Catégorie : La ronde et les enfants

Séparations

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Cette semaine est un peu particulière, je la passe seule à Paris. Je crois que cela ne m'était pas arrivé depuis la naissance des grands, de disposer ainsi de cinq jours en solo. Souvent, les enfants s'en vont chez mes parents, mais nous restons ensemble avec le churros. Là, non, je suis livrée à moi même, sans autre contrainte que le boulot qu'il me reste à faire avant notre départ en Corse dimanche.

Je n'avais pas vraiment prévu cet interlude, il s'est décidé un peu brusquement, à la faveur d'une semaine supplémentaire de congés accordée au churros au dernier moment. Je m'étais organisée de mon côté et il m'était difficile du coup de changer mes plans.

Pas prévus, pas vraiment désirés et en même temps, je prends ces jours silencieux dans cet appartement devenu subitement trop grand pour ce qu'ils sont: l'occasion de vivre à mon rythme, de manger comme bon me semble des choses préparées en trois minutes, d'éteindre la lumière à 3h du matin après avoir avalé un bouquin d'un seul trait ou d'aller, au débotté, écouter Ambre chanter*.

Il ne faudrait pas que cela s'éternise, je ne suis plus habituée à n'entendre résonner que mes propres pas dans mon salon et le soir, quand plus une lampe n'est allumée, le moindre bruit me parait suspect. Mais je ne boude pas cette éphémère liberté. Et puis la solitude est un état qui ne me déplait pas. Je ne suis pas fille à s'ennuyer, encore moins lorsque j'ai dans mon ordinateur trois saisons de Mafiosa. (mmmmm… Thierry Neuvic)

Je crois que le plus difficile finalement, c'est d'entendre leurs voix à tous dans le combiné, pleines de rires et de bombes dans la piscine, de glaces mangées sur le port et de tours de manège. Pas assez, dans ces voix, du manque que j'éprouve, moi, pour eux. Je me déteste de regretter qu'ils ne soient pas un peu tristes et je me méprise de me poser cette question: se pourrait-il qu'ils puissent vraiment se passer de moi ? Combien de jours et de nuits faudrait-il pour que Rose me réclame ?

"A la seconde où tu les conçois, tes enfants commencent lentement mais sûrement à se séparer de toi", m'avait un jour dit une amie psy. Cette phrase m'accompagne depuis et prend, jour après jour, un peu plus de sens…

* Amber and the dude c'est ce soir à L' Espace B, 16 rue barbanègre , Paris 19ème, 19h30

Ordre et désordres

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"Tu sais maman, Martin adore notre maison. Il trouve ça génial tout ton bazar. Surtout les étagères et l'armoire à pharmacie. Parce que chez lui, les livres ils sont rangés par ordre alphabétique. Et les médicaments aussi. Tu te rends compte ? Les médicaments, ils ne sont pas du tout en tas et quand on ouvre la porte de leur armoire, y'a rien qui tombe ! Alors quand il vient chez nous, il trouve ça trop drôle. En plus il dit que tu es super cool parce que tu n'es pas obsédée par la propreté".

Depuis cette avalanche de compliments, je ne cesse de m'interroger: est-ce qu'il est sain de me réjouir d'être l'idole des copains de mes enfants en raison de mon hygiène aproximative ?

A part ça, c'est tout de même un peu le début des grandes vacances, mes deux grands sont partis en colonie et avec le churros on est au taquet pour ne pas louper le jour de leur retour. Je veux dire, quand les services sociaux se pointeront – et quelque chose me dit que c'est imminent -, si on pouvait ne pas rajouter ça à notre actif, ce serait bien.

Quant à Rose, elle aurait bien voulu partir aussi en colonie. On lui a expliqué qu'avant ça, il faudrait qu'elle se décide à parler. Enfin, dans un dialecte compréhensible par d'autres personnes que sa famille rapprochée.

Pour l'instant on l'entraine de manière intensive à prononcer correctement le mot "copine".

Ah je ne vous ai pas dit ? Elle persiste à ne dire que les dernières syllabes des mots.

Parfois ça prête à confusion.

Je crains le pire pour l'école.

Voilà, bon lundi aux travailleurs de juillet, j'en fais partie, nos vacances ne débutent qu'en août, vous me verrez donc encore trainer un peu par ici dans les semaines à venir…

Une famille unie. Ou presque

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Billet pas moins décousu aujourd'hui, j'ai passé une bonne partie de mon après-midi d'hier à inscrire mes enfants au collège. Je ne saurais expliquer le stress dans lequel me mettent 56 formulaires x 2 à remplir, avec à chaque fois des questions ultra existentielles comme celles du nom que je mets en ce qui me concerne – sachant que je jongle déjà au quotidien entre mon patronyme officiel et mon pseudo.

J'ai en effet gardé mon nom de jeune fille au grand dam de mon époux. Je ne me vois pas m'appeller madame churros. De 1) c'est ridicule, de 2), madame churros pour moi c'est ma belle mère. Seulement dès qu'on entre dans les méandres de l'éducation nationale, il ne faut pas s'illusionner, être un tantinet attachée à sa propre identité nuit à la fluidité du quotidien (= pour l'école je suis madame churros) (pour le médecin aussi) (pour les activités extra-scolaires également). (pour ma gynéco par contre, non).

On rajoute à ça cette particularité gemelesque qui complique absolument tout et mon incapacité à écrire correctement dans les cases de l'administration et on a à la fin des gribouillis informes et des informations erronnées sur un questionnaire sur deux ("et merde, j'ai mis le numéro de mon ancien boulot et c'est du stylo". "Aïe, ils ne sont pas nés à Toulon, c'est moi". "C'est ma date de naissance qu'ils veulent là ou la leur ? Département de naissance… Je mets 75 et puis c'est marre. Ah. En dessous ils demandent le code du département. Donc au dessus fallait écrire le nom en toute lettres. Fuck. Non, Fuck ça ne rentre pas")

Bien évidemment en prime, mes dossiers n'étaient pas complets. Je n'avais pas le numéro de sécu du churros, or les enfants sont sur SA sécu. Je n'avais pas vraiment non plus – pas du tout en réalité – l'attestation CAF pour le tarif de la cantine.

Quant aux dates des vaccins, je ne vais pas y aller par quatre chemins, j'ai carrément inventé. Parce que bien que munie de la photocopie des carnets de santé, j'ai été bien incapable de déchiffrer mon honorable médecin – je ne veux pas imaginer la gueule des fiches d'inscription en 6è de ses propres gamins – et quelque chose m'a dit en outre que la date du dernier rappel DT Polio – aux alentours de 2002 – n'allait pas faire marrer l'infirmière scolaire.

J'ai donc inventé, honteusement. Il me fallait déjà avouer l'omission de la CAF et du numéro de sécu, c'en était trop d'admettre que si mes enfants venaient à malencontreusement marcher sur une vieille punaise, ils se retrouveraient paralysés en moins de dix secondes, rapport à l'ancienneté du dernier vaccin – dont je ne suis même pas convaincue qu'il ait existé.

Dire que mon estime de moi même au niveau de tout ce qui est maternité ne s'en est pas trouvée grandie est bien en deça de la réalité.

Résultat, histoire de me défouler, j'ai pourri le churros ou du moins sa messagerie. Quatre coups de fils en une heure avec l'espoir qu'il daignerait décrocher pour me cracher son numéro de sécu. Ça m'aurait fait ça en moins à mon actif. Que dalle.

Du coup ça a donné ça.

– 13h45: Salut c'est moi, je suis en train de remplir les formulaires, là, et c'est tout con, j'ai oublié de prendre ton numéro de sécu, c'est de ma faute, désolée. Tu me rappelles ? J'en ai pour douze heures de toutes façons, j'ai tellement écrit notre numéro de téléphone que je ne suis plus tout à fait sûre que ce soit le bon. Gros poutous.

– 14h15: Dis, j'ai bien avancé, là, mais ton numéro de sécu, je ne vais pas l'inventer, j'ai déjà pas mal mythonné à vrai dire (les vaccins, je te raconterai, ils sont paranos dans cette école) mais je me vois mal improviser sur ton numéro de sécu. Merci, à plus.

– 15h12: Heu, je te préviens que si je viens de me cogner 312 formulaires à la con pour rien, tout ça parce que tu n'as pas DAIGNÉ me laisser les infos nécessaires avant de partir et que je suis manifestement QUANTITÉ NEGLIGEABLE vu ton empressement à décrocher ton PUTAIN de téléphone, tu peux te brosser pour que je me retape la queue lundi. Limite on pourrait penser que c'est normal, hein. Mon boulot tu t'en fous, en fait. Si j'avais su que je signais pour faire la bonne, j'aurais réfléchi à deux fois. Bye.

– 15h45: Encore moi. C'était juste pour te dire qu'à la case "représentant légal", j'ai barré ton nom. J'ai également coché "vit avec sa mère" pour la situation familiale. N'y vois rien de personnel, c'est pour gagner du temps pour l'inscription de l'année prochaine.

– 15h48: Juste, si j'étais à l'hosto, là, ce serait même tarif, je pourrais CREVER – ou un de tes enfants, tu sais ceux qui sont sur TA SECU ?

A 16h13, il m'a rappelée, il était dans une salle qui ne captait pas. Tout miel. Il n'avait pas eu mes messages. J'étais tellement contente d'avoir finalement réussi à fourguer tous mes papiers et n'avoir écopé que d'un gros soupir pour la CAF – merci à la dame devant moi qui n'avait ni photos, ni photocopie du livret de famille et qui n'avait pas l'air convaincue d'avoir un enfant -, que j'ai été toute guillerette. Genre "c'est pas grave".

Bon, depuis il a écouté mes messages.

Voilà, sinon je suis à la recherche d'un ingénieur en logistique.

Pour la liste des fournitures.

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Là j'avoue, je ne pense pas pouvoir relever le challenge.

Edit: La charlotte orange – chocolat, la recette elle est chez Zaz. Une tuerie super facile à faire. Juste, Zaz ne le précise pas mais il faut faire prendre la mousse au choc avant de monter le gâteau.

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Elle était super bien montée, non ?

Deux ans. Quand même.

Cheveux
Hier, le machin, qui a une vie sociale plus remplie que celle de Garance Doré, est venu me demander, mardi soir oblige, s'il pouvait aller dormir chez le copain du 6ème étage.

Alors que je lui répondais par l'affirmative – j'ai lâché l'affaire et dis oui à peu près à tout tant que la note de comportement ne descend pas en dessous de 8/10 -, il s'est aperçu que j'étais en train de faire une pizza maison.

Subitement tout pâle, il a marqué le coup.

 "Tu fais une pizza ? Ah, mince".

Puis: "Ça change tout. C'est bien la seule chose qui pouvait me donner envie de rester"

Et d'ajouter après dix secondes de réflexion: "Je vais appeler Thomas pour savoir ce qu'on mange chez lui, quand même."

Et ouais.

Quand je pense à cette nuit à l'hôpital dans un fauteuil raide comme la justice américaine à trembler à l'idée que le clou avalé par ce marmot ne lui perfore l'estomac, puis à ces QUINZE JOURS à découper consciencieusement son caca pour ne JAMAIS retrouver le dit clou. Quand j'y pense. Hein.

Au final, le fils prodigue est resté. Y'avait des brocolis chez Thomas.

Et moi, bien sûr, je lui ai donné sa part de pizza. Après avoir pourtant prévenu l'animal qu'il pouvait se brosser avec ses cartes Pokemon pour en avoir un morceau.

Le pire ? Comme il ne comprenait pas que je puisse un peu tourner mon nez à l'idée que son choix de passer la soirée avec nous tienne au menu proposé – "je sais pas, moi, on pourrait te manquer, non ?", il m'a répondu sans ciller qu'au bout d'une nuit, lui manquer, faut pas déconner. "Deux, ans, je dis pas, mais là, quand même…".

Deux ans. QUINZE JOURS à découper ses merdes et à 11 ans il se sent capable de se barrer DEUX ANS.

C'est décidé demain je vide son compte épargne pour me faire arranger ce tablier ventral par le docteur Mimoun.

Chats et souris

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Ce week-end c'était donc la fête d'anniversaire des twins. Evénement à l'occasion duquel j'ai eu la confirmation qu'ils ne savaient pas compter. Moi non plus d'ailleurs. J'avais en effet fourni CINQ invitations à chacun d'entre eux et ils m'ont juré n'en avoir pas donné plus. Comment expliquer par conséquent que 17 ENFANTS soient finalement arrivés samedi chez moi ? Soit c'est la multiplication des pains et je demande une homologation par le Vatican himself, soit mes enfants me prennent pour un bégonia.

DIX-SEPT.

Excités comme un Bernard Debré devant un DSK à poil.

Au bout de douze secondes, les filles s'étaient enfermées dans la chambre de la chérie pendant que les garçons tentaient d'en défoncer la porte, se servant du punching ball du machin comme d'un bélier.

Je veux croire qu'il ne s'agissait que d'une tentative certes maladroite mais amicale d'établir le contact et non des prémisses d'une tournante.

C'est à dire qu'avec tout ce qu'on entend maintenant, on est vite alarmés.

Et on ne savait encore rien au sujet de DSK.

Bref, le churros et moi on a eu l'impression qu'on était des aiguilleurs du ciel durant quatre LOOOOOONGUES heures. Des heures passées d'ailleurs en grande partie au square à surveiller deux équipes, l'une jouant au "chat-chaine" (cherche pas je n'ai rien compris) et l'autre à une "saké" géante (pas mieux).

Quand je pense que j'avais préparé une play-list blindée de lady gaga et autres idoles des jeunes. En réalité, à 11 ans on aime encore et surtout se courir après, lancer des ballons et jouer au Pictionnary.

Bon, j'ai eu un coup quand une copine de la chérie est partie aux toilettes une pochette à la main avec le rouge au joues. Elle aurait eu un post-it sur le front où il aurait été écrit "je mets des tampons", ça n'aurait pas été plus explicite. La façon dont les autres files la regardaient, avec un mélange de fierté par procuration, de peur que ça ne soit contagieux et de jalousie de ne pas encore en être m'a rappelé des souvenirs que je ne croyais pas si anciens. Il va sans dire que je m'oppose fermement à l'éventualité qu'un jour mon bébé ait ses règles.

Les cadeaux aussi étaient le témoin des années qui passent. Pas une seule carte Pokemon, pas un paquet de légos, pas un collier en forme de coeur, mais des boucles d'oreilles tête de mort, des sacs "I love NY" et des livres, des livres, des livres. Et puis au milieu des paquets rutilants, un vieux "J'aime Lire" écorné, le prix indiqué en franc et probablement chiné sur une brocante ou pris sur une étagère. Je crois que j'aurais pu en pleurer, d'ailleurs j'en ai pleuré. Et mes larmes ont redoublé quand j'ai vu ma fille, ma fierté, embrasser la petite au "J'aime Lire" avec la même joie et la même ferveur que la précédente qui venait de lui offrir le bracelet de ses rêves.

A un moment, je les ai regardés, tous, avec leurs jambes immenses (elles grandissent manifestement à un rythme différent du reste), leurs têtes hirsutes et leurs bras faisant des moulinets pour réclamer le ballon ou signaler leur présence. Les rires fusaient, les noms d'oiseaux aussi. Encore des enfants et pourtant plus tout à fait. J'ai gravé dans ma mémoire ces images, j'ai rangé soigneusement ma play-list et murmuré à Lady gaga de ne pas être triste, les danses viendront, bientôt. Mais en attendant, continuez, mes chéris, de jouer au chat et à la souris…

Une crêpe au suc, s’il vous plait

Crêpes
La classe du machin va partir à Auvers sur Oise dans quelques semaines. Pour payer une partie du périple, l'institutrice a proposé une vente de gâteaux tous les soirs à la sortie de l'école.

Je trouve ça formidable.

Ce qui me mine un peu en revanche c'est l'idée qu'a eue le machin pour que ma contribution à cette opération soit des plus lucratives. Au lieu de m'inscrire pour un gâteau au yahourt torché en cinq minutes, voire une barre bretonne achetée en douce au Franprix et tranchée par mes soins, il a préféré s'engager en mon nom pour…

Des crêpes.

"J'ai dit une centaine, à ma maitresse. Elle était super contente".

Tu m'étonnes.

"T'imagines ? A un euro la crêpe ? C'est trop stylé, ça va te prendre le même temps que les autres pour faire un gâteau sauf que ça rapportera dix fois plus".

"Je suis curieuse de savoir ce que "faire des crêpes" signifie exactement pour toi, mon chéri", j'ai répondu. (On ne sait jamais, il pense peut-être que les crêpes font partie de ces espèces qui se reproduisent spontanément sans même qu'il y ait nécessité de féconder la femelle)

"Ben tu fais la pâte et après tu fais les crêpes. Facile".

Bingo.

A part ça vendredi j'ai accompagné trois classes de CM2 en sortie sur une base nautique à une trentaine de kilomètres de Paris. En métro puis RER. J'ai eu l'impression d'avoir été transformée le temps d'une journée en chien de berger. Plus jamais. Never.

J'en profite par conséquent pour rendre un vibrant hommage à ces héros du quotidien dont il est souvent de bon ton de se gausser. Je tiens à l'écrire une bonne fois pour toutes. Les instituteurs méritent chaque seconde de leurs jours de vacances. Je m'étonne à vrai dire que les écoles ne soient pas dotées de cellules de soutien psychologique non pas pour les élèves mais pour leurs enseignants. Et je crois qu'on ne réalise pas à quel point cela tient du miracle qu'il n'y ait pas plus de cas de décompensation avec catapultage de gosses sur les voies ferrées les jours de sortie.

Les saints.

Sinon, si d'aventure une personne possédant un quelconque don en démaraboutage me lit, qu'il me contacte sur mon 06. Je pense que si je reçois une fois encore, une fois seulement, une autre chiasse de pigeon sur la tête, mon équilibre psychologique pourrait s'en trouver définitivement affecté. Celui de mardi dernier avait, je pense, bouffé un cassoulet la veille.

Edit: La photo je l'ai piquée sur ce blog culinaire très chouette. J'espère que son auteur ne m'en voudra pas.

La dernière demeure

Tarte
Hier j'ai fait la tarte rhubarbe meringuée de Zaz et je faisais remarquer que ma meringue eut été probablement meilleure avec un four marchant mieux. Le churros, qui semble ne pas avoir compris qu'avec une femme intermittente de la pige tout espoir de prêt bancaire s'est envolé – pshiiiiiit -, a répondu avec l'air d'y croire, le pauvre, que dans notre future maison, j'aurai un nouveau four.

Je passe sur la tonalité affreusement machiste de sa phrase, je crains que mon nouveau statut ne l'encourage à caresser ses penchants paternalistes et réacs. "Mais oui tu l'auras ta jolie cuisine ma chérie"… Tu sais où tu vas te la mettre ta cuisine mon amour ?

Mais je m'égare.

Préférant ne pas endosser ce soir là mon costume d'Yvette Roudy, j'ai néanmoins lancé que je n'attendrais certainement pas d'acheter cette hypothétique maison dans Paris pour acquérir une cuisinière digne de ce nom.

Il faut savoir que pour le Churros, tout changement d'ordre matériel est angoissant. Ce qui explique que nos étagères Ikea de nos années étudiantes trônent au milieu du salon, que notre table basse achetée sur une brocante en 1997 et déjà démodée à l'époque soit "irremplaçable" et que notre fauteuil club ne partira à la benne que lorsqu'il aura été responsable d'un déchirement anal, ce qui ne saurait tarder. Et pour justifier ce refus pathologique de se débarrasser de nos antiquités sans valeur, il m'oppose toujours le fait qu'on n'est que locataire. Ce qui peut certes expliquer que nous ne faisions pas poser du parquet flottant dans le salon, mais n'a aucun rapport avec le fait de jeter une bonne fois pour toutes les verres à moutarde ébréchés sur lesquels on ne distingue plus que la queue du Marsupilami.

"Quand on sera propriétaire, tu auras une jolie brosse à chiottes, je te le promets. Jusque là, continuons avec ce vieux goupillon à biberon, ma chérie".

Quoi qu'il en soit, nous devisions, lorsque le machin a souhaité participé à la conversation. 

Apparté: lorsque le machin s'apprête à prendre la parole à table, un frisson traverse en général l'assemblée. On n'est jamais certain qu'il ne veuille pas répondre à une question qu'on – sa maitresse par exemple – lui aurait posé deux jours auparavant, ou qu'il souhaite poursuivre une conversation qui se serait tenue aux alentours de juin 2005.

Mais là, non, il avait étonnament suivi les échanges. D'où son interrogation:

"Quand vous parlez de votre future maison, vous parlez de votre maison de retraite ?"

Là c'est APRES qu'il ait parlé que le frisson a parcouru l'assemblée. Le pire ? Il n'y avait pas une once de sarcasme dans sa question. De deux choses l'une. Soit cet enfant n'est pas tout à fait comme les autres (dans le genre "différent") ("différent comme "pas pareil"), soit 40 ans ça sent vraiment le sapin. Si ça se trouve c'est les deux.

Edit: La tarte ? Elle était délicieuse. Si ce n'est que la meringue aurait pu… Bref. Il sera toujours temps d'y penser quand on sera dans notre maison médicalisée.

Affreux, sales et méchants ?

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L'anniversaire de tes enfants, c'est la double peine. A savoir que tu te traines la misère toute la journée, confrontée que tu es à la réalité du temps qui passe (putain, onze ans) mais qu'en sus, il est impossible d'échapper à la corvée de l'année: la fête avec les copains.

Je rectifie: quand tu as eu la bonne idée de pondre des jumeaux, tu prends carrément perpète. Je reviendrai sur les immondes tractations de mon fils plus élaborées chaque année pour m'arracher la permission d'inviter non pas les CINQ amis réglementaires mais six, puis sept, puis dix. Là n'est pas le sujet.

Le sujet c'est qu'hier, tout à notre joie de cet anniversaire simple mais chic (bagels et gâteaux achetés à l'arrache à la boulange) (wild attitude) (je rêve depuis deux semaines de caser "wild" dans un billet, ne cherchez pas), nous avons devisé gaiement sur ces futures agapes.

Qui prendront cette année la forme d'une boum. (deux tranxènes avec ma margharita, merci).

Tout se passait bien quand ma fille s'est écriée subitement qu'il était urgent de commencer à ranger l'appartement.

"Pas question que mes amis voient à quoi ressemble ma maison, j'ai trop honte".

Je préparais une réplique bien sentie sur fond de petits enfants qui n'ont même pas un toît au dessus de la tête et parfois ni papa ni maman voire (je te jure ma chérie ça existe) pas d'Ipod touch (je sais que ça n'a pas de rapport avec le désordre supposé de ma demeure mais ne jamais perdre une occasion de rappeler à ta progéniture qu'elle est privilégiée et que tu peux arbitrairement décider de sucrer leur Ipod touch), quand son frère a volé à mon secours:

– Non mais attends, t'inquiète, c'est bon, de toutes façons, nos copains, ils ne seront pas surpris, ils savent très bien comment on est…

On peut appeler ça de l'évitement mais j'ai préféré ne pas l'encourager à préciser ce qu'il entendait exactement par "comment on est". Ce qui m'inquiète le plus à vrai dire c'est l'air absolument sincère qu'il affichait, convaincu d'avoir prononcé les mots qui consolent, quoi. Non seulement mon fils s'apprête à vivre dans une porcherie sans que ça lui pose le moindre problème mais il aura très certainement d'énormes soucis conjugaux s'il persiste dans cette technique de réconfort.

Depuis, je suis au taquet et range tout ce qui me passe sous la main.

(grain de sel du churros: "Tu ne ranges, pas tu déplaces tes tas")

Ça se précise, cette histoire du pain blanc qu'on aurait déjà pas mal boulotté.

Le jour où on est un peu mouru

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La naissance de mes jumeaux ne s'est pas passée comme dans un rêve. Ils sont arrivés trop tôt, en catastrophe, dans un hopital qui n'était pas conçu pour gérer deux prémas. A peine ont-ils été extirpés de mon ventre, que le Samu les a emmenés à l'autre bout de Paris. Je me suis réveillée de l'anesthésie générale, j'ai eu le temps de voir la double couveuse passer devant mon brancart et d'effleurer le poignet de mon fils. Ma fille était cachée par son frère, je ne l'ai découverte que trois jours plus tard, lorsqu'on a bien voulu me conduire à elle.

Au bout d'une petite semaine, ils sont revenus dans la maternité où je me remettais péniblement de ma césarienne (on va dire que les 32 kilos pris pendant les sept derniers mois dont seulement 5 s'étaient envolés pendant l'accouchement ne m'aidaient pas à retrouver une quelconque mobilité. Sans compter l'état de dépression avancé dans lequel je me trouvais, combiné à une montée de lait atomique qu'aucune machine d'avant-guerre ne pouvait soulager).

Je garderai toute ma vie en mémoire ce berceau en plexiglas dans lequel se blotissaient ces deux poupons minuscules et encore tuyautés. A ce moment là, nous avons vraiment cru, le churros et moi, qu'on en avait fini de pleurer. Je n'en pouvais plus de fierté, j'étais enfin une maman comme celle dont je partageais la chambre et non un ventre vide échoué sur un lit d'hopital, cherchant à comprendre ce qui avait bien pu se passer pour que rien ne se déroule comme prévu.

Le premier jour, ça n'a été que de la joie. Premier bain, première tentative compliquée de mise au sein (lequel était sans mentir deux à trois fois plus volumineux que leur tête), premiers calins sans les bruits insupportables des moniteurs de la néonat. Premières visites aussi des grands-parents tout esbaudis de découvrir ces deux cornichons fripés qui venaient d'un coup de créer une nouvelle génération.

Le lendemain, j'ai bien trouvé que mon machin respirait un peu vite, mais la puéricultrice m'a répondu que c'était pas bientôt fini de voir le mal partout. "Vos bébés sont là, vous les avez assez réclamés (sans blague), ils vont bien maintenant, cessez un peu de chercher les problèmes quand il n'y en a pas". Le bon sens près de chez vous et la gentillesse qui allait avec.

N'empêche que mon bouchon, il respirait vite.

Une nuit a passé, et non seulement il continuait à haleter comme un chiot essouflé, mais il ne faisait maintenant que dormir. Las, dans cette clinique adorée de toutes les parisiennes branchées, le personnel à l'époque était probablement plus occupé à louer les vertus du chant prénatal qu'à observer un bébé prématuré.

Il a fallu attendre la relève des puéricultrices et l'arrivée d'une jeunette moins sûre de son fait que son ainée pour qu'on finisse par m'écouter. Quand je lui ai tendu mon Marius à moitié groggy avec son ventre qui se soulevait à chaque inspiration, je n'ai pas eu besoin de mobiliser beaucoup de neurones pour comprendre que ça sentait le roussi.

Sauf que là encore, rien n'a fonctionné correctement. La pédiatre censée être de garde a mis six heures à pointer ses fesses. Pendant ce temps, avec les moyens du bord, le personnel soignant a tenté de soulager le machin, à grand renfort d'oxygène qui ne servait à rien et d'antibiotiques au cas où. Avec le churros et un couple d'amis arrivés en pleine crise (les pauvres), on s'est assis à l'entrée de la pouponnière où nos deux bébés avaient été consignés. Je m'en veux encore aujourd'hui de n'avoir pas été capable de rester auprès d'eux. Voir mon fils ainsi m'était si insupportable que j'étais paralysée, figée sur cette chaise, dans cette salle des pas perdus. Comme coincée dans un espace temps parrallèle.

La pédiatre s'est enfin ramenée, en pestant, en plus, d'avoir été dérangée en plein pont du 8 mai. Elle n'a pas râlé longtemps, remarquez, surtout quand elle a constaté que l'objet de son tourment était tout simplement en train de crever.

A partir de là, c'est le brouillard, le flou intégral. Les sirènes du Samu, des blouses blanches partout, des cris, "il s'enfonce, on intube, tout de suite". Et puis deux infirmiers qui se postent devant l'ascenseur pour retenir les portes, la couveuse qui passe devant moi, dans éclair. "On laisse passer, on laisse passer…". A nouveau les sirènes mais qui cette fois-ci s'éloignent. Nos enfants ne sont plus là. Le churros serre ma main et me fait cette promesse que j'entends encore: "je ne te laisserai jamais tomber".

De cet après-midi, je retiens tout ça, à savoir pas grand chose si ce n'est le vague souvenir de mes tripes en bouillie, comme si j'allais finir par me vomir moi même.

Je revois toutefois un visage. Celui de Cédric Klapisch, assis en face de moi, me regardant avec compassion et embarras. Sa femme avait accouché elle aussi quelques jours plus tôt dans cette clinique au doux nom de fleur et devant laquelle je ne pourrai plus jamais passer sans que mon coeur remonte dans ma gorge. A chaque fois que je vois un de ses films ou que je lis une interview de lui, il me vient à l'esprit que sans qu'il ne me connaisse, on est connectés.

Mes enfants sont restés hospitalisés un mois. Ils avaient attrapé un staphylocoque et mon fils faisait une septicémie. Le diagnostic a été réservé pendant trois jours. J'ai appris cet après-midi là que le monde pouvait disparaitre sous mes pieds. Comme ça, en moins de temps qu'il ne faut pour le dire. Je crois que j'ai aussi perdu un peu de moi. Une minuscule part de mon être est restée sur cette chaise, dans cette salle des pas perdus d'une clinique parisienne qui depuis, d'ailleurs, a déménagé.

Edit: Je tiens à préciser que cette histoire remonte à 11 ans maintenant et que depuis, cette clinique s'est modernisée, qu'elle est accolée à un service de néonat et que les futures mamans qui vont y accoucher ne doivent pas s'inquiéter. La seule leçon à retenir c'est que lorsqu'on attend des jumeaux, on va dans un hopital de niveau 3.

La carte scolaire: je suis pour (sauf pour mes enfants)

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C'est imperceptible. Des soupirs en guise de réponse à certaines de mes réflexions. Des portes qui claquent. La salle de bain occupée plus longtemps. Des mimiques devant le miroir. Des t-shirts de moins en moins souvent roses. Des mails envoyés en douce avec des noms de garçon dedans, j'en suis sûre.

Et voilà comment, samedi, j'ai acheté un gel moussant pour le visage spécial peaux jeunes.

Si seulement ça pouvait effacer TOUS les points noirs de ces années à venir…

Non parce que je sens que les comédons, ça n'est que la partie emmergée de l'iceberg à emmerdes qu'on s'apprête à percuter à grande vitesse. Qui dit adolescence dit en effet aussi passage en 6ème. Et qui dit passage en 6ème dit… choix du collège.

Enfin, non, pas choix du collège, puisqu'en l'occurence, la carte scolaire existe toujours, au cas où certains en douteraient. Seuls les motifs de dérogation ont été un peu modifiés mais je ne souhaite à personne de rentrer dans les cases, du genre "le thérapeute de mon enfant est situé à proximité d'un autre établissement". Changer d'affectation reste donc extrèmement difficile. Bien sûr, ça va de soi, en bonne gauchiste bobo parisienne, je suis à fond pour la carte scolaire. Attends, excusez-moi mais la mixité sociale, c'est mon cheval de bataille. Alors tout ce qui peut garantir cet équilibre, je cautionne sans états d'âme.

Sur le papier.

Comme 99% de mes congénères. Il suffit d'assister à la réunion "spéciale entrée en 6è" pour constater en effet que les plus actifs des parents délégués et consort sont aussi les plus prompts… à gruger le système. Avec, systématiquement, cette phrase sésame qui t'absoud de toutes tes petites compromissons : "Mes enfants n'ont pas à souffrir de mes principes". (à prononcer avec l'air contrit du parent qui souffre de cette entorse à ses règles fondamentales de vie mais qui est prêt à se sacrifier sur l'autel de la réussite de sa progéniture)

Honnêtement, la plupart du temps, on se demande un tout petit peu de quelle souffrance on parle. Celle d'être séparé du meilleur copain ? Celle d'être dans un collège qui ne fait "que" 80% au BEPC alors que celui d'à côté est à 87% ? Celle de ne pas avoir la possibilité d'apprendre le chinois dès la 6e avec option grec ancien ? Je ne sais pas, mais à en juger la façon dont certains se démènent pour changer d'affectation, c'est du lourd.

Stupéfiant, le nombre de "déménagements" effectués ces derniers jours chez cousins, soeurs ou même sombres inconnus soudoyés, habitant à proximité des meilleurs établissements du quartier.

Attention, je critique, je critique, mais je ne vais pas vous cacher que moi même, je m'interroge.

Impossible de ne pas se faire des noeuds au cerveau, sous peine d'ailleurs d'être regardée de travers par les vrais bons parents, ceux qui se soucient vraiment de l'avenir de leurs enfants. Sachant que la côte d'un établissement est aussi instable que celle du CAC40. Un jour c'est l'antichambre de pôle emploi (dans le meilleur des cas), le lendemain, finalement, le principal a changé et du coup, grâce à une équipe pédagogique hyper soudée, c'est l'assurance d'accéder dans dix ans à la meilleure des prépas. Enfin, ça c'est si tu as confiance dans la personne qui te confie généreusement cette info. Pour apprendre la semaine suivante qu'elle vient en réalité d'acheter une chambre de bonne à deux rues d'ici dans laquelle sera domicilié son aîné (de onze ans, donc) pour éviter à tout prix le collège en question (gaffe donc à l'intox pratiquée par les plus malins, probablement pour se réserver LA place dans l'école que tout le monde convoite).

J'ai l'air de bien prendre tout ça mais je ne vous dis pas l'état dans lequel je suis. A côté, le choix du duvet pour la colo, c'est plus zen qu'un séjour dans un ashram tibétain.

Je m'interroge, donc (= je mange dérogation, je dors dérogation, je baise, même dérogation).

Pour la simple et bonne raison que dans le collège où sont sectorisés mes enfants, il n'y a qu'une classe "bi-langue" (= "classe d'élite" en langage codé de l'éducation nationale, permettant aux meilleurs éléments d'apprendre l'anglais ET l'allemand, repoussoir à cancres, dès la 6e) (mais attention, il n'y a pas de classes de niveau dans l'enseignement public, ouh, tout doux bijou, ne me faites pas dire ce que je n'ai pas dit, surtout pas, vous voulez me griller ou quoi ?) et que par conséquent, je suis confrontée à un vrai dilemme: les mettre dans la même classe et vivre un enfer durant les quatre années à venir (ils se battent pour raconter en premier le menu de la cantine, je vous laisse imaginer les repas du soir s'ils partagent les mêmes profs) ou choisir qui de ma fille ou de mon fils aura accès à la classe des winneurs. Call me Meryl Streep.

Donc j'envisage de demander une dérogation pour le collège d'à côté, qui compte, lui, deux classes bilangues. Et en même temps, outre le fait que 1) ça ne correspond pas à mes idées (mais, mes enfants n'ont pas à souffrir, bla bla bla) (carte magique, je rappelle) et que 2) je suis nulle en dérogations/lettres officielles/démarches administratives, j'ai super peur de faire une grave erreur.

Parce qu'une maman bien intentionnée m'a prévenue: "fais super gaffe. Ta demande peut être refusée. C'est même probable. Etant donné que la raison que tu vas invoquer n'entre pas dans les cases de l'administration. Et là ma vieille, c'est double peine. Non seulement tu n'as pas le bon collège, mais en plus, et c'est arrivé à la mère du neveu de ma voisine, tu te fais SAQUER par le principal de l'établissement que tu as tenté de fuir. Et là tu peux te brosser pour la classe bilangue. Tes gosses, il vont se retrouver, au mieux, en 6è "basket"." A la mine qu'elle faisait, la 6è basket, c'est moche. Très moche.

Alors que faire, bordel de merde ? Tenter le coup de la dérogation atypique et condamner mes gosses à jouer au ballon pendant que les autres, ceux qui n'auront pas été pris la main dans le sac du détournement de carte scolaire, partiront en classe verte en Bavière ? Me soumettre à ma sectorisation et passer les quatre prochaines années à faire la police à table dès que l'un aura balancé la connerie qu'a fait l'autre en cours de maths ? Décrocher le sésame du collège à deux classes bi-langues mais qui pendant l'été aura vu sa réputation s'effondrer comme l'indice Nikkei ?

Ce qui, cela dit, sera peut-être finalement un moindre mal. Si si. C'est une autre mère bien renseignée et sûrement très bien intentionnée elle aussi qui me l'a confié sous le sceau du secret.

"Attends, être dans un collège de merde, ça peut se révéler un pari sacrément gagnant. Réfléchis: si ton gamin est dans un établissement pourri et qu'il est plutôt bon. Il a toutes les chances, en fin de 3e, de finir premier de sa classe avec une moyenne qui déchire. Et là, c'est le passeport pour Henri IV. Parce que figure-toi que le lycée, c'est sectorisé mais pas que. Et que le premier critère, ce sont les notes. Or ici, dans le 13e, on est sur le secteur d'Henri IV et de Louis Legrand. La crème des lycées parisiens. Donc ton gosse, il peut passer devant un autre bien meilleur mais qui, parce qu'il est d'un collège plus côté, a une moins bonne moyenne. Et là, c'est qui qui est baisé ? Celui qui a fait des pieds et des mains cinq ans auparavant pour entrer dans la fabrique à génies".

"Ah ouais quand même", j'ai dit.

Après, une fois la crise d'angoisse jugulée, je me suis demandé si je n'allais pas demander à ce qu'on me mette sous tutelle. Non parce que moi, là, j'en suis tout juste à réaliser que mes enfants l'année prochaine auront plusieurs enseignants et gavé de boutons sur le front. Et je sens que je ne suis absolument pas au niveau pour tout ce qui est de leur orientation.

Bref, je vous souhaite bien du courage, vous les heureuses mères d'enfants encore en âge de faire pipi dans leur culotte. Parce que ça se confirme que ça se complique, après. Je vous laisse, je vais consulter les taux de réussite à l'ENA des gamins du 13e arrondissement.

Edit: La prochaine fois je vous parlerai de l'autre option. Le privé. Je sais, c'est contre mes principes. Mais rappelez-vous, j'ai ma carte magique. "Mes enfants ne sont pas là pour essuyer les platres de mes convictions". C'est cool quand même, ce joker qui te permet de faire tout ce que tu avais juré que tu ne ferais jamais, non ? Là je vous laisse, j'ai un double appel, et je ne voudrais pas le louper, j'attends un coup de fil de l'Ecole alsacienne. Le must, parait.