Catégorie : La ronde et l’homme

Sous le ciel de Paris

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Hier, 19h45, alors que j’étais affalée comme une bouse sur mon vieux fauteuil club, jean élimé, tee défoncé, vernis écaillé et poil aux pattes – DIMANCHE QUOI – le churros arrive tout fébrile : « prépare toi, on sort, Laurie arrive, tu as dix minutes ».

AH AH AH, je réponds, qu’il est mignon, je me dis, il m’emmène chez le viet pour nos six ans de mariage, c’est cool, un pho et au lit, en plus que ça tombe bien parce que j’ai la gueule de bois.

« Non non, tu as dix minutes pour être AU TOP, le taxi arrive », il répond avec un drôle de regard.

Au top comment, je demande, une pointe d’angoisse dans la voix. Au top dans le sens « cette fille est sympa, elle est vraiment AU TOP (par contre elle pue un peu) » ? Ou au top comme « Elle a vraiment 29 ans ou bien ? ».

Son silence éloquent me fait comprendre qu’on est plutôt dans le second registre. Et là, mon mauvais génie, celui qui fait de moi une trainée ingrate, me susurre à l’oreille que d’accord c’est vraiment chou tout ça mais bordel, « il te connait depuis plus de quinze ans, et il te prévient un dimanche soir à 19h45 QUE TU AS DIX MINUTES POUR RESSEMBLER À QUELQUE CHOSE ». Instinctivement je sens néanmoins qu’exprimer un quelconque mécontentement ferait réellement de moi une vieille trainée ingrate. D’autant que la chérie, manifestement dans la confidence me glisse que « ça fait trois mois qu’il a préparé tout ça ». TU QUOQUE MI FILIE. Je veux dire, être une tombe c’est bien – encore un truc qu’elle ne tient pas de moi – mais me filer un tuyau vers 17h comme quoi j’aurais du nez de m’épiler, non ?

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Saint Valentin en eau de boudin

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Mardi soir, exceptionnellement, mon amoureux avait décidé de fêter la Saint-Valentin. Pour lui qui excelle en de nombreuses tâches traditionnellement considérées comme féminines (lessives, ménage, etc) mais qui est consternant d'hésitation quand il s'agit d'organiser quoi que ce soit, avoir réservé une baby-sitter ET un restaurant tenait de l'exploit. En soi, donc, c'était un petit événement.

Il m'avait donné rendez-vous au Trocadéro à 19h30, je me suis dit qu'on allait au théâtre de Chaillot.

Sur le trajet, je regardais défiler les toits de Paris par la fenêtre du métro aérien, Marvin Gaye dans les écouteurs. Quand la tour Eiffel s'est mise à pailleter, mon coeur a battu plus vite. Y'a-t-il plus merveilleux que de rejoindre son amoureux, en empruntant la ligne 6 à l'heure où Paris s'illumine ?

Et puis je l'ai attendu sur le parvis, entourée de tous ces couples qui s'embrassaient en regardant la seine. Il est arrivé et m'a emmenée…

… à l'aquarium de Paris. (musique du conte de fée qui se casse la gueule)

Pour une visite nocturne spécial Saint-Valentin, avec coupette de champagne et repas au restaurant japonais qui se trouve à l'intérieur.

Je me dois de préciser que je prends des crises d'angoisse à la vue de plus de trois poissons et que la nourriture japonaise, sauf si c'est celle de Lengué, est probablement celle que je goûte le moins. Evidemment, au bout de quinze ans, c'est le type même de choses qu'il est difficile de garder pour soi (les premières années, tu mens effrontément et le pire c'est que tu ne te forces pas, d'ailleurs tu ne sais pas comment ça se fait mais tu aimes les sushis, d'un coup, d'un seul). Hélas, la magie n'opère pas indéfiniment et petit à petit tu retrouves tes esprits et ton aversion pour les sushis. Surtout, comme tu n'es pas exactement le genre à ne pas rabacher les mêmes choses ni à prendre sur toi, ça te semble assez improbable qu'il puisse ignorer que tout ce qui comporte de la feuille d'algue suffit à te donner la nausée.

Donc j'ai fait remarquer que tout de même c'était un peu bizarre, non, de m'emmener dans un endroit plein de crustacés manger du poisson cru ? La bonne nouvelle c'est qu'il ne l'avait pas fait exprès. La mauvaise, c'est qu'il semblait sincèrement découvrir que les aquariums ça n'était pas vraiment ma tasse de thé. Quant au japonais, il est tombé de sa chaise: "mais tu adores les makis !".

A ce moment là je me suis vraiment demandé si je n'étais pas en train de vivre un remake de ce film avec Eddie Mitchel, vous savez, celui dans lequel il joue un pilote qui mène une double vie depuis des années, deux femmes, deux maisons et des enfants des deux côtés.

J'ai préféré en rire, d'autant qu'il y avait tout de même matière, entre la photo kitsch comprise dans le forfait de la soirée avec les requins en toile de fond et l'homme grenouille et son magnum de champagne qui faisait mine de me la casser sur la tête. Tout ça devant un churros hilare me mitraillant. Et le fait est que ce fut une merveilleuse soirée, on a erré de bassin en bassin et mangé des makis qui n'étaient pas si mauvais, tout ça au champagne. Comme une fête foraine, mais en sous-sol, avec une bande sonore digne des films de woody allen.

Bien évidemment, il est désormais acquis que les prochains week-ends, ainsi que les vacances à venir seront organisés exclusivement par mes soins, au risque de me retrouver pour mon anniversaire coincée dans un grand-huit (attraction qui arrive juste avant les aquariums dans la liste des choses que je déteste).

J'ai par ailleurs fait une croix définitive quant à l'éventualité que mon homme, pourtant merveilleux par ailleurs, s'attache à noter quelque part dans un coin de son cerveau tous ces innombrables détails que je m'efforce moi d'engranger (en fait je ne m'efforce même pas, le pire). Non parce que moi par exemple, je connais la liste exacte des aliments qu'il n'aime pas, des endroits qu'il déteste, des parfums qu'il adore, des tenues qui le font grimper au rideaux lorsque je les porte, de ses films préférés, des musiques qui le font pleurer. Je sais qu'il déteste le chocolat kinder mais qu'il adore les mikado, qu'il n'aime pas le chocolat blanc, qu'il abhore les quenelles mais se damne pour des huitres et que d'une manière générale tout ce qui est trop sucré ne l'intéresse pas. Le pire, c'est que je suis certaine qu'il m'aime. Mais décidément, c'est peut-être vrai qu'on n'est pas pareils.

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Love at Darty

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On croit qu'on a épousé un homme moderne. Le genre qui prend en charge le linge et la vaisselle même si c'est parfois au prix de deux ou trois pulls lyophilisés. On s'en vante d'ailleurs souvent auprès des amis: "j'avoue j'ai de la chance, à la maison c'est moi qui n'en fout pas une, chez nous l'égalité des sexes c'est surtout vrai pour moi, parce que lui aurait toutes les raisons de se sentir spolié".

Et puis on se retrouve chez Darty pour cause d'appareils électro-ménagers qui jouent les indignés. Et après avoir mesuré dix fois le frigo américain qui distribue de la glace pilée – l'équivalent pour moi de la Rolex pour Sarkozy – et eu la confirmation que y'a pas photo, jamais il ne logera dans notre cuisine, on se rabat sur les robots magimix, vu que le vieux qu'on avait a rendu l'âme lui aussi (je vous dis, ils se croient sur la place de Catalogne à Barcelone, tous).

Et là, on s'entend dire sans aucun second degré, mais vraiment zéro, hein, par notre féministe de mari que si on veut vraiment ce modèle à 300 euros, "ça peut être une bonne idée que ta mère et ta soeur te l'offrent pour Noël". Devant mes yeux effarés il s'enfonce: "quoi, tu préfères que ce soit moi qui te l'offre ? Je pensais que tu le prendrais mal. Mais si tu y tiens, je te l'achète".

Re-yeux furibards, re-incompréhension, début de panique du mec aussi désemparé qu'une poule devant un joint de culasse: "Je… ok je te l'achète aujourd'hui, pas la peine de trouver une raison pour te faire un cadeau, tu vas l'avoir dès aujourd'hui, en plus ça me fait plaisir". (regard du condamné qui semble hurler "j'ai bon là,j'ai bon ?)

Pleine conscience, mon corps est une île et je nage dans un océan de béatitude.

Grande inspiration, puis:

– Et demain tu m'offriras une poubelle ? Et… Ahhhh… Et tu pourras aussi m'offrir des sacs pour l'aspirateur ? Hein, tu crois ? Oh et si tu m'offrais du PQ, on n'en a plus ? Hiiiin tu crois que tu pourrais pousser jusqu'à m'acheter du sopalin ?

Toujours pas une étincelle laissant entrevoir un début de compréhension.

"Putain mais quoi à la fin ? Ok achète le toi si ça te défrise que je te l'offre !"

Je crois que même après que je lui ai expliqué que l'idée c'était tout de même avant tout de faire la bouffe pour cinq tous les jours et que oui j'avais besoin de ce robot mais que ce qui me gênait c'était qu'il considère ça comme un cadeau qu'il ME faisait alors qu'en réalité c'était un achat utile pour toute la famille, du même acabit qu'un aspirateur, un tire-bouchon ou une poële anti-adhésive, il n'a pas compris. Enfin c'est ce que m'a laissé pensé sa dernière réplique:

"Mais puisque je te dis que je vais te l'acheter !"

Résultat on n'a ni frigo ni robot et encore moins de four à chaleur tournante. Et on s'est pourris chez Darty. 

Le baiser de la lune

Hier soir, on s’est fait un resto en amoureux, le campoloro, conseillé par Nathalie sur ces pages. (on pourrait croire à me lire que je passe mon temps en terrasse, en réalité ce n’était que la 3ème fois en trois semaines). L’endroit est féerique, niché au creux d’une plage, loin de toute idée de ville. La cuisine, corse, y est succulente et le service adorable. A la fin du repas, on a assisté au lever de la lune sur la mer. D’abord un léger halo rouge au loin, puis, minute après minute, l’astre a grossi, il semblait sortir de l’eau. Nous nous sommes approchés du rivage, sur cette plage bordée par les pins et les roseaux, et nous nous sommes embrassés. Un instant parfait, au clair de lune. S’il ne fallait retenir que quelques minutes de ces vacances, je crois que ce seraient celles ci.

La photo est floue, mais j’en aime le rire.

Le baiser de la lune

Happy birthday, El Churros

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15 ans d'amour et son anniversaire qui tombe en même temps. Enfin, moi je date de ce jour là le début de notre relation, parce que le premier mois fut un peu cahotique. Monsieur sortait d'une histoire difficile, il n'était "pas certain de vouloir s'engager" (= si tu m'envoies un micro signe qui pourrait me laisser imaginer que tu vas t'installer chez moi, je déménage et je change d'identité). On a cassé, donc, et puis à grands renforts de stratagèmes grossiers ("Allo, je sais que c'est terminé, mais j'ai 'oublié' une bague chez toi, j'y tiens à mort, elle appartenait à mon arrière-grand mère qui la tenait elle même de son aïeule (cadeau Blancheporte, 1992) on se retrouve ce soir, tu me la rends et adios, ok ?"), je suis parvenue à le récupérer in extremis. (apparté: merci mère nature d'avoir fait les garçons un peu cons)

S'en est suivie une quinzaine de jours pendant lesquels on était ensemble, d'accord, mais on le garde pour nous. "Mais tu viens tout de même à ma fête d'annif, juste pour l'instant je préfère que mes amis ne sachent pas, trop compliqué avec mon ex".

Et moi, partagée entre l'envie de l'envoyer chier une bonne fois pour toutes – être la fille qu'on cache, mon ego ne s'en remettait pas trop – et celle d'écouter cette petite voix qui me murmurait qu'il y avait moyen de faire un bout de chemin avec ce garçon aux cheveux longs, j'ai finalement rappliqué à sa sauterie.

Je me souviens de cette première partie de soirée à se reluquer, à se frôler, tout en prenant garde à ne pas se faire pincer.

Et puis sur les coups de minuit, dans ce studio où la fête battait son plein, alors que j'étais plantée au beau milieu de ses copains, El Churros m'a roulé le plus long patin de l'histoire du patin.

Voilà pourquoi je date nos débuts de ce moment là. Aussi parce qu'en vérité, je ne suis pas sûre du jour où on s'est embrassés pour la première fois. Mais ça, merci de le garder pour vous, ça fait quinze ans que je le pourris parce qu'il est infichu de s'en souvenir, alors que moi, bien sûr, je SAIS.

Bon anniversaire, Churros chéri.

"Et maintenant, qu'est-ce qu'on fait ? Maintenant ? On voyage…"

Valentine’s day my ass. (avec un peu d’Amber and the dude inside)

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On est donc le 14 février. Le jour des coeurs partout, de l'amour, amour, qu'on aime tant.

Problème: depuis quinze ans qu'on se fréquente le churros et moi, le 14 février est en général un jour de sacrées engueulades.

A savoir qu'El churros est un rebelle. Il est contre la saint-valentin. Ce qui en soi ne me pose pas un problème majeur, j'avoue ne pas être non plus une afficionada de la cause. Tout ce qui est commercial, réjouissances imposées et patin coufin…

Mais, je vous le demande, est-ce bien nécessaire, sous prétexte d'affirmer haut et fort son originalité et sa différence, d'être particulièrement infect tous les 14 février ?

Non. Nécessaire, ce n'est pas.

Bref, je ne surkiffe pas la saint-valentin parce qu'au fil des années, je redoute tellement le clash que je dois admettre avoir été parfois à l'origine de quelques uns d'entre eux. "J'ai vieilli, c'est ça ? Dis-le. Dis-le que je suis trop grosse. Je le savais. Va mourir".

Je crois, si je veux être honnête, que si je prends aussi mal cette application du Churros à ne PAS me fêter mon valentine's day, c'est parce qu'avant de le rencontrer, j'en ai grave chié sur le parcours sinueux de l'amour.

Attends, attends, attends. Je t'entends, toi, là bas, me dire que tout le monde a eu sa petite traversée du désert et qu'on ne va pas non plus s'apitoyer.

Je tiens à éclaircir ce point, quand même. Ce n'est pas une banale traversée que j'ai fait. Non. c'est le désert qui est venu à moi. J'étais le désert. Je veux dire, à un moment j'ai eu peur que ça se REFERME.

Pendant tous ces longs hivers de famine sentimentale, j'ai dégueulé sur ces connards de couples débiles qui se léchaient la pomme dans les restos tous les 14 février. Alors que y'avait fort à parier que bobonne, là, avec son air réjoui devant son baba a rhum frelaté, était cocue comme cochon. Et que ces deux là, qui semblaient si joyeux, n'avaient pas baisés depuis trois ans. Tu parles d'une fête de l'amour, tiens.

Comme je les haïssais, ces couples, qui me rappelaient que j'étais seule. (note pour plus tard: je tiens peut-être une bonne chanson).

Bien évidemment, je ne pensais pas un traitre de mot de tout ça. Je ne faisais, à l'intérieur de mon coeur déshydraté (métaphore filée), que rêver au jour béni où moi aussi, la main dans la main et les yeux dans les yeux, je boirais le coktail maison au litchee et manquerais m'étrangler avec ma bague Maty cachée dans le fond de ma coupe par l'élu de mon coeur.

C'est comme le reste, en somme, on est contre jusqu'à ce qu'on ait la possibilité d'y goûter. Je veux dire, les femmes enceintes, ça gonfle sévère jusqu'à ce que le test soit positif. Les récits d'accouchement, on jure que jamais on n'y participera, sauf qu'après avoir vécu l'enfer, on en crèverait de pouvoir le raconter avec détails savoureux du sol au plafond. Comme les squares, avant d'avoir son nain, on retient sa respiration quand on passe devant, alors qu'après…

… Non, les squares ça marche pas, en fait.

Bah, vous m'aurez comprise, derrière ce sujet apparemment futile, mon message du jour c'était que les convictions résistent rarement à l'épreuve de la réalité.

Toujours est-il qu'aujourd'hui, j'ai décidé de prendre les choses en main. Il ne veut pas de la saint valentin ? Ok, chacun sa merde. Ça ne m'empêchera pas de prendre une baby-sitter et de lui filer rencard au Floors (au churros, pas à la baby-sitter), où parait-il les burgers sont à mourir de plaisir. Même qu'on en profitera pour admirer les photos de Zoé Kovacs. Zoé qui ? Si, en vrai vous la connaissez un peu. C'est elle qui shoote Amber and the Dude et dont les flyers et affiches ont souvent attiré votre attention. Cette filles, je ne la connais pas très bien mais quelque chose me dit qu'on va en entendre parler. Elle a un univers, comme elle dirait, Lio. Ce soir, elle expose au Floors et dans la foulée, Amber et Dude vont chanter. Moi je dis, c'est encore la meilleure façon de la fêter, cette journée. Entourée de gentilles, jolies et joyeuses personnes et en musique. Si en plus y'a moyen de lécher la pomme du churros et qu'il ait le goût de cheesecake, c'est royal au bar.

Bonne journée aux amoureux, aux déçus de l'amour et aux laissés pour compte de ce batard de cupidon. A ces derniers, je souhaite que la roue tourne et que demain, après-demain ou l'année prochaine, ils aient une pomme à lécher. 

Lapins, bourses et dragons

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"2011, c'est l'année du lapin, tu savais ?", m'a dit le churros dimanche alors que nous constations que sur l'avenue de Choisy, les décorations du nouvel an chinois étaient installées.

Et de continuer: "L'année dernière, c'était l'année du dragon. Le dragon, c'est l'argent. Les financiers étaient contents. Alors que là, tu vois, le lapin c'est l'instabilité. C'est normal, le lapin saute partout, tu comprends. Du coup, je peux te dire qu'en Chine où ils croient vachement à ces trucs là, ils ont les foies. Qui dit instabilité, dit pétage de plombs des bourses."

"En somme, tu vois, toi, tu es très lapin", il a ajouté, après un court silence.

Depuis, je réfléchis beaucoup et à l'heure qu'il est je n'arrive toujours pas à savoir s'il parlait de ma démission où s'il me faisait des allusions subtiles à un autre type de bourses que celles de Wall Street ou du palais Brogniart.

Quoi qu'il en soit, il parait que c'est aujourd'hui, l'année du lapin, alors je vous la souhaite bondissante et instable, pleine de bourses qui s'éclatent.

Edit: Je SAIS que ce n'est pas un lapin en photo. Je n'avais rien de mieux sous la main. Et puis les biches, ça sautille aussi, non ?

Histoire d’esthéticienne

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Ce matin, le churros s'est réveillé avec ce petit truc en plus qui fait tout son charme (non, il n'avait pas planté la tente sous la couette. Enfin, si, mais ce n'est pas de ça qu'il s'agit).

Alors que je ralais contre l'esthéticienne qui ne sait visiblement pas ce qu'est un triangle isocèle, il a demandé, la bouche encore pateuse de sommeil:

"Tu crois qu'il y a beaucoup de lesbiennes chez les esthéticiennes ?". J'ai le regret de vous confirmer que dans sa voix il y avait quelque chose proche de l'excitation. Pas "proche de", à bien y réfléchir. Il y avait de l'érection dans sa voix.

D'ailleurs, c'est juste après qu'il a planté sa tente.

Edit: Non, je ne fais pas le pont. Au sens propre, comme au sens figuré.

Edit2: En fait il ne s'est pas arrêté là. Alors que j'étais en body, en train de mettre mon collant, il a rouvert un oeil torve et marmonné: "t'as mis ton body ? ça fait quand même vachement pute". Je ne sais pas ce qui m'a le plus agacée. Me faire traiter de pute ou le fait que dans sa bouche ce soit un compliment.

Edit3: Non, mais à part ça, il a quelques qualités.

Edit4: Le fait que là tout de suite je n'arrive pas à en citer une ne veut rien dire.

 

De la mode

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Dimanche, après la soirée, le churros et moi on a eu une vraie conversation comme un couple devrait en avoir plus souvent. Je veux dire, un mari c'est bien sûr un amant, mais aussi un ami, un confident.

ça donnait à peu près ça:

– Je me demande si tout de même ce pantalon en cuir me va si bien, tu vois. Je veux dire, j'ai l'impression qu'il me serre au ventre et que je ne devrais pas le porter avec un truc court au dessus. En plus, ils le disent dans les magazines, il faut décaler les fringues. Genre un fut en cuir, tu le portes avec un haut un peu classique, une chemise blanche. La chemise blanche, Garance elle dit que c'est la nouvelle robe noire. J'aurais du twister mon pantalon, en somme. Et au lieu de ça, qu'est-ce que je fais ? Je le mets avec un tee-shirt rock. N'importe quoi. C'est là que tu vois les filles qui en sont et les filles qui essaient d'en être. Je vais acheter une chemise blanche, c'est tout. C'est un investissement sur l'avenir, en plus. Un basique. J'en manque, de basiques. Or c'est la base. Base, basique, c'est pourtant évident. Je suis dégoutée, j'étais à ça de cartonner et pof, je gâche tout avec ce tee-shirt complètement premier degré. C'est d'autant plus con qu'à part ça, je ne veux pas dire, mais il déchire mon cuir. Même si j'aurais du le twister, on est d'accord, merci. Bon, il est un peu trop long, aussi. Ou ce sont mes jambes qui sont trop petites. Je suis hypotrophiée des jambes. Et ça, je ne peux rien y faire. Quoi que j'essaie, je fais cul de jatte, c'est tout. Je vois bien que tu le penses aussi mais que tu n'oses pas le dire tout haut. Tu sors avec une courte sur pattes. Dommage pour toi. J'aurais du mettre des talons de 12, quitte à souffrir comme une chienne toute la soirée. Là j'aurais eu tout juste. Des talons de 12 et une chemise blanche. Tu crois pas ?

Hein, tu crois pas que ça serait mieux ? Tu dis rien parce que tu t'en fous ou parce que tu n'oses pas me dire que c'était super moche ma tenue ? Tu aurais préféré avec une chemise, j'en étais sûre.

– Non non, mais mon truc, moi tu sais, c'est surtout les seins.

Dimanche, en fait, je rectifie, j'ai fais un grand pas dans ma vie de couple. J'ai enfin compris qu'un mari c'est tout SAUF une copine. Et aussi, accessoirement, que du moment que je fais open-bar au niveau du décolleté il s'en tamponne de ce que je porte en dessous du nombril. Vu comme ça la mode c'est un jeu d'enfant.

 

Les brocanteurs du dimanche

 

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"Tiens samedi, il y a un vide-grenier en bas de notre tour, on prend un stand, ça vous dit d'en avoir un aussi ?", me demande ma copine Zaz mercredi dernier entre deux spéculoos trempés dans notre earl grey.

Moi, sans trop réfléchir, je réponds que bah ouais, pourquoi pas, c'est pas comme si on n'était pas envahis par une quantité infinie d'objets non utilisés. Et puis jouer à la marchande avec ma copine et les marmots, ça fait partie des trucs qui m'apparaissent comme étant trop cools à faire.

Seule petite ombre au tableau, me dis-je, une fois Zaz partie, la réaction à venir du churros. Qui ne goûte pas particulièrement les ambiances kermesse et compagnie.

Comme quoi même après 15 ans d'amour, on peut se tromper sur les gens. A savoir qu'au lieu de faire la grimace, le churros s'est montré très enthousiaste.

Très.

Trop.

C'est à dire que dans mon esprit à moi, dans "faire un vide-grenier avec ma copine", c'est surtout la deuxième partie de la phrase qui importe. Autrement dit, manger une merguez, boire des planteurs, fumer des clopes et de temps en temps encaisser la monnaie en échange de deux trois sapes devenues trop grandes et d'éventuellement quelques jouets perdus pour la cause.

Grave erreur d'appréciation. Pour le churros, maniaque de la poubelle et roi des encombrants, "vide-grenier" = occasion unique et inespérée de se débarrasser de… tout.

Quand j'ai vu cette drôle de lueur s'allumer dans ses yeux, j'ai eu le pressentiment d'avoir ouvert la boîte de pandore. Quand il a commencé à étiqueter la chaise haute de Rose (qu'on nous a DONNÉE), le four à micro-ondes, le baby-cook et mon tire-lait*, j'ai compris que j'avais créé un monstre.

Je ne plaisante pas, il s'en est fallu de peu qu'il appelle les déménageurs bretons et qu'il se renseigne sur les prix d'un groupe électrogène pour "optimiser" notre stand. En fait je l'ignorais mais je vis avec Victor Lanoux.

Bref, autant être clair, ce qui s'annonçait comme une partie de plaisir a pris un tout autre tour quand le churros a réalisé 1) que je n'avais absolument pas l'intention de passer mes soirées à fignoler un plan d'action pour faire de ce vide-grenier une opération 100% réussie, 2) que plutôt crever que de me séparer de mon mixeur-blendeur au simple prétexte qu'il ne marche pas et que 3) ni ses enfants ni moi ne semblaient motivés à l'idée de faire le tri de tout ce qu'il y a d'inutile dans la cave.

Cave qui est au demeurant SON endroit, dans lequel tout ce qui traîne est susceptible d'échouer, de préférence MES affaires et encore c'est quand j'ai de la chance la plupart du temps c'est la poubelle direct.

De plan de bataille il n'y a donc point eu (ne jamais sous-estimer ma force d'inertie) et nous sommes finalement partis de chez nous à 10h du matin (la brocante démarrait à 9h et zaz avait déjà plié comme il faut sur sa table tous ses tee petit-bateau à 1 euro), chargés comme des baudets de montagnes de fringues, d'un bon millier de petites voitures et d'un ensemble assez hétéroclite de marchandises, allant de la lampe de bureau cassée au porte bébé, en passant par des figurines mac-do sans piles. C'est simple, on n'avait pas intérêt à croiser Brice, parce que c'était un aller-simple pour Bucarest et suppression de passeports dans la foulée. Tout ça avec une helmut couverte d'un urticaire géant du plus bel effet et hurlant à la mort parce qu'elle venait de se voir refuser le droit de porter une caisse de legos plus grosse qu'elle pendant les 100 mètres séparant de notre domicile – désormais vide – du vide grenier.

Après s'être étripés en public au motif que tout de même j'aurais pu préparer ça un peu mieux à mes heures perdues (gné ?), on a fini par trouver de la place pour notre bardas. On a ensuite flingué la réserve de post-it de Zaz en s'engueulant à nouveau pour décider des prix auxquels on allait assurément vendre toutes nos merdes. Les "merdes" étant comme de bien entendu MES affaires, estimées par mon futur ex mari à moins de 2 euros le kilo, quand le sabre laser star-wars, lui, valait au bas mot 10 euros (et nous est donc resté sur les bras pour le plus grand bonheur du machin qui l'a d'ailleurs consciencieusement planqué tout au long de la journée). Ok, j'ai fait pareil avec les bodys de Rose. Et mon baby-cook.

Etrangement, une fois tout déchargé, le surinvestissement dont avait fait preuve le churros a fondu comme neige au soleil. Plus exactement, c'est le churros lui même qui s'est volatilisé, accompagnant le roi des nachos (le churros à Zaz) boire un café, puis une bière, puis un coca, etc. En gros, il avait accompli sa mission, à savoir vider notre appartement et m'engueuler. Le reste m'appartenait

Cela dit, j'avoue, j'ai rapidement été prise par le virus de la vente. En même temps, à 5 euros la veste en jean (ma pièce la plus chère) et 20 centimes la petite voiture, je n'ai pas grand mérite. Ma copine Zaz fulminait un peu – la pauvre elle a beaucoup moins la fibre que moi, on a ça dans le sang ou on l'a pas – mais au final a fait à peu près la même recette que nous en vendant dix fois moins d'objets.

A bien y réfléchir je crois qu'elle est en réalité juste beaucoup plus redoutable que moi. Sa tête quand elle est revenue et que je lui ai annoncé fièrement voir vendu sa chemise gap à 2 euros, je ne vous dis pas.

A un moment il a fallu qu'on m'arrête parce que j'étais à ça de bazarder Rose pour 50 centimes. Morve et urticaire compris.

Au final, on est revenus chez nous un poil moins chargés avec une caisse renfermant un butin de 97,20 euros. Une fortune, quoi.

Problème: le churros nous a déjà inscrits à celle de la semaine prochaine et cherche un moyen d'automatiser une partie des procédures. Je vous dis, je crois que j'ai mis le doigt dans quelque chose qui me dépasse.

* Je sais, j'ai pris beaucoup de distance avec tout ce qui est deuil de la maternité, de l'allaitement et compagnie. Le premier qui tente de se débarrasser de mon tire-lait, de mes soutiens gorges d'allaitement et même de mes culottes de grossesse je lui casse sa gueule.

Allez, je vous laisse en photos, histoire de prouver que les grands sont toujours et à vie des petits, et que oui, le stand à Zaz était un poil plus ordonné que le notre. Et je vous avertis que je ne répondrai pas beaucoup aux commentaires today pour cause de déplacement dans la ville des pâtes à la viande et à la tomate. Yes, today et domani, je suis à Bologne, en Italie.

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