Mois : avril 2009

« L’audition », par Stéphane Navarro

Il y a deux jours, je vous demandais de penser très fort à Stéphane Navarro, l'interprête de la pièce tirée de ce blog, "Dans la peau d'une grosse". Il passait en effet une audition importante pour lui. On n'a pas encore la réponse et il ne se fait pas de films, ils étaient nombreux. Mais il a eu envie de vous la raconter, cette audition.

Alors la voilà, pleine de ce je ne sais quoi qui fait qu'on l'aime, notre Cindy.

Qu’est ce qui est important ?

pour l’un ce sera de réussir son examen, pour l’autre de perdre trois, cinq, dix kilos, pour une autre de les aimer, pour un autre de savoir si oui ou non on va le garder ce troisième enfant bordel, pour l’autre si oui ou non on le rappelle ce mec pour lui dire que oui…que non… que merde. Pour un autre enfin, si oui ou non un jour il y aura quelqu’un qui va le rappeler…. Tout simplement.

Pour moi ces deux derniers jours le plus important c’était de la réussir cette putain d’audition. Parce que c‘est la Grosse pièce de la rentrée, dans le plus Gros théâtre de Paris. Avec deux putains d’acteurs que j’aime dans les rôles principaux.

Alors oui, ces deux jours à apprendre et répéter et répéter encore cette scène d’à peine trois pages c’étaient les plus importantes journées de ma vie. Puis d’aller dans ce théâtre, rencontrer Didier Caron, généreux metteur en scène l’écouter me donner des conseils avant de démarrer et avoir juste envie de lui dire que j’ai vu deux fois « Un vrai Bonheur »…

Et penser que c’est ça le plus important. Auditionner pour La Cage aux Folles. Reprise pour la première fois au théâtre depuis Michel S et Jean P.

Commencer LA SCENE et réaliser que Clavier et Bourdon sont là, dans la salle. Bafouiller. Ou plutôt avoir une absence. Alors oui là c’est sûr c’est ça le plus important. Se dire que j’ai raté « mon rendez-vous ».  Bourdon a quand même écrit un de mes films préférés « 7ans de mariage » – que j’offre en cadeau à mes amis quand ils se passent la bague au doigt. Caro pourra confirmer ! 😉 – Et Clavier ben… Clavier quoi. Alors j’ai 8 ans, ridicule.

Mais tout le monde est gentil et je recommence. J’oublie que c’est important et je me lance. Je vais au bout.

Maintenant il n’y a plus qu’à attendre. Ou plutôt arrêter enfin d’y penser et continuer de faire ce que je fais, la seule chose pour laquelle je crois avoir un peu de talent, jouer. Peu importe s’ils me rappellent finalement. Non, pas peu importe, en fait. Mais juste que ce jour là finalement, le plus important, c’est que j’ai réalisé que j’avais trouvé ma place.

Que j’en ai compris le sens.

Et le soir en rentrant chez moi, j’ai lu le blog de Caro et vos commentaires. Et ça c’est sûr, c’est le plus important de ma journée. Y’a pas photo.

Alors Merci du fond du cœur pour vos pensées. Et c’est promis on se reverra bientôt. Ici ou ailleurs…

Lipstick for the girl…

Il ne t'aura pas échappé que mon corps et moi on n'a jamais été à
proprement parler en harmonie. Forcément, après deux césariennes, dix
arrêts infructueux de la cigarette – qui se sont soldés à chaque fois
par une rechute quasi systématique ET une prise de poids – le cap des
35 ans et la fatigue chronique qui – c'est confirmé pour de bon je m'en
porte garante – te fait prendre des kilos proportionnellement aux
heures de sommeil perdues, l'harmonie s'est définitivement fait la
malle. Très loin. Avec ma self estime, elles vivent des jours heureux
en se marrant bien de m'imaginer en train de croiser mon reflet dans la
rue et de tourner la tête pour éviter la confrontation.

Bref, mon body et moi on a jamais été en bluetooth (special tribute too Gad Elmaleh) mais là, y'a carrément plus de réseau, les ondes sont brouillées à jamais, pour continuer dans la méthaphore.

Pourquoi je te dis ça ? Parce que cette semaine, après m'être pour la énième fois réveillée avec la ferme intention de ne pas ingurgiter quoi que ce soit qui ne fasse pas partie de la famille des légumes pendant les dix années à venir et avoir finalement craqué deux minutes plus tard sur le pain beurré, ayant ainsi la confirmation de mon absence totale de volonté (partie à la Barbade avec cette garce d'estime de soi et cette salope de mademoiselle harmonie), j'ai eu l'agréable surprise de me voir complimentée à mon arrivée au bureau par une collègue.

Tu sais, ce genre de petit compliment qui ne mange pas de pain, qui ne coûte rien à celle qui le fait et qui rend celle qui le reçoit aussi heureuse que le jour où Samuel, 1ère B, est venu lui taxer une clope avec le sourire. Ce qui, toutes les looseuses de l'amour le savent, était immédiatement interprété comme les prémices d'une grande histoire.

Qu'est-ce qu'elle m'a dit ma collègue adorée que j'aime ?

"Quelle bonne mine ! Et puis ce rouge à lèvres, ouah, c'est fou comme ça te va bien"

Ouais, d'accord, on s'emballe pour pas grand chose. Faute de grives on mange des merles, tu sais. Mais quand même, trois minutes après, même genre de réflexion de la part de ma deuxième copine du travail. Puis regard appuyé de grand chef.

Tout ça pour une bouche plus rouge que d'habitude.

Un geste de trois secondes effectué dans le tram après avoir remis la main par hasard sur ce vieux tube de gloss lancôme au fond de mon sac.

Un rien du tout. Un non événement.

Qui m'a donné l'impression d'être Scarlett Johansson toute la journée.

Ah mais tu peux te marrer si tu veux ma chérie. Il n'empêche que c'est la pure vérité. Il m'a semblé que le wifi était reconnecté entre mon esprit et mon body, tout ça par la grace d'un peu de couleur sur mes lèvres. Et je t'assure que ce n'était même pas le fruit de mon imagination.

Conclusion: être belle n'est pas donné à tout le monde. Mais s'autoriser à jouer à la belle, si. Et certains détails permettent parfois de cacher l'énormité de nos complexes. Je pense à des ongles peints, à un soutien-gorge neuf et outrageusement sexy, à des talons de plus de 5 centimètres ou même à un string dont personne ne peut savoir qu'on le porte mais qui nous fait marcher autrement et qui pourtant fait grimper notre température intérieure. Et extérieure par le même coup. 

C'était ma leçon de vie. Qui peut se résumer ainsi: ce n'est pas parce que tu n'as pas tout les atouts en main qu'il faut baisser les bras.

Bonsoir.

Débaptisation, le retour

Alors que je viens de lire cet article édifiant de Rue 89 sur une contribution de Benoit le seizième à une revue autrichienne nationaliste aux côté de tout un tas de gens peu recommandables et négationnistes, je me dis qu'un petit retour d'expérience de ma copine Pomme – Pomme reviens ! – sur l'apostasie ou plus communément appelée la dépabtisation, peut être utile à ceux et celles qui le souhaitent. J'ajoute que j'ai reçu beaucoup de demandes de médias pour parler de notre manifeste à Dom et à moi. Mais comme je n'ai pas forcément envie d'aller à la téloche, je n'ai pour l'instant pas donné suite. Cela dit, si des journalistes passent par là, je pense que ce témoignage peut leur servir.

Allez, assez parlé…

"Je me suis dit qu'un petit retour d'expérience pourrait être utile…

 

Alors donc, j'ai créé ma lettre de demande à partir de ce lien http://www.subsociety.org/debaptisation.php

 

Je l'ai envoyée à la paroisse où j'ai été baptisée (en précisant
bien la date de mon baptême), et j'ai aussi envoyé une copie de la
lettre à l'évêché dont dépend cette paroisse.

 

Quelques jours plus tard j'ai reçu une réponse du secrétariat de
cet évêché : il s'avère en fait que ce sont eux qui s'occupent de cette
formalité. Il semble donc inutile d'envoyer la lettre de demande à la
paroisse de baptême.

 

Dans cette réponse le secrétaire de l'évêché me demandait tout un
tas de photocopies et de renseignements complémentaires, selon lui pour
éviter tout problème d'homonymie. Il se trouve qu'ayant été baptisée
dans une petite ville où ma famille connaît les trois quarts des
habitants, je le saurais, si j'avais un homonyme. Et surtout, je
n'avais pas envie de me laisser mener en bateau par un membre du
clergé. Mue par mon esprit de contradiction, je me suis donc lancée
dans une discussion houleuse avec le secrétaire (un abbé) qui a fini
par me dire que j'étais tenue de prouver mon identité dans le cadre
d'une demande par correspondance. J'ai vérifié : c'est en effet la
vérité.

 

Je lui ai donc renvoyé une demande, en ajoutant la photocopie de
mon passeport et en lui précisant que c'était le seul document que
j'étais tenue de fournir pour obtenir ma radiation des registres de
baptême.

 

Une dizaine de jours plus tard, j'ai reçu une photocopie du
registre avec mon nom rayé, le tout portant la mention "A renié son
baptême par lettre en date du 11/03/2009". Et basta !

 

Je précise que j'ai envoyé le tout en lettre simple. Certains
sites préconisent le recommandé, mais au prix où c'est, je vous
conseille de commencer par une lettre simple."

Stéphane, merde, quoi !

 

 

 Bon mes chéris. Aujourd'hui, vers 15h00, il va falloir unir nos pensées et nos ondes positives en direction de ma copine Stéphane, mon copain Cindy, ma grosse, quoi.

Je ne vais pas en dire plus si ce n'est qu'il passe une audition et que c'est pour un truc plutôt important (= je veux pas lui foutre la pression mais c'est énôoooooorme).

Comme je lui ai dit hier: "oublie que t'as aucune chance et fonce ma poule". 

Plus sérieusement, je sais que ce matin il est tout petit dans son slip et qu'il a un sacré mal de ventre. Alors voilà, ma Cindy, je t'aime, que ça marche ou non tu es pour moi la grosse la plus drôle qui soit et ça malgré tes 42 kilos et tes 28 ans et demi.

Un grand big up pour toi.

Edit: Au fait cette audition n'a rien à voir avec La grosse, hein.

Edit2: Je vous parlerai bientôt d'un autre projet de mon Stéphaninouni.

Faut qu’on m’explique

Il faudrait qu'on m'explique quelque chose. Comment se fait-il qu'après
des nuits à chercher à poil et à quatre pattes une tétine sa race
coincée entre le mur et le radiateur (éloignés du lit de plusieurs
mètres, ce qui explique qu'auparavant tu aies mis tout le lit à sac pour rien), à tenter en vain de te souvenir à combien de dosettes de
lait on en est dans le biberon, à effectuer des conversions de folie
entre une pipette de doliprane contenant de l'advil ou l'inverse, à
chercher le mouche-bébé, rangé comme il se doit avec les slips de ton mec ou tout simplement à faire les cent pas en marcel et culotte
dans un salon glacial en chantant inlassablement les trois mêmes
phrases de LA "chanson douce" (im-po-ssible de me remémorer ce qui vient
après "ma maaaaamaaaan" après neuf années de fredonnage), bref, disais-je, comment se fait-il qu'alors
que le fruit de nos entrailles ne fait montre d'absolument AUCUN
respect pour notre précieux sommeil, nous les mères, on ait autant de
scrupules à réveiller notre bouchon lorsque ce ce dernier s'endort
comme par hasard pile au moment où on est censée l'emmener chez la
nounou ?

HEIN ?

Qu'est-ce qu'on nous a mis, damned, à l'intérieur de nous, pour qu'on soit totalement dépourvues d'un quelconque esprit de vengeance ? Voir que même au contraire, non contente de voir l'heure tourner et avec elle s'envoler toute perspective d'augmentation pour les dix années à venir, (tu as déjà vu une femme arrivant à la bourre TOUS les matins que dieu fait avec en prime le reste d'un quignon de pain amoureusement maché par Helmut collé dans les cheveux obtenir une rallonge de salaire, toi ?) on se délecte d'admirer les traits si reposés et sereins de trésor d'amour en train de roupiller ?

Moi personnellement je ne me l'explique pas. Pourtant, franchement, à quatre heures du mat', quand je manque m'estropier sur ma salope de botte qui se retrouve systématiquement sur mon chemin et que je titube jusqu'au lit pour retrouver une Helmut sous extasy en train se se préparer au championnat du monde du petit moulin, je te jure que j'ai beau fouiller, je ne trouve pas l'ombre de la queue d'un vestige d'instinct maternel. 

Et je me jure à chaque fois de lui rendre la pareille. Sauf que chaque matin, quand après un calin sur le canapé, je sens sa tête devenir très lourde sur mon épaule et sa respiration ralentir, je veux juste que la terre s'arrête de tourner et que l'instant se fige pour l'éternité. 

Quelle arnaque quand même, la maternité.

Mille milliards de dollars pour le FMI. Et pour les centres sociaux ? Des clous.

Samedi, à Strasbourg, Michelle Obama, en manteau noir orné de fleurs
rouges d'un jeune créateur albanais très prometteur a offert une
guitare à Carla Bruni. Laquelle était tout en Dior pour la recevoir. Michelle, quand à elle, se
remettait doucement de son royal impair de la veille à Londres. La
gourde avait osé toucher le dos de la queen, sacrilège. Grosse grosse
boulette.
Il fut un temps où pour un tel geste on perdait sa tête.

Que dire de l'autre bévue des ricains, offrir un I-Pod à Zabeth, alors que la reine est évidemment déjà en possession de toute une armada de MP3, on peut être geek et queen, merde, quoi.

Ah ça y va la gaffe chez nos cousins d'Amérique.

Voilà, à part ça Nicolas tutoie Barack qui l'appelle quant à lui Nicolas et ça, si ça ne prouve pas qu'ils sont carrément copains comme cochons, je me la coupe.

Après, que la banlieue de Strasbourg ait été mise à feu et à sang par des manifestants que les RG suivaient de près depuis des semaines (dixit MAM) parce que tout le monde savait qu'ils étaient dangereux et que les forces de l'ordre aient mis plus d'une heure à débouler sur les lieux, on s'en tape. L'essentiel c'est qu'on ait pu mettre la guitare de Carla à l'abri.

D'autant qu'on ne pouvait quand même pas à la fois poster tout ce que la France compte de flics dans le centre ville de Strasbourg ET encadrer les casseurs dans les bas quartiers. De toutes façons, l'hôtel Ibis ça craint et la banlieue c'est moche, alors on arrête de faire rien que du mauvais esprit, c'est d'un pénible, je te jure.

Qu'est-ce qu'elle disait la Marie-Antoinette ? Le peuple a faim et il n'a plus de pain ? Donnez leur de la brioche, mon ami. Ou y'avait le grand Jules aussi, qui disait "donnez leur du pain et des jeux". Bref, tu vois l'idée, quoi.

Aujourd'hui, la brioche, je me demande si ce ne sont pas toutes ces informations inutiles dont on nous abreuve en marge de sommets dont tout le monde se fout et à l'issue desquels on nous apprend que mille milliards de dollars (ou plus, ou moins, à ce niveau là les chiffres ne signifient plus rien) vont être réinjectés dans l'économie de la planète du monde international. La brioche, ce sont ces petits potins dont on se délecte et qui sont probablement censés nous faire oublier que la crise n'est pas qu'un vain mot. Pendant que le peuple détaille les tenues des first lady, il n'entend pas par exemple que les crédits alloués aux centres sociaux vont être drastiquement coupés, rapport à la crise, ma bonne dame. Un sou est un sou ma chérie.  Et si tu crois qu'on a de quoi financer les cours du soirs ou autres formations linguistiques destinés à des gamins qui de toutes façons iront cramer des voitures un jour ou l'autre, ben tu te fourres le doigt dans l'i-pod que t'as pas et qu'Obama ne t'offrira pas, tu te prends pour qui, la reine d'Angleterre ?

 

D’autres vies que la mienne

Tu voulais du léger ? Tu n'en auras pas. Je suis d'un gaie, moi en ce moment c'est un truc de fou.

Pourquoi tu n'auras pas du léger ? Parce que je viens tout bonnement
d'achever un des livres les plus bouleversants de mon existence. Qui
n'est pas sans rapport avec ma lyophilisation de ces derniers jours.

"D'autres vies que la mienne". D'Emmanuel Carrère.

Difficile d'en parler d'autant qu'il ne s'agit pas d'un récit binaire, d'une histoire bien délimitée mais plutôt du destin de personnages qui à priori n'ont pas grand chose à voir les uns avec les autres si ce n'est qu'ils ont croisé la vie de l'auteur. Parce que bien sûr, tout est vrai. Je dis "bien sûr", c'est un effet de manche, hein, rien d'évident en effet.

Bref. Toujours est-il que ça démarre avec un séjour au Sri-Lanka pendant le Tsunami au cours duquel une petite fille, Juliette, perd la vie. L'auteur et sa femme qui résident dans le même hôtel que les jeunes parents accompagnent ceux-ci durant les jours qui suivent le drame. Une fois rentrés à Paris, Hélène, la compagne d'Emmanuel Carrère apprend alors que sa soeur est atteinte d'un cancer. Maman de trois petites filles, elle a à peine 33 ans.

Tu commences à comprendre, j'imagine, qu'on n'est pas trop dans un roman de Lauren Weisberger. Et tu as raison.

Sauf qu'en vrai, ça va bien plus loin que ces deux tragédies. Qu'on démarre du Sri-Lanka et qu'on termine dans un petit village au fin fond de l'Isère mais qu'entre temps on se trouver plongés dans la lutte de deux juges idéalistes contre les sociétés de crédits à la consommation. Et là ça se lit comme un polar juridique, on se prend à s'enflammer pour des arrêts de la Cour européenne de justice qui permettent à ces deux cow-boys du Palais de justice de Vienne de mettre la patée à ces profiteurs de misère que sont les Cofinoga et cie. L'un de ces deux juges s'appelle Juliette.

C'est la soeur d'Hélène.

Juliette, comme la petite fille emportée par la vague.

Voilà, que dire de plus si ce n'est que le style est épuré, que les mots ont tous une importance capitale, qu'il n'y a pas une virgule de trop ni un effet qui paraisse surfait ? Que dire si ce n'est que ce sont d'autres vies que la sienne et que dans ces vies il y a forcément un peu de la notre ?

Si, je citerai ma copine Julie qui jouit du coude cette fois-ci: "Carrère est le plus grand écrivain français vivant".

Elle n'exagère jamais ma copine Julie.

La dernière gorgée de lait

Il
y a deux jours, j'écrivais que j'avais arrêté d'allaiter. Ce que je
n'ai pas dit, c'est ce sentiment de rupture qui m'étreignait depuis cet
instant où sentant la morsure de feu l'iroquoise j'avais compris que
c'était peut-être bien fini. Je crois que par dessus tout, ce qui me
serrait le coeur, c'était de ne pas avoir réalisé pendant, que cette
fois là avait été la dernière. Comme on savoure l'ultime cigarette un
31 décembre à 23h ou le tiramisu dégusté à la veille d'un régime.

 

C'est idiot, parce que finalement, la plus importante c'était sans doute la première fois, quand après trois heures à moisir en salle de réveil et à harceler l'infirmière de garde pour qu'on me remonte en menaçant de ramper jusqu'à la chambre s'il le fallait, Rose s'est ruée sur mon sein et l'a agrippé pour ne plus le lâcher. 

Il n'empêche qu'idiot ou pas, j'étais triste à pleurer.

Et puis avant-hier soir, alors que je tournais dans mon lit, la boule nichée au creux de mon ventre, avec ce besoin d'elle viscéral contre lequel je m'étais jurée de lutter, elle s'est mise à crier. Un pleur aigu, à une heure inhabituelle.

Je suis allée dans la chambre, je l'ai prise contre moi. Dans un demi sommeil, elle a fourré son visage contre ma poitrine. On s'est nichées sur le canapé, peau contre peau, coeur contre coeur. Laquelle réconfortait l'autre, difficile à dire, je suis en revanche persuadée qu'elle avait entendu que tout mon corps la réclamait, que je ne trouverais pas le sommeil sans la tenir encore un peu de cette façon là.

C'était la dernière fois, là je l'ai su et je pense qu'elle aussi.

J'ai avalé son visage avec mes yeux, j'ai gouté chaque seconde de ce rendez-vous clandestin et je l'ai laissée longtemps endormie contre mon sein. J'ai laissé mes larmes couler, au revoir mon tout petit bébé, bonjour ma petite fille. Tournons une nouvelle page, personne ne nous volera cette nuit là, demain est un autre jour et grandir sera merveilleux, c'est promis.

Voilà, cette nuit là je crois qu'on a laché prise elle et moi. Depuis, je vais mieux, en tous cas je n'ai pas ce goût d'inachevé qui laissait au fond de ma gorge une désagréable amertume…

La grenouille Sarko et le boeuf Obama

Je suis régulièrement déçue par Libé depuis déjà pas mal de temps, mais j'aime beaucoup leur une d'aujourd'hui. Je ne reviendrai pas sur les minables et risibles tentatives de Monmari 1er d'exister face à Obama, si ce n'était pathétique ce serait hilarant.

Après, qu'il faille être ferme face aux Etats-Unis en ces temps bien sombres, je le conçois. Mais quand on voit l'hypocrisie du décret sur les stock-options qui vient d'être adopté en France (dans le genre on fait semblant de se facher tout rouge contre les méchants patrons en prenant bien garde de ne pas trop les agacer dans la réalité), on ne joue pas à la grenouille qui promet de retenir sa respiration jusqu'à ce que les Etats-Unis abolissent le capitalisme…