Vendredi, j’ai accompagné Rose à la maternelle pour la dernière fois.
Dernier grand pas pour éviter la flaque, dernière marche sur le petit muret, dernier « tu me donnes la main » pour traverser devant la pharmacie, dernier bonjour madame à la « dame qui n’a pas de maison, la pauvre », dernier « bonjour Kilian, maman, t’as vu, c’est Kilian, il a sauté une classe, il est en CP, l’année prochaine, quand je serai en CP, Kilian il y sera encore tu crois ? », dernier « ça sent bon maman, oui chérie, ce sont les croissants qui sortent du four », dernier cri strident parce que Bérénice est juste devant, sa main qui lâche alors la mienne, comme un oiseau qui s’envole. Dernier passage devant les entrepôts de Monoprix qui sentent le pipi, « attention, s’il y a un camion », dernière crotte de chien presque devant la grille de l’école (#lesgens), dernier coup d’oeil « à ce qu’on va manger ce midi », dernier bonjour à madame la directrice qui rit une fois l’an (ça doit être un dimanche), dernier regard aux poissons rouges dans l’aquarium, dernières marches en bois qui craquent, derniers parfums de maternelle, ce mélange unique de colle Cléopatra, de craies que l’on écrase, de papiers froissés et de feutres qui crissent. Dernier gilet accroché au porte-manteau sous son prénom orné d’un bonhomme à couettes. Dernier « bonjour Abinesh », dernier cri du coeur, « je suis la première fille, tu as vu Carole, je suis la première fille ! ». Dernier baiser avant d’entrer dans la classe, dernier coup d’oeil en douce, pour la regarder prendre son étiquette et la poser dans la colonne des enfants présents. En lire plus »