiger tes ovaires, à l'instar de ceux de Désirée qui dansent la sarabande dès qu'elle voit s'approcher Benny. "Couché, ça suffit", leur crie-t-elle d'ailleurs intérieurement.

Bref, l'histoire de Benny et Désirée c'est celle de deux amants qui voient se creuser entre eux le fossé abyssal des cultures et qui luttent, luttent, luttent, pour y arriver. C'est drôle, c'est fougueux et c'est triste aussi parce que c'est bien connu, s'aimer c'est compliqué, surtout quand l'un aime les naperons brodés de sa maman alors que l'autre trouve déjà qu'Ikéa c'est chargé niveau fanfreluches.

Je fais plus que vous le conseiller, je fais plus que vous supplier de l'acheter, je vous l'ordonne, parce que ce genre de bijou ne se croise pas souvent sur la route des vacances. Faites moi confiance, même l'homme a adoré.

Edit: Une phrase notamment me restera en tête. Benny parlant de Désirée: "J'ignore totalement si elle est belle ou laide, ça n'a aucun intérêt, pourvu qu'elle reste comme ça". C'est ça l'amour, non ?

Peur de rien

Peurderien Après "Sheila Levine est morte et elle vit à New-York", voici un nouvel opus de Gail Parent, "Peur de rien". The pitch est simple et rebattu: Roberta a 35 ans et plein d'amants sauf qu'aucun ne semble souhaiter faire sa vie avec elle.

Problème, Roberta veut un enfant.

Maintenant.

Enfin, elle en a toujours voulu mais à la dernière visite chez son gynéco, ce dernier a manifestement trouvé que son vagin était ridé puisqu'il lui a annoncé la tête entre ses jambes qu'il fallait peut-être s'y mettre si elle ne voulait pas dépasser la date de péremption.

Depuis, tic-tac, tic-tac, tic-tac, c'est devenu une obsession pour Roberta qui ne s'est toutefois pas gênée pour dire sa façon de penser en s'enfermant dans le cabinet médical et refusant d'en sortir jusqu'à ce que le gynéco lui fasse des excuses pour le peu d'attention dont il a fait preuve.

Ok, c'est de la chick-lit, on est d'accord. On peut aussi déplorer qu'une fois de plus la femme soit montrée comme une dinde dont l'objectif premier dans la vie est de procréer, voire de se marier. Sauf que c'est écrit avec une grosse dose d'humour juif à couper au couteau et que la Roberta a décidé ni plus ni moins de coucher dans la même journée avec sept de ses plus flamboyants amants pour qu'ils lui fabriquent un bébé.

On peut en discuter mais je trouve le concept assez féministe, d'autant que les hommes en prennent pas mal pour leur grade.

Bref, dans le genre bouquin pour l'été qui se passe à New-York et qui ressemble à s'y méprendre à une bonne comédie romantique avec juste ce qu'il faut de trash, ça se pose là.

Voilà, quoi.

Edit: Comme pas mal d'entre vous m'ont demandé une liste de bouquins pour l'été je prévois pas mal de billets dans les jours à venir sur mes dernières lectures, y'aura un peu de tout, du polar, du livre qui fait réfléchir, de la bluette.

Edit2: Rien à voir mais je profite de l'occasion pour faire passer un message à caractère informatif. Je demande à l'UCPA de réparer l'erreur commise samedi. J'ai en effet récupéré à la place de mon mignon petit garçon un adolescent qui parle un langage à peine compréhensible. La preuve que ce n'est pas le mien, il a prix 28 cm en une semaine et ne nous a pas embrassés à la gare. Seule phrase prononcée au bout d'une heure: "c'était grave stylé, cette colo". Je suis prête à en engager des procédures sans fin s'il le faut, donc on arrête les conneries et on me rend mon bébé.

Le cercle littéraire des amateurs d’épluchures de patates

Cercle  Bon, les amis, si tout va bien, lundi j'ouvre la porte de mon
nouveau chez-moi. Je n'ose le promettre mais si ce n'est lundi ce sera
donc son frère.

Le mardi.

En attendant, je vous laisse en vous recommandant chaudement la lecture d'un petit bouquin qui buzze en ce moment,, "Le Cercle littéraire des amateurs d'épluchures de patates".

Je
sais, Gavalda dit que c'est délicieux et comme Gavalda n'est plus
tellement edgy on pourrait se dire que c'est un bon petit plan
marketing d'avant l'été.

Apparté:
Gavalda a-t-elle jamais été edgy, je ne sais, personnellement je ne
renie pas mon coup de coeur pour "Je voudrais que quelqu'un…", pour
le reste…

Mais revenons à nos patates, ici c'est pas la police de
la hype, loin s'en faut. Par contre force est de reconnaitre qu'on s'en
sort pas mal pour tout ce qui est critique littéraire. Donc, ce petit
livre qui buzze, qu'en est-il donc ? Ben figure-toi que c'est en effet
sucré et facile mais il n'empêche que ça glisse tout seul, c'est un
régal, le personnage principal est une anti-bridget Jones, une
féministe de l'après-guerre qui écrit des chroniques acides dans un
quotidien anglais et qui accessoirement correspond avec un petit groupe
de doux illuminés habitant à Guernesey.

Le tout écrit par une
Américaine qui a su distiller les ingrédients de la bonne comédie
romantique tout en faisant preuve d'un intérêt non feint pour cette
période douloureuse des mois après-guerre quand les prisonniers des
camps rentraient sans bien savoir si ils avaient même le droit de se
souvenir de l'horreur. Parce que tu comprends bien que les gens ils
avaient envie de passer à autre chose. Souris bon sang, c'est fini
quoi. 

Sauf que bien sûr, "ça" ne finit jamais.

Cela dit,
le sujet principal c'est l'amour de la lecture, ce sont des portraits
vraiment amusants d'exentriques doux-dingues et même si c'est trop beau
pour être vrai, souvent, et probablement un peu facile en terme
d'intrigues, moi j'ai donc dévoré ça comme un apple pie. 

Et je rêve depuis de partir pour Guernesey.

Voilà, à lundi si tout va bien et bonnes vacances aux juilletistes, moi ce sera le mois d'a-ou avec tous mes amis de la N7.

Trash de pacotille

Aujourd'hui j'ai envie d'être méchante. Je sais, on me donnerait le
bon dieu sans confession et là, pof, je vous surprends et montre la
dark side de mon coeur.

Mais c'est pour la bonne cause.

C'est
pour vous éviter de mettre de l'argent dans un livre qui n'en vaut pas
la peine. Et j'en suis d'autant plus désolée, qu'il n'en vaille pas la
peine que l'homme, ce joyau, me l'a offert. Comme ça, parce que
parfois, il faut savoir le dire avec des livres.

De quoi parle-je ?

D'un petit bouquin au titre alléchant, "Trash", de Clara Chaal. Promotionné à grand renfort de portrait en dernière page de libé et plus si affinités. Cela aurait à voir avec les 1m79 et vingt ans à peine de l'écrivaine que ça ne m'étonnerait pas. Je sais, je suis mauvaiiiiiiise. En même temps je te rappelle que je culmine à 1m63, que j'ai tuit ans et que mon poids est inavouable. 

Mais crois moi ou pas les amis, rien à voir avec une quelconque jalousie. C'est juste que je n'aime pas qu'on se fiche de moi. Et là, dans le genre fichage de moi, on atteint des sommets.

Je m'explique. Le pitch du livre, donc, c'est que c'est un témoignage du style coup de poing dans la mare d'une jeune mannequin étudiante à ses heures perdues dans une grande école d'ingénieur. Un genre de Lolita Pille, voire, même une Françoise Sagan à la sauce Christine Angot. Avec un zest de Clara Morgane.

Parce que la brillante jeune femme – belle, aussi, est-ce utile de le préciser ? Oui, à priori vu qu'elle même le répète à longueur de pages – est une sorte de messaline des temps modernes, une fille apparemment rangée et habituée des beaux quartiers qui cache bien son jeu. D'ailleurs, dès le préambule de son livre de douze pages et demi que j'ai mis environ 25 minutes à lire (et pas parce que j'étais passionnée) elle avertit son lectorat. Ce qu'elle va révéler est HARD.  Mais elle le fait pour tous les parents qui pensent que leur progéniture est bien sous tout rapport alors qu'en vrai, aïe aïe aïe.

Mais qu'a-t-elle donc fait, cette jolie blondinette, te demandes-tu alléché, hein ? Se cisaille-t-elle les poignets, fume-t-elle du crack dans son appartement du 16ème, organise-t-elle des parties fines avec le gotha politique ?

Tu n'y es pas.

Piiiiiiiire.

Elle baise.

Attends, pas qu'un peu, genre elle a couché avec une dizaine de mecs alors qu'elle a tout juste 20 ans. Sans capotes. Et puis aussi, l'un d'entre eux a fait de la prison. J'oubliais, elle pique dans les magasins.  Pendant un an elle a fumé des joints mais depuis elle a arrêté.

Bon, ok, ce n'est pas franchement ce que je souhaite à ma fille. Mais ce n'est pas non plus ce que j'appellerais la trashitude absolue. Baiser sans capote, c'est franchement con, on est d'accord. Avoir son premier rapport sexuel à 14 ans, c'est tôt. Cela dit, moi qui ai fait zizi panpan pour la première fois à 19 ans je faisais figure de Soeur Emmanuelle y'a vingt ans (et encore, maintenant on sait que Soeurette, elle était pas si sage). Donc 14 ans c'est tôt mais c'est pas 9 ans non plus.

Bref, en plus d'être écrit avec les pieds, ce livre c'est juste de la publicité mensongère, le journal pas intime d'une pauvre petite fille riche qui voudrait bien être une Belle de jour mais qui n'arrive pas à la cheville d'un tel personnage. Il n'y a aucune intensité, aucun talent littéraire, juste les délires d'une bourgeoise qui se voudrait trainée, qui se rêve en personnage d'un roman de Sade sans y parvenir un instant.

Moi je dis, qu'on la publie, why not. Mais qu'on crie au génie et qu'on la brandisse en dernière page de libé en la bombardant figure emblématique d'une génération de filles perdues, ça sent le plan marketing à fond. Et ça fait mal au coeur d'imaginer tous les manuscrits jetés à la baille parce que le sujet n'est pas vendeur ou pire parce que leur auteur n'est pas photogénique.

Voilà, pour une fois, je vous dis, n'achète pas. Et si tu veux avoir des frissons relis "Baise-moi" de Virginie Despentes. On n'aime ou pas mais on ne peux pas rester indifférent. Alors que là…

Edit: qu'on ne s'y méprenne pas, je ne suis pas déçue que le livre ne raconte pas plus d'abominations. J'ai simplement trouvé pathétique ces efforts dantesques pour se faire passer pour une dégénérée du sexe sans qu'à un seul moment on soit embarqué dans la vie du personnage. Je n'ai pas lu Lolita Pille mais je suis persuadée que dans le genre, c'est mieux. Et arrêtons de faire passer pour subversifs des ouvrages qui ne sont que du vomi narcissique.