Catégorie : Les "minute par minute" de la ronde

Confinement d’une hypocondriaque J-8

Tout allait super bien. Ma grande retrouvait peu à peu le goût, ma petite semblait être passée à travers les mailles du filet, le churros consentait à enlever son peignoir avant 16h, quant à mon fils… non, rien, mon fils continuait à ne pas donner de nouvelles ce qui tendait à prouver sans doute qu’il allait bien. Bref, forte de ce semblant de normalité et des mots rassurants de mon ami cardiologue, j’étais à deux doigts d’être la plus sereine des plus sereines de tes copines. Voire… voire je commençais à trouver que cette histoire de confinement, c’était un mal pour un bien, que ça m’avait fait renouer avec le blog, retisser des liens avec mes proches et exaucé le fantasme de toute mère, à savoir garder ses enfants à moins de dix mètres de soi sans aucune possibilité pour eux de se barrer (oui bon, deux enfants sur trois, ce qui n’est déjà pas si mal). Bref, ce soir là, je me suis couchée avec délice dans mes draps blancs en lin… Je m’apprêtais à passer une nuit des plus calmes mais c’était sans compter mon connard de surmoi… En lire plus »

Confinement d’une hypocondriaque – J3

En ce troisième jour coupée du monde (#dramaqueen), voici les nouvelles du bord. Il semble de plus en plus probable que ma grande ait attrapé le virus. Mon frère, sollicité à distance, en est assez certain et sa soeur parait elle aussi lui emboiter le pas. Jamais l’épée de Damoclès ne m’a semblé aussi proche de nous tomber dessus. Résultat, voici en quelques lignes les pensées qui me traversent au cours d’une journée type de confinée. En lire plus »

En fait y’avait pas personne

Hier, c’était une sacrée journée. Et comme beaucoup d’entre vous m’ont réclamé un minute par minute, je vais tenter de vous restituer tout ça sous cette forme là. Mais en même temps, j’ai vécu tant d’émotions, j’ai eu la sensation de recevoir un tel shoot d’amour, que rassembler mes pensées et vous les retranscrire avec un peu de drôlerie ne m’est pas hyper facile. Parce que la vérité, c’est qu’hier soir à la librairie des Nouveautés, je n’avais aucun second degré. Mais essayons quand même. En lire plus »

A la poursuite des endorphines

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Je vous avais fait un minute par minute de l’avant course il y a quelque temps, mais je ne vous ai jamais raconté la suite, à savoir la façon dont ça se passe une fois que je suis en action (oui, aussi incroyable que ça puisse paraître, je parviens à me tenir à cette routine d’un footing une à deux fois par semaine) (trois c’est clairement au dessus de mes forces). Voilà donc comment se déroulent ces 23, parfois 25 minutes de running… En lire plus »

Au frais

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Or donc. Les bains dérivatifs. Comme je l’ai récemment évoqué, je viens d’être initiée aux bains dérivatifs par B. Totalement sous influence, je l’ai suivie au salon du Zen la semaine dernière, pour une immersion dans un univers qui m’était jusqu’alors totalement étranger. Il faut savoir qu’à la base, je suis plus allopathie qu’homéopathie, ibuprofène qu’acuponcture, cortisone qu’ostéopathie. C’est probablement ce qui nous différencie le plus toutes les deux: B. n’a pas du ingérer un médicament depuis 1998, alors que je croque de l’advil comme si c’était des bonbons. Mais quand elle m’a parlé des poches glacées censées rafraichir la chatoune et par là même non seulement dézinguer la cellulite mais tout simplement régénérer l’organisme, j’avoue, j’ai été intriguée. C’est à dire que dans l’absolu, s’asseoir sur une couche gelée, c’est moins fatiguant que les cinq rites tibétains ou une demi-heure de cardio.

Bon, que les choses soient claires, je n’ai pas succombé aux charmes du salon du zen. L’odeur, d’abord, de pisse mémé à tous les étages, m’a clairement rebutée. J’ai bien failli acheter un ou deux cristaux ré-énergisants ou m’asseoir au milieu d’un arbre de vie. J’ai loupé de pas grand chose la séance de yoga des yeux et j’étais à ça de dépenser une fortune pour de l’argent colloïdal, un oligo-élément connu pour ses vertus antimicrobiennes. Mais finalement, j’ai préféré, donc, dépenser tout mon argent dans des poches réfrigérantes. Je me suis dit qu’on ne pouvait pas être partout à la fois et que par conséquent le bol d’air Jacquier pouvait attendre.

Donc j’ai acheté mes poches. Et même sous la torture je n’avouerai pas au churros combien ça m’a coûté. Ou alors je le lui dirai quand il demandera à cette créature aux jambes interminables et au teint de rose qui elle est et ce qu’elle a fait de sa femme. En attendant, voici en gros comment s’est passée ma première matinée avec la nouille au frais… En lire plus »

Ma première fois avec le Pilates

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Il y a quelques jours, à l’occasion d’un petit voyage à La Grée des Landes que je vous relaterai plus tard et qui fut tout simplement merveilleux, j’ai vécu comme qui dirait mon dépucelage en Pilates. Je sais, c’est fou, à 29 ans (et demi), je n’avais encore jamais testé la gym si chère aux new-yorkaises en quête de simplicité. Je vais vous raconter mais je tiens à préciser que si j’aime bien rapporter ce type d’expérience au second voire au trentième degré, en réalité j’ai plutôt apprécié le Pilates. Pas aussi douloureux qu’une séance d’abdos fessiers et moins chiant que le yoga (j’ai testé, à priori ça n’est pas pour moi, ça me colle des malaises vagaux, ou bien je n’ai pas trouvé le bon cours). Surtout, la prof était absolument adorable. Pas certaine néanmoins que j’aie de vraies aptitudes (pas plus que pour n’importe quel sport d’ailleurs, je le crains).

Allez, on déroule son tapis et on se met en position. En lire plus »

My first mammo

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Hier, après avoir tergiversé – deux ans – j’ai enfin franchi la porte du centre de radiologie le plus proche de chez moi pour faire ma première mammographie. Je vous raconte ?

15h14: Ma carte vitale: j’ai. Une culotte en bon état: j’ai. Les aisselles épilées: j’ai (presque). Mon ordonnance… Putain mon ordonnance.

15h16: Le rendez-vous est pour dans dix minutes et je n’ai plus mon ordonnance. Ne pas se disperser, tenter de se souvenir où je l’ai mise le 23 février dernier lorsque pour la troisième fois ma gynécologue me l’a rédigée, les deux premières ayant fini par être périmées à force d’avoir piscine les jours où éventuellement il y aurait eu un créneau.

15h17: L’essentiel des tiroirs de mon armoire « à papiers importants » (tout est dans le « important ») (si si, la liste des restaurants indiens qui effectuent des livraisons à Clermont-Ferrand est IMPORTANTE) étant désormais sur le sol du salon, il m’est bien plus facile de retrouver cette p…. d’ordonnance, que si je n’y arrive pas je ne vais pas pouvoir aller faire ma mammographie, ce qui est ma foi… Tentant. En lire plus »

Cours caro, cours

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Pendant nos vacances à la montagne, on a joué au béret. Une sorte de ballon prisonnier mais sans ballon et sans prisonniers. Un jeu qu’à moins d’avoir été scout personne ne connait, en fait. J’avoue que l’explication des règles m’épuise d’avance, mais en gros à un moment il faut COURIR. D’ordinaire, j’ai le bon sens d’avoir piscine dans ces grands moments de joie parentale et d’émulation collective. Mais ce jour là, je ne sais pas, une absence, une attaque cérébrale invisible à l’oeil nu ou une histoire de mauvais alignement de planètes, je me suis entendue crier: « attendez-moi, je joue ».

Résultat, en plus d’avoir fait perdre mon équipe composée pourtant des plus forts du groupe, je me suis non seulement humiliée en ne parvenant pas à rattraper une enfant de six ans mais je me suis également étalée de tout mon long comme une merde en essayant (aucune autre comparaison moins grossière ne me vient présentement à l’esprit). Je ne sais pas ce qui a été le plus dégradant. Le fait de me vautrer lourdement après deux mètres de course ou l’empressement de mes enfants, paniqués et me traitant les deux jours suivants comme une octogénaire anémiée. « ça va maman ? ». « Tu es sûre ? » « Et tes fesses ? ».

Bref, ce jour là je me suis dit quelque chose qui n’avait pas traversé mon esprit depuis… depuis jamais en réalité: un peu de sport me ferait du bien.

Et une fois rentrée à Paris, j’ai profité du fait que mes enfants étaient restés chez leurs grands-parents pour me lancer dans un footing quotidien.

Je vous raconte ? En lire plus »

Gimme gimme gimme a Björn after midnight…

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On en était donc à l'arrivée à Stockholm, quelques heures avant l'interview tant redoutée de Björn, auteur et compositeur des chansons d'ABBA. Avant de continuer mon récit qui vous vous en doutez ne sera ni excessif ni volontairement catastrophiste, je tiens à préciser que ces deux jours (à peine) ont été riches en rires, en émotions et en camaraderie. Je connaissais Will (pas tant que ça non plus) et comme je l'imaginais, l'entente a été confirmée (euphémisme). Mais il y avait aussi JB, le cameraman et monteur, patient et jamais directif, Jeremy, journaliste à télé 7 jours qui s'est joint à nous et avec lequel on a grave ricané et enfin Jojo, la nounou des stars, personnage à elle toute seule qui mériterait sa propre série (elle PARLE à l'avion avant de monter dedans) (il y a donc plus atteint que moi). Par ailleurs, Björn Ulvaeus est la preuve vivante qu'on peut être une star internationale assise sur un tas d'or (mérité) et rester tout simplement un homme bien (enfin je me base sur notre petite heure passée ensemble mais il aurait eu des raisons de soupirer, croyez-moi).

Allez, on enchaine ?

11h45: On atterrit à Stockholm. Par la fenêtre, on ne voit que de la neige, des forêts et des petites maisons rouges perdues. J'adore quand la première impression d'un endroit inconnu rejoint très exactement l'idée que je m'en étais faite.

11h48: Une fois passé le portillon de la douane, on se retrouve face à un immense poster d'ABBA de 5 x 12 m. Je reprends un immodium.

11h53: Will me demande si je sais au moins lequel des deux hommes je vais rencontrer. Je pointe du doigt Benny, évidemment. Will fait une drôle de tête, comme s'il commençait à comprendre qu'il venait d'emmener Forrest Gump à Stockholm.

12h30: On arrive à l'hôtel Rival, propriété de Benny, donc, compère de Björn et encore ami de ce dernier (par contre avec les "filles", c'est moins clair, les deux couples ont explosé en plein vol, ce qui a provoqué d'ailleurs la séparation du groupe). Björn était avec Agneta, m'explique Will. "Ok, donc Björn est hétérosexuel, je lui réponds, c'est une information intéressante" (je raye mentalement ma question sur la difficulté ou non d'être gay en Suède). Will hésite avant de rigoler mais bizarrement ne me dit plus qu'il est fan. Je sens qu'on est un peu moins en symbiose.

12h32: L'hôtel Rival est un peu impressionnant. Le design est à fond 70s, avec ce chic suédois (on est tout de même au pays d'Ikea). L'attachée de presse, Ann-Sofi, a 22 ans et pourrait être la fille d'Agneta. Elle nous prévient tout de go que tout ce qui est autographes, demande de chanson pour notre maman ou autre manifestation d'amour intempestif, on oublie.

12h33: Je planque la photo de Violette apportée exprès pour un autographe et fais une croix sur ma proposition de duo improvisé en hommage à ma grand-mère. "Tout ça c'est du temps en plus pour poser des questions", argue Will. Toujours à voir le côté positif des choses, l'autre. M'énerve.

12h36: Will me propose qu'on répète un peu. Il fera Björn et moi Forrest, en gros. Ok, je dis. (Angoissage).

12h38: Will se décompose au fur et à mesure que j'ânonne mes questions. L'information selon laquelle je ne faisais pas EXPRES de ne pas savoir très bien parler anglais est en train d'arriver à son cerveau, ça se voit. Je sens ces choses là, moi.

12h44: J'ai fini le filage. Je peux donc tenir six minutes. "Bon écoute, tu te concentres sur le PLAISIR que tu vas prendre et qui va être énorme. Au pire, on fera de la post-prod. A savoir que tu viendras au studio pour redire tes phrases si au niveau de la prononciation… enfin tu vois, quoi ?", me rassure Will d'une voix blanche. Après il court aux toilettes en faisant un drôle de bruit qui ressemble à s'y méprendre à un sanglot.

12h45: Pour faire redescendre la pression, je décide de faire un petit exercice de pleine conscience. Surtout ne penser à rien d'autre qu'à ma respiration certes très aléatoire. Ne pas visualiser ce moment où je vais VRAIMENT m'asseoir en face de Björn avec en tout et pour tout un portrait chinois dans un anglais approximatif à lui soumettre.

12h46: Je me répète ma première question en boucle. Je sens que c'est la clé de tout. Si celle-ci sort correctement de ma bouche, après je vais me prendre la confiance et le reste va se dérouler comme la scène finale de Billy Eliot. Ou de Flashdance. Ou de Dirty Dancing. Attends, si cette niaise de Bébé est capable de se transformer en bombe lascive et sexuelle, je ne vois absolument pas pourquoi moi je ne pourrais pas entrer dans une sorte de transe pendant laquelle les phrases s'enchaineraient toutes seules dans un anglais impeccable. Surtout qu'il parait qu'on n'utilise que 5% de notre cerveau. A tous les coups dans les 95% qui restent il y a un Robert et Collins bien planqué dans un tiroir. Il suffit que je le trouve en somme. Ainsi que la clé.

12h47: "Hello, Björn. At first, I wanted to say you very sincerely: Thank you for the music". Ç'est bien, ça. Ça te pose la nana. Après j'embraye. "If I feel sad, I put your disks and I feel better. If a party is a little gloomy, we just have to listen one of your hits and everyone is dancing. Are you aware of that, Björn ?"

12h48: Jusqu'ici tout va bien. Je maitrise. Allez, on se refait un coup de pleine conscience. L'air passe dans ma trachée, je suis son cheminement jusqu'à mes poumons. Ma poitrine se gonfle, doucement. Je sens l'oxygène pénétrer dans mes vaisseaux sanguins. Peinard, il est l'oxygène. Pas stressé pour un sou, pépère. En même temps que j'accompagne mentalement mon inspiration, je note mes pensées et les range tranquillement dans un coin. Voilààààà.  Tout n'est que calme et volup…

12h49: J'étouffe. Help. L'air est rentré mais ne ressort plus. Je vais crever d'hyperventilation. Je me noie, les gars. Nine one one.

12h53: L'attachée de presse nous fait signe que c'est à nous. Je me lève dans une sorte de mouvement mal synchronisé. Je ne suis pas en train de vivre ça, c'est un cauchemard. Rose, c'est le moment de pleurer comme un veau pour que je me réveille. Promis, même s'il est 4h du matin je ne te ferai aucune remarque. Je veux un calin, moi aussi, de toutes façons.

12h54: Aucun signe de Rose. Je suis VRAIMENT à deux doigts d'aller interviewer une des plus grandes stars de la pop music.

12h55: Dans l'ascenseur, on n'en mène pas large. William essuie ses larmes l'air de rien. Je ne sais pas s'il est ému ou s'il est en train de penser à la maison de retraite de Marne la Coquette.

12h56: On entre dans la suite et on le voit. Il est mince et fait 10 ans de moins que son âge. Petit costume qui va bien, cravate mince très rock et oeil bleu pétillant. Je suis excitée. Sexuellement, j'entends. Il ne manquait plus que ça. Cours Forrest, cours.

12h57: Will me présente pendant que JB installe le matos. Il y aura TROIS caméras. Aucune chance que ma nullité passe inaperçue en raison d'un malencontreux dysfonctionnement technique.

12h58: "She has a blog", explique Will à Björn.

12h59: "Yes", je réponds. Hyper bien prononcé, le "Yes", je tiens à le préciser.

13h00: Björn est épaté que j'aie un blog.

13h02: Je suis épatée que Björn soit épaté.

13h04: "Is it not a lot of pressure ?", me demande-t-il, ses yeux plantés dans les miens.

13h06: "Yes, it's a lot of pressure", je réponds.

13h07: Je pense que je tiens la solution, je vais acquiescer à tout en répétant ses derniers mots. Astucieux. Je reprends la confiance, du coup. Björn me confie qu'il a envie lui aussi de se lancer dans l'aventure du blog.

13h08: "Oh, great, but be carefull, you know, as you said, it's a lot of pressure, I mean, ten thousands of people read me everyday. Before opening your blog, you have to be sure to be able to manage that", je lui explique.

13h10: Will est comme assommé. Ce n'est pas comme si Björn n'avait pas vendu 460 millions d'albums en 10 ans et rempli l'équivalent d'une centaine de stades de France. "Au niveau de la "pressure", hein, on va peut-être se calmer…", je lis dans ses yeux. Je sens qu'il faut que je me sorte de cette impasse avant qu'on doive sortir le défibrilateur pour Will. J'embraye direct sur ma première question: "Björn, I wanted to thank you, very sincerely. I mean, you gave me such happiness and positive energy…"

13h12: Will me fait des grands signes au moment où je m'apprête à envoyer la purée du "Thank you for the music". "Caro, on n'a pas encore commencé à tourner !", gémit-il.

13h13: Hell. Je viens de griller mon unique cartouche, ma seule phrase à peu près correcte gramaticalement et ça n'a pas été filmé.

13h14: Que quelqu'un m'achève. Je ne me relèverai pas de cette épreuve là, c'est certain. Je vais rester toute ma vie bloquée là, à répéter inlassablement "thank you for the music". Je serai une sorte d'incarnation du syndrôme de Stockholm.

13h15: Björn est mort de rire. Il dit qu'en fait on devrait toujours commencer avant que la caméra tourne, ça donnerait plus de spontanéité (bouffe moi la chatte, Björn, qu'on en finisse, je suis chaude comme la braise, là). Il dit aussi que les journalistes se mettent toujours trop la pression, qu'ils veulent tous poser les questions les plus originales alors que de toutes façons, ça n'existe pas vraiment. Il dit que le pire, ce sont ceux qui commencent tous fiers d'eux en lançant un "thank you for the music" avec l'air de penser qu'ils sont les premiers à avoir eu l'idée.

13h16: Je m'esclaffe bruyamment (trop). "Ces cons de journalistes", quand même, je dis (asshole of journalists), faut pas être bien malin (completely silly ) pour oser le "thank you for the music". Enculé. (what the fuck)

13h18: Maman, viens me chercher.

13h19: JB, putain, si tu ne mets pas en route ta caméra de merde immédiatement, je crois que je te la fais bouffer. Qu'on en finisse, je ne PEUX pas tenir une conversation EN PLUS de mon interview à venir. Je suis à deux doigts de cramer le portrait chinois, là, figure toi. Donc tu dis "moteur" ou je me casse.

13h22: Silence on tourne. M'en fous je répète ma phrase d'intro, je n'en ai pas d'autre en réserve. Pour la spontanéité on repassera.

13h23: "Björn, I wanted to thank you. Not for the music (hu hu hu) but for this hapiness you gave me".

13h24: Björn est un homme bien élevé. Il fait comme si je ne lui avais pas déjà dit ça deux minutes avant et répond que ça le touche à chaque fois, ce genre de remerciements. Il dit que ça le rend heureux encore aujourd'hui, l'idée d'être une fontaine de joie (traduction littéraire). Je passe à une question concernant la comédie musicale Mama-mia. Le temps passe, dieu merci il est bavard. Parfois je case un "yes ?" ou un "Yes !" ou, plus pointu, un "Really ?".

13h45: Portrait chinois. Björn se prête au jeu. Il cale sur "if you were a movie". Il dit que c'est une very good question. Pousse toi de là, Claire Chazal, que je m'y mette. Il ne trouve pas de réponse satisfaisante et me demande de la garder de côté, il y répondra à la fin de l'itv.

13h46:  C'était ma dernière question. Houston, on a un problème.

13h47: Je ne peux pas lui dire que c'était ma dernière question alors qu'il est coincé avec cette histoire de film à la con. Je l'humilie, là, je l'abandonne sur un échec.

13h48: "What do you look at first when you see a women ?", je demande avec l'énergie du désespoir.

13h49: Bien joué, Forrest, bien joué. Au mieux il trouve ça neuneu, au pire il pense que je le chauffe. Will émet un drôle de son rauque, on est en train de le perdre.

13h50: Björn me regarde longuement avec un petit sourire en coin et me répond "Her eyes".

13h51: Björn tu es un menteur mais ça ne fait rien, je suis à toi.

13h52: Emportée dans mon élan, je lui assène le coup de grâce: "Do you have any regrets" ?

13h53: Re-silence prolongé, re-yeux plantés dans les miens, re-mouillage de culotte: "I've done a lot of stupid things, you know. But I think that one of my biggest regrets is my divorce. It's so much pain, when love's ending…".

13h55: Will chiale comme un poupon.

13h56: Björn a les yeux mouillés. On est tous conscients qu'il s'est passé quelque chose de fort. Laissez-nous, maintenant, les autres, là. J'ai un homme à consoler, moi. Et pour ça, j'ai tout le vocabulaire qu'il me faut, pas besoin de dictionnaire, croyez-moi.