Mois : janvier 2007

La cabine. Un an déjà…

Hier, ça a fait un an. Un an de blog. Depuis quelque temps
je me demandais ce que je ferais pour mes un an. Un billet très
spécial, un truc qui pète, qui ferait date quoi. Un vrai truc de miss.
Et puis… Et puis j'ai oublié. Faut le faire, non ? En même temps, à
bien y réfléchir, cette histoire de pièce de théâtre, dans le genre
cadeau d'anniversaire, je me demande si ça n'est pas ce qui se fait de
mieux. Alors voilà, je n'en ferai pas plus. Ah, si. Pour marquer le
coup, voici le premier billet de "Pensées d'une ronde". C'est avec ce
texte que tout a commencé. C'est parce que je ne savais pas quoi en
faire que j'ai décidé d'ouvrir un blog. A le relire, je crois que je ne
l'aime plus trop. Aujourd'hui, je ne l'écrirais pas comme ça. Il serait
moins triste pour la bonne raison que je suis moins triste. Pas plus
mince – au contraire – pas mieux foutue. Pas beaucoup plus à l'aise
dans un magasin de fringues. Mais juste plus légère. Et ça, c'est grâce
à vous. Alors voilà, j'espère qu'on va faire encore un petit bout de
chemin ensemble. Je fais aussi un petit clin d'oeil à Mlle Vie, ma
première lectrice, qui connait les affres de la cabine et qui a la
grâce d'en rire.

La cabine

Il y a des périodes où il m’est impossible d’entrer. Le simple fait
de regarder les vitrines est douloureux. Et puis il y a les jours
fastes, quand l’aiguille hésite et passe en dessous du poids maximum.
Alors je me risque parfois à franchir le pas de la porte. Je m’arrange
pour passer derrière une autre, en espérant qu’Elle ne me verra pas.
Elle, la vendeuse. Redoutée, jalousée, souvent haïe. Elle est tour à
tour méprisante, condescendante, presque insultante parfois. Rarement
gentille. Pourtant je ne lui demande que ça, moi. Un sourire, même
désolé, me suffirait. Elle mesure souvent plus d’1m70 et n’a jamais
prié pour que l’aiguille de sa balance ne passe pas au dessus du maudit
chiffre. Elle déambule telle un chat dans son territoire, jaugeant la
clientèle, choisissant celles qu’elle adoubera, avec lesquelles elle se
fera cajoleuse, et flatteuse. Avec elle, les girondes, grosses ou
enveloppées n’ont aucune chance. Elles peuvent espérer l’indifférence
ou redouter son jugement définitif : « désolée, nous n’avons pas votre
taille ». Le portrait est rapide. Mais voilà, selon moi, l’univers
féminin se partage en deux : les grosses et les autres. Enfin, parfois
je suis plus subtile. Mais jamais quand je suis dans le saint des
saints, la boutique de fringues.

A l’intérieur, je regarde les habits. Enfin, pas vraiment. Les
tailles. 42, 44, parfois 46. Si je suis seule, si elle ne me regarde
pas, et si l’humeur est favorable, alors je sélectionne deux trois
choses et je pars le plus discrètement possible en cabine. L’envie
d’être invisible est forte. Mais quand on est grosse, on n’est pas
invisible. L’empressement me rend plutôt maladroite. En me faufilant
entre les rayons, j’accroche un ou deux cintres et des vêtements en
tombent bruyamment. C’est à cet instant qu’elle intervient, l’air
pincé, ostensiblement inquiète pour le pantalon que je m’apprête à
essayer.

– Je peux vous aider ? – Non, merci, je regarde, euh… je vais
essayer un ou deux trucs – Je vois. N’hésitez pas à me demander, si la
taille ne va pas. – Oui, oui, d’accord, merci, je… je…

Le processus est en marche. J’oublie que j’ai plus de trente ans et
que je ne suis coupable de rien. Je me transforme en une pauvre petite
fille balbutiante, confuse et honteuse d’avoir osé entrer. J’ai dix
ans, peut-être moins, et je me retrouve avec ma mère, dans un autre
magasin, avec les mêmes angoisses. Souvent, à ce moment là, je décide
d’acheter ce pantalon ou autre vêtement sans même l’avoir essayé, juste
pour partir le plus vite possible. En payant, je guette un signe de
reconnaissance. Mais Elle ne me le donne pas. Jusqu’au bout, je suis
une intruse. Elle sait que je ne le mettrai pas, et je crois l’entendre
rire avec ses collègues.

Parfois, armée d’un peu plus de courage, je pénètre dans la cabine,
en priant pour qu’une glace s’y trouve. Sinon, il faut sortir et
s’exposer à ses regards ou ceux des clientes légitimes, les minces. Je
me déshabille et je commence à sentir les premiers signes de détresse.
Ici, tout est plus blanc, tout est plus gros. Les cabines les pires
sont celles entièrement tapissées de miroirs. On peut y vérifier qu’on
est grosse de face, mais aussi de dos. Et de côté.

Je commence à enfiler le pantalon. Si je le ferme, le plus souvent,
je ne cherche même pas à savoir s’il me va bien. Je me rhabille et je
l’achète. Il sera toujours temps de se demander s’il est beau. Et puis
de toutes façons, un pantalon en taille 44, est-ce vraiment fait pour
être beau ?

Mais la plupart du temps, ça commence à coincer au niveau des
genoux. Chaque seconde qui passe, chaque centimètre gagné est alors une
lutte perdue d’avance contre la graisse. Je sais, c’est indécent de
souffrir pour ça. Pourtant, la douleur est réelle.

Petite, dans les cabines d’essayage, ma mère tirait toujours le
rideau avant que j’aie fini de m’habiller. Tout le monde pouvait alors
me contempler, boulotte et cramoisie, la jupe baissée et la chemise
étriquée – « on n’a pas plus grand », lançait alors la vendeuse à ma
mère. Aujourd’hui, elle ne vient plus avec moi, mais je suis toujours
aussi cramoisie dans ma cabine. Et les larmes coulent silencieusement,
lorsque je dois me rendre à l’évidence : il manque dix bons centimètres
pour que le bouton rejoigne sa boutonnière. Alors je repars aussi vite
que je suis entrée, ravalant mon chagrin. Il y a deux mondes, celui des
minces et celui des grosses. C’est indécent, superficiel, indigne d’une
fille plutôt pas idiote d’en être convaincue. Mais c’est bien mon
intime conviction, depuis que je suis en âge de voir mon reflet dans
une glace.

Edit: Pour la pièce les billets ne sont pas en
vente. Mais on est en train de réfléchir à la façon d'organiser une
soirée spéciale pour vous. Et ça se passera au Théâtre du petit
Gymnase, à Paris.

« La ronde c’est moi », suite et fin

Alors j'en étais donc au fait que la ronde serait jouée par un
homme. Un homme même pas gros en plus. Voire super mince. Je ne vais
pas vous dire l'astuce qu'on a trouvée pour que ce soit crédible mais
franchement, ça marche. Enfin je trouve…

Ensuite, donc, Stéphane et moi on a bricolé, pris des morceaux de
texte, on les a tordus dans un sens puis dans un autre. Et à la fin, ça
a donné une pièce de théâtre. Un One wo-man show.

Franchement, je vais vous confier un truc, au départ j'y croyais pas
trop. C'est pas que je ne trouvais pas ça bien ce qu'on avait écrit.
Surtout que Stéphane il connait le théâtre, alors il a su adapter mes
billets, leur donner un rythme scénique qu'ils n'avaient pas. Mais de
là à imaginer que ça puisse intéresser quelqu'un d'autre que ma famille
et mes amis… non.

Et puis comme dans un conte de fées, la vie en a décidé autrement et
un vrai producteur, comme dans les films, est apparu dans l'histoire.
Quand je dis un "vrai" producteur c'est qu'il ressemble VRAIMENT à un
producteur. Ou à l'idée qu'on s'en fait. Ce qui finalement revient un
peu au même non ?

Un jour, donc, un peu avant Noël, Stéphane a lu le texte à ce
producteur. Il s'est jeté dans le vide, il a lu la pièce, comme un vrai
comédien qu'il est. Moi j'étais à coté, j'étais tendue comme un arc et
je ne m'autorisais à sourire que lorsque le producteur esquissait un
rictus. Il arrêtait pas de fumer des cigarettes, j'avais les yeux qui
piquaient. Un peu à cause de la fumée et puis aussi à cause de
l'émotion. Parce que bon, là, ça commençait à prendre forme. Et après
tout, tant pis si ça n'allait pas plus loin. La ronde était devenue un
personnage.

Un personnage haut en couleur, maladroit, drôle, différent, irritant et en même temps attendrissant.

A la fin, le producteur n'a rien dit. Pas un mot. Et puis il est
parti, en disant qu'il rappellerait. Evidemment, on était assez
inquiets avec Stéphane. Mais il a rappelé. Et il a annoncé que bon, il
allait falloir bosser, que ça nécessiterait une bonne mise en scène et
qu'il fallait se dépêcher pour être prêts au printemps.

Au début, on a même pas été sûrs de bien comprendre. Mais en fait,
c'était bien ça. Il allait mettre des sous dans notre projet.

Ensuite, c'est allé vite, on a déposé le texte à la SACD comme des grands, tous les deux et tout émus.

Et puis… un théâtre a dit OUI.

Et la première… c'est le 15 juin.

Et ça s'appellera: "Dans la peau d'une grosse". Au début, j'avais
peur que le mot "grosse", ça puisse heurter. Mais finalement, moi,
quand je me regarde, les mauvais jours, je ne me dis pas "oh là là,
merde, qu'est-ce que je suis ronde…". Non, je dois l'admettre, ces
jours là, je n'ai qu'un mot en tête: GROSSE. Et il est peut-être temps
d'appeler un chat un chat. Surtout qu'au fil de la pièce on se rend
compte que la fameuse ronde ça peut être n'importe qui, même un garçon
très mince. Ce qui fait que finalement, ce titre, moi je l'aime bien.

Maintenant, je tremble et j'espère que ceux et celles d'entre vous
qui viendrez, prendrez du plaisir et apprécierez. Mais là, ce n'est
plus à moi de jouer, n'est-ce pas Stéphane ? ;-)))

« La ronde, c’est moi »

Alors voilà. Il y a quelque temps, j'évoquais la possibilité que ce
blog débouche sur autre chose, sur un projet fou, un truc de dingue
auquel je n'aurais jamais osé rêver. Une pièce de théâtre. A ce moment
là, on en était à l'aube du début d'un commencement.

En fait, tout a commencé par un délire avec Stéphane.

Stéphane, vous allez me dire, c'est qui ? Au départ, c'est un
lecteur de ces pages. C'est aussi un acteur à ses heures. Même plus
qu'à ses heures en fait. Si je réfléchis bien, Stéphane c'est en
réalité une autre fée de la blogosphère. Pas celle dont je vous disais
que je vous parlerais bientôt, non, une autre. Oui, je sais, je suis
méga super gâtée, des fées y'en a un paquet autour de moi en ce moment.
Même que ça me fait presque peur parce que bon, la seule nana que je
connaisse qui en a eu autant au dessus de son berceau, elle a fini par
se piquer le doigt sur un truc à coudre dont le nom m'échappe là tout
de suite et elle a ronqué pendant 100 ans. Donc bref, ça me fait un peu
peur. Mais la peur, là, on va la faire dégager parce que croyez moi ça
empêche sacrément d'avancer dans la vie d'avoir la trouille. Et j'en
sais quelque chose. Si si, je suis championne du monde de la peur, donc
je vous assure que là-dessus j'en connais un rayon.

Donc, bref, Stéphane, un jour, il me contacte, et il me dit que tous
ces textes sur la ronde, une fois mis ensemble, une fois retravaillés,
et bien ça pourrait donner quelque chose qui pourrait ressembler à une
pièce de théâtre. Et il me dit aussi que cette ronde qui serait
l'héroïne de cette pièce, et bien voilà, c'est lui.

Oui, je pense qu'on peut dire que ça a débuté comme ça. Un jour, un
homme m'a dit: "la ronde, c'est moi. Je veux la jouer, je sais que
c'est moi".

Qu'est-ce qu'on peut répondre à un truc aussi dingue à votre avis ?

Exactement.

Et c'est bien évidemment ce que j'ai répondu. Un grand oui.

Et à ce moment là, je crois qu'on peut vraiment dire que tout a commencé…

à suivre…

Il est trop petit ?

Bon, donc tout ça se passe après un calin coquin, dans
un lit bien sûr, parce que le carrelage… c'est… c'est… Allez,
tous ensemble…

TROP FROID !

Bien… Je sens que ça rentre.

Lui: Quand même, tu ne trouves pas qu'il est un peu trop petit ?

Elle: Mais arrête un peu avec ça ! Bien sûr que non.

Lui: T'es sûre ?

Elle: Oui. Et puis de toutes façons, je t'ai déjà dit que ce n'est pas le plus important, la taille.

Lui: Ah bon ? Alors pourquoi tu baves devant le gros paquet de Daniel Craig ?

Elle: Heu… Ben pour rien, c'est pas son maillot que je regarde, de toutes façons, c'est… c'est son torse.

Lui: C'est ça…

Elle: Mais enfin je t'assure. Combien de fois il va
falloir que je te dise que je me fiche qu'il soit petit ou gros ?
L'essentiel c'est qu'il fonctionne. Et de ce côté là mon loulou, y'a un
tigre dans ton moteur… Rrrrrrrrhhhh…

Lui (accablé): Donc tu vois, tu le reconnais. Il est trop petit.

Elle: Mais t'es dingue ! J'ai rien dit !

Lui: Si. Quand une fille dit "la taille ça compte
pas", c'est une façon polie de dire qu'il est trop petit. Tiens. Si tu
me dis: "je suis grosse, hein ?" et que je te réponds: "on s'en fout du
poids". Qu'est-ce que tu réponds ?

Elle: Dis-donc, c'est pas parce que ton pénis est minuscule qu'il faut m'insulter hein !

Lui: Tu vois !

Elle: Oui oui, très bien. Je vois très bien. Bonne nuit.

Bref, les filles, et ce sera mon premier vrai conseil de Miss,
de la même façon qu'on devrait dresser les hommes depuis leur plus
tendre enfance à répondre "non" à LA question des filles à savoir:
"j'ai grossi ?", il faudrait apprendre très très tôt aux filles à
systématiquement répondre "oui" à celle des garçons: "est-ce qu'il est
assez gros?".

Ne jamais, jamais, jamais, tenter d'expliquer que ça ne compte pas. Toujours, toujours, toujours, leur dire qu'il est énorme.

J'adore être miss, j'ai l'impression de mieux comprendre l'humanité, depuis…

EDIT: L'homme me demande – et ce absolument pas sous la contrainte, serre un peu moins chéri ça fait mal
de préciser que toute ressemblance avec un personnage ayant déjà existé
est totalement fortuite. J'ajoute – de mon propre chef, aïe, moins fort je te dis
– que la nature a été particulièrement généreuse avec lui et que JAMAIS
au grand JAMAIS il ne s'est posé la moindre question sur la taille de
son sabre laser. C'est bon là ? Tu peux me lacher maintenant ? Parce que je ne respire plus, là…

Moi, ma nouvelle bannière et mes chevilles…

Alors voilà, c'est ça la célébrité. On devient miss, et direct on
fait un gros caprice, genre je veux une nouvelle bannière, là, tout de
suite maintenant. Et comme parfois la vie c'est comme un rêve, à peine
on a tapé avec ses petits poings sur la table qu'une fée nous envoie la
bannière dont on aurait à peine osé rêvé.

Oui, voilà, je suis vernie, parce que dans cette blogosphère, j'ai
quelques fées qui parfois se rappellent à moi d'une très jolie façon.
Et ça croyez-moi, ça vaut tous les titres de miss canalblog.
Aujourd'hui, la fée en question, c'est BubbleCannelle.
Alors voilà, BubbleCannelle, je te dis merci, du fond du coeur, pour ce
cadeau, pour cette attention. Merci aussi pour ta sensibilité, ton
espièglerie et ton humour, parce que crois moi on sent tout ça dans tes
dessins.

Bientôt je vous parlerai d'une autre de ces fées de la blogosphère
qui m'a donné ce fameux coup de pouce, celui qu'on n'espérait pas. Oui
oui, toi, là, exactement…

Le jour où je suis devenue miss…

Bon, donc c'est un secret bien éventé, ça y'est, je suis miss. Miss
Canalblog. Et non "analblog" comme je l'ai malencontreusement écrit à
une amie hier. Moi je vous le dis, les billet classés X, ça commence à
me monter à la tête, ou un peu plus bas, d'ailleurs. Bref, voilà, cette
fois-ci c'est sûr, I am famous. Wouahhhhhh… Je peux
vous dire que depuis la nomination, je suis en transe. Je suis même
passée par toute une sorte d'états très proches de l'Ohio. Je vous
raconte ?

Un mardi, fin janvier

14h00: Je reçois un mail m'avertissant que je fais
partie des trois finalistes du concours Miss Canalblog. Je suis super
étonnée, c'est incroyable, il y a des gens qui sont venus sur mon site
et m'ont plébiscitée pour devenir leur idole, sans que je sois au
courant.

14h01: Ok, j'avoue, il y a une semaine j'ai vu une
petite annonce sur le site de Canalblog appelant tous les volontaires à
se manifester pour participer au concours.

14h02: J'ai répondu à la petite annonce.

14h03: Cinq fois.

14h04: Avec mon numéro de compte et une photo de moi à moitié nue.

14h05: N'empêche que je suis parmi les trois finalistes. Alors qu'on était au moins 2000 à postuler.

14h07: D'accord, 126.

14h12: Je suis vraiment très contente d'être
nominée. En soi c'est une vraie victoire. D'ailleurs je me fiche pas
mal d'être la gagnante. C'est d'un vulgaire de vouloir l'emporter à
tout prix, je trouve. L'essentiel c'est de participer. En plus les
autres candidates ont l'air super sympa, alors elles ou moi, c'est même
combat.

14h15: En fait juste participer ça craint sa race.

14h17: "Monsieur l'organisateur du concours miss
canalblog. Vous ne me connaissez pas mais sachez que mlle X et mlle Y,
deux des finalistes du concours ont des moeurs étranges et sont
soupçonnées d'utiliser leur blog à des fins pas très catholiques. Ce
serait une grave erreur de les sélectionner. Attention, Caroline, de
pensées d'une ronde, en revanche est une femme extraordinaire doublée
d'une amante formidable" Signé: une anonyme qui vous veut du bien,
beaucoup de bien, si vous voyez ce que je veux dire…

14h18: J'ai beau avoir un petit peu envie de
gagner, je préfère cacher à tout le monde que je suis nominée. C'est
tout moi, ça. D'un côté je participe à ce concours et d'un autre rien
ne me fait plus fuir que les projecteurs. Je crois qu'en fait, cette
victoire, je la veux pour moi, c'est tout. Ce sera mon jardin secret.

14h34: En même temps la modestie c'est comme perdre, ça pue. Et ça ne me rapportera aucune voix.

14h36: "Mes chers lecteurs, par un concours de
circonstances incroyable, il se trouve que je suis nominée pour un
petit concours sans importance. Si vous avez cinq minutes, vous pouvez
même voter pour moi.

PS: Je vous paierai."

Le lendemain

08h03: Je sens petit à petit le poids des
responsabilités que signifie une telle distinction. Etre miss ce n'est
pas rien et je sais que c'est tout un peuple que je devrai représenter
sans jamais le décevoir. A partir d'aujourd'hui, je ne touche plus à
l'alcool ni à tous mes autres vices. Il faut savoir ce qu'on veut. Et
moi j'ai TOUJOURS voulu être miss.

09h00: L'homme se réveille avec une grosse grosse… envie. Il me saute dessus direct.

09h02: J'explique à l'homme que c'est inenvisageable et que je viens de faire une croix sur tous les vices.

09h03: Je confirme à l'homme que la fellation aussi c'est un vice.

09h12: Non mais c'est vrai ça. Etre miss ça
implique d'être chaste pendant toute l'année qui suit l'élection.
D'ailleurs, quand je passerai à la télé, je dirai que je suis
célibataire. Ce n'est pas parce que j'ai honte de l'homme ou de mes
petits. C'est juste qu'une miss ça doit faire rêver. Et une miss
presque mariée avec deux enfants, ça ne fait pas rêver.

09h12: L'homme dit que si je mens aussi pour les enfants, il racontera à Geneviève de Fontenay que parfois je taille des pipes.

09h23: Je suis obligée de mettre ma chasteté de
côté dix minutes pour acheter le silence de l'homme. Etre miss c'est ça
aussi. Faire des concessions.

09h34: L'homme me fait promettre de ne jamais faire une concession à Jean-Pierre Foucault

10h00: Je me demande si j'ai déjà beaucoup de votes pour moi.

10h02: Quand je pense à ma petite fille, je me dis que je vais lui donner un bel exemple de féminité.

10h05: En même temps la pauvre ça va être dûr pour
elle de rivaliser avec la perfection faite femme. Si j'étais une vraie
maman parfaite, je laisserais tomber toute cette histoire pour ne pas
même en danger son épanouissement futur.

10h07: Ce qui est bien c'est que je n'ai jamais
prétendu être une mère parfaite. De toutes façons la vie est une
jungle. Préserver ses enfants ce n'est pas vraiment leur rendre
service, croyez-moi.

Quelques jours plus tard…

Jeudi

06h00: C'est aujourd'hui le verdict. Mais depuis le
temps que j'attends je m'en tape complètement. Il est hors de question
que je me lève plus tôt histoire de vérifier si j'ai gagné.

06h12: En même temps, 6h00, 8h00, c'est un peu la même chose.

06h23: C'est incroyable ce que je m'en fiche. A tel
point que là, j'allume mon ordinateur, mais que je pourrais tout à fait
faire autre chose vu comment je suis décontractée du nombril.

06h24: Si internet ne marche pas dans dix secondes je fais bouffer sa free-box à ce crétin d'opérateur

06h25: Soit j'ai un début de Parkinson, soit en vrai je ne m'en fous pas vraiment.

06h26: C'est comme les résultats du bac cette connerie. En même temps je veux regarder et en même temps non.

06h27: Si je ne suis pas élue, c'est la honte sur
moi et toute ma descendance. Je n'aurais jamais dû parler de ce
concours aux 213 personnes que je connais. Plus les deux millions de
lecteurs de la blogosphère. Mais je suis une grande fille. Si c'est pas
moi, j'en ferai pas une maladie.

06h28: J'y crois pas. C'est incroyable. Il m'arrive
un truc de dingue. C'est comme si la terre s'arrêtait de tourner. C'est
moi la miss. La victoire c'est comme un shoot de chocolat putain.

06h29: Quand j'y pense, mes deux concurrentes
étaient pourtant tellement sympas. Et leur blog était largement aussi
bien que le mien. En tous cas pas loin. Je suis vraiment désolée pour
elles. D'ailleurs du coup ça rend mon succès un peu dérisoire. Limite
je leur donnerais mon titre.

06h30: Elles peuvent crever.

Edit: Plus sérieusement, merci à vous qui avez voté, merci à Transs,
qui a tout organisé et qui est resté intraitable face à mes tentatives
de corruption et bien sûr bravo à mon "mister" Canalblog, Judark. Enfin, bravo à mes deux concurrentes, Emilie et Fred, dont les blogs méritent vraiment une visite. Les filles, je ne vous donne pas mon titre, mais le coeur y est !

Futur Papa: Le livre… et le concours !

Pendant neuf mois, il a écrit sur un blog toutes ses impressions.
Ses impressions sur quoi ? Sur ce qui se passait d'étrange, de drôle,
de flippant et d'émouvant dans et autour du ventre de son amoureuse.
Enceinte. C'est ça le pitch, comme dirait Ardisson. Fabrice allait
devenir papa et parce que tout ça lui paraissait incroyable et énorme,
il a décidé de raconter jour après jour cette histoire qui est à la
fois la plus banale et la plus extraordinaire au monde: la venue d'un
bébé.

Le plus drôle, c'est qu'il n'a rien dit à sa chérie, le centre de
son monde pendant neuf mois. Et il lui a offert ses mots, à la fin. Je
crois que c'est ce qui me touche le plus, un cadeau pareil, c'est tout
de même beaucoup d'amour, non ?

Petit à petit, la sauce a pris et le blog "Futur papa" a attiré de
plus en plus de lecteurs et lectrices, avec parfois même des pics à
4000 par jour. Et puis le bébé est né. Et comme un bonheur n'arrive
jamais seul, un éditeur s'est intéressé à ces petits textes.
Aujourd'hui, c'est donc le livre qui sort. Et Fabrice m'a proposé de
participer à un concours pour vous faire gagner un exemplaire dédicacé
de son oeuvre.

Pour participer, il vous suffit d'aller ici

Franchement ça vaut le coup, le bouquin est super
joli, il se lit très vite parce qu'on a beau connaître la fin, c'est
plein de ces petites choses qu'on a tous et toutes vécues sans vraiment
les dire. C'est aussi un chouette cadeau à offrir à tous les futurs
premiers papas que vous connaissez.

Shoot de bouffe

Aujourd'hui, une petite rediff. Parce que la vie c'est
ça, parfois ça va bien, parfois un peu moins. Et en cette période
post-noëlesque, les vieux démons ne sont pas très très loin…

Dabord, il y a la réminiscence d'un goût aimé. Souvent sucré. L'idée
d'un carré de chocolat au lait, la douceur d'une madeleine ou l'acidité
délicieuse d'une tarte au citron, par exemple. Petit à petit, ce
souvenir s'installe insidieusement et se rappelle à toi de manière
obsédante. Il t'en faut. Tu essaies de chasser l'envie, de penser à
autre chose. Mais tu salives de plus en plus, tu ne peux plus rien
faire, il t'en faut. Tu sais que chez toi, il n'y a rien de tout ça, tu
t'interdis d'en acheter, pour ne pas céder. Mais aujourd'hui, ça ne
changera rien.

Un fumeur hésite-t-il à traverser la ville le dimanche soir pour trouver un paquet de cigarettes ?

C'est décidé, tu y vas. Tu cours vers le supermarché le plus proche.
Tu prends, vite, la tablette de chocolat à l'origine de la compulsion.
Et comme tu sais qu'une fois la crise enclenchée, ça ne suffira pas, tu
rafles quelques paquets de gâteaux, peu importe lesquels. Une fois ton
butin amassé, tu rentres chez toi et prends le temps de t'installer. Tu
sais que le bonheur sera de courte durée, alors autant l'optimiser.

Assise sur ton canapé, la télécommande à portée de main, tu déchires
soigneusement le papier argenté. La vue du chocolat velouté excite tes
papilles. Tu casses un morceau, et le porte à ta bouche, fébrile et
impatiente. Les premiers effluves parviennent à tes narines et
commencent à calmer le manque. Puis ta langue apprécie la douceur sans
aspérité du petit carré. Très vite, le jus divin tapisse ton palais.
Les récepteurs transmettent à ton cerveau la sensation de bien-être. Tu
te sens calme, tes pensées errent sans entraves, ton corps se détend.
Tu n'es plus ici, tu n'es plus toi, tu n'es plus que ce carré de
chocolat qui fond voluptueusement pour couler ensuite dans ta gorge.

Le shoot a commencé.

La première bouchée est la meilleure, la seule qui vaille. Les
autres ne seront que de vaines tentatives de parvenir à nouveau à
l'extase. Et cette impossibilité te poussera alors à engloutir, de rage
et de désespoir, tout ce que tu as acheté en plus. Jusqu'à
l'écoeurement ultime, la nausée finale.

Seulement toi, tu ne vomis pas. Tu n'as jamais su, jamais pu. Oh, tu
as essayé, tu as enfoncé ton doigt dans ta gorge plus d'une fois. Mais
ton corps refuse. Il veut garder ce que tu viens de lui donner. Non, tu
ne vomiras pas, tu ne sais que te remplir.

La descente est aussi douloureuse que la montée fut euphorique. La
culpabilité te fait mal. Tu pétris ton ventre violemment, tu te
frapperais si tu le pouvais. Pour te calmer, tu finis par t'inventer un
demain différent. Oui, c'était la dernière crise. Demain, tout à
l'heure, même, tu feras du sport. Tu ne mangeras rien, ou alors si peu.
Demain, tu maigriras. Demain, tu décrocheras.

« Pas ce soir chérie… »

Je dis ça je dis rien mais un billet cul = 72 commentaires. Un billet culture = 17. Je dis ça, je dis rien, je vous dis.

Enfin je dis rien mais j'en tire les conclusions qui
s'imposent. Et je cède sans aucun scrupule aux sirènes de l'audimat.
Ben oui, c'est comme ça, je suis droguée, accro au succès. J'ai beau me
dire que je ne veux pas changer, en même temps je sens bien que je ne
suis plus tout à fait la même. Avant par exemple, je n'aurais jamais
parlé de sexe pour faire grimper la courbe de mes commentaires. Et bien
aujourd'hui, je n'hésite pas une seconde….

Bref… La scène se passe… dans un lit bien sûr, puisque je vous
dis que le carrelage c'est froid, c'est dingue ça, faut suivre un peu !

Elle: Mmmmm… tu sens bon, viens là mon loulou…

Lui: Non, attends, tu sais je n'ai pas trop envie ce soir.

Elle, interloquée: C'est qui ? Comment elle s'appelle ?

Lui: Quoi, c'est qui ? N'importe quoi, c'est juste que je suis fatigué.

Elle: Bien sûr, c'est ça. T'es JAMAIS fatigué !

Lui: Et bien ce soir, si. Je suis fragile moi
aussi, je suis pas une machine tu sais. T'aurais tendance à l'oublier
un peu ces temps ci.

Elle: Non mais c'est qui cette garce ?

Lui: Mais enfin… Il n'y a que toi. C'est juste que ce soir, j'ai envie de calins, de tendresse, mais pas de sexe, tu comprends ?

Elle: Tu te moques de moi. C'est ça hein ? C'est parce que je t'ai dit non hier. J'en suis sûre.

Lui: Je pourrais, mais non. Cela dit, tu pourrais comprendre, du coup.

Elle: Non.

Lui: Mais ça n'a rien à voir avec toi mon amour, je suis juste fatigué.

Elle: Tu veux qu'on se sépare, hein ? C'est ça, tu veux qu'on se sépare.

Lui: Tu délires complètement. Allez, viens dans mes bras.

Elle: ça va te couter un max en pension alimentaire, ça crois moi.

Lui: Non mais je rêve. Ils sont où tes discours sur
l'homme qui est une femme comme les autres ? Faudrait savoir, je
croyais que tu adorais mon côté sensible ?

Elle: Non mais comment t'as pu croire ça ? Je veux retrouver mon obsédé sexuel moi. Là je suis rejetée, bafouée, je suis humiliée.

Lui: Et moi, hier, la semaine dernière, et aussi samedi ? J'étais bafoué moi aussi.

Elle : ça n'a rien à voir.

Lui : Pourquoi ?

Elle: A ton avis ?

Lui: "PARCE QUE" ?

Elle: Et ben voilà. Allez, et maintenant fais moi un calin. Et surtout ne discute pas. Pense à la pension alimentaire.

Une pièce montée

Bon, ça faisait un moment que je n'avais pas fait genre que je suis
super cultivée comme nana. Alors en ce lundi, voici un petit conseil
lecture. Qui vient de dire que j'essaie de me racheter une conduite
après avoir délibérément tenté de doper ma fréquentation en parlant de
pénis, de sabres laser et de leur copain monsieur clitoris ? Hein, qui
? Sachez en tous cas que je n'apprécie pas du tout ce mauvais esprit et
cette tentative de déstabilisation. Après tout, je ne suis qu'une femme
qui vit avec son temps, qui jouit un jour et lit le lendemain parce que
jouir tous les soir c'est pas une vie. Arrêtez de me cataloguer, je dis
un grand non aux étiquettes ! Ok, je calme ma joie. Et j'avoue, je suis
timorée et ne voudrais pas transformer ce blog très respectable en
lupanard, en tous cas pas systématiquement. D'où ce quart d'heure
culture.

Allez, entrons dans le vif du sujet, trop de digression tue la digression.

"Une pièce montée", c'est un petit bouquin qui se
lit bien. Un livre qui tient surtout à une idée, une idée qu'elle est
super bonne, même: raconter un mariage, mais à travers chacun des
protagonistes. Moi qui suis une fan des films chorale, qu'il s'agisse
des "Marmottes", de "Fauteuil d'orchestres" de "La bûche" ou encore de
"Palais Royal", et bien j'ai retrouvé dans cet ouvrage la même
atmosphère. J'aime surtout l'idée qu'il n'y a pas une seule vérité, pas
de vrais méchants, de purs salauds et d'absolus gentils. j'aime l'idée
que de grands secrets se cachent dans les plis des robes de mariées,
qu'une petite fille de dix ans décèle la cruauté de sa pourtant si
charmante tante à la façon qu'elle a de pousser discrètement mais
sûrement la petite trisomique du champ de la photo. Ben oui, une photo
de mariage, ça ne supporte aucun couac, encore moins un visage pas
comme les autres, même si ce visage sourit de toutes ses dents…

Le style est très simple, à la limite parfois du scolaire, ce n'est
pas du Flaubert, mais il y a beaucoup de nous dans cette pièce montée.
Beaucoup de ce qui fait qu'un jour on lit, un jour on jouit, un jour on
pleure…