Lettre au vent

Hier j'ai vu ton frère, et dans son sourire tu étais là. Le matin,
j'avais épluché mes anciens mails et j'étais tombée sur cette
invitation pour cette soirée de l'été dernier à laquelle je n'avais
finalement pas eu le courage de me rendre. Trop de souvenirs, trop
d'appréhension de vous revoir, tous. Un peu de paresse aussi, parce que
tu le sais, je suis paresseuse.

Ce jour là, jusqu'au dernier moment j'ai hésité, sans finalement
franchir le pas. Evidemment je ne savais pas que je ne te reverrais
pas. Mais c'est comme ça, la vie n'a rien à voir avec ces films qui
nous font pleurer mais dans lesquels ce train justement, on finit par
le prendre.

Et puis en ce moment, il m'arrive des choses qui t'auraient plu, qui
t'auraient fait rire. Qu'est-ce que c'est frustrant de ne pas pouvoir
t'en parler…

Evidemment, tout ça je le dis au vent, peut-être aussi à l'Igéenne
qui si ça se trouve vient ici encore parfois et à laquelle je pense si
souvent. Je le dis aussi à son petit de toi.

Je m'invente que tu es là avec nous, que ton esprit n'est pas bien loin. Mais bien sûr, je n'en sais rien.

Si, tout de même, hier, dans le sourire de ton frère, il y avait un peu de toi.

33 comments sur “Lettre au vent”

  1. nath185 a dit…

    Mes mots, là, sont chuchotés pour ne pas encombrer le Vent qui porte et/ou reçoit les tiens :
    Bien avec toi, Caro, dans ce post si intense.

    Répondre
  2. zaza a dit…

    La vie est tellement difficile quand on perd un être cher… et les regrets de ne pas être allé les voir, mais comment savoir que ce serait la dernière occasion ? la vie est faite de ça aussi, de ces rendez vous manqués… Nous en avons tous avec lesquels il faut vivre.
    Il n’est pas loin, juste de l’autre coté du chemin (Saint Augustin)

    Répondre
  3. Annedusud a dit…

    Hier, Sixtine, ma fille de 18 ans était à l’enterrement de la maman de Lucie, une amie de son âge, très proche et je me demandais si cette Lucie avait pu dire à sa maman, qui est morte d’un cancer, tout ce qu’elle avait voulu lui dire.. Et plus ça va, plus je me dis que quand on a quelque chose à dire, à partager, il ne faut pas laisser le temps passer.
    PS: Lucie a été assez forte pour lire le texte de Saint Augustin à la messe.
    Et moi je pense à toi et le vent t’entend…

    Répondre
  4. Marionnette a dit…

    Tu me fais pleurer devant mon écran mais c’est pas grave, ça fait réfléchir.

    Maintenant, je saurai comment me motiver pour aller à une soirée chez des amis alors que j’ai envie de rester buller sur le canapé. Merci pour eux et pour moi !

    Répondre
  5. Nathouille a dit…

    Je veux croire Caro…

    que les paroles que tu as soufflées au vent ont été emportées de l’autre côté du chemin, que le vent les lui a répétées, et qu’il a souri…

    merci pour ce texte tout en retenue

    Répondre
  6. delph a dit…

    Tes mots sont très juste et fort à la fois.
    Ton texte provoque une vive emotion et amène à réflechir, à penser, à regretter… puis apaise.
    Merci Caro.

    Répondre
  7. Amika a dit…

    Bisou doux d’Amika pour ces mots si beaux que tu partages avec nous, merci …
    c’est bon de savoir que tu sais nous faire rire aux larmes et nous émouvoir tout aussi bien…

    Répondre
  8. Caroline a dit…

    Merci à toutes pour vos mots. Vous comprendrez j’espère que je ne vous réponde pas personnellement aujourd’hui. D’abord parce que le moral n’est pas au beau fixe, et puis parce que je ne veux pas être impudique. Le fait de poster ce billet m’a fait réfléchir, je ne veux pas avoir l’air de « profiter » de ça. Et puis je l’ai finalement fait parce que la seule façon de garder nos morts en vie, c’est de parfois parler d’eux. Merci d’être si proches aujourd’hui.

    Répondre
  9. oliviachanteuse a dit…

    Petite pensée pleine de nostalgie…tu as raison de parler de ton ami c’est ainsi qu’il continuera à vivre dans ton coeur.Plein de gros bisous!!!

    Répondre
  10. Joelle a dit…

    Caro, les mots me manquent.

    C’est écrit avec tellement de pudeur. Je ne sais s’il t’as entendue, mais je pense que tu lui as fait un beau cadeau.

    Répondre
  11. maribou a dit…

    Je viens de découvrir ton blog. J’suis touchée par ton dernier article, ça me donne envie de lire les autres, c’est beau.

    Répondre
  12. Breizhoudoudou a dit…

    Les amis et les amours vivent au travers de ce que l’on dit, racontent d’eux. Ils vivent dans ces conversations secrètes que l’on a avec eux. Ils sont là, dans le manque qui peut tout envahir, sans raison précise…Et tu vois, Caro, dans ces moments là, j’ai de la gratitude, de les avoir rencontré et d’avoir eu la chance de les connaitre. La douleur est douce amère mais ces proches disparus ne sont jamais loin. Ils sont tout près, à l’intérieur de toi.
    Merci de ton post aujourd’hui et « big hug » virtuel 🙂

    Répondre
  13. zia a dit…

    Une de mes meilleurs amies est morte le 30 janvier 2007 d’un cancer. Elle avait 18 ans avec mon groupe de dix copines ont a aussi lu le texte de saint augustin alors ça me fait étrange de le voir là sur un blog.
    Elle me manque et je regrette plein de chose que je n’ai pas fait avec elle aussi. Je crois que je regrette surtout de ne pas avoir compris à quel point c’était dur pour elle de vivre avec ça et de ne pas avoir imaginer que le pire pourrait arriver. Je ne l’ai jamais vu comme qq ‘un de malade.

    Répondre
  14. Raphaelle a dit…

    Sur la pointe des pieds, je me permets de revenir pour te mettre le lien vers un blog que je trouve beau à pleurer. Celui d’une femme de 40 ans, avocate, maman de trois enfants, et veuve, déjà. Elle est d’une pudeur sidérante, et son blog, qui raconte aussi d’autres choses, rappelle ce petit fait tout simple : c’est en parlant des morts, en parlant aux morts, qu’on les garde auprès de soi. Et qu’on trouve, aussi, la force de continuer à avancer.
    http://bricablog.net/index.php/

    Répondre
  15. Anjana a dit…

    J’ai le coeur serré , les larmes aux yeux, ton texte est trés beau, et comme tu as raison! nos morts continuent à vivre si nous parlons d’eux, mais il ne faut pas parler de la mort dans la société actuelle.
    Merci encore pour ton texte.

    Répondre
  16. La Foldingue a dit…

    Bonsoir Caro,
    Tu parles de la mort sans la nommer, mais on la sent palpable dans ta tristesse.
    Regrets, on en aura toujours car on n’a jamais suffisamment de temps pour faire et dire tout ce qu’on aurait aimé.
    Vivre comme si chaque jour était le dernier, c’est si difficile… on ne peut penser tous les jours à la mort de ses proches, alors quand ça arrive c’est inattendu, c’est trop tôt.
    Toujours trop tôt.
    Merci pour ces mots si doux et cruels.

    Répondre
  17. bea a dit…

    trop emouvant pour moi, je suis obligée de chercher un kleenex, mais je te dis merci quand même de si bien ecrire les emotions.

    Répondre
  18. ségolène a dit…

    Rares sont mes commentaires en ce moment Caroline…mais ce que tu exprimes là me touche profondément…moi qui suis dans le deuil…
    et qui, comme toi, à travers un sourire faimlial ai retrouvé toute la chaleur et l’expression d’un visage aimé…étrange présence réssuscitée…
    Tendresse Caro.

    Répondre
  19. l'igéenne a dit…

    J’étais à Igé lorsque tu as écrit ce billet avec quelques uns de ceux dont tu faisais partie ce fameux 23 décembre. Nous l’avons retrouvé, tous pleuré. Il était partout, dans chaque recoin, assis sur une chaise, ses foulards au vent et son verre à la main.
    Il était ici chez lui, l’œil malice et le cœur ouvert.
    J’ai finalement rejoint la mer, soulagée. Elle m’apaise plus aujourd’hui que l’herbe verte.
    J’ai retrouvé mes habitudes, ton blog et suis émue de te lire. Il aurait adoré que tu parles de lui, n’y aurait vu aucune récupération de quelque sorte que ce soit mais au contraire un grand amour, lui qui ne s’aimait pas.
    Pour lui, je te remercie. J’espère te revoir bien vite et te présenter ce petit de lui.
    Je t’embrasse.

    Répondre
  20. johnston a dit…

    tu es très émouvante ma caro, et de te lire maintenant me fait remonter des émotions que je n’arrivaient pas apréhender quand tout cela est arrivé … moi aussi j’y pense souvent et je pense aussi souvent à l’igéenne (bien que l’on ne se connaisse pas).
    je dois partir au carnaval de l’école de ma fille mais je suis un peu triste …
    mais je te dis merci de m’offrir ce petit moment avec lui …

    Répondre

Laisser une réponse à johnston

  • (ne sera pas publié)

Vous pouvez si vous le souhaitez utiliser les balises HTML suivantes: <a href="" title=""> <abbr title=""> <acronym title=""> <b> <blockquote cite=""> <cite> <code> <del datetime=""> <em> <i> <q cite=""> <s> <strike> <strong>