Catégorie : Mon métier, journaliste

Free lance: les dix points forts et les dix points faibles

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Ce week-end, je discutais avec un ami qui me racontait la énième aberration qu’il avait vécue dans son boulot. Le genre de décision dont on sait qu’elle sera remise en question dans un an ou deux, pour revenir au point de départ, avec comme dommages collatéraux la démotivation certaine d’une bonne partie des « collaborateurs » (le mot de droite pour ne pas dire « salariés »). Je compatissais et en moi même, je me disais qu’en dépit de tout un tas de choses parfois pénibles qu’implique la vie de free-lance, j’étais désormais certaine que je ne pourrais plus jamais retravailler en entreprise. A quelques semaines du 6ème anniversaire de ma vie d’indépendante, j’ai eu envie de lister les principaux avantages mais aussi, parce que rien n’est jamais tout noir ou tout blanc (il y a beaucoup de gris, aussi). En lire plus »

« Free lance » mode d’emploi

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Aujourd’hui, exceptionnellement, le churros travaille à la maison. Après avoir emmené – exceptionnellement aussi du coup – Rose à l’école, il est revenu et s’est exclamé en s’asseyant sur le canapé: « putain je sais pas comment tu fais pour travailler ici. Je veux dire, quand t’as pas envie, tu fais comment vu que t’es pas obligée ? » Un cri du coeur qui survient juste après ces questions de Rose, poséee avec toute la candeur d’une enfant de 7 ans:

– Maman, t’es bien journaliste, comme papa ?

– Oui mon coeur.

– Et tu fais aussi d’autres choses, des scénarios et ton blog ?

– C’est ça…

– Mais alors, comment tu expliques que tu travailles deux fois moins que papa ?

– … (si j’écrivais un sketch pour Parents mode d’emploi j’ajouterais: « Tête de Caro »).

Ce petit préambule pour vous dire que je reçois régulièrement des mails de personnes souhaitant se mettre à leur compte et me demandant des conseils. C’est souvent difficile pour moi d’y répondre tant chaque cas est personnel et que ce qui peut être vrai pour le métier de journaliste ne l’est pas forcément pour celui de traducteur, de pâtissière ou je ne sais pas, moi, de tricoteuse d’art. Mais forte d’une expérience qui tout de même se compte désormais en années (cinq très exactement à compter de janvier), je me dis que je peux vous donner quelques conseils de base, puisés dans mon vécu et qui je pense devraient concerner le maximum de free lance. En lire plus »

« Vis ma vie de free lance »: trois ans après, j’en suis où ?

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(photo censée répondre à la question du titre, je sais c’est complètement con)

Vous me connaissez – non ? – j’adore les bilans. Et il y a quelques jours j’ai réalisé qu’il y avait désormais trois ans que j’avais adopté ce statut si particulier de pigiste/auteur/free lance. (Je pourrais rajouter des slashs à l’envi, tant c’est ce qui caractérise désormais le mieux ma vie, on peut le voir d’une manière positive, comme la manifestation d’un éclectisme incroyable ou, d’un oeil plus critique comme le symptôme d’une instabilité pathologique, mais j’y reviens).

Trois années qui ont filé plus vite que les quinze qui les ont précédées en entreprise (j’ai commencé à bosser vers 8 ans, mes parents, certes aimants, avaient des principes assez arrêtés sur le travail des enfants) (joke). Quand je repense à l’angoisse qui avait accompagné ma décision de plaquer un poste plutôt confortable pour tracer ma route de femme slash, j’ai peine à y croire, tant aujourd’hui je suis certaine d’avoir fait le bon choix. Attention, je ne suis pas en train de vous expliquer que je mange des bonzes à tous mes petits déjeuners et que jamais mon ventre ne se serre à l’idée qu’un jour le travail se raréfie. Mais j’ai enfin accepté cette règle, ce corollaire à la liberté du statut d’indépendante: on peut difficilement avoir une visibilité à plus de six mois (et six mois, c’est déjà énorme, trois mois seraient plus justes). Sans partir dans un exposé fastidieux et auto-centré sur la façon dont je procède et pour qui je bosse, je me suis dit que cela pouvait être utile à ceux ou celles que la carrière solo titille, voici donc quelques enseignements tirés de ces trois années, qui font de moi désormais une vieille routière du bureau canapé. Je vais les ranger en deux colonnes (sauf que ce ne seront pas des colonnes parce qu’au nombre des compétences toujours pas acquises figure tout ce qui est design et code html), celle des plus et celle des moins. Je ne sais pas vous mais je fonctionne beaucoup comme ça lorsqu’il s’agit de prendre une décision ou d’en évaluer les conséquences. Mon grand âge m’a en effet appris qu’il n’existe pas de situation parfaite, le tout étant que la balance soit à minima équilibrée, au mieux plus lourde de positif. que de négatif. En lire plus »

On n’écrit pas avec ses pieds mais avec son cul… maybe ?

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Depuis que j'ai ce petit problème vertébral (j'ai décidé que cela faisait plus chic de de parler de mon cul en vrac), je prends conscience de la complexité du processus d'écriture.

Vous avez été quelques unes, dont ma mère qui est une des personnes que je connais qui tape le plus vite au monde, à me proposer gentiment de prendre mes articles en dictée. D'autres m'ont indiqué des applis de reconnaissance vocale.

J'ai étudié la possibilité de recourir à ces aides. Seulement voilà, moi qui ai toujours clamé que je n'étais pas manuelle, je m'aperçois que je me suis lourdement trompée. Sportive, ça non, je ne le suis pas, et il y a peu de chances que cela change dans les mois à venir. En revanche, écrire est une activité manuelle, contrairement à ce que je pensais. Probable que si je perdais l'usage définitif de mes mains, je finirais par trouver une autre voie pour faire vivre mes mots. Mais pour l'instant, il semble clair que pour que mes phrases trouvent leur sens, elles doivent passer par le bout de mes doigts. Comme si mon cerveau ne pouvait se passer de ce pianotement (tage ?) (?) régulier, comme si mes mains traduisaient ma pensée et que mes yeux, ensuite, en relisant, venaient me confirmer ou non que j'avais trouvé la bonne façon de m'exprimer.

J'admire d'autant plus ces personnes malvoyantes ou souffrant d'un handicap et qui écrivent envers et contre tout. J'imagine, encore une fois, que l'on s'adapte. Mais comme quoi à toute chose malheur est bon, j'ai pris conscience ces derniers jours que mon corps est un acteur de premier plan dans mon activité que j'ai toujours qualifiée d'intellectuelle, pas au sens que je serais une intellectuelle (quelle intellectuelle parlerait sur l'internet mondial des laxatifs qu'elle ingère pour cause de sphincters traumatisés ?) mais au sens que seule la tête jouerait un rôle.

Tout ça pour dire que du coup, ces derniers jours, comme je ne peux pas adopter ma position favorite pour écrire (en tailleur), les mots butent, regimbent et refusent de s'aligner. Je fais des fautes de frappe, de style et d'accords. Je peine à trouver le rythme et à retranscrire ce qui sonnait pourtant si bien en pensée.

Donc non seulement j'ai besoin de mes mains mais peut-être aussi de mon cul. Et ça, c'est une autre découverte. Comme s'interrogeait une amie journaliste elle aussi et qui s'est cassé le coccyx lors de son accouchement, "est-ce qu'en fait on a vraiment la tête dans le cul ? Je veux dire, tout le temps ?".

Je crois pouvoir répondre par l'affirmative…

Voilà, à part ça, en parlant d'écriture, et même si ça n'est pas du Chateaubriand, ces deux petits abécédaires sont enfin sortis. Un grand merci encore à Astrid M pour avoir su illustrer mes textes qui sont bien moins drôles quand ils ne sont pas accompagnés de ses oeuvres tellement chouettes et fines. J'espère qu'ils vous plairont si vous veniez à les acheter. Je les ai écrits en Corse, aux heures les plus chaudes, quand la plage n'est pas une option et que les enfants, même les grands, s'assoupissent. Parfois, le churros était à mes côtés et s'endormait alors que je tapais mes textes. Je me souviens m'être dit parfois que j'étais exactement là où j'avais envie d'être. Et que certes je n'étais pas encore dans la rédaction de cette fiction que j'espère, mais malgré tout, j'écris des livres. Peut-être me fallait-il tomber un peu de mon piedestal et me tasser le séant pour me rappeler à quel point je suis vernie…

Bonne journée

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