Mois : septembre 2009

Lizzi Miller, coup de pub ou vraie tendance ?

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"C'est une révolution", "Quand j'ai vu ça, j'ai pleuré de joie", "Enfin une femme qui me ressemble", etc etc etc. Ces effusions de joie de lectrices ébahies sont rapportées par la rédactrice en chef du Glamour américain après la publication de photos de la top Lizzy Miller.

Pourquoi tant d'euphorie ? Parce que la demoiselle est soit disant… grosse. "Size plus", comme ils disent, aux states.

Ce que j'en pense ? D'abord que c'est tant mieux que ces photos aient été publiées, parce qu'en effet, la top est moins parfaites que ses congénères, et à priori pas (trop) photoshopée, confère les vergétures qu'on aperçoit.

De là à parier sur une révolution pour les grosses du monde entier, alors là je m'insurge. Parce que si cette femme est l'incarnation du fat power, je veux bien bouffer du slim fast jusqu'à overdose. Ce que je vois en la regardant, personnellement, c'est une bombasse souriante qui semble assumer un ventre flappy. Je suis prête à parier qu'elle a été plus grosse dans une autre vie et qu'elle a maigri sans parvenir à faire fondre cette petite bouée. Résultat, un mini tablier ventral qui n'a cependant rien à voir avec le mien, plutôt Bocuses'style que Cyril Lignac, on va dire, pour tisser la métaphore.

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Bref, un gros buzz, qui une fois de plus va bien servir la cause… des féminins. Et en même temps, si on veut être optimiste, le signe qu'il y a une demande de la part du public. Tout simplement parce que la population mondiale grossit et qu'elle ne se reconnait vraiment plus dans les femmes désincarnées qu'on leur sert à tous les repas. Alors si cette pression fait un peu évoluer la presse et le milieu de la mode, on ne va pas faire la fine bouche. M'enfin j'attends de voir si la tendance est réelle ou si les Lizzi Miller, et autre Crystal Renn ne sont vouées qu'à servir d'alibi fat-friendly à des rédactrices de mode en quête d'une bonne conscience à bas coût.

Quoi qu'il en soit, pitié, qu'on ne dise pas que Lizzi Miller est grosse, ça me donne envie de bouffer mon carnet alimentaire.

T’as qui toi, cette année ?

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D'abord, je voulais vous remercier pour cette gentillesse hier, je n'avais pas mis ces photos pour une telle moisson de compliments mais bien sûr, c'est bon à prendre et je prends.

Une réflexion m'est venue: si vous me trouvez belle ainsi, ça signifie une chose, que d'autres vous trouvent belles ou beaux aussi, sur des clichés qui vous font pourtant pleurer.

Et ça, finalement c'est une bonne leçon, non ?

A part ça, petit post aujourd'hui, c'est la rentrée et qui dit rentrée dit extrême nervosité du côté de grande chérie exacerbée par le flegme outrancier du machin.

Lequel a quand même mis ses affaires de peinture hier soir dans… le sac de plage. Ne voyant pas du tout où était le problème. Ok, un peu grand mais bon, ça fera l'affaire, non ?

Non ? Ah, bon, d'accord. Pas contrariant le machin, en même temps…

Voilà, c'est reparti pour une année de trafic international de tubes de colle, de protège-cahiers indigo introuvables, de bics rouges perdus, de stylo-plume qui fuient, de sacs de piscine auto-nettoyants qui finissent par sentir le rat crevé, de goûters oubliés, de cantine payée en retard, de réunions de parents organisées à 17h15 le mardi histoire d'arranger tout le monde, de ruptures amicales, de cartes Pokemon échangées à contre-coeur après avoir été emportées sous le manteau et j'en passe.

Et ce matin, je vais sûrement pleurer encore un peu de les voir si grands entrer dans ce monde dont je ne suis pas, s'avançant dans la cour de l'école le ventre forcément serré par l'inconnu d'une année qui commence. J'aurai envie de les remettre alors dans le mien, de ventre, même s'il faut se rendre à l'évidence, le grand machin trouverait le moyen d'y perdre quand même toutes ses affaires.

Edit: un petit message personnel à mon ami Jeff, qui m'a envoyé le plus joli mail de rentrée que j'aie reçu. Quelle bonne idée j'ai eu d'en faire le parrain de mes twins…

Et à 12 ans, quel était votre poids ?

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Manger plus lentement et ne rien faire d'autre pendant qu'on s'alimente.

Ce sont les deux conseils – à première vue triviaux-  avec lesquels je suis repartie après une petite heure de consultation chez le famous docteur Zermati.

Oui, je sais, on pourrait se dire qu'à 100 euros la consultation, ça fait cher la mastication moderato.

Mais il n'y a évidemment pas eu que ça. Et surtout, c'était un premier rendez-vous, une prise de contact, un premier effleurage, oserais-je dire…

Donc comment ça s'est passé, ce Zermati-dating de la dernière chance ?

Dans un premier temps, comme par hasard, j'ai failli être très en retard à force de ne pas partir de chez moi. "Je vais être à la bourre, du coup il ne va pas vouloir me prendre", ne cessais-je de me répéter comme un mantra.

Manque de bol pour madame la grande courageuse, le métro est allé à toute bombe et pile poil à 14h j'étais devant la porte du cabinet tout blanc de la rue de Ponthieu, 8ème arrondissement, oui mesdames, je confirme, nos kilos engraissent les endocrinos.

Je passe sur l'attente de quelques minutes pendant laquelle j'ai eu mal au coeur comme si j'allais repasser l'oral du bac de français. En plus que j'ai fait l'impasse sur Rousseau et que pof, je pioche les rêveries du promeneur solitaire, merci la vie.

Et puis, alors que j'envisageais très sérieusement la possibilité de me carapater, il est sorti, souriant, de son cabinet.

Pour celles qui ne l'ont jamais vu à la télé, je le décrirais comme un homme d'âge moyen, pas très grand, brun à lunettes et mince – mais ça c'est propre au métier, pas sûre que je me fierais à un nutritionniste obèse, je sais c'est con.

"Qu'est-ce qui vous amène ?", m'a-t-il demandé une fois assis en face de moi. J'ai pensé à Nip-Tuck et ses deux bombasses de chirurgiens esthétiques posant cette question rituelle à leurs patients, même quand la raison de leur venue se voyait comme le nez au milieu de la figure.

"Ben, j'ai un panari, et je me suis dit que compte-tenu de votre notoriété…"

Non, bien sûr, je n'ai pas fait ma maligne et j'ai répondu très docilement, parce que j'imagine que c'est aussi le début de quelque chose en thérapie, de verbaliser le pourquoi de la démarche.

"Je voudrais en finir avec mon rapport désastreux à la nourriture".

Il a eu l'air un peu surpris que je ne dise pas tout bonnement que je voulais maigrir.

C'est qu'on ne me la fait plus, moi, hein.

A partir de ce moment là, il m'a posé tout un tas de questions sur ma vie, depuis ma naissance à Toulon en 1971, jusqu'à aujourd'hui. Il a noté les noms de mes frères et soeurs, remonté le fil de mes régimes, établi la chronologie de mon poids.

Un exercice pas si anodin qu'il n'y parait, qui forcément te fait mettre le doigt là où ça a fait mal, sur des souvenirs de goûters qui s'éternisent au retour de l'école, des descentes nocturnes dans les placards de ma copine Béa, 45 kilos au compteur depuis 25 ans mais jamais en reste pour un set "thon à l'escabèche" sur les coups de 3h du mat'.

Bref, entre les régimes qui m'ont fait tranquillement grossir depuis l'adolescence et mon métabolisme marabouté par truie mère nature sa race, il semblerait que mon poids "de forme" se situe aux alentours des 65 – 70 kilos.

Pas d'objection, j'ai dit. C'est à ce niveau là que je me sens en équilibre et que j'arrive à ne pas grossir tout en m'alimentant à ma faim.

Problème: j'ai très légèrement dépassé le poids de forme depuis la naissance de Rose.

Voilà, à partir de là, on va essayer de comprendre le pourquoi du comment de mes fringales, qui sont, pour ce cher docteur, la conséquence d'une difficulté à gérer mes émotions.

Quand il a dit ça, ça a piqué dans mes yeux et je pense que ça ne lui a pas échappé.

Pour le prochain rendez-vous, dans quinze jours, je dois tenir un carnet alimentaire (trop facile, mon vingtième du genre au moins) dans lequel il faudra que je dise ce que ça me fait de manger, avec qui et ce que j'ai fait en même temps.

Sachant donc qu'il ne faut rien faire en même temps et que ça, c'est un problème pour moi qui ne sait ni manger ni faire caca sans lire tout ce qui me passe sous les yeux, de la composition du paquet de frosties à l'édito de ce c… de Laurent Joffrin.

Edit: Oui, c'est remboursé, et oui j'ai quelques scrupules à faire raquer la sécu pour "ça". En même temps, j'ai cru comprendre que le surpoids quand on vieillit est cause d'un bon nombre d'emmerdes. Du coup, finalement, c'est peut-être pas si mal d'anticiper, non ?

Edit2: Oui, c'est la fameuse série de photos qui a tout déclenché. Paradoxalement, j'aime beaucoup la joie qui s'en dégage, parce que c'était, évidemment, un moment heureux. Comme quoi…

Miroir, mon salopard de miroir…

Miroir Un moment que j'y pense.

Pour, peut-être, en finir avec tout ça.

"Tout ça" ?

Les régimes, pour résumer.

Parce que de ce côté là, j'ai tout vu. Ou pas grand chose à vrai dire. Des dizaines de kilos perdus au fil des années, remplacés par d'autres dizaines de gagnés. Avec au bout du compte, un solde positif sur la balance, négatif bien sûr en ce qui concerne l'objectif recherché.

Quand je dis que j'ai tout vu, je pense qu'à part l'anneau gastrique, tout y est passé, du coupe faim interdit par la suite, au régime fromage blanc, en passant par les diètes protéinées, les cures d'ananas ou les boissons drainantes qui te font pisser rouge, certes, mais pas gras pour autant.

Depuis l'âge de 15 ans, j'ai rencontré toute une palette de nutritionnistes, du charlatan ayant pignon sur rue et maisons secondaires financées à grand coup de commissions sur les sachets de poudre de pancake à la banane, à la rombière aigrie et castratrice mesurant toutes les semaines mes jambes "gorgées de flotte" d'un air sadique. Il y a eu aussi celle qui m'annonça grinçante – alors que je ne lui en demandais pas tant – que pour la carrière de top model c'était fichu et le non moins délicat quinqua qui me rappela qu'à Auschwitz il n'y avait pas de gros.

J'ai par ailleurs expérimenté diverses balances, certaines ressemblant à des pèse-bestiaux, d'autres tellement perfectionnées qu'elles te livrent bien sûr ton poids – majoré d'un ou deux kilos systématiquement – mais aussi ton pourcentage de matière grasse. Information que j'aurais personnellement préféré ignorer jusqu'à la fin de mes jours.

Bref, si à chaque fois que j'ai été suivie par ces docteurs du capiton j'ai en effet maigri, aucun ne m'a permis de passer avec succès l'épreuve de la fameuse période de STABILISATION.

Ces dernières années, le blog aidant, la maternité aussi, sans oublier l'amour et le regard de mon homme, j'ai pensé que j'avais atteint la sagesse, celle qui me permettait d'accepter ce poids de forme après tout pas si catastrophique.

Seulement voilà, le fameux poids de forme aurait tendance à prendre des libertés. Voire à fluctuer. Lui, la crise, il connait pas.

Et en regardant une série de photos prises de moi sur la plage en maillot de bain par mon piètre photographe de mari, j'ai vu une femme qui me ressemblait vaguement.

Une femme que j'aurais regardé avec la satisfaction de ne pas lui ressembler, si je n'avais dû me rendre à l'évidence. C'était bien moi.

C'est je crois ce qu'il y a de plus difficile, finalement, quand on est grosse. A l'intérieur, on ne l'est pas plus que nos copines taille 38. On sait bien, qu'on ferme difficilement nos jeans. On sent, ce poids, quand on grimpe une côte.

Mais on ne se VOIT pas.

Ou pas souvent. Pour la bonne raison que les stratégies d'évitement sont rodées depuis des années. Pas de miroirs en pied chez soi, l'appareil photo chevillé en permanence au corps pour que personne n'ait l'idée de nous immortaliser, la balance truquée pour que les vrais chiffres ne s'affichent jamais. Les yeux qui se détournent à la moindre vitrine rencontrée.

Et puis patatras, un jour, au détour d'une photo de plage ou d'une glace de cabine d'essayage, on se cogne, pas à la vitrine mais à cette image trop longtemps évitée.

Moi le carambolage a eu lieu hier. Pas mort d'homme, mais des contusions internes.

Et une décision un peu folle, donc.

Je vais aller voir le docteur Zermati. Le zorro des kilos.

A dire vrai, après avoir trouvé le numéro sur les pages jaunes, je pensais que ce serait compliqué et que le rendez-vous serait fixé en mars 2011. Ce qui me semblait raisonnable comme délai. Pendant tout ce temps je pourrais me laisser aller, puisque bientôt, j'allais prendre tout ça en main. Bientôt, mais plutôt dans longtemps.

Sauf que pan, je "profite d'un désistement", m'a annoncé la secrétaire. Et cet après-midi, à 14h, je rencontre celui qui représente un peu ma planche de salut.

Que les choses soient claires, je ne me fais aucune illusion, s'il existait un homme sur terre qui faisait maigrir les femmes sans douleur ni régime, il aurait relégué Obama au rang de vendeur de tuperwares.

Mais la secrétaire a lâché le mot au téléphone hier: thérapie.

Et même si toutes ces années j'ai soigneusement enfoui cette solution sous les tonnes de nourriture avalée, je sais bien que c'est sûrement le passage obligé vers un peu plus d'amour de moi.

Bref, tout ça pour dire que je vous raconterai.