Mois : septembre 2009

Polanski versus Calais

Polanski

Alors cette arrestation de Roman Polanski, qu'est-ce que j'en pense en tant qu'influentrice.

Et bien dans un premier temps, j'ai trouvé ça vraiment mesquin, ce coup d'attendre que le gars soit à un festival pour le chopper. D'autant que de source bien informée, il passe tous ses noëls à Gstaaaaaaaadt et que donc il ne devait pas trop se méfier.

En plus, la plainte, elle date et la fille – 13 ans malgré tout – a essayé maintes fois de la retirer.

Et puis Polanski, quoi.

Sauf qu'après, comment dire ? La nuée de protestations outragées qui s'en est suivie, avec indignation de toute l'intelligenstia droitière et gauchère, ça m'a un peu… gonflée.

Et que le Frédo Miteux à la sonnette pleurniche sur toute la perversité de la méthode, et que le Gros Xav' explique que quand même, faire ça à un réalisateur, et que le Nanard Risotto ne comprenne pas. Et que Fred Lefevre s'ulcère devant "cette arrestation mise en scène".

C'est sûr, la méthode, elle est perverse. Mais pas beaucoup plus que de chopper un grand-père sans papiers quand il emmène son petit-fils à l'école.

Pas plus que lorsqu'un préposé à une quelconque administration prend sur lui d'appeler sa hiérarchie pour lui confier que le monsieur qu'il vient de voir, à priori, c'est un illégal.

C'est marrant, mais le Frédo Miteux, on l'entend peu, quand son copain Eric Besson vide la jungle de Calais à grand coups de CRS.

Alors que tous ces gars qu'on expulse sans scrupules, pour la plupart, ils n'ont même pas, que je sache, été accusés d'avoir tripatouillé une gamine de 13 ans.

Bref, voilà, l'indignation à deux vitesses, ça me fatigue. Si il n'y avait que ça en même temps, ça irait.

Edit: Que les choses soient claires, je ne suis pas en train de dire que l'immigration illégale c'est bien, que les passeurs sont des bisounours et que la faim dans le monde c'est mal. Je trouve juste hilarant qu'on s'indigne devant les méthodes employées pour arrêter par surprise Roman Polanski (méthodes que je réprouve aussi) mais qu'on ne voie pas où est le problème de renvoyer dans leur pays des parents d'enfants scolarisés ici, arrêtés en général sur le chemin de l'école.

Allez, je vais aller mettre de l'anti-verrue

Floue

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Tu sais que j'ai eu peur ? J'ai cru que la it-disease ne passerait pas par moi et que la grippe, elle allait faire demi-tour devant ma porte. Ou alors qu'on allait la chopper mais en décembre, quand ça n'intéresserait plus personne.

Ouf quoi.

Ok, ce n'est pas moi qui l'ai mais ma fille aînée. Il n'empêche que c'est la famille, ça compte. En plus que je suis en quarantaine du travail. Si.

Bon, je vais bosser malgré tout, mais de chez moi, avec ma geignarde à mes côtés. Qui m'en veut terriblement d'avoir signalé son affection auprès du directeur. Rapport qu'au moins trois de ses copines ont été absentes une semaine pour des fortes fièvres accompagnées de toux et courbatures mais officiellement déclarées comme des rhino-pharyngites. Résultat, elle va être cataloguée comme étant la première contaminée. Le ground zero de la maladie du cochon.

Et crois moi ou non, elle n'a pas l'air de saisir toute la dimension trendy de l'affaire. Soit-disant que les autres enfants vont refuser de l'approcher quand elle rentrera, vu que le nouveau jeu dans la cour de l'école, c'est "touché – vacciné". En gros celui qui est suspecté d'influenza est mis au banc des jeux et repoussé à l'aide de doigts croisés, style vade retro satanas.

Non mais moi je dis, tout s'explique s'agissant des comportements courageux de pendant la guerre.

En attendant, je sens que moi et mon honnêteté – je suis de celles à également avertir des poux quand ils sont là – je sens qu'on va déclencher une belle panique.

A part ça, petite chérie est comme sur cette photo que j'adore. Un peu floue.

Et beaucoup chiante.

Allez, je vais mettre un masque et ensuite j'irai faire pipi.

Mary and Max. Un peu de douceur dans un monde de brutes

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Mary est australienne, elle a une dizaine d’années, une tache de vin sur le front couleur caca et ressemble à Nana Mouskouri. Elle adore le lait concentré et son poulet qu’elle a sauvé de l’abattoir. A l’école, souvent, les enfants font pipi sur son déjeuner et se moquent de sa veste dont les boutons sont remplacés par des pinces à linge.

Mary

Max a 50 ans, est New-Yorkais, il est obèse, s’habille en jogging 365 jours sur 365, aime les poissons rouges et souffre d’autisme, ou plus précisément du syndrome d’Asperger. Il porte un casque avec des yeux dessinés dessus pour faire fuir les corbeaux et mange des hot-dogs au chocolat dès qu’il est angoissé.

Max

Tout de suite, je sens que vous vous dites qu’il y a plus fun comme pitch.

Et vous avez tort. Parce que par la magie d’une correspondance entammée par Mary un jour de désespoir (en plus de la tache de vin, Mary a une maman qui aime un peu trop le cherry et un père taxidermiste qui s’intéresse essentiellement au troufion des oiseaux qu’il empaille), ces deux là vont devenir amis.

Leur relation va être cahotique, faite d’incompréhensions mutuelles et de trahisons involontaires, mais va durer au fil des lettres et des barres de chocolat envoyées d’un bout à l’autre du globe terrestre.

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Mary and Max, c’est un film d’animation né d’une histoire vraie, le réalisateur, australien, ayant lui aussi un correspondant américain « Asperger » depuis des années. Ce qui lui a fait dire à la fin de l’avant-première à laquelle j’avais été invitée par Alexiane et Pingoo, que des deux personnages, celui qui lui ressemble le plus c’est Mary.

A ce moment là j’ai eu envie de lui faire un calin. Parce que c’est sexy un homme qui avoue qu’à l’intérieur de lui il y a une petite fille qui ressemble à Nana Mouskouri.

Voilà, je vous recommande chaleureusement ce film, qui n’est ni un wallace et gromit, ni un blockbuster de chez Pixar, ni un film d’animation qui vous laisse bouche bée devant les miracles de la technologie.

Mary and Max, c’est le résultat de cinq années de boulot démentiel pour faire vivre ces personnages pas glamours pour deux sous et qu’on aime pourtant à la fin d’amour. C’est un film plein de marrons et de noirs et de blancs, avec comme seules touches de couleur le rouge des langues ou du pompon offert par Mary à Max. C’est aussi une bande originale qui se mêle parfaitement à l’histoire. Bref, il faut y aller, parce que ce genre de cinéma ne peut survivre qu’avec un public assidu…

Je vous laisse avec la bande annonce…

Cassée

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Non mais je veux dire… C'est pas exactement comme si on avait déjà donné cet été, hein. Ni comme si l'école était à plus d'un quart d'heure à pied de la maison. Ni comme si la classe du machin était au troisième étage.

Ni comme si j'avais envie d'étriper celui qui parait-il est mon fils, qui s'est cassé la cheville en sautant d'un jeu du square haut de TROIS mètres.

Tu parles d'un Jedi.

Edit: Je me demande s'il existe une carte de fidélité des hôpitaux de Paris. Non parce qu'on serait chez Total, là, j'aurais déjà mon service à thé gratos. Alors que là, que dalle. Ah, si, les béquilles, elles sont à nous, nous a annoncé triomphalement la pharmacienne. Alors qu'avant, on les louait. La fête.

Edit2: Je confirme, mon tapis en poils de faux chameau fushia qui m'a coûté l'équivalent d'une vingtaine de paires de béquilles se fait la malle. Un peu aidé par Helmut, c'est vrai. La fête. Bis.

Edit3: J'ai précisé que la grande présente tous les signes de la grippe du cochon ? La fête. Ter.

Morpions

Sable

Le jour où tes enfants ont des poux, tu te dis, là, voilà, je suis en train d'expérimenter le côté obscur de la maternité. Après tout c'est normal, il faut bien un revers de la médaille à cette félicité incroyable que tu vis depuis la naissance de tes morpions. Ok, soyons honnêtes, avant il y a eu les nuits blanches, les gastros, le morceau de pain collé dans tes cheveux que tu détectes une fois en réunion, les chaussures maculées de vomi – là aussi remarquées lors d'un tête à tête avec big boss -, les coups de fil à SOS médecin à 4h du mat pour suspicion de méningite – avec arrivée du docteur à 6h34, une fois la fièvre disparue, en même temps que tout espoir de sommeil – les gerbis dans la bagnole à peine le périph passé et blablabla.

Bref, quand les poux arrivent, tu te dis que c'est une sorte d'apothéose, que là tu touches du doigt le gros revers de la médaille de la maternité. Surtout si tu as opté pour la lotion qui te donne une odeur de pastis pendant dix jours malgré douze après-champoing parfum aloe vera.

Et bien j'ai le regret de t'annoncer que non.

Non, les poux, c'est rien.

Et c'est une femme de 39 ans qui prend du vermifuge depuis trois jours qui te parle.

Oui, vermifuge. Comme vers. Comme parasites intestinaux qui te font te gratter les fesses toute la sainte journée.

Les poux du cul, quoi.

Transmis par les enfants qui jouent dans les bacs à sable.

Morpions.

Edit: Je précise qu'à priori je ne suis pas contaminée. Uniquement un de mes enfants – je ne dirai pas lequel, à cause de la protection de tout ce qui est dignité humaine. Seulement voilà, parait-il que c'est super contagieux. Et que donc, il faut tous se traiter. On est ra-vis.

Et deux qui font quatre. Ou presque.

Balance

 Alors ça y'est, les quatre jours expérimentaux viennent de se terminer. Ne t'inquiète pas, ô toi ma lectrice mince, promis dès demain il y aura de la moderie, de la beauté ou même peut-être de la fesse au programme. Mais là, je veux quand même faire un petit point sur cette aventure que je suis en train de vivre avec ma nouvelle amie:

La faim.

Elle et moi, on a donc fait connaissance un beau matin de septembre. On s'est reconnues et on ne s'est pas beaucoup quittées depuis trois jours, toutes émotionnées qu'on était de ces sensations pour ainsi dire nouvelles.

Parce que oui, je dois le dire, c'était un peu nouveau pour moi d'attendre le quasi évanouissement pour m'alimenter. Du coup, tel Gérard Jugnot descendant la piste sur un ski pour bien comprendre à quoi ça sert d'en avoir deux, j'ai en effet "bien compris" que la faim et l'envie de manger sont deux sensations totalement différentes.

Attends, évidemment que je sais ce que c'est d'avoir la dalle.

Sauf que je suis du style à crier sur tous les toîts que je vais m'évanouir au premier gargouillis d'estomac.

Hors là, la consigne, c'était d'essayer d'attendre.

Mes conclusions, les voici en vrac. Je veux quand même préciser que je ne suis pas en train de me transformer en nutritionniste en ligne. Ce qui est valable pour moi à l'instant T ne l'est pas nécessairement pour d'autres avec un passé différent, une histoire particulière. Je ne fais pas de proselytisme et je ne prétends pas que la méthode Zermati est la bonne ou en tous cas la seule qui vaille. Je veux juste y croire un peu en ce qui me concerne parce que c'est pour ainsi dire ma dernière chance, tout le reste ayant été testé et non approuvé.

Bref, donc, après 4 jours à zapper le petit dèj ou en tous cas à le repousser au max, voici ce qui me vient à l'esprit:

  • C'est le premier matin que c'est le plus difficile.
  • Le thé que je bois habituellement sans vraiment le savourer est devenu comme un nectar de jouvence.
  • Les trajets en metro/bus à jeun ne me réussissent pas vraiment.
  • C'est plus facile de mi-jeûner chez soi le week-end qu'au boulot, ne serait-ce que parce qu'on peut s'allonger en attendant que ça passe. Aussi, on se lève plus tard, c'est toujours ça de pris.
  • Manger du gratin dauphinois à 16h30 te fait passer pour une boulimique à tous les coups, tout le monde n'est vraisemblablement pas informé que les diktats de l'alimentation sont à dégager d'un bon coup de botte et que le corps doit être écouté comme un ami.
  • Pour la vie familiale c'est compliqué de zermater.
  • C'est vrai que petit à petit on se cale finalement sur les repas normaux, hier soir j'ai mangé avec faim en même temps que tout le monde. Comme les bébés, en somme finissent par faire leurs quatre repas. Au bout de plus ou moins de temps, suivez mon regard. Mais c'est une autre histoire.
  • J'ai perdu 3 kilos, pas loin de 4 depuis que j'ai commencé à voir Zermati (trois semaines environ), dont un bon gros kilo (celui qui fait presque 4 en somme) durant ces 4 jours. Tout ça en mangeant des croissants, du jambon cru, du cake au chocolat ou un bô-bun. Mais exclusivement avec les crocs chevillés au corps et dans des quantités relativement raisonnable, la satiété et moi étant devenues comme des soeurs.
  • Savoir qu'on a le droit de manger ce qu'on veut nous pousse finalement à choisir aussi des aliments plus diététiques. C'est bizarre mais c'est comme ça, ce qui n'est plus interdit semble perdre de son intérêt.
  • Quand on a très très faim, en effet, la satiété est plus facile à identifier. Ne serait-ce que parce que les gargouillis et crampes stoppent au bout d'une dizaine de minutes.
  • Avoir faim est à la fois très désagréable et assez jouissif, surtout si tu commences à visualiser tes capitons en train de se faire dégommer.
  • Je ne sais pas si c'est vrai que le croissant du matin mangé à 11h30 alors que tu es au bord de l'inanition est immédiatement auto-détruit et consummé par notre corps en panne d'essence mais le fait est qu'on a la sensation de digérer beaucoup plus facilement un aliment mangé avec faim. Moi qui suis sujette aux brûlures d'estomac je n'en ai pas eu une seule pendant quatre jours.
  • Prendre en guise de première collation de ta journée un apéro "pinard/pata negra" à 13h30 ce n'est pas super recommandé pour tout ce qui est dignité humaine et tenue de l'alcool.  Quand en plus tu fais ça en compagnie de gens très respectables que tu connais à peine, à savoir les parents d'un copain de ton fils, tu peux t'exposer à des regards lourds de sous-entendus le lendemain sur le chemin de l'école.

Voilà, désormais je vais reprendre une activité normale, ou pas. Je me demande si je ne vais pas tenter de continuer à ne pas ou peu petit-déjeuner tant que la faim n'est pas là. A voir…

Maigrir c’est dans la tête

Normal_croissants

Petit retour en arrière. Vendredi, j'ai donc expérimenté mon premier jour sans petit déjeuner. Cas de figure qui doit se produire en ce qui me concerne deux fois par an, en cas de prise de sang. Ou de lendemain de césarienne. Et encore. Autant dire que je n'en menais pas large. Et si je m'écroulais sur le trajet de l'école ? Et si mon coeur lâchait ? Et si je souffrais sans qu'on s'en soit jamais aperçu d'une maladie orpheline provoquant une paralysie des membres inférieurs en cas de sous alimentation matinale ?

Ok, à la question anodine de docteur Z, j'avais ma réponse: oui, ça fait peur d'avoir faim.

En ce qui concerne le pourquoi de cette peur, j'avoue que je suis au milieu du gué. Allez, je vous raconte cette folle matinée ?

– 6h45: Le réveil sonne, je suis trop contente, c'est l'heure de mon petit déjeuner.

– 6h46: Mon cerveau vient de se reconnecter. En fait c'est l'heure du début du jeûne. Je veux mourir.

– 6h47: La bonne nouvelle c'est que j'ai un quart d'heure de rab niveau sommeil. En plus qui dort dîne, donc c'est le jackpot.

– 6h49: Je me demande si je ne ressens pas les premiers signes de la faim.

– 6h50: Je vais finalement me lever pour me peser, je sens que ma balance et moi on va être en wifi ce matin, rien que le fait d'avoir prévu de zapper un repas, j'ai du perdre un kilo. Vu que maigrir c'est dans la tête.

– 6h51: Ma balance n'est manifestement pas au courant que maigrir c'est dans la tête.

– 7h02: Ce qui est génial dans le fait de sauter le petit déjeuner c'est que je vais profiter un quart d'heure de plus de mes enfants. Dans une vie de mère ce n'est pas rien.

– 7h04: Ma fille profite de ce quart d'heure pour me confier ses états d'âme vestimentaires. Je sens qu'on va vivre un vrai moment mère-fille, là, j'en oublie totalement ma faim. Comme quoi maigrir c'est vraiment dans la tête.

– 7h05: Devant une armoire pleine à craquer, ma fille adorée m'explique sans ciller qu'elle n'a rien à se mettre. Raison invoquée: en CM1 on ne met plus de jupes. Que des jeans. Or son unique jean est au sale.

– 7h07: A ma connaissance j'ai acheté une dizaine de jeans durant les six derniers mois, objecte-je en souriant rapport à l'importance de nouer des relations de confiance avec ses enfants. "Oui mais y'en a qu'un qui est slim". ça c'est sûr que c'est un problème que je ne connais pas. Tous mes jeans son slim. Même mon sarrouel fait slim. C'est décidé je vais aussi sauter le déjeuner.

– 7h08: Je respire avec le ventre – vide – et propose trois tenues différentes à ma fille. Tout de même, c'est génial cette complicité qui est en train de se nouer entre nous. Tous ça grâce à ma démarche diététique. Franchement la nourriture est une perte de temps et nuit à l'entente familiale. J'ai envie d'écrire une chanson, là.

– 7h09: Aucune des tenues concoctées avec amour ne plait à ma fille qui reste en culotte à soupirer devant son placard. A chaque suggestion elle me regarde consternée. Quand je lui demande, légèrement crispée, ce qu'elle voudrait vrament mettre histoire que je ne gaspille pas mon quart d'heure de rab à jouer aux rédactrices de mode pour rien, elle répond dans sa barbe des choses que je ne comprends pas. A moins que ce ne soit la faim qui m'ait rendue sourde.

– 7h11: Si je n'avale pas quelque chose dans la seconde je lui fais bouffer son jean sale.

– 7h12: Je finis par balancer la moitié de son dressing et je déclare forfait en lui expliquant que je refuse de commencer cette journée par un conflit. J'avertis également que toutes les jupes, robes ou autre leggings achetés à la sueur de mon labeur seront dès demain distribuées aux petites filles qui en ont vraiment besoin. Emportée dans mon élan je lui propose aussi de changer de maison et de maman si la sienne n'est pas à son goût.

– 7h13: Je suis super impressionnée, ne pas manger n'affecte en rien mon self control.

– 8h00: Après avoir interdit de télévision mon fils pour deux mois pour cause de miettes par terre, privé de sorties Helmut jusqu'à sa majorité et déclaré la grève du sexe à l'homme sans raison valable en ce qui concerne ces deux dernières punitions, je pars sereine au travail. Non sans avoir bourré mon sac de collations pour une éventuelle défaillance sur le trajet.

– 8h22: Je suis extrêmement surprise, je parviens à marcher jusqu'au bus sans m'écrouler. Aurais-je des réserves ? Même que je me sens presque bien.

– 8h23: Si ça se trouve je suis en train de produire des endorphines comme les marathoniens.

– 8h25: Là à tous les coups j'ai maigri, mon corps est en train de bruler les calories comme un malade. ça me donne une pêche, ce midi je file chez zara et j'essaie un carrot-pant en 38.

– 8h29: Je suis en pleine expérience transcendantale. A mon avis le jeûne provoque une réaction chimique dans mon cerveau. C'est comme si je flottais dans un océan de bonheur. Je pourrais conquérir le monde, tout ça sans tartines. Je me demande si toute cette confiance à l'intérieur de moi ce n'est pas un peu dangereux.

– 8h34: J'ai envie de vomir. A tous les coups c'est mon corps qui m'envoie un signal. Heureusement que je suis là pour l'écouter le pauvre. Là, c'est un cas de force majeure. Je vais peut-être prendre une légère collation. D'autant que si on considère qu'habituellement je mange à 6h45, on peut dire que j'ai fait preuve d'une sacrée résistance. Comme quoi avec un peu de volonté…

– 8h35: Ou alors c'est la gastro.

– 8h37: Ou alors mon corps se purifie. Et je suis à deux doigts de tout foutre en l'air avec ma collation.

– 8h39: Je suis complètement perdue. C'est compliqué de faire connaissance avec la faim.

– 8h40: Je remets ma collation dans mon sac. Je peux tenir, yes I can.

– 8h41: Si ça se trouve je n'aurai plus jamais envie de manger.

– 8h43: Je me sens très proche de Gandhi.

– 9h00: J'arrive au boulot. Je me demande si ça se voit sur mon visage que je suis en communication avec mon moi intérieur. Et aussi avec Gandhi.

– 9h02: "T'as la grippe A ou quoi, t'as une de ces mines ?" me demande le premier collègue que je croise.

– 9h05: Zermati, pardonne lui, ils ne sait pas ce qu'il mange.

– 9h10: Je commence à bosser tout en louchant vers le sachet de croissants que je viens d'acheter pour mon repas que je prendrai quand j'aurai vraiment faim.

– 9h13: J'en ai pris deux au cas où un ne suffirait pas mais au point où j'en suis avec mon moi intérieur, nul doute que la satiété je vais te la chopper au vol après deux bouchées. J'aurais dû prendre une mini viennoiserie, j'ai horreur du gachis en plus.

– 9h17: Est-ce que les tremblements signifient que mon corps se désintoxique de la nourriture ou que je suis à deux doigts de la catalepsie ?

– 9h23: Respect à tous les grévistes de la faim du monde entier.

9h27: Je titube jusqu'aux toilettes, histoire de vérifier cette histoire de gastro quand même. A cause des suées. Et des crampes d'estomac.

– 9h29: J'ai envie de manger le rouleau de papier. M'est avis que c'est le début de la faim.

– 9h32: Je tiendrai jusqu'à 10h00, il en va de mon honneur.

– 9h46: Comment ça doit turbiner au niveau du métabolisme là. A mon avis mes enzymes sont en train d'attaquer la deuxième couche de gras. A moi les cuissardes Prada. Quelle merveilleuse machine que le corps humain, quand on y pense. Il suffit de lâcher prise et tout revient dans l'ordre.

– 9h48: C'est décidé, je ne vais manger que la moitié d'un croissant, tant pis pour le gaspi. Le pire c'est que ce n'est même pas une question de volonté, j'ai juste totalement changé mon rapport à la nourriture.

– 9h57: Ce qui ne signifie pas que je vais me laisser mourir non plus.

– 9h59: Or ne manger qu'un demi croissant reviendrait quasiment à me suicider. J'ai des enfants quand même.

– 10h00: On ne grossit pas quand on a faim.

– 10h10: Je ne suis pas loin de la satiété, je le sens. Mais à mon avis, en mangeant le deuxième croissant, j'en serai certaine. En plus que de toutes façons, je ne remangerai que quand j'aurai à nouveau très faim. Et si ça se trouve ça sera vers 20h00. Voire demain. Je ne vais quand même pas tenir 48h avec un seul croissant dans le coco, non ?

– 10h12: Même Gandhi il l'aurait bouffé, le deuxième.

– 10h14: C'est d'un facile d'écouter son corps. Vivement que j'ai à nouveau faim, putain.

Quand vient la faim

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Hier c'était mon deuxième rendez-vous avez le docteur Zermati. Je suis arrivée super à la bourre après avoir oublié mon carnet alimentaire, bonjour l'acte manqué. Mais au final, mon carnet et moi, on était là.

J'avais un peu peur, habituée que je suis des réprimandes médicales au vu de mes repas qui me semblent à moi en général plutôt modestes et équilibrés mais qui constituent en général pour tout nutritionniste l'exemple de débauche à ne pas suivre.

Quelle n'a pas été ma surprise, du coup, quand j'ai réalisé que la seule partie du carnet qui intéressait monsieur Z, était celle consacrée à mes sensations avant, pendant et après l'acte sexuel alimentaire.

Il ne lui a pas fallu longtemps pour en tirer les conclusions qui s'imposent: je mange trop souvent sans faim et j'ai du mal à m'arrêter une fois que je suis lancée.

Ce qui est, selon lui, une bonne nouvelle.

Parce que parait-il, si on arrive à "enlever" tout ce qui est avalé pour d'autres raisons que la faim, je vais forcément maigrir.

Oui d'accord, mais comment ?

En réapprenant la sensation de faim.

Bon, moi très honnêtement, je sais bien ce que c'est d'avoir les crocs. Même que ça m'arrive souvent quand même. Du coup, il a dû voir sur ma figure que j'étais un peu sceptique.

Sauf que quand lui il parle de faim, ce n'est pas exactement ce que j'entends moi par avoir la dalle. Disons que ça doit être un peu pareil pour tout ce qui implique effort, souffrance, endurance. Je n'ai pas la même échelle que tout le monde, en gros. Un seuil de tolérance assez bas, pourrait-on dire gentiment. C'est pour ça que là, on ne rigole plus et la faim, on va aller la chercher, mais vraiment.

J'explique.

Pour les quatre jours à venir, je dois me livrer à une petite expérience. A savoir, ne pas prendre mon petit déjeuner, partir au travail avec une collation dont la teneur importe peu (en gros je peux choisir deux croissants, des gâteaux secs ou une bouteille de yop, peut lui chaut) et ne manger cette dernière – la collation – que lorsque j'aurai réellement faim.

"Le souci c'est que quand je me réveille, j'ai, comme qui dirait l'estomac dans les talons."

"Et bien vous allez attendre un peu quand même. A votre avis, combien de temps faut-il pour que vous ayez une GROSSE faim ?"

Courte hésitation, le temps de ne pas dire "dix minutes", mauvaise réponse à tous les coups.

"… mmm… une heure ?"

Regard légèrement consterné du médecin qui comprend qu'il est face à un cas difficile (= à la limite du désespéré).

Self contrôle du gars qui en a vu d'autres et réponse sur le ton toujours égal du professionnel de la santé. "Non, vous allez voir qu'une grosse faim, c'est au bout de trois, peut-être quatre heures, que vous allez l'éprouver".

Bon, le principe n'est pas de tomber dans les pommes pour autant, m'a-t-il expliqué par la suite. Mais en gros, l'idée, c'est d'attendre que la faim se fasse désagréable et presque douloureuse avant d'avaler la collation. Pourquoi ? Parce que, et c'est là que ça devient, je trouve, très intéressant, parce que lorsqu'on a faim, on ne peut pas grossir.

Quand on a faim, on ne grossit pas.

Je sais, je viens de répéter la même phrase. Mais c'était un peu comme si on me révélait le mystère des cités d'or, quoi. En somme, ce que le docteur Z affirme sans aucune hésitation, c'est que ce qui est avalé à un moment où le corps crie famine ne peut pas se transformer en graisse puisqu'il est immédiatement utilisé pour faire fonctionner la machine.

Mieux, il m'assure que c'est dans ces moments de vraie faim qu'on parvient le plus facilement à sentir quand vient la satiété. 

Bref, pendant quatre jours, il faut que je parvienne à décaler mon premier repas pour ne commencer à manger que lorsque j'en éprouverai un besoin réellement physique. Et continuer sur le même principe tout au long de la journée.

Un exercice qui a son petit inconvénient: je vais être décalée tout le temps et risque de manger mon croissant quand mes collègues iront se taper une bavette. En même temps quatre jours c'est rien, en plus dedans y'a le week-end. Il faudra juste que j'explique à mes enfants que tout ce que j'ai toujours raconté sur l'obligation de manger A TABLE et à heures fixes, ce n'était que des conneries. Je vais le payer, c'est sûr.

Mais je dois avouer que cette idée de rebooter mon organisme, de le faire repartir de zéro et de finalement m'alimenter comme le ferait un nourrisson (si les bébés hurlent quand ils ont faim c'est parce que leur ventre se tort et qu'ils souffrent vraiment), ça me plait.

En plus, cerise sur le gâteau, aucune restriction alimentaire, puisque de toutes façons, on ne grossit pas quand on a faim (je l'ai déjà dit ? Ah booooooooon ?). Pas plus avec une part de flan qu'avec une assiette de haricots verts. Dernière chose, même si pendant ces quatre jours je ne parviens pas à m'arrêter une fois que je n'ai plus faim, pas grave. Parce que le fait d'attendre à nouveau de crever la dalle pour manger le repas suivant me permettra de brûler ce qui aura été avalé en trop.

Je sais, ça parait presque trop beau. Mais à mon avis, c'est moins cool que je ne le pense, m'est avis que dès ce matin neuf heures je vais avoir envie de pleurer tellement mon petit déjeuner compte dans ma journée. Et puis au final, le but est bel et bien de manger moins, je crois que ça doit être pour ça que mon zermatage jusque là ne marchait pas, j'avais surtout intériorisé la partie "on mange de tout"….

Voilà, j'ai peut-être été longue et je ne veux surtout pas gonfler mon monde avec cette thérapie. Donc dites moi si vous voulez que je continue à vous raconter ou si on revient à des choses plus terre à terre, comme genre que nom d'un chien, j'ai des santiags ET un foulard imprimé léopard dans ma penderie, ce qui fait de moi une presque fashionista si j'en crois le dernier Elle spécial accessoires. Je crois que je vais créer un blog, moi.

Edit: la photo c'est celle d'une minuscule boulangerie à Bastia dans laquelle j'ai acheté le meilleur Fiadone de tous les temps. Je crois que j'aimerais que ce soit ça ma collation…

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Baby – Geek

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Je vous confirme qu'il ne sert à rien d'acheter le moindre jouet. Nous qui nous inquiétions de ne pas pouvoir lui donner une chambre à elle – elle dort quelque part au milieu du bordel du machin -, nous avons laissé tomber toute culpabilité. C'est simple, on pourrait vivre dans 12m², tant qu'il y aurait le coin hifi/télé, la bestiole serait heureuse. Un chagrin ? Un bobo ? Cinq minutes à trifouiller dans les boutons du lecteur dvd tout en appelant le Mozambique et tout est oublié.

Bref, les jouets, passé 1 an, franchement, on peut s'en passer. A moins que Fisher Price et consorts ne se décident à fabriquer des téléphones qui ressemblent VRAIMENT à des blackberry, des bouteilles de produit vaisselle plus vrais que nature ou des freebox, mais troisième génération, hein, parce que la V2, c'est pourri.

Mais même en étant le plus réalistes possibles, à mon avis ces fake ne retiendraient pas l'attention d'Helmut plus de deux secondes. J'en veux pour preuve la rapidité avec laquelle elle a compris que la vieille télécommande qu'on lui a refourguée, celle de feu monsieur magnétoscope, était un leurre. Il n'y a en effet que celle de la télé qui puisse la calmer cinq minutes en cas de crise. Celle du magnéto étant bazardée à l'autre bout de la pièce d'un geste rageur.

Bref, à Noël, on prévoit de lui acheter un GPS ou un chargeur de smartphone parce qu'elle kiffe vraiment le mien.

A part ça, 13 mois c'est vraiment un âge sympa.

Edit: La robe d'Helmut est une Petit Bateau, je le dis parce qu'on me l'a pas mal demandé depuis mon billet poux. Elle existe aussi pour adultes…

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