Mois : mars 2007

Se donner la permission d’être belle

Hier soir, je l'ai reçue. Ma petite robe noire. "Encore une", vous
allez me dire. Oui enfin bon, c'est la deuxième. La deuxième de toute
ma vie, ou presque. Alors je crois que ça va, je ne suis pas encore
gagnée par l'addiction au shopping de petite robe noire. En même temps,
quelque part, vous avez le droit de vous en fiche, du nombre de robes
noires que j'ai dans ma penderie qui d'ailleurs, soit dit en passant,
est tout en bordel.

Ouais mais pas de bol, je vais quand même vous en parler un peu.

Pourquoi ?

Parce que pendant des années, l'idée même de m'acheter une robe,
c'était carrément du domaine du "laisse tomber ça m'ira jamais".

"Robe" ça voulait dire mince. Ou grande. Ou belle.

Et moi, pof, pas de bol, j'étais grosse, petite et moche. Et une
garnison de militaires en rut aurait pu me dire le contraire je ne les
aurais pas crus. En même temps, ma comparaison est totalement naze
parce que des militaires en rut ont à mon avis tendance à ne pas faire
les difficiles. Du coup ç'aurait été normal de ne pas les croire. Bref.
Vous me comprenez.

Donc tout ça pour dire que mon uniforme, c'était jean et pull large.
Pull sur lequel je passais mon temps à tirer. Pour cacher ce ventre que
j'aurais voulu m'arracher à mains nues. Sauf que c'est bien connu, plus
on tire sur son pull, plus on montre ce qu'on cherche à dissimuler.

Forcément, avec une tenue aussi sexy, autant vous dire que je
faisais des ravages. Disons que c'était un peu comme si j'avais écrit
"je suis grosse, ne vous approchez pas" sur mon front. Non parce que
même une fille à peine ronde, vous lui mettez un gros pull détendu sur
un jean informe, elle prend dix kilos.

Et puis, et puis… Plein de choses se sont passées, dans ma tête,
et dans ma vie. Attention, je ne me suis pas réveillée un matin en me
disant que j'emmerdais mes kilos et la société. ça s'est fait plus
progressivement, mais là je vous raconte vraiment ma vie et y'a des
limites, après on finit chez Delarue. Et en ce moment, parait qu'il
n'est pas des plus fréquentables.

Donc pour résumer, ce qui s'est passé, c'est que je me suis donné petit à petit la permission.

La permission d'être féminine.

Même avec un poids plus élevé que le chiffre après la virgule de ma taille.

Beaucoup plus élevé.

La permission aussi d'être belle. J'ai alors osé les décolletés. Les jupes fendues. Les hauts près du corps. Le blond.

Les talons également. On a pas idée comme les talons ça change une
femme. C'est simple, les talons, c'est comme le string, quand on en
porte, on se sent torride, d'un coup.

Bon, que les choses soient claires, il me reste un long chemin à
faire. Et puis je sais aussi que ça ne sera jamais totalement évident.

Il n'empêche qu'il y a trois jours, j'ai fait un truc dont je rêvais
depuis longtemps mais que je n'osais pas. Un truc qui était aussi
jusque là du domaine du "laisse tomber, ça va pas m'aller".

Un truc pas non plus super délirant, qui va peut-être même vous sembler bien dérisoire.

J'ai commandé un des vêtements qui sont proposés à la fin du Elle.
Une robe noire, en coton, taille empire. Exactement celle que je
voulais dans mes rêves. Bien sûr, j'ai pris la taille 4, la plus
grande. Persuadée que ce serait trop petit, mais tant pis, pour une
fois j'aurais osé.

Hier soir, je l'ai reçue. C'est un amour de robe. Chère, tout de
même. Mais après tout, j'ai écrit un livre non ? Alors j'ai le droit,
je me suis dit. Le truc dingue ? Je l'ai essayée et elle me va. Comme
quoi, hein ?

Quand je dis que c'est un amour de robe, je n'exagère pas. Elle
souligne mes seins et du coup, elle tombe sans coller le reste.
Surtout, elle n'a pas de bouton à fermer, elle ne m'oblige pas à
rentrer mon ventre et il n'y a pas de problème d'ourlet, avec elle.

En somme, elle est beaucoup moins con qu'un pantalon.

Edit: Mon histoire est un peu longue. Mais je
voulais juste vous dire: osez les filles. Donnez vous la permission
vous aussi. Parce que personne ne le fera pour vous.

Edit (2): Les garçons aussi, osez. La petite robe noire ou tout ce que vous voulez, on s'en fiche. L'essentiel, c'est de se l'autoriser.

Edit (3): La robe est .
Je précise que je n'ai pas d'actions chez Elle boutique. M'enfin, si
plein de filles l'achètent, chais pas, madame Elle boutique, un ptit
quelque chose, ça serait pas de refus…

Et toi, tu jouis ?

C'est un joli petit livre, avec sur la couverture deux appétissantes
cerises. Le titre ? "Les deux extases sexuelles: la jouissance et
l'orgasme". Il m'a été envoyé par une fidèle lectrice, qui se demandait
si éventuellement je pourrais le "chroniquer" – j'adore dire
"chroniquer", j'ai l'impression d'être Michel Field, c'est trop trop
cool de se la péter comme ça -, parce que c'est un de ses amis qui l'a
écrit.

Je ne suis pas, contrairement aux apparences qui certes jouent
contre moi, une spécialiste du sexe. Du coup, la lecture a été très
instructive.

J'aime l'idée défendue par l'auteur, selon laquelle on peut jouir
sans parvenir à l'orgasme et inversement avoir un orgasme rapide sans
jouissance avant ou après. j'aime l'idée que certaines ont besoin de
jouir avant d'accueillir l'homme et que d'autres justement voient dans
la petite mort un aboutissement.

J'aime aussi l'idée qu'un homme s'intéresse au plaisir de la femme
et tente d'en faire le tour, au point d'en écrire un livre. Dans lequel
il parle aussi des hommes, parce que sans ça ce ne serait pas très
intéressant.

Non mais vraiment, on apprend plein de choses dans ce petit ouvrage.
Par exemple que le clitoris a disparu des manuel d'anatomie vers 1900
et qu'il a fallu attendre 1998 et les travaux d'une urologue
australienne pour retrouver la description anatomique complète de notre
petit bouton qui en vrai n'est pas si petit puisqu'il se prolonge de 10
cm à l'intérieur de notre corps à nous.

A la fin du XIXème siècle, le mot clitoris avait également
complètement disparu du vocabulaire, ce qui fait dire à l'auteur qu'on
a finalement assisté à une excision psychique des femmes à ce moment
là. Avec une conséquence: la disparition de l'orgasme féminin. Faut pas
s'étonner qu'on soit encore un peu compliquées à ce niveau là, moi je
dis. On a pas mal de temps à rattraper, non ?

Bon, bref, voilà, Jean-Claude Picquard est l'auteur d'un livre
d'utilité publique, qui retrace l'histoire de la jouissance, qui
réhabilite notre droit à prendre du plaisir et pas forcément grace au
sacro saint sabre laser de nos hommes des bois.

Ben oui, désolée, mais quand il s'agit de nous faire grimper aux
rideaux, parfois, nos doux agneaux redeviennent des hommes de bois.
Parfois pour notre plus grand plaisir, parfois… non.

Pour en savoir plus: http://www.piquard.eu/presse_piquard_deux_extases_sexuelles.html

No comment

Pour une fois, je vais être très très brève. Parce que franchement,
il y a des images qui se passent de commentaires, non ? Voilà, c'était
mon cadeau du vendredi, docteur Mamour for you.

patrick_dempsey1

Pour info, y'en a plein d'autres là: http://www.people.com/

Sinon, 3615 je fais ma pub, le blog "Un livre un jour"
consacre une série d'interviews sur la collection "On n'est pas des
courges" à laquelle j'ai modestement contribué. Ce blog collaboratif
est d'ailleurs en lui même très intéressant.

Adieu mon sommeil

Depuis quelques
jours, mes enfants, chair de ma chair, sont chez mes parents. Bon,
certes, ils ont aujourd'hui six ans et du coup, ces vacances si elles
sont appréciables n'ont rien à voir avec celles que leur absence
représentait il y a quelque temps.

En effet, les
premières années, les voir s'en aller c'était comment dire… un peu
comme si Jack Bauer se voyait offrir une semaine de congé au club med
avec l'assurance de n'avoir aucun complot terroriste à déjouer. Vous
pensez que j'exagère ? Ha! J'aurais aimé vous y voir, tiens.

Pourquoi ?

Je vais vous dire
pourquoi. Parce que malgré toutes nos prières, les incantations à la
vierge du sommeil, et malgré même le whisky glissé dans les biberons le
soir – naaaaaaaaan je rigole – j'ai donné naissance à une insomniaque
en herbe. Vous me direz, une sur deux, c'est pas si terrible.

Sauf que si.

En fait, terrible, c'est pas le mot. Même que là tout de suite, le mot je ne le trouve pas.

Je sais, je suis
volontairement grave. Mais c'est parce que je me dois, en tant que
mère, en tant que femme mature et expérimentée, de vous mettre en
garde, vous les pas encore mamans qui caresseraient le rêve de donner
un jour naissance à un charmant bambin.

Je ne veux pas
vous décourager hein ? Mais il faut tout de même être averti avant de
prendre ce genre de décision. Et la vérité c'est que les enfants vous
pourrissent le sommeil.

VOLONTAIREMENT.

Vos nuits
auparavant tranquilles ne seront plus jamais les mêmes. Passées les
premières semaines où il vous faudra nourrir et changer votre petit
amour – quoi que personnellement, j'ai rapidement décidé de
laisser mes chéris baigner dans leur caca la nuit, histoire qu'ils
fassent BIEN la différence avec le jour, comme le conseillent les
livres que je n'ai pas lu
– il vous faudra ensuite vous battre
avec des fantômes, réduire à néant des monstres qui se planquent dans
les rideaux ou tout simplement partir à la chasse au doudou qui, c'est
sûr, prend vie dès la nuit tombée. Ben oui, sinon comment expliquer
qu'il parvienne à se retrouver sous un meuble à l'autre bout de la
chambre à quatre heures du matin ? Et bien sûr hors de portée de votre
main à laquelle il manque exactement quatre milimètres pour l'attraper
et ce après déboitement de votre épaule.

Je passe sur la
tétine, cette garce, qui non contente de défigurer chouchou le jour
prend un malin plaisir à se coincer entre les barreaux du lit à des
heures indues. Je vous laisse imaginer certaines scènes, bébé hurlant à
la mort parce que tototte a disparu et vous, à moitié nue, à quatre
pattes en train d'extirper ladite et maudite tototte du sommier à
lattes. Autant dire que c'est probablement dans ces moments de grande
solitude maternelle que chouchou apprend ses premiers jurons, de la
bouche même de sa mère. Ne vous inquiétez pas, vous pourrez toujours
accuser plus tard l'éducation nationale, la télévison ou la cour de
récréation, tout en sachant dans votre fort intérieur que "putain de
salope de tototte", c'est un peu de vous tout de même.

Bien sûr, comme
tous les nouveaux parents, vous jurerez aux grands dieux que jamais au
grand jamais chouchou ou pupuce ne viendra dormir dans votre lit. Le
problème c'est que vous sous-estimez votre adversaire. Vous n'avez pas
idée de la capacité pulmonaire d'un enfant la nuit. Vous n'avez pas
idée non plus de son endurance et des coups retords dont il est capable
pour parvenir à ses fins. Sachant qu'en plus, il n'y a RIEN de plus
mignon et attendrissant qu'un enfant à moitié endormi.

Evidemment, au
bout de deux semaines sans sommeil, vous oubliez tout ce que vous avez
lu sur les dégâts psychologiques que peut provoquer le fait de partager
son oreiller avec bébé.

Mais ce que vous
ignorez à ce stade c'est que chouchou veut bien plus que votre lit. Il
vous veut VOUS pour lui tout seul. Et pour ça, il va lui falloir faire
dégager son papa, l'ennemi n°1. Le plus souvent, il y parvient. En
s'endormant à l'horizontale. En cas de résistance paternelle, quelques
coups de pieds bien placés ne sont pas à exclure.

Et
voilà. C'est comme ça que vous finissez par vous retrouver exactement
dans la situation que vous aviez juré éviter: dormir avec un marmot qui
bouge dans tous les sens, qui ronfle encore plus fort que son père et
contre lequel vous ne pouvez même pas réchauffer vos pieds. Pendant ce
temps, l'homme tente en vain de se rendormir, tout recroquevillé dans
le lit de l'héritier.