Plus que cette photo, j’aime le souvenir du moment où elle a été prise. C’était notre dernier soir à Cadaquès, ultime promenade depuis l’hôtel jusqu’au centre du village, dernière « golden hour », instant magique où la lumière nous rend tous beaux, plus dorés qu’après n’importe quel bain de soleil. L’une des choses que je préfère en vacances, c’est ce rituel de fin de journée, la douche, les huiles prodigieuses ou laits hydratants qui sentent le patchouli, la fleur d’oranger ou le monoï, la tenue plus habillée que l’on passe, les bracelets qui tintent, tout cela pour honorer ce qui reste tout de même la meilleure invention de l’homme après le wifi: l’apéritif.
Je ne suis pas de celles qui passent des heures dans leur salle de bain, le matin je plie ça en cinq minutes, je ne fais jamais de gommages du corps, je n’hydrate jamais mes jambes, je peux porter du vernis écaillé durant trois ou quatre jours, en ayant honte, certes, mais pas assez pour trouver le courage d’aller acheter du dissolvant. Je ne dis pas que tout cela ne m’intéresse pas, j’imagine qu’il m’a fallu beaucoup d’années pour consentir à m’accorder un peu d’attention, à admettre que je le méritais un peu. Mais si j’ai « progressé », je reste en dessous de la moyenne. Sauf peut-être l’été, donc, après avoir fait la crêpe sur le sable et perdu ma dignité au moment même où je me suis assise en tailleur pour faire des pâtés. Ces jours là, je prends, depuis toujours, plaisir à ce qui n’est souvent qu’une corvée pour moi: m’apprêter. En lire plus »