Mois : février 2007

Plus que cinq minutes et j’arrête… fin

Bon, pour vous raconter la suite, je ne vais pas vous refaire un
"minute par minute"  parce que depuis quatre ans, donc, nada, rien, pas
une cigarette. Alors un minute par minute sur quatre ans… avouez que
ça risque d'être un poil lassant, même rédigé par la star des melons
;-).

Disons donc en vrac, que dans les jours qui ont suivi l'arrêt de la
cigarette, j'ai d'abord cru que j'y arriverais sans patch. Jusqu'à ce
qu'il me prenne l'envie de fumer un nem. Là j'ai réalisé qu'un peu
d'aide ne serait pas superflue.

J'ai par ailleurs bien évidemment retrouvé le goût des choses.
Disons même à ce sujet que j'aurais gagné à ne pas le retrouver à ce
point. Je veux dire, au point de prendre dix kilos… en dix mois.

Ma peau a en effet retrouvé toute sa jeunesse.

Ses 14 ans plus exactement.

Boutons compris.

Je me suis brouillée avec la moitié de mon entourage, surtout les
fumeurs bien sûr auxquels j'ai reproché entre autres de n'avoir aucune
volonté, d'être ni plus ni moins des ratés de la vie et de mettre la
mienne en danger.

J'ai refusé toute sortie le soir parce que sans clope plus rien ne me semblait avoir d'intérêt.

J'ai cessé de boire du café parce qu'il appelle la cigarette.

J'ai cessé de boire de l'alcool pour les mêmes raisons.

J'ai finalement décidé de reprendre ma consommation d'alcool pour
oublier que je ne buvais plus de café. J'ai constaté qu'à partir d'un
certain nombre de verres on ne se souvient plus qu'on a envie d'une
cigarette.

Je me suis aperçue qu'en raison de mon alcoolisme naissant mon teint
était plus brouillé que du temps où je fumais. Les points noirs en
prime.

J'ai chopé une allergie aux patchs qui m'a obligée à le changer
d'endroit tous les jours pour finir dans des parties de mon corps assez
inédites.

J'ai eu un rond rouge sur la fesse droite pendant un mois.

Je suis devenue dépendante aux nicorettes, qui sont pourtant ce qui
se fait de plus mauvais sur terre. Plus mauvais que le Smecta. C'est
dire.

J'ai finalement décroché des nicorettes, grâce aux tic-tac.

J'ai décroché des tic-tac grâce aux Kiss-cool.

J'ai décroché des kiss-cool avec les ricola "orange-menthe".

J'ai décroché des bonbons à l'aspartam en raison de désordres intestinaux que je ne souhaiterais pas à mon pire ennemi.

J'ai écrit à l'inventeur de l'aspartam pour lui demander pourquoi les Kiss cool font faire des prouts qui sentent aussi mauvais.

J'ai passé des soirées à expliquer à quel point la cigarette ne me
manquait pas à des gens qui manifestement s'en fichaient comme d'une
guigne.

J'ai appris à attendre cinq minutes pour que l'envie disparaisse.

Aujourd'hui encore il me semble que les cinq minutes ne se sont pas écoulées.

Je me suis réjouie d'être dimanche soir, de ne plus avoir de
cigarettes et de ne pas avoir besoin de traverser Paris pour en
trouver. J'ai fini par ne plus penser au fait qu'on était dimanche et
que je n'avais plus de cigarettes.

Je ne sens plus le tabac.

Je n'ai plus peur d'avoir mauvaise haleine.

J'arrive à être sur la plage, allongée au soleil, une chanson adorée dans les oreilles sans avoir envie d'en griller une.

J'ai enfin compris que je pouvais jouir d'un instant sans allumer une cigarette.

Je me suis mise au chocolat.

J'espère que jamais un médecin ne décrêtera qu'on peut mourir de chocolagisme passif.

Plus que cinq minutes et j’arrête…

Hier, Raphaëlle m'a demandé comment j'avais arrêté de fumer. Alors
je me suis dit que j'allais vous le raconter. Parce qu'après tout, on
peut encore rire un tout petit peu de ça, non ?

C'était donc un 31 décembre, il y a quatre ans…

– 20h: Je m'apprête à vivre ma dernière soirée de fumeuse. Je suis
super fière d'avoir pris cette décision, déjà, là, je me sens hyper
bien, c'est incroyable. Finie la dictature. Vade retro ma dépendance.
Ce soir, je reprends ma liberté.

– 20h02: Putain où sont mes clopes.

– 20h05: Jusqu'à minuit, en fait, je me fiche de ma liberté. Je
pourrais décider d'en terminer maintenant, mais non, je tiens au
symbole de la nouvelle année.

– 20h06: Il ne reste que dix cigarettes dans mon paquet, ce n'est
pas assez. Surtout que comme ce sont mes dernières, je vais pas me
gêner. Je file au tabac acheter une cartouche

– 20h10: La cartouche c'est peut-être trop. Mais si je suis frustrée ce soir, à tous les coups demain je reprends direct.

– 21h03: ça fait vingt minutes que je n'ai pas fumé et j'en ai rien
à faire. Demain ça va être du gateau. Je me demande bien pourquoi je me
suis acheté ces patchs qui coûtent un bras et qui sont même pas beaux.
Quand on a de la volonté comme j'en ai, on a pas besoin de ces
béquilles.

– 21h05: A trois euros le paquet de clopes, multiplié par 365, je
vais me faire de ces petits plaisirs… Je me régale d'avance. Quand je
pense que je fous en l'air pas loin de 1000 euros par an en clous de
cercueil, je suis consternée par ma bêtise. Alors que c'est si enfantin
d'arrêter. Franchement, heureusement que j'ai ouvert les yeux. Demain,
c'est Spa au Meurice pour fêter ça.

– 21h12: Si je retrouve la garce qui m'a piqué mon paquet je la tue.
Me faire ça alors que je suis en phase d'arrêt, c'est petit.

– 23h00: Dans une heure je me donne une nouvelle chance de vivre
vieille. Je trouve ça génial. Déjà quand je me regarde dans la glace,
je trouve que j'ai un teint plus clair. C'est dingue. Rien que l'envie
d'arrêter fait de moi une nouvelle femme. En plus quand je vois cette
pauvre Sophie qui fume comme un pompier, j'ai pitié.

– 23h14: Elle me fait pitié mais elle, demain, elle n'aura pas pris
trois kilos. Alors que moi, je sens que j'ai déjà envie de sucre. Je
vais me fumer trois clopes à la suite histoire de me couper l'appétit
pour un moment.

– 23h55: Cinq minutes. C'est le temps qu'il me faut pour en griller
une en entier. En même temps, la soirée est tellement géniale que j'ai
limite envie de ne pas l'allumer. C'est incroyable ce que j'aime ces
gens. Ils sont tous beaux je trouve. Génial, ils passent "Like a
virgin". Moi je suis bientôt virgin de nicotine, trop la classe.
Franchement, je peux tout à fait danser sur la reine Madonna sans
fumer.

– 23h56: Je peux mais j'ai pas envie.

– 00h00: Bonne année. Vive la liberté.

– 00h01: J'me fais chier.

– 00h10: J'ai jamais passé un nouvel an aussi nul. Aucune ambiance.
En plus c'est plein de gens super pas respectueux qui me fument sous le
nez. Si c'est dans ces moments là qu'on reconnait ses vrais amis, ça
fait peur…

– 00h12: La bonne nouvelle c'est que ça ne me donne pas envie. Faut
dire que depuis 22h00 je me suis enfilée 34 cigarettes. J'avais lu que
c'était très efficace pour se dégouter à VIE.

– 01h12: 34 c'était pas assez ou alors chez moi, "à VIE", ça dure une heure.

– 02h12: Personne ne veut me filer une cigarette. J'aurais jamais dû
bassiner tout le monde depuis deux semaines rapport au fait que
j'arrêtais à minuit. Ils ont l'air d'en faire une affaire personnelle,
les cons.

– 03h14: C'est incroyable, je n'ai plus aucun sujet de conversation.
A croire que toute ma légendaire répartie était planquée dans mes lucky
strike. En fait je suis une fille insignifiante et triste. Je veux
retrouver la vieille moi qui savait faire la fête et qui était trop
drôle.

– 03h18: Ils peuvent pas la faire taire l'autre pouffe de Madonna ? Je n'en peux plus de sa voix.

– 04h34: Je ne comprends pas, j'applique à fond les conseils du
livre pour arrêter de fumer sans souffrir. A chaque fois que j'ai envie
d'une clope je bois un verre. Et ben plus ça va et plus j'ai envie.

– 05h56: Peut-être que le monsieur du livre parle de verres d'eau.

– 06h02: S'arrêter de fumer ça craint j'ai vomi tout mon wiskhy.

– 06h12: L'homme me prévient qu'il préfère vivre avec une fumeuse qu'avec Sue Ellen.

A suivre…

Au feu les clopes…

En ce premier jour d'interdiction générale de la cigarette j'adresse
à tous mes anciens companions de galère toute ma compassion et ma
sympathie. Je leur souhaite bon courage pour les pauses sous la pluie,
le briquet qui merde à cause du vent et les regards pleins de reproches
des passants.

Je suis fumeuse. Une fumeuse qui n'a pas touché de cigarette depuis
quatre ans. Mais fumeuse j'ai été, fumeuse je resterai. Je ne supporte
plus trop l'odeur des blondes, brunes ou roulées. Je choisis toujours
le coin non-fumeur des restaurants. Je râle contre l'homme qui est le
seul être que je connaisse capable de ne s'en griller qu'une, le soir,
au coucher. Je râle parce que je déteste l'haleine que ça lui donne. Et
puis aussi parce que je suis horriblement jalouse. De ce plaisir qu'il
se permet alors que moi, c'est tout ou rien.

Zéro ou le paquet, quoi. Cigarette et chocolat, même combat.

Oui, j'ai divorcé de la clope. Mais elle me fait toujours les yeux
doux. Je ne parviens pas à trouver laid ce geste de porter une
cigarette à ses lèvres, d'en inhaler la fumée et de la souffler ensuite
par volutes.

Alors cette loi, bah, je ne sais pas trop qu'en penser, si ce n'est
que c'est probablement mieux pour la santé. Mais rien ne me gêne plus
que la mise au pilori d'une partie de la population. Bien sûr, on ne
veut que notre bien. Mais vivre, est-ce rester saucissonné dans sa
ceinture de sécurité, sans sucre, sans graisse, sans alcool et sans
cigarettes ? Sans rides aussi et sans maladies, parce que ça coûte
aussi la maladie.

Voilà, pour être un bon citoyen les amis, soyez tout d'abord jeune,
ensuite mince – parce que les gros aussi, ça coûte, avec tout leur
cholestérol, vous pensez – musclé, sobre et le poumon bien net.

Je crois que je suis une mauvaise citoyenne. La preuve ? Cet été,
alors qu'on roulait vers l'Espagne par une journée caniculaire, Anne
Sylvestre à fond les ballons, on est passé à côté d'un feu de forêt.
Quelques mètres plus loin, un panneau sur l'autoroute nous prévenait:
"Mégot par la fenêtre = risque d'incendie". Vous savez quoi ? ça m'a
donné envie d'en allumer une.

Edit: Pour qu'il n'y ait pas de malentendu, je ne
suis pas opposée à l'interdiction de fumer dans les lieux publics. Bien
au contraire. Je suis juste contre le fait d'ostraciser les fumeurs.
Encore une fois, fumer, c'est une addiction. Et être dépendant, on ne
le choisit pas. Comme on ne choisit pas de parfois vider le placard à
bouffe ou de siffler une bouteille de rhum. Je ne dis pas que c'est
bien, je dis juste que dans ces cas là, on a besoin d'aide.