Mois : octobre 2012

Fais moi le Wanderlust

DSC_0181
Hier, j'étais en train de faire un shooting mode de ma jambe gauche (ma préférée), histoire d'immortaliser ces boots (Ann tuil) que l'on peut raisonnablement qualifier d'essentials (au sens Gwyneth Paltrien du terme) tant elles ont cet aspect intemporel, un cuir doux qu'on voudrait lui faire un calin et cette hauteur de talons IDÉALE, quand Zaz m'a envoyé ce texto (il était 16h00): "Dis, si on laissait les mecs et les enfants aller au parc Kellerman de leur côté pendant que nous on irait boire des cocktails ?".

Bien sûr, nous aurons tous noté que cette invitation à la débauche a donc été lancée un dimanche, à l'heure du goûter*.

Je ne sais pas quelle eut été votre réaction mais moi j'ai pris ça comme un appel au secours, ni plus, ni moins. Il faut dire que je me souviens parfaitement de cette même envie soudaine qui s'était emparée de moi un an presque jour pour jour après la naissance de Rose. Ce qui explique mon absence totale d'hésitation et la façon peu amène avec laquelle j'ai expédié au square le churros et les fruits de mes entrailles (rien à voir mais croyez-moi mes entrailles je les sens ce matin).

Et nous voilà parties avec Zaz, juste après lui avoir demandé de faire la mannequin jambes pour moi et un peu envisagé, j'avoue, de ne pas vous révéler le pot aux roses. Après, quelque chose m'en a dissuadée, sans doute ma dignité (je ne l'avais pas encore abandonnée dans le bus 62, mais j'anticipe).

DSC_0191
(par contre pour ce qui est de penser à virer le sac plastique derrière, y'avait – déjà – plus personne)

Nous voilà parties, donc, avec comme destination officielle la visite, enfin, de la cité de la mode et de son exposition sur Balenciaga (personne n'y croyait vraiment mais il était 16h45 et même à 40 ans il est parfois difficile d'assumer une envie de cuite avant 19h).

Après une longue promenade sur les quais, dans un climat tellement doux que ç'aurait pu être le printemps, nous avons fini assez rapidement (l'expo était fermée, ballot) sur un transat du Wanderlust, THE PLACE où chiller le dimanche quand on est un hipster à Paris, sachez-le. Il faut bien avouer que l'endroit est super agréable, avec immense espace découvert en teck donnant sur la Seine (c'est marrant comme les hipsters ne vont pas s'emmerder à chiller dans un pauvre bar un peu pourri de la porte d'Ivry, genre) (Mais ceci étant dit, j'aime l'idée d'un lieu branchouille dans ce coin qui jusque là était surtout réputé pour sa mocheté, la vilaine partie des quais, avec vue imprenable sur les bureaux de la RATP. J'adore de toutes façons l'ambiance docks urbains, quelle que soit la ville).

En revanche, j'ai moyennement apprécié le coup de devoir payer 5 euros pour entrer, pour cause de "brunch bazar", à savoir ni plus ni moins une sorte de brocante avec des stands se ressemblant tous et proposant des modèles de bijoux qu'on ne sait plus qui a commencé à copier qui (mais j'en peux plus de ces alliances "suprenantes" du cuir et du métal, par exemple) ou des fringues vintage (de l'année dernière, donc) Isabel Marant essentiellement.

Quant aux cocktails, à 12 euros ça freine (un peu) les ardeurs de quiconque a envie de dire un gros fuck au principe même du dimanche soir. Surtout quand on s'aperçoit au bout de quatre gorgées qu'il est fini, en fait y'en a pour 10 euros de glace et 2 euros de rhum.

Mais il n'empêche que malgré mon côté vieille du muppet show qui a toujours un truc à redire, l'atmosphère du Wanderlust est festive sans ostentation, le DJ super bon (niveau sonore absolument parfait après deux mojitos) et de ce qu'on en a vu, les pizzas et autres choses à grignoter assez bonnes (nous on n'était pas là pour se laisser aller, on n'a rien mangé, toujours ça de (pas) pris).

Voilà, l'intérêt d'une cuite à l'heure du goûter, c'est qu'on est rentrées chez nous à 20h45 avec cette étrange sensation de jet-lag, convaincue qu'il était 2h du matin.

C'est là que j'en viens à ce moment un poil embarrassant dans le 62 donc. Alors qu'on descendait avec autant de grâce possible du bus (ce qui consistait essentiellement à ne pas tomber), une jeune femme m'a regardée d'un air entendu avec un grand sourire. Le genre de sourire qui pourrait avoir voulu dire "j'aime bien votre blog". Jusque là tout va bien, vous me direz, plutôt agréable, même.

Oui, si l'on fait abstraction de la conversation ayant précédé cette rencontre fortuite et pouvant avoir eu trait à la difficulté d'envisager la sodomie quand on souffre d'hémorroides. Il va de soi que nous parlions d'une amie (la pauvre) ce que je n'ai pas eu le temps d'expliquer à ma potentielle lectrice, d'où ce petit apparté que vous me pardonnerez.

Edit: c'est fou comme avec un petit coup dans le nez on a tout de suite l'impression d'être promis à un grand avenir artistique. En tous cas entre Zaz et moi j'ai compté on a pris 312 photos pendant les deux heures au Wanderlust et sur le chemin du retour. Je vous en éparge la majorité mais sur le tas il y en a qui reflètent assez bien ce drôle de dimanche. 

* CE QUI EN PROUVAIT L'URGENCE ET LA NÉCESSITÉ, MONSIEUR LE JUGE.

DSC_0196
DSC_0200
DSC_0204
DSC_0206
DSC_0212
DSC_0221


38f13e7a10a111e2b13b22000a1e9e60_7

DSC_0225
DSC_0227
DSC_0236
DSC_0238
(bad hair day)

DSC_0243
DSC_0258
DSC_0265
DSC_0267
DSC_0269
DSC_0272
DSC_0275
DSC_0276
DSC_0287

Go, « Paris, Go » !

Couv
Je suis drôlement excitée. Et ça n'a rien à voir avec une nouvelle collection chez Monop' ou la perspective de manger une part de flan. L'objet de cet état fébrile ? La parution de ce nouveau magazine, "Paris, Go". D'abord, parce que je suis journaliste, sans doute, petite fille d'un imprimeur du Progrès et amoureuse depuis toujours du "café/canard/clope" en terrasse, la naissance d'un nouveau journal m'émeut sans réserve.

Que des gens croient encore à ça, au papier, à l'aventure que représente la fabrication d'un mag, je trouve ça beau et un peu fou. Et puis il faut bien l'avouer, que l'on ait pensé à moi pour y écrire un peu dedans, ça finit de me rendre toute chose. Bien sûr, voir mes articles imprimés c'est quelque chose qui m'est moins inconnu qu'il y a quelques années. Mais là c'est un peu différent. Pourquoi ? Parce que c'est ma première "chronique". Je veux dire, il n'est pas question, là, d'une enquête, d'un "papier", mais d'un billet d'humeur ("tu as carte blanche", qu'il m'a dit mon boss), comparable à ce que je fais ici tous les jours, mais que les gens vont pouvoir toucher, emmener chez eux, laisser trainer sur le siège d'un métro. J'ai l'impression qu'une petite partie de moi va bourlinguer et forcément, ça me touche.

Surtout, outre ma modeste contribution, "Paris, Go", c'est un pari éditorial ambitieux, une volonté de parler de la capitale et de ce qu'il s'y passe sur un ton différent de ce qu'on trouve dans les gratuits existants, souvent plus des prétextes à publicité que de vrais journaux. Ah parce que oui, j'aurais du commencer par là, "Paris, Go", c'est un bimestriel qui ne coûte pas un rond. Comme le dit le rédac chef, volez-le, c'est gratuit. Vous allez me dire, ouais mais on ne va le trouver qu'à Paname. C'est vrai. Mais bientôt il y aura un site Internet et pour l'instant vous pouvez aussi vous tenir au courant sur la page Facebook. (hésitez pas à liker la page)

J'oubliais un truc essentiel. L'une des rédactrices se trouve être Violette. Elle y tient une rubrique mode mais pas que. Et ça aussi ça compte, de faire partie ensemble de l'aventure (on aurait bien aimé aller à Baltard mais on va se contenter de ça pour l'instant). L'occasion de voir se confirmer en plus que sa plume est aussi aiguisée sur papier que sur écran.

Voilà, j'ai envie de dire bon vent et toutes ces choses à ce beau bébé. Dégustez ce premier numéro, nous on bosse déjà sur le prochain, et ça c'est chouette.

Edit: Vous pourrez trouver Paris, Go dans plein d'endroits "qui font Paris" comme dit toujours Violette: bars, clubs, boutiques branchouilles… (ouais même que y'en aura chez Colette, dingue).

Et pour tous ceux qui voudraient un avant-goût, voici donc ma première chronique, avec une photo made by me, s'il te plait. (cliquez sur l'image pour l'agrandir)

Quitter Paris

Ça sera toujours de mon âge

544f95980d3d11e28b0122000a1f8e95_7
J'ai envie de rebondir sur un commentaire d'hier. Pas parce qu'il m'a blessée, il était formulé assez gentiment. Même si d'expérience je me méfie de toute phrase commençant par "ne le prends pas mal", "ce n'est pas pour être méchante", "ne m'en veux pas de ce que je vais te dire" (Et par extension,  "je ne suis pas raciste mais bon…", "c'est pas que je n'aime pas les pédés mais…").

J'ai envie de rebondir, disais-je, sur ce commentaire qui disait en substance que les blousons en cuir passé 40 ans, bof. Plus exactement, "ça fait pupute". 

Je ne le prends pas mal, donc.

Vraiment pas, en plus, je dirais même que faire pupute n'est pas le pire que je puisse imaginer, je crois que je préfèrerai toujours faire pupute que bobonne.

Mais ça n'est pas sur cet aspect péripatéticien que je voulais réagir. Plutôt sur la première partie de la phrase, cette idée selon laquelle passé un âge quelconque, 20, 30, 40, 50, 60 etc, il y aurait des choses qui ne se font plus. Mettre du cuir, donc, se teindre en blonde, en rouge ou en bleu, laisser pousser ses cheveux, porter des shorts ou des mini-jupes, montrer son décolleté ou kiffer les paillettes et le rose. Sans parler de se prendre une cuite, draguer un mec, jouir en levrette, tailler une pipe, ricaner avec ses copines, regarder des comédies romantiques ou encore exhiber ses seins sur la plage.

96c872780d3d11e2a4431231381407ca_7
C'est curieux comme on peut à la fois vivre dans une société où ce qui est jeune est nécessairement beau et merveilleux (ce qui est rare est cher, en même temps, ça se comprend) et s'auto-censurer à ce point dès qu'on a dépassé la soit-disant limite d'âge.

Comme je répondais hier, j'ai passé ces trente dernières années à me prendre le citron tous les matins sous prétexte que telle ou telle tenue me grossissait. Comme si là aussi, il y existait un décret interdisant aux plus de tant de kilos de montrer leur croupe ou leurs jambes.

En prenant de l'âge justement, et probablement en perdant du poids (mais ça avait commencé avant et je ne suis de toutes façons pas sylphide), je suis presque parvenue à me débarrasser de ça. Parfois, je porte des tenues qui ne me flattent pas forcément mais parce que j'en aime le message qu'elles délivrent, ou tout simplement le style. Et en général, je récolte des compliments parce qu'une "pièce forte" comme disent les intellectuels de la moderie fait oublier le reste, d'une certaine manière. Moi même quand une amie "ose", je remarque plus ce qu'elle porte que la façon dont ça lui sied.

Bref, j'ai quasiment réglé ce souci de l'adéquation "poids/style", alors laissez-moi vous dire que je refuse catégoriquement d'embrayer sur ce nouveau problème que devrait me poser mon entrée dans la quarantaine. Premièrement, de nombreuses études faites par des gens très sérieux (Elle, Grazia, Be, Cosmo…) l'ont dit et redit: 40, c'est le nouveau 30. Ha ! 40 ans n'existe pas, la question est réglée, CQFD.

Mais parce que je suis une femme de réflexion, j'ai quand même un deuxièmement. Le deuxièmement c'est que j'ai une mère qui n'a jamais changé sa façon de s'habiller, voire même qui est plus libérée elle aussi de l'outfit aujourd'hui qu'il y a vingt ans, et que je ne me suis jamais dit qu'elle pourrait quand même être un peu plus convenable. Que "faire jeune" n'est vraiment pas une préoccupation pour moi (je ne dirai peut-être pas toujours ça mais en tous cas aujourd'hui ça n'en est pas une), mais me faire plaisir en portant des choses que j'aime comme un blouson en cuir, des chaussures compensées ou des bagues tête de panthère ou de mort*, alors ça, oui. J'aime trop les vieilles dames indignes pour me ranger à 41 ans. J'espère bien porter un perfecto à 80 balais si je vais jusque là et si je n'en porte plus, ce sera pour une raison tout autre que celle de l'âge (genre que je vivrai au soleil et que la seule chose que je supporterai sera un paréo). 

Je crois que ce qui m'a finalement le plus interpellée hier, c'est que ce commentaire ait été formulé à priori par une quadra. Je pense que je l'aurais mieux compris de la part d'une jeunette, parce que c'est le jeu à 20 ans de penser qu'on ne vieillira jamais et de railler ses ancêtres. Mais merde, une camarade de la promo 71, non ! Encore une fois, cessons de nous soumettre volontairement à ce diktat qui veut aujourd'hui que passé 35 ans on soit des seniors indésirables ou priées de la mettre en sourdine. Alors même qu'il nous reste bien 30 balais à bosser pour espérer toucher une hypothétique retraite et que l'espérance de vie ne cesse de s'allonger.

Parfois, les barrières les pires sont celles que nous nous imposons à nous même. Je ne prétends pas que lutter contre les préjugés et le racisme anti-tout ce qui n'est pas mince/jeune/blond/blanc/hétéro est aisé et dépend uniquement de notre bon vouloir. Mais au moins, bon sang, agissons sur ce qui est en notre pouvoir. Jusqu'à nouvel ordre, se saper comme bon nous semble est encore un droit sur lequel aucun législateur n'a eu l'idée de se pencher. Dont acte.

* ces petites choses très charmantes m'ont été offertes par Mia Reva. Mes deux fois vingt ans et moi même, on valide à mort.

Rock and cuir

DSC_0127
Hier ma journée a commencé de la pire des façons. D'abord j'avais mal dormi, une espèce de crise d'angoisse assez rapidement cataloguée par mes soins comme un pré-anévrisme (je vais bien sinon). Réveil la tête dans un étau, avec l'impression d'une montagne à gravir tant j'étais à la bourre pour un rendre un papier qui me tenait à coeur en plus. Et bien sûr, comme il est de rigueur, les emmerdes volant en escadrille, alors que j'avais mis un point final à ce dit papier et que je n'en étais pas mécontente (du papier), mon ordinateur a planté.

Cette seconde où tu réalises que la dernière fois que tu as enregistré c'était… la veille après avoir écrit les dix premières lignes. Et cet espoir insensé qui s'empare de toi quand une fois l'ordi violemment éteint manuellement parce que plus rien ne bouge depuis 1/4 d'h, tu t'apprêtes à le rallumer en t'imaginant que si ça se trouve, si, en fait, tu avais enregistré. (mais en fait, non).

Je passerai sur ces quelques minutes de respiration par le ventre (mon anévrisme palpitait tant que j'aurais pu l'entendre), pour en venir au fait: j'ai du tout réécrire et accepter l'évidence: mon ordinateur est à deux doigts de me présenter sa démission. J'imagine qu'il penche pour l'auto-entreprenariat.

Bref, la journée avait mal commencé et il se trouve que j'avais un dèj de prévu avec Violette et Cécile pour parler boulot (référencement, SEO, influencerie, syndicalisme des indépendants, etc) (compensées, imprimé graou, chemises qui tombent mal, aussi). J'ai failli annuler et puis je me suis dit que parfois avoir des amies, c'est bien utile. Un peu d'astuce et d'espièglerie aussi.

 
DSC_0098

Un hamburger juste à crever de bonheur plus tard, les voilà qui me disent qu'elles ont une bonne idée pour me remonter le moral. Un petit shooting mode. On est comme ça dans la bloguerie, complètement fofolles.

Il faut dire que j'avais mis le paquet sur mon outfit, tout en nuances: robe tête de mort, boots noires et blouson en cuir. Je crois que j'avais envie de faire passer un message.

En vérité ça m'a fait du bien, même si je vous le dis, je n'assume pas du tout la street photographie. Je tire une nouvelle fois mon chapeau à toutes celles qui font ça quotidiennement, moi à chaque passant qui passait (richesse du style, bonjour), j'avais la très nette impression d'entendre des rires étouffés. En fait c'était juste Violette et Cécile qui se moquaient de mes collants en tire-bouchon. Elles n'avaient pas compris que c'était mon twist enfantin, une manière bien à moi de dédramatiser mon côté black sabbath. Elles n'ont rien voulu entendre alors entre deux prises je les remontais (mes collants).

 
DSC_0102

Au bout d'un moment, constatant qu'au niveau de la pose on frôlait le pathétique, Violette a eu cette idée brillante de me faire marcher. Je me suis exécutée, ressuscitant Aldo Macione.

Diptic-1

Voilà, sans rire, s'il y a une combinaison en laquelle je crois dans la vie c'est celle associant une robe un peu légère avec un blouson en cuir qui va bien. ça et le slim/boots/tee.

DSC_0124

Et le blouson en question est un Brooklyn Bridge Factory, modèle Ruby. Je ne le quitte plus, il est léger comme une plume et en même temps se tient vachement bien. On parlait de mes essentials la dernière fois, je crois que j'en tiens un. J'ai hâte qu'il soit tout tanné, tout limé, parce que j'aime bien, aussi, les cuirs limés. Les vins blancs aussi. Limés. J'aime bien. Merci BBF pour ce cadeau.

(sac via Forzieri)

Une drôle de rentrée

DSC_0084
C'est une rentrée étrange. Déjà bien consommée d'ailleurs quand on y pense, mais c'est peut-être là le problème, j'éprouve cette année comme une difficulté à me sentir sur les rails. Comme si j'étais emportée malgré moi par le cours des choses, alors même que je rêverais d'avoir du temps pour me poser un peu, réfléchir à ce qui compte, à ce que je peux désormais refuser sans la peur au ventre de me retrouver sans boulot.

Il est long ce chemin vers la sagesse et la sérénité, je crains qu'il n'ait pas vraiment de fin. Et puis il y a l'intensité de la vie, ces amitiés qui ont toujours compté mais ont pris depuis quelques mois un sens plus urgent. Il y a ces changements qui s'opèrent sur mes enfants, que je sens à la fois si fragiles parfois et si pressés en même temps d'aller de l'autre côté de la rive, celle de l'émancipation mais aussi un peu des boutons… Il y a la petite dernière aussi, dont les mots trébuchent, souvent, comme un signal qu'elle nous enverrait sur la difficulté parfois de se faire entendre, au milieu des résultats de contrôles, des récits de la dernière bourde d'untel, du chagrin d'amour d'une autre, des misères de travail de ses parents ou du loyer à la bourre.

Il y a ce nous qu'il faut protéger, qu'il serait si facile de considérer comme préservé de tout, alors qu'il n'y a sans doute pas plus vulnérable que l'amour qui ploie sous le poids des impératifs du quotidien.

Il y a ces semaines qui filent, ces week-end à Lyon qui nous échappent à cause de ce fichu temps qui passe.

Une drôle de rentrée, avec cette écharde au coeur, rappel de notre insouciance perdue.

Hier, alors que cette équipe de télévision était dans mon salon pour immortaliser mon activité un brin étrange de blogueuse ("on veut vous filmer sur votre lieu de travail, dans votre bureau", m'a expliqué le réalisateur. "Alors venez sur mon canapé", leur ai-je répondu), je me remémorais le pourquoi de ce blog, de ce qui m'avait poussée un après-midi de janvier, il y a bientôt sept ans, à l'ouvrir.

Je me suis replongée dans ces premiers billets et j'ai été frappée par cette intimité que j'y dévoilais, inconsciente de jeter mes mots dans ce qui me semblait alors être le néant mais qui était en réalité bien habité.

Je crois que cette inconscience me manque un peu, ce temps où je bloguais en clandé, sans me soucier de qui me lirait. Et en même temps, ainsi que je le confiais au journaliste hier, ce blog est ni plus ni moins aujourd'hui un prolongement de moi même, un confessionnal virtuel, une catharsis, un catalyseur ou tout autre mot dont je n'ai jamais bien compris le sens mais qui doit plus ou moins vouloir dire que ça m'aide à avancer, à réfléchir, à me réfléchir.

On demande souvent aux "blogueurs" leurs raisons, le pourquoi de cette drôle de manie de s'exposer. Il y en a cent, il y en a mille, des plus avouables que d'autres, des qui relèvent de ce désir presque assumé de célébrité, de ce besoin d'être entendu, reconnu, apprécié. Il y en a une en ce qui me concerne qui n'a jamais changé: écrire et être lue. Celle qui vient juste après et qui en découle est cette ambition un peu utopique de tisser des liens. Merci à vous de répondre à ces deux nécessités.

Edit: photo d'une photo dans ce resto, "Mémère au piano" dans le 11è arrondissement. Un peu cher mais plutôt très bon. On est tous restés en arrêt devant sa beauté sur ce cliché. Marilyn, la seule et unique.

Auto-entrepreneurs, pas de panique

DSC_0089
Bon alors, il semblerait qu'au fil du week-end les informations hyper alarmistes quant à l'avenir du statut d'auto-entrepreneur se soient tassées. Il est aujourd'hui question d'une augmentation des cotisations de 3%, ce qui ne me pose pas plus de problème que la probable augmentation des impôts qui nous pend au nez, en tant que catégorie moyenne supérieure, ou quelque chose comme ça.

Si j'ai pris la mouche – et pourri accessoirement la soirée de vendredi avec les copains – (tout le monde a décrété à la fin que j'étais madeliniste), c'est qu'en effet, je considère que l'auto-entreprenariat n'est pas la pire des décisions prises par le gouvernement précédent. Je suis consciente de la concurrence déloyale que ce statut peut représenter pour les travailleurs indépendants et artisans. Seulement il ne faut pas oublier que pour bénéficier des avantages (des cotisations de 20% versus je ne sais pas exactement combien pour les autres, en effet y'a la question des frais réels qui entre en compte) il ne faut pas dépasser un plafond de 32 000 euros annuels de revenus déclarés (avant cotisations de 20%). Plafond rarement dépassé en l'occurrence vue la moyenne des revenus des AE, de 4500 euros par an environ. Ce n'est qu'une moyenne qui ne veut pas dire grand chose vous m'objecterez, mais quand même un peu. Si on prend la moyenne des revenus des experts comptables ou des avocats on ne tombera pas sur le même chiffre.

Le principal avantage de l'auto-entreprenariat et celui qu'on a pensé être supprimé dans le projet de budget, c'est ce principe du "tu gagnes zéro, tu payes zéro". Alors que les personnes ayant créé leur entreprise, elles, cotisent de manière forfaitaire. Ce qui implique d'avoir une trésorerie et d'être assez sûr de son business avant de se lancer.

Bien sûr, le gros point noir de l'AE, c'est l'utilisation totalement abusive qui en est faite par certains employeurs, lesquels sont bien contents de trouver de la main d'oeuvre qui leur coûte moitié moins qu'un employé. Main d'oeuvre qui peut être lourdée du jour au lendemain, qui plus est et traitée comme de la fiente, vu qu'elle ne relève pas des conventions collectives et toutes ces choses qui donnent de l'urticaire aux  patrons. Mais je ne suis pas certaine là non plus que ce soit un cas de figure hyper répandu. Personnellement on ne m'a jamais proposé ce genre de choses (genre bosser exclusivement pour un client en restant auto-entrepreneur) et je ne connais pas un seul cas parmi les nombreux AE que je fréquente (les blogueurs ont tous adopté ce mode fonctionnement, avant, pour certains, de passer à l'échelon supérieur, pour cause de plafond dépassé). Surtout, ces abus doivent être punis mais côté employeurs, il me semble, pas en privant le million de personnes environ qui se sont saisis de ce dispositif pour essayer de créer leur activité, mettre du beurre dans les épinards ou tout simplement déclarer ce qu'ils faisaient avant au noir.

J'ai bien conscience que cet avis n'est pas le plus à gauche qui soit. Et je suis bien d'accord que le côté "soyons notre propre patron" n'est pas très socialiste. Mais il faut aussi se rendre à l'évidence: dans un secteur comme le mien, il n'y a pas d'embauches. Et si je fais plutôt partie des gens qui n'ont pas à se plaindre et trouvent assez facilement des piges, l'auto-entreprenariat me permet de faire le complément, en effectuant des boulots éditoriaux pour des supports non journalistiques, ne pouvant pas me payer en piges (ces boulots ne représentant pas plus de 50% de mes revenus, condition sine qua non pour conserver la carte de presse). S'il y avait un autre moyen encore plus simple de fonctionner, je prendrais. Ah parce que oui, outre les cotisations plus importantes, ce qui me freine dans l'idée de créer une entreprise, ce sont toutes les procédures qui en découlent. Je rappelle que je ne parviens même pas à payer mes frottis, alors être au taquet de la TVA, de l'URSAFF et autre, je ne me fais AUCUNE ILLUSION. Je crois que c'est ça aussi grandir (en plus de devenir de droite passé 40 ans, je veux dire).

Voilà, donc pour résumer, on a paniqué pour rien ou pas grand chose et l'augmentation des cotisations annoncées ne me pose pas de problème dans un contexte de solidarité nationale, tout le monde doit y mettre du sien. 

Demain je vous parle chaussures et blouson en cuir parce que je ne sais pas vous mais j'ai une migraine avec tous ces sigles…

Edit: les photos je les ai prises hier en fin de journée au parc Kellerman. La lumière y était magnifique, je crois que c'est là que j'ai retrouvé mon esprit socialiste, après un week-end à vouloir libérer les initiatives.

DSC_0098
DSC_0106
DSC_0109
DSC_0115
DSC_0117
DSC_0122
DSC_0128
DSC_0131
DSC_0133
DSC_0139
DSC_0148