Mois : novembre 2018

Hippocrate, série magistrale

Vous connaissez mon amour des séries médicales – oui je suis toujours assidument Greys anatomy – et des séries Canal + qui ont réveillé la fiction française. Je me suis donc jetée comme une affamée sur Hippocrate, conçue et réalisée par Thomas Lilti. Et je me suis pris une claque magistrale. C’est écrit, réalisé et joué au cordeau. L’histoire est ingénieuse: dans un hôpital de banlieue parisienne, trois internes bientôt rejoints par un FFI (faisant fonction d’interne) albanais, sont contraints de prendre en charge un service entier d’hôpital en raison de la mise en quarantaine des soignants titulaires, suite au décès suspect d’un malade potentiellement contagieux. L’occasion pour Lilti (et sans doute ses scénaristes mais je n’ai pas trouvé leur nom) de dénoncer sans jamais être lourd l’insuffisance des moyens accordés à l’hôpital public. Peu expérimentés – Alyson par exemple effectue son premier stage d’internat – les jeunes médecins en devenir se trouvent face à des prises de décision qui les dépassent. Tout en goûtant aussi à l’autonomie que la situation particulière leur confère. Il y a d’avantage de l’Urgences que du Greys anatomy dans cette série, dans son côté très âpre et réaliste. On y retrouve aussi l’esprit du film éponyme de Lilti et de Médecin de campagne, son second long métrage, lui aussi très convaincant. Chaque personnage est attachant parce que non binaire, les patients que l’on rencontre épisode après épisode sont brossés pour que l’on souhaite vraiment suivre leur parcours. Surtout, le réalisateur prend le temps. Celui qu’il faut pour décider d’arrêter un massage cardiaque sur une jeune femme dont le coeur ne répond plus, pour poser une perfusion, redresser une personne âgée ou calmer une crise d’épilepsie. « Hâtez-vous lentement », prêche aux internes Jacky Berroyer – formidable -, vieux généraliste à la retraite venu les épauler. Conseil appliqué à la lettre par Thomas Lilti. En lire plus »

Bridget es-tu là ?

Vendredi dernier fut une drôle de journée. Au sens propre du terme. C’est amusant comme parfois la vie se charge de te rappeler qui tu es vraiment. Depuis des mois, je me suis en effet glissée de mon plein gré dans la peau de cette femme très consciencieuse et sérieuse se démenant pour (se) prouver qu’elle est capable de mener à bien un travail scénaristique d’une ampleur pour elle inédite. Avec tout ce que ça implique pour quelqu’un comme moi, qui 1) manquera toujours de confiance en soi et 2) a une tendance naturelle au dilettantisme. Attention, je ne me suis pas « forcée » à travailler comme un chien et cette fougue m’a apporté pas mal de satisfaction, parce qu’elle m’a prouvé que lorsque je m’y mets à 200%, en effet, ça paye. Pas à tous les coups, au bout de dizaines de versions et sans aucune garantie du résultat final, mais ça, j’ai fini par comprendre que c’était l’essence même du boulot de scénariste. En lire plus »

Le Discours et autres emmerdements domestiques

Je crois que nous venons d’entrer dans une phase assez pénible que nous connaissons tous un jour ou l’autre. Je parle de cette série noire électro-ménagère. Lorsque les appareils de la maison te lâchent les uns après les autres, avec une sorte d’accélération comparable à celle des meurtres d’un serial killer, quand ce dernier ne peut plus résister à ses pulsions.

Sauf que forcément, ça serait plus drôle si ça avait commencé par le sèche-cheveux. Mais non, celle qui nous a claqué dans les doigts en premier, il y a deux jours de cela, c’est la chaudière. Très très sympa. Plus de chauffage et plus d’eau chaude. Pile poil au moment où les températures deviennent enfin hivernales. On vit donc à cinq dans la douche du bas, la seule dotée d’un sèche serviettes électrique. Et on regarde le thermomètre perdre deux degrés par jour, avec une sensation d’impuissance assez désagréable. La bonne nouvelle, c’est que c’est réparable. La mauvaise, c’est qu’il faut faire venir la pièce détachée et qu’elle arrivera… mercredi. Cinq jours encore à se les geler, à jouer les bonzes quand il s’agit de passer sous la douche glacée (« j’ai réussi à séparer mon corps de mon esprit », m’a déclaré le churros après s’être lavé hier) (j’y aurais cru s’il n’avait pas eu le teint bleuté des gens en hypothermie). Cinq jours à s’habiller comme des oignons, à puer le rat mouillé (dans une vieille maison, qui dit pas de chauffage, dit humidité) et à s’inventer qu’allumer des bougies peut éventuellement nous faire gagner deux degrés.  En lire plus »

Hier encore, j’avais vingt ans…

Il y a quelques jours, j’avais rendez-vous avec deux productrices dans une rue d’un des arrondissements les plus chics de Paris, entre l’Arc de Triomphe et le Cercle des Armées de Saint-Augustin. De ces endroits que je ne fréquente absolument jamais mais qui pourtant furent, à une époque, le théâtre de ma vie quotidienne. Le hasard a voulu en effet que le bureau de ces productrices se situe exactement en face de la chambre de bonne dans laquelle j’ai vécu deux ans, peut-être un peu moins, alors que je commençais ma première expérience professionnelle à Paris. Je sortais tout juste d’un épisode que je ne qualifiais pas encore de dépression (le gros mot par excellence à cette époque) mais qui m’avait laissée exsangue (enfin, j’aurais bien aimé, mais non, j’avais surtout repris tous les kilos perdus l’année précédente). Convaincue surtout d’avoir été terrassée par une mononucléose (généralement c’est ce qu’on dit aux jeunes femmes qui ont un gros coup de mou à la vingtaine) et qu’avec le temps, les angoisses s’en iraient. Elles se sont d’ailleurs un peu tues, pour rejaillir deux décennies plus tard, nourries et vivifiées par les tonnes de déni que je leur avais donné à manger.  En lire plus »

Banana bread moelleux de ouf

Arrêtez tout ! J’ai dégotté une recette de Banana bread (en français, gâteau à la banane, mais vous avouerez que la version anglaise laisse une plus grande part à la projection dans un diner américain le long de la route 66) qui déchire sa race à un point… Je vous ai déjà parlé du Banana cake de Rita le chat, jusque là inégalé. Mais là je crois que je tiens quelque chose d’encore plus moelleux et savoureux, (apparté: Camille pardon pour ce crime de lèse majesté, mais essaie le, il est vraiment ouf.) (après c’est surtout une question de texture. Grâce à la présence d’un ingrédient secret, celui-ci reste très moelleux et humide longtemps) (enfin je m’engage pas trop sur le « longtemps » compte-tenu de son espérance de vie chez nous).

Dans ce gâteau, il y a donc un ingrédient secret, le buttermilk ou, in French, lait ribot (là aussi y’a quand même pas photo dans le glamour). Buttermilk que vous pouvez fabriquer vous même et ça c’est la très bonne nouvelle, ça vous évitera d’acheter une bouteille que vous ne finirez jamais et dont vous ne saurez jamais non plus si elle est périmée, vu que le lait ribot, c’est de toutes façons déjà caillé. En lire plus »