Mois : octobre 2008

Docteur Rose et mister Helmut

Alors je suis désolée mais aujourd'hui ce sera assez bref. Rapport
que je dois comptabiliser douze heures de sommeil depuis lundi.

Ben
oui, Rose fait les choses à l'envers, elle a commencé par faire
ses nuits et puis maintenant qu'elle approche des trois mois, elle se
réveille toutes les deux heures. Genre pas folle la guêpe, elle a
attendu la fin de la période d'essai, histoire qu'on soit bien ferrés,
total toqués de sa petite personne, pour nous montrer son vrai visage.

Celui d'Helmut. Un ogre échevelé. Et affamé.

En plus je crois que j'ai une mycose des seins.

Vas-y, va vomir, je t'attends.

Non mais en plus ça semble moche dit comme ça, alors qu'à l'oeil nu tu ne vois que dalle.

Le candida – comment un nom a pu être aussi mal trouvé – se planque à l'intérieur de tes canaux lactifères et te donne l'impression qu'on t'a collé du verre pilé dans le têton. En gros j'ai une cystite des nichons. Génial, je venais de mettre leur claque aux crevasses.

Non y'a pas, je suis d'excellente humeur et le bon gros kilos en plus qui s'est affiché sur ma balance ce matin a fini de me donner le sourire.

Donc voilà, je crois que je n'en dirai pas beaucoup plus aujourd'hui, d'autant que commenter l'actualité ne ferait qu'aggraver mon état chonchon. 

Entre les 7000 ménages très très fortunés qui ne paient pas l'impôt sur le revenu, la proposition de mister Saussez, le monsieur communication du gouvernement, de mettre en place une émission gouvernementale sur le service public – vive l'ORTF – ou la rumeur selon laquelle un bon copain neurochirurgien de Nanard Sac-de-riz serait en train de soigner le dictateur de la Corée du Nord, un des mecs les plus sanguinaires qui soit, non, je ne vois pas trop ce qui pourrait me rendre le sourire.

Alors voilà, puisque c'est ça je pars en week-end demain matin.

Allez mes crottes, je vous aime quand même !

 

Offerte…

 

 

Elle s'appelle Offerte. Et ce n'est pas sans raison.

Elle est
arrivée chez moi lundi matin, enrubannée de scotch et enfouie sous des
milliers de billes de polystyrène. Je l'ai déshabillée frénétiquement
et pour moi c'était une première, d'ôter les vêtements d'une femme nue.

Lorsqu'elle m'est apparue, j'ai pleuré devant tant de beauté. On peut penser que c'était exagéré, mais là point de justification hormonale ou autre, j'ai été saisie par sa grace et ça ne se discute pas.

Mes larmes étaient aussi pleines de reconnaissance pour ce présent brut, ce cadeau qui m'a été fait par Solange, plus connue de vous sous le pseudo de "Sous les mots". Oui, la bannière c'est elle aussi.

"Peu importe le reflet dans le miroir, en chaque femme il
existe une réalité que très peu de personnes peuvent percevoir, mais
nous, quand nous savons qu'elle existe… c'est elle qui nous fait
relever la tête et sourire au miroir, marcher droit dans la rue,
sourire et mordre la vie (…) Alors j'espère qu'elle trouvera une petite place dans ton chez toi, qu'en la voyant les jours où le miroir te fait la grimace, tu souriras !"
. En plus d'avoir de la terre en vie dans les mains, Solange a les mots qui vont avec.

Je n'ai pour ma part que cela, des mots, et un seul me vient à l'esprit… Merci.

Edit: J'ai pour habitude de refuser qu'on m'offre quoi que ce soit, parce que je ne trouve pas ça juste, je ne mérite pas de telles attentions, je ne saurais les rendre, je crois que ça pourrait à terme se retourner même contre moi, parce que je sais qu'on finit souvent par détester ce qu'on a adoré.

Mais voilà, on est faible parfois…

 

 

 

 

 Edit 2: Souslesmots tient aussi un blog: http://souslesmots.canalblog.com

Un air de famille

 Le week-end dernier, lors d'un repas en famille, on devisait sur la crise. Sur le mode évidemment café du commerce. De gauche, bien sûr le café, on ne se refait pas.

Et ça y'allait sur ces enfoirés de patrons, sur les golden parachutes de mon cul – ah ben oui, nous on est du genre café vulgaire aussi – sur les copains du président, sur les 25 000 milliards de dollars qui ont fait pshiiiiiiit, sur l'argent de la bourse qu'on pourrait croire que c'est des billets du monopoly. Et que moi aussi, je vais avoir un incident à 600 patates puisque c'est ça, et mon banquier, je peux te dire que là, il fait moins son malin, non parce qu'avec mon découvert de 500 euros, on avait l'impression la dernière fois au téléphone que je mettais en danger la balance du commerce. Franchement, je t'en foutrais moi de la prise de risque mal calculée, et voilà, nos trois sous d'économie, pan, dans ta face qu'on les a, et tu vas voir que ça va rejaillir sur l'économie réelle ces conneries, pour l'instant on nous fait croire qu'il suffit d'injecter des milliards dans les banques pour que la confiance elle revienne comme par enchantement, ben moi figures-toi que je suis bien sceptique, en même temps on n'a que ce qu'on mérite, et je te fiche mon billet – que je n'ai plus – que ces crétins ils voteront pareil en 2012, parce que qu'est-ce que tu veux, on est dans un pays de veaux, en même temps à gauche, tu les entends toi ? Non, tu peux pas dire ça, t'exagère, ok elle était ridicule dans sa blouse qui lui arrivait aux genoux, mais c'est super sexiste de parler de sa coupe de cheveux, tu ferais pareil pour un homme toi ? De toutes façons, j'ai toujours eu un doute, allez, vas-y, crache le, t'as voté sarko, hein, c'est ça ? T'es vraiment qu'un con. Mais toi aussi, arrête de la ramener avec tes grands mots, qu'est-ce que c'est hein, "l'économie réelle", tu sais même pas, tu fais genre, tu t'inquiètes pour rien, moi je te dis que ça va aller, tout ça c'est que du virtuel, alors calme toi un peu, hein.

Bref, la vie de famille.

Et puis à un moment, je demande à mon frère qui était plutôt resté silencieux dans ce grand n'importe quoi dominical.

– "Et toi ça va ? Ton nouveau boulot ?"

-"Ah ben non, ça ne va pas du tout", me répond-il avec un sourire crispé. "ça ne va tellement pas d'ailleurs que je suis licencié économique. C'est tombé hier, voilà, la boîte était trop jeune, les commandes ont toutes été annulées ces dernières semaines et le patron n'a plus d'argent pour nous payer. Il s'est mis en faillite. Terminé".

D'un coup d'un seul, le concept de l'économie réelle, on avait tous compris.

Le grand cri du lundi, ouiiiiiiiiiiii !

Alors alors alors.

Je vous vois bien, là, depuis une semaine.
Vous trépignez, les gens. Vous vous dites que j'ai perdu ma niaque, que
je me suis assoupie sur mon féminisme, voire que je me suis assise
dessus, hein ?

Ben oui, quelle autre explication à ce silence à propos de cet article délirant du Elle: "Les superwoman rentrent à la maison" ?

Et bien, heu…

En fait en ce moment le Elle j'en viens à bout le vendredi.

Pas
qu'il soit si touffu que j'aie besoin d'une semaine pour le terminer.
Non, que nenni ma mie. C'est juste que miss crampon n'apprécie guère
que je lise. Ou que je regarde la télévision. Ou que j'écrive. Ou que
je téléphone. Ou que je fasse caca.

Tu es en train de te dire que
je digresse, et qu'on s'en tape de miss greffon, ce qu'on veut c'est du
sang, de la castagne, du grand cri, quoi.

Et tu as raison. Et tort à la fois.

Parce qu'en réalité, ça a son importance, ce que je viens d'écrire plus haut. 

En effet, j'ai lu cet article avec les yeux d'une jeune maman fraichement moulue. 

Et je n'en ai été que plus ahurie.

Mais stop, avant de développer mon argumentaire, encore faut-il expliquer de quoi s'agissasse-t-il pour ceusses et celles qui ne lisent point le Elle.

En gros – tu me connais, je suis moyennement du genre à caricaturer donc crois moi sur parole – l'enquête uuuuuuultra documentée explique qu'on assiste à une tendance: le retour à la kasbah des cadres sup qui n'en peuvent plus de courir à droite à gauche et qui surtout ont envie de se "réapproprier la maternité". Avec quelques perles, du genre Charlotte, 44 ans, qui aime bien donner le sein en nuisette noire à dentelles, donc, et qui accessoirement estime qu'on devrait payer les femmes pour qu'elles restent à la maison, que pour la société ce serait un vrai plus vu que ça fait des enfants beaucoup plus épanouis. Ou Stéphanie, 34 ans, qui en plus de "constamment garder" son petit à ses côtés a décidé de ne pas l'inscrire à l'école: "j'aime l'idée de le laisser libre dans ses apprentissages", qu'elle explique, l'illuminée de la maternité réappropriée.

Attends, t'énerve pas, c'est vrai, je me moque un peu. Seulement moi la photo qui illustre l'article, elle me choque un peu. Désolée mais à quatre ou cinq ans – l'âge que semble avoir l'enfant -, je ne suis pas sûre qu'il soit sain de pouvoir disposer du sein de sa mère comme ça. Même si tout ceci est pratiqué sans la moindre ambiguité sexuelle – espérons-le -, la poitrine maternelle reste une poitrine. Et il arrive un âge où le petit garçon va bien devoir comprendre que non non non, les enfants n'épousent pas leurs parents.

Mais je m'égare encore, le sujet de l'article n'est pas celui de l'allaitement, même s'il est évidemment évoqué par quasi toutes les femmes interrogées et qu'une des personnes interrogées prônant ce retour à la maison n'est personne d'autre que… la présidente de la… Leche league. Bingo.

Mais bon, c'est pas comme si je n'avais pas déjà un peu épuisé le filon du nichon et de ses afficionados.

Et puis, le coeur du papier c'est donc le raz-de marée des mamans qui ne veulent plus bosser.

Et ce qui me rend hystérique – et le mot est faible – c'est qu'en gros à part une pauvre tribune accordée à cette brave Elizabeth Badinter qui va finir par collapser à force de voir à quel point la nouvelle génération prend un malin plaisir à piétiner des acquis arrachés dans la douleur par leurs mères, on n'a droit à aucun témoignage qui viendrait contrer l'idée sous-jacente de l'article à savoir: on ne peut pas être une bonne mère ET occuper un poste à responsabilité. Voire, on ne peut pas prétendre éduquer correctement un enfant ET travailler.

Alors déjà, moi ça me fait marrer parce que bien sûr, les femmes qui témoignent sont du genre pas trop défavorisées. Et surtout du genre qui ont des maris qui gagnent assez pour faire bouillir la marmite. Non parce que la plupart du temps tout de même, on n'a pas trop le choix. On est rarement caissière ou standardiste par plaisir. Et je parle de ces métiers parce qu'ils sont représentatifs des emplois très féminisés et souvent précaires, pas par mépris. Parce que moi par exemple je suis journaliste dans ma vraie vie et même si j'adore mon travail,  c'est aussi une nécessité pour ma famille que j'aille au turbin. Vu que le loyer ne se paiera pas tout seul et que l'homme n'est pas le descendant de François Pinault. Et confidence pour confidence, après six mois de congé maternité (j'ai fait du rab), ça me fait bien flipper de retourner travailler. Ben oui, j'aimerais être rentière, comme 98% de la population. Les 2% qui restent le sont. Rentiers.

Ce qu'on oublie de dire aussi c'est que souvent, les femmes qui restent à la maison elles ne choisissent pas non plus. Rapport qu'il existe un truc de fou en France, le chômage. Et que bon nombre d'entre elles sauteraient sur le premier boulot venu si on leur en proposait un.

Donc le coup des femmes qui plaquent un boulot d'enfer pour s'occuper de leurs enfants "parce qu'elles le veulent bien", c'est moyennement généralisé.

Par ailleurs, le fait que l'homme soit par conséquent le seul à gagner de l'argent n'est pas trop abordé. Encore une fois, chacun vit son couple comme il l'entend. Je comprends qu'on puisse considérer qu'une femme qui s'occupe de la maison et des enfants fasse sa part du boulot. Il n'empêche qu'on peut appeler ça comme on veut, moi je ne connais qu'un mot pour décrire cette situation: la dépendance. A titre personnel, rien que l'idée de demander des sous à mon mari m'est insupportable. Il me semble que contribuer financièrement à la vie commune est indispensable à notre équilibre.

Mais admettons qu'on puisse très bien vivre en étant tributaire de son homme, encore une fois, je ne juge pas, chacun vit comme il veut, au risque de me répéter. Seulement voilà. Parfois, la vie réserve des surprises. Des bonnes mais aussi des mauvaises. Souvent des mauvaises d'ailleurs.

Du genre une jolie assistante qui n'aurait pas du yahourt sur l'épaule un jour sur deux, quand d'ailleurs ce n'est pas du vomi et qui finirait par devenir beaucoup plus qu'une assistante. Ou un vilain cancer qui serait récalcitrant. Ou un accident de la route. Ou tout simplement un licenciement. Voire, improbable mais sait-on jamais, une CRISE.

Bref, ce genre d'aléas qu'on redoute mais qui n'arrive pas qu'aux autres et qui fait que tout d'un coup, le choix, on ne l'a plus du tout, il faut se lever à nouveau le matin, prendre les transports en commun ou la bagnole et aller bosser.

Et quand on n'a pas travaillé pendant des années, même si c'était pour de bonnes raisons, vous savez combien on vaut sur le marché du travail ?

Rien. Ou pas grand chose. 

Mais il y a autre chose qui me choque dans les témoignages. C'est d'ailleurs aussi ce qui défrise Elizabeth Badinter. Ce qui me chatouille aux entournures, c'est ce courant de pensée selon lequel la biologie justifierait la différenciation des sexes. En gros, la femme est conçue pour fabriquer des enfants et par conséquent pour les élever. Elle a du lait, donc il faut allaiter. Elle ne doit pas prendre la pilule parce que la pilule c'est mal, c'est pas bio.

On peut aussi bouffer son placenta, comme le disait l'une d'entre vous dans les commentaires récemment. On peut également faire caca dans un trou au fond du jardin et manger des racines histoire d'être total en phase avec la nature.

On peut supprimer le droit de vote aux femmes. Et exiger qu'elles demandent l'autorisation à leurs maris pour avoir un emploi. Et évidemment, interdire l'avortement, moyennement "naturel" également.

Ben oui, après tout, tout ça ce sont des victoires des féministes. Les mêmes qu'il est de bon ton de railler aujourd'hui.

Enfin ce qui me gêne, c'est qu'on insinue que la seule façon de bien élever son enfant est d'arrêter séance tenante de bosser, alors que je maintiens qu'on peut être très présente tout en travaillant et que surtout, un enfant n'a pas nécessairement besoin que sa mère soit derrière lui en permanence, qu'il peut s'épanouir en compagnie d'autres personnes que sa môman, qu'il DOIT même avoir l'occasion de cotoyer d'autres référents que celle ci.

J'ajoute qu'une femme qui s'épanouit dans son activité professionnelle est plus à même je pense d'être heureuse avec son enfant qu'une femme qui n'en peut plus d'avoir le nez dans les couches.

Pour conclure, ce qui me fait froid dans le dos, c'est cette mouvance actuelle qui marque un repli sur soi, un retour de la valeur "famille", valeur que je reconnais et apprécie mais qui lorsqu'elle est érigée en refuge absolu marque une peur de l'extérieur, une peur de "l'autre" qui ne présage rien de bon.

Voilà, en gros.

Je sais, c'était long et un peu confus.

Et pourtant ça fait des jours que je phosphore là dessus.

Putain ils avaient raison les britons. Avec la grossesse, mon cerveau a fondu.

Ou alors il est parti dans mon cul.

Amis de la poésie, bon lundi.

Edit: J'avais déjà parlé du féminisme tel que je le conçois ici, si tu veux

Edit2: J'aimerais vraiment que les femmes au foyer qui liront cet article ne se sentent pas attaquées. Parce qu'il n'est pas question ici de dire qu'on est une mauvaise mère quand on reste à la maison. Il est question de dire qu'on est pas une mauvaise mère quand on ne reste pas à la maison.

Hiiiiiiii j’ai un scanner !

 Yep, j'ai un scanner/imprimante/photocopieuse !

En fait je l'ai depuis deux mois, c'est mon cadeau de naissance de ma maman.

Mais forcément, je ne sais pas, je trouvais que ça faisait bien la boîte au milieu de mon salon.

Bref, 60 jours pour ouvrir l'engin et l'installer, un record ma foi. 

Quoi qu'il en soit, après une matinée à me tirer les cheveux pour configurer la bête tout en berçant l'iroquoise qui me pète un peu les couilles aujourd'hui, je vais enfin pouvoir mettre en ligne les articles que certains brillants journalistes ont écrit à propos de ze place to be on the net, j'ai nommé "Pensées de ronde" ! Yes !

Et oui, au risque de te décevoir, ce n'est pas par modestie outrancière que je passais sous silence ces incroyables retombées presse mais seulement par manque de matériel adéquat.

C'est moche un mythe qui s'effondre, hein…

En même temps, Soeur Emmanuelle se masturbait.

Cela dit, ça me la rend encore plus sympathique.

Allez, si tu veux voir en plus grand format ce merveilleux article de Psychologie du mois d'octobre, clique sur "Lire la suite" !

Edit: Je précise que la photo est de Fée chocolat et que malheureusement la rédaction du magazine n'a pas jugé utile de le mentionner, malgré mes injonctions répétées… M'enfin malgré tout, ouah, la fée, t'es dans la grande presse !

En rentrant de l’école…

Sur le chemin du retour de l'école…

 

– Alors tu vois maman, en fait, ben tu vois, y'avait Sofiane en fait il avait oublié son cahier de géographie et tu vois, en fait, parce que tu vois, la maitresse et ben elle était vraiment furieuse parce que bon, en fait, la maitresse, ben elle déteste qu'on oublie nos affaires surtout que Sofiane il avait demandé trois fois dans la matinée d'aller aux toilettes alors qu'en fait on y va à la récré normalement aux toilettes mais à la récré, évidemment, Sofiane il n'avait pas envie et à peine on est remontés il demande à la maitresse. Alors la maitresse elle a dit oui tu vois ? Et après, dès qu'il était rassis il a relevé le doigt et il a redemandé  s'il pouvait y aller parce qu'en fait il n'avait pas fini. A la troisième fois la maitresse elle était folle de rage et en même temps elle était bien tranquille pendant qu'il était aux toilettes, sauf qu'après c'est Lina qui a encore posé une question idiote et la maitresse elle a dit qu'elle allait la renvoyer en maternelle tu vois. Et puis après elle nous a expliqué pendant toute la matinée ce que c'était une conjonction de… de… de crodination. Et à la fin de la matinée quand elle nous a demander de souligner les conjonction de crodination dans le texte, et ben en fait Sofiane il a levé le doigt et il a demandé: "C'est quoi maitresse une conjonction de crodination ?". Là, la maitresse elle est devenue toute rouge. En plus après Jade elle m'a dit qu'elle serait plus ma copine parce que tu vois à la récré j'avais joué avec Adélie, alors que la pauvre Adélie elle m'avait gardé une place à la cantine et qu'en fait Téo, Léo et Lounès ils se sont mis à côté d'elle avant que j'arrive et qu'ils ont balancé des betteraves partout, même qu'Adélie elle en avait plein son tee-shirt, alors bon, j'étais quand même obligée de jouer avec elle tu vois ? Et… heu, qu'est-ce que je voulais te dire, encore… Ah, oui ! Qu'est-ce qu'on mange ce soir?

– Euh… Oui.

Edit: En vrai c'est pire. J'ai conçu une fille capable de parler sans reprendre sa respiration pendant au bas mot 45 minutes. Et j'avoue, je mets environ 12 secondes à décrocher, d'autant que de l'autre côté, mon fils, pas moins bavard, me raconte également les péripéties de Maxime, son cancre à lui ou me décrit par le menu détail l'évolution de son Pokemon qui est en train de gagner 12000 points de vie (même qu'on dit "pv" si on est branchés) et j'en passe. Pendant ce temps, la petite dernière prend un malin plaisir à hurler, histoire qu'on n'oublie pas totalement sa présence. J'adore les retours d'école. Vraiment.

Edit2: En même temps c'est probablement grace à ces instants nutella que je finirai par me résoudre à retourner au boulot.

Iroquoise…

Hier, j'ai fait la connaissance d'une toute petite petite fille, à
côté de laquelle ma Rose fait figure de madame Schreck. Lorsque je suis
sortie de la maternité où j'étais allée visiter l'heureuse maman et la
nouvelle née, j'ai réalisé que le temps avait déjà passé.

Certes
elle est encore assez petite pour dormir sur le bras de son père,
certes son front est encore duveteux, certes les seuls mots qui
franchissent ses lèvres sont areuh et greuh.

Mais elle n'est plus ce nourisson qui se calait sur mon épaule et dont je ne sentais pas le poids. Elle n'est plus cette petite boule de cheveux que j'ai veillée collée à elle toutes ces nuits à la maternité, ignorant les consignes de sécurité qui interdisent aux mamans de dormir avec leur enfant.

Elle rit désormais quand on lui caresse le ventre, elle appelle son frère pour qu'il vienne faire l'idiot au dessus de son berceau et accueille mon sein avec des cris qui ont tout des hurlements victorieux du sioux qui vient de capturer un bison avant un hiver qui s'annonce rigoureux.

Ma petite grandit…

Alors ce matin, j'ai savouré un peu plus encore ces minutes peau contre peau dans mon lit, j'ai trainé avec elle sur le canapé, je l'ai gardée dans mes bras lorsqu'elle s'est rendormie, captivée par ses oreilles étranges au sommet desquelles pointent une minuscule touffe de cheveux.

Et cette bizarrerie m'a fait fondre encore plus peut-être que sa bouche vermillon en chapeau de gendarme ou ses yeux qui semblent manger un peu plus son visage chaque jour.

Je crois que c'est là le véritable amour. Celui qui nous fait adorer le petit défaut, l'anomalie plus encore que le reste.

J'aime mon fils pour son nombril qui sort et ma fille aînée pour son téton surnuméraire. Et je me consume pour cette petite dernière aux oreilles chevelues, aux auriculaires tordus et à la crête iroquoise…

Edit: Bienvenue à Gabrielle, cette petite liliputienne fraichement débarquée sur la planète terre…

Edit2: Pardon pour ce billet à haute teneur en mièvrerie, mais voilà, ce matin j'ai le coeur qui déborde…

 

Tu bouffes

Aujourd'hui, pour illustrer cette photo qui n'est qu'un prétexte, c'est un billet déjà publié mais il y a longtemps. Pas de panique, il ne faut pas forcément y voir de message ou d'appel à l'aide. C'est juste que parfois, les vieux démons ne sont pas loin, l'envie d'aller ouvrir le réfrigérateur un peu trop fréquente, les achats de tablettes de chocolat trop rapprochés.

Ces jours là, on tire souvent sur son pull faute de pouvoir tirer sur son ventre, on passe sa journée à regretter ce qui a été avalé sans parvenir à résister à l'appel de la cuisine.

Et pourtant, tout va bien, juste ce besoin de se remplir qui vient de si loin qu'on ne sait plus d'ailleurs s'il fut un temps où il n'était pas là…

 

"Parfois, tu manges. Souvent, tu bouffes. La première part, tu la manges. La deuxième, tu la bouffes. Pour certains, ce n'est qu'une question de vocabulaire, pour toi, c'est un état d'esprit.

Quand tu es entourée, tu manges. Au restaurant, tu fais attention, tu choisis les plats diététiquement corrects, ceux qui ne feront pas lever les yeux au ciel de tes convives, étonnés qu'avec tous ces kilos tu te permettes un confit-patates sautées. Au dessert, tu attends, fébrile, le choix de tes acolytes. S'ils prennent un café, alors toi aussi, tu sautes le sucré, osant même un "je n'ai plus faim, moi non plus".

Menteuse.

En revanche, s'ils demandent la carte des douceurs, tu fais mine d'hésiter, mais au dedans de toi, tu jubiles. S'ils en croquent, alors pourquoi pas toi ? Dans ta tête, tu te répêtes "salade de fruits, salade de fruits", comme une incantation. Pourtant, lorsque le serveur se tourne vers toi, c'est "Fondant au chocolat" qui sort de ta bouche. Mais là encore, tu manges, sagement. Il y a même des soirs où tu ne finis pas. Tu t'appuies alors sur ton dossier, la main sur le ventre et tu soupires que tu n'en peux plus, tu as bien trop mangé.

Menteuse.

Seulement, quand tu rentres chez toi, dans ta cuisine à peine éclairée par le halo du néon de ton réfrigérateur et que personne ne peut plus lever les yeux au ciel, tu bouffes."

Edit: La photo a été prise dans une aire d'autoroute il y a un moment. C'était la plus mauvaise part de flan jamais goûtée…

XX

 Alors donc Mademoiselle K. Autant le dire de suite, jusqu'à hier, je n'aimais pas trop. Il faut dire que l'homme, qui en est fou, m'en a fait bouffer pendant des mois, de préférence les soirs où j'étais bien fatiguée. Sachant que la demoiselle chante fort avec de grosses guitares derrière.

Bref, je trouvais qu'elle faisait trop de bruit.

Mais là, justement, je crois que j'avais envie de bruit. Envie de m'oublier pendant deux heures, d'être enveloppée par le cri des instruments, portée par les sauts de tous ces gens si jeunes qui vont aux concerts.

Je n'ai pas été déçue. Surtout qu'en plus elle ne faisait pas de bruit mais de la sacrément bonne musique.

L'homme non plus n'a pas été déçu parce qu'hier à l'Olympia c'était L-Word en direct. Que des filles qui aiment les filles qui aiment les filles. Et l'homme étant, au cas où ça t'ait échappé un spécimen ultra banal, c'est le genre de situation dans laquelle il ne boude pas son plaisir.

Quand Mademoiselle K est arrivée sur scène, j'ai cru que c'était Shane. Bon, autant te rappeler que Shane c'est un peu mon fantasme lesbien. Au risque de n'être pas très originale.

N'empêche que là, quand elle est arrivée, j'ai eu un grand frisson et laisse moi te dire que je n'étais pas la seule. ça m'a rendue poète d'ailleurs. "Là m'est avis que y'a de la chatte mouillée à l'Olympia", j'ai susurré à l'homme en lui mordillant l'oreille.

"J'aime quand je te retrouve, tendre et surtout jamais vulgaire", qu'il m'a répondu.

Voilà, après mademoiselle K a dynamité l'Olympia, moulée dans un pantalon en cuir et dans un tee-shirt transparent qui laissait deviner une certe microscopique poitrine mais néanmoins ravissante.

Oui, je focalise sur les seins. Mais que veux-tu, si mademoiselle K est née X et se sent Y, moi je suis née Lolo Ferrari mais à l'intérieur je me rêve Jane Birkin.

De sa voix voilée elle a avoué sa jalousie, crié sa douleur d'avoir été quittée ou raconté que souvent, elle se vexe.

Ses trois musicos étaient formidables, avec mention spéciale au batteur. Je n'ai pas vu passer les deux heures, j'ai évidemment pensé à ma punkette qui n'aurait pas dépareillé dans ce public de filles aux cheveux courts, mais j'ai joui de cet interlude sans entraves.

Allez, je ne résiste pas à l'envie de vous laisser sur ces paroles de Jalouse:

j'suis jalouse à en faire trembler les gens,
à faire trembler mes jambes,
j'ai plus qu'à plonger en silence,
j'pourrai flotter inerte tu t'en balance,
et ça me ronge ça me pourri,
ça me rend dingue, ça me fout en l'air,
quand je sais que tu t'envoi en l'air,
de l'air, de l'air, de l'air,

et même si j'le savais pas,
j'imagine tout c'est encore pire,
tu pourrai tomber amoureux
recommencer une vie à deux,
plus tu l'a désir et plus j'expire,
et ça me ronge, ça me pourri,
ça me rend dingue, ça me fout en l'air ,
quand je sais que tu t'envoi en l'air
de l'air, de l'air, jalouse, jalouse

j'suis jalouse a en faire trembler les gens
et même si c'est moi qui casse
j'm'en fout j'veux pas qu'on me remplace
j'suis jalouse a en faire trembler mes jambes
j'm'écraserai bien sur l'autoroute
mais tu t'en fout t'es déjà loin…
le pire c'est d'être déjà trop loin,déja trop loin

est-ce que parfois des idées noires
te traverse sans crier garre
moi j'en ai un peu tous les soirs
pourvu que le temps les écrases
est-ce que tu penses encore à moi
comme je pense encore à toi ?
est-ce que tu souffres autant que moi ?
si c'est moins j'te le pardonerai pas.

jalouse,jalouse,
et même si c'est moi qui casse
j'm'en fout j'veux pas qu'on me remplace
et même si c'est moi qui casse
j'm'en fout j'veux pas qu'on me remplace
non j'veux pas qu'on me remplace,
j'veux pas qu'on me remplace.

ça me vexe

Tu connais, le test du crayon que tu mets sous la poitrine ? Mais si, tu sais, le crayon, s'il tombe, c'est que ton nichon il est encore bien tenu, tu vois ? Par contre, si le crayon reste coincé, c'est comme qui dirait le début de la fin.

Ben moi, là, je crois que mes seins, ils pourraient me servir de trousse.

En même temps c'est pratique.

Allez, si tu es sage je reviens dans la journée pour te parler d'une fille qui déchire et que j'ai vue en concert hier.

Mademoiselle K, qu'elle s'appelle.

Et crois moi, elle, elle n'est pas prête d'avoir un bic sous le nibard.

Edit: Oui, Pimprenelle a deux mois et demi et je suis allée à un concert. D'un côté je me dis que je suis vraiment une  mère indigne et j'ai hooooonte. D'un autre, c'était quand même bon de sortir de ma bulle…