Alors ça y'est, nous y sommes. Depuis samedi 30 juin, la vie conjugale a commencé. Je sais que vous attendez un récit minuté de cette journée. Mais je ne suis pas sûre d'y arriver. J'ai eu la sensation d'être prise dans un tourbillon d'émotions contradictoires sans parvenir à m'en extirper. Je crois comprendre très exactement ce que signifie "vivre les choses de l'intérieur". Et dans ce cas, les raconter devient très compliqué.
Bref, voici quelques instants des 24h de la vie d'une femme… mariée.
Je me souviendrai de la nuit d'avant, seule dans mon lit – l'homme avait été envoyé manu militari chez mamie parce que ce n'est pas parce que ma virginité n'est qu'un très lointain souvenir qu'il faut faire fi des règles élémentaires du mariage réussi – à tourner, retourner et encore retourner sans parvenir à fermer l'oeil.
Je me souviendrai de ce brushing aux aurores dans un petit salon de coiffure, accompagnée de la fée Baboux, ma coach cheveux du jour et de ma Mimi, témoin de mon coeur. Telle super Nanny, Baboux a commandé trois brush "Jenifer Aniston" en prévenant qu'elle ne tolérerait aucune boucle, aucune fioriture. "Du lisse, du lisse, du lisse". La coiffeuse a réfréné ses envies de chignons dégoulinant et a, à regrets, lissé, lissé, lissé. On est ressorties toutes les trois, des Lucy Liu triomphantes et raides du tif.
Je me souviendrai de l'homme qui dix minutes avant de partir à la mairie a vraiment pensé qu'il avait oublié à Paris la moitié de son costume, le fameux Smalto à cent mille euros. Il fallait le voir, chemisé et cravaté, courant partout en pleurant qu'il avait perdu son pantalon.
Je me souviendrai de la ruche de filles dans la maison de mes parents, hésitant entre deux ou trois robes, quatre ou cinq paires de chaussures et une douzaine de blush différents. Au final, elles étaient toutes magnifiques bien sûr.
Je me souviendrai de la fée Baboux censée apporter la touche finale à ma non-coiffure en y piquant délicatement une rose de dentelle et de plumes. Dans une minuscule salle de bain bondée de filles bourdonnantes, Baboux a frolé le nervous breakdown. "Non, tu devrais la mettre tête en bas", "non, plutôt à gauche", "tu rigoles ? à droite !", "Personnellement je n'en mettrais pas c'est ridicule", "Ouh là là, on voit mon oreille là, c'est atroce, mon oreille est gigantesque, je souffre d'une hypertrophie de l'oreille, je ne me marierai pas avec une oreille pareille que dieu m'en soit témoin". Pour finir, l'aigrette a été épinglée à droite, tête en haut et c'était magnifique, même si forcément, mon oreille… bref.
Je me souviendrai du laçage de Mimi, impeccable, ponctué d'exclamations "non mais c'est dinnnnnnnnnngue, jamais j'avais pu serrer autant, ça se TOUCHE ! Tu as fondu ma parole !". Mimi, c'est toi que je veux épouser.
Je me souviendrai de ma Zaz, magicienne des fleurs, qui m'a offert un bouquet de passiflore, roses de jardins, pois de senteurs et noisettes – si si, noisettes - fabriqué entre deux tétées d'une Lilas adorable. C'est le plus beau bouquet de mariée que je n'ai jamais vu, Zaz, il est dans mon coeur et je n'en oublierai jamais le parfum.
Je me souviendrai du maquillage parfait, réalisé par H la mystérieuse…
Je me souviendrai de la voiture Jaune décapotable, de son beau chauffeur et de Maud dans sa mousseline vert d'eau qui derrière tenait mes cheveux pour que Jennifer Aniston ne se tranforme pas en Bonnie Tyler.
Je me souviendrai de ces Oui échangés sans l'ombre d'un doute ni les larmes redoutées, entourée de ma toute petite fille dans sa robe rose et de mon grand garçon, chemise blanche et jean de cow-boy, qui demanda ensuite à ma mamie si elle se rappelait du mariage de ses propres parents…
Je me souviendrai de ce baiser si doux et de tous ces regards bienveillants.
Je me souviendrai des larmes de Zaz. De celles de Delphine et de Marie-Caro.
Je me souviendrai que certains étaient venus du Danemark, juste pour nous, et que les voir si beaux, si fidèles à eux-mêmes après toutes ces années, c'était le plus beau cadeau.
Je me souviendrai de ce petit lien de fil rosé prêté par ma Béa parce que tout de même, la tradition quoi. Béa, c'était doux de t'avoir au poignet.
Je me souviendrai de ce petit de toi qui te ressemble tant mon dieu et de tous ceux qui l'entourent, comme autant d'anges gardiens.
Je me souviendrai de la voix chevrotante de mes petits qui avaient décidé de nous offrir une poésie, devant une assemblée toute ouïe.
Je me souviendrai d'une ronde enchantée.
Je me souviendrai du lamé de Chloé, Va va va va vroum !!!
Je me souviendrai que j'ai manqué mourir des pieds parce qu'en réalité je n'étais vraiment pas bien dans mes chaussures. Alors j'ai mis d'horribles sabots rembourés qui ne se voyaient même pas sous la robe.
Je me souviendrai de la première danse avec mon père, "my baby don't care for me". Si si, je care for you, daddy.
Je me souviendrai de ce jardin rose allumé aux bougies, de ce paradis de verdure. Merci maman.
Je me souviendrai de danses sous les étoiles, d'un soleil radieux, de la douceur de vos visages, de tout cet amour, de cette bulle hors du temps, de ces rires en cascades, toujours au bord des larmes parce que c'en est parfois douloureux de s'aimer autant.
Je me souviendrai que j'ai pensé à vous, lecteurs et lectrices de l'ombre, qui ne nous avez pas quittés non plus cette journée. Vos messages et vos incantations au soleil ont forcément joué dans le fait que le ciel a été notre allié.
A tous, je ne saurai dire autre chose qu'un grand merci.
Je me souviendrai de l'homme et de ses bras lors de la dernière danse, sur "Senorita", alors que l'aube se levait.
Edit: Je n'ai pas encore récupéré les photos mais promis promis promis…
Edit 2: Je me souviendrai aussi de Mère Grand. Je ne l'ai volontairement pas mentionnée par discretion. Mais je réalise qu'elle pourrait s'en affecter. Alors voilà, quelle émotion de voir ce visage sur cette petite place baignée de soleil… Merci Mère grand.