De la personnalité

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Hier, une jeune fille m'a envoyé un mail pour me demander un conseil. Elle s'apprête à passer le concours du Celsa, pour devenir journaliste et s'inquiète de ne pas être assez grande gueule, or, m'explique-t-elle, lors de l'oral de "personnalité", il faut qu'elle soit capable de montrer de quel bois elle se chauffe.

D'où le mail.

Hélas, lui ai-je répondu, rien que de lire "oral de personnalité", je sens les prémisses de la crise d'angoisse. Je serais bien incapable personnellement de passer devant un quelconque jury pour défendre mon originalité, ma singularité ou ma pertinence. Je me transforme en lamantin dès que trois personnes ont pour mission de m'évaluer en direct.

J'ai beaucoup réfléchi ces derniers temps sur ce truc qui me saisit dès que je dois prendre la parole. Et j'ai compris une chose. Ce n'est pas le nombre de gens qui m'écoutent dans la salle qui comptent, ni même leur niveau intellectuel ou statut social. Le problème survient quand il s'agit de parler… de moi. Ah ça, écrire des tartines sur les aspects les plus privés voire embarrassants de ma vie, je sais faire. Et ça sans éprouver la moindre gêne à l'idée que certains des miens, voire des employeurs potentiels me lisent.

Mais quand vient mon tour de me présenter lors d'une réunion, je me liquéfie. Je dépasse en général ce malaise, mais ma gorge se serre immanquablement et quiconque me connait un peu s'aperçoit que je suis au bord de la panic attack..

En revanche, et je peux admettre que c'est un paradoxe, je n'éprouve quasiment aucune angoisse à l'idée d'interroger qui que ce soit. J'ai durant ces huit années dans mon agence de presse, interviewé des dizaines d'élus, de commissaires européens ou ministres et même, maintenant je peux l'écrire puisque je n'y suis plus, un futur président de la République. Non, pas François Hollande. Un ministre, alors de l'intérieur, devenu depuis président de la République. Enfin, plus précisément, je ne l'ai pas interviewé mais, et je crois que c'était encore pire niveau trouillomètre, je lui ai posé une question, gênante, en conférence de presse. Une question qui m'a valu deux heures après un coup de fil de son cabinet pour m'apporter les précisions qu'il n'avait pas été en mesure de me donner.

N'y voyez pas de vantardise, histoire de briser le mythe, j'ai également arrosé de mon coca les dossiers de travail de Valérie Pécresse dans un Falcon qui nous ramenait de Bruxelles vers Paris. Ce qui n'a probablement pas contribué à ce que cette dernière ait envie de devenir un jour mon amie.

Par contre et je tiens aussi à l'écrire, je n'ai jamais été contrainte à faire quoi que ce soit de déshonorant à Dominique Strauss Kahn.

Ceci étant dit je ne l'ai jamais interviewé non plus. Tout au plus croisé une fois dans une conférence. Le temps de constater qu'il était tout petit.

Et même là, rien, pas même un regard désobligeant.

Ce qui peut paraitre un rien vexant quand on sait le nombre de femmes qu'il a manifestement déshabillées ne serait-ce que mentalement.

Parler de moi, disais-je, même pour résumer en trois phrases qui je suis, me plonge dans des affres sans nom. Ce qui ne m'a toutefois jamais gênée pour exercer mon métier. Parce qu'à moins de s'appeler Laurent Joffrin, Jean-François Kahn ou Franz Olivier Giesbert, le journaliste est tout de même plutôt sensé s'effacer derrière son sujet.

Tout ça pour dire à cette jeune fille aspirante journaliste et à deux ou trois autres qui m'ont écrit ces derniers temps pour me demander des conseils avisés, que la "personnalité" sur laquelle toutes les écoles semblent vouloir miser, ce n'est franchement pas très important. La qualité première pour embrasser cette carrière – mise à part la considérable inconscience de vouloir exercer une profession moribonde et menacée offrant des perspectives salariales pathétiques – c'est la curiosité. Celle qui pousse à dépasser sa timidité, justement, celle qui donne envie de poser les questions qui fâchent, celle qui rend la pratique du journalisme si passionnante et impérieuse. Quoi de plus merveilleux que de pouvoir vivre d'une activité qui vous amène à développer ce qu'on vous a toujours dit être un vilain défaut ? Franchement ?

Voilà, pour résumer, je suis une grande gueule d'escalier, une fois la porte du patron refermée, ou de repas arrosés, quand l'alcool fait vaciller les inhibitions. Mais je crois être une bonne journaliste, pas de celles qui signent dans Le Monde ou Libé ou qui mènent des enquêtes qui changent la face du monde. Ma came, et c'est ce qui me permet de me féliciter tous les jours, malgré les doutes, d'avoir quitté ma vie d'agencière "politique", c'est de pouvoir interroger les gens, experts ou non, sur l'intime, leur vie, leurs contradictions ou la façon de les gérer. C'est aussi d'analyser une tendance, essayer d'en comprendre les tenants et aboutissants. C'est, à partir de ce matériau, du fruit des entretiens menés, construire un "papier", tenir le fil jusqu'au bout et espérer ne pas avoir perdu en route plus de la moitié des lecteurs.

Ici, à quelques exceptions près, je ne fais pas du journalisme. Je livre sous le coup de la colère ou de toute autre émotion, un ressenti. Ce qui est l'exact inverse du journalisme. Par conséquent, autant je peux comprendre les désaccords de certains quand je prends des positions arrêtées, autant je ne souhaite plus entendre ou lire des allusions au fait que ça puisse être contraire au métier que j'exerce. On a tous le droit, médecin, caissière, documentaliste, instituteur et j'en passe, d'exprimer une opinion. Ce qui serait grave, serait de me livrer à des approximations ou digressions idéologiques dans les articles que je rédige pour des médias qui me paient en piges. Là, ce serait anti-déontologique et un mélange des genres trompeur.

C'est tout.

Edit: Je ne suis pas certaine en revanche que ce billet me permettra décrocher une place pour les prochains défilés de la fashion week. C'est rageant. Par contre on ne sait jamais, certains community managers pourraient s'arrêter à la photo. Ce sont des pompes achetées chez Monoprix il y a quelques mois déjà. Une bouchée de pain, seyantes et confortables. Je ne sais pas vous mais j'ai peine à trouver des sandales à talon qui me plaisent pour l'été. Quoi, je suis faux cul ? What did you expect ?

54 comments sur “De la personnalité”

  1. Madame M a dit…

    En lisant les réactions que le Kahn Gate provoquent notamment sur la légitimité, le droit à la parole, les vocations journalistiques (aaaah okay j’ai bien qu’ici la raison est le mail de cette jeune aspirante journaliste hein?! mais Kahn…voilà ça réveille un lecteur)
    Donc, je suis toute étourdie et émerveillée…En particulier par le métier de journaliste qui semble mis à rude épreuve depuis quelques décennies. Alors avis d’experte en rien, grande gueule connue uniquement de son clavier,je me fais un plaisir d’ajouter mon point de vue à ce billet.

    Les journalistes, j’les kiffe (Mon dieu ce verbiage explique que je ne sois pas pigiste)…Pour moi ce métier est juste en train d’évoluer, non pas de crever pattes tremblantes sur le bas côté de la route de la révolution médiatique. Je suis certaines que les acteurs de ce métier exigeant trouveront la solution pour s’adapter à ce nouvel environnement et être payé à nouveau dignement pour pouvoir vivre de le métier.

    Mon commentaire est trooop long et mon dieu j’ai peur qu’il n’est pas de sens…Cela m’apprendra à ouvrir ma grande g***** de si bonne heure.

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  2. Cupicake a dit…

    J’adore le décalage entre le texte et la photo (et le post-scriptum) ça pète!

    Et d’après ce que je vois, Monop’ c’est the new place to be-y clothes en France, il va bientôt remplacer les Maje et co?

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  3. DOMINIQUE a dit…

    Vous résumez très bien la vraie déontologie de votre métier : s’effacer devant le sujet, curiosité et tenir le fil dudit sujet. Cela change de ces « divas » qui provoquent, avant tout pour se faire mousser.
    Quant à parler de soi, vous le faites ici, avec le talent de votre vocation : écrire.
    Et puis, ici, même quand il y a des polémiques dures, ce sont des échanges d’idées, de convictions, et ça fait du bien. Bien sûr on s’égratigne, mais je suppose que vous avez remarqué la qualité du français des coms ? La forme et le fond, what else !
    Enfin, il y a tous les détails qui font le sel de votre blog, comme « qui est la tricotière ? » (n’est-ce pas Mammouth ?), le caca de Rose (elle sera contente, quand elle aura 20 ans d’en entendre encore parler…).

    Bon, après ces fleurs, ces ravissantes choses à talons sont-elles vraiment d’été ? Et la transpiration ? Ici, avec 32° dès 11 heures, ça ferait des bulles du côté des pieds, avec de telles chaussures.

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  4. mary a dit…

    j’ai bien noté :
    – MONOP the place to be
    – chacun a droit à son coin de blog pour s’exprimer, partager, faire découvrir sa recette de cupcake…
    j’espère que tu n’auras pas trop démoraliser cette future journaliste, c’est un bon métier et il en faut!
    PS
    sympa ton post scriptum, si tu as une invit en rab pour la fashion week, je veux bien!

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  5. agathe(et pas agatha) a dit…

    Alors moi, question pompes je suis passée aux tropéziennes …;trop bien les petons à l’air!!c’est mon bonheur de l’année , sentir mes orteils au soleil, …je me fais faire d’abord une pédicure pour pas me taper la honte.
    Quant à ton article…très intéressant ,…hier j’ai aussi entendu une émission sur France Cul, sur le journalisme radiophonique , passionnant , c’est là où tu te rends compte de la complexité de l’exercice ….à la radio « tout s’entend » les sourires comme les tics de respiration….
    Je crois que choisir de devenir journaliste c’est comme le reste , ça fait appel à des ressorts psychanalytiques complexes….la curiosité, ça peut se traduire par d’autres choix ….la paléontologie par exemple….
    Sinon, je ne sais pas si on se rend compte que ce qui se passe à la Puerta del Sol, est super important pour notre société de demain …imaginez une agorra où des milliers de jeunes sont entrain de questionner tous les grands sujets sociétaux actuels….extraordinaire!!!!
    Bonne journée à toutes!!!

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  6. Claire Drôle-de-Mère a dit…

    Ah ben je viens de comprendre « Je suis une grande gueule d’escalier ». Alors que j’ai lu ton post il y a un petit moment…
    Comment tu disais déjà? Escalier? Je revendique d’être la championne du monde de l’esprit d’escalier, celle dont la vitesse de répartie frôle celle d’un escargot rhumatisant. Ce qui, avant que la répartie ne me vienne, me laisse dans l’état de la carpe moyenne, l’oeil rond, la bouche ouverte et aucun son n’en sortant (oui, j’ai la métaphore animalière ce matin, ca doit être le printemps qui joue sur mes hormones).

    Bref, si tu le permets,je reprends ton expression á mon compte : « grande gueule d’escalier » Ah ben non, parce que qu’est-ce-que j’ai la répartie cinglante… 2 heures après…!

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  7. Xtinette a dit…

    Ce billet est juste ; par contre, tu dis te bloquer si tu dois parler de toi mais en réunion (du moins dans mon travail), le sujet est rarement soi, non ? Il faut souvent parler d’un projet… Est-ce que dans ce cas, ton auditoire te bloque ?

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  8. Elisabeth Hugen a dit…

    J’aime bien ton papier c’est juste! Pour moi, c’est l’inverse… Lorsque je suis en contexte pro, je prends sur moi et j’y vais! Par contre, je n’ai pas toujours le courage de me mettre un coup de pied aux fesses lorsque je suis en contexte privé!
    Bonne journée.

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  9. Aurora a dit…

    1 Dans mes bras mes soeurs de « grande gueule d’escalier »…
    2 Moi aussi je cherche des sandales, et rapidement car lá j’en peux plus (mais il faut qu’elles soient en cuir, avec 5 centimètres de talon et de préfèrence argent…).
    3 Ce qui se passe á Puerta del Sol va malheuresement retomber comme un soufflé, car les élections sont passées et un grand souffle bleu remplace le (peu de) souffle rouge et je pense que ça sera pire…

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  10. Geneviève a dit…

    J’aime beaucoup ton papier… L’encouragement à écrire que tu donnes dans cette « lettre ouverte », je l’entends, moi et les autres aussi on dirait. Cette jeune « aspirante journaliste » a eu bien raison de frapper à ta porte et de te demander conseil.

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  11. Fred a dit…

    Même problème pour les sandales, et puis j’ai fini par trouver, mais il faut aimer les talons : Alta en noir ou beige de Minel*li !

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  12. khâgneuse a dit…

    Très très très contente de ces précisions à la suite de mon e-mail, vraiment merci.
    J’espère alors que l’on va trouver « ma petite gueule à moi » intéressante et curieuse et qu’on va me garder dans cette grande école.
    Bonne journée!

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  13. roca a dit…

    encore un point commun belle blonde
    moi que tt le monde prend pour une fort en gueule, j’ai la vessi qui lache presque quand il s’agit de dire « bonjour je m’appelle caroline »
    lorsque que j’ai demarré mon nouveau taffe il y a 15 j j’ai meme reussi a me declecncher une crise de panique, (anciennement appelé spasmophilie) grande classe

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  14. TiteMaraboute a dit…

    Ben pour la fashion week, ils savent pas ce qu’ils perdent !… Pour rebondir sur certains de tes propos, et pour les plus curieux http://pgb51.typepad.com/ j’avoue, c’est un copain mais, honnêtement, y’a de la résonance sur ce « fucking job » (journalisme vs blog). Allez, zou, et que la communauté des bloggueurs couillus vous inspire au moins jusqu’au début du..G8 tiens !

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  15. Lily M a dit…

    J’ai beaucoup aimé ce billet, et avec une mention a DSK…
    et en plus avec de bons conseils 🙂
    C’est quoi ces écoles qui fondent le journalisme sur une personnalité….ppffff

    PS: j’adore tes chaussures

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  16. Mysukalde a dit…

    j’aime beaucoup ce que tu dis, et je te rejoins tout à fait. Je ne crois pas qu’être fort en gueule puisse être une qualité chez un journaliste. A cet égard (et à bien d’autres !), je me retrouve dans ce que tu dis.

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  17. Tayiam a dit…

    Caro, je suis indignée de ce billet qui ne reflète en rien la déontologie de ton métier…

    Ah ? C’est pas le sujet ? Zut ! Je le placerai une prochaine fois (ou pas).

    (Juste pour dire que je n’ai jamais compris ce genre de commentaire sur ton métier. On n’est pas sur un site payant de journaliste, ici, mais sur un blog privé et sympa)

    Sinon, pour les sandales, je galère grave à en trouver ! J’ai un pied un peu bizarre qui ne rentre pas dans toutes les chaussures (une histoire de cou(p?) de pied m’a dit ma mère) et je hais les talons (enfin, c’est surtout mon dos qui hait, mais, je suis solidaire). Alors quand je trouve une paire qui me plait, je fonce ! 😀

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  18. Niña a dit…

    Tiens, et si tu ajoutais « intervenante en école de journalisme » à ta longue panoplie pro ? (Quoi j’ai des idées pourries ? Vous croyez que c’est facile de rallumer le cerveau après 10 jours de vacances 🙁 ???)

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  19. Suzie a dit…

    Tiens, ça y est, j’ai envie d’être journaliste maintenant ! Et j’espère que celles et ceux qui se permettent ces remarques sur ton blog qui me font à chaque fois bondir d’indignation auront compris. Et puis, je crois que nous sommes nombreux à être des grandes gueules d’escalier, mais ce n’est pas parce qu’on manque de personnalité, c’est parce qu’on a confiance dans l’autre et dans l’être humain et qu’à chaque fois, on est surpris de trouver de l’agressivité en face de soi. Alors c’est déstabilisant pour notre cerveau en mode « amour » qui tarde à se mettre en mode « non mais ça va pas oh ! »…

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  20. isa-monblogdemaman a dit…

    Ah les écoles de journalisme et leurs concours qui ne contribuent souvent qu’à former des clones issus des mêmes milieux, avec les mêmes références, les mêmes valeurs. Si seulement ces tests de personnalité pouvaient servir à développer la diversité dans le journalisme. J’avoue en être pas mal revenue et le seul conseil que je donne lorsqu’on me demande comment devenir journaliste c’est de faire des stages dans les médias locaux. Si on s’éclate à couvrir le forum des métiers du coin, c’est que le journalisme est vraiment fait pour nous !

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  21. hopanie a dit…

    Franchement vu (vue?) la pub que tu leur fais, ils pourraient t’envoyer 1 ou 2 paires de sandales à tester chez Monop, non mais sans blague, c’est simple, si ils ne le font pas, je n’y vais plus, faut qu’ils voient ce que c’est une blogueuse influente …

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  22. pmgirl a dit…

    Un oral de personnalité! Ca me semble juste dingue de juger une personne là dessus.
    Argh, je n’ai que des mauvais souvenirs de chaussures monoprix…
    Par contre, j’ai investi dans des clark’s softwear, un vrai bonheur!

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  23. ceciel a dit…

    J’ai passé cet entretien au Celsa et je l’ai réussi. Je me souviens surtout d’un feu croisé de questions sur mes lectures, mes avis, mes goûts. Finalement pas pire qu’un apéro entre copains qui font connaissance, la nervosité en plus. J’avais trouvé le jury pointu mais amical. Je ne pense pas avoir fait montre d’une personnalité hors du commun mais plutôt d’une certaine tenue devant la rapidité et la variété des questions.

    Au final j’ai été choisie. Mais je n’y suis pas allée, préférant intégrer un DESS du Celsa histoire d’en finir plus rapidement avec les études. (Tout ceci se résume donc finalement à une sombre histoire de manque de suite dans les idées et de dates de rentrée trop tardives. No comment).

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  24. Elodie la marguerite a dit…

    Je commente à chaque fois qu’il me tombe un oeil, et, comble de la grossièreté, là je voudrais surtout m’adresser non pas à toi, mais à cette jeune fille, pour lui dire un gros MERDE. Parce que franchement, s’il y a un truc dont je suis heureuse d’être débarrassée, c’est de penser au mois de mai ou juin comme à un cauchemar. Tous ces exams, c’est tellement d’angoisse !
    Mais bravo pour tes conseils, parce que tu as beau dire que tu ne peux pas l’aider, je crois que tu lui as donné une excellente piste : ce qu’on demande à un journaliste, c’est d’avoir la personnalité suffisante pour ne pas se dégonfler lorsqu’il s’agit de poser des questions, même (surtout) déstabilisantes, à une personne si haut placé soit-elle. Et pire encore, si admirable soit-elle. Parce que personnellement je crois que plus encore que l’interviewé qui a une haute fonction, celui qui me stresserait le plus, c’est celui que j’admire. En même temps c’est un vrai bonheur professionnel que d’interroger quelqu’un comme ça.
    Donc, l’oral de personnalité, c’est plus un moment où cette jeune fille va devoir garder cet objectif en tête, plutôt que de chercher à parler d’elle ou à se mettre en avant. Alors MERDE ! (et tout de même bravo à toi parce que même si un blog n’est pas un journal, le tien se lit avec délectation)

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  25. Bidibule a dit…

    Très intéressant ce que tu écris là. Effectivement pas besoin d’être une « grande gueule » pour être une bonne journaliste. La curiosité est très importante mais il me semble aussi que la façon de restituer l’info et le talent narratif font une grosse différence et il y a quand même un reflet de personnalité dans ces éléments là.
    On le voit bien ici, même si l’on est d’accord que ce n’est pas du journalisme à 100%, ta capacité a rendre captivant tous les sujets dont tu parles rend ton blog irrésistible.
    Pour avoir un jour passé le concours du Celsa (et réussi;-)), je veux juste dire à cette demoiselle de surtout ne pas se laisser impressionner et montrer un certain aplomb. A une copine de promo à qui le jury avait demandé « qu’envisagez-vous de faire si vous ne réussissez pas le concours ? » elle a tout simplement répondu : « je n’envisage pas cette option ». Ils ont beaucoup aimé… Montrer que l’on est sûr de soit, même si ce n’est que 10 min, paie souvent.

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  26. Cathy du Gard a dit…

    Pour rebondir sur les chaussures (et il fait être douée, surtout avec des talons hin hin) ici, peut-être en avance sur la saison, on trouve des espadrilles ouvertes au bout à talons compensés – j’ai l’impression que tu aimes, ça devrait te plaire.
    Sinon les tropéziennes, oui oui oui !!! et c’est du costaud en plus, elles ont survécu au mariage de mon fils l’an dernier, après avoir subi toutes les danses de la soirée …

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  27. Mathilde en Norvège a dit…

    François Morel disait, dans une ré-interprétation de « Pierre et le Loup » (avec son copain Olivier Saladin, je vous conseille vivement la version. C’est musicalement tout aussi bon et on se fend la poire du début à la fin) : « Moi j’ai de la répartie, mais le lendemain ». Je prends ça tout à fait pour moi, et si vous le permettez, je le ferai aussi de la « grande gueule d’escalier » et la « répartie rhumatisante »! Merci aussi pour ce billet et tous les précédents. Puisque je n’ose jamais commenter, autant en profiter !

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  28. jaydeedwa a dit…

    Et comme chaque jour, je lis ton billet et je me dis : elle l’a fait, put***, elle a quitté son boulot pour faire ce qu’elle aime. Et moi je suis sur ma chaise, ni correctement assise, ni vraiment debout. Et même si j’avance tout doucement (j’ai quitté mon plein temps pour un mi temps pour pouvoir décoller plus vite), je n’ai toujours pas quitté le travail tant détesté parce que j’ai peur. Je serai incapable de me vendre pour un nouveau boulot. J’ai la gorge coincée. J’ai 34 ans. Et si je n’aimais pas ce que je trouvais ensuite ? Et si je ne trouvais rien? Bon, je vais aller à Monop m’acheter des chaussures, apparemment ça fait du bien.

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  29. Elise a dit…

    A propos de DSK : maintenant, toutes les journalistes se doivent de dire qu’il les a harcelées, sinon, cela veut dire qu’elles sont franchement moches !!!
    Sur la timidité, je suis très à l’aise à l’oral devant un public d’inconnus, un jury de concours, un journaliste ou même quelqu’un de franchement désagréable. Par contre, je suis hyper timide avec les gens que j’apprécie, ou qui sont simplement gentils avec moi, et encore plus dans le privé. je trouve plus difficile d’appeler une amie pour lui proposer une virée shopping qu’exposer un pb professionnel devant tout un partère ! Et c’est toujours mon mari qui donne des nouvelles aux copines ou appelle la baby-sitter, quitte à ce que je sois derrière à faire la ventriloque !

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  30. La Fille du Bord de Mer a dit…

    Beau billet et bien adapté à ma journée ! Ca fait du bien de le lire surtout quand chef nous dit qu’on est trop effacée, qu’on a pas assez de personnalité pour le projet ..
    Eh oui mais moi je suis aussi de ces gens « j’ai de la répartie mais le lendemain », « je dis rien mais j’en pense pas moins », et surtout « je ne l’ouvre que quand j’ai quelquechose de pertinent à dire » (en contexte pro bien sûr) ! Comme disait mon pôpa : Il y a savoir faire et le faire savoir ! Je travaille toujours la 2ème partie ..

    Bonne journée à toi et (vu que je c’est le premier commentaire que je poste) merci pour ta plume !

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  31. Adeline a dit…

    Oui mais quand même Caro, tu dis qu’il n’y a pas besoin de montrer une « personnalité » pour faire ce métier de dingue, et pourtant…. on sent, rien qu’à la lecture de ce billet, que tu possèdes une sacrée personnalité. Ton avantage sans doute, c’est que tu n’en sois jamais vraiment certaine, et pourtant, les jurés de l’oral de science-po Grenoble ne s’y sont pas trompés. CQFD.

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  32. Tan a dit…

    « Moi j’ai de la répartie, mais le lendemain » : c’est tellement vrai, tellement moi ! Combien de fois je me suis dit « rah mais t’aurais dû lui dire ça, là »… Enfin, on ne se refait pas.
    Je me perçois comme quelqu’un d’assez réservée en général (sauf quand je connais bien, où là je peux être totalement barrée) et pourtant mon ancien boss m’avait dit un jour, alors que j’avais encore très peu d’expérience, que j’avais une « autorité naturelle ». Comme quoi, entre ce qu’on pense et ce que les autres perçoivent de nous, il y a parfois un fossé. Et ce qui est marrant, c’est que ma mère avait eu exactement la même réflexion sur son « autorité naturelle » 30 ans plus tôt !

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  33. Miss Olfiie a dit…

    Je me suis souvent interrogée sur la signification d’avoir de la personnalité. Est ce que ça veut dire dans le fond : s’affirmer face aux autres, pouvoir parler devant 40 personnes. Moi je pense vraiment que tout le monde a de la personnalité mais ça dépend juste du contexte. Et ça dépend aussi de la manière dont on se perçoit. Moi j’avais souvent l’impression d’être une fille trop gentille et de manquer de personnalité. J’en parlais avec une copine un jour qui me dit qu’elle trouve pourtant que je suis une fille avec un sacré caractère et qu’elle trouve que je sais parfaitement m’affirmer.
    Comme quoi, il y a toujours une différence entre la manière dont on se perçoit et ce que l’on donne à voir de soi aux autres.

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  34. Lilimarsh a dit…

    J’aime l’article!

    Je suis un peu comme toi,je suis dans la communication,mais je perds tous mes moyens lorsqu’il s’agit de parler en public, présenter un projet : du coup, ça me donne crédibilité 0, peu importe si je suis douée ou pas…

    C’est vrai que du coup c’est un gros problème pour moi, et surtout dans la profession que je veux faire..-_-‘

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  35. desperada a dit…

    je sais pas toi, mais moi, les gens qui baladent leur personnalité comme les danseuses du Crazy Horse promènent leur plume dans le cul (je veux dire avec ostentation), il y a pas grand chose qui m’énerve plus. Ah si. Zem***r. Mais c’est un peu pareil. Beaucoup de bruit pour rien.

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  36. J F F chemincompostelle a dit…

    « analyser une tendance » ? Je saute sur l’occasion :
    sais-tu Caroline, que Compostelle, c’est furieusement tendance ? Regarde ici : http://chemincompostelle.over-blog.com/article-cheminer-en-pelerinage-une-reference-cinema-73646653.html
    Et pour éviter d’avoir peur, sais-tu qu’il s’y trouve beaucoup de non croyants ? Et que c’est très bon pour l’état mental ?
    Je n’ai pas l’habitude de faire de la pub pour mon blog, mais là, la tentation était trop forte.
    Besoin d’infos complémentaires ? Je suis à ta disposition.
    Un lecteur plutôt assidu qui vient souvent pour rigoler un peu…

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  37. Deborah a dit…

    Je suis aussi journaliste et avec les quelques années d’expérience, je suis arrivée à ce constat: dans ce métier, il y a ceux qui parlent, ceux qui écoutent et ceux qui s’écoutent parler. Parler, c’est très bien pour ceux qui aiment aussi avoir leur mot à dire, qui aiment s’exprimer et qui ne sont pas timides. Savoir écouter, je pense que c’est la plus belle des qualités que l’on peut avoir pour être journaliste, et là, ce n’est pas une question de timmidité. Donc à l' »entretien de personnalité », pourquoi ne pas faire de cela un atout?
    Et puis, s’écouter parler, c’est assez nul. 🙂

    Tout de bon pour l’exa!

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  38. Lili Kerala a dit…

    Bruxelles/Paris en Falcon? L’avion est-il bien le mode de transport le plus adapté à la distance qui sépare ces deux villes?

    (question qui fâche, non?)

    (je te tiens au courant si le cabinet de Val m’appelle)

    Sinon, ma petite (et déjà quelque peu lointaine) expérience (concluante, je précise) des « oraux de personnalité » des « écoles de journalisme » me fait dire que la seule règle dans ces moments là, c’est justement qu’il n’y a pas de règle… Tu peux faire mouche (ou pas) avec un détail de ton parcours, une expression que tu emploies, un petit rien qui sera tout pour le jury, qui montre tu as vraiment envie…

    L’envie, et comme tu le dis très bien, la curiosité, indispensable à l’exercice de notre profession (je n’en reviens toujours pas d’avoir un métier qui me permet d’apprendre encore et toujours, de rencontrer de nouvelles personnes tous les jours, de « m’amuser’, en fait)

    (même si en effet je suis loin de rouler sur l’or)

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  39. Bottines a dit…

    Merci pour cet article. Je me suis sentie particulièrement concernée car je me destine moi-même au métier de journaliste tout en étant discrète et plutot timide. Je suis d’accord avec toi lorsque tu dis que la qualité première requise est la curiosité. C’est notre envie de comprendre qui nous fait oublier le reste. Avoir de la personnalité, c’est bien, mais savoir l’utiliser à bon escient c’est mieux !

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  40. ava a dit…

    1993: je suis incapable de téléphoner à une administration. une secrétaire, c’est un truc qui rime avec hitler. j’envoie encore ma mère acheter mes tampons à la pharmacie parce que je ne peux pas prononcer le mot (« tampons », donc) en public. sur une échelle de 0 à 10 de la timidité maladive, je suis à 12.
    2011: je suis journaliste depuis 15 ans, capable de passer 99% des barrages de secrétaires et des chargés de com’. mon mec, qui est du métier, me dit toujours quand il m’entend interviewer au téléphone, que je suis un rottweiller qui aurait fauté avec un bichon. la hargne et le fiel (ben oui c’est fielleux un bichon) en une seule personne. moralité: comme en toute chose, rien de mieux que l’expérience et aussi ce truc: se souvenir, tout le temps, que la plupart des journalistes sont comme toi des gens qui feignent le savoir. et d’anciens timides. sinon tu fais pas un métier aussi revanchard :).

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  41. ava a dit…

    ah et sur la tenue je dirais: mets ce dans quoi tu te sens bien (si c’est un trikini, eh bien…). je fais des reportages dans les cités avec des petites robes, je me sens pas obligée de mettre des gilets multipoches et des jeans informes pour faire corporate.

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