
Hier je me faisais la réflexion qu’un déménagement tout de même, ça n’est pas rien. Nous n’avons finalement bougé que de quelques kilomètres, nous sommes restés sur la même ligne de métro et je mets environ 15 minutes de plus qu’avant pour aller à Châtelet. Sauf que. Je ne vais presque plus à Châtelet, à moins d’y être obligée (ce qui était plus ou moins le cas avant, cela dit). Mais je m’égare. Un déménagement comme celui-ci, donc, ça n’est pas rien. Nous sommes toujours les mêmes mais pas tout à fait. Le fait que chacun ait désormais son espace a considérablement dilué les motifs de crispation (« dégage de ma chambre, bolosse » est l’une des phrases qu’on entend beaucoup moins). Paradoxalement cela dit, le salon est plus que jamais finalement LA pièce la plus fréquentée de la maison (ne vous excitez pas trop à vouloir absolument donner des chambres à vos enfants, la vérité c’est qu’ils n’en ont rien à foutre, ce qu’ils veulent, eux, c’est squatter VOTRE place sur le canapé). A titre personnel, je crois que je suis peut-être celle qui ressent encore plus fortement ce changement. Travaillant à la maison, je m’en imprègne tout au long de la journée, je me familiarise avec ses bruits et ses lumières, qui changent au gré des heures. Je connais désormais toutes les caissières de Monoprix, ai mes habitudes à la boulangerie et la maison de la presse, repéré le meilleur fromager du marché et connais la carte du japonais par coeur. Je ne sais pas si ce sont mes souvenirs d’enfance qui remontent, si tout cela était inscrit dans mon ADN sans que je le sache, mais je suis subjuguée par l’apaisement que me procure le fait de vivre dans un lieu qui fleure la province. Ma nouvelle ville n’est pas particulièrement jolie, mais j’en adore la place de la mairie et la médiathèque à deux pas de chez moi. Entendre les cloches de l’église, emprunter ce passage plus étroit que le chas d’une aiguille pour emmener Rose dans sa nouvelle école, commencer à croiser des visages plus familiers… Trois fois rien et pourtant la sensation de faire ma place. Et, cerise sur le gâteau, la possibilité, si j’en éprouve le besoin, de me frotter à nouveau en un coup de métro à l’effervescence parisienne. Je dis souvent qu’on ne réalise à quel point tout va plus vite à Paris que lorsqu’on s’en échappe. Je crois que j’étais arrivée à un stade où je ne pouvais plus, où tout me semblait trop haut – le 13ème est en plus un arrondissement à très forte densité urbaine – trop bruyant. Je ne suis pas à la campagne, loin s’en faut, mais cet entre deux me va bien, mieux encore que je ne l’imaginais. En lire plus »