Les heures souterraines

Delphinedevigan  Ce week-end, j'ai dévoré "Les heures souterraines" de Delphine de Vigan. Autant vous prévenir, ce n'est pas à proprement parler le bouquin le plus drôle de la rentrée.

On pourrait même dire que c'est sacrément triste. Genre no future, pas grand chose à sauver dans l'humanité.

Et en même temps, il est d'utilité publique, ce livre. Même qu'il tombe à point nommé et trouve des résonances dans l'actualité qui le rendent évidemment encore un peu plus juste.

L'histoire ? Mathilde, 40 ans, 3 enfants, subit un harcèlement silencieux mais tenace au travail depuis huit mois. En cette journée du 20 mai, sur la foi d'affirmations douteuses d'une voyante vue en désespoir de cause, elle va, elle en est sûre, rencontrer un homme qui changera le cours de sa vie.

Cet homme c'est peut-être Thibault, médecin urgentiste, qui lui a décidé de quitter une femme qui ne l'aime pas comme il voudrait et qui va de domicile en domicile diagnostiquer crises d'angoisses, bronchites aigues ou abandon caractérisé.

Si l'histoire de Thibault m'a un peu moins accrochée, j'ai été stupéfaite par la précision et le réalisme de la description du harcèlement moral que subit Mathilde. La destruction minutieuse et implacable de sa confiance en elle, l'isolement progressif, l'indifférence polie de ceux qui quelques semaines auparavant étaient des compagnons de machine à café, les vexations invisibles à l'oeil nu, le déni absolu du harceleur, l'impossibilité de remonter le fil jusqu'au moment où tout a basculé.

La honte, surtout, celle qui pousse à se taire, même auprès de ses amis, parce qu'on a la sensation que peut-être en réalité, tout ça, on l'a bien mérité. Surtout, comment décrire précisément ces suites de micro-événements, ces silences étouffés, ces mails jamais reçus alors qu'ils ont été envoyés, ces pots de départ organisés alors qu'on est en RTT ? Impossible.

Impossible également, à un certain stade du processus, de suivre les conseils avisés d'un syndicaliste de bonne volonté: tout consigner, noter par écrit chaque événement, ne pas lâcher un pouce de terrain, surtout ne pas démissionner. Impossible pour Mathilde de se battre, parce que pour cela il faudrait avoir encore une once d'énergie.

Voilà, il faudrait imposer la lecture de ce livre à tous les DRH de France et de Navarre. Il faudrait en envoyer un caisson au patron de France Telecom, à celui du Techno-centre Renault et à tous les anonymes qui broient quotidiennement des vies, en toute impunité, sans jamais risquer la garde à vue.

Les heures souterraines c'est aussi une peinture de la ville et de ses entrailles, du flot humain qui se déverse soir et matin dans les boyaux du metro. C'est la chorégraphie oppressante de nos solitudes qui se croisent sans parfois jamais se rencontrer. A ce titre, ce cliché illustre, je trouve, parfaitement le quotidien de bon nombre de parisiens…

Metro

Edit: Photo trouvée sur un joli blog, parfois mes pérégrinations me réservent de belles surprises…

75 comments sur “Les heures souterraines”

  1. M. a dit…

    Je suis la première à commenter?

    Ca a du bon de se lever tôt pour aller à la fac.
    ( C’est la première fois que je laisse un mot ici )

    Un ami m’avait conseillé Delphine de Vigan, la comparant avec Virginie Despentes, que j’apprécie beaucoup.

    Maintenant que j’ai lu votre ( ta? je me sens toute timide, du haut de mes dix-neuf ans ) note, je suis plus décidée encore à l’acheter.

    Surtout que l’héroïne porte le même prénom, et narcissisme idiot peut-être, mais ca me motive encore davantage.

    Merci en tout cas pour ces articles qui me font rêver de la maternité et de celle que je pourrais être dans quinze ans.

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  2. prof a dit…

    Ça fait plusieurs fois que tu parles de ces livres qui te touchent. Tu en parles tellement bien que ça donne envie de les lire aussi. Alors je note sur un calepin les titres et les auteurs: qui sait peut-être aurais-je bientôt le temps de les lire ?

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  3. orchidée a dit…

    J’ai dévoré ce livre il y a deux semaines, c’est pour moi aussi un vrai coup de coeur.
    La descrpition du harcélement morale est excellente, cette lente destructin de la personne, le doute, la honte, la peur …
    à lire de toute urgence.
    à priori « No et moi » , son précédent, est aussi excellent!!

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  4. Caroline a dit…

    Orchidée, du coup je l’ai acheté et commencé, ça s’annonce bien !

    prof, je suis bien contente si ces conseils t’apportent un jour de doux moments…

    M, merci pour ce premier comm (de la journée et 1er tout court). Je le dis à chaque fois, mais je suis toujours très honorée d’être lue par de très jeunes femmes. Je n’ai pas pensé à virginie despentes en lisant ce livre, mais en y pensant, c’est vrai qu’il y a des points communs, même si c’est moins trash… Bonne journée à la fac, profite de ces années même si parfois on les trouve longues…

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  5. Cathrine en Norvege a dit…

    Triste de pas etre en France, quand je lis tes conseils sur les livres. Il y a Amazon etc, me diras-tu, mwai, mais moi j’aim aller dans une librairie (ou une bibliotheque), regarder autour de moi, prendre le temps, lire une page par ci ou par la pour voir si j’aime le style de l’auteur.
    Enfin bref. Ca semble etre un livre bon, beau – et utile, peut-etre?

    Mais – de savoir une chose ou deux sur le harcelement – il y a peu de chance que les destructeurs se reconnaissent dans le texte, ils ont bonne conscience et ont agi « en cause ». Pour tous ceux qui regardent, et qui se rangent du cote du harceleur, par peur, faineantise ou paresse mais avec neanmoins un doute, ce genre de lecture peut peut-etre faire une difference.

    Bonne journee – et semaine!

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  6. Anne a dit…

    Hello Caro, je l’ai dévoré aussi en trois heures un dimanche. Je crois que ce qui m’a vraiment touché aussi c’est la relation qu’elle a avec ses fils. J’ai sans cesse eu peur qu’elle tombe et qu’ils se retrouvent seuls. Et puis cette histoire de carte de World of Warcraft…
    Dans un autre genre mais qui prend autant aux tripes c’est « le coeur en dehors » de Samuel Benchetrit, qui résonne autant avec l’époque et est un petit bijou.

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  7. Cetroinzust a dit…

    Encore un bouquin à ajouter à ma liste… J’aime moi aussi la façon dont tu racontes les livres qui te plaisent, dont tu donnes envie d’aborder des thèmes pas forcément évidents, dont tu abordes délicatement des sujets sensibles.
    Là, ça me touche d’autant plus que je me retrouve un peu dans la description de Mathilde : le doute, la honte de ne pas être à la hauteur, d’être en tort, d’être la seule responsable des erreurs faites, l’envie de baisser les bras parce que « à quoi bon lutter ? ». Ces quatre dernières années, j’ai vécu l’absence d’encadrement et de soutien, les petites vexations, la sape de ma confiance en moi, etc. Je commence doucement à relativiser, me dis que j’en aurai bientôt terminé et que la suite ne sera que plus belle parce que j’aurai tenu bon. Je commence doucement à ne plus laisser les angoisses relatives à la thèse bouffer le reste de ma vie. Mais pour autant, je n’ai plus confiance en moi et suis intimement persuadée de ne pas avoir la moindre des compétences qu’on prête à un docteur. Ayant la chance d’être entourée par une véritable dream-team familiale et amicale, j’ai réussi à aller au bout de ces quatre ans et je sais que j’arriverai à reprendre confiance en mes capacités. Mais si je n’avais pas eu ce soutien ?

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  8. Nanette a dit…

    Je crois que je vais acheter ce bouquin, j’ai moi-même été victime de harcèlement de la part de mon ex-patron notaire… C’était insidieux et pervers, c’est toujours moi qui finissait par m’énerver mais lui restait très calme en me traitant d’hystérique. Je passe sur les 10.000 taches impossibles à réaliser en une journée (donc suivies d’un recommandé), des remarques entendues par personne. Tout ça n’était même pas au nom du résultat ou des performances en plus. J’ai fini par penser que j’étais une merde au boulot, avant de savoir qu’il avait eu 17 assistantes/clerc ou satagiaires en 18 mois…
    Aujourd’hui j’en suis sorti, mais au prix de 2 ans dépression et d’une longue traversée du désert au niveau professionnel…
    Je vous rassure, quand j’ai repris du poil de la bête, il a morflé ce con !
    Tout ça pour dire qu’il faut parler, et vite et ne pas laisser trainer les choses. Ces types-là ont un problème, mais jamais ils ne l’admettront, c’est ça le pire…

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  9. SuperPionne a dit…

    Caro, nous sommes de très jeunes femmes parce que vous êtes encore des jeunes femmes ? 😉
    (tu en as donc au moins deux très jeunes femmes dans tes lectrices, même si je suis un peu plus vieille que M.)

    Pour ce qui est du harcelement moral, je trouve que c’est affreux.
    C’est pour ca que je suis bien contente de bosser de nuit : ca te permet d’etre seule et le matin t’évite le patron/la patronne (parce que le pire quelque part, c’est que MEME les femmes soient des déstructrices, parfois.)
    Et puis, je croise les doigts, mais pour le moment au boulot de jour, tout se passe bien…

    Malheureusement ce n’est pas le cas pour tout le monde et (attention, expression vulgaire on) ca me troue le cul littéralement (attention, expression vulgaire off)

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  10. Véro la Bisontine a dit…

    Pour votre info, je tiens à vous dire que le harcèlement moral est condamné, comme il se doit par les prud’hommes.

    Étant juge aux prud’hommes moi même, je peux vous dire que lorsque le harcèlement est avéré, on ne lésine pas sur les sanctions appliquées aux employeurs pervers.

    Par contre, ce qui loin d’être aisé, c’est d’en apporter la preuve (eh oui, le conseil des prud’hommes pose son jugement sur des écrits), et c’est là que le bât blesse.
    M’étant retrouvé dans une situation de harcèlement moral (limite sexuel), il y a quelques années, en apporter la preuve est la choses la plus difficile qui soit.

    En même temps, sachez que le droit du travail français précise : en l’absence d’écrit, en cas de doute, le doute prévaut au salarié.

    Alors à toutes celles qui subissent un harcèlement moral, ne restez pas seule, parlez en (médecine du travail), constituez vous un dossier le mieux que vous pouvez…

    Et depuis quelques années, il est certain que les dossiers déposés aux prud’hommes pour harcèlement moral sont de plus en plus nombreux.
    Pour nous juges, il n’est pas toujours évident de déceler un véritable harcèlement moral, d’un simple mal être dans son travail.

    Voilà, c’était la minute pédagogique du jour.

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  11. Caroline a dit…

    cetroinzust et nanette, il y a une phrase à la fin, prononcée par la DRH (plutôt gentille mais inefficace) à Mathilde qui devrait vous faire du bien. En gros elle lui explique que ce ne sont pas les faibles qui attirent les harceleurs mais au contraire ceux et celles qui montrent une capacité de résistance hors du commun. C’est cette résistance qui excite le pervers qu’est le harceleur. J’ai trouvé ça bien, ça redonne de l’honneur à ces personnes détruites.

    Cathrine, je crains que tu aies raison, les harceleurs se sentent dans leur droit, en bon pervers qu’ils sont…

    Anne, j’ai pleuré comme une madeleine quand elle trouve la carte…

    Superpionne, encore une jeunette, yees ! Pour le travail de nuit, c’est malgré tout très courageux, j’imagine que ça n’a pas que de bons côtés…

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  12. Caroline a dit…

    merci pour ces infos véro la bisontine. Tu fais un beau métier je trouve. Cela dit je suis en train de me demander si c’est un métier, juge aux prudhommes, ou une tache en plus du boulot ?

    You’re welcome, dragon breton !

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  13. Loop of Kurland a dit…

    J’ai croisé une vraie harceleuse de taf. C’est extrêmement destructeur, mais j’avais la possibilité à plus ou moins court terme de dégager de dessous. Quand je suis partie, j’ai vraiment eu l’impression d’avoir payé ma dette à la société, et je crois que je serais capable de beaucoup de sacrifices personnels pour ne plus risquer ce genre de torture professionnelle. Mais j’ai eu énormément de chance: elle était connue pour ça, et je n’ai pas fait de connerie pendant. J’avais 25 ans, mais j’ai des collègues largement trentenaires qui, pourtant aguerries dans un milieu où la pression professionnelle est réelle, allaient régulièrement sangloter dans les toilettes…

    Je croise actuellement un harceleur familial. Du genre qui détruit tout ce qui l’entoure. Heureusement, il n’est pas au sein de mon foyer restreint, mais crois moi, c’est infiniment pire, tout aussi, voire plus méconnu et honteux que le harcèlement professionnel. Et nous n’avons pas de possibilité légale de fuir ce harcèlement là, et très peu de chances d’arriver à en protéger nos enfants. Mais on le fera quand même. Il y a très peu de structures contre le harcèlement familial, et c’est aussi compliqué à prouver que l’autre. On la montera nous, l’assoc qui manque quand on en aura fini avec le nôtre. A mon avis, ce genre de pathologie domestique doit expliquer bien des faits divers.

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  14. La Cuiller En Bois a dit…

    J’ai vécu cela il y a … 12 ans. Mais c’est comme si c’était hier.

    Ta remarque que les personnes capables de résistance est pertinente.

    Ma supérieure hiérarchique, elle-même sous pression, m’a prise comme tête de turc à un moment ou j’étais plus « fragilisée » dans ma vie personnelle.

    Pendant 4 ans nous avions eu des relations d’égale à égale (en terme de considération, de collaboration, de professionnalisme) ; elle ne m’en « imposait pas » et elle savait qu’elle pouvait compter sur moi pour le boulot.

    Quand elle a « senti » la fêlure, elle s’y est engouffrée, comme un coin dans un tronc d’arbre et elle a tapé, tapé, tapé. Par petites touches, insistantes, toujours au même endroit. Et le tronc a volé en éclats … (dépression, Prozac, plantage en voiture à la clé etc …).

    Elle n’avait même plus besoin de parler … elle entrait dans le bureau, je fondais en larmes …

    Puis un jour, en dernier recours, la décision de partir. J’ai demandé une mutation, avec à la clé l’humiliation de s’entendre dire que je fuyais les épreuves, que je n’assumais rien etc … pendant 3 heures.

    Le jour même ou j’ai pris mes nouvelles fonctions, le cercle vicieux a été rompu, le maléfice ne faisait plus effet et je me souviens de cet état de calme retrouvé et de ma « force » revenue. Je me suis demandée comment j’avais pu me laisser parler et traiter ainsi pendant un an … Une renaissance.

    La « fuite » n’était pas un geste de lâcheté mais de survie !

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  15. double je a dit…

    Bonjour,

    Intriguée par le nombre de lecteurs venant de votre blog, je découvre la photo et le lien.Merci pour le « joli blog »
    Pensées d’une autre ronde…
    J’ai beaucoup aimé ce livre dont j’ai fait un billet il y a une dizaine de jours…
    A bientôt

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  16. La Bureautière a dit…

    J’hésitais à l’acheter, ayant bien aimé les deux autres bouquins de l’auteur, mais je préfère continuer à me voiler la face et à me convaincre que « nan, c’est pas ça le harcèlement moral au bureau, c’est bien pire que ce que je vis ».
    Or, si je lis une liste plus ou moins exhaustive de ce que je subis au bureau trop régulièrement (sauf que les vexations sont clairement visibles à l’oeil nu, même celui d’un myope!) avec le terme de « harcèlement » clairement posé en face, ma politique de l’autruche sera moins facile à mener…
    (et ma limite du supportable serait l’indifférence des potes de machine à café. C’est, à mon avis, le seul rempart efficace contre le harceleur. Leur défection serait éminemment pire que l’accumulation des humiliations).
    (promis, demain, je laisserai un commentaire drôle. Mais un tel thème + le début d’une fuck** semaine…)

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  17. arwen a dit…

    C’est un vrai plaisir de lire ton article parlant de ce livre même si le sujet est grave, mais tellement quotidien en même temps…Le harcèlement n’est malheureusement plus quelque chose d’exceptionnel, il est de plus en plus présent dans le monde du travail et c’est bien de le rappeler!!!

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  18. Cetroinzust a dit…

    Il faut du courage aussi pour « fuir », accepter d’affronter le regard des autres parce qu’on sait qu’on a raison, qu’on ne peut plus tenir. Il faut se faire suffisamment confiance pour y arriver et rebondir. C’est le courage que je n’ai pas eu, celui d’arrêter, de dire stop (merde, plutôt que stop, d’ailleurs). Mais il y avait un diplôme dans la balance, ce qui a sans doute joué dans ma décision d’aller au bout. J’ai beaucoup hésité, c’est moins le cas maintenant que je vois le bout du tunnel. Fin de la traversée du désert le 18 décembre (et je crois bien finir le pot de soutenance ronde comme une queue de pelle… 😉
    Tout ce que je souhaite maintenant, c’est de connaître ce calme que tu décris, cette confiance retrouvée. Réponse dans quelques mois ! Mais je commence à y croire. C’est bon signe !

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  19. Caroline a dit…

    Je suis très touchée par vos mots et vos témoignages. la bureautière, sans vouloir m’étendre, quand en effet on est ou a été touché par ce genre de maltraitance, lire ce livre est très très émotionnant. Et troublant parce que ça acte un fait qu’on préfèrerait sorti de notre imagination malade…

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  20. La Cuiller En Bois a dit…

    J’ai eu le réflexe de saisir la chance quand elle est passée… un clin d’oeil du destin que je n’ai pas laissé filer.

    « ELLE » était partie 3 jours en déplacement professionnel.
    Je suis donc restée avec son adjointe et pendant ces 3 jours, nous n’avons eu que des « merdes » au boulot, des problèmes qui s’accumulaient les uns aux autres. Nous avons passé « 3 jours infernaux » mais dans un climat … serein !

    Et plus les problèmes arrivaient, plus on les prenait à bras le corps et on n’arrêtait pas de se dire l’une à l’autre « mince, mais malgré tout, qu’est-ce qu’on est bien sans Elle, malgré les problèmes… »

    Et là, ironie du destin (petit ange protecteur ????) une circulaire offrant un poste supplémentaire à ceux déjà proposés quelques semaines avant, que je n’avais même pas regardés car partir n’était pas mon objectif, un poste proposé donc à deux rues de mon boulot…

    Cela ne pouvait être « que » pour moi … J’ai pris un formulaire et je l’ai rempli, ne demandant que ce poste et je l’ai posé sur SON bureau …

    Et cela a marché, c’est moi qui ai eu le poste (attribué à Paris par des gens qui ne connaissaient pas ma situation, que je n’avais même pas évoquée dans ma demande …).

    PS : quand on connait le milieu dans lequel j’évolue, on se pince pour y croire. Vous connaissez l’adage du cordonnier ….

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  21. La Cuiller En Bois a dit…

    Les conseillers prud’hommaux sont élus, soit dans le collège « employeur » soit dans le collège « salarié ».

    Il faut donc appartenir à l’un ou l’autre des catégories pour pouvoir se porter candidat.

    C’est donc « en plus » de son travail.

    Ils siègent en nombre égal pour chaque collège.

    S’ils ne peuvent se mettre d’accord, l’affaire est renvoyée en audience de « départage » présidée par un juge d’instance, professionnel.

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  22. souslesmots a dit…

    Si je te dis que j’ai connu les deux tu me crois ou tu penses que je fabules ? Harcèlement dans le cadre familial et dans le travail..

    Le pire je crois ce fut le travail, parque j’avais a coeur de le faire bien et un sens ultra développé de mes responsabilités (travail avec de très jeunes enfants). Je bossais en saisonnière à ce moment là, lieu clos, promiscuité..un genre de kho lanta personnel. J’ai voulu tenir bon, et au final cela m’a valut une hospitalisation en urgence et une bonne dépression. Pour une femme, qui était au départ une copine, elle savait exactement où appuyer..

    Quelqu’un l’a dit plus haut, les harceleurs ne choisissent pas les faibles au contraire..c’est bien plus jouissif pour eux, mais on finit par penser l’être..

    Dans les deux cas j’ai fini par relever la tête et aller au conflit ouvert: dans les deux cas je n’ai trouvé que des lâches ce jour là. Mais la colère salvatrice est dure à venir, on a tant perdu de soi..que le doute paralyse tout.

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  23. marlène a dit…

    Je ne pense pas lire ce livre. D’abord, je n’ai pas aimé « no et moi ». De plus, actuellement, je suis un peu trop à fleur de peau pour encaisser ce genre de lecture.
    Le harcèlement moral, je ne connais pas vraiment. Mais je sais que si ça commençait, je partirai. Je me suis jurée de ne plus être malade le dimanche soir à l’idée de reprendre le boulot, de ne plus avoir mal au ventre, de ne plus étouffer de rage et de frustration.
    Alors, oui, je gagne peu mais au moins je suis tranquille. Même si en ce moment, c’est pas évident, je suis globalement assez tranquille.
    Je sais qu’en écrivant « c’est simple, pourtant, démissionnez, le chômage ne peut pas être pire que ce que vous vivez, » je m’expose à des critiques puisque je les ai eu en direct de la part de proches qui m’ont fait remarquer « c’est facile à dire. » Perso, j’ai passé l’âge de me battre contre des moulins à vent et de me sacrifier pour quelques euros de plus.
    Mais par ailleurs, je ne condamne pas ceux qui restent.
    Et dernière remarque, je ne pense pas qu’on harcèle les gens « forts », qui résistent », plus que les autres. On harcèle parce qu’on est soit-même sous pression, parce qu’on a un petit pouvoir minable, ou parce que tout simplement, on est méchant. Et ça existe plus souvent qu’on croit, les gens simplement méchants….

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  24. Nulle en Pseudos a dit…

    Vous vous rendez compte le nombre d’entre nous qui avons subi ce genre de comportement? Et tu as raison sur le fait que ce n’est pas toujours aux plus faibles qu’ils s’en prennent. Véro la bizontine, c’est vrai que le Code du travail condamne le harcèlement moral, mais de ma toute ma pas si courte carrière, je n’ai jamais vu un salarié réussir à le caractériser devant les Prud’hommes, et j’ai encore plus rarement vu appliquer dans ce genre d’affaire le principe selon lequel le doute profite au salarié. Le processus même du harcèlement est tellement insidieux, et bien que parfois initié par des individus identifiables par la victime, souvent toute l’équipe de travail ou presque y participe, même en partie inconsciemment, par mécanisme de groupe…

    Dans une société où on te defini quand même en grande partie par ta capacité à générer de la valeur, la remise en question de cette capacité est tellement dure à vivre. La seule issue est de pouvoir prendre du recul par rapport à ces valeurs faussées, sortir de l’engrenage en faisant un pas de côté. C’est facile à dire, mais d’une difficulté inouie à faire. Moi j’ai la chance de pouvoir, matériellement et psychologiquement, prendre la décision de démissionner à la fin de mon congé mat’, avec le soutien de Darling, mais tout le monde n’a pas ce luxe.

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  25. Pmgirl a dit…

    Ayant eu à subir dans ma précédente boite un harcèlement terrible. Genre tu es absente 2 jours pour grippe et quand tu reviens tu as changé de bureau, tu n’as plus accès à rien et on t’annonce que tu viens de changer de poste. Tu es désormais gardien du placard à balai.
    Et qu’il va falloir le garder sacrément bien.

    Heureusement, j’ai pu démissionner peu après. Mais c’est une période qui vous marque à vie. Dès que mon boss m’appelle pour discuter d’un sujet, je revois le placard.

    Donc merci pour conseiller ce livre…

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  26. Véro la Bisontine a dit…

    En fait, ce n’est pas un métier à proprement parler; les juges prud’hommaux sont élus pour un mandat de 5 ans.
    Je fais ça, en plus de mon travail, qui lui me rémunère…

    Le vote peut se faire par correspondance, et l’on note, là aussi, une faible participation au niveau des votants (aussi bien salariés qu’employeurs), alors que c’est super important d’élire des personnes vous représentant dans ces instances, en cas de conflit.

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  27. Bé@ a dit…

    Bonjour à toutes

    Ce post me renvoi « violemment » à mon premier « emploi ».
    J’avais 19 ans j’étais en bts par alternance c’est à dire 3 jours cours, 3 jours taf. Quelques mois ont passé et ça a commencé.
    J’ai voulu partir mais j’aurai dû leur verser les salaires qui m’avait déjà données et là c’était pas possible, donc je suis restée 2 longues années.
    J’en ai parlé aux profs à l’école mais tout le monde s’en tapait.
    Résultat : dépression, 8 kilo perdu (ca parait pas beaucoup mais je faisai 45 kg pour 1m50 alors 8 kg en moins…) j’étais limite en mode anorexie, ma mère comprennait pas et flippait de me voir ainsi. Le pire c’est qu’un jour ma boss a rencontré ma mère et lui a dit qu’elle me considérait comme sa fille!
    Je n’ai pas eu mon bts, et me suis promise de ne plus jamais me faire traiter comme de la merde (désolé pour ce terme mais ils me prenaient pour ça).
    Ca fait 10 ans, quant je retourne chez mes parents en vacances, la 1ère nuit je rêve tjs d’eux!
    Mon comportement vis à vis des gens qui m’entourent (personnellement et professionnellement) est beaucoup plus intransigeant et mes paroles sont très dures dès que je me sens « menacéé ».
    Ils m’ont endurci.
    Il faut l’avoir vécu cette boule à l’estomac et cette peur pour la comprendre et compatir car comme ça on ne peut s’imaginer l’impact. Parfois, je me dis que j’aurai préférée qu’ils me tapent dessus, au moins j’aurais eu des preuves et je me serais peut être plus défendue.
    Maintenant, je n’est plus peur de partir au clash et je ne revivrais plus jamais ça, ça c’est clair!

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  28. ML a dit…

    Arffff le harcèlement … Dépression couplée à une maladie chronique, je subis en plus une harceleuse de première bourre. Une costaud. On en est à 3 dépressions dans un service de 30 personnes, il ne se passe pas une semaine sans qu’au moins un collègue soit arrêté. Ce qui permet de tenir ? Je ne suis pas la seule à la subir. Ce qui fait que personne n’agit ? Elle est protégée. J’ai alerté la médecine du travail, j’ai alerté la DRH, mais quand on est fonctionnaire rien jamais ne bouge ! on est présumé heureux puisqu’on a la sécurité de l’emploi, la contrepartie et je peux jurer devant Dieu qu’elle est lourde, c’est qu’on est prisonnier ; l’union à vie du fonctionnaire c’est comme le mariage : pour le meilleur quand ca se passe bien, et pour le pire le reste du temps. Sauf que c’est indissoluble et que si on démissionne aux yeux du « privé » on n’est rien qu’un planqué venant du public et on ne trouve pas de boulot. Et en restant dans la fonction publique on est totalement coincé : parce qu’on ne bouge pas comme on le voudrait (ca peut prendre des années pour avoir une mutation), parce qu’on est noté par sa hiérarchie et que ça nous suit partout, et le harceleur note rarement gentiment, parce que les syndicats sont des fantoches, parce que petit à petit les primes dégringolent (et à Bac + 5 être payée 1600 euros par mois, j’en ai besoin des primes …).
    On en perd l’estime de soi, on en devient physiquement malade tous les lundis matin, jusqu’à, parfois, rebrousser chemin en cachette de son mari pour aller pleurer dans son lit et appeler vers 9 heures la secrétaire de la Harpie en chef pour bredouiller une excuse minable. On se détruit la santé : alcool quand c’est trop dur le soir de ne pas craquer devant les enfants, antidépresseurs pour tenir la journée, somnifères pour dormir la nuit, cigarette pour avoir trois minutes d’oxygène mental dans la journée… On se coupe des autres, ELLE vous coupe des autres : toutes les conneries, c’est vous qui les avez faites, elle fouille votre bureau en votre absence, elle garde vos dossiers sous le coude des semaines puis vous les rend tous en même temps et tous deviennent urgents pour avant-hier, elle vous envoie en formation sur des sujets que vous connaissez par coeur « pour que vous ne fassiez plus de bêtises » et vous invite un sourire méprisant aux lèvres à vous inscrire à celle consacrée à « la bonne gestion de son temps de travail » ; etc. C’est sans fin, sans commencement au fond, et sans fin. Vous plongez, vous êtes arrêtée 5 mois, et lorsque vous revenez vos dossiers sont inchangés, même, oh étonnement, ceux qui étaient alors urgents : elle n’y a pas touché et vous les refile avec mépris. Voilà, le quotidien est un cauchemar, votre vie personnelle est bouffée, vous faites des cauchemars où elle tient le rôle principal, vous rêvez de tomber enceinte rien que pour lui échapper un peu, vous fantasmez son accident de voiture …
    Courage à toutes celles et ceux qui en passent par là. Moi je n’ai aucun levier pour que ça s’arrête, et étant malade, en outre, je n’ai aucun espoir de bouger. Vive le Deroxat !

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  29. Véro la Bisontine a dit…

    Je viens apporter mon grain de sel, puisque je vis le jugement des conflits au travail, par le biais de mon mandat.

    Détrompe-toi, j’ai eu à faire dernièrement à des dossiers déposés pour harcèlement moral, et qui ont été gagnés par les salariés.

    Après, étant donné que le sujet est plutôt « tendance », c’est difficile pour nous, juges, de faire la part des choses, parce que certains salariés, pour des simples réprimandes, parlent tout de suite d’harcèlement moral.

    J’ai bien conscience (puisque je l’ai vécu), qu’il est difficilement imaginable pour un salarié véritablement victime de harcèlement, anéanti par la situation, de penser à constituer un dossier, et d’avoir la force d’aller jusqu’au bout d’une procédure.

    Mais là aussi, je me permets de te dire qu’avec mon expérience en tant que juge, en cas de doute, il prévaut au salarié.

    De toutes façons, si nous venions à porter un jugement qui ne convient pas à l’une ou l’autre partie, il y a toujours moyen de faire appel de notre décision (et par la même que nous soyons ridiculisés par la Cour d’Appel qui nous tapera sur les doigts).

    Nous n’avons donc pas intérêt à ne pas appliquer le droit du travail, je te le dis.

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  30. La Griotte a dit…

    Je n’ai pas eu le temps de lire tous les commentaires, mais j’ai l’impression que nous sommes nombreuses (et nombreux) à nous sentir concernés par ce sujet.
    Nombre d’entre nous connaissent quelqu’un qui ou en ont été victimes eux-mêmes.
    Le harcèlement est insidieux, prend toutes les formes, on s’en apreçoit souvent alors qu’on est déjà bien « engagé » dans cette spirale infernale et il est alors bien difficile de prouver quoi que ce soit.
    J’en ai moi même été victime, mais dans un sursaut d’énergie j’ai eu la force d’affronter ce patron-poubelle en face. Dure épreuve, mais j’en suis sortie grandie. Surtout que, depuis, cet odieux personnage s’est bien calmé envers les jeunes filles.
    J’aurai au moins servi à ça 😉

    Je n’ai pas encore testé les livraisons au Niger, mais il y a un début à tout !
    Merci Caro

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  31. Nulle en Pseudos a dit…

    Véro, je ne voulais pas du tout remettre en cause de manière générale le travail des conseillers Prud’hommes. Comme dans toutes les fonctions, il ya des conseillers très impliqués et sérieux, et des moins, mais là n’était vraiment pas mon propos.

    Bien que la définition du harcèlement moral ait été revue et précisée, il reste très difficile à caractériser, parce qu’il faut quand même que le salarié établisse des faits qui permettent de présumer un harcèlement, avant que le principe du doute soit appliqué. Et comme tu le dis justement, il faut avoir une sacrée présence d’esprit pour constituer un dossier au fur et à mesure, comme d’ailleurs pour toutes les affaires sociales. Enfin, comme le harcèlement est également puni au pénal, la décision qui le reconnaît doit être d’autant plus difficile à prendre. Je ne dis pas qu’il faut baisser les bras et ne pas assigner parce que c’est perdu d’avance, bien au contraire, je souhaiterais que plus de salariés assignent et surtout que les avocats les représentent mieux, mais je dis juste que c’est difficile et encore une fois, dans mon expérience, rarement couronné de succès.

    Moi je suis de l’autre côté de la barre, et la plupart du temps, du côté employeur. Peut-être est-ce le type de clientèle à laquelle j’ai accès, le type d’activité qui fait que mon expérience est différente de la tienne? Et puis ça dépend grandement des Conseils, avec de grosses différences suivant la région.

    Par ailleurs, la démarche même d’assigner aux Prud’hommes sur ce fondement est déjà difficile. Surtout dans certains secteurs où on a peur d’être stigmatisé comme un faible, un emmerdeur. Certains milieux sont très petits, et les réputations sont vite détruites.

    Et puis pour d’autres, les Prud’hommes ne sont pas compétents: professions libérales, fonctionnaires. Pour nous, le recours est hiérarchique, et là c’est très très compliqué pour les histoires de harcèlement.

    Désolée pour le squat et le langage technico-trucmuche…

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  32. AnneduSud a dit…

    Tous vos témoiganges me glacent( la cuiller en bois, la bureautière, bé@, ML, et j’en oublie) et me mettent les larmes aux yeux, ça paraît pas possible d’avoir à vivre cela…
    J’ai acheté le livre de Delphine de Vigan la semaine dernière (mais j’avais le Montespan de Jean Teulé à finir, excellent!), j’avais beaucoup aimé No et moi, tout à fait un livre à donner aux ados qui aiment moyen lire.
    En tous cas, j’aurai une pensée pour vous, les filles concernées, en lisant celui ci et en souhaitant que vous arriviez un jour à laisser cela derrière vous, et que vous nen rêviez plus…

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  33. Rondelette a dit…

    C’est exactement ça!! Ces pervers se nourrissent de la faiblesse de l’autre – hiérarchique ou personnelle, quoique ça puisse se rejoindre – et l’on finit par se croire dingue, soi, alors que le malade, c’est l’autre!

    Moi aussi j’ai vécu ça professionnellement, mais j’ai en plus une douce mère avec de belles tendances perverses… ce qui fait que le sujet du bouquin m' »interpelle » (d’autant plus que, en grandissant avec ce mode relationnel comme modèle, on a tendance à le considérer comme la norme, bonjour les dégâts!), mais que le malaise dont j’arrive progressivement à sortir est tellement fort que je n’ai pas forcément envie d’y replonger!

    J’adore ta conclusion, La Cuiller – on avance vraiment quand on comprend qu’on ne peut pas changer ces gens-là et que la seule chose à faire, c’est prendre soin de soi & s’en protéger!!

    Bonne journée à toutes!

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  34. Grenouille a dit…

    En effet, c’est effarant de voir combien il y a de harcèlement au boulot, dans le lectorat de ce blog, je ne l’aurais jamais cru. Moi aussi j’ai eu affaire à un patron qui était un super****ard, une espèce de minus qui trouvait que j’avais trop confiance en moi, et s’est soigneusement appliqué à me l’enlever, histoire de se grandir à mes dépens. Manque de bol, le plus souvent on n’était que tous les deux (micro-micro-entreprise). Mais de là à parler de harcèlement moral… Je ne l’aurais pas qualifié ainsi. Aujourd’hui encore j’hésite à le faire.
    Mais aujourd’hui je respire, car de patron je n’en ai plus, je me suis faite indépendante, j’ai ma propre boîte, encore plus minuscule que la sienne puisque je suis toute seule, mais comme le chantait Ferré, « tout seul peut-être, mais peinard ! » C’est clair que je suis responsable de tout et qu’il n’y a personne pour me pousser les jours où je n’ai pas envie de bosser, mais aussi personne d’autre à qui m’en prendre quand il y a une couille dans le potage. Libre, quoi. Du coup, je n’ai jamais été aussi heureuse.

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  35. souslesmots a dit…

    Rondelette ce que tu dis me parle 🙂 oh que oui..

    il y a quelques années j’étais tombée sur un livre genre petit traité de la manipulation ou quelque chose dans le genre..pour m’apercevoir que je pouvais mettre un nom sur beaucoup de choses du coup..j’ai soufflé un grand coup ce jour là !

    je n’ai pas retrouvé le nom mais celui là semble du mm acabit :

    les manipulateurs sont parmi nous d’Isabelle nazare-aga

    ps: un de ces quatre j’aimerai bien qu’on s’échange nos mails parce que parfois les comms ne me permettent pas de dire certaines choses (pardon caro mais des fois certaines choses n’ont pas leur place ici je crois..sous peine de polluer !)

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  36. Lady Elo a dit…

    Je viens ajouter ma pierre à l’édifice, puisque moi aussi j’ai eu des soucis de ce type. Comme Bé@, premier boulot. J’avais tellement envie de bien faire, de m’intégrer et d’être pérennisée que je me suis donnée à 200%. Pour qu’ELLE s’approprie mon boulot et se voie attribuer les lauriers. Et puis elle a essayé de me faire croire que mes collègues se plaignaient de moi. Diviser pour mieux régner, elle ne voyait que par cela. Elle critiquait ma façon de m’habiller. Me lassait des post-it pour me signifier que si je pointais en avance le matin, elle ne le compterait pas. Son comportement professionnel à elle en revanche ne souffrait aucune critique, alors qu’elle arrivait quand elle en avait envie, repartait vers 22h et se faisait payer en heures sup’, et bavait sur tout le monde…
    Jusqu’à ce que je me retrouve en larmes chez le médecin, incapable d’aller travailler le matin même.
    J’ai tenu six mois de plus, à aller bosser la boule au ventre et puis j’ai refusé un renouvellement de contrat. Et déclenché l’ire du monstre. Qui a essayé de me ruiner auprès de la DRH, prétendant que je démissionnais (j’allais à la fin de mon contrat) et me reprochant toutes sortes de fautes infondées. Je suis montée au créneau, ai dénoncé les abus de pouvoir, pointé du doigts ses propres manquements professionnels et suis partie la tête haute malgré les blessures.
    Elle est toujours à son poste, harcèle toujours mes anciennes collègues, et j’ai bien peur que ce ne soit près de changer.
    Comme il l’a été dit plus haut, le problème de ce genre de chose, c’est qu’il est incroyablement difficile à prouver. Et que les victimes sont trop fragiles pour pouvoir faire quoi que ce soit.

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  37. Rondelette a dit…

    Hello souslesmots!

    J’allais dire « contente que ça te parle », mais en même temps, non, je ne souhaite pas aux autres de souffrir!! 😉

    Ah, les bouquins, heureusement qu’ils sont là!! Ca ne fait pas tout le boulot, mais ça permet d’y voir plus clair, petit à petit!! Tu n’imagines pas le nombre que j’ai pu lire!! En même temps, c’est vrai qu’actuellement, j’ai plutôt envie de souffler de ce côté là, et de continuer à dédramatiser, parce que j’ai à mon goût bien suffisamment mariné dans ces eaux troubles (répétition quand tu nous tient!)…

    C’est mon mail à moi, que tu voudrais? Moi, c’est sans problème – seulement, on fait comment pour se le filer sans le rendre public??

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  38. 'tine a dit…

    Dans les joies et bonheur du harcèlement je crois avoir vécu une histoire assez fantastique… face à un vrai méchant… alors c’est vrai ça fait con con de dire « vrai méchant » mais je crois qu’il y a vraiment des personnes qui ne jouissent qu’en faisant du mal aux autres comme ça, qui ne grandissent qu’en montant sur les autres, en les écrasant…

    Alors quand en plus à cela vous rajoutez une bonne dose de poste à très hautes responsabilités, avec pleins pleins de gens en dessous, et surtout une bonne grosse dose de politique… c’est bienvenue dans un monde meilleur…

    Mon atout dans cette aventure, c’est toute une équipe qui était mise au placard, ça donne quand même des forces quand on n’est pas tout seul à se battre et un entourage familial aimant, mes difficultés j’étais responsable de l’équipe mais avec des intermédiaires je ne suis allée au combat comme je l’aurais souhaité, je me suis parfois cachée derrière le bouclier existant plutôt que d’aller au front… 6 mois de placard, et finalement une parodie d’entente « à l’amiable »… parfois un goût amer de ne pas avoir tenu jusqu’au bout contre vents et marées pour faire éclater…

    Mais éclater quoi ? Un système que beaucoup connaissent et ne dénoncent pas, un système qui arrange tellement de personnes… un panier de crabes que j’ai tout à coup trouvé beaucoup trop gros pour moi… Je crois que d’autres ont découvert le fonctionnement des partis politiques et en sont revenus blessés aussi… Je ne crache pas sur la Politique et ses hommes et femmes en général, j’en ai croisé beaucoup de vrais mais d’autres qui ne pensent plus qu’à sauvegarder leur petit os à ronger et n’ont plus aucune conviction à défendre… qui sont près à écraser père, mère, qui ne savent pas ce que veux dire amitié pour ne perdre leur os…

    J’ai voulu tout envoyer promener, puis sans cesse je me dis qu’abandonner c’est laisser les mains complètement libre à ceux qui pensent et font la politique de cette sale manière qui ne devrait plus avoir lieu…

    Bref après avoir pensé que cela ne m’avait pas touché je crois qu’il m’a fallut accepter que j’étais un peu dépressive, accepter que j’étais paumée et ne savait plus vers quoi aller…

    Le positif encore une truc un peu con con, enfin pas con con mais un peu trop utilisé à tort et à travers, mais je crois vrai… « tout ce qui ne nous tue pas nous rend plus fort »… Ben en tout cas ça fait grandir !

    Je crois que je commence à apercevoir une clarté au bout du tunnel… peut être… J’y crois… Mais putain plus de 2 ans quand même…

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  39. Cetroinzust a dit…

    Moi, c’était (et c’est toujours) « Le plus étroit du défilé est souvent le plus proche de la plaine ». A me répéter les jours de découragement, à me seriner les jours de désespoir, à me chuchoter les jours de colère. Et finalement, oui, la plaine s’annonce (j’ai donc réussi à passer mes rondeurs dans un défilé étroit :-D)
    La difficulté dans mon domaine, c’est qu’on considère souvent que le doctorant n’est que de la « chair à pipette ». Et donc, certains considère comme normal, voire nécessaire (!) de nous traîner plus bas que terre, pour « former le caractère ». Rien d’étonnant à ce qu’on soit nombreux à quitter le milieu de la recherche écœurés, alors même que c’est la passion qui nous avait fait choisir cette voie. Triste, non ? M’est avis que ça a assez à voir avec ce que tu as vécu, ‘tine. Milieux différents mais dégoût identique, d’autant plus difficile à accepter qu’il fait suite à un choix « de cœur », à un engagement personnel.

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  40. La Bureautière a dit…

    Petit traité de manipulation à l’usage des honnêtes gens de Robert-Vincent Joule, Jean-Léon Beauvois, un excellent bouquin.
    Sauf que parfois, le manipulateur n’est pas intelligent du tout.
    Au contraire, il est con.
    Très.
    Et lâche.
    Et de tellement mauvaise foi qu’il en est imprévisible.
    Et tellement sans c** qu’il pointe son index de larve humaine sur toi en cas de problème et que t’es tellement éberluée qu’il t’accuse que du coup, tu restes comme deux ronds de flan à te demander, après t’être faite copieusement engueulée par le mécontent persuadé que tout est de ta faute puisque ton boss l’a dit, ce qu’il vient de se passer.
    Ou alors, tu prépares une réunion importante et en y arrivant, on t’informe que non, tu n’y es pas conviée. Limite, on ricane que tu ais pu penser en faire partie. Tu tentes d’argumenter de manière posée (parce que le pire, des arguments tu en as et des imparables. Le niveau d’études? Plus élevé que celui de tous les participants! La connaissance du dossier? Ben idem, vu que tu as monté la réunion de A à Z et bosse dessus depuis des semaines, voire des mois. Mais « ça n’a rien à voir »…), mais tes arguments sont écartés d’un geste de la main impatient.
    Et dans ces cas-là, être au fait des techniques de manipulation et des parades pour les retourner contre l’adversaire ne sert pas à grand chose, malheureusement.
    Finalement, lutter contre la mauvaise foi conne, c’est extrêmement compliqué.

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  41. Rondelette a dit…

    La Bureautière: lutter contre est quasi impossible, puisque, quel que soit ton argument, il est retourné contre toi – ce genre de manipulateur est capable de se contredire sans vergogne tout en conservant parfois une suprenante apparence de logique… L' »avantage » dans le milieu familial (une fois que tu as grandi et pris conscience de certaines choses), c’est que tu peux « désamorcer » en refusant d’entrer dans certains jeux, et en restant ferme sinon… Pour le boulot, c’est différent, évidemment…

    Souslesmots: ok, je te fais 1 mail dès que je peux (quoi qu’il en paraisse, journée chargée – hem, non, je ne vais pas me culpabiliser… mais peut-être bosser un peu!)

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  42. Caledonie75 a dit…

    ML, je viens de lire ton témoignage et j’en suis bouleversée. Ton mal-être transparaît dans chaque mot et il ne faut être Freud pour voir que tu sait, malheureusement, ce qu’est la dépression. Je te souhaite beaucoup de courage, à toi et aussi à tes collègues dans le même cas, et j’espère que la harpie sera bientôt mutée ailleurs.
    Je n’ai pas de conseil à te donner, seulement des encouragements… si peut-être un, dans la mesure du possible, ne lui réponds pas ! Les vipères ne jouissent de leur venin que lorsqu’elles ont effectivement une emprise. Soit la plus indifférente possible et elle finira très certainement pas se détourner. Courage !

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  43. ML a dit…

    Je ne lui réponds pas. Et ça fait déjà plus de 2 ans que ça dure. Je vais sans doute être classée travailleur handicapée sous peu, et alors je pourrai obtenir quelques aménagements qui devraient m’aider à souffler un peu, et être prioritaire pour changer de poste. Las ! j’ai un handicap qui ne se voit pas à l’oeil nu, donc bien sûr je suis une vilaine paresseuse simulatrice … Bref … La dépression je connais bien, je ne suis plus dedans mais je remonte la pente depuis le fond de la cuvette où j’ai longuement baigné 😉 . Le courage ne me manque pas, parfois la patience oui, et surtout je souffre de ne pouvoir être entendue, moi qui jamais ne plie … me voici devenue une bien petite chose.

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  44. Marie-Laetitia a dit…

    « Finalement, lutter contre la mauvaise foi conne, c’est extrêmement compliqué. »
    Oh que oui ! Une absurdité assénée par un Le Pen en une phrase concise peut prendre des paragraphes à désamorcer … Mais pour les esprits « simples » si c’est long c’est que tu mens alors …
    Arf et quant au niveau d’étude supérieur, à la compétence avérée mainte et mainte fois, autant péter sur une toile cirée pour essayer de la faire gondoler.

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  45. Nulle en Pseudos a dit…

    ML, nous ici on t’entend, et même si pour toi les personnes qui devraient t’entendre sont celles du travail, j’espère que ça va t’aider quand même. Je te souhaite de réussir à t’éloigner de cette personne et de cet environnement, parce que je pense aussi, comme le disait quelqu’un plus haut, que la résolution par le dialogue une fois que le processus de harcèlement est enclenché est impossible avec ce genre de minable, parce qu’au fond on ne parle pas le même language, on n’évolue pas dans le même référentiel.

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  46. La Bureautière a dit…

    Le pire, c’est d’avoir, par écrit (copie des mails imprimés, documents juridiques et autres) des documents qui montrent que l’on a parfaitement raison et de voir l’autre hausser les épaules, ricaner avec ses pairs avant de déclarer « mais ça ne veut rien dire… »
    Et voir une personne à qui l’on fait confiance se ranger comme un bon petit soldat à l’avis de ses harceleurs.
    Voilà, je crois que c’est ça, le pire, se dire qu’on s’est planté sur une personne qu’on croyait et ne pas pouvoir, malgré des preuves irréfutables, faire entendre sa bonne foi.
    Je passe sur énormément de trucs : documents que j’ai rédigés et qui sont repris intégralement par une autre personne qui y appose son nom et en endosse le mérite, placardisation, rumeurs hallucinantes sur mon compte (au point que certaines personnes, une fois qu’elles m’ont rencontrées me font part de leur étonnement de me voir si normale. « Oui, de toute évidence, on a bcp exagéré mon pouvoir de nuisance! »), évincement de missions et de réunions que j’organise, mais qui me permettraient de « briller » devant des extérieurs ce que ne veulent surtout pas les personnes harceleuses, logiquement…
    D’autres ont énormément de mal à passer, par contre.
    Je sais que mon blog et ce qu’il va me permettre de réaliser dans qq mois ont été salutaires.
    Trouver le ressort comique dans les situations les plus merdiques, les plus humiliantes, les plus absurdes qui soient, permet (en tout cas m’a permis) de ne pas sombrer dans la déprime la plus totale.
    Et en complément, se forcer en sortant du bureau à faire autre chose, se trouver un autre univers. Lire, lire, lire, regarder des séries, écouter de la musique, bref, tout ce qui permet de s’échapper dans de jolies choses loin d’un quotidien rendu merdique par une poignée de connards qui oublient qu’ils sont incompétents en cassant certaines personnes.
    Et faire du conseil de la grand-mère de Marjane dans Persepolis son mantra : « dans la vie tu rencontreras beaucoup de cons. S’ils te blessent, dis-toi que c’est la bêtise qui les pousse à te faire du mal. Ça t’évitera de répondre à leur méchanceté. Car il n’y a rien de pire au monde que l’amertume et la vengeance. Reste toujours digne et intègre à toi-même! ».
    (en tout cas, merci à Caro d’avoir permis une telle concentration de témoignages! Qu’est-ce qu’on se sent moins seule!)

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  47. venise a dit…

    je suis restée douze jours sans connexion la faute à un câble malencontreusement arraché par un camion !! et mon premier réflexe est de venir lire tes posts, du coup, ça en fait plein à la fois, comme autant de bonbons à savourer. J’ai tout lu, très vite, sauf les comms parce que j’ai plus de 400 mails qui m’attendent. Je n’aurai qu’un mot, tu m’as manqué !
    et ce que tu dis de ce livre me donne une fois encore de le découvrir, ma pile grandit, grandit…

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  48. Nine USA a dit…

    Tout ce que je peux te dire à la lecture de tes différents comms qui me touchent beaucoup c’est que je ne lirai plus jamais ton blog de la même façon. Tu as encore plus de mérite et de talent à nous divertir avec talent et légèreté alors que ton quotidien en manque cruellement. Bon courage et plein d’ondes positives pour la suite (et à bientôt pour une prochaine rigolade à la lecture de tes articles, mon rire sera seulement plus grinçant).

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  49. Tazounette a dit…

    Je n’ai pas connu ce type de harcèlement au boulot. Pourtant à lire le descriptif, j’ai vécu la même chose sur un plan personnel. Plus connu sous le nom de « manipulateur » de l’amour, leurs agissements ont les mêmes conséquences sur soi : destruction psychologique, détérioration de l’estime de soi, confiance en soi disparaît, on finit comme une loque. Dépression ou suicide sont des issues possibles ou la fuite. Ce que j’ai fait, avec mes deux filles. Lorsque je suis partie, je ne dormais que 4h par nuit depuis plus d’un an, je pesais 42kg, je pleurais dès qu’on me regardait trop longtemps ou simplement dès qu’on me demandait « Tu vas bien ? ». Mes filles étaient encore bébé, je n’ai tenu le coup que pour elles. Et pourtant, il n’est jamais arrivé à bout de moi…
    Ce n’est pas tout à fait la même chose pourtant, ce livre fait écho. Je vais sûrement le lire. Merci Caro pour tes conseils lecture. Dernièrement j’ai lu « Le mec de la tombe d’à côté », livre aussi présenté par tes soins. J’ai passé un super moment.

    Il n’y a rien de pire, je crois, que de se laisser convaincre qu’on ne vaut rien… Dire que c’était mon premier amour. Mon mari. Le père de mes filles. La vie nous fait faire parfois de drôles de choses.

    Je n’ai jamais été aussi bien dans ma peau que depuis 1 an. Depuis que j’ai découvert ce qu' »être aimée » veut dire…

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  50. marlène a dit…

    J’ai pas tout lu mais franchement, ça m’a fait sufisamment flipper !!!
    Brrr, terrible tous ces témoignages.
    Malheureusement, je confirme, les gens simplement méchants, ça existe…

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  51. Nulle en Pseudos a dit…

    La Bureautière, je sais que tu l’as déjà dit mille fois, mais avec mon demi-neurone, j’ai pas capté comment faire pour te demander de pouvoir lire ton blog? à chaque fois je me dis que je vais te le demander, et puis ça me sort complètement de la tête…

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  52. harmonie58 a dit…

    tu le décris tellement bien que cela me donne envie de le lire…et puis cela rappelle, hélas, un peu nous dans le monde du travail surtout si on est aux commandes de quelques personnes…

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  53. souslesmots a dit…

    Yes c’est celui là !! Ceci dit je suis d’accord également avec ce que tu dis..je crois que ce bouquin m’a fait du bien rétrospectivement, mais d’un autre côté je me demande si malgré tout être au fait de certains comportements ne peut pas aider un peu tout de même…

    Moi ce qui me rendait dingue c’est ceux qui restaient ultra calme genre c’est toi qui passe pour l’hystérique de base..impossible de trouver un moyen de rétablir les choses..

    Après oui parfois le manipulateur est con, juste un pauvre « méchant » qui profite d’un bout de pouvoir ridicule mais potentiellement destructeur, et parfois il est intelligent..et redoutable..

    Dans les deux cas ca reste compliqué je crois..

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  54. souslesmots a dit…

    ..hum ceux qui te jugent sans mm t’avoir jamais parlé puisqu’ils ont tant entendu de choses sur toi..pour découvrir le jour où par besoin ils te parlent que mazette tu n’es pas le dragon malfaisant décrit par l’autre..

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  55. Esmiranlda a dit…

    Hmmm ça m’intéresse ce bouquin, ne serait-ce que pour l’aspect « harcèlement », dont je pense avoir été victime. Mais le « harceleur » n’a pas eu ce qu’il a voulu, et moi je suis toujours à mon poste, à faire ce qui me plaît, et pas ce qu’il aurait voulu que je fasse. Hé hé hé. Mais ça n’a pas été facile, ça ne l’est toujours pas, et j’aimerais bien analyser la situation en découvrant des histoires peut-être similaires…

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  56. M&M a dit…

    Bonjour,
    Je suis DRH et je peux vous dire qu’il est difficile de se battre contre le harcèlement moral au sein de l’entreprise. Outre comme l’a indique quelqu’un, qu’il faille faire la part des choses entre le harcèlement et le mal être au travail; il est difficile de réunir les élément factuels permettant de « résoudre » ces situations (qui peuvent être le fait d’un supérieur hiérarchique, mais également d’un ou plusieurs collègues, voire, c’est arrivé, d’un membre d’un équipe envers le chef d’équipe).
    Je n’excuse pas mes collègues DRH, mais, mais j’ai constaté à plusieurs reprises que la meilleure solution était souvent que je « mette sous surveillance » le harceleur : en gros, qu’il sache « gentiment » que j’avais un œil sur tout ce qu’il faisait. Le tout est de bien l’identifier… Cela ne marche que si le DRH sait s’imposer personnellement dans l’entreprise et il faut garder à l’esprit que nous sommes également des êtres humains (et oui !) avec nos forces et nos faiblesses, nos histoires personnelles (qui peuvent être également parsemées d’harceleurs) et qu’il faut une énergie formidable pour faire ce boulot génial correctement ! Sans compter les enfants qui nous réveillent aussi la nuit (cf. en ce moment) ! En tant que DRH, lutter contre un patron harceleur peut nous détruire autant que n’importe quel salarié, et même si on ne fait pas l’objet du harcèlement : c’est être sans cesse sur le qui-vive pour protéger les salariés, c’est des altercations permanentes en expliquant les règles de droit qui prévalent dans l’entreprise (on se doit d’assurer la sécurité physique et mentales des salariés, et c’est une obligation de résultat et non de moyens). Quand cela vient du patron lui-même, assez malin pour ne pas laisser de trace écrite permettant de monter un dossier ou intimidant pour éviter que quiconque témoigne et qu’on a un peu de conscience personnelle, on s’accroche au poste pour défendre les salariés… sans personne pour vous défendre vous-même. Et puis un jour, on s’aperçoit qu’il faut aussi se sauver soit-même et que cette histoire est en train de vous foutre en l’air. Je suis partie au bout de 2 ans de lutte acharnée. La personne qui m’a remplacée a été arrêtée pour dépression au bout de 3 mois, les DRH se succèdent depuis et malheureusement, un de mes anciens collègues s’est suicidé cet été.
    Alors oui, le DRH est responsable, mais il ne peut rien faire sans le soutien des autres salariés. Le DRH n’a pas de baguette magique qui lui permet d’éliminer les « méchants » de l’entreprise, il n’a que le droit du travail à faire respecter. Nous sommes collectivement responsables de laisser s’installer des situations de harcèlement moral au sein de l’entreprise.
    Pour mois, j’essaie de ne pas me sentir coupable de ce qui s’est passé cet été : si j’étais restée, je serais peut-être à la place de ce collègue… mais j’aurais peut-être aussi réussi à l’empêcher…
    Tout cela pour vous dire que les DRH sont des êtres humains comme les autres.
    Désolée d’avoir été un peu longue, mais je veux simplement dire à tous que le harcèlement dans l’entreprise n’est pas qu’une affaire entre les DRH, le harceleur et le harcelé. Si les autres salariés ne se mobilisent pas et ne luttent pas contre le harcèlement, le DRH ne pourra dans la majeure partie des cas rien faire, sauf s’il s’expose personnellement. Alors soyez vigilants et courageux, ne choisissez pas la facilité de se dire que « ouf ! ce harceleur a trouvé une autre victime que moi, je vais éviter de me manifester pour ne pas qu’il me repère » !
    Merci d’avance à tous et toutes

    Répondre
  57. Caroline a dit…

    ML, un grand merci pour ce témoignage. Je ne voudrais surtout pas que tu te sois sentie visée par ce billet. En même temps il aura permis cette mise au point salutaire et c’est tjs ça de pris ! Encore merci et bon courage, surtout…

    Répondre
  58. ML a dit…

    Caro bien sûr que je ne me suis pas sentie « visée » ou alors comme une cible marketing tu sais comme quand tu constates que toutes les pubs au milieu de ta série préférée sont bien bien orientées vers ton mode de consommation ^^ Tu as levé un lièvre on dirait bien 😉 Bises à toi.

    PS : les copinautes z’inquiétez pas, ma vie familiale est source de bonheur chaque jour, mes amis et mes proches m’apportent amour, tendresse et soutien, et trouve à me réaliser ailleurs que dans le travail ce qui me permet de maintenir un équilibre (qui fut long à mettre en place mais qui est bien là aujourd’hui 🙂 )

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  59. bridgetjones a dit…

    Pour moi Les heures souterraines sont une pépite certes pas gai gai mais tellement juste et vrai.
    Je l’ai lu voilà quelques semaines et les personnages de Delphine de Vigan continuent de m’habiter.

    Quant au harcelement moral je suis triste de voir qu’il devient banal et ferait presque partie du quotidien.

    Je me suis donc lancée dans la lecture de l’intégrale, je suis un peu déçue par Un soir de décembre (prix saint valentin, à dire qu’il y a des prix littéraires pour tout non ?!).

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  60. La Fée Carabine a dit…

    Caro ronde et jolie, il y a longtemps que je n’ai pas posté même si je te lis tous les jours..mais là mes tripes et ma gorge se serrent.

    D’abord je confirme, oui le harceleur s’en prend aux fortes personnalités, oui il le fait dès qu’il sent la faille,
    Et oui, s’il le fait c’est que quelque part nous le laissons faire pour une raison qui nous échappe à nous-mêmes

    Alors pour la faire courte, avec 40 kilos en plus et un prud’hommes plus tard, je vous livre mon sentiment :
    1/ 3 ans après le début du prud’homme j’y suis encore (appel prévu courant premier semestre 2010)
    2/ Selon que vous soyez salariée dans la petite PME en bas de chez vous ou bien à la World Company les répercussions ne seront pas les mêmes. Pour ma part, j’ai mis 18 mois à troyver un avocat qui veuille aller au clash malgré mon dossier + Je suis grillée en france et en navarre, dans l’infini et au-delà dans mon ancien milieu pro (et tout autre d’ailleurs….)+ J’ai été très vite lâchée par l’inspection du travail qui m’a expliqué gentiment que je n’avais qu’à trouver du boulot ailleurs parce qu’une grosse boîte sur la région, on lui fout la paix si on ne veut pas qu’elle aille verser sa taxe professionnelle à une autre commune…Vous préciserai-je que je dépends de la même inspection du travail que celle qui gère les salariés du Technotruc ? Cela pourrait-il avoir un lien avec les drames des Yvelines, hum….??? va comprendre Charles…..

    Côté syndicat, pas mieux, ils sont souvent ultra au fait de la législation, très sympas et très compréhensifs, très, très, très…..mais bon c’est tout…

    D’ailleurs après le jugement rendu en première instance, mon avocat qui n’est pas un bleu et qui descend d’une célèbre lignée m’a carrément avoué ne jamais avoir vu ça de toute sa vie ni dans celle de ses illustres aïeux, un dossier prudhomal aussi évident et un jugement pareil….aucune explication au mauvais jugement rendu, hormis peut être les recherches google ayant permis d’établir les accointances entre la World Company et les conseillers prud’hommaux qui ont visé mon dossier (ben oui quand on est potes du même Rotary club par ex, forcément ça crée des liens)

    Aujourd’hui Je ne veux pas généraliser, mais je confirme qu’un mauvais procès n’est pas la solution, même (surtout ???) si vous êtes dans votre bon droit et que vous avez le droit pour vous.

    Ca ne vous aidera pas à vous reconstruire.

    N’attendez pas la justice pour vous réparer, réparez-vous en thérapie, et sauvez tout de suite ce que vous pouvez sauver.

    Donc voilà ma conclusion : j’ai eu conscience assez vite que s’il se conduisait comme ça avec moi c’est que je devais laisser une porte ouverte…Je me suis donc fait suivre en thérapie, ne serait-ce que pour tenter d’évacuer mes 40 kgs supplémentaires de carapace.

    Et maintenant, après toutes ces années, je sais enfin pourquoi moi, pourquoi lui, pourquoi, comment, etc…JE SAIS TOUT !!!!

    Mon seul regret ? Ne pas m’être fait suivre immédiatement lors des premiers « signes » car le chemin est long, et si c’était à refaire aujourd’hui après ces années, grâce à cette thérapie, j’aurais su ne pas donner prise et donc ne pas rater ma vie pro. J’aurais réussi avec succès les premiers tests, vous savez, ceux grâce auxquels votre harceleur sait s’il peut ou non vous persécuter.

    Merci et mille baisers Caro

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  61. Geneviève a dit…

    Tiens… le commentaire n’a pas été pris « en entier » Je disais qu’il valait mieux se lâcher avec des amis, des vrais. Le pot de thèse pour les méchants, fais le « minimum syndical »

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  62. Monique a dit…

    Cela fait déjà quelques mois que je viens vous lire et que je vous savoure! J’irai sûrement me procurer les heures souterraines car j’avais lu No et moi avec beaucoup de bonheur. Amitiés belges. Monique

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  63. Dorémi a dit…

    Au moins les suicides à France Télécom, après ceux de chez Renault, permettent-ils de mettre au grand jour la dégradation des conditions de travail.
    Je suis pour ma part persuadée, pour les avoir en quelque sorte collectionnés durant une période, que les harceleurs sont non seulement des pervers mais des prédateurs dotés d’une espèce d’instinct infaillible dès lors qu’ils tombent sur quelqu’un de bonne volonté.
    Sinon, vu ça dans Libé :
    http://www.liberation.fr/societe/0101597033-aller-a-reculons-au-travail-en-se-demandant-ce-qui-va-encore-arriver

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  64. venise a dit…

    Merci à toi pour le titre de ce livre, je viens de le lire d’une traite ce matin. Tout y est si bien décrit, le monde de l’entreprise, le microcosme que cela constitue et les émotions dégagées par les héros du roman.

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  65. Geneviève a dit…

    Ce matin, levée très tôt pour accompagner mon homme à la gare, j’ai repris ma lecture en rentrant… Je viens de terminer ce livre terrible. Heureusement, pas de brouillard au lever du soleil et le soleil est là, heureusement…
    Très beau livre.

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