Livres pour enfants: la chronique de Marje #7 (partie 2)

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Comme promis vendredi, voici la deuxième partie de la chronique de Marje. Pour les ados et même un peu les grands. Bonne fin de week-end, pour ma part c’est avec un mal aux cheveux de compétition que je passe le jour du seigneur. Plus jamais, never more et toutes ces choses…

 

9-12
ans

Les
A.U.T.R.E.S.
– P.Manas – 137 p.

La
Joie de Lire – 2012 – 7.98 €

SOCIALISATION/ECOLE/EXCLUSION/RELATION
ENFANT-ENFANT/FRATRIE/DIFFERENCE

Les
A.U.T.R.E.S sont les enfants Anormaux Unis Très Rarissimes,
Exceptionnels et Solitaires. Le mot Solitaires peut aussi être
remplacé par Superdoués ou Surprenants.  Vous aussi, vous
souhaitez participer à cette organisation secrète eh bien moi
aussi ! Pourtant, au début du roman, les membres de ce clan
sont malheureux. Ce sont les enfants mal-aimés de la cour de
récréation : il y a les trop grands, les trop gros, les trop
moches ou alors les pas assez, pas assez intelligents, pas assez
riches, pas assez à la mode et tous les autres : les
binoclards, les dent-de-métal, les oreilles de Dumbo …. Bref, les
AUTRES sont les laissés-pour-compte. Avant de porter un cache-œil
afin de rééduquer sa vue, Franz n’avait jamais remarqué qu’au
pourtour de la cour de récréation, des enfants étaient isolés et
subissaient sans cesse les moqueries des autres. Affublé de ce
bandeau ophtalmique, Franz ne voit que d’un œil et pourtant c’est
toute sa vision du monde qui a changé. Il n’est plus un enfant
normal, il est devenu un enfant exclu. Les récréations sont
interminables, Franz décide alors de dessiner une carte de la cour
afin de dresser une liste des enfants exclus. Intéressé par cette
carte, le Bûcheur, propose à Franz de participer à la création
d’un clan de rébellion à la normalité : LES A.U.T.R.E.S
rassemblant tous les enfants répertoriés sur la carte de Franz. Ce
groupe de soutien et d’entraide va être amené à effectuer des
missions périlleuses afin de protéger les membres les plus fragiles
du groupe. Mais la vengeance est parfois décevante ! Souvent drôle,
parfois tendre, le ton de ce roman est irrésistible. Les personnages
sont haut en couleur. Les enfants se reconnaîtront certainement dans
un des héros de ce court roman. Le thème de la différence est
traité avec beaucoup d’adresse et d’intelligence. La comparaison
de ce clan de marginaux forcés avec les supers héros est vraiment
habilement construite. Sans mièvrerie, ni gnangnanrie et surtout
sans leçon de morale, les enfants sont invités à réfléchir aux
difficultés rencontrées par les enfants différents pour être
acceptés dans un groupe. Un livre de qualité à conseiller aux
enfants à partir de 8 ans.

La Bestiole – S.Delom/J.Gueyfier – 30 p.

Didier Jeunesse – 2010 – 13.45 €

ADAM&EVE/EDEN/MENSONGE/CONTE

Cet album est tiré de la collection « La Terre nourrit tout » de la maison d’édition Didier Jeunesse. Elle a pour but de rassembler des ouvrages aux regards contemporains sur les récits fondateurs de l’humanité. Trouvant le concept de cette collection vraiment intéressant, j’attendais donc cet album avec impatience. J’ai été comblée. L’histoire est l’épisode de la Genèse dans lequel Adam et Eve sont chassés du jardin d’Eden. Le récit détaché de tous jugements religieux ou moraux évoque avec poésie et humanité cette belle histoire qui n’est pas qu’un bannissement. Sylvie Delom évoque tout d’abord une histoire d’amour. Une tendre et véritable histoire d’amour et d’éblouissement. Mais Eve va rencontrer la Bestiole, vile créature qui l’incite à s’approcher de l’Arbre défendu et d’en goûter les fruits. Adam surprend Eve au pied de l’Arbre. Il mord aussi dans le fruit juteux en fermant les yeux « Mais quand il a rouvert les yeux, tout était différent.(…) Il a regardé autour de lui. Rien ne se ressemblait, rien n’était rassemblé. Rien ne lui ressemblait, tout était dispersé. Il y avait un avant et un après. Il y avait un lointain et un tout près ». Malgré le bannissement et les terribles épreuves qu’ils devront subir, le récit est optimiste et souligne que « quoi qu’il en soit, ce matin-là, au printemps du monde, naquit le plus puissant des élans de vie : le Désir. ». Les illustrations de Judith Gueyfier sont harmonieuses, tout en délicatesse et en subtilité. Elles suggèrent plus qu’elles ne montrent et j’apprécie qu’on laisse à l’enfant une part d’interprétation. GrandGrand 11 ans, GrandMoyen 10 ans et MoyenMoyen 6 ans ont tous lu cet ouvrage. N’ayant pas d’éveil à la foi, ils ont apprécié cet album qui trouve sa place auprès des grands récits mythologiques. En écrivant cette chronique, j’ai donc effectué des recherches sur cette collection. Vous pourrez aussi trouver La Tour de Babel mais aucun autre album paru depuis c’est dommage …Dès 8 ans.

La Tour de Babel – F.Vidal/E.Nouhen – 31 p.

Didier Jeunesse – 2007 – 13.49 €

La Fille des batailles – F.Place – 74 p.

Casterman – 2007 – 16.10 €

RELATION MERE-FILLE/HANDICAP/GUERRE/AMOUR

Tambour des cœurs, tambour des batailles, cet album est rythmé par le roulement des tambours. Ce battement régulier est un comme une douce musique de fond, une trame sonore autour de laquelle s’enroulent les drames. Une cadence dont les personnages ne choisissent pas le rythme mais à laquelle ils s’accrochent coûte que coûte. Au XVIIe siècle, lors d’un naufrage, un bailli, alerté par ses ouailles, recueille une jeune fille, seule survivante sur la plage. Elle a la peau sombre, deux fins anneaux d’or brillent à ses oreilles, aucune marque de fer aux membres. Transie de froid, la jeune Sarrasine semble incapable de parler. Le bailli s’accapare cette petite perle colorée et s’imagine déjà paradant à son bras dans les salons parisiens. Mais en chemin, ce sénéchal, joueur invétéré, perd la jeune fille au jeu. Elle ne doit son salut qu’à la bienveillance d’un couple d’aubergistes. Maître Martin et son épouse Clémence adoptent tout de suite ce petit bout d’exotisme dans leur auberge. Ils la prénomment Garance et lui font une place au Soleil d’Or et dans leurs cœurs. Malgré son mutisme, Garance grandit, s’épanouit et devient une jeune femme magnifique et pleine d’entrain. Elle semble particulièrement sensible à la musique et surtout à Bastien le violoniste. « Alors Garance, la tête reposée sur la poitrine du jeune tambour, s’endormait en écoutant le bruit que faisaient les battements de son cœur ». L’amour entre les deux jeunes gens est intense, partagé et évident. Mais le Seigneur est lui aussi tombé sous le charme de Garance et son désir ne peut attendre, ni entendre de refus. Garance est accablée mais comme une tempête que l’on entend arriver de loin, le tambour de la guerre appelle les hommes sous les drapeaux : aux armes, du sang dans les rangs. Garance se retrouve donc seule, rongée par le chagrin et l’angoisse. Elle décide de rejoindre la ligne de front, elle ressent le besoin de rejoindre son amant, Bastien, son tambour car un petit cœur bat en elle ! Garance, Bastien et Séraphine, leur fille, devront affronter encore bien des combats et des difficultés dans cette époque d’obscurantisme religieux. Vous savez que je suis en phase avec François Place. La Fille des batailles, a été primé de nombreuses fois et je comprends la célébrité de cet album. L’histoire palpitante croise avec finesse la grande Histoire. Les personnages sont très bien cernés, crédibles. Garance et Séraphine sont flamboyantes bien que très différentes, le rapport mère-fille est intense et complexe. J’ai été sensible à cette histoire de mère et de fille, libres, capables de se construire, de vieillir dignement quelles que soient les difficultés. Les illustrations sont des tableaux éblouissants, j’aime l’utilisation des couleurs, la précision des détails et la mise en page de ces œuvres. Cet album est une pépite à conseiller aux garçons et aux filles (dès 8 ans) malgré le titre qui peut pincer certains garçons !

Télérama en a parlé aussi ! Si vous souhaitez entendre l’interview de François Place : c’est ici.

La fabuleuse histoire des graines – L.Hignard – P.Botherel – 48 p.

Belin – 2011 – 13 €

GRAINE/NATURE/ECOLOGIE/CARPOLOGIE

Les mondes de la féerie peuvent faire demi-tour. Je n’ai plus besoin de l’encyclopédie de la Fantasy, ni duDictionnaire des lieux imaginaires de A.Manguel pour rêver. Sur Terre, dans mon jardin, à côté de moi, sous mes pieds, la flore produit des graines féériques et comme ces êtres magiques, les graines et autres akènes ont des pouvoirs spectaculaires. Ce documentaire est une mine d’or. Je l’ai lu de bout en bout et j’ai vraiment plaisir à découvrir ce monde de la carpologie. Les premières pages sont consacrées à la description des graines, de leurs caractéristiques et leurs spécificités. Zoochorie, autochorie ou aménochorie, vous saurez tout sur les graines. La page des records extraordinaires a étonné mes fils particulièrement le coco-fesse, le fruit du palmier des Seychelles, pesant 20 kg détenant le record mondial. Les records de longévité sont très étonnants et nous laissent envisager que les graines peuvent nous survivre. La nature est quand même bien faîte. Les rappels historiques et culturels sont particulièrement pertinents : le café et le cacao sont mis à l’honneur. Même si ces graines me semblent bien mystérieuses, elles sont pourtant connues des hommes depuis toujours comme monnaie, comme instrument de musique, comme aliment, comme épices, comme alicament, comme poison, comme objet d’art ou comme objet de rites magiques et sacrés. De légumes, de fruits, de fleurs, les graines sont étonnantes : de la plus minuscule à la plus exotique ! A Svalbard, près de 250000 graines sont conservées dans une sorte de granithèque afin de préserver la biodiversité. Près de 100 000 espèces de plantes sont en danger d’extinction à cause de la déforestation. Afin d’avoir du grain à moudre, n’hésitez pas à le consulter et à le lire à vos enfants : graines de botaniste ! Dès 6 ans pour une lecture accompagnée et à partir de 8 ans pour une lecture autonome si l’enfant est intéressé.

Petit atlas des fleurs des campagnes : reconnaître 80 fleurs communes – 22 p.

Delachaux et Niestlé – 2007 – 2.50 €

FAUNE/FLORE/ASTRONOMIE

Ces mini atlas font partie de mon package survie en ballade ! Rangés dans le panier de la poussette, j’apprécie ces ouvrages pour leur accessibilité. Les illustrations sont claires, les explications sont courtes et le format permet de les transporter n’importe où. Les enfants adorent compulser les dépliants pour reconnaître les fleurs, plantes et petites bestioles qui croisent nos chemins de ballade. Ces ouvrages de vulgarisation ne permettront pas aux experts de parfaire leurs connaissances mais elles permettent de nommer simplement toutes les richesses de nos jardins, parcs publics et plate-bandes des villes. Après avoir regardé près de vos pieds, vous pourrez aussi vous extasier sur les merveilles du ciel ! Etoiles et planètes est vraiment un mini-documentaire accessible car je ne suis pas fille de pirate, ni de berger et je ne connaissais aucun nom d’étoiles ou de planètes. Maintenant, nos têtes posées sur la pelouse, nous contemplons en famille la voûte céleste mais je vous avoue que je ne guette que les étoiles filantes pour formuler des vœux, je sais, j’ai 8 ans !

Thésée contre le minotaure – adap. N.Brisac/R.Dautremer – 34 p.

Les Mots Magiques Editions – 2012 – 11.40 €

MYTHOLOGIE/THESEE/LIVRE-CD

Il est 4 heures du matin quand nous démarrons la voiture pour rejoindre les montagnes de nos vacances. Je me retourne et j’aperçois 8 yeux qui n’ont pas du tout sommeil. Misère et damnation ! Ils sont excités comme des puces et ils n’ont pas l’intention de dormir comme nous l’avions prévu. Ahhh ! Je ne baisse pas les armes et je sors ce livre-CD afin de calmer la troupe et de les accompagner vers Morphée avec Thésée. Je ne vous raconterai pas ce grand classique de la mythologie grecque mais j’avoue que l’adaptation est réussie. Simplifiée, recentrée, à l’économie mais en même temps fidèle au mythe originel. Les voix sont agréables et permettent aux plus jeunes de différencier les personnages. Les accompagnements musicaux et les effets sonores intensifient les moments tragiques. Ils aident les jeunes auditeurs car certains lecteurs sont perdus de ne pas avoir de mots à lire, de ligne à couvrir et de paragraphes auxquels se soutenir. Les illustrations de Rebecca Dautremer (je ne vous fais plus l’article sur cette illustratrice si chère à mon cœur) sont magnifiques même si j’aurais aimé que cet album audio soit plus illustré. J’ai beaucoup aimé ce moment de silence absolu au cœur de la nuit. PetitPetit s’est endormi (22 mois), MoyenMoyen (6 ans) a conclu en clamant scandalisé qu’il n’avait rien compris et GrandMoyen (10 ans) et GrandGrand (11 ans) ont beaucoup aimé et en ont réclamé d’autres ! Dès 8 ans. A savoir que GrandGrand est en phase mythologie, il dévore, il cherche … Merci Percy Jackson ! Je suis en train de lire le deuxième tome et je vous en fait part bientôt …Dès 8 ans.

Le bébé tombé du train – J. Hoestlandt – A. Prigent – 47 p.

Oskar Editions – 2011 – 13.26 € (coup de Coeur mai 2012)

II GUERRE MONDIALE/PEUPLE UIF/DEPORTATION/AMOUR/ADOPTION/ABANDON

Les portes, normalement fermées, de la maternité ont du s’ouvrir lorsque j’ai choisi cet ouvrage : il me suffit de lire le mot bébé pour que mon cœur s’emballe ! Eh bien ce court roman se révèle coup de cœur ! Merci la maternité ! Quel beau roman ! C’est l’histoire d’Anatole, vieux monsieur solitaire et grincheux qui découvre un nourrisson seul et perdu dans son jardin. Anatole est interloqué et il ne sait pas quoi faire de cette petite chose gazouillante. A 60 ans, il a toujours vécu seul, même pas un chien pour lui tenir compagnie alors ce bébé orphelin … Non merci ! Retour à l’expéditeur : seulement il n’y a pas d’expéditeur … Ce bébé est il tombé d’un des trains qui passent au bout de son potager ? Il faut dire que depuis quelque temps, il en passe des trains. Des trains noirs, fermés, silencieux. Au fur et à mesure, on découvre que le récit se déroule pendant la seconde guerre mondiale. On découvre qu’Anatole vit non loin d’un camp. On découvre que Virgile, le bébé, ne devrait pas porter ses étoiles au fond des yeux mais une, accrochée à ses vêtements. C’est le roman de l’apprivoisement, de l’amour et de l’émerveillement. Roman percutant car on ne découvre l’époque et ses horreurs qu’à la fin de l’histoire. Si j’avais été meilleure lectrice, les illustrations fourmillaient de détails révélateurs. Je l’ai donc lu deux fois pour mieux appréhender la finesse de la construction du récit et du dialogue texte/image. Bravo ! Dès 8 ans.

L’invention d’Hugo Cabret – B. Selznick – 533 p.

Bayard Jeunesse – 2008 – 15 € (coup de Coeur mai 2012)

CINEMA/RECIT GRAPHIQUE/GEORGES MELIES/AMITIE/AUTOMATE/FAMILLE

Quel drôle de roman ! Est-ce d’ailleurs vraiment un roman ? Est-ce un album ? Et bien cet ouvrage est à la frontière des deux genres : mi roman, mi album et c’est justement cela que j’ai trouvé magistralement bien trouvé et bien fait. L’histoire est captivante, le récit est simple et les illustrations sont partie intégrante du récit car ce dernier est elliptique. La lecture est obligatoirement double, cette constante sollicitation intellectuelle est géniale et crée une dynamique de lecture stimulante. En lisant cet hybride, j’avais l’impression de lire un roman en deux langues comme dans ces romans une page VO, une page français ! Rien avoir avec la lecture d’une bande dessinée car le lien entre texte et images est différent. Les illustrations sont pleines pages, en crayonnés noir & blanc avec des points de vue innovants, Mooz, zoom, plongée …1931, Hugo Cabret est un jeune orphelin qui tente d’achever l’œuvre de son père : un automate ! Il est persuadé que cet automate conserve un secret. Hugo, livré à lui-même, survit dans une gare parisienne en volant les pièces dont il a besoin pour réparer sa marionnette. Aidé de compagnons inattendus, Hugo devra déjouer des pièges, des trahisons pour connaître le secret de son Père. Ce récit est une histoire en abymes qui m’a entrainée jusqu’aux petites heures du matin ! Dès 9 ans.

Moi, sorcier en neuf leçons – C.Cahour – 224 p.

Oskar éditeur – 2011 – 9.45 €

TELEPATHIE/FAMILLE/APPRENTISSAGE/MAGIE

Depuis 2005, Oskar éditeur est une maison d’édition qui propose des livres attrayants pour les enfants. Je surveille donc leurs nouveautés. Moi, sorcier en neuf leçons m’a attirée car l’illustration de couverture de Krystel est très réussie : la détermination que je lis dans ces deux regards, les yeux du jeune garçon et ceux du chat m’ont envoûtée comme une formule magique. Antoine a 11 ans, c’est un jeune garçon dynamique qui vit paisiblement avec ses parents et sa sœur Charlotte. Sa vie tourne rond si ce n’est ses doigts qui le picotent de temps en temps. Effectivement il a une petite malformation, le bout de ses doigts et de ses pouces sont aplatis. Cette particularité ne le dérange pas mais parfois il ressent comme des frissons dans ses doigts atrophiés. Antoine fête son anniversaire dans quelques jours et comme tous les ans, il doit se plier à une coutume de la famille : il doit rendre visite à son grand-oncle Fulbert. Antoine ronchonne car aller visiter cet excentrique Fulbert n’est vraiment pas agréable. Isolé dans une ferme, ce vieil homme mystérieux, guérisseur lui offre chaque année des cadeaux étranges : un coffret en bois, une plume d’aigle, un caillou, des graines, un os de seiche. Poli, Antoine entasse ses cadeaux car Fulbert lui a fait promettre de les garder précieusement. Mais aujourd’hui, pour ses douze ans, Grand-Oncle précise à Antoine que cet anniversaire est vraiment particulier. Il invite donc le garçon à s’installer dans son bureau et lui raconte une histoire, leur histoire car dans cette famille, certains enfants déclarent un don étrange le jour de leurs douze ans : ils ont la capacité d’entendre les pensées des individus qui les entourent … Fulbert lui explique que ses malformations aux mains sont les stigmates de son don de télépathie. A partir d’aujourd’hui, et grâce à la transmission de son aïeul, Antoine entendra les pensées de toutes les personnes environnantes simplement en pinçant ses index contre ses pouces. Il devra développer son don en suivant les recommandations du carnet familial commencé par Tante Philomène en 1842. Heureusement, Fulbert lui confie son chat Nicéphore afin de guider le jeune télépathe dans son apprentissage. En le quittant, Fulbert rappelle à Antoine que le don est « un trésor qu’on ne peut garder pour soi ! Il faut en faire profiter les autres ». Antoine entend sa mère l’appeler, Fulbert lui dit adieu pendant que Nicéphore saute dans ses bras : sa nouvelle vie commence aujourd’hui …Dès 9 ans.

Ce roman ouvre une série de 5 tomes.

Contes du grenier – E & B De Saint Chamas / F.Roca – 134 p.

Seuil – 2002 – 14 €

CONTE/RELATION FRERE-SŒUR/PEUR/MAGIE

Je vous présente ce coup de cœur qui me suit depuis de nombreuses années. J’avoue avoir accroché pas mal d’élèves collégiens grâce aux Contes du grenier et aux Contes de la cave. Les contes du grenier regroupent sept contes qui se déclinent en suivant la pérégrination de Laëtitia et Eric, frère et sœur, en vacances chez leur Grand-Mère, Anna. Un jour d’ennui, ils décident de découvrir le grenier de la demeure familiale. Il faut savoir qu’Anna est exceptionnelle. Tout d’abord elle a étiqueté tous les objets de ses greniers. De plus elle est un peu magicienne car lorsqu’elle touche un objet, elle est capable de raconter son histoire. Pas à pas et un peu effrayés, nos jeunes héros ouvrent la première porte du grenier. Ils découvriront des objets insolites et  mystérieux comme Escalibur, le fil d’Ariane, la tapisserie de Pénélope, les résultats futurs du loto de 2050 à 2100, la carte d’identité du soldat inconnu, les ferrets de la Reine… Les greniers d’Anna sont exceptionnels et les enfants vont de surprise en surprise mais certains objets attirent leur attention. Ils décident alors de descendre l’objet à Anna afin de profiter de son don et d’une belle histoire. Par ce subterfuge bien malin, les auteurs nous entraînent à la rencontre de héros attachants, de récits héroïques, d’histoires drôles et attendrissantes … Les illustrations de François Roca sont typiques de son talent et encouragent les lecteurs à découvrir les contes. Ces œuvres sont saisissantes et toujours inquiétantes. Chaque conte ne comporte qu’une quinzaine de page, le récit est donc court et permet d’accrocher les «petits» lecteurs. Entre chaque histoire, le lecteur retrouve Eric et Laëtitia qui progressent jusqu’au septième grenier, le grenier le plus profond et le plus mystérieux …

De la cave au grenier, vos enfants vont être happés par ces contes troublants et parfois un brin angoissant. Dès 9 ans.

Le secret d’Orbae – F. Place – 490 p.

Edition Casterman – 2011 – 33.25 € (coup de Coeur mai 2012)

AMOUR/VOYAGE/EXPEDITION/REVE/CIVILISATION/CROYANCE

La recette d’un bonheur littéraire : François Place, un coffret, 2 livres et un portfolio de 18 illustrations ! Il y a peu de temps Geneviève m’a conseillé la lecture de la Douane volante et depuis François Place emplit mes nuits : je dévore toutes ses œuvres. Ce coffret est un éveil au sens : tout d’abord le toucher : un coffret grand format à fermeture magnétique. L’odeur de papier est vive et invite à s’attarder sur l’excellente finition du coffret et du portfolio. A l’ouverture, le portfolio fermé par des rubans est à découvrir tapissé de cartes mystérieuses. Puis la vue est sollicitée : les 18 illustrations grand format sur papier cartonné (185×325 mm) sont à couper le souffle de détails et de qualité. A partir de ce moment, l’envie de lecture est intense car toutes les illustrations et les cartes sont à exploiter. Les deux romans s’offrent à la vue et au toucher en soulevant le portfolio : vous entrez dans le monde d’Orbae et rien ne pourra vous arrêter ! Les deux romans sont des récits de voyage qui se répondent et s’éclairent l’un l’autre. Effectivement Ziyara et Cornélius sont les deux héros d’une même histoire, d’un même voyage et d’un même amour. Avec François Place, sachez que vous allez voyager sur des terres inconnues, lointaines et mystérieuses. Accompagnés de Ziyara et Cornélius, vous partagerez les légendes et les mythes de peuples fantastiques. Vous discernerez des sagesses et des vérités qui répondent à des questions de notre monde. Au sein d’une caravane, à bord du Nadir, perdu dans l’océan d’herbe des Iles Indigo, vous rencontrerez des personnages riches et attachants que vous ne voudrez plus quitter. J’apprécie tout particulièrement le style de l’auteur qui nous incite à changer d’échelle de lecture fréquemment : du récit, aux cartes, d’une carte terrestre à une carte céleste : j’ai retrouvé une sorte de lecture multimédia où le regard s’attarde sur des détails puis un lien nous invite à lire un texte avec un point de vue différent … Je vous dis ce coffret est un voyage dans tous les sens du terme. Sachez que je vous envie de ne pas avoir encore lu cette épopée ! Le prix est élevé mais je vous assure que vous en aurez pour votre investissement. A lire dès 9 ans pour les gros lecteurs.

Prix Bologna Ragazzi 2012

Céleste ma planète – T. de Fombelle/J.Ricossé – 91 p.

Gallimard jeunesse – 2009 – 3.80 €

ENVIRONNEMENT/AMOUR/MALADIE/TECHNOLOGIE

Depuis que j’ai fait le vœu de me marier avec Vango, je lis consciencieusement les ouvrages de son père spirituel Monsieur de Fombelle. Après avoir lu Tolbie Lolness, j’ai fini mon cycle Timothée (pour les intimes !) avec ce court roman : Céleste, ma planète. J’avais gardé cet ouvrage pour la fin car j’aime les romans volumineux et je redoutais d’être déçue. Vous vous doutez que si vous lisez cette critique, c’est que ce roman vaut le détour mais préparez-vous à une lecture coup de poing. Ce roman est une prise d’otage à courte durée. Dans un futur proche, un jeune homme vit isolé dans un gratte-ciel luxueux. Délaissé par sa mère, technocrate dans une entreprise interplanétaire !ndustry, notre héros est passionné par la cartographie. Il couvre les murs de l’appartement en dessinant les différents continents. Sa vie bascule le jour où une nouvelle élève arrive dans sa classe. Elle s’appelle Céleste et malgré son serment d’enfant de ne jamais tomber amoureux, il ne peut empêcher son cœur de s’emballer à la vue de la jeune fille. Mais rapidement, son cœur défaille car Céleste ne vient plus en classe. Inquiet, il parcourt la ville et les immenses immeubles pour retrouver Céleste 330/330. Ses efforts ne seront pas vains, il retrouve la jeune fille terrée dans un grenier désaffecté. Atteinte d’une maladie mystérieuse, il décide de la sauver coûte que coûte …J’ai donc lu ce roman d’une traite et j’ai repris ma respiration au bout de 91 pages. Le récit est dense et je me suis régalée du style de Timothée de Fombelle. Le héros est bien cerné. J’aurais aimé lire un roman plus long, j’aurais aimé découvrir cette ville du futur et les enjeux liés à la mondialisation. L’amour entre les deux jeunes gens rappelle les histoires d’amour mythiques et connues de tous. Je conseille ce roman à tous les enfants à partir de 10 ans surtout si ces derniers sont sensibles aux questions de développement durable car ce livre est un beau plaidoyer pour l’écologie et le respect de l’environnement.

Comme le loup blanc – E. Battut – 32 p.

Autrement Jeunesse – 11.88 € (coup de Cœur juin 2012)

RACISME/EPURATION ETHNIQUE/DIFFERENCE/DESPOTISME/TYRANNIE

Vous savez que je suis sensible aux albums d’Eric Battut. Je ne sais pas pourquoi je n’étais jamais tombée sur cet ouvrage-ci et c’est bien dommage car je trouve que Comme le Loup Blanc est à tomber à la renverse de vérité et d’historicité. Dans une belle garenne, GrandLapin blanc décide qu’il y a trop de lapins et que seuls les lapins de grande taille pourront rester afin de préserver la nourriture. Réunion publique et tous les lapins sous la toise : au revoir les petits Lapins. Puis GrandLapin décide que seuls les lapins avec des grandes moustaches pourront rester : au revoir les grands lapins à courtes moustaches. Tout l’été GrandLapin purge la garenne et les terriers. Au cours de l’hiver, Il finit seul. Puis un plus grand lapin blanc se présente : il est vraiment grand, il a de très grandes dents et il n’aime pas les carottes. C’est l’heure de dire au revoir au despote GrandLapin blanc et de voir revenir tous les lapins bannis. Une belle métaphore sur des thèmes difficiles : la différence, le racisme, l’épuration ethnique. Cet ouvrage est typique de l’album à plusieurs niveaux de lecture : les enfants y verront les diktats propres à l’enfance : porter un sweat, un jean, avoir les cheveux comme ceci ou comme cela … Nous (les adultes), nous voyons les horreurs de l’histoire. La fin est heureuse et permet de rencontrer le narrateur qui est un mini lapin de toutes les couleurs …Le récit est resserré et rythmé par l’évocation des saisons. Les illustrations sont pleines de sens et enrichissent le récit (on devine que le visiteur final n’est pas un lapin car on voit des traces de peinture sur ses empreintes de pas.). Trois couleurs : blanc, rouge, noir sont utilisées par E.Battut ; ce triptyque de couleurs intensifie le tragique du thème et donc du récit. Un album à lire pour tous les enfants et les grands ! A partir de 9 ans, je recommande de lire cet album et Matin brun, un peu plus tard,  afin d’évoquer avec les enfants les notions de diversité, de richesse et de courage !

Matin Brun –F. Pavloff – 10 p.

Editions Cheyne – 2 €

Le Dévoreur d’hommes – H.Quiroga/F.Roca – 64 p.

Edition Seuil Jeunesse – 2003 – 11.50 €

TIGRE/CIRQUE/HAINE

Horacio Quiroga est un célèbre conteur latino-américain du XXe siècle. Ce récit Le Dévoreur d’hommes est paru en 1911. Même si cette histoire a plus d’un siècle, elle n’a rien perdu de sa force. Le récit est poignant et j’ai été absorbée par la lecture de cet album. Le style est agréable, classique même s’il a un goût un peu suranné ou bien est-ce la traduction qui rend la lecture un peu laborieuse pour un enfant ? « C’était un roulement titanesque de force pulmonaire soutenue par un courage indomptable » : de nombreux adjectifs, des termes forts et répétés obligent un peu les enfants à serrer les dents et à s’accrocher à l’histoire pour connaître la vie de Rajah, tigre royal du Bengale. Les lecteurs pourront compter sur les impressionnantes illustrations de François Roca pour dépasser la complexité du texte. L’histoire est le récit autobiographique d’un tigre du Bengale, capturé à quatre mois dans la jungle. Vendu dans un cirque, obligé d’effectuer des numéros de foire, Raja devra oublier tout ce qui fait de lui un tigre, un prédateur, un animal libre et fier. Le dresseur, Kimberley, est un homme vil qui prend plaisir à torturer les animaux qui lui sont confiés. Pendant des années Rajah devra supporter les mauvais traitements infligés par son dresseur mais il garde en lui l’énergie de sa haine, la force de son sang et la mélancolie de sa forêt natale. Chaque soir, sous le chapiteau, Rajah se retrouve à quelques centimètres de Kimberley … Des sentiments forts traversent ce récit, haine, rancœur mais aussi respect, confiance … Un beau conte à raconter ou à offrir mais certaines scènes de torture sont rudes donc réservez cet album pour des enfants de 10 ans et plus.

Story Cubes : générateur d’histoires – Gigamic – 11 €

Je quitte le monde des livres mais je reste près de ses cotes avec ce jeu Story Cubes. 9 dés, 54 images et des heures d’histoires ! Ce jeu peut être proposé à plusieurs enfants ou à un enfant seul. Il suffit de lancer les dès et de commencer une histoire avec «il était une fois » …en utilisant les 9 illustrations proposées par les dés. Le principe d’analogie est convoqué afin d’alimenter notre capacité d’imagination. La règle du jeu propose d’écrire, de dessiner ou d’enregistrer les récits afin de sauvegarder les histoires créées. J’ai d’abord observé et surtout écouté mes enfants jouer. J’ai été étonnée de leurs capacités d’imagination, de déduction et de mise en voix d’histoires parfois tortueuses, sombres ou complètement farfelues. La créativité est au rendez-vous. Le jeu en relais oblige les enfants à s’écouter mutuellement, à enrichir l’histoire commencée tout en restant fidèle au récit de départ. MoyenMoyen, 6 ans, choisit seulement les 6 symboles qu’il préfère. Je suis le joker de ce jeu car je finis généralement les histoires en intégrant les symboles restants. Ce jeu est idéal en voiture ! J’ai apprécié que certains dessins ne soient que des symboles. Chaque joueur peut interpréter à sa façon le dessin (est-ce un masque, est-ce un ovni, est-ce la mort ???). Ce jeu les incite à enrichir leur vocabulaire et à utiliser les connecteurs grammaticaux. Nous aimons aussi choisir nos 9 faces préférées afin de mettre en voix une histoire particulière que nous affinons à chaque partie. Ce jeu permet de laisser libre court à l’imagination, à toutes les folies. Le rire est souvent au rendez-vous ! Un tout petit jeu qui n’encombrera pas la hotte du Père Noël mais qui fera des heureux ! Plusieurs versions sont disponibles : Action (bleu), Aventure (vert).

1 à 12 joueurs – De 6 à 130 ans – 9 dés dans un coffret à fermeture magnétique

PHOTO9

12 ans et plus

Fairy Tail – H.Mashima – 192 p.

Editions Pika – 2008 – 6.70 €

MAGIE/AMITIE/COMBAT

Lucy, est une jeune magicienne constellationniste qui souhaite intégrer une guilde réputeé de magiciens : la Guilde Fairy Tail. A la recherche de contacts et d’appui pour être accepter dans cette confrérie, Lucy rencontre le célèbre Seigneur Salamander et ce dernier semble très intéressé par cette jolie et séduisante jeune fille. Heureusement Lucy a plus d’un tour dans son sac : notamment un jeune garçon, Natsu, magicien lui aussi. Et c’est ce garçon, un brin déjanté, qui va la parrainer pour être membre de Fairy Tail. Cette guilde rassemble les magiciens les plus farfelus mais aussi les plus talentueux. Le Maître Makarof est un manager mais aussi un guide spirituel. La première mission de Lucy et Natsu est de retrouver un des magiciens disparus de la guilde. Malheureusement un monstre sanguinaire les attend. Ils devront mêler leurs magies et leurs talents afin de rester vivants. Ames vulnérables s’abstenir ! Oreilles sensibles aux gros mots, passer votre chemin ! Sachez aussi que les jeunes filles sont plutôt à leurs avantages et relativement peu vêtues, ça peut irriter un peu ! Mais j’avoue que j’ai pris plaisir à lire ce manga que mon fils aîné adore (j’imagine bien). Les dialogues sont drôles et certaines situations sont cocasses. Les dessins sont vraiment réussis et l’organisation spatiale est réellement pertinente. 25 tomes sont déjà édités en France et je suis déjà à la recherche du tome 2 !

Valentine. Z. Zedeffe – 217 p.

Auto-edité – 15.50 € (5 € en pdf)

ADOLESCENCE/COLLEGE/AMOUR/AMITIE/RELATION PARENTS-ENFANT/FRATRIE/THEATRE

Valentine est une jeune fille de 11 ans qui entre pour la première fois dans l’arène du collège. Comme le précise le sous-titre, cette année n’est pas une année comme les autres …Elle devra s’adapter à ce nouvel environnement, aux nouvelles règles de l’établissement et aux codes des adolescents. Entourée de ses amies Jessie, Camille, Laura et Héloïse, elle aura fort à faire pour réussir son année : préserver l’amitié de ses amies, rencontrer l’amour, réussir sa 6ème, obtenir un rôle à l’audition de théâtre. Sans compter sur sa vie familiale bouleversée par une grande sœur, Léa, complètement tyrannique. En pleine crise d’adolescence aigüe, Léa est très difficile à vivre et Valentine ne sait plus comment se comporter avec elle afin de retrouver leur complicité perdue. Son petit frère, Thomas, 5 ans est un petit boulet qu’elle essaie de supporter. Les parents de Valentine semblent soucieux et sa mère est complètement absorbée par ses problèmes de santé. Elle vomit chaque matin et prend consciencieusement de nouveaux médicaments. Valentine est aussi confrontée aux premiers émois de l’amour, particulièrement difficile car cet amour n’est pas partagé par Vincent, le premier rôle du groupe théâtre du collège. Les Crasseuses, groupe de filles impitoyables, lui jouent de sales tours qu’elle essaie vainement d’oublier. Heureusement que Valentine est d’un tempérament courageux et qu’elle prend ces épreuves avec philosophie même si son moral vacille parfois. Ce roman est composé d’un récit à la première personne et d’extraits de journal intime. Souvent drôle, parfois touchant, le personnage de Valentine est attachant. Les jeunes filles à partir de 9 ans se reconnaîtront dans cette héroïne valeureuse et déterminée. Le style est agréable et l’histoire est riche. Nous suivons Valentine dans toute la complexité de sa vie. Nous avons toutes été des Valentine un jour et je serai curieuse de la voir grandir …Peut-être lors d’une autre grande épreuve, le passage en 4ème !

Ce roman est publié en auto-édition. Je l’ai reçu grâce à un envoi de l’auteur. Merci beaucoup Zelda Zedeffe.

http://zeldazedeffe.wordpress.com/le-livre/

Mon nez, mon chat, l’amour et moi – L.Rennison – 243 p.

Gallimard jeunesse – 2010 – 5.41 €

ADOLESCENCE/AMOUR/AMITIE/HUMOUR

Conseillé par PetiteChérie, j’avais hâte de commencer ma lecture. Je n’avais pas encore entamé le roman que je riais déjà : sur la couverture, le chat est irrésistible. Il s’appelle Angus. Il est le fruit d’un croisement malheureux entre un matou tigré et un félin sauvage écossais. Angus est ingérable et complique sérieusement la vie de Georgia, 14 ans, propriétaire officielle de l’animal. Pourtant Georgia n’a pas besoin des péripéties de son chat pour remplir sa vie déjà très compliquée. Elle doit s’occuper de sa petite sœur de 3 ans qui calque son comportement sur le chat, sa mère qui semble, elle, fricoter avec le décorateur du salon, son père, parti faire fortune en Nouvelle-Zélande, Jas, sa presque toujours meilleure amie complètement amoureuse de Tom, les cours qu’elle essaye de suivre et surtout Robbie, un homme, son homme. Georgia devra affronter de nombreuses difficultés pour le séduire avant de le perdre puis le re-charmer pour finalement le partager. Mais notre héroïne n’est pas prêteuse … Sous la forme d’un journal intime, Georgia nous fait partager ses interrogations, ses difficultés, ses complexes et toutes les turpitudes de sa vie d’adolescente. Georgia bouillonne d’idées, de projets, de plans. Elle essaye le yoga, les cours de french kiss, les déguisements improbables. Elle fait des listes incroyables. La vie des « enfultes » est aussi un parcours initiatique, un ensemble d’apprentissages parfois malheureux comme l’épilation des sourcils. L’adolescence est aussi le moment où l’on choisit vraiment ses amis et quelquefois il faut savoir dire non et s’opposer à la tyrannie de proches qui peuvent s’avérer nocifs. Comme vous le comprenez, j’ai beaucoup aimé Mon nez, mon chat et moi. J’ai ri aux éclats, pliée en deux dans mon canapé à de nombreuses reprises. L’humour est savamment dosé et ne tombe jamais dans le grotesque. Malgré cette approche comique, les réflexions de Georgia sont fines et pleines de bon sens. Les situations cocasses laissent parfois transparaître des sentiments profonds et des blessures à vif. Depuis la lecture de ce roman, je m’interroge à chaque fois que quelqu’un me dit « A plus … » ! Ce roman qui semble surfer sur la vague des rites adolescents est plein de surprises. Il révèle une belle histoire et un personnage haut en couleurs. Je le conseille à toutes les jeunes filles dès 12 ans et peut-être aux garçons qui souhaitent connaître certains secrets. Merci PetiteChérie.

Chroniques de l’Université invisible – M.Ferpied – 460 p

Ecole des loisirs – 2010 – 13€  (coup de Coeur mars 2012)

QUETE/POUVOIR/MAGIE/VAMPIRE

Tout est réuni dans ce roman : l’amitié, les pouvoirs magiques, la rébellion, la quête … Attention : certaines scènes sont un peu angoissantes ! C’est ça de fricoter avec des vampires !!!

Vango T. de Fombelle – 370 p

Gallimard Jeunesse – 2010 – 16.15 € (coup de Coeur avril 2012)

XX SIECLE/AMOUR/FAMILLE/GUERRE

Si vous avez suivi mes lectures, vous savez déjà que je suis amoureuse du beau Vango et que je rêve de finir ma vie avec lui …Complètement folle la pauvre Marje ! GROS COUP DE CŒUR : j’ai frisé l’attaque. Ce roman dépasse les clivages roman jeunesse, roman jeune adulte, roman adulte : c’est un excellent roman. L’histoire se déroule tout au long du XXème siècle. Vango va vivre tous les affres et les turpitudes de son siècle : nazisme, guerre, déportation, prohibition, services secrets, guerre froide. Le roman commence lorsque qu’un enfant de 3 ans est trouvé sur une plage sicilienne. Il est accompagné de sa nurse qui a perdu la mémoire. Cet enfant n’a qu’un prénom et un foulard. Il n’a pas de famille, pas d’histoire et pas d’identité. A l’adolescence, il découvre qu’il est suivi, poursuivi et qu’il va devoir passer sa vie à se cacher. Il comprend aussi que la solitude est la condition sine qua non à sa survie. C’est mal connaître notre jeune et beau héros qui saura trouver des compagnons hors pair pour lever le voile sur son histoire et sur l’Histoire. Il y a un peu de La Mémoire dans la peau, un peu des aventures de Boro : à réserver au bon lecteur car il y a de nombreux flash backs et de nombreux personnages. Interdiction formelle de craquer pour Vango : il est déjà pris.  Le tome 2 est tout aussi réussi.

Okhéania, Tome 1 : Le Tsunami E.Corbeyran – 81 p.

Dargaud – 2008 – 12.34 €(coup de Coeur avril 2012)

CROYANCE/PEUR/AMITIE/CIVILISATION

Une BD vraiment agréable et originale. A une autre époque, on découvre, un monde merveilleux : Okhéania : un monde végétal. La surface de la Terre a disparu et les humains vivent sur d’étranges bateaux voguant sur une canopée exubérante. Nous suivons les aventures de deux garçons intrépides Jon et Jasper. Souvent, ils s’enfuient pour aller surfer sur les vagues de la canopée ce qui est bien évidemment interdit ! Mais lors de l’une de leurs escapades, un tsunami les surprend et Jon disparait. Personne n’est jamais revenu du monde du dessous. Jasper décide de retrouver son ami envers et contre tous : ce qu’il va découvrir, va changer à tout jamais les croyances archaïques de son peuple. Personnellement cette BD m’a rappelée « la prairie verte » des mondes de Pierre Bottero. J’ai apprécié l’inventivité du récit, la richesse des personnages, l’originalité d’Okhéania : sa civilisation, ses peuples, ses paysages. Dès 9 ans.

Aerkaos JM Payet – 1040 p.

Les Grandes Personnes – 2011 –  27.55 € (coup de Coeur avril 2012)

IMAGINAIRE/LIVRE/MAGIE/AMOUR

Première édition en 2006, réédité en 2011 par les Editions les Grandes Personnes (Editeur chouchou !) J’ai beaucoup aimé ce roman très volumineux. Le nœud de l’histoire est la possibilité de changer de monde grâce aux livres. Vous me direz rien de bien nouveau dans le monde de la fantasy mais ce roman est captivant car l’écriture est alerte, les énigmes et les aventures sont nombreuses. Les héros garçon et fille de deux mondes différents sont attachants ! A réserver aux gros lecteurs livrophages : + de 1000 pages vous allez les caler 2 minutes !

Méto, Tome 1 : La maison – 246 p.

Edition Syros – 2008 – 15.20 € (coup de Coeur mai 2012)

ILE/RELATION ENTRE GARCON/COMBAT/ENTRAINEMENT/REBELLION/QUETE/FAMILLE

J’ai déjà conseillé ce roman dans mes commentaires mais je souhaitais lui faire une vraie critique car ce livre est un roman coup de poing. Il mérite vraiment les prix reçus. Malgré la couverture que je trouve horrible, le contenu est passionnant. Dans un autre monde, Méto se réveille au sein d’un orphelinat. Il n’a aucun souvenir. Il ne connaît aucun des 63 autres garçons qui vivent là. Dans ce monde carcéral, ces jeunes hommes sont dressés pour devenir des êtres forts et soumis. Leurs gardiens « les César » sont des hommes durs et mutiques. De nombreuses règles régissent ce huit-clos angoissant mais Méto n’est pas un enfant docile, il devra enfreindre de nombreuses lois pour découvrir la vérité ! Ce roman est fascinant. L’intrigue et le suspens sont maîtrisés. Les informations sont livrées au compte goutte. Les caractères des personnages sont ciselés. Tout est percutant : je suis ressortie cabossée de cette lecture. Récit un peu rude : enfant costaud, lecteur confirmé ! Je ne vous cacherai pas que j’ai dévoré les deux tomes suivants et je ne suis pas déçue de mon voyage. En effet, cette trilogie est écrite avec un effet de zoom arrière : dans le premier volume, les héros sont enfermés dans la Maison sur l’Ile. Dans le deuxième tome, le récit se déroule sur l’Ile et pour le troisième épisode, l’histoire se termine sur la terre ferme. Les illustrations de couverture sont vraiment des indices sur le rôle et la métamorphose du héros au cours des récits.

L’intégrale des 3 tomes est disponible :

Méto : l’intégrale – Y.Grevet – 886 p.

Syros – 2012 – 25.55 €

Un interview de l’auteur très intéressante est à découvrir dans la revue des librairies jeunesse Citrouille – n°62 – septembre 2012 – p.17. Cette revue est disponible dans les librairies jeunesse du réseau.

Les Eveilleurs, Tome 1 : Salicande – P.Alphen – 528 p.

Hachette Jeunesse – 2010 – 13.49 € (coup de Cœur juin 2012)

CIVILISATION/MONDE IMAGINAIRE/GEMELLITE/DON/DYSTOPIE/VIE NUMERIQUE/LIVRE

Dans un monde post-apocalyptique, Claris et Jad sont des jumeaux « extra-ordinaires ». Claris est une jeune fille vive, enjouée et aventurière alors que son frère Jad est terrassé par un mal inexpliqué qui le laisse sans force. Leur Père, Eben, gouverneur de la Province est un homme mélancolique depuis la disparition sa femme. Dans ce monde revenu à une vie médiévale, Claris s’ennuie et souhaite découvrir le monde. Jad, lui, est envahi par des visions qui l’empêchent de prendre réellement pied dans la vie des enfants de son âge. Dans ce XXIIIème siècle, les hommes vivent en harmonie avec la nature, toute technologie est prohibée. Un jour de marché, Jad et Claris découvrent les « Abdiquants », individus qui ont renoncé à la vie en communauté pour se concentrer à l’élévation spirituelle. A la vue des Jumeaux, les Abdiquants entrent en transe et leur annoncent que « Ce qui fut enfoui ressurgira, ce qui fut nié éclatera, l’Ange sera retrouvé, du passé et de l’avenir elle surgira, réunis les enfants séparés, les rêveurs seront éveillés, les éveilleurs accompliront leur destinée » … Claris et Jad sont-ils les enfants de la Prophétie ? Le récit est riche et de grande qualité. Le style est fluide et permet aux enfants de se laisser porter par l’écriture pour découvrir ce monde merveilleux de Salicande. Effectivement, ce roman n’est pas un roman jeunesse, vite lu et hop, on oublie. Non, lire les Eveilleurs, c’est arpenter les rues de Salicande, c’est goûter le chococaf, c’est apprécier une civilisation, c’est rencontrer des tribus et vivre leurs rites les yeux émerveillés. Proposer Les Eveilleurs à un enfant, c’est lui offrir un voyage qui enrichira sa vision du monde réel et des mondes imaginaires, futurs et passés. Pauline Alphen tient un blog qui permet aux enfants de comprendre comment elle construit ses romans, quelles sont ses sources d’inspiration. Ils peuvent lui poser des questions par ce biais, c’est une expérience vraiment intéressante pour les enfants. Non, les écrivains ne sont pas tous vieux ou morts !

http://pauline.alphen.over-blog.fr/

J’ai rencontré Pauline Alphen au Salon du livre et en plus d’être un écrivain jeunesse talentueuse, c’est une femme de qualité.

Interview de l’auteur par Stephane de Pasquale sur RTL : http://videos.lesoir.be/video/iLyROoafI3FA.html

Les Eveilleurs, tome 2 : Ailleurs – P.Alphen – 360 p.

Hachette Jeunesse – 13.49 €

Les Eveilleurs, tome 3 : L’Alliance – P. Alphen – 360 p.

Hachette Jeunesse – 2012 – 14.20 €

Le Passeur – L.Lowry – 221 p.

Ecole des Loisirs – 8.75€ (coup de Cœur août 2012)

MONDE IMAGINAIRE/OPPRESSION/REGLE DE VIE/MEMOIRE/HISTOIRE/FAMILLE/REBELLION

Imaginez un monde sans guerre, un monde sans maladie, un monde sans mort, un monde sans divorce, sans haine et sans argent. Quel monde béni ! Pour le bonheur de tous, la vie est réglée, calée sur un règlement strict suivi par tous. La population semble heureuse même si le libre arbitre est banni. Le Conseil est une assemblée qui décide et surveille toute la population. Ce conseil décide des mariages, des naissances, des cérémonies, des repas, des lectures … Ca fait froid dans le dos ! N’est ce pas ? Tous les individus sont surveillés et les récalcitrants sont élargis. Voilà le monde de Jonas. Notre héros est un enfant de 11 ans, heureux comme tous les habitants de ce monde. Il va à l’école, il joue avec ses amis, il discute avec ses parents mais il se pose des questions …Dans quelques jours, il va fêter ses douze ans et comme le veut la coutume, il recevra son attribution pour la vie. Le Conseil lui désignera son métier et sa vocation. Tout ses amis ont développé des compétences dans des domaines particuliers (soins aux enfants, capacités techniques …) Jonas est intéressé par tous les métiers mais lui-même ne sait pas ce qu’il veut faire, comment le Conseil peut-il alors déterminer sa vocation ? Et puis pourquoi à certains moments sa vue se trouble-t-elle au point d’apercevoir quelque chose d’indéfinissable ? Le monde de Jonas pourrait être un de nos futurs. Le récit est extrêmement bien maîtrisé, la tension et l’angoisse montent au fur et à mesure de la lecture. En suivant les aventures de Jonas, on découvre ce monde idéal sous un autre jour. On cogite, on s’émeut, on galope et on finit aux premières heures du jour à se demander s’il y a un tome 2 …Mon fils de 11 ans a aussi lu ce roman et nous avons énormément discuté sur les enjeux et les limites du monde décrit dans ce livre : questions philosophiques, politiques, problèmes familiaux et éthiques …Gros coup de cœur.

Après quelques recherches : Messager est une suite possible du Passeur !

Galymède : fée blanche, ombre de Thym – M.Fierpied – 418 p.

Ecole des loisirs – 2012 – 11.85 € (coup de Cœur octobre 2012)

CONTE/MAGIE/FEE/AMOUR/AMITIE/MEMOIRE

Au salon du livre jeunesse, j’avais acheté Chroniques de l’Université invisible de Maëlle Fierpied : coup de cœur. J’avais beaucoup aimé le style de l’auteur et je trouvais que l’intrigue était bien menée : de la littérature ado réussie ! Lorsque j’ai vu son nouveau roman et cette petite fée, je n’ai pas résisté. Mon GrandGrand a soufflé car l’illustration de couverture ne lui convenait pas (Trop féminin pour lui !). En me couchant, je me régalais d’avance et j’avais bien raison car ce nouveau roman est une encore une belle réussite. Galymède est une fée mais une fée moderne, elle vit à Paris, travaille et attend la nuit pour effectuer ses missions : réaliser nos vœux, se pencher sur les berceaux des nouveaux-nés et nous aider, nous humains. Mais de nos jours, de moins en moins d’humains forment de vœux, les fées marraines n’ont plus leurs places dans les maternités : Galymède s’ennuie et broie du noir. D’ailleurs son ami Loup, lui avoue qu’elle se transforme de plus en plus et sa transparence dorée disparaît au profit d’une couleur violacée. Cette couleur prouve que Galymède se métamorphose en fée noire. Elle risque de perdre ses pouvoirs magiques propres aux fées blanches. Sur les conseils de Mère-Grand, elle décide de reprendre sa magie en main. Elle doit retourner en Féerie, pays natal des fées, elfes, nains et autres êtres mythiques pour se baigner dans la Source. Cette eau au pouvoir ancestral devrait lui redonner ses pouvoirs et le moral. Accompagnée de son ami Loup et d’une gargouille protectrice, Galymède retourne aux sources. Mais cette petite escapade ne se déroulera pas comme prévu. Elle devra affronter des êtres maléfiques, dépasser ses petits tracas afin de mener une quête mystérieuse mais impérieuse. Le roman commence comme un récit de pérégrination frais et drôle puis Galymède vous entraîne dans des contrées obscures aux mœurs sauvages. Elle devra lutter contre le racisme, l’esclavage et l’obscurantisme. Accompagnée de Loup et d’amis fidèles, elle sera témoin de belles histoires d’amour et d’amitié. Galymède se révèlera aux autres et à elle-même …J’ai aimé les nombreux clins d’œil aux univers de la mythologie, du conte, des récits épiques et de la fantasy. J’ai apprécié les récits croisés des personnages. Ces derniers sont fameux et étonnants. L’histoire se complexifie et s’enrichit au fur et à mesure des pages tout comme le suspens. Même si une fée dorée parade sur la couverture, ce roman est destiné à tous les jeunes gens dès 9 ans.

6000 nuits – A.Borbé – 252 p.

Editions Naïve – 2012 – 17.30 € (coup de Cœur octobre 2012)

LIVRE/DESPOTISME/AMITIE/AMOUR

Dans un autre monde, (ou peut-être pas), la Ville est gouvernée par un mystérieux tyran masqué. La population est écrasée par les interdits. Couvre-feu, patrouille, fouille systématique sont le quotidien des habitants. La bibliothèque a été brûlée, les livres sont proscrits. C’est le régime de la terreur. Dès les premières pages, nous rencontrons Esther, jeune fille de 16 ans. Elle a une petite particularité, elle ne dort pas, jamais, elle est insomniaque depuis sa plus tendre enfance. Cette singularité n’entame en rien sa joie de vivre. Esther et sa meilleure amie, Edith,  mènent leurs vies de jeunes adolescentes espiègles et n’ont pas froid aux yeux. Mais le monde douillet et protégé d’Esther va basculer le jour où son oncle est arrêté. C’est en lui rendant visite en prison qu’Esther va découvrir qu’elle est au cœur du réseau de résistance. Elle est l’Elue, à sa 6000ème nuits d’insomnie, Esther deviendra une Bienveillante. Dans cette société bâillonnée, Les Bienveillants résistent et apportent l’espoir en écrivant et en livrant des ouvrages aux habitants. La lecture et les livres sont des actes de bravoure au quotidien. J’ai beaucoup aimé ce roman. L’idée même du livre comme symbole de résistance m’avait séduite avant de découvrir le récit. Celui-ci est enlevé, le style est fluide. Les événements s’enchaînent rapidement sans entrer dans une course folle. Pour une fois, l’Elue est une jeune femme et il me semble que c’est aussi un acte courageux de choisir une fille. Les personnages sont attachants. Les nombreux flash-back éclairent les évènements en cours. L’amitié et l’amour sont les sentiments qui guident cette histoire … A partager pour jeunes gens et jeunes filles dès 12 ans !

14 ans et plus

La randonnée – C.Léon – 120 p.

Thierry Magnier Editions – 2012 – 7.98 €

ADOLESCENCE/MONTAGNE/ECOLOGIE/CHASSE/OURS

J’aime bien cet auteur, je vous ai déjà présenté Le Goût des tomates, je suis sensible à son style, tranchant, abrasif. Son écriture me semble taillée à la serpe sans fioriture, sans condescendance. Je trouve son écriture virile, pleine et je crois que vous avez compris que je le suis et le poursuis. Vous pouvez le découvrir ici. Cinq jeunes gens en difficultés scolaires et familiales sont incités à participer à une randonnée de quelques jours en montagne afin de créer une dynamique positive dans leur vie. Cette randonnée doit les motiver pour entamer une nouvelle année scolaire pleine de réussite. Embarqués dans une fourgonnette, Jennifer, Mariam, Lisa, Damien et Lukas essaient de comprendre l’enthousiasme de leur animateur, Jeff pour les joies de la marche en montagne. Sacs cloués aux dos, un pied devant l’autre, cahin-cahan, ils marchent, ils montent, ils arpentent la montagne. La marche est rude mais la vraie difficulté est plutôt la vie en communauté. Les garçons et les filles n’arrivent pas à communiquer et les heurts sont fréquents. Heureusement, la tension s’apaise devant la fatigue physique. Les paroles réconfortantes de Jeff réussissent peu à peu à lier les jeunes gens entre eux. Après quelques jours, lors d’une excursion, le groupe se trouve au cœur d’une chasse, encerclés par des coups de feu, ils ont juste le temps de se cacher pour échapper à un véritable combat. Afin de mener son groupe en sécurité, Jeff décide de partir en éclaireur pour ouvrir un chemin sûr jusqu’au campement. Mais Jeff disparaît et les jeunes gens doivent s’organiser pour retrouver leur animateur et rejoindre leur campement. La peur, l’angoisse montent … Que doivent-ils faire ou ne pas faire ? Qui doit prendre des décisions ? Peu après, il découvre Jeff, dans le coma, contusionné, son sac à dos, le téléphone et le GPS ont disparu. A côté du corps de Jeff, ils découvrent le corps mutilé d’un ours. La clairière montre des traces de combat et de tirs. Les chasseurs sont encore dans les parages. Il faut sauver Jeff et rejoindre le campement ……Je vous laisse là en route, en perdition, livrée à vous-mêmes et ce sera à vous de finir ce court roman trépidant. Je vous signale que je n’ai pas pu le refermer avant de lire la fin. 120 pages dévorées en quelques heures, des miettes de sommeil perdues que je ne regrette pas du tout. Je pensais le partager avec mon GrandGrand mais du haut de ses 11 ans, je préfère attendre quelques années avant de lui confier. Je vous avoue que la fin est fatale, incroyable et chacun devra imaginer la fin qui lui convient. Comme je le disais au début de cette critique, j’aime le style de l’auteur qui me cloue, m’absorbe, me fascine. Les jeunes gens pourraient être mes élèves, même looks, même échanges verbaux, même difficultés à exprimer ses émotions et ses sentiments (sur ce plan là, j’en suis restée à l’adolescence aussi !). Thriller palpitant, rude ! je parie que vous allez découvrir des jeunes gens éveillés tard la nuit dans leurs lits.

La 25e heure – E.Hogan – 240 p.

Edition Les Grandes Personnes – 2012 – 15.20 €

MORT/MEURTRE/DIVORCE/RELATION PARENT-ENFANT

Whaou ! Ce roman m’a apportée une belle nuit de frisson et de questions. Je ne suis pourtant pas friande des romans qui font claquer des dents mais j’ai tilté sur l’illustration de couverture. Ce nouveau roman des éditions Les Grandes Personnes m’est tombé dans les bras à la librairie. Dan et son Père viennent passer des vacances réparatrices dans un complexe sportif Leisure World (Center Park). Ces vacances doivent être réparatrices car leurs vies viennent d’être bouleversées par la séparation des parents de Dan. Depuis que la mère a quitté le foyer familial, le père de Dan boit trop et n’arrive plus à communiquer avec son fils. Dan est mal en point aussi car il éprouve des difficultés à trouver des amis et à s’intéresser aux cours. Il est la risée du lycée. Il s’enferme de plus en plus chez lui et son léger embonpoint le ligote à une image dévalorisante de lui. A leur arrivée, Dan est désespéré car le sport semble être le maître mot de ce domaine de vacances. Installés dans une voiturette pour rejoindre leur bungalow, Dan provoque un accident en bousculant le chauffeur. Il est persuadé qu’une femme drapée de rouge se trouvait devant la voiturette et il craignait que leur véhicule la percute. Pourtant personne n’a rien vu. Dan est perplexe et il préfère laisser son père s’installer en allant découvrir les environs. En s’approchant du lac du complexe, Dan aperçoit la même jeune femme en train de nager. Auprès de la plage, il découvre le sweat rouge et les effets personnels de la jeune fille. Caché derrière un arbre, il attend de rencontrer cette mystérieuse nageuse, transparente aux yeux des autres. Ces rendez vous nocturnes vont se multiplier car Dan et Lexi se comprennent, se soutiennent et s’apprécient. Mais Dan n’arrive pas à cerner sa nouvelle amie : où vit-elle ? Qui sont ses parents ? Pourquoi chaque jour, de nouvelles traces de coups apparaissent sur son corps et sur son visage ? Pourquoi ressent-elle le besoin de nager toutes les nuits dans ce lac glacé ? Ce roman est un thriller fantastique. Le style est agréable et la tension est bien menée. Dan est vraiment un héros intéressant, réfléchi et désopilant. Les relations parents-enfants sont très bien menées. Ce thriller trépidant laisse aussi une belle part à la réflexion sur l’adolescence, son énergie mais aussi les difficultés rencontrées par les jeunes gens pour communiquer, grandir, s’épanouir et trouver une place parmi les adultes. Les événements fantastiques sont distillés avec talent et je me suis laissé prendre au jeu de la frousse jusqu’au petit matin. A réserver aux lecteurs et lectrices avertis, quelques scènes sont un peu rudes !

Pars vite et reviens tard – F.Vargas – 352 p.

J’ai lu – 2001 – 6.46 €

PEUR/ENQUETE POLICIERE/PARIS

Mon cœur balance : je suis amoureuse de deux hommes. Le commissaire Adamsberg et le lieutenant Danglard. En plus ils sont collègues. Je les ai connus grâce à ce roman policier. Depuis, je ne loupe pas une seule rencontre avec eux ! Pars vite et reviens tard est l’histoire du retour de la peste à Paris, la peste noire, terrible et mortelle. Cette épidémie réveille nos peurs enfouies, nos terreurs archaïques. Heureusement Adamsberg est, certes, séduisant mais il est surtout très intelligent. Il cherchera à comprendre comment une telle maladie peut réapparaître de nos jours. Notre commissaire a des soupçons, il cherche des failles, des incohérences. Peut être trouvera t-il la réponse dans le marc de café ou dans les fonds de verre de vin blanc de son lieutenant ! Je ne suis pas friande de polars, j’avoue même que je ne lis pas de romans policiers sauf les livres de Fred Vargas. Toute sortie de roman est une petite fête pour moi ! J’avoue que ces romans sont des outils de travail, j’attrape pas mal d’élèves avec ces histoires troubles, un peu angoissantes, mystérieuses à souhait. L’intrigue est bien nouée, les personnages hauts en couleurs ! Je me suis régalée et je veux bien partager ce petit plaisir avec tous les lecteurs à partir de 15 ans.

Pourquoi j’ai mangé mon père – R. Lewis – 192 p.

Pocket – 2012 – 5 €  .(coup de Coeur mars 2012)

PREHISTOIRE/HUMOUR/EVOLUTION/AMOUR/FAMILLE

Ce roman est ma botte secrète en cas d’élèves « récalcitrants » : Une famille d’hommes préhistoriques essaie à tt prix d’évoluer ! Le récit est très bien documenté et vous allez les entendre rire ! Et ça c’est vraiment chouette ! (En vrai j’en ai d’autres des bottes secrètes !)

Uglies – S.Westerfeld – 427 p.

Pocket jeunesse – 2011 – 7.22 € .(coup de Coeur mars 2012)

MONDE IMAGINAIRE/CHIRURGIE ESTHETIQUE/REBELLION/AMITIE/AMOUR/CONDITIONNEMENT

Super roman à piquer aux ados. Dans un autre monde (la Terre du futur ?), les enfants subissent tous une chirurgie esthétique à 16 ans afin de devenir adultes et donc nécessairement beaux. Tally, à l’aube de 16 ans, rencontre un groupe de jeunes rebelles. Elle découvre alors que l’opération promise n’est pas qu’esthétique mais neuronale aussi ! Tally décide alors de rejoindre les rebelles ! Très bon roman d’anticipation. Le sujet semble banal mais les réflexions et les analyses sont métaphysiques ! Comparer au fameux cycle Fascination, Uglies est un chef d’œuvre ! Les tomes suivants sont aussi très réussis.

La nuit des temps – R.- Barjavel – 409.

Pocket – 2012 – 6.37 € (coup de Coeur mai 2012)

IMAGINAIRE/AMOUR/CIVILISATION/SCIENCE

La Nuit des temps est le livre de mes 13 ans. Je l’ai lu plusieurs fois depuis et j’ai toujours pris beaucoup de plaisir à le redécouvrir. Quelle histoire d’amour enfin plutôt quelles histoires d’amour ! Savant mélange de science fiction et de roman d’amour : pas besoin de vampire, ni de baguette magique ! Les adolescents adorent : il me semble que ce roman est au programme de lettres en classe de 4ème. Simon est un médecin français envoyé en mission en Antarctique afin de participer à une délégation internationale de fouilles. Lors d’une expédition, son équipe détecte un signal provenant des profondeurs de la glace. Après de nombreuses difficultés techniques, les scientifiques découvrent un abri colossal dans lequel est conservé un couple en hibernation. Simon, médecin, comprend rapidement qu’Eléa et Païkan sont les survivants d’une civilisation humaine disparue. Qui sont Eléa et Païkan ? Quelle est leur mission ? Pourquoi la Belle Eléa est elle si mélancolique ? Un beau roman à partager avec ses Grandsenfants car de nombreuses questions émergent à la lecture de ce roman et permettent des débats d’actualité. S’ils ont aimé ce roman, n’hésitez pas à leur proposer des classiques sur le même thème : l’Amour qui dépasse la mort  : Tristan et Iseult, Roméo & Juliette …!

Comment bien rater ses vacances – A. Percin – 224 p.

Editions du Rouergue – 2010 – 11.12 € (coup de Cœur juin 2012)

ADOLESCENCE/RELATION ENFANT-GRAND PARENTS/ACCIDENT/AUTONOMIE/FAMILLE/VIE NUMERIQUE/MUSIQUE/AMOUR

Cet été, chez les Mainard, rien ne va plus : personne ne s’accorde sur la destination des vacances familiales. Le fils aîné, Maxime, 17 ans, décide de ne pas partir en vacances avec ses parents : crapahuter sur le GR20 corse, très peu pour lui ! Il va passer ses vacances tranquillement chez sa Grand-Mère au cœur de Paris, installé sous le cerisier …Arrivé à destination, Maxime prend ses marques avec sa Mamie adorée qui lui laisse la bride sur le cou en le nourrissant de crêpe. Maxime passe des heures devant son ordinateur à surfer sur le web en espérant combler sa vie sociale. Quelques jours après son arrivée, il doit aider sa Grand-Mère à faire des cerises à l’eau de vie mais en allant chercher les fruits dans le cellier, Maxime découvre sa Grand-Mère inanimée au sol …Commencent alors pour Maxime des vacances extra« ordinaires » ! J’ai beaucoup ri, j’ai même éclaté de rire et c’est rare de dépasser le sourire en littérature ! Un livre pour les Petits déjà Grands ! La playlist est sublime et je trouve que les propositions musicales sont un vrai plus.

Prix Chronos 2012

Chaque soir à 11 heures – M.Ferdjoukh – 401 p

Flammarion – 2011 – 12.32 € (coup de Cœur octobre 2012)

AMOUR/ENQUETE/MEURTRE/PARIS/SECRET/FAMILLE

2h40 du matin, je ferme enfin ce roman commencé il y a quelques heures. J’avais promis de me coucher tôt afin d’être en forme pour préparer les valises, soigner les enfants, remplir la voiture et top départ pour la montagne. Je dois vous avouer que je me doutais que, entre lui et moi, ce serait jusqu’au bout de la nuit ! Premier indice et certainement le plus important : l’auteur, Malika Ferdjoukh ! Vous le savez j’apprécie sincèrement cet auteur déjà Faux numéroQuatre sœurs et Sombres Citrouilles, une belle couverture rose, un résumé alléchant et qui sent bon l’amour … Voilà ma résolution oubliée et une belle soirée lecture au fond de mon lit. Wilhelmina, 17 ans, parisienne, lycéenne dans une boîte à bac, élevée par des parents séparés mais qui ne souhaitent pas divorcer, saxophoniste douée est un élément discret d’un groupe d’amis VIP même très VIP. Sa meilleure amie, Fran vit dans un palace parisien. Wilhelmina, nommé Willa, est follement amoureuse du frère de Fran, Iago : beau, ténébreux, véritable coqueluche du lycée. Iago et Fran filent le parfait amour lycéen jusqu’à la fête d’anniversaire de Fran ! Ce soir là, Willa va entrer dans un monde de tourmente. Suite à un boeuf au saxo pour pimenter la soirée d’anniversaire, elle rencontre Edern, jeune homme mystérieux qui lui demande d’accompagner sa jeune sœur, Marni, pianiste pour des rendez-vous musicaux afin de redonner goût à la vie à cette petite fille orpheline et aveugle. Toujours lors de cette soirée, Willa découvre Iago prostré dans l’appartement. Malgré ses questions incessantes, Iago ne veut pas partager ses soucis qui semblent pourtant le tétaniser. A partir de cette soirée, Willa va devoir échapper à trois tentatives de meurtres, percer le mystère de famille d’Edern, soutenir Marni effrayée par des visites mystérieuses et nocturnes tout en poursuivant ses études et suivre deux amoureux que tout oppose ! Ce roman commence comme une love story dorée et finit comme un thriller angoissant. Malika Ferdjoukh nous mène au cœur de Paris, dans les entrailles des grands hôtels, sur les toits de Montmartre. J’ai frissonné car l’angoisse est distillée avec talent. Je me suis attachée aux personnages et Willa a rejoint mes héroïnes coup de cœur. Le récit est dense, les évènements s’enchaînent, les doigts crispés sur la couverture du livre. L’intrigue savamment menée nous tient en haleine. J’ai retrouvé l’ambiance du Mystère de la Chambre jaune, du Fantôme de l’Opéra.

En effectuant des recherches sur ce livre, je suis tombée sur cette critique sur Amazon : info ou intox, je ne sais pas mais j’avais envie de vous faire partager ce commentaire : « Je suis l’auteur de ce roman, je voulais mettre zéro étoile pour une évidente neutralité, mais c’est apparemment impossible, mon message n’est alors pas accepté. Je mets donc le minimum. Je veux seulement remercier les auteurs des 4 et 5 étoiles ci-dessus. Je ne suis pas certaine de mériter toutes ces constellations mais une chose est sûre: ce sont vos lectures pointues, vos analyses fines, qui me donnent l’énergie et l’envie de continuer. On ne le dira jamais assez: un romancier a d’abord besoin de l’amour des lecteurs. Pas « uniquement », mais « D’ABORD ». J’écris, en tout cas, en pensant à vous. Et si j’ai noirci, hier, la première page de mon prochain récit (mes premières lignes, premiers mots depuis Juin dernier! C’est si long, parfois, de s’y replonger…), c’est grâce à vous. Vraiment. Merci mille fois. » tiré d’Amazon.

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 Pour les grandes et les enfants sages

Les Rhumes – A.François – 80 p.

Delpire – 2011 – 9.69 €

Comme le dit l’adage, la taille n’a rien avoir avec le plaisir ! Je n’hésite pas à donc pas à vous présenter ce petit album au format 11×17 qui m’a procuré beaucoup de plaisir ! Réédition d’un album du si talentueux André François, j’ai découvert cet album que je ne connaissais pas. Cet auteur est très connu et considéré comme un des fondateurs de l’album moderne. Fantaisie, originalité, humour sont les maîtres mots de ce livre. Le thème semble anodin : le Rhume mais l’auteur triture ce petit incident de la vie comme une curiosité scientifique, comme un animal mystérieux. Traité avec légèreté mais richesse, les pages se succèdent et nos sourires s’agrandissent. Saviez vous que l’origine des rhumes se situe très loin dans la préhistoire en Rhumanie ? Représenté par une espèce d’ornitoppotam, vous découvrirez qu’il existe de multiples rhumes : le rhume des foins, le rhume passager, le rhume imminent … Métamorphose après métamorphose d’ornitoppotam l’auteur nous entraîne dans un pays imaginaire hilarant et complètement décalé. Les illustrations brutes soutenues par une typographie délirante apportent beaucoup à ce récit moderne avant l’heure. Bien que l’œuvre majeure d’André François soit Les Larmes du crocodile, je préfère Les Rhumes qui correspond exactement à ce que j’attends d’un livre jeunesse.

 

Moi j’attends – D.Cali/S.Bloch – 40 p.

Editions Sarbacane – 2005 – 1.20 €

Un format original pour un album original qui ne tient qu’à un fil. Un simple fil de coton rouge se déroule tout au long de cet album. Il représente la vie et surtout cet état d’attente permanent dans lequel nous sommes tout au long de notre existence. Nous attendons de grandir, nous attendons l’amour, nous attendons un enfant, nous attendons que les enfants grandissent … Ce lien tressé est savamment mis en scène dans les illustrations de Serge Bloch pour représenter tantôt l’écharpe de la bien-aimée, tantôt le cordon ombilical du nouveau-né … En suivant ce simple cordon écarlate, nous découvrons la vie d’un homme de la petite enfance à la vieillesse. Le récit est simple, tendre et lumineux. Sans mièvrerie, nous suivons les aléas de sa vie, la guerre, le veuvage mais aussi ses réussites, son mariage au long cours, ses enfants et ses petits enfants. J’ai été touchée par cet album original et ambitieux que je pense d’ailleurs offrir à un proche qui se marie bientôt …

 

Cyrano – T.M Le Thanh / R.Dautremer – 30 p.

Gautier-Languereau – 2005 – 14.20 €/4.99 €

J’espère que vous vous ne lassez pas de mon attachement pour Rebecca Dautremer car cet album de Cyrano est cher à mon cœur. Depuis son achat en 2006, il est exposé dans mon salon. Il m’a suivie dans chaque déménagement, il est l’un des premiers objets que je mets en place lorsque je vide mes cartons, c’est un repère, c’est mon repère car il représente pour moi toute la liberté que la littérature jeunesse peut offrir. Effectivement cet album raconte « les aventures de Cyrano racontées très librement (et même d’une façon un peu cavalière c’est-à-dire d’une façon un peu de cheval) » d’après Cyrano de Bergerac d’Edmond Rostand. Vous connaissez cette histoire d’amour mythique, ce triangle d’amants que forment Roxanne, Christian et Cyrano. Le style de Taï Marc Le Thanh est un délice, les nombreux jeux de mots sont à savourer sans modération. Le thème douloureux de l’amour trahi est traité avec justesse. Les illustrations sont magnifiques. Les couleurs sont intenses, les points de vue sont multiples et incitent l’œil à appréhender la double page dans son ensemble. Parfois au ras du sol ou des bambous, souvent en très gros plan ou dans les airs, le lecteur voyage tout autour de ce trio amoureux maudit. Comme toujours avec Rebecca Dautremer, les détails sont très importants et nous obligent à nous pencher, à nous focaliser avant de reprendre une lecture graphique complète. L’œil effectue un zoom qui est lui-même amplifié par les dessins pleine page. Ces détails sont des échos, des clins d’œil au texte lui-même : l’harmonie parfaite entre le récit et les illustrations. Album japonisant à souhait, j’aime cet ouvrage pour son thème, sa réécriture, ses illustrations, ses couleurs, son humour !

 

Si cette illustratrice vous intéresse, vous fascine (ma catégorie), vous interroge, une expo-vente a lieu à la Galerie Jeanne Robillard, du 14 au 16 décembre. Vernissage le 13 décembre à 18h.

Galerie Jeanne Robillard

25 rue de la Folie Regnault, 75011 Paris

09.50.46.38.00 – contact@jeannerobillard.com.

Kimiko et le botaniste – H.Ise – 58 p.

Edition Seuil Jeunesse – 14.80 € (Coup de cœur août 2012)

Cet album pourrait devenir le catalogue d’exposition du Jardin des plantes de Paris. L’auteur Hideko Ise est passionné par ce parc. Son meilleur ami, Georges Métailié, ethnobotaniste, lui a prodigué de nombreux conseils. Leur amitié a permis à ce très bel album de paraître. En le lisant, nous faisons la connaissance de Kimiko, jeune Japonaise de passage à Paris. Nous ne savons rien de sa vie en dehors de sa passion de la flore et du dessin. Traquée par les jardiniers pour son irrespect du règlement, elle est traînée devant le botaniste en chef. Ce dernier apprivoise Kimiko et lui apprend les secrets et les grands principes d’équilibre des fleurs et des arbres. Une véritable amitié va naître entre eux. Malgré le départ de Kimiko, les liens créés feront naitre de petites graines d’espoir un peu partout dans et hors du Jardin des Plantes. Rythmé par les saisons, cet album est un ensemble de magnifiques aquarelles. Le format 25×18 : à l’italienne permet de découvrir de magnifiques paysages mais aussi des petits recoins du Jardin des Plantes. Les points de vue changent et la manipulation de l’album devient un jeu. L’histoire est originale et interroge les enfants sur le monde délicat et mystérieux du monde végétal.

Le phare des sirènes – Rascal / Régis Lejonc – 60 p

Didier Jeunesse – 2007 – 18.91€ (Coup de Cœur juin 2012)

J’ai lu cet album à sa sortie. Il m’avait marquée. Depuis que je publie cette chronique, j’ai recherché cet album. Beaucoup d’émotions mais pas de références bibliothéconomiques … Je me souvenais d’un grand format, d’un phare, de l’amour d’un homme et d’une sirène, de la brutalité de la guerre. En ce moment, je recherche tous les albums de Rascal et c’est par le biais de cette recherche que je l’ai enfin retrouvé. Sa relecture a été un grand plaisir, je me suis délectée de chaque page, de chaque illustration. L’aventure commence dès la couverture, j’aimerais une reproduction grand format encadrée dans mon salon. Je trouve que ce phare est magnifique et que chacun d’entre nous, pouvons projeter nos rêves, nos espoirs et tous nos lendemains. Avant la page de titre, une carte pleine de malice et de jeux de mots nous stimule les neurones et nous prépare à entrer en littérature et en récit graphique. Ange, 13 ans, est orphelin. Il est élevé par son oncle Yann, pêcheur. Un soir de tempête, Yann disparait à bord de son bateau. Vissé à sa longue vue, Ange scrute la plage, terrassé par le chagrin et la solitude. Après des heures et des heures d’attente, Ange aperçoit un mouvement sur la plage, un corps ballotté par les vagues. Son cœur ne fait qu’un bond et il s’élance pour retrouver son oncle. Une fois arrivé au creux des rochers, Ange aperçoit une petite main aux doigts fins, il a trouvé un trésor, une sirène blessée nommée Swidja. Il aura besoin de tout l’amour de sa jeune sirène de 158 ans pour affronter l’appel des tambours, la survie dans les tranchées et un corps cassé au retour du front de la première guerre mondiale. Les illustrations sont des tableaux, chaque double page est une réalisation graphique magnifique et j’espère que vous trouverez autant de plaisir à découvrir cet album. Les jeunes gens peuvent le lire dès 14 ans.

Moi, Ming – C. Bernos / N. Novi – 40 p

Editions Rue du Monde – 2002 – 14.25 € (Coup de Cœur mai 2012)

Vous connaissez peut être cet album très répandu ! Je ne pouvais pas passer à côté de ce trésor malgré sa célébrité. Je suis très attachée à Nathalie Novi qui délivre tout son talent dans ce magnifique album. Le récit est poétique, métaphorique et philosophique. Le récit est construit comme un battement de cœur : un temps, centré sur un personnage et un temps complètement éclaté et excentré. La mise en page est intéressante car elle n’est pas cadrée sur l’organisation classique de la double page : dans cet album tout dépasse, le texte, les illustrations. Les cadrages sont innovants. Le voyage est aussi dans ce récit qui commence comme un rêve sans lieu pour s’ancrer ensuite dans une ruelle chinoise. Nous suivons un vieil homme, Ming, à travers ses rêveries : on voyage avec lui, on s’imagine reine, crocodile ou émir. Et puis on aurait aussi pu être empereur et inviter tous nos personnages à un grand bal annuel. Mais qui est Ming ? Qu’est ce ou qui le rend si heureux ?

Princesses oubliées ou inconnues P. Lechermeier / R. Dautremer – 109 p.

Edition Gautier-Languereau / 18.05 € / 9.40 € (Coup de Cœur avril 2012)

Vous connaissez mon attachement à Rebecca Dautremer. Cet album a été l’album de la célébrité et cet engouement est mérité. Cet album est une mine de trésors : les textes sont riches, les illustrations sont admirables, la mise en page est originale et la typographie est pertinente. Comme vous le voyez, cet album correspond à toutes mes attentes ! Lire tout cet ouvrage demande beaucoup de temps, j’ai mis plusieurs heures à tout décrypter. C’est un livre dont je relis fréquemment des extraits, des morceaux choisis que j’affectionne particulièrement !

Il y a peu j’ai écouté l’interview d’une universitaire spécialisée en littérature jeunesse (Nelly Chabrol Gagne) qui expliquait que malgré la création intrépide de la littérature jeunesse, cette dernière restait très sexiste. La représentation de la gente féminine reste stéréotypée : depuis je ne regarde plus les albums avec le même œil : Filles d’albums de N.Chabrol Gagne est édité au Poisson soluble. L’interview :http://aligrefm.free.fr/spip/spip.php?article504

 

 

18 comments sur “Livres pour enfants: la chronique de Marje #7 (partie 2)”

  1. Marje a dit…

    J’espère que vous trouverez des idées pour gâter les petits, les moyens et les grands autour de vous ! Caro, désolée pour la gueule de bois … Tu t’entraînes pour les fêtes ? Doux dimanche à toutes.

    Répondre
  2. berengere a dit…

    Merci pour cette partie 2 des »chroniques de Marje »….. sinon faut essayer prontalgine !c’est plutot bien comme comprimé contre les cephalees ! si c’est une migraine une vraie pas sure que ça agisse…
    courage ! bonne fin de dimanche !

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  3. DOMINIQUE a dit…

    @ Smouik : l’embêtant c’est qu’on risque de n’avoir pas de billet demain matin.
    Donc, Caroline, de l’eau ! Plate. On ne sait jamais avec les bulles.

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  4. mammouth a dit…

    Merci Marje. Malheureusement, ma « librairie » en ligne favorite n’a pas les Contes du grenier. Je voulais me replier sur d’autres titres qui me paraissaient bien, mais la majorité des titres de cet auteur ne sont pas disponibles chez eux.

    Caro, il est tard en ce dimanche. J’espère que tu vas mieux. C’était une entrée en matière pour les fêtes? À 25 ans, les lendemains de veille commencent à se faire sentir un peu plus, tu ne trouves pas?

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  5. pomme64 a dit…

    Si tu as la gueule de bois c’est que la soirée en valait la peine, rien de mieux que ces petits instants de bonheurs, pour oublier cette ambiance morose. Ok les lendemains sont raides, et passé un certain age, tu rajoutes un jour de plus en mode gueule de bois.

    Je ne commente jamais ici, tu fais parti de mes petits bonheurs du jour.

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  6. ingrid a dit…

    Merci Marje pour la suite de cette chronique….

    Caro, je ne veux pas être mauvaise langue, mais je remarque que lorsque tu as mal à la tête…tout le monde imagine que tu as picolé …(hi hi hi, ça craint comme réputation …:-)…) même si tes mots « Plus jamais, never more et toutes ces choses… »..peuvent donner un indice, la raison peut être tout autre … non ???(l’espoir fait vivre …)..

    allez j’arrête de t’embêter, car si tu as encore mal à la tête ce matin, je vais t’énerver …..
    bonne journée !

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  7. AnneduSud a dit…

    Comme d’hab, j’enregistre et pour le moment je pioche Valentine, et puis Mon nez, mon chat, l’amour et moi.
    Pour Anatole, merci!
    Une de mes petites filles s’appelle Eléa grâce à La nuits des temps, lu par sa maman quand elle avait 16 ans!

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  8. Marje a dit…

    AnneduSud, Eléa était un prénom qui a accompagné mes 4 grossesses. Malheureusement 4 fils, ni Eléa, ni Lila, ni Toscane, ni Victoire donc …Ginoute, Chaque soir à 11 heures, Comment bien rater ses vacances, Pourquoi j’ai mangé mon père, Pars vite et reviens tard sont des romans à déguster sans modération d’âge vraiment …

    Répondre
  9. Marje a dit…

    AnneduSud, Eléa est un prénom qui a accompagné mes 4 grossesses. Malheureusement 4 fils donc ni Eléa, ni Victoire, ni Lila, ni Toscane …Ginoute Pars vite et reviens tard, Chaque soir à 11h, Pourquoi j’ai mangé mon père et Comment bien rater ses vacances sont des romans à lire sans modération d’âge !

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