
« Et comment on sait que c’est fini », j’ai demandé incidemment à mon quelqu’un la dernière fois. L’air de ne pas y toucher, j’ai rajouté, « je parle en général, bien sûr », espérant secrètement qu’elle me réponde que pour les autres elle ne pouvait pas dire mais que moi j’étais désormais au top avec ma psyché, merci au revoir et bravo pour tout.
Au lieu de quoi elle a glissé que c’était en fonction de chacun mais que souvent, on avait envie d’arrêter quand on sentait qu’on ouvrait une porte et qu’on avait peur de ce qu’on allait y trouver. Et là, franchement, je crois qu’elle ne parlait pas « en général ».
Bref, je continue à aller voir mon quelqu’un toutes les semaines depuis désormais deux ans. On me demande parfois ce que ça m’apporte, si c’est « efficace », si ce n’est pas trop chiant à la longue. J’aurais tendance à répondre respectivement « je ne sais pas », « plutôt » et « ça dépend ».
Ce que ça m’apporte, je ne sais pas trop, donc. Probablement une connaissance de moi, une compréhension de certains mécanismes psychiques, une approche différente des choses, moins dictée par la morale judéo-chrétienne dont je suis imbibée jusqu’à la moelle et davantage par la quête d’une satisfaction ou pour la paraphraser, « d’agrément ». Parfois (souvent), je sors de ma séance en me disant que je ne me suis pas trop foulée, que je suis restée bien en surface, par flemme ou par manque d’envie d’aller gratter là où ça fait mal. Parfois en revanche, j’ai la sensation d’avoir résolu une énigme, d’avoir mis le doigt sur un élément clé. Certaines semaines, je repense quasiment tous les jours à ce qui s’est dit, à ce qui ne s’est pas dit, à un mot qu’elle a relevé ou sur lequel il m’a semblé qu’elle s’était arrêté (sachant qu’il est probable que je projette, mais finalement ça n’a pas d’importance, ce mot manifestement, lui en a). D’autres semaines, je fais abstraction de tout ça, je suis dans mon quotidien, dans le faire plus que dans la pensée. Si mon quelqu’un est assez silencieux, il arrive fréquemment que la séance soit plus interactive, notamment lorsque je lui soumets mes doutes quant à ma façon d’être mère par exemple, ou un dilemme dont je n’arrive pas à sortir. J’aime assez la façon dont elle intervient alors, sans tomber dans le conseil ou l’injonction, plutôt en m’aidant à y voir plus clair, en vertu du principe de « neutralité bienveillante ».
Si c’est efficace, oui, plutôt, quand même. Pour rappel, je me suis décidée, sur le tard, à consulter parce que j’étais en proie à des crises d’angoisse assez violentes, qui se manifestaient par des sensations de mort imminente, des palpitations et un besoin pathologique de vérifier ma tension (merci à la généraliste qui trouvant qu’elle était un peu haute m’a fait acheter ce fucking tensiomètre). Quand je dis pathologique, je n’exagère pas, je sais que parfois je suis dans l’outrance pour les besoins narratifs essentiellement mais sur ce point précis, croyez-moi, on n’était pas loin du toc. Je n’ai pas jeté mon tensiomètre et il peut m’arriver de l’utiliser. Mais cela devient rare. Surtout, je n’ai pas eu de véritable crise de panique depuis plus d’un an environ. La mort me fait toujours aussi peur, je ne garde pas mon calme en avion et je peux encore reculer devant un obstacle. Mais je ne sais pas, j’ai l’impression de parvenir plus souvent à une sorte de sérénité qui m’était devenue étrangère. Bref, je crois que je vais mieux, même si ça dépend, ça dépasse.
Quant à savoir si ce n’est pas trop chiant à la longue, là non plus, pas de réponse tranchée. Il y a des semaines où l’idée m’effleure d’arrêter. Je me sens bien, je parviens à comprendre comment l’angoisse apparait, j’ai la sensation d’être allée regarder assez loin en arrière, je n’ai rien à dire de particulier et je préfèrerais passer cette heure là à bosser ou me mater une série. Et puis j’y vais quand même et comme il m’arrive assez rarement de ne rien avoir à dire (le mouvement perpétuel de la parole, c’est moi), j’en sors avec la sensation d’en avoir encore sous le pied. Ou bien c’est la vie qui fait que quelque chose se passe dont je ressens le besoin de parler avec une personne extérieure et là, la perspective de ne plus avoir cet espace pour le faire me parait impossible.
Voilà, pour conclure, je dirais que les premiers temps, je ressentais une grande culpabilité à tourner ainsi autour de mon nombril. Je sais à quel point je suis privilégiée, je suis consciente que mes petits problèmes sont assez dérisoires et j’éprouvais quelque chose ressemblant à de la honte dans ce besoin de payer quelqu’un pour m’écouter. Et puis un jour, alors que je lui confiais cet état d’âme, mon quelqu’un m’a répondu que je pouvais aussi considérer cela comme un travail. Que c’en était un d’ailleurs. Qu’oeuvrer à être mieux, plus en phase avec mes désirs, n’était peut-être pas si égoïste que cela pouvait en avoir l’air. Et ce changement de sémantique m’a libérée de ces scrupules. Parce que oui, c’est un travail, une sorte de jeu de piste dans les méandres de mon inconscient, comme une sorte de polar qui n’aurait pas forcément de fin. Et c’est, je dois l’avouer, assez passionnant. Parfois épuisant, parfois désespérant et parfois… illuminant. De là à devenir prosélyte comme beaucoup de nouveaux adeptes, non. Je crois que la thérapie ne se « décide » pas, dans mon cas elle était une nécessité. On n’y va pas par plaisir ou curiosité, ou dans ce cas ça ne dure pas longtemps. On y va parce qu’on n’y arrive plus, que tout ce qu’on a mis sous le tapis a fini par moisir et le ronger. Je sais qu’il en reste un peu, sous mon tapis. Peut-être qu’il y en aura toujours. Mais j’ai bon espoir de pouvoir le raccommoder. Avec du fil doré, tant qu’à faire.
Je partage tes… émotions et analyses de ce travail .
Comme il me manque ce travail (mon quelqu’un n’exerce plus en cabinet depuis 6 mois et je n’ai pas eu la moelle de chercher un nouveau « quelqu’un »)
Raccommoder avec du fil doré et rendre tolérable ce qui nous semblait insupportable … La thérapie est un long chemin sur lequel tu sembles avoir déjà bien avancé !
Ce billet vaut de l’or. …je retiendrai ton dernier paragraphe surtout….tant de sincérité. …<3
Pareil <3 😉
Tes problèmes ne sont pas dérisoires. C’est bien de relativiser mais c’est pas parce qu’il y a pire ailleurs que ce qu’on vit de notre côté compte moins. Je me retrouve assez dans ce que tu décris, les crises d’angoisse pensant que là c’est sûr, c’est la fin. Contrairement à toi, je n’ai pas eu le courage d’ouvrir ce chapitre, un jour peut-être… Un jour sûrement. C’est chouette de partager ton expérience car si ça n’est pas simple à vivre, ça ne l’est pas non plus à raconter.
Bonjour, ce texte me parle beaucoup. Je n’ai pas encore eu cette impérieuse nécessité à aller à la rencontre d’un quelqu’un. Par peur d’être confrontée à des choses que j’ai pris tant de soin à cacher que je ne sais pas trop où elles se trouvent. Deux de mes enfants ont eu un quelqu’un. Je n’ai pas hésité une seconde. Je crois qu’aujourd’hui, ils ont enfilé du fil doré sur leur aiguille et surtout, ils n’auront pas peur de toquer à nouveau si le besoin s’en fait sentir. pas comme moi en somme. Belle journée à toutes.
Une approche des choses moins dictée par la morale judéo-chrétienne; mais pourquoi ai-je l’impression que ce point-là s’adresse à moi ?
Merci Caro de toucher à l’universel en parlant de choses personnelles, nous donner le sentiment que tu nous parles personnellement. J’espère avoir aussi quelque part un peu de fil doré pour raccommoder ce tapis un peu cabossé.
Un « quelqu’un », c’est, je trouve, une sorte de béquille pour parfois pouvoir continuer à avancer, c’est rassurant de pouvoir se dire quand quelque chose perturbe, encombre : « ça, je vais en parler à mon quelqu’un au prochain rendez-vous ».
Voilà bien un reste du poids judéo-chrétien que de se dire que parce qu’on est privilégié on ne peut (doit) pas avoir de soucis !
Ce n’est pas une critique, hein, c’est juste que ça revient si souvent lorsqu’on parle avec les gens.
Chacun est différent dans sa capacité de réponses aux événements de la vie. Les privilèges n’y changent finalement pas grand chose.
Je te souhaite de n’avoir plus dans ta boite à couture que des grosses bobines de fil doré !
Bonne journée à tout le rade
Ayant grandit dans une famille athée, je ne savais même pas quelle était la signification de Pâques. Je pensais donc en être détachée, de cette fameuse morale judéo-chrétienne. Et pourtant, je suis toujours au premier rang pour culpabiliser. Décidément, je baigne en plein dedans.
Notre culture est judéo-chrétienne, du coup, même en étant athée, on en subit les effets.
Bons et moins bons. Mais purée, qu’est-ce qu’on passer comme temps à culpabiliser, j’espère qu’au moins le paradis en vaut le coup. Ah non, flûte, je n’y crois pas.
Que ton billet me parle…4 ans que je vois mon quelqu’un, décision prise après un cancer et la difficulté à continuer à être une femme à 37 ans malgré tout (utérus ménopause tout ça).
Mais tellement de choses, et tellement de portes que l’on ne veut pas ouvrir. Et quand elle(s) s’ouvre(nt), le vertige, la peur. j’ai parfois l’impression de ne pas avoir avancé, et en même temps, je me rends compte du chemin parcouru, même si cela met en péril aussi l’équilibre de mon couple. Mais je sais que c’est nécessaire. ça fait flipper, c’est dur. Mais je continue. Parfois je me dis 4 wahou c’est long, mais au fond qu’est ce 4 ans sur l’échelle d’une vie ?
Pas envie de me réveiller » trop tard » .
Merci pour tes mots qui une fois de plus résonnent.
Ce n’était ni dans l’époque, ni dans mon éducation de consulter. J’en aurais sans doute eu besoin après, non pas des problèmes personnels de comportement (angoisse, etc.), mais après des deuils proches et insupportables. J’ai mis un temps fou à me recoller, et à émerger. Est-on plus fort après ? Je ne le sais pas.
Seulement, il y a peu, ma belle-mère en fin de vie me faisait tourner en bourrique. Une amie, d’une écoute et d’une patience exemplaires face à mes gémissements (j’ai envie de la tuer, crois-tu que je peux l’étouffer avec un oreiller, j’ai envie d’abandonner, etc.) m’a bien sorti le cul des ronces (copiright Caro). Si j’ai tenu, c’est grâce à elle. Elle m’a tellement appris, aussi, notamment l’écoute, l’empathie, bref merci Bella.
Alors, oui, parler fait du bien, et à quelqu’un qui écoute sans juger.
Très joli texte ! Les séances où j’arrivais en pensant que je n’avais rien à dire sont certainement celles qui ont été les plus fructueuses. J’ai toujours trouvé cela fascinant de voir comment un regard extérieur sur de vieilles histoires pouvait te faire changer totalement de perspective. Et comment tu pouvais relire ton histoire, voire refaire du neuf avec du vieux !
Personnellement, j’ai trouvé que c’était une aventure humaine formidable. Et qu’il n’y avait pas grand chose d’autre aussi passionnant finalement !…
Bonne route, et bonne couture au fil doré !
C’est vrai que c’est un sacré boulot, une thérapie. Et puis on bosse pour soi, mais les effets secondaires sur l’entourage sont intéressants aussi. Ce qui est bien, c’est qu’on peut commencer à tout moment, arrêter eventuellement, reprendre aussi, il y aura toujours de quoi faire. j’aurais juste voulu que tout aille plus vite, mais c’est un truc plutot incompressible en thérapie, le temps. Et mon cerveau prenait un malin plaisir a danser le moowalk plutôt que de courir le 100m.
Bonne quête! 🙂
Et tu déblaies le terrain pour tes enfants 🙂
je me suis toujours demandé si il y aurait un intérêt à aller voir un quelqu’un pour faire le point sur des traumatismes sans qu’il n’y ait de vraies conséquences de ces traumas sur ma vie.
Je sais que j’ai commencé à maigrir lorsque la diététicienne du GROS a fait avec moi des séances d’hypnose où elle m’a forcé à parler de mon enfance et que j’ai compris un mode de fonctionnement personnel qui en découlait.
mais maintenant que ce chapitre est résolu , que je médite en faisant mon yoga tous les matins, que je me sens bien dans mes baskets malgré l ‘absence d’enfant et mon surpoids, je continue de me demander ce que ça pourrait m’apporter de soulever le tapis? du mieux ou du moins bien? c’est dommage d’aller remuer la vase pour être moins bien mais peut être qu’au contraire aérer les endroits bien moisis me ferait le plus grand bien….
vous avez des idées sur la question?
Franchement je crois qu’il n’y a que toi qui sache. Je pense qu’il n’y a pas d’obligation, je pense que certains vont mieux que d’autres, qu’il existe pas mal de voies pour se connaitre et se comprendre. Encore une fois, je me suis longtemps posé la question, comme toi. Sans franchir la porte d’un psy, probablement parce que ce n’était pas le moment. Et puis il y a deux ans, pour parler simplement, c’était ça ou les anxiolytiques non stop…
Bon déjà je voulais te remercier pour ce billet sincère (j’aurais pu écrire « franc » 🙂 ) Caro, parce que c’est un sujet vraiment important. Il me parle aussi à 1000% comme je l’ai lu dans un com.
Sinon marieal, je dirais que c’est très personnel, et que c’est toi qui sentiras si tu en as besoin ou pas. Ce que je peux te confier, c’est qu’à titre personnel, il m’est en effet arrivé de me sentir plus mal après une séance qu’avant… Que parfois oui c’est douloureux d’aller gratter là où ça fait mal et de creuser la vase. Un jour je me suis plaint à mon quelqu’un que finalement la thérapie ne rendait pas les choses plus faciles… Ce n’est pas une baguette magique. Mais pour moi c’était nécessaire, vital.
Ah, je constate que je tape vraiment lentement, Caro t’a déjà répondu… et je ne peux qu’être d’accord avec ce qu’elle t’a écrit. 🙂
MarieAl, comme l’on dit Caro et Mel c’est vraiment quelque chose de personnel et il faut aussi être prêt(e). Je me permets tout de même de te répondre moi aussi car j’ai vécu des choses pas marrante dans mon enfance et mon adolescence qui ont eu un impact sur ma vie. J’ai commencé par aller voir quelqu’un tous les mois car l’équilibre que j’avais trouvé était en train de menacer de s’écrouler et j’ai décidé que trop c’était trop. Depuis, j’ai un nouveau quelqu’un que je vois des qu’il se passe quelque chose de dur à nouveau, et ça me permet d’avancer plus facilement d’avoir cette oreille neutre à disposition.
Comme l’a dit Mel, il y a eu des périodes ou j’avais l’impression de reculer, et des que je refermais une porte une autre s’ouvrait. Mais au final je suis fière du chemin parcouru et je suis bien plus épanouie.
Et surtout, les kilos en trop et le fait de ne pas avoir d’enfants ne te définissent pas.
Moi c’est la naissance de la fille (pourtant après 2 gars) qui m’y a poussée, comme une évidence, une absolue nécessité. Impossible de voir un jour dans les yeux de ma fille ce que j’éprouve pour ma mère, ne rien transmettre de cette relation de merde… je ne savais jamais pourquoi j’y allais, ou en tout cas je me trouvais toutes les raisons de la terre pour ne pas le faire, et je n’ai jamais regretté aucune séance, même les plus dures (surtout en fait). Un jour je n’ai pas repris RDV, je n’y suis pas revenue, lui ne m’a pas relancée. On a du se dire tous les deux que voilà, c’est fini? Bon en même temps ça a duré 7 ans (aie!)
Juste un dernier mot, lui m’a dit la 1ère fois que j’allais m’offrir le plus beau voyage qui soit, celui au cours duquel j’allais me découvrir, me connaître…
normal qu’il ne t’ait pas relancée : c’est la déontologie…
Je n’ai pas pu aller plus loin que « la morale judéo-chrétienne dont je suis imbibée… » c’est vrai quel déshonneur.
Tellement dans l’air du temps ce genre de phrase. Bref ça me saoule, je passe mon tour.
Dans l’air du temps oui, mais finement développé.
Merci Caroline d’écrire su bien.
Dans l’air du temps, la « morale judéo-chrétienne » ? Vindiou, cet air dure depuis un bon bout de temps !!!
J’admire les gens qui ont l’intelligence d’entreprendre une thérapie, et que Caro nous parle de la sienne nous prouve, une fois de plus, combien ce blog est un lieu d’échanges humains. Pour cela, respect !
Il me semble plutôt dans l’air du temps (français) de tout critiquer bêtement. Posez vous peut être la question pourquoi cette phrase, précisément, vous a fait arrêter la lecture, prendre la plume pour nous dire à tous que ça vous « saoule » : je n’appelle pas ça « passer son tour »…
Je ne suis pas d’accord. La morale judéo-chrétienne dont on nous imbibe (plus ou moins consciemment) peut être un vrai problème (plus ou moins conscient).
Pas les jolies choses sur l’amour de son prochain, non, mais plutôt toutes ces histoires de culpabilité, de mérite, d’obéissance aveugle à la puissance suprême… Oui, ça, je crois que ça peut être assez destructeur pour soi-même, et que c’est plutôt mieux d’en avoir conscience afin de pouvoir s’en débarrasser (plus ou moins consciemment) et pouvoir vivre dans l’amour et la bienveillance en toute conscience 🙂
Bonne journée à toutes et tous.
Merci LParis. Et merci à Caro pour ce très beau témoignage.
C’est justement ce qui me plait dans la série « the A word » dont Caro a parlé il y a quelques jours; à travers la découverte de l’autisme, toutes les relations familiales et les tensions sous-jacentes qui se révèlent. Comme une mise en abyme de nos propres dysfonctionnements et de nos parties de ping-pong quotidiennes.
Les choses font sens quand le si personnel touche à l’universel.
Ah Ah Ah c’est tellement ce commentaire qui est dans l’air du temps, alors pour rester dans la métaphore, bon vent 🙂
Ca commence à sentir fort sous mon tapis alors j’ai pris rendez-vous lundi pour la première fois. Je sens qu’en effet, je suis un peu au bout. Alors ton texte ce matin me (re)conforte et me fait dire que ce n’est peut être pas une mauvaise idée.
J’ai fait 6 ans avec un « quelqu’un » extraordinaire, il y a longtemps (après un divorce). Je suis 100% sûre que sans ce travail (car oui, c’est un travail), je n’aurai jamais accordé plus d’un regard à l’homme avec qui je suis heureuse depuis 25 ans (et que j’ai rencontré pendant ces 6 ans), ou que j’aurais tout fait péter bêtement après peu de temps, 100% sûre que j’aurais été une plus mauvaise mère que je ne le suis (je ne suis certainement pas parfaite, mais bon, voilà, au moins je suis une mère assez relax qui laisse sa progéniture vivre), et j’aurais moins profité de la vie. J’ai su qu’il fallait arrêter (et lui aussi) quand… ben je n’avais plus rien à dire, en fait. Et c’est drôle, autant j’ai apprécié le temps retrouvé (j’y allais 3 fois par semaine, 2 à la fin), autant cet interlocuteur bienveillant m’a manqué parfois, juste le fait d’avoir quelqu’un qui vous écoute de façon totalement désintéressée, sans jugement, avec juste la volonté de vous faire avancer… Tu le sauras, quand il faudra arrêter. Ce ne sera probablement pas une envie d’arrêter, juste une pente douce vers le « rien de plus à dire ».
C’est important ce que tu dis. J’ai commencé avec mon « quelqu’un » il y a 20 ans, après la mort de mon père et la dépression qui a suivi. J’ai arrêté 5 ou 6 ans plus tard (il y avait du boulot…). Quand le père de mes enfants est parti (il y a bientôt 6 ans), LA personne que j’ai appelée tout de suite c’est ce quelqu’un… 3 séances semaines au début, puis 2, puis une m’ont aidée à passer toutes ces étapes affreuses de la séparation, du divorce…
Malheureusement, mon quelqu’un arrêtant d’exercer en cabinet, je me retrouve très seule et pas encore prête (malgré ma longue expérience de la psychothérapie analytique 😉 ) à me débrouiller « sans »… Pas non plus le courage de recommencer cet « apprivoisement » nécessaire avec un psy…
Des années que je lis ce blog et je ne crois pas avoir déjà commenté ou alors il y a très longtemps, je sors donc de mon sous-marin simplement pour te dire que si j’ai aimé la plupart des billets, dans celui-là je me retrouve à 1000% de la première à la dernière ligne. Je vois mon quelqu’un depuis 5 ans maintenant et mes sentiments par rapport aux séances et à ce travail sont exactement les mêmes que ceux que tu décris. De mon côté, cela va devoir s’arrêter puisque je déménage à plusieurs centaines de kilomètres et que ça va donc être compliqué de maintenir des séances hebdo. Et je suis maintenant partagée entre un peu d’anxiété (comment vais-je faire sans ces séances?), un peu de sérénité (j’ai l’impression d’avoir quand même trouvé quelques clés au bout de ces 5 années), et un sentiment d’urgence (essayer d’ouvrir encore quelques portes avant de partir).
Il va me falloir trouver d’autres rendez-vous avec moi-même, puisqu’au final, c’est bien toujours de cela dont il s’agit 🙂
Je fête mes 1 an de thérapie ce mois-ci, et j’ignore combien de temps il me sera nécessaire pour conclure ce travail sur moi.A-t-on jamais fini de travaille sur soi cela dit? Je ne pense pas. Par contre, je sais que ces séances hebdomadaires me sont nécessaires pour avancer. Pour moi, il s’agit de soulever le couvercle d’un coffre qui avait été jeté à la mer, bien cadenassé.Mais le coffre est remonté, et un jour il a bien fallu s’en occuper. Une des premières choses que mon quelqu’un m’a dites, c’est que la souffrance de chacun lui est propre, et qu’elle est légitime. A trop vouloir relativiser, et se dire qu’il y a pire que son propre cas, je reniais ma souffrance. J’ai appris à dire « je » plutôt que « on », sous le regard bienveillant et sans jugement de ma thérapeute. Et savoir qu’une personne est là pour moi, quoiqu’il arrive,quoique je dise, et bien c’est une expérience inédite, et au combien rassurante.
Marieal, j’ai lu ta demande. A ce que je comprends, tu as déjà soulevé des questions, et ta perte de poids montre que cela t’a aidé. Peut-être as-tu fait une bonne partie du travail:) Il n’y a que toi qui saches si tu as besoin de consulter. Si tu te sens bien dans tes baskets, cela n’est peut être pas nécessaire.Le yoga, c’est déjà un moyen d’avancer dans la sérennité:).
Bonne journée à toutes et tous.
Ne serait ce que d’avoir quelqu’un à qui on peut tout dire, c’est génial… J’ai essayé et je suis mal tombée je crois. Pas avancé d’un pas. Comment fait on pour trouver le bon quelqu’un ?
Je me permettrais de répondre : il faut vraiment se sentir en confiance avec la personne, si ça ne va pas, il ne faut pas hésiter à en changer, c’est un domaine où on ne doit pas se forcer ; perso j’avais demandé conseil à mon médecin traitant, qui m’a très bien aiguillée
oui il faut se sentir en confiance et que d’une certaine manière le courant passe. C’est mon frère, médecin, qui m’a orientée vers ce quelqu’un. Il me connait bien et je pense qu’il savait que cette personne me conviendrait.
Merci de vos réponses, les deux Caroline. Pour la confiance, pas de souci, je fais confiance par principe. Mais effectivement le courant n’est pas passé. Et le « problème » c’est que j’ai moi même fait des études de psycho, alors devant une psy il y a deux moi : celle qui essaie de parler, et celle qui décrypte ce que l’autre dit, qui a l’impression de connaître les « ficelles », et qui du coup ne se laisse pas vraiment aller…
J’ai pas fait psycho, mais j’analyse continuellement mes actes et je prépare mes séances d’analyses en analysant ce que je vais dire et pourquoi… c’est plus fort que moi. Mais quand j’y suis pour de vrai bien souvent la parole m’entraîne bien loin de ce que j’avais prévu et analyser et je me retrouve à parler de choses très très imprévue, et même si souvent j’analyse le sourire ou le silence de mon quelqu’un qui m’attendait justement là ou je ne pensais pas aller. effectivement il faut que ce soit le bon, on a tous nos freins à l’analyse, les votre sont peut être un peu ces études…
Je fais exactement comme toi :-)))) je prépare ce que je vais dire parce que j’ai peur des blancs, ça m’angoisse (c’est un problème évidemment). Mais souvent finalement je pars totalement autre part…
Je n’y connais rien hein, mais il y a aussi toutes les caricatures de psy des films ou romans…..soit des dingos, soit des manipulateurs, soit des profiteurs de la faiblesse des clients…franchement, après tu hésites…
Je garde le souvenir de ces moments d’illumination, où on se dit « bon sang mais c’est bien sûr ». Et on ne comprend même pas comment on a pu ne pas se l’avouer ou ne pas le voir avant. Alors qu’il est évident que si on clamait à son entourage « dites donc, j’ai enfin compris que ma colère perpétuelle, elle a pour origine la mort de mon père que j’ai vécu comme un abandon ! » (au hasard, hein), tout le monde vous regarderait avec un peu de pitié et vous dirait « ben oui, évidemment, tu ne le savais pas ? ». Ah ben non, moi je ne le savais pas, ou du moins je ne l’avais pas formulé clairement.
Mais que de séances à « papoter » sans vraiment avancer avant d’en arriver là…
Un billet qui me touche car je me retrouve à mes débuts avec mon « quelqu’un » que je vois depuis …. 22 ans !!! je crois que je bats tous les records et j’espère ne déprimer personne !! ça m’a permis de régler beaucoup de pbs et le bénéfice en est certain En réalité c’est un travail sur soi, à beaucoup de points de vue (j’en avais beaucoup sous le sabot quand même, j’en ai encore) Aujourd’hui j’y vais moins souvent (toutes les trois semaines environ) mais j’ai un vrai plaisir à y aller.
Le »travail » se fait aussi en dehors des séances, de manière plus ou moins inconsciente
22 ans !!! Je suis rassurée, moi qui arrive sur mes 10 ans d’analyse et qui n’ai aucune envie d’arrêter mais qui me triture les méninges en pensant que 10 ans c’est quand même une durée max d’analyse … en fait je suis large 😉
Et merci Caro pour ce billet, comme toujours très juste, sur un sujet qui me parle beaucoup 🙂
besos todos
En fait je n’ai pas vu les années passer …. on a toujours quelque chose à travailler m’a dit ma psy, qui a largement dépassé l’âge de la retraite mais qui continue son activité (heureusement, je ne veux pas penser au jour où elle s’arrêtera !!)
Plus haut j’ai « témoigné » de ça: mon psy qui arrête d’exercer en cabinet… Très difficile à vivre pour moi qui le vois depuis 20 ans (avec une interruption assez longue)…
Clairement je crois que je vais pleurer le jour où elle arrêtera, elle a aujourd’hui plus de 70 ans, formée entre autres par Dolto…. , ce sera sans doute la preuve que mon travail n’est pas vraiment fini … , mais peut-être que ce sera le moment d’arrêter ; c’est vrai que recommencer la démarche avec un autre quelqu’un, franchement je ne suis pas motivée
Hello Caro, hello le rade!
Merci pour ce post, super intéressant.
Je suis moi-même une thérapie depuis un peu plus d’un an, pour essayer de « réparer » un truc cassé suite à une vilaine expérience de vie. Bref…
J’aimerais savoir quelle sorte de « quelqu’un » vous allez voir? Psychiatre, -chologue, -chanalyste? Quelle méthode? Et qu’est-ce qui vous a fait vous déterminer pour cette méthode/cette personne?
Parce que c’est pas très facile comme choix, je trouve, et parfois je me pose des questions sur le choix que j’ai fait. (mais parfois non, aussi…)
Merci d’avance, et bonne journée!
Psychologue clinicienne, donc non remboursée. J’ai tenté auparavant il y a huit ans environ un psychiatre mais ça ne me convenait pas, ainsi qu’une autre psychologue mais ça ne me convenait pas non plus. En réalité c’est vraiment une rencontre, d’où la nécessité je pense de ne pas s’acharner avec la mauvaise personne. Quant à la méthode, je ne sais pas trop comment la décrire, je pense qu’on est à mi-chemin entre une psychothérapie et une analyse 🙂
Le bon thérapeute est celui qui te fait du bien…
Alors je dirais que pour moi, la méthode importe bien moins que la personne, et surtout la relation de confiance que tu noues avec cette personne et qui permet au travail de se faire. Pour tout te dire, j’ai un jour demandé à une amie si elle pouvait me recommander quelqu’un, et je me suis décidée parce qu’elle m’a dit : « Il ne te laissera pas ne pas avancer », ce qui ne signifie pas qu’on fait des grands bonds en avant à chaque séance, il y a des moments où on a l’impression de faire du sur place, ou même de reculer, mais bon, il y a eu un déclic, je ne saurais pas expliquer ce qui se passe exactement, pourquoi ni comment, mais c’est avec ce quelqu’un là que j’ai fait un véritable travail sur moi qui porte ses fruits aujourd’hui. Je sais qu’un jour je cesserai d’y aller, pour autant, tout ne sera jamais réglé, je l’ai compris et accepté, ça ne rend pas les choses plus faciles, ça nous permet d’être de changer notre regard, et donc de sortir des réactions « automatiques » bien ancrées qui nous foutent dedans à chaque fois. Bref, au lieu de faire toujours plus de la même chose, on apprend à faire autrement.
Voilà, Caroline l’a dit de façon plus synthétique que moi, une rencontre. 🙂
Merci Caro, merci Mel (une autre) pour vos réponses! 🙂 . Si je comprends bien, vos « quelqu’uns » vous ont aussi été recommandés par des proches. Ce qui est top, j’imagine.
Pour la ptite histoire, quand j’ai cherché le mien, de quelqu’un, je me suis retrouvée avec une liste de noms dans les pages jaunes. Et il a bien fallu trouver des critères. Parmi eux, il y a donc eu… le prénom. Parce que je ne m’imaginais pas avec un vieux monsieur ou une vieille dame – genre avec la pendule qui fait tic tac dans un coin, les lunettes rondes au bout du nez, etc… Du coup, j’ai choisi un prénom assez « jeune ». (ok, il n’y a pas eu que cet aspect-là, quand même, mais bon ça a été important quand même!)
Bonne journée!
J’ai trouvé ma psy sur internet (bon, en ce qui me concerne j’avais moins de choix, j’habite à l’étranger et je voulais pouvoir parler français…) et j’ai l’impression que ça fonctionne plutôt bien. J’ai commencé en février donc ce n’est pas exactement un avis sur le long terme, mais pour avoir déjà fait une tentative ratée il y’a quelques années je pense que cette fois ci est la bonne (je croise les doigts).
Par contre, Caro, j’ai une question une question personnelle (je ne t’en voudrais pas de ne pas répondre) comment ça c’est passé pour toi au tout début ? Parce qu’en ce qui me concerne, le fait de me forcer à fouiller sous le tapis me rend…hem difficile à vivre, pour ne pas dire dépressive. Je me dis que c’est normal, que c’est un mal pour un bien, je savais que ça allait être difficile toutçatoutça mais quand même je me demande quand est-ce que je vais enfin y voir clair. Disons que pour le moment c’est difficile d’apprécier les progrès tant ils sont noyés par les problèmes que la thérapie fait resurgir.
Très bonne description 🙂 C’est amusant parce que ma psy au contraire je crois me laisse ne pas avancer, je crois qu’elle a vite compris que j’avais besoin de temps pour oser me confier et que si elle me brusquait, je m’arrêterais net. Mais là encore je pense que c’est vraiment une question de personnalité et tout le « talent » d’un psy justement est je pense de comprendre à qui il a affaire.
Oui, comprendre à qui il a affaire, c’est exactement ça. Et j’ai omis de donner le contexte : j’étais enlisée dans un travail avec une personne « très bien », mais je me suis retrouvée dans une position où j’avais non seulement l’impression d’être enlisée, mais d’être parfois un peu la psy de ma psy. Et je n’arrivais pas à aller en profondeur. En fait, ce n’est pas avancer, que j’aurais dû écrire, c’est creuser. Avec mon quelqu’un actuel, j’ai suffisamment confiance (et c’est la première fois) pour tout dire, ça ne signifie pas que je lui dis tout, mais que je sais qu’il peut tout entendre. Et ça m’aide énormément.
Certains psys ne sont pas très au clair sur le transfert/contre-transfert et j’ai parfois eu échos de situations tout simplement hallucinantes, où le patient semblait là pour faire du bien au psy. Par ailleurs, je conseille la lecture de Mensonges sur le divan, d’Irvin Yalom, un roman de fiction totalement barré. Je crois que Caro en avait parlé dans une de ses rubriques de lecture.
Il y a déjà eu des réponses, mais j’ajouterais quand même un élément : si on peut éviter d’aller voir un psychiatre, c’est quand même pas plus mal, parce que leurs études sont médicales, ils n’ont pas forcément les capacités d’écoute et de neutralité d’un psychologue. Je ne suis pas neutre dans ma réponse, car j’éprouve une méfiance naturelle envers les médecins, mais j’ai rarement eu de bons échos d’une thérapie faite auprès d’un psy (après, les psychiatres sont très bons…. à d’autres choses : diagnostics psychiatriques/traitements médicamenteux…).
Je serai plus nuancée sur ce sujet du psy… chiatre ou chologue et autre.
Le psychiatre peut avoir des qualité d’écoute and co mais il est vrai qu’on les trouve plus souvent chez les « chiatres » qui sont sortis des techniques traditionnelles et se sont ouverts à l’EMDR, la gestalt thérapie, les thérapies cognitives, hypnose ericksonnienne, les techniques peat-TLF ou Tipi and co en complément des techniques traditionnellement apprises lors de leur cursus médical.
Cela leur permet d’avoir une ouverture d’esprit autre et d’aoir une approche plus humaine que médicale de la relation patient.
D’autre part, je sais que c’est mal de parler d’argent ;), un psychologue n’est pas remboursé et dans certains cas c’est impossible de débourser entre 40 et 80 euros plusieurs fois par mois alors qu’il est nécessaire d’avoir de l’aide pour avancer en allant mieux.
Donc oui y a des chiatres qui ne sont que des distributeurs d’étiquettes de pathologies psy, de médicaments, psychotropes divers et variés et d’autres qui font leur job de façon différente et en ont donc une approche autre via des techniques un peu méconnues parfois mais qui libèrent tout autant et parfois même assez rapidement.
Complètement d’accord avec toi Cécile…
avec toi Cécile… une quadra !
Je ne crois pas que ce soit une généralité: mon psychiatre EST psychanalyste et ne prescrit en aucun cas de médocs… S’il estime que ton « cas » nécessite une prescription, il t’envoie en consultation chez un confrère ou communique avec ton médecin généraliste (uniquement pour une prescription éventuelle).
Aev, pour ma part ça a été très dur au début, je n’étais pas exactement la personne la plus agréable à vivre avec mes proches. Mais finalement une fois cette étape passée j’ai vu de gros progrès. Ca vaudrait peut-être quand même le coup d’en parler à ton prochain rendez-vous non?
Je crois aussi que nous les femmes, nous avons plus souvent des problèmes à penser à nous, la charge de la maisonnée nous incombant la plupart du temps. Et on a tendance à se donner entièrement pour ses enfants et ses proches. Ce qui pour moi est tout à fait normal et beau. En même temps, il nous faut apprendre qu’on a aussi le droit de dire non quand on sent que la coupe est pleine. De prendre du temps pour nous tous les jours, et j’insiste sur le quotidien. Je dirais surtout pour les mères avec des bébés ou de jeunes enfants ou celles qui prennent soin d’un proche malade. Ils demandent tellement de notre énergie et de notre temps qu’on s’oublie trop souvent. C’est après le craquage, presque inévitable selon moi, qu’on se dit qu’il serait temps de faire quelque chose. Je ne parle pas nécessairement d’aller consulter. Je parle simplement d’accepter qui on est et de ne pas culpabiliser si on prend du temps pour être mieux.
Un jour où des claques étaient parties dues à un craquage, épuisée et emplie de culpabilité, j’avais dit en soupirant à une copine « N’est pas Gandhi qui veut ». Et elle m’avait répondu, pragmatique, « Gandhi prenait le temps de méditer ou de prier tous les jours », autrement dit, du temps pour lui. Cette petite réponse sensée m’est toujours restée et a été bénéfique. En effet, comment peut-on survivre à autant de sollicitations si on ne se ressource pas en nous-mêmes? Pas. Alors j’ai appris à dire aux enfants, voilà, là maintenant, je n’ai plus d’énergie ni de disponibilité et si je ne me retire pas, je ne saurai plus bien gérer la suite. Ils ont aussi appris à écouter mes besoins et à les respecter. Mais il faut quand même insister et être ferme. Ça non plus ça n’arrive pas du jour au lendemain.
On oublie trop souvent que si nous ne sommes pas bien, on ne peut pas faire de bien autour de nous non plus. Si on veut vraiment être une meilleure personne, on prend soin de soi aussi. Par prendre soin de soi, je ne veux pas dire aller chez le coiffeur ou se faire les ongles, quoique ça aussi ça aide. Je pense plutôt à passer du temps avec soi-même, à s’explorer, à réfléchir sur soi pour être mieux après. Peu importe la forme que ce travail prend. Je sais que c’est plus facile à dire qu’à faire. Je suis prof de yoga, je pratique tous les jours, c’est mon métier et c’est essentiel pour moi. Seulement voilà, je suis femme et mère à temps plein, et même encore après des années, j’ai parfois un sentiment de culpabilité de prendre du temps pour faire ma séance personnelle. C’est fou quand même comme les comportements sont profondément ancrés et prennent du temps à se défaire.
Incroyable ce post, fascinant… Jamais quelqu’un ne m’avait parlé de la thérapie sous cet angle là, avec ces mots là, si bien choisis… Un vrai polar effectivement! Je te souhaite de trouver du beau fil doré pour racommoder ton tapis.
Moi qui vois quelqu’un depuis janvier 2015, je n’aurais pas mieux dit, sur ce que ça apporte, pourquoi on y va (l’urgence et la nécessité au départ), les envies de zapper le RV quand les jours précédents ont été plutôt sereins…
Je me souviens qu’au moment de me lancer là dedans, j’en parlais avec une personne proche dont le métier est d’être le quelqu’un de pas mal de monde (mais pas le mien, évidemment; elle m’avait orientée vers des anonymes pour moi) et alors que je lui confiais mes réserves sur la démarche (je suis accro à l’indépendance et demander de l’aide extérieure me semblait être un « ‘aveu de faiblesse »), elle m’a dit que je devais plutôt voir ça comme une façon de me permettre de voir les choses « en chaussant les lunettes de quelqu’un d’autre »… et avec le recul je trouve ça très pertinent. Pour mon cas en tout cas, j’ai aussi l’impression que ça m’aide énormément dans l’idée d’accepter qu’on ne peut pas tout maîtriser et d’apprendre du coup à accepter/lâcher ce sur quoi on n’a pas de prise (ce qui, dans notre société du toujours plus toujours mieux, est sacrément indispensable si on ne veut pas exploser en plein vol).
Et non ce n’est pas égoïste puisque tout ce qu’on évacue ou triture avec son quelqu’un évite d’être recraché mal et au mauvais moment auprès de ses proches….Et ça c’est fort appréciable pour eux je pense
Et je m’arrêterai là avant de rentrer dans des considérations plus personnelles 😉
Beau billet qui en éclairera plus d’un … j’ai vu quelqu’un pendant 3 ou 4 ans je ne sais plus, puis un jour je lui ai dit qu’on allait en rester là… il m’a dit ok … j’ai fait pas mal de ménage sous le tapis mais il en reste encore… Merci à toi!
Au départ, j’ai décidé de consulter pour comprendre, ME comprendre … et m’aimer un peu plus. C’était un vrai travail, payant en ce qui me concerne.
Quel équilibre ce billet !
Il exprime tellement bien l’ambivalence que l’on a à propos de la thérapie, les avancées non linéaires, les périodes de doute… et le fait qu’il s’agisse d’un travail sur soi très personnel, qui interdit d’asséner des recettes toutes faites.
Il me semble que tu as trouvé le quelqu’un qui te fallait en ce moment.
Bonjour Caro, je me rappellerai toute ma vie du 1er mai 2009, 1er jour de mon « quelqu’un » et des 3 années qui ont suivi, de mes séances hebdomadaires et des seaux de larmes que j’ai versées, moi qui ne pleure jamais, de sa bienveillance, de son indulgence et de combien j’ai grandi durant ces 3 ans…combien aujourd’hui elle peut parfois me manquer (et particulièrement il y a 2 ans à la mort de ma grand-mère et des séismes qui ont suivi), j’ai déménagé et n’ai jamais cherché un autre quelqu’un. Pas le courage de « recommencer » à me raconter…Mais elle m’a donné suffisamment de courage et d’aplomb pour ne plus me laisser « plomber les ailes » par les événements et tout autant de sérénité, certes fluctuante, mais indéniablement présente.
Les fameux principes « judéo-crétins » dirait mon père… 🙂 Oui, il y a le poids de cette culture, de notre éducation. En sortir est un travail, c’est vrai, et à la fin une force. Alors, ne rien regretter de ce qu’on a reçu car je pense que c’est en acceptant notre bagage de départ qu’on s’en déleste le mieux. Quant à voir ou non un psy, bien sûr ça se discute, je crois sincèrement que ça fait gagner un temps fou. Je rejoins totalement celles qui ont déjà dit que se regarder le nombril peut être essentiel pour aller mieux et donc aider les siens, notamment ses enfants, à être heureux. Si c’est pas du partage ça ? 🙂
On a tous une valise à porter, on est d’accord. Perso, c’est pourquoi j’ai fait ce travail car je ne tenais pas à ce que celle de mes enfants ait un double-fond avec l’histoire de leur mère à se trimbaler en plus…
Mais oui, ouvrir certaines portes est douloureux… C’est bien pour ça j’imagine qu’on ne va voir un psy que lorsqu’on ne peut plus avancer !
Maintenant, il y a aussi plein d’autres méthodes pour progresser, il suffit juste de trouver celle qui nous convient à nous perso et ce n’est pas forcément la même aux différentes tranches de notre vie…
Très intéressant, en particulier sur l’histoire du travail sur soi, qui n’est pas si égoïste qu’il peut en avoir l’air. Parce que si le bénéfice se ressent évidemment au niveau du patient, c’est probablement aussi le cas pour les proches au quotidien.
Je rebondirai juste sur un passage : « mes doutes quant à ma façon d’être mère ». Incroyable comme ça ne transparaît pas sur ton blog, je suis toujours avide des billets où tu parles de tes enfants et je trouve au contraire que tu as (vous avez) l’air de gérer ça très bien.
tu as trouvé les mots pour expliquer cette démarche pas toujours évidente… j’ai traîné ma carcasse et mon mal-être pendant 2 ans avant de me décider à pousser la porte d’un « quelqu’un ». au bout d’un an, le résultat est spectaculaire : retour de la confiance en soi, prise de conscience de la beauté de la vie, des échanges avec les autres… bref, sans rentrer dans le détail, une démarche parfois nécessaire et que je ne peux que conseiller!
et pour la « fin », en effet, tout dépend de chacun. J’ai mis un terme de moi-même à nos échanges, l’impression de ne plus avoir grand chose à dire mais surtout de réussir à surmonter mes soucis toute seule, grâce à une nouvelle méthode de réflexion personnelle. Bravo!
J’ai eu deux périodes avec une quelqu’une : une période de six mois et puis j’ai arrêté parce que… ça allait mieux, du moins je le croyais. Et une autre, d’un an environ, interrompue par le départ de ma psy qui a déménagé dans une autre ville.
Elle m’a aidée à me sauver moi-même : d’un mariage dans lequel je ne pouvais plus respirer, et aussi et surtout de m’aider à comprendre que « tout n’est pas de ma faute ». Il y a un historique familial, des évolutions qui font qu’on pousse cahin-caha, comme un arbre autour d’une clôture, et qui au lieu d’être bien droit, est tortueux, grandit un peu difforme mais vit tout de même avec cette différence.
J’ai eu mon premier rendez-vous avec une nouvelle quelqu’une la semaine dernière. Moi qui me croyais tirée d’affaire, visiblement, y’ a encore un peu de boulot. C’est ma doctoresse de tous les jours qui me l’a conseillé. Alors voilà, c’est reparti. Mais contrairement à la première fois où j’y allais pétrie d’angoisse, là, j’y vais avec plaisir, sachant que la lumière au bout du tunnel grandira et inondera ma vie dans quelques temps…
Idem pour moi, j’ai commencé une psychothérapie, en Février 2015 suite à une rupture.
Je me doutais depuis longtemps que cela pourrait être bénéfique pour moi mais, allez savoir pourquoi, j’étais terrorisée à l’idée d’aller « remuer sous le tapis »
Bref. Aujourd’hui, pas de regret. J’ai avancé et compris un certain nombre de choses sur moi même, sur mon comportement. Du coup, j’arrive à analyser et relativiser mes crises d’angoisses, lorsqu’elles surviennent, plus ou moins rapidement, selon les circonstances.
Par contre, je ne suis pas sûre que mon quelqu’un me convienne tout à fait avec ses séances de dix minutes, montre en main! (parfois interrompu par le téléphone, auquel il répond) J’ai souvent songé à en changer mais ce quelqu’un, on me l’a conseillé, il est réputé et reconnu du coup je persévère.
J’ai toujours beaucoup de mal à y aller ( 90 minutes de transport pour 10 minutes de séance, je sais c’est bête, mais ça me gonfle)
J’ai très souvent l’impression de n’avoir plus rien à dire, ou de me répéter constamment (Il en revient toujours au même point : petite enfance, rapport avec la mère, toussa toussa… :o)) , et paradoxalement, il y a des choses qui me préoccupent mais dont je n’ai absolument pas le courage de parler, en tout cas pour l’instant, ou avec lui, je ne sais pas.
J’ai parfois l’impression d’y aller pour rien. Un peu comme une corvée a accomplir une fois par semaine.
Compliqué tout ça. Je suis partagée.
Je continue malgré tout car, parfois, je ressors d’une séance plus légère et je constate de légers progrès. Pas à pas.
Donc l’essentiel est là. :o)
Lib, on ne se connaît pas mais là, à te lire, on a le sentiment que tu t’imposes quelque chose de lourd (90 mn de trajet pour 10 mn de séance), comme si tu devais le mériter pour que ça fonctionne. Sincèrement, je t’assure que ça marche aussi quand les conditions sont plus légères…
10 minutes de séance, c’est vraiment pas ce qu’on peut appeler une thérapie, surtout si le psy répond au tel. Laisse-moi deviner…. Un psychiatre ? Renommé qui plus est ?
Je crois que tu peux t’autoriser à changer et à trouver un psychologue. Tu verras que les séances de 3/4d’h soulagent encore plus !!
Et j’ajoute que chez le psy, tu parles de ce que tu veux, pas de ce que lui décide… Petite enfance, rapport à la mère, bon, c’est bien, mais ça ne fait pas tout. Grrrrrrr (en tant que mère, ce fameux « rapport à la mère », me saoûle).
Et si tu n’oses pas parler de certaines choses avec lui, c’est que la relation thérapeutique n’est pas celle d’une thérapie. Justement, tu dois évoluer dans un climat de confiance qui te permet de dire ce que tu n’as jamais réussi à dire, osé dire, osé te dire (bon, il y a souvent des résistances et c’est loin d’être facile, mais ça fait partie du travail).
Même souci de mon côté, elle me gonflait à vouloir toujours revenir aux mêmes sujets, qui ne m’ont jamais posé de souci, je sais bien que le problème n’est pas là… 90 mn de transport pour 10 mn de séance, je sais que je ne le ferais pas si je ne voyais pas de résultat probant.
Alors là, 10 mn, je ne pourrais pas m’y astreindre. Moi c’est 45 mn et si parfois ça me semble long, la plupart du temps je trouve ça plutôt trop court. Je ne sais pas combien il prend pour 10 minutes mais je ne vois pas comment on peut aller au bout des choses. Et surtout s’il a l’impolitesse de répondre au tél pendant !!!
Je n’y connais pas grand chose, mais une amie justement me racontais hier que c’est le principe de l’analyse lacanienne. Pas de durée pré-établie mais des séances plutôt brèves (une dizaine de minutes) au cours desquelles le patient parle et le psy arrête la séance sur des paroles qu’il estime fortes, pour laisser « poser » jusqu’à la prochaine séance. A moi aussi, qui aimait bien avoir le temps (45 min) de parler, cela me semble court, mais c’est juste qu’on n’est pas sur le même type de travail. J’insiste : je ne suis pas spécialiste, donc à vérifier ! 🙂
oui je pense que c’est un psy lacanien. Pourquoi pas cela dit, hein, encore une fois ce qui convient à certains ne convient pas à d’autres. Mais moi je sais que je serais frustrée. Je suis un escargot de la thérapie 🙂
Oui, Cecile, j’avoue avoir cru que Lacan avait ressuscité quand j’ai lu le com de Lib. Il pratiquait des séances de 10 mn. Je n’aurais jamais imaginé que d’autres avaient repris le flambeau. D’un point de vue qui n’engage que moi, je trouve cela assez scandaleux. Mais bon, si ça convient aux personnes en analyse, why not ? Je crois quand même que tous les psychanalystes ne font pas des séances d’aussi courte durée.
10 minutes ?!!!! Ça laisse le temps de quoi ? Vérifier que tu as bien un kleenex dans ton sac… Empoigner et chiffonner le dit kleenex pour te donner une contenance… Regarder le monsieur avec des yeux de lapins pris dans un phare en te disant : « mais qu’est-ce que je fous là ? Seigneur tout puissant, même si je suis athée, aide-moi vite à trouver une excuse pour me barrer». Et c’est là que le psy te dit « Allez, c’est l’heure ! Bye bye ! Mais on a drôlement bien avancé !
10 mn de séance ?? alors franchement, ça ne sert pas à grand-chose il me semble … c’est pas du foutage de gueule ?
Un lacanien j’imagine…?
C’est votre ressenti qui compte, pas sa réputation 🙂
parfois on a besoin de bien plus que 10 minutes pour s’installer en soi et dans la relation, pour en venir petit à petit au coeur de ce qui nous touche à ce moment là, etc.
Simplement pour rebondir sur le débat psychiatre/psychologue, mon quelqu’un est psychiatre, ne prescrit pas de médicament à ses patients en analyse, fait des séances de 45 mn et la thérapie m’a apporté beaucoup. Par contre, les séances de 10 mn j’ai du mal à penser que cela puisse être vraiment utile
Merci Caroline, pour ce post tellement juste.
La première fois que je suis allée voir ma psy actuelle, elle m’a dit « va falloir comprendre que vous n’êtes pas superwoman » et d’autres phrases choc de ce genre qui m’ont juste donné envie de la gifler! J’en suis sortie fumante, me disant que jamais de la vie je ne retournerai la voir. Et puis le lendemain, je me suis dit « finalement, aller voir quelqu’un qui ne me caresse pas forcément dans le sens du poil et qui va peut-être m’énerver, me provoquer (chose que mes proches évitent en raison de mon caractère très fort), est-ce que ça ne va pas me sortir de ma zone de confort et faire enfin avancer le schmilblick? ». Je la vois depuis 2 ans et demi et j’avance. Je crois avoir fait cette « bonne rencontre ». Comme toi, j’ai culpabilisé au début (je ne suis pas à plaindre, je suis en bonne santé, j’ai un travail, etc.) et puis tu sais ce que je me dis aujourd’hui? Que c’est mon moment à MOI, ma bulle d’égoïsme. Que je consacre tellement de temps aux autres que merde, moi aussi j’ai droit à ma demi-heure autocentrée (encore difficile, hein?) une fois toutes les 3 semaines. C’est encore difficile de ne parler que de moi, tellement pas dans mes habitudes, mais je commence à faire la paix avec cette culpabilité.
Je te souhaite bonne continuation dans ta démarche de « mieux-être » – à défaut d’un « bien-être » peut-être un peu illusoire quand on est sujet aux angoisses 🙂
C’est hyper intéressant comme retour d’expérience, merci de partager ça avec nous. Perso, j’ai vu une psy pendant un an après un décès et tout ce que ça a remué en moi, qui faisait que j’avais des crises d’angoisse et que mon corps m’a fait comprendre que là je ne tenais plus. J’avais toujours eu envie de le faire, mais pareil, je me sentais mal à l’aise avec l’idée de payer quelqu’un pour m’écouter, de me regarder le nombril, blabla. Là je n’ai plus eu le choix, quand ma generaliste m’a dit que tout allait bien et que donc mes pb devaient venir d’ailleurs, je me suis dit que c’était le moment. J’ai arrêté depuis 1 an, et je ne sais toujours pas trop quoi penser de ces genres de phrases » souvent, on avait envie d’arrêter quand on sentait qu’on ouvrait une porte et qu’on avait peur de ce qu’on allait y trouver ». La mienne m’a dit un peu la même chose quand je lui ai dit que je voulais arrêter, alors que je me sentais clairement mieux, et que je commençais à penser qu’on tournait en rond, que je n’avais plus rien à dire, etc. J’ai eu beau le retourner dans ma tête 100 fois, je ne crois pas que j’ai eu peur, j’en ai juste eu marre 🙂
Et au final au quotidien ça ne me manque pas, parfois je pense à elle, à ce que j’aurais pu lui dire face à tel nouvel évènement mais je n’ai pas ressenti le besoin de la recontacter. Et je suis toujours aussi un peu « jalouse » des gens qui disent avoir eu des épiphanies pendant une séance (non mais c’est pour ça alors !!) ou après, alors que moi je vidais beaucoup mon sac, ça me purifiait mais je n’ai pas non plus l’impression d’avoir décrypté un mystère.
je n’ai pas eu d’épiphanie et cette phrase de ma psy me concernant moi surtout je pense, elle a aussi dit que c’était au patient de décider, toujours, et que la décision était entre mes mains, que l’on pouvait tout à fait en avoir terminé 🙂
Quel billet joliment écrit pour un contenu somme toute sérieux. Merci pour ce partage.
Comme a dit je ne sais plus qui « les problèmes de privilégiés, c’est toujours des problèmes quand même ». Et je trouve qu’il avait raison, je veux dire ce n’est pas parce qu’il y a des tas de gens injustement et terriblement moins bien lotis que tes problèmes -ou les miens, hein- sont inexistants et qu’on peut les ignorer. Travailler pour faire avec ou les dépasser n’est pas inutile.
Cela me rappelle quand on a créé Césarine (association déclarée d’intérêt général autour de la naissance par et après césarienne) qu’on se faisait parfois insulter sur les forums par des mamans qui souffraient d’avoir eu une épisio à la tronçonneuse et qui auraient préféré 100 fois une césarienne. Et nous on était plutôt pas du même avis à l’époque… bref, toutes les souffrances sont légitimes et les problèmes de chacun le sont aussi. Et c’est courageux de vouloir les travailler.
Sinon mon quelqu’un me fait suer en ce moment. Et je songeais à trouver une excuse bidon pour ne plus y aller. Je dois sûrement être sur le point d’ouvrir une porte…
Moi, j’y suis allée il y a 3 ans maintenant, pendant un an 1/2 et j’avoue que ça me titille d’y retourner. Je suis moins en détresse, j’ai beaucoup avancé, je suis assez forte et sereine maintenant. Mais je vois bien que je bute sur un problème concernant ma vie personnelle (je n’arrive plus à me concevoir en couple, ce qui m’amène à fuir dès que ça devient sérieux) et que ma psy pourrait m’aider. Parce que ça me pose quand même un gros problème, maintenant et pour envisager l’avenir. Mais j’ai la méga-fleeeeemme, j’avoue. Cette discipline bimensuelle, cette course pour caler le rdv, cette non-envie d’aller fouiller là où ça fait encore mal, je me réfugie derrière des tas d’arguments pour ne pas oser m’y réatteler.
Par ailleurs, j’ai été comme vous toutes, je culpabilisais de consulter, j’étais un peu gênée de me pencher autant sur mon nombril, parfois. Et pourtant, la thérapie a été fondamentale pour apprendre à me mettre à mon écoute, pour apprendre à suivre mes émotions et mes ressentis et à ne plus les voir comme des ennemis, pour sortir de mon verrouillage et pour m’ouvrir aux autres. Donc finalement, se centrer sur soi = s’ouvrir aux autres. Vraiment. 🙂
Merci à la puissance 10000 Caro. Pour l’éclairage global et pour le dernier chapitre (cette histoire de culpabilité à se gratter le nombril).
Je ne suis carrément pas sujette aux angoisses. Mais disons que : une enfance de merde à me faire péter la gueule (physiquement ET psychologiquement. Merci ma mère, tu as été une formidable Folcoche) + un rôle bien défini dès le plus jeune âge (celui de la solide, de la rigolote, de la bonne élève, de celle qui ne pose pas le moindre problème – comparée à une sœur aînée au profil psychologiquement très fragile, et à un petit frère anormalement replié sur lui-même). + les aléas de la vie : cette fameuse année de scoumoune où j’ai, en l’espace de quelques mois, mangé un divorce (putain de mec), encaissé la mort de ma meilleure amie (putain de cancer) et vécu les joies d’un licenciement économique (putain de crise). Le tout suivi de qq années à la con : rame, rame, bien seule avec les gosses (le papa ne souhaitait pas s’encombrer du tout, du tout). Puis sont venues les années roses : j’ai réussi à me refaire comme une reine et j’ai à nouveau rencontré l’amour. Mais, un peu plus tard, j’ai encaissé la pire rupture de ma vie : mon premier fils a quitté le nid très jeune (prépa prestigieuse et grande école où on « apprend à oser »… mais loin de chez sa mère). Je sais que c’est complètement con, limite anormal, mais là je me suis vraiment sentie très, très, très mal. Bref, j’ai bien cru ne jamais me relever de ce premier départ. Bien sûr, je ne l’ai pas montré : 1/ dans ma famille ça ne se fait pas. 2/ Je ne voulais pas affliger mon fils, ni l’empêtrer avec mes états d’âme. Je me suis donc contentée de tomber bien malade. Et quand je dis bien, vraiment BIEN, quoi (en gros, je n’ai plus d’utérus et on m’a vidée comme une poiscaille pour éviter de répandre le pire). Et, tout du long, masque et rigole Kiki : je ne sais pas pleurer. En revanche rire, oui… de tout… et à gorge déployée. Au passage, j’admire les gens qui savent rigoler dans leur tête, à voix basse, façon hu hu hu mental. Moi j’éclate systématiquement de rire (par exemple, si je viens de lire un truc drôle –au hasard, l’une des fulgurances de Caro-, et que je suis dans un train, toute la rame profite, quoi). J’admire également les gens qui savent pleurer. Je crois que je n’ai pas été programmée pour. Et puis je ne voudrais pas décevoir : du plus loin que je me souvienne, j’ai toujours été l’élément fort et stable. Le pilier quoi. Même aujourd’hui. Note bien, il vaut mieux : mon mec, grand angoissé devant l’éternel vit, lui-aussi, avec un tensiomètre à la main (+ un thermomètre dans le fion, et un peu toute la panoplie…). Bref, quand j’étais sur mon lit d’hôpital, il venait me voir pour me dire qu’il ne s’était découvert ni fièvre ni tension… je me sentais tout de suite mieux ! Dans le même ordre d’idée, quand j’ai appris que j’étais sérieusement plantée, j’ai cherché auprès de qui m’épancher. J’ai appelé mon père et j’ai entendu « Ouf ! c’est toi ma chérie. J’ai cru que c’était ta sœur aux mille problèmes, la pauvre… ça va ma grande ? » … Que répondre ? … « Oui, très bien merci. Et toi papa ? » Bref, celles qui sont arrivées jusqu’au bout de ce message fleuve l’auront probablement compris : je vais TRES bien. En plus, c’est plutôt vrai… Mais mon petit numéro deux vient, à son tour, de quitter le nid et je crois que ça sent un peu le moisi sous mon tapis. Caro, pardon, je me suis vraiment épanchée. Je constate que je n’ai JAMAIS rien raconté d’aussi personnel (donc d’aussi impudique) de toute ma vie… mais je vois que ça fait du bien (même si ce n’était pas le lieu, encore pardon). Je ne prétends pas être mûre pour consulter un quelqu’un, mais bon, maintenant que tu as répondu aux principales questions que je me posais, je vais peut-être l’envisager, quoi… Merci Caro. Tu es vraiment précieuse. Merci aussi pour tous les témoignages « aidant » (c’est bien le terme, hein ?) des unes et des autres.
2 ans de thérapie bientôt. On déblaye les vieux trucs mis sous le tapis depuis l’enfance et l’adolescence… Mis sous le tapis pour pouvoir survivre. Depuis un an des angoisses terribles régulièrement, sentiment de mort imminente; et là finalement arrêt de travail et antidépresseurs. Fin de la carapace si bien construite pour faire semblant de vivre. C’est dur et j’ai peur de tout. Merci pour ton billet Caroline.
Merci Caro pour ce billet qui sonne très juste. Votre crainte de tourner autour de votre nombril en suivant une thérapie m’émeut beaucoup. Je pense que tout être humain qui souffre a le droit de suivre une thérapie/analyse pour en comprendre la source, le fonctionnement et apprendre à dépasser le problème ou à tout le moins à le gérer. Et cela que l’on soit dans une situation « privilégiée » ou non (et puis c’est quoi une situation privilégiée quand on souffre 😉 ). Vous êtes quelqu’un de très bien qui éprouvait une certaine souffrance, je comprends donc tout à fait votre démarche. Elle est légitime et j’irai même jusqu’à dire altruiste parce que travailler sur soi a également un effet bénéfique sur sa relation aux autre, au monde. Enfin, c’est ce que je pense….
Pour ma part, sans analyse, je ne sais pas où je serai… Je trouve très vrai le fait que ce genre de travail ne se « décide » pas, c’est une nécessité. On y va quand la souffrance n’est plus supportable. C’est mon cas. J’ai 33 ans et déjà quelques années d’analyse et de thérapie à mon actif.
Chacun son histoire, chacun ses besoins…
Il faut trouver son quelqu’un à soi, celui qui nous va. Moi, j’ai longtemps été en psychothérapie avec différents professionnels et je finissais toujours par penser que je faisais du surplace et finalement c’est la psychanalyse qui me fait avancer.
Je pense que l’on ne peut pas évaluer le travail d’analyse sur une séance ou deux mais plutôt sur une année ou plusieurs… En effet, nous ne sommes pas des êtres à la psyché linéaire. Donc certaines séances apportent beaucoup, d’autres moins, certaines sont douloureuses, d’autres sont plutôt calmes… mais toutes ont leur raison d’être.
Donc pour finir ce commentaire ultra méga long, je vous remercie pour ce joli billet qui me parle tellement. Je vous trouve courageuse car regarder sous le tapis n’est pas toujours chose aisée.
Je sais que vous parviendrez à le recoudre avec du beau fil doré aux endroits nécessaires pour trouver la sérénité. Je me le souhaite également tout comme à tous les commentateurs(trices).
Bonne journée.
Je n’aurais pas dit mieux et désormais quand on me demandera pourquoi je t’enverrai ton lien . Je réponds aussi : parce que c’est beaucoup mieux qu avaler un lexo! Merci
J’enverrai et pas je t’enverrai…
je sais pas je n’ai jamais été pour…. remuer la merde je veux dire ( trop peur peut être )
bien sur que j’ai eu une enfance de merde, mais c’est fini, et je sais aussi que ce n’est pas fini, parce que les rares fois où j’en parle ça remonte bref, juste pour dire, je n’était et ne suis pas pour.
quand mon deuxième a eu 15 ans c’était pas simple, il se faisait des scarifications, j’ai eu peur très peur, à la moindre engueulade, j’avais peur qu’il s’enferme dans sa chambre et ne se suicide, je suis allé voir notre médecin de famille il a bien et beaucoup parlé avec lui, c’est un enfant très renfermé ( qui s’ouvre doucement ouf ), et nous a prescrit une ordonnance pour aller voir une psy, dans un truc pour les jeunes, je tendais le dos…..
nous y sommes allés, nous sommes rentrés, elle a lu la lettre du médecin a regardé mon fils et lui a balancé direct » alors comme ça tu as voulu te suicider !!! » le pauvre il m’a regardé perdu » heu non enfin heu !!! » et elle » bon écoute tu n’as rien il faut t’ouvrir voir les autres et tout ira bien ( tout ça en nous poussant vers la sortie ) » inutile de vous dire ce que je pense des psy encore aujourd’hui. Je me doute qu’il en existe des biens. Mais elle m’a bien refroidi celle ci.
Bon j’ai appris suite à un rendez vous chez la CPE au hasard de la discussion que de lui même il a été voir la psychologue scolaire, qui apparement lui a fait du bien.
je sais pas pourquoi, je vous raconte ça, enfin cette fois je ne vais pas l’effacer.
Katy effectivement ce n’etait pas la bonne personne. J’ai du mal a croire qu’une personne professionnelle puisse reagir comme ca. J’espere que votre fils trouvera le support dont il a besoin
Cet article tombe a pic, je commence la semaine prochaine. Problème de boulot, crise de panique, peur, etc. J’espère que ça m’aidera à prendre du recul. J’ai toutefois peur du travail à entreprendre et du temps que cela peut prendre, alors que je souhaite des solutions et réponses rapidement, car ça ne peut plus durer.
Merci à la puissance 10000 Caro. Pour l’éclairage global et pour le dernier chapitre (cette histoire de culpabilité à se gratter le nombril). Tu as répondu à la plupart des questions que je me posais. Exceptée peut-être une : « Et comment on sait qu’il est temps que ça commence ?» <= si on n’est pas sujette à des angoisses handicapantes ou déjà en pleine dépression je veux dire, mais qu’on se sent tout de même un peu au bord… mais pour une raison ridicule. Je m’explique : j’ai réussi à dépasser une enfance carrément dégueu : ma mère, Folcoche = même combat ! (mais, hélas, pour de bon). J’ai surmonté du lourd : cette fameuse année de scoumoune où j’ai, en l’espace de quelques mois, mangé un divorce (putain de mec), encaissé la mort de ma meilleure amie (putain de cancer) et vécu les joies d’un licenciement économique (putain de crise). Je vous rassure, depuis, j’ai réussi à me refaire comme une reine et j’ai à nouveau rencontré l’amour (mais il y aura toujours un trou au niveau de ma meilleure copine). En revanche, je ne me suis jamais remise du départ du nid, il y a 4 ans, de mon fils aîné (c’est ridicule, oui j’avais prévenu). Certes, il s’est envolé très jeune, cependant tout était réuni pour que je me réjouisse : une prépa prestigieuse suivie d’une grande école où on « apprend à oser »… mais loin de chez sa mère. Et c’est ce « loin » qui m’a posé un sérieux problème, au point que je me suis effondrée comme une merde, mais de l’intérieur. Bref, j’ai réussi à bien masquer. D’abord, parce que dans ma famille ça ne se fait pas de « s’écouter ». Ensuite, parce que je ne voulais pas affliger mon fils, ni l’empêtrer avec mes états d’âme. Enfin parce que je ne sais pas pleurer. Je me suis donc contentée de tomber bien malade (mais quand je dis bien, c’est vraiment BIEN : en gros, je n’ai plus d’utérus et on m’a vidée comme une poiscaille pour éviter de répandre le pire et d’essaimer). Mon numéro deux vient à son tour de s’envoler, alors que je n’ai toujours pas digéré le départ du premier. Je ris beaucoup, parce que j’ai tout le temps envie de pleurer (sans y parvenir, donc). Mais je ne me sens pas légitime pour me faire aider : mes gosses ne sont pas morts bon sang ! Et puis je redoute que le quelqu’un aille fouiller dans des coins que je me passerais bien d’explorer (style ma génitrice ou la maladie). Est-ce que l’une d’entre vous peut me confirmer que ce n’est pas le thérapeute qui décide de ce dont on va parler –ou non ?
ben déjà je dirais que tu n’as pas une raison « ridicule » d’y aller. Et ensuite qu’en effet un bon thérapeute à mon sens n’est pas celui qui te dicte tes sujets de conversation. La mienne par exemple, procède en début de séance d’une façon qui me déstabilise à chaque fois mais qui a le mérite de ne jamais « m’orienter ». A savoir qu’elle s’assied et me regarde droit dans les yeux, sans rien me dire. C’est à moi de commencer. Et quand je dis (une fois sur deux) : « je ne sais pas quoi vous dire », elle répond « comme ça vient ». Et ça vient. Et JAMAIS elle revient à la séance d’après sur un sujet que j’ai abordé. C’est à moi de juger si je le souhaite. Donc c’est toi qui décide, toujours. Ou ton inconscient (et celui là est bien moins discret que la psy).
Il n’y a pas de bonne ou de mauvaise raison d’y aller, toute raison est légitime ! c’est une démarche volontaire qui ne regarde que soi, soit l’on en a besoin ou envie, ou les deux
Je suis d’accord, un bon psy écoute, ne juge jamais, ne dirige pas la conversation, et vous respecte (c’est très très loin de cette mauvaise série actuellement sur France 2)
Je me rends compte que ce sujet me passionne !
Je crois que le mot clé est « légitime ». Je ne me sens jamais légitime, pour rien. Je m’étonne encore que d’autres me trouvent légitime dans mon boulot, par exemple. Et il en va un peu de même dans plein d’autres domaines. Il n’y a que dans ma condition de mère que je me sens pleinement légitime (même si pleine de doutes, etc…)
Alors, Christine, c’est peut-être le moment d’aller consulter – ou pas, personne ne peut ni vous le conseiller, ni décider que vous en avez besoin … la bonne réponse est en vous
Houlà « comme ça vient », ça risque d’être le quitte ou double : avalanche soudaine « mes enfants s’en vont bouhouhouhou » (et il me fera interner, parce que TOUS les enfants partent, on les élève pour ça et tout le monde le vit plutôt bien –sauf moi, donc). Ou bien (plus probable vu ce que je suis coincée dès que l’on s’éloigne du registre de la rigolade) : GROS silence gênant. Pour le coup, il vaut mieux que la séance dure 10 mn plutôt que 45. A ce sujet, je n’ai pas compris : ça dure combien de temps cette affaire ?
Je connais des mamans qui ont également mal vécu le départ de leurs enfants … Mes séances durent 30 mn, ou deux fois 30 mn en ce moment (je prends double dose)
On avait déjà échangé sur ce sujet Christine, dans les coms d’un autre article. Vraiment, essaye de le faire, tu n’as rien à perdre, au pire ça ne te conviendra pas et tu n’y retourneras pas, au mieux tu vas prendre le chemin d’une meilleure connaissance de toi-même et ça te fera du bien. Moi, j’ai arrêté au bout de 2 ans parce que mon psy allait bientôt cesser son activité libérale et que je me sentais prête, c’était il y a presque 7 ans et pendant longtemps j’ai continué à lui parler dans ma tête 😉 Maintenant je me sens autonome, peut-être que je retournerai voir quelqu’un un jour ça n’est pas exclu, mais pas pour l’instant. Au sujet des enfants qui partent, je crois que ceux qui disent qu’ils le vivent bien mentent effrontément, je trouve ça aussi hyper douloureux et je n’en ai encore qu’un sur 3 qui est parti (à 17 ans 1/2 en prépa aussi, quel déchirement…) Tu as absolument le droit de le vivre mal et ça n’empêche pas d’être fières de nos enfants, de leur autonomie et de leurs réussites !
Mais oui Nocléa. Suite à notre échange, je me rappelle même avoir fouillé dans les archives de Caro pour voir si elle racontait son expérience, manière d’avoir une petite idée de ce que ça pouvait donner. Et là, bam ! Le papier complet ! Trop forte cette Caro !
Je vais probablement me mettre en quête. Après tout, si ça ne me convient pas, rien ne m’oblige effectivement à y retourner. Donc je vais te suivre.
Bonne idée !!! je vais essayer moi aussi de parler à mon psy « dans ma tête » (puisqu’il m’a lâchement abandonnée en arrêtant son activité en cabinet…)
Pas de souci c’est toi le boss dans une thérapie. Tu parles de ce que tu veux, comme ça vient. Parfois il va t’aider à grattouiller sur un point que tu as soulevé mais c’est tout.
Et pas besoin d’être au bord du gouffre, d’avoir des attaques de panique et autre pour consulter, on peut y aller dés qu’il y a un mal être, un ressenti trop violent d’une situation auquel on arrive pas à faire face.
J’avoue, Christine, que je suis un peu comme toi : pas envie qu’un quelqu’un aille gratter là où ça fait mal. La réponse de Caroline est rassurante, et si le thérapeute que tu as choisi t’emmerde, tu es libre de l’envoyer bouler.
Je dis ça, mais je suis mal placée en fait : jamais essayé et je pense ne jamais le faire.
Boudu, pas claire la Dominique : je pense ne jamais rencontrer un psy quelconque.
Vos commentaires font tant de bien aujourd’hui, si justes et bienveillants. Je repense au sketch que tu m’avais envoyé hier Christine. En sortant, pas si mal après tout, d’une enfance cabossée, je prends le temps de profiter de l’enfance de mes garçons, et compense comme je peux.
Quand on est le vaillant petit soldat, celui qui assure et ne pleure pas, toujours prêt à prêter à prêter son épaule aux autres, pas facile de faire la démarche d’aller voir quelqu’un pour parler de soi. Je me dis aussi que si je devais vider mon sac, ça pourrait durer longtemps.
Et comme les journées sont belles, comme ma vie me plait telle qu’elle est, pour l’instant, je pense que je vais laisser un peu de poussière sous le tapis, ça ne m’empêche pas de danser dessus.
Caro tu es vraiment précieuse. Ce papier du jour m’aide déjà bien : faire le tri, lire les expériences, tout ça… Je sais qu’il en sortira quelque chose. Et puis la chaleur qui se dégage de cette communauté est incroyable. Merci Daphné pour ton si joli comm’, Merci Dominique pour ton soutien, Merci Caroline et Cécile pour vos réponses éclairantes. Bref, encore une fois, je ne suis pas passée ici pour rien. Je ne sais même pas comment remercier Caro.
Je me tâte aussi encore : j’ai peur du gros lot qui risque de sortir au grattage. Ce serait bien la première fois que je gagne… mais je sens que j’ai un gros potentiel de winneuse, sur ce coup là ! J’ai aussi peur de tomber sur un profil psy trop sérieux pour moi : genre totalement constipé de la rigolade. Même si nous ne sommes pas là pour ça, ok, je sais que je ne me sentirais pas à l’aise dans une ambiance compassée.
Et puis je redoute de décevoir les miens en sortant de mon registre <= le rire pour remplacer les états d’âme, donc. Du plus loin que je me souvienne, j’ai toujours été l’élément fort et stable. Déjà petite, dans ma famille, j’étais la « solide, la rigolote, la bonne élève, celle qui ne posait pas le moindre problème » (coincée entre une sœur aînée au profil psychologiquement très fragile, et un petit frère anormalement replié sur lui-même). Aujourd’hui encore, on attend de moi que je sois une forme de pilier inaltérable (donc peu enclin à s’examiner le nombril –ne le prenez pas mal : c’est ainsi que ce sera perçu dans ma famille). Notez bien, il vaut mieux que je sois costaud: mon mec, grand angoissé devant l’éternel vit, lui-aussi, avec un tensiomètre à la main (+ un thermomètre dans le fion, et un peu toute la panoplie…). Bref, quand j’étais sur mon lit d’hôpital, il venait me dire qu’il ne s’était trouvé ni fièvre ni tension… ça me faisait un bien fou ! Dans le même ordre d’idée, quand j’ai appris que j’étais bien malade, j’ai cherché auprès de qui m’épancher. J’ai appelé mon père et j’ai entendu : «Ouf ! c’est toi ma chérie. J’ai cru que c’était ta sœur aux mille problèmes, la pauvre… ça va ma grande ? » … Que répondre ? … « Oui, très bien merci. Et toi papa ? ». Bref si je consulte, je ne suis pas sûre de le leur dire. En même temps, je n’ai pas forcément envie de leur prétendre que je me suis inscrite à l’école du cirque 30 mn par semaine.
Christine je me retrouve beaucoup dans ce que tu dis, enfin sur l’aspect être la personne forte et avoir à faire avec une enfance compliquée. Pour ma part, aller voir quelqu’un m’a aidé a justement conserver cette force et mon sens de l’humour en les contrebalançant avec une personne devant qui je peux m’épancher. Après, c’est sûr qu’il faut vraiment trouver la bonne personne, celle avec qui le courant passe. Demande autour de toi si quelqu’un peut te donner des recommandations.
Pourquoi le dire ? qui a dit que c’était obligatoire ? dire la vérité oui, mais ce n’est pas forcément tout dire (dixit ma psy !!)
Ah oui, Christine, l’histoire du « mais tu es forte, toi, tu t’en sors toujours ». Envie de faire du gugusse du pâté pour chat, et tu te contentes de dire « c’est gentil ».
Sûr que le psy qui n’a pas un peu le sens de l’humour risque d’avoir un peu de soucis avec toi.
Mais tu n’as pas à leur dire si tu n’as pas envie ! On a tous le droit d’avoir un jardin secret et ça peut être d’aller voir un psy…
« Never complain, never explain »: tant qu’à avoir un point commun avec Queen Elizabeth, autant que ça ne soit pas sa robe jaune poussin. Quoique finalement, elle doit en avoir sous le tapis, elle aussi.
« Oui mais toi, tu es solide. » L’une des phrases que je déteste et qui tombe toujours inopportunément, sans même que notre interlocuteur se rende compte de ce qu’il dit.
Finalement, si quand je pars en voyage j’embarque le minimum de bagages, c’est peut-être parce que j’en ai marre de porter les valises de tout le monde ? Alors, je vais essayer de voyager un peu, chaque jour, les mains dans les poches 😉
@Frenchie, tu me conseilles de demander autour de moi pour voir si quelqu’un peut me donner des recommandations. Bonne idée, je vais voir ça avec mon médecin traitant. En fait, la seule personne à avoir consulté dans mon entourage proche, c’est mon mec, sujet aux angoisses et phobies diverses, donc. Il est allé voir une psy une fois. Une SEULE. Et il est revenu traumatisé, le biquet ! Quand je lui ai demandé «alors, c’était comment ?», il m’a répondu : « C’était une bonne femme. Elle m’a regardé avec de gros yeux sévères, dans un parfait silence. Ça a duré assez longtemps. J’ai fini par lui dire : alors ? Elle m’a répondu : je vous écoute. Je lui ai demandé si je pouvais fumer. Elle m’a dit non. Je ne savais pas quoi lui dire, alors je lui ai demandé si je pouvais aller aux toilettes. Elle m’a répondu oui. Et je suis parti en courant ». <= j’aurais tendance à dire : expérience concluante ! Voilà, maintenant mon mec a AUSSI peur des psys… j’en ris encore ! (je précise à toutes fins utiles que je ne me tape pas un petit jeune. C’est même tout le contraire : le Chéri a 15 ans de plus que moi…)
@Domi et Daphné : moi ce « tu es tellement forte » ne me fait même pas bondir. Je le trouve normal. En fait, je suis persuadée d’être invincible… un peu, oui, quand même. C’est pour cela que suis tellement perturbée de me voir si chancelante pour des départs d’enfants (qui vont très bien), alors que j’avais résisté à plein d’autres choses pas super top moumoutes.
Daphné, Tu veux rire j’espère ! Moi ce qui m’emballe le plus chez la Queen Mother c’est justement la robe canari ET le chapeau qui va avec ! Il me les faut, les deux.
@Domi et Frenchie, rien à voir avec la choucroute du jour, mais troublée par cette histoire de pieds derrière la tête (au point d’envisager d’aller voir un psy<= Du coup, voilà, y’a un rapport), j’ai googlisé le truc et je suis tombée sur une image pas décevante du tout (même s’il y’a triche : les pieds ne sont pas TOUT A FAIT derrière la tête, mais bon, c’est tout de même élégant). Je ne sais pas si je préfère le commentaire, ou la photo… mais Domi, si tu m’apprends à faire ça pour le jour de notre gala je te garantis qu’après le vieux Glaude te mangera dans la main (ton rêve, coquine. Oui, je suis fine psychologue, du coup, ce n’est peut-être pas la peine que j’aille voir un psy ?)…
http://flexgirl06.skyrock.com/730341479-Art-N-5-Pied-sur-la-tete.html
Christine, ne t’inquiète pas, tout bon psy sait que l’humour (le tien notamment) est la politesse du désespoir… 😉
@Christine Écoute, je pense que parfois, quand on a vécu et résisté a plein de trucs pas glop, une petite goutte d’eau peux suffire à faire déborder le vase… Je ne veux pas faire de généralité, mais pour moi c’est en fait quelque chose de joyeux (arrivée au Canada) coupler a un stress mineur (difficulté à trouver un boulot) qui m’a déstabilisée et a fait remonter d’autres choses. Et oui, demande à ton généraliste il / elle aura probablement des contacts.
Bon j’ai ris des mésaventures de ton homme (culpabilité)… C’est vrai qu’il faut vraiment tomber sur la bonne personne, et être prêt aussi… Sinon ça ne marche pas. Et bien sûr on peut tout à fait choisir ce dont on parle, ou non.
Merci pour le fou rire avec la photo haha. C’est bien ça qu’il arrive à faire, mais son talon est bien derrière la tête (et non, je n’ai pas de photo haha).
Ils t’apprendront peut-etre a faire ca a l’ecole du cirque 😉
Christine : la fille qui montre ça n’a pas la bonne position. En fait, il faut avoir le dos bien droit, le bassin vertical (et non pas basculé comme sur la photo, car ça fait culbuto), tu prends ta jambe, tu glisses la main jusqu’à la cheville et tu tires vers ton visage. Le reste vient tout seul. Ou pas.
Quant au Glaude, je ne suis pas prête à me sacrifier, même pour lui demander bancs publics, arbres et de plastiquer les ruines, aigles et lions.
On aimerait quand même bien savoir si tu lui as laissé ton adresse msn pour discuter un peu de la souplesse des filles ? N’empêche qu’en robe et bibi assorti jaune titi ça peut être très sympa aussi.
C’est donc pour ça que Lizzie fait toujours mettre toujours des plombs dans l’ourlet de ses robes – personne n’a besoin de savoir comment elle fait pour mettre son pied derrière sa tête. « Never explain, never complain. »
Bonjour Christine,
C’est *un peu beaucoup* normal d’avoir peur de ce qui va sortir quand on sent qu’on a du lourd bien lourd enfoui.
Mais bon, comme « tout ce qui ne s’exprime pas s’imprime » et dans ce genre, tu as sûrement déjà eu plus que ton lot, ça vaut le coup de passer au-delà de la peur et d’aller gratouiller sa zone de confort (je m’auto-persuade aussi, là, hein). C’est injuste de se rendre malade et d’aller jusqu’à perdre l’organe de la maternité (comme par hasard, oui oui c’est de la psy à deux balles de comptoir) parce qu’on a le sentiment qu’on « perd » son enfant.
J’espère que tu ne le prendras pas mal, mais je ne parle pas en l’air : j’ai moi aussi fait un cancer il y a 14 ans et après, une fois que j’ai eu bien morflé, je l’ai décodé et j’ai trouvé ça tellement stupide. Tout ça pour ça… ? C’était bien la peine, tiens !
Bref, ça vaut peut-être le coup d’aller creuser plutôt que ça continue ou reflambe ailleurs…
Après si le psy ne te convient pas, que le courant ne passe pas, change-en. Et change-en encore si besoin.
Peut-être qu’il te faut un psychologue, ou un psychanaliste lacanien, ou freudien ou autre-chosien. Ou aller du côté d’une approche psycho-corporelle genre libération des cuirasses ou bien psychologie biodynamique. Ou autre chose.
Pour la petite histoire, mon quelqu’un me fait rire à chaque séance. Il me fait pleurer aussi. Mais il est drôle, je veux dire. Après, il est bon, donc il gratte là où ça fait mal, même quand je ne vois pas où il veut en venir. Bref, il me pousse dans mes retranchements, et il me fait ch*er mais je continue à aller le voir parce que j’avance.
Tu as le droit de faire ça pour toi. Et tu as aussi le droit de ne pas en parler si tu prévois de réactions négatives de ton entourage.
Et si ça te fait changer et que ton entourage familiale ne supporte pas, c’est qu’il ne mérite peut-être pas de continuer à compter pour toi. Je veux dire c’est très à l’emporte-pièce tout ça, hein, tu peux m’envoyer balader si tu veux, mais quand on impose à sa fille/soeur/compagne la place de la femme forte qui n’a pas le droit de se plaindre et de flancher, c’est de la violence quand même un peu. Et c’est surtout sa propre place de personne qui peut craquer et se reposer sur toi qu’on protège.
Alors être un peu égo-centrée, moi je trouve que c’est légitime…
Et puis si toi, tu vas mieux ou que tu te trouves tout simplement plus en phase avec toi-même, forcément tout ira mieux autour, parce que ce sera Juste (grande envolée philosophico-lyrique inside…) et quand on est dans la justesse par rapport à soi, on l’est aussi par rapport aux autres.
Bon courage pour la suite
Karine, merci pour ton adorable message. Je suis touchée de voir que tu as pris la peine de me consacrer autant de temps. Je vais très probablement suivre ton conseil et me mettre en quête de… en fait je ne sais pas très bien qui, parce que je dois avouer que je ne connais pas le rôle défini d’un psychologue, d’un psychanalyste, d’un psychiatre et je ne te parle même pas des approches (psychocorporelle, etc…) auxquelles tu fais allusion. Ayant longtemps considéré qu’une thérapie c’était, en gros, perte de temps et fumeuse couille en branche (oui, je sais, je suis vraiment très conne quand je m’y mets), j’ai systématiquement passé mon tour au moment de lire un article ou de visionner un reportage sur le sujet. Résultat, me voici bien dépourvue au moment de faire un choix ! Je le vis assez mal. Pas d’être une béotienne en la matière, mais plutôt de devoir admettre que j’ai besoin d’aide. J’ai la plaisante sensation d’être une grosse merde qui se noie dans un verre d’eau et qui n’a que ça à foutre de se gratter le nombril <= merci bien mon éducation ! C’est le premier truc que je vais devoir dépasser. Je me souviens, à l’hosto on m’avait proposé de voir un psy. J’ai décliné poliment, en pensant « et pourquoi pas l’aumônier tant qu’à y être ! ». Ça m’avait fait la journée, façon « Oh bon dieu ! je suis plantée, on me propose un rencard avec le curé ! Mais quelle horreur ! il va me filer l’extrême onction»… le total délire quoi, dans la mesure où personne n’avait parlé de curé. J’imagine qu’on m’a proposé de rencontrer un psy parce que ma réaction, au moment de l’annonce de la cata, a dû leur sembler pour le moins curieuse. Dans la vie de tous les jours, je suis très ritale. Mais, en cas de coup dur, j’ai une maîtrise toute british de mes émotions (à côté de moi, la reine d’Angleterre malgré son flegme et sa robe jaune canari passerait pour le gros hooligan de base…) J’ai posément expliqué que je n’avais pas les moyens (en temps) de me payer le luxe d’être malade, donc non merci ! Puis, comme ils insistaient pour me garder à l’hosto, j’ai demandé s’ils ne pouvaient pas me plâtrer une jambe, pour éviter d’effrayer ma smala. Donc, vois-tu, personne ne m’y oblige : je me mets moi-même en situation de protéger les miens. Un réflexe automatique, quoi.
Comme cela est bien dit, comme souvent.
Des quelqu’un je suis allée en voir plusieurs, à divers moments, quand y avait un truc qui faisait trop mal, ils m’ont été utiles pour ôter le caillou de la chaussure et pouvoir continuer à avancer. Dès le caillou ôté je partais reprendre ma route.
Tout allait relativement bien jusqu’à ce qu’une situation lourde et compliquée me tombe sur les bras.
Il fallait faire face, tenir contre vents et marées. J’aurai sans doute eu besoin d’aide à l’époque mais je ne m’y suis pas autorisée par crainte d’effondrement en cas d’ouverture de vannes, par contre les autres protagonistes se faisaient aider. Une fois que la situation a été résolue, que les autres allaient bien, logiquement je me suis effondrée, épuisée.
Ça ne m’a quand même pas décidée à retourner voir quelqu’un car je n’avais pas envie de faire face à ce que j’allais trouver en soulevant le tapis, parce que là c’est très net ce n’étais plus un gravier dans le godillot qu’il y avait.
Il m’a fallu du temps pour me rendre compte que plutôt que d’aller mieux je m’enfonçais, que parfois je regardais l’eau qui coulait sous le pont et ses tournillons de façon un peu trop insistante, que je ne profitais pas de la situation agréable retrouvée, que je la pourrissais plutôt et que je risquai de faire replonger tout le monde et surtout que pour une fois je ne pouvais pas compter sur mes seules ressources pour aller mieux, que cette fois ci j’avais creusé trop profond, entamé trop mes réserves.
Bref j’ai repris le chemin d’un quelqu’un. J’ai pris le temps de le choisir, il y avait une liste d’attente, je m’étais fixé une limite au-delà de laquelle je serai allée voir un autre quelqu’un histoire de parer aux urgences en attendant. Il m’a appelé 1 semaine avant la date limite fixée. Nous avons commencé le travail et ma foi les atomes semblent s’accrocher, certains aspects sont déjà un peu apaisés, mais je sais que cette fois ci je n’arrêterai pas avant d’avoir bien nettoyé tout le tapis, dessous, dessus et autour.
Je viens de sortir de ma séance d’analyse qui dure, qui dure…. depuis 7 ans…. Et je suis si heureuse de te lire car je ressens exactement la même chose. Cela fait du bien de partager cel. Ils ne sont pas si nombreux ceux qui entreprennent ce voyage vers soi. J’ai lu les commentaires plus haut sur la morale judéo-chrétienne…. Ca m’interpelle… J’ai baigné là-dedans aussi et suis toujours croyante aujourd’hui. Parfois, je me demande si mon travail d’analyse et ma foi ne sont pas incompatibles. Parfois, je me demande si je suis une mauvaise chrétienne car je fais une analyse… Mais finalement, et peut être paradoxalement, je pense que je suis arrivée à l’analyse grâce à mon éducation judéo-chrétienne car dès ma plus tendre enfance, je me suis questionnée sur la vie, la mort, le sens de la vie, etc… bref… Ces questions existentielles sont nées avec ma foi. J’ai douté, je me suis posée plein de questions. Et puis, petit à petit, à force de me questionner sur le monde qui m’entourait et le pourquoi de tout ce bazar, je me suis posée des questions sur moi… et là , j’ai senti que je perdais pied, j’ai commencé à aller mal, très mal pour enfin frapper à la porte d’un analyste. Ca m’a fait un bien fou, et ça continue aujourd’hui ! Mais finalement, je ne blâme pas ma foi et toute la culpabilité que l’on m’a inculquée, car je pense que j’en serais pas arriver là si je n’avais pas eu, dans mon éducation catholique, du mystique, des interrogations, des doutes, des tentatives d’explications, des remises en question et surtout un début de questionnement et de réflexion sur le monde. Mon commentaire est très long et un peu fouillis. Je ne sais pas si je suis très claire… J’avais juste envie de partager cette expérience là car souvent on a envie de blâmer cette foutue éducation qui nous a tant peser mais on oublie de dire qu’elle nous a aussi forgé, construit dans une démarche qui permet d’accéder à l’immatériel, le sens, ou le non-sens d’ailleurs….
Quelqu’un m’a dit un jour : il faut aller très bien ou très mal pour entreprendre un tel travail.
Moi j’allais très mal.
La première fois, j’ai su que c’était la fin parce que j’ai oublié le rendez vous.
Je me suis dit ensuite : dis donc, 7 ans….
Elle m’a dit qu’on avait fait le maximum ensemble et c’était vrai.
La deuxième fois j’en ai eu juste assez de perdre mon temps précieux à savoir pourquoi, j’avais assez de clés, je voulais juste savoir comment.
Il m’a dit c’est pas fini, vous aurez besoin de revenir, j’ai dit ok.
J’y suis jamais retournée parce que j’ai commencé la méditation (un très bon comment) et que je suis partie vivre en Louisiane en plus. ..
Mais je reviens en France pour l’été et j’ai pris trois rv avec une spécialiste des courtes durées, qui m’avait bien aidé pour la nourriture , parce que j’ai encore deux ou trois questions. Pis c’est tout
Merci Caro pour ce billet tellement juste et merci à toutes pour vos commentaires. Je me fais la réflexion à chaque fois mais il y a vraiment une belle communauté ici. Pour ma part j’ai fait ma thérapie en anglais, Ouest canadien oblige, et je pense que le faire dans une langue étrangère m’a aidé à m’ouvrir. Du coup je me demandais si c’était le cas pour quelqu’un d’autre ici peut-être?
Ca m’intéresse ce bilan. Je sens, et ce billet semble le confirmer, qu’une thérapie n’est jamais miraculeuse. Ni jamais totalement finie, mais ça, c’est la vie. Mais j’ai très envie, enfin vraiment besoin plus qu’envie, d’en faire une.
Je me pose juste une question très terre à terre: comment vous faites avec les honoraires ? Je sais que seuls les psychiatres sont remboursés, mais d’autres personnes en ont plus besoin que moi, je pense qu’une simple psychothérapie me concerne davantage. Mini budget oblige, je ne peux vraiment pas lâcher 50 euros par semaine, c’est tout ce qui me freine :/
c’est un vrai sujet. Il existe des psys dans les CMP pour les personnes bénéficiaires de la CMU ou du RSA. Les psychiatres sont en effet remboursés. Mes séances coûtent 60 euros, je sais que certains psy proposent des tarifs en fonction des moyens de leurs patients, mais ça descend rarement au dessous de 40 euros. Il est peut-être possible aussi d’avoir un rythme quinzomadaire, qui revient moins cher. Après, moi, je me rends compte que c’est aussi un choix, cet argent que je dépense pour ça je ne le dépense pas pour autre chose. Mais ce n’est pas un sacrifice, j’ai en effet les moyens de m’offrir ça.
Les psys dans les CMP ne sont pas uniquement pour les bénéficiares CMU ou RSA. Tout le monde peut consulter. Seulement l’attente est parfois très longue.
Merci d’avoir répondu. Je commente très peu mais je lis beaucoup 🙂 C’est très agréable de voir que tu nous suis aussi, je pense que c’est pour ça (notamment) que je reviens tous les matins… J’allais épiloguer la suite mais je suis déjà hors sujet.
Oui, le rythme quinzomadaire peut être une idée. Ça me parait peu, forcément, mais c’est mieux que rien. Bien sûr que c’est un choix, un investissement dans le bon sens aussi je trouve, tant financier qu’en terme de temps et de « livrage » de soi-même. Mais je peux difficilement rogner davantage: je ne fume pas, je sors peu, je pars pas en vacances cette année, alors c’est vite vu. Je suis pigiste en début de carrière, ceci expliquant cela 😀
Je vais me renseigner, peut-être qu’en sortant aussi de Paris intra-muros je trouverai plus accessible. Mais en 2016, je trouve ça dommage que ce genre de temps pour soi, utile à cellule familiale comme au travail d’ailleurs, soit un luxe clairement pas à portée de tout le monde.
@Stephanie, selon l’approche de la personne que tu iras voir, les séances hebdomadaires ne seront pas forcement nécessaires ou même recommandées. Pour ma part j’ai eu la chance de trouver un centre pour femme battues local, et ils offraient des séances gratuites pour celles ayant subi des violences physiques ou sexuelles. Je ne sais pas si il existe de telles structures en France (non pas que j’assume que c’est ce dont tu veux parler, mais tu pourras peut-être trouver quelque chose pour ton cas)
En proche banlieue parisienne, tu peux trouver autour de 45 euros, voire moins si petit budget, c’est ce qu’on m’avait proposé. Je suis restée sur 45 euros, tous les 15 jours / 3 semaines ça fait une somme compatible avec mon budget, même si je dois faire des sacrifices sur autre chose.
Je suis totalement d’accord, ça ne devrait pas être un luxe. Que l’on doive payer pour prendre conscience de la « valeur » de la thérapie, ok. Mais cela devrait être possible que ce soit adapté aux moyens des gens. Renseigne toi quand même au près du CMP le plus proche de chez toi, je ne sais pas si c’est réservé aux seuls bénéficiaires du RSA ou pas. Si ça se trouve, non. Et quand j’ai démarré ma vie pro, je n’aurais pas pu non plus me « payer » ça, je comprends très bien 🙂
Oui, ça me semble aussi essentiel de payer. Je vais regarder tout ça, au pire c’est que partie remise, je compte bien ne pas rester une éternelle précaire 🙂 Merci aussi Frenchie au Canada et Sandra pour vos suggestions !
J’ai fais une psychotherapie analytique avec un medecin psychiatre (2x/semaine) : pris en charge par la sécu + mutuelle. Difficile, par contre, de trouver un médecin psychiatre disponible…le bouche à oreille, peut être, ou alors votre généraliste peut vous guider vers quelqu’un ?
Bonne route !
Encore une fois merci pour ce billet passionnant, Caroline ; et c’est formidable aussi de voir les commentaires tout aussi passionnants qu’il suscite !
Comme d’autres c’est un sujet qui me tient vraiment à coeur et sur lequel je pourrais parler/écrire pendant des heures (au lieu de bosser, et ça, c’est mal ! 🙂 ).
Ah oui, encore un petit dernier pour la route, le nom d’Irvin Yalom a été mentionné plusieurs fois, dans ce billet et dans d’autres, et je ne peux que le recommander à mon tour !
Bon, « Mensonges sur le divan » n’est pas mon préféré même s’il est intéressant pour qui a envie de découvrir à travers un roman ce qu’est la thérapie, mais j’ai adoré « Et Nietzche a pleuré », « La méthode Schopenhauer », et d’autres.
Yalom est un excellent vulgarisateur, on apprend plein de choses en le lisant !
J’aurais pu écrire ce billet (en moins bien!) tant c’est la question que je me pose et que j’ai posée à mon quelqu’un la semaine dernière en lui parlant des sentiments que tu évoques avec tant de justesse (culpabilité, impression de se regarder le nombril, intérêt pour cette quête de soi, apaisement, angoisse de ne plus y aller mais en même temps ce ras-le-bol passager ou plus persistant, le fait de ne plus aller aussi douloureusement qu’au début et de savoir à peu près gérer les angoisses, etc…) d’autant plus que mon cheminement est bien plus long que le tien (plus de 20 ans – j’en ai 43). Sa réponse rejoint celle de ton quelqu’un… Il m’a dit que c’est bien le seul domaine dans lequel il ne doit pas intervenir. Quand au sentiment de culpabilité et de honte, il me disait que cet espace/temps que je consacre à déposer mes angoisses ou mes simples pensée est un moment qui me permet de me construire et qu’il n’y a pas de mal/honte (même si ça fait longtemps que je suis en thérapie/analyse) à poursuivre ce travail sur soi, surtout si ça me fait du bien. Je lui ai confié cette impression d’être illégitime par rapport à tous ceux qui en ont vraiment besoin eux (!) et cela l’a amusé parce qu’après tout, si je n’arrive pas à cesser, c’est bien que j’en ai besoin aussi! Donc pour le moment, je remets ça et l’an prochain, la question se reposera… Il y a le « marronnier » en journalisme et on dirait bien qu’il y en a aussi en analyse!!!! Un grand merci pour ton article!
Merci infiniment pour le partage.
J’aime ta sincérité, comme toujours.
S.
Je consulte depuis quatre ans en tout. Au bout de deux ans j’étais sûre d’avoir tout réglé … Depuis un an tout se dérègle, la faute aux hormones (?!)…
Le fait est que je retourne en courant me rassurer et parler, parler. Un sentiment d’échec ne me quitte pas, je pensais que j’avais gagné, et je me découvre une anxiété quasi permanente, une douleur face au temps qui passe et qui génère d’autres soucis. Mais une chose est sûre, je me connais mieux, ça ne veut pas dire pour autant que je vais mieux.
Bravo pour vos billets, toujours aussi agréables à lire !
Quels jolis mots tu mets sur ta chasse aux maux !
Ah, cette foutue morale judéo-chrétienne, comme elle pèse encore trop souvent sur nos décisions, nos actions et notre perception du monde. Et on a beau la connaître c’est difficile de sortir de ses cadres.
Bon chemin des mots
Merci pour vos réponses à mon commentaire (n°35)
En effet Cécile, tu as raison, cette psychothérapie hebdomadaire qui dure 10 minutes chrono à laquelle je me soumets (parfois a reculons) est lacaniene et c’est vrai que je trouve cela très frustrant en fait!
j’ai songé moulte fois a changer de psy…. Pourquoi je ne le fais pas? flemme (lol) on s’attache aussi plus ou moins… et aussi peur de ( re) tomber sur quelqu’un qui ne me convient que moyennement (surtout que je suis à priori du style insatisfaite permanente!!! :o))
Et tu a aussi raison sur ce point là Cécile (mais pas la même :o) c’est un psychiatre et il est réputé!!! bravo pour votre perspicacité et aussi un grand merci à toutes pour vos avis.
Je me sens moins seule a savoir que les 10 minutes et le tel qui sonne, ça vous surprend aussi…
En même temps je sens quand même une certaine efficacité, c’est donc plus dur de partir maintenant que j’ai commencé. On verra bien. Je sais que mardi dernier, j’ai bien failli lui poser un lapin, puis finalement j’y suis allée persuadée que j’allais lui dire que je voulais faire un break et puis finalement, les dix minutes étaient interressantes donc me revoila partie pour mardi prochain… lol (vaut mieux en rire parfois, je suis d’un naturel gai )
bonne journée!!!!! et merci caro pour ce blog que je lis depuis pouh…. je compte plus les années :o)
Et si tu lui en parlais de ces 10 minutes trop courtes et de la frustration ressentie ?
Une séance courte avec coup de fil, ça m’est arrivé. Je l’ai dit et je crois que cela a été entendu…
ahahahaha je lui ai déjà fait remarqué.. Mais c’est ainsi qu’il fonctionne. Il m’a dit que si un jour j’en ai besoin on fera double séance soit 20 minutes FIESTA ! :o)))
Sinon c’est tarif conventionné et remboursé (heureusement d’ailleurs car 43,70 par semaine pour si peu de temps j’aurai déjà dit stop.
44 euros (ou presque) les dix minutes ? Wow !
Je suis estomaquée.
@Mel : et oui! Cela s’appelle bien gagner sa vie n’est ce pas? !!
Anecdote rigolote : je suis allée voir un psychiatre il y a quelques années de cela qui s’appelait… M. Bizard.
Dans ma famille, psychologue était un peu synonyme de diable ou plutôt du mec qui fait forcément culpabiliser les parents (ma mère avait consulté pour mon frère et donc en avait conclu cela). Du coup, quand j’ai annoncé que je voulais être psychologue, ce fut le drame et d’ailleurs j’ai renoncé, je ne savais pas aller contre la volonté de mes parents (c’était une autre époque).
J’ai eu besoin d’aller voir un psy après le décès de mon frère. La problématique : pourquoi lui, le cancer l’a emporté et pourquoi moi je m’en suis sortie.. .j’étais bouffée par la culpabilité. J’ai consulté 3 fois seulement et j’ai été bluffé par la capacité du psy à schématiser le fonctionnement de ma famille. 3 heures où j’ai pleuré toutes les larmes de mon corps, mais 3h qui m’ont fait avancer, qui m’ont fait comprendre ce que je savais mais que je ne voulais pas comprendre.
Maintenant, j’aimerais commencer un vrai travail, mais j’ai peur de ce qui va en sortir.
Maintenant, je pense que