Mer et filles

Hier
matin, ma grande s'est réveillée toute cernée, avec un vilain mal de
tête. Je l'ai regardée prendre son courage à deux mains et s'habiller
malgré tout alors que l'iroquoise et moi étions encore au lit. Et puis
soudain je me suis dit que bientôt, presque demain, il n'y aurait pas
d'alternative et que même fiévreuse il faudrait qu'elle aille à
l'école. Vaille que vaille, on redeviendrait les bons petits soldats
travailleurs.

Alors pour la forme, j'ai pris sa température et malgré un minuscule 37,7 j'ai décrété que pour aujourd'hui ce serait lit à volonté. Elle n'a pas demandé son reste, enlevant son pantalon et se glissant plus vite qu'il ne faut pour le dire sous ma couette.

Les garçons sont partis à regrets, ils pétaient la forme, tant pis pour eux.

Et toutes les trois, on s'est serrées sous les draps. ça sentait un peu le caca, un peu le dodo, un peu la fièvre, c'était tout chaud, c'était tout doux. Le monde pouvait bien continuer de tourner, on n'en avait cure, le lit était notre maison, les couvertures et oreillers nos remparts.

Pendant ces heures volées, notre radeau a vogué au gré d'histoires chuchotées, de babillages hésitants et de baisers étouffés. 

Après, la vie a repris ses droits, la fièvre est tombée, l'iroquoise a pleuré, il a fallu se lever.

L'échappée belle était terminée…

42 comments sur “Mer et filles”

  1. Serena a dit…

    J’approuve à 110% des fois, il faut savoir leur montrer la voie de la désobéissance !
    et faire une parenthèse dans cette vie de dingues, ça fait du bien…Ainsi, nous sommes tous les trois en vieux survètement et/ou caleçon (le père bosse…) et nous trainons dans un canapé-lit pas fait…N’est-ce pas bon ?

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  2. Caroline Ingalls a dit…

    Un vrai moment nutella, une parenthèse dans l’espace temps, un de ces instants volés qui rendent notre quotidien tellement savoureux!Et quelle tendresse dans ton texte…
    Ah au fait, ce soir c’est souper crêpes chez les Ingalls, ça vous dit?

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  3. Missgavotte a dit…

    Hmmm, comment dire… ça donne envie de mettre mon fils dehors sous la pluie en t-shirt, juste pour qu’il tombe malade 😀 mais nan ! je plaisante !!! mais ces petites maladies d’hiver et ces moments de maternage intenses font de magnifiques souvenirs en grandissant !

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  4. Sissie a dit…

    Plein de tendresse ton post Caro, Tout simplement Merci, pour cette pudeur, tu nous autorises à entrer en quelquesorte même virtuellement dans votre intimité familiale ; et on reçoit çà comme une caresse.

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  5. Venise a dit…

    Ce que je retiens, c’est le moment où effectivement meme fiévreuse il faudra qu’elle prenne sur elle. Je n’ai pas la solution miracle mais je m’en veux souvent de la vie qu’on fait parfois mener à nos bouts de chou 🙁 et la pression qu’il y a au boulot par rapport à ça
    et la fameuse histoire de pierre et le loup… les fois où meme si ce n’etait pas vraiment nécessaire où chouchou vous a fait appeler par la maitresse et donc la fois suivante n’a pas osé le faire car il a bien compris que vous aviez été contrariée
    alors que la fois suivante, finalement il aurait eu bien besoin de votre présence, enfin quand je dis vous bien sur c’est de je que je parle…. 🙁 et puis finalement ça passe si vite tout ça et il arrive tot le temps où ils ont moins besoin de nous
    merci pour tes mots, ils font toujours réfléchir par delà l’émotion qu’ils dégagent

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  6. Mariec62 a dit…

    Je t’envie tes deux filles.
    Moi je n’en ai qu’une, qui, les choses étant ce qu’elles ont, restera unique.
    Je rêvais d’un garçon et puis est arrivée ma fille. Que j’Aime.
    Merci pour ce joli moment dans la tiédeur de la couette.

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  7. Serena a dit…

    Je peux toutes vous déculpabiliser, les copines : les deux fois où l’internat m’a appelé pour mon fils qui s’était blessé, mon premier réflexe a été de dire ‘qu’est ce qu’il a encore fait comme annerie ?
    comme venise, souvent je me dis mais c’est quoi cette vie de stress qu’on leur fait mener ? et même en étant une ardente féministe et partisane du travail de la femme, quand je vois ces petits qui commencent leur journée à 7 heures et la finissent à 19 heures, ça me fait quelque chose dans mon coeur de maman…même si mes propres enfants n’ont jamais connu ça. Enfin, l monde étant ce qu’il est, ça ne risque pas de changer…

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  8. Denis a dit…

    Laëtitia, tu demandes pourquoi il y a MER et filles ?
    Mais où est passé le E ?
    Tu devrais relire…

    Moi la plupart du temps, je relis.
    Pour savourer tout d’abord parce que c’est comme pour les cacahuètes, tu tapes dans le paquet et tu ne t’arrêtes plus mais aussi pour trouver les petits trucs qui me serviront à faire mes effets, mes jeux de mots et autres délires.

    Par exemple là, c’est facile, Caro nous le dit pourquoi elle n’a pas mis d’E à mère dans son texte, c’est écrit noir sur blanc. Quoi ? Tu ne vois pas ?

    Je reprends sa phrase : Les garçons sont partis à regrets, ils pétaient la forme, tant pis pour eux.

    C’est une mère et ses filles mais sans les garçons donc sans eux, sans E.
    Elle n’est qu’avec elles avec deux L comme dans filles qu’elle protège sous les siennes, d’ailes.

    Mais ce serait trop simple.
    Ou c’est une petite faute de frappe sur le clavier et là, Sarko va rappliquer.
    Ou Caro a fait un régime express genre omelette sans oeufs et là forcément tu perds du poids parce que t’as rien bouffé.
    Ou c’est voulu et c’est à nous de comprendre.

    (Tu vois Caro, toutes les questions qui me passent par la tête pour un E manquant pas manquant, parce qu’il ne l’est pas.
    Comment veux-tu que je dorme, moi ? Je mets la tête sous l’oreiller pour ne pas écouter mon cerveau qui travaille mais rien à faire, il travaille plus pour dormir moins !
    ‘Tain le mot oreiller ! Le O rayé. L’Ø. Encore un truc qui va m’angoisser…)

    Donc j’opte pour la 3ème solution.

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  9. Denis a dit…

    Pourquoi la mer et pas la mère ?

    Laëtitia, tu vas me dire : C’est vague !
    Ben oui, c’est ça le lien, le mot vague.

    Parce que dans ce texte il y a une vague de chaleur humaine, de douceur et de bien-être.
    Des vagues de sensations tellement simples et en même temps si incroyables.

    Toutes ces vagues rassemblées se transforment en un tsunami d’Amour qui fait qu’à ce moment précis, elles étaient toutes les trois sur la même longueur d’ondes.

    Dois-je te rappeler la définition du mot onde ? Ok, tu l’auras voulu Laëtitia !

    Onde : Modification se produisant à la surface de l’eau, consistant en une alternance de soulèvements et d’abaissements qui donnent l’illusion d’un déplacement.

    Caro dit : Pendant ces heures volées, notre radeau a vogué au gré d’histoires chuchotées, de babillages hésitants et de baisers étouffés.

    Chuchotées, hésitants et étouffés. Trois mots qui représentent bien les petits mouvements d’une onde et qui apaiseront l’esprit jusqu’à retrouver une mer d’huile.

    Et qui est une huile dans son rôle de Mère ? CARO.

    Ben voilà, la boucle est bouclée, je vais pouvoir bien dormir sur mon bon oreiller…

    Ah merde ! J’oubliais l’oreiller, l’Ø…

    Bon dimanche…

    @ Laëtitia : Notre radeau a vogué, etc… C’est pour ça, la mer, c’est aussi simple que ça.
    Bien plus simple que tout ce que je viens d’écrire.
    Euh… C’est grace à mon esprit qui vogue au fil des mots et le fait que tu remarques le E manquant qui ne l’était pas, que j’ai pu délirer. Merci Laetitia.

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  10. K@ro a dit…

    Comme je les aime aussi ces petits moments hors du temps !

    Ces moments où on se rend compte que finalement ce monde est fou, qu’on ne profite plus de rien, …

    Avec cette escapade hors des règles de la vie quotidienne, on mesure vriament la valeur de ces instants volés..

    Mmmmhhh je vais aller plonger mon nez dans les cheveux de mes enfants : ça sent la bave et les miettes de bicuit, mais c’est bboooonnn !!

    Merci pour ce bouquet de bonheur ; un dimanche matin, c’est mieux que des croissants !

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  11. Venise a dit…

    Merci Denis le poète, tes commentaires sont toujours si agréables à lire
    et ton explication de textes me rappelle les cours de français ou parfois je me demandais si réellement l’auteur avait voulu dire tout ce que la prof donnait comme tortueuses raisons
    surement que parfois non, il n’avait pas eu conscience de cela, tout comme Caro peut être ou peut être pas 🙂 l’écriture est inconsciente, elle révèle tant…
    un billet du week-end c’est comme une surprise, un cadeau supplémentaire, on vient voir s’il y a de nouveaux comms sur le billet du vendredi et hop on tombe dessus, et on savoure

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  12. Amika a dit…

    Moments tendres qui restent gravés à jamais dans nos mémoires et qui nous construisent…le plus dur finalement, c’est de s’y arrêter à ces doux instants, pour mieux les savourer, et pouvoir les évoquer dans les moments plus durs qui, immanquablement, croiseront notre route…
    essayer de les saisir, quitte à les provoquer…
    chez moi, ça ne sent plus depuis longtemps le caca de nourrisson, mais plutôt les hormones actives d’ado et de jeune adulte, mais les moments suspendus hors du temps gravés à jamais sont toujours là, et c’est bon…
    bisous doux à Caro et à vous aussi, les commentatrices/teurs que j’aime tant lire ici aussi…

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  13. La Cuiller En Bois a dit…

    J’ai eu souvent de ces petits moments volés sur le rythme de la vie quotidienne. Souvent sous la couette.
    Nous savourions cela et tu retranscris bien l’ambiance, la chaleur, les odeurs que cela pouvaient avoir. Et c’est vrai que nous pouvions nous croire sur un radeau en pleine mer.

    Pour moi ce temps est lointain. Mais mes filles me restituent ces moments parfois, sous une autre forme. Juste une envie de partager un moment ensemble, elle(s) et moi, qu’elle(s) me prenne(nt) par le bras et me souffle(nt) un maman chérie, un je t’aime, un mon amour comme me l’a fait ma plus jeune fille hier après-midi …

    Et là, la vague nous remporte, comme avant, sous la couette …

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  14. Mere Grand a dit…

    Bonjour Caroline,
    Comme je vous comprends…parfois il faut non pas se faire violence, mais surtout ne pas rater les moments de douceur…l’héroïsme viendra plus tard quand il n’y aura plus personne à câliner.

    Mais dernière fille bien connue, PCR se souvient sûrement des doux moments passées sous les draps alors que les 4 autres, jaloux, mais courageux, étaient déjà partis même sous la neige et le froid…Je lui inventais des histoires de Canada, de notre petite cabane en draps et nous entendions les ours roder tout autour, bien à l’abri des couvertures…doux moments à ne pas rater.
    Toujours aussi épatée par les trouvailles de Denis dont les comm. me ravissent jour après jour…je suis sûre que lui aussi il aime bien les calins sous la couette en hiver ..M.L.

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  15. La Milou a dit…

    Ce billet me fait frissoner, je n’ai pas encore la chance d’avoir d’enfant, mais je me rappelle comme si c’était hier lorsque ma petite maman me permettait de ne pas aller à l’école et que nous passions notre matinée au lit avec ma toute petite soeur (bien grande aujourd’hui).
    Merci pour ce doux billet
    PS : ta grande s’en souviendra comme un moment inoubliable de sa vie de petite fille

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  16. Christine a dit…

    Belle analyse de Denis !
    Ce sont des moments privilégiés et tu as raison d’en profiter.
    Moi, même plus tard, quand un de mes trois enfants avait une petite, mais toute petite fièvre, ou un mal de gorge ou de tête, disons une petite flegmme, je lui accordais la journée à la maison avec moi ; ils avaient droit à cette journée une fois par an, hors maladie réelle, et ils se l’appréciaient car rester à la maison avec maman pendant que la fratrie (plus la cousine qui a vécu 8 ans chez nous) c’était que du bonheur et du cocooning.

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  17. Flo74 a dit…

    Tu as bien raison d’en profiter… Vendredi soir, j’ai amené ma fille (6 ans) toute fièvreuse et enrhumée chez une copine car je n’avais personne pour la garder samedi et je bossais 24 heures d’affilée… Dur de ne pas culpabiliser même si elle commence à avoir l’habitude…

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  18. Caro a dit…

    Flo74, tu sais dans moins d’un mois quand j’aurai repris le boulot, j’aurai à nouveau recours aux immondes pratiques des mères actives quand leur enfant a un bon 38 à 8h du mat: coller un gros doliprane dans le boum boum du minot et attendre à compter de 12h le coup de fil de l’école qui t’avertit que ben oui, ton chouchou est brûlant. Sachant qu’évidemment, à ce moment là, tu prends une voix faussement surprise en promettant d’arriver le plus vite possible…

    Bref, ne culpabilise pas, on fait comme on peut…

    Merci pour vos gentils commentaires, j’aime bien que vous aimiez bien ce texte…

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  19. Caro a dit…

    Ah oui, merci denis, je voulais le dire et hop j’ai envoyé trop vite mon com. Tu as un talent incroyable pour rendre ce que j’écris plus poétique que ça ne l’est au départ ! Quoi qu’il en soit, ce n’est pas une coquille, ce e disparu. Ces quelques heures, j’étais une mère sans e, on voyageait, vraiment…

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  20. Audrey a dit…

    Superbes photo et texte, remplis de tendresse.
    Ici aussi, ce matin, on a fait un câlin à 3, après une nuit un peu stressante (pour moi) à surveiller notre Iroquoise à nous qui avait 39,7° lors du dernier bib d’hier soir, à cause que bientôt elle aura des dents!

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  21. Nath a dit…

    Ton bout de chou s’endort toujours en respirant sa main ? C’est tellement mignon !

    (moi qui travaille à la maison, j’avoue ne pas hésiter à garder mon aîné de 4 ans au chaud quand il est patraque – et surtout quand il pleut et que je n’ai aucune envie qu’on attrape la crève en sortant ! Evidemment, après, j’ai plus de mal à bosser que s’il était à l’école 😉 !)

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  22. Djemaa Pascal a dit…

    Bonjour,
    Vous êtes cordialement invités à la présentation de mon ouvrage Louis de Funès, sublime antihéros du cinéma ( Editions Autres Temps) le 4 décembre prochain à Romans. Merci d’avance.
    pascaldjemaa.over-blog.fr

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