
Un petit saut ici avant de prendre l’avion pour Malte. Je suis bien évidemment très très décontractée et le fait de partir avec la Lufthansa ne me pose aucun problème. Juste quelques mots donc, pour vous annoncer que le Vagualame a ouvert boutique sur les quais de Seine et que comme d’habitude on y sert des mojitos proches de la perfection (ceci étant dit vu le prix, manquerait plus qu’ils soient dégueulasses).
J’ai par ailleurs attrapé une sorte de torticolis à force de lever les yeux au ciel pour contempler les cerisiers en fleurs. Je sais que lorsque je reviendrai les trottoirs seront tapissés de pétales et qu’il n’y aura à nouveau plus grand chose à regarder en l’air, mais cette année je crois que j’ai eu mon content de cherry blossoms.
Outre la tonne de boulot abattu depuis lundi pour décoller l’esprit – à peu près – tranquille, si je n’ai rien écrit depuis deux jours ici, c’est aussi je crois parce que cet horrible naufrage ayant causé la mort de 800 personnes au large de la Sicile m’a réduite au silence. Que dire qui ne sonne pas creux, inutile ou naïf ? Comment exprimer ce désarroi, cette interrogation qui me taraude depuis toujours: pourquoi eux, pourquoi nous ? Comment justifier notre politique des frontières quand finalement nous n’avons à notre crédit que l’immense chance d’être nés du bon côté ? De quel droit décrèterions nous qu’ici c’est à nous, un point c’est tout ? Quel est le sens de tout cela ? Comment se regarder dans la glace, en tant qu’européens nantis, pendant que des damnés continuent à mourir dans des cales de bateaux dix fois trop chargés et voués au naufrage ? Bref, croyez-moi, je vois bien toute l’ironie de ces quelques lignes alors que je m’apprête moi même à partir faire du tourisme dans une île à quelques encablures de la Libye.
« Etre né quelque part, c’est toujours un hasard », chantait Maxime Le Forestier. Peut-être que ces jours d’avril, empreints désormais d’une tristesse que le temps n’adoucit pas me font sentir un peu plus douloureusement toute la fragilité et vanité de notre drôle d’existence. Sans doute. Il n’empêche que parfois, on se demande, un peu, à quoi ça rime…
La pleine conscience de tout cela est la preuve de notre humanité. Bonnes vacances quand même 😉
Je ne poste jamais de commentaire ici, pourtant je viens chaque jour lire le site! ,mais aujourd’hui je ne peux m’empêcher de partager la prière laïque d’Erri de Luca, immense écrivain, aux migrants morts dans le naufrage:
Notre mer, toi qui n’es pas aux cieux
Et qui embrasses les rives de l’île
Et du monde, avec ton sel,
Que soit béni le fond de ton océan
Tu accueilles les navires bondés
Sans route sur tes ondes
Les marins pêcheurs sortis dans la nuit
Leurs filets parmi tes créatures
Qui reviennent au matin avec pour prise
Des naufragés sauvés.
Notre mer qui n’est pas aux cieux
A l’aube tu as la couleur du blé
Au coucher du soleil, celle du raisin et des vendanges
Nous t’avons semée de noyés plus
Que n’importe quelle époque de tempête.
Notre mer qui n’est pas aux cieux
Tu es plus droite que la terre ferme
Même quand tu soulèves des vagues hautes comme des murs
Puis les jettes au tapis.
Protège les vies, les voyageurs,
Comme des feuilles sur un boulevard,
Deviens pour eux un automne,
De caresses, d’embrassades, un baiser sur le front,
Aux mères, aux pères, avant de partir
Merci pour ce poème magnifique et bouleversant, et l’écriture d’Erri de Luca…
magnifique poème,merci !
Ces morts ne sont pas incarnés. Ce ne sont que des chiffres. Mais plus depuis que j’ai lu « trois femmes puissantes » de Marie Ndiaye, elle a un prénom.
Depuis, chaque fois que j’entends ce genre d’horreur, je pense à elle.
Oui, moi aussi !
A rien, ça ne rime à rien. On reste sans voix et le coeur douloureux face à de telles tragédies.
Il m’arrive très souvent de me demander la même chose ces derniers temps : à quoi tout çà rime ??
Maxime le forestier le disait très bien : « on ne choisit pas non plus les trottoirs de Manille, de Paris ou d’Alger, pour apprendre à marcher ».
Je me pose souvent la question, comment on peut dire aux gens, restez chez vous avec votre misère votre faim, votre guerre, nous ici on va bien.
Ça a été très difficile d’expliquer à ma fille de 8 ans, qui est très naïve, qui a lu sur la première page du journal, que 800 personnes étaient mortes sur un bateau en s’en allant de chez eux. Pourquoi ils partaient ? Pourquoi ils prennent pas l’avion ?…
Partager notre humanité et nos questions ça n’enlève rien à ces tragédies, ça ne rend pas le monde plus joyeux et plus facile à comprendre mais c’est moins lourd à porter toute ces non sens à plusieurs. Des bises de la bienveillance et un joli voyage…
Bon voyage ma caille, enjoy.
C’est toute l’aberration de nos pays civilisés (de quelle civilisation parle-t-on d’ailleurs? Je ne m’y reconnais plus depuis quelque temps…). Néanmoins, Malte est très jolie et le printemps doit y être réconfortant…
Nous sommes tous désemparés face à ça 🙁
Bonnes vacances loin du tumulte médiatique… Comme je t’envie !! Je ne connais pas Malte, hâte de voir tes photos 🙂
Comme pas grand chose à dire de plus que ce que tu as déjà dit, je me contente de te souhaiter de bonnes vacances, loin des apprentis terroristes du 13eme (et de la pègre, si j’en crois M6).
Fais nous rêver avec tes photos.
*J’ai
Mes gros doigts tricotent sur mon écran
Profitez bien de votre escapade … ! Enjoy !
Ps: et pour ne parles que de choses positives … J ai aussi trouvé cette année que côté floraison des arbres nous avions vraiment été gâté cette année ..je ne me suis jamais autant émerveillée que ce printemps !!! 😉
Et les glycines aussi je rentre tout les soirs au ralenti pour mieux les admirer.
Et les arbres de Judée !
Bonjour Caro,
La consternation et l’inertie du plus grand nombre (moi la première) face à ces drames, l’absence de solutions surtout est terrifiante au plus haut point.
Dans un des derniers romans que j’ai lu (impossible de me rappeler si c’est dans Soumission de Houellebecq, ou dans Vernon Subutex de Despentes), un des personnages évoque un avenir pas si lointain où ce sont les populations de l’occident qui devront prendre ces bateaux de la mort, payer avec les économies d’une vie pour tenter de rejoindre l’Arabie Saoudite, pays-eldorado où il fait meilleur vivre, où un travail peut-être les attend et où une vie peut être vécue…
Etre né quelque part…. mais surtout être né quelque part au mauvais moment…
Sur ces bien noires réflexions, je vous souhaite un très beau séjour maltais (l’autoflagellation n’a jamais empêché les plus démunis de l’être moins, ne l’oublie pas, et profite donc de ces quelques jours au maximum!)
Bises
Bonnes vacances !
Je suis bien entendue atterrée par la situation de ces migrants….
Je te souhaite néanmoins un bon séjour à Malte. Vide toi la tête… bisous
bonnes vacances,hate de voir de jolies photos !
J’ai de plus en plus de mal à profiter sans mauvaise conscience de nos petits plaisirs de privilégiés, les vacances et le reste, alors qu’on devrait sans doute consacrer tout notre temps et notre énergie à trouver des solutions collectives pour soulager les souffrances du monde… Je n’ai pas de réponse à cette culpabilité, et pourtant j’ai passé ma jeunesse à militer et à mépriser tous ces gens autocentrés sur leur petite vie et leurs petits plaisirs… Aujourd’hui, avec les années qui passent, les reniements des uns, les aveux d’impuissance des autres, je me sens les bras ballants, au milieu du monde, … et comme tout le monde, je programme mes vacances, mes achats, ma petite vie aussi minable que celle des autres finalement… sans solution pour sauver le monde, juste essayer de regarder en face la souffrance des autres, celle qu’on imagine à peine… Je reste persuadée que même si nous n’y pouvons rien, individuellement, il suffirait de peu pour que collectivement, on parvienne à changer les choses… Mais c’est ce « collectif », si fragile, si précieux, si dangereux parfois aussi, que plus personne ne parvient à faire vivre… Peut-être qu’un jour on y arrivera… Peut-être qu’un jour aussi je déciderai que ma vie est vraiment vaine ici, et que la consacrerai à aider les bénévoles de Calais ou de Lampedusa qui avec un regard, un soutien, une parole, une aide matérielle au moment où tout fait défaut, adoucissent au moins quelques douleurs… Pour l’instant, je me sens sur un un fil…
merci Lily et Caro d’avoir mis les mots sur ce malaise.
Je crois que je suis un peu hébétée par tout ça. Parce que je sais très bien que si j’étais née là-bas, je tenterais sûrement le tout pour le tout pour aller chercher ailleurs le droit de vivre dignement. Parce que j’aimerais faire quelque chose, mais je ne sais pas trop quoi.
Et sans transition (parce que je n’en trouve pas)… bonnes vacances !
je te souhaite de belles vacances profite et repose toi bien
Pas mieux…
Et parce que ça ne change rien de toute façon, bonnes vacances, profitez-en bien et reviens-nous avec de belles photos et anecdotes dont tu as le secret !
Aujourd’hui tes mots, ce sont un peu les miens. Il y a 10 ans, j’ai vécu un an Angola. Lorsque je suis arrivée dans notre 2 pièces, Francesca était là. Francesca était notre ménagère. Elle venait tous les matins dans notre logement riquiqui faire le ménage, le repassage… Ce jour-là, lorsque Francesca est partie, j’ai pleuré. A 24 ans, je devenais Madame. Pourtant je n’ai pas renvoyé Francesca. On m’a expliqué que ce genre de travail était très recherché et que souvent il faisait vivre toute une famille. Alors que faire ? Je suis restée bête du haut de mes 24 ans. Et Francesca est restée. Et puis il y a eu les découvertes, les bidonvilles de taules et de terre accrochés aux collines, les malades de la polyo aux feux rouges qui marchent sur leurs fesses, les petits vendeurs de pains hauts comme trois pommes qui slaloment entre les voitures aux heures de pointe. Parallèlement à l’école française,j’y étais instit en cp, mes petits élèves m’apprenaient que c’était « leurs chauffeurs » qui venaient les chercher. Gloups ! Alors tous les soirs, alors que les lumières de la ville scintillaient entre deux pannes de courant et que résonnait le ronron des générateurs, trottait dans ma tête cette petite mélodie « Etre né quelque part… ». A mon retour, on m’a trouvé changée, surtout ma mère. J’étais une adolechiante quand je suis partie. Aujourd’hui, je suis maman de deux enfants, j’ai 35 ans et je m’apprête à partir à nouveau. Les opportunités, les offres que l’on ne refuse pas, tout ça. Cette fois, « en famille », on nous promet la villa, le chauffeur et bien sûr la ménagère. Cette fois, ce sera dans un pays francophone, plus calme. Alors j’espère juste arriver à être respectueuse, à garder mon humilité, moi qui ne suis pas « bien née » mais déjà née française, parce que oui, être né quelque part, c’est toujours un hasard.
J’habite en Italie, à Rome. Avant-hier, par hasard je tombe sur une manifestation pour les migrants, après le drame, donc. 200 personnes à tout casser (ce qu’il y a de meilleur dans la société Romaine, quand-même, mais bon), peut-être autant de policiers. Pendant ce temps la Ligue du Nord multiplie les annonces plus fachos, proposant un « blocus » sur tous les bateaux, et d’autres propositions plus réjouissantes les unes que les autres, qui provoquent une indignation molle et modérée, parce qu’au final, nous sommes en Europe une forteresse, et ces morts sont loin, et la souffrance, jusqu’il y a deux jours, restait aussi à distance. (il y a un très beau livre de socio de Luc Boltanski qui s’appelle la souffrance à distance là-dessus).
Parce que finalement, l’Italie a décidé d’arrêter le programme Mare Nostrum, qui visait en premier lieu le sauvetage avant la sécurité. Le nouveau programme, Triton, surveille, et bloque (pardonnez mes connaissances vagues). Edwy Plenel, ce matin sur France Culture (qui fait quand-même une super matinale) le répétait: 1 mort sur 50 (je crois) du temps de Mare Nostrum; 1 sur 14 (1 sur 14 putain!!) avec Triton.
Je ne pense pas que ce soit à nous, individus, de sauver ces gens, comme le disait Lily59. Tous les jours, les gens en Sicle, en Calabre, dans les petites îles, recueillent les gens, leur donnent à manger, parfois aussi du travail, mais aussi voient leur côtes se transformer en cimetières géants. Ce sont des décisions politiques qui doivent être faites, et pour le moment, elles sont plus nulles les unes que les autres (ne parlons pas du chaos en Libye et de la situation des migrants et candidats au départ là-bas qui s’est nettement dégradée – euphémisme pour parler de l’enfer – depuis la guerre).
Ce qui me fait le plus mal c’est que les politiques (et je pense là à Renzi) trouvent une situation insupportable alors qu’ils ont contribué à la créer (En arrêtant le programme, que l’Italie était malheureusement la seule à porter, mais qui protégeait des gens), et que je ne peux pas penser que les autorités, nationales et européennes ne savaient pas ce qui allait se produire. Mais quel cynisme! Ce qui me fait le plus mal, c’est que Samedi ou Dimanche dernier, 400 migrants sont morts de la même façon, ce qui porte à 1100 morts en une semaine. On juge d’une situation qu’elle est insupportable à partir du nombre de morts, comme si un « seuil » réveillait les gens et nous les rendaient plus proches, alors que ça dure depuis des années.
En faire une situation d’urgence humanitaire ne règlera rien, parce que cela crée seulement de la compassion. C’est important la compassion, mais en attendant, ce qu’il faut, ce sont des actions politiques. Peut-être que notre émoi permettra un demi pas politique, mais en attendant la situation me semble inextricable.
Pardonnez-moi mon coup de gueule, mais merci Caroline, parce que finalement, ici c’est un lieu où l’on peut dire et s’exprimer, avec l’impression d’être entendu.
Merci pour ce coup de gueule!
Oui, bien sûr qu’il y a une question du « seuil », mais aussi de nationalités des victimes. La lutte contre Ebola en est un autre parfait exemple : tant que seuls des pays Africains étaient touchés, les Etats occidentaux ne s’en sont pas préoccupés. Quand il y a eu un cas en France et aux USA, d’un coup les renforts ont été envoyés. Et de nouveau maintenant que les pays riches se sentent « à l’abri », plus aucun d’entre eux ne communique sur le virus (ce qui laisse penser qu’ils ne s’investissent plus.)
Mais c’est pareil pour les jeunes filles enlevées au Nigéria, et les étudiants massacrés au Kenya. Si de tels faits s’étaient produits en Allemagne, en France ou en Espagne, les retentissements et les indignations auraient indubitablement été autrement plus forts.
Etre né quelque part…
« Que l’Italie était seule à porter »…le voilà bien, le problème, le terreau de la ligue du Nord : l’absence politique.
Pas de commentaire non plus sur la tragédie, je ne me sens pas capable d’écrire quelque chose qui ne soit pas naïf ou vain (même si certains y arrivent bien dans les commentaires et je trouve ça beau).
Vivement les photos de Malte, tes billets vacances me plaisent toujours !
Caro, je t’invite à lire le roman de Laurent Gaudé « Eldorado » qui traite le sujet, des deux côtés de la barrière.
Ce livre est sorti il y a près de 10 ans et par le plus grand des hasards je l’ai lu et terminé la semaine dernière. Cette lecture m’a bien remuée et évidement, avec ce tragique évènement, cela résonne encore plus en moi.Bien que le sujet ne soit pas léger, le format poche du bouquin est parfait pour une valise et un trajet en avion 🙂
Je te souhaite de belles vacances !!!
Je confirme un livre magnifique et subtil
L’impuissance combinée à la tristesse est terrible je trouve.
En tant qu’européenne j’ai comme beaucoup le sentiment de culpabilité, celui du passé bien sûre, mais surtout celui du présent. puisqu’en dehors de donner régulièrement à MSF et autres je ne fais rien…
Mais savoir que nous sommes nombreux à ressentir çà a un côté rassurant, l’humanité n’est pas morte en France malgrès tout.
je travaille dans un centre d’herbergement mère-enfant. Nous accueillons quelque femmes sans papier, qui ont fuit leur pays pour diverses raisons qui sont les leurs et que je ne juge pas. Le coût d’accueil pour une dyade est de 300€/jour (c’est nos salaires qui coûtent le plus cher car nous sommes 30 pros pour un accueil de 17 mères)). Nous leur fournissons le logis, la nourriture et un petit carton mensuel de produits d’hygiène pour elle, leur(s) enfant(s) et l’entretien de leur petite chambre (environ 18 m² pour elle et 1 enfant, le double si elles ont 2 enfants). Par mois, donc, cela coûte au conseil général (qui est donc mon employeur et cautionne l’accueil de personnes sans papier, sous le coup d’une reconduite à la frontière…. cherchez l’erreur) : 9000€!! Elles sont toutes si courageuse, je les admire, elles bossent (au black), elle reprennent des études pour les plus jeunes, elles se battent et élèvent leurs enfants de manière très correct au regard de leur difficulté de vie, avoir abandonné leur pays, leur famille avec la certitude de ne jamais les revoir, certaines arrivent là et ne parlent pas un mot de français, la communication est difficile, surtout quand il faut les soutenir avec leur bébé qui vient de naître….
Elles on sûrement pris elles aussi un de ces bateaux et payer de leur corps (pour certaines) pour rembourser le passeur des sommes indécente (une nous a dit avoir donné plusieurs dizaine de milliers d’euros! j’imagine même pas le nombre de passes qu’elle a dû faire, je préfère pas compter, ça va me donner la nausée).
Comme me l’a dit une de ces mamans : avec 9000€; ce que je « coute » à la France, il ferait mieux de me donner mes papiers, demain je trouve un boulot (car évidemment elle rechigne pas à se lever très tôt pour nourrir leur enfant), un appart et je coûterai plus rien et vous pourrai utiliser cet argent pour autre chose.
Alors oui, comme me le disent certaines : « vous avez de la chance d’être née en France. » Elles sont si reconnaissante de ce qu’on fait pour elles… et pourtant on aimerait faire plus encore.
Merci Caro de résumer aussi bien ma pensée…
Tout à fait.
Ici, j’ai bien du mal à répondre aux questions des enfants concernant ce naufrage.
Déjà, l’année dernière, ils se demandaient pourquoi en France il n’y avait pas de maison pour certains de leurs camarades qui dormaient dans la voiture de leurs parents, à défaut d’avoir un titre de séjour et un appart.
« Est-ce que c’est pas mieux d’avoir une maison dans leur pays, maman ? »
Ben, faut croire que non si on est prêt à mourir pour venir vivre « chez nous ».
En tout cas, je te souhaite un très bon vol et de très belles vacances !
Très belle photo qui contraste ou plutôt qui adoucit les pensées que tu exprimes ensuite.
Je te souhaite de passer un beau moment avec ton amoureux.
Je te souhaite de bonnes vacances, profite bien de Malte.
Pour le reste, je n’ai pas de mots, moi non plus…
La lecture du roman Eldorado de Laurent Gaudé a été bouleversante…
Tout comme la touchante chanson de Francis Cabrel, African Tour, que je ne peux écouter sans avoir les yeux qui se trempent de larmes…
http://www.jukebox.fr/francis-cabrel/clip,african-tour,8×008.html
« Si on me dit, c’est chacun chez soi
Moi je veux bien, sauf que chez moi
Sauf que chez moi y’a rien »
Je me sens tellement impuissante.
L’idéal serait que l’argent donné à l’Afrique ne soit pas détourné par les dictateurs qui se construisent des palais. Mais comme l’Occident est complice, les peuples continueront de souffrir. Nous, à notre modeste niveau nous ne pouvons que constater et nous révolter devant nos TV.
Le sujet des migrants est à mon avis complexe et mèle politique extérieure, politique économique européenne, et politique mondiale vis à vis de l’Afrique. Je suis toujours étonnée que le continent africain n’arrive pas à se développer économiquement : m’est avis qu’on l’aide à rester dans sa misère…
Du coup, que faire à notre échelle à part se sentir impuissant ?
Peut-être être conscient de ce que l’on a, que ce n’est pas un dû mais une chance.
Avoir conscience de notre immense chance, et aussi de la fragilité de notre vie, c’est déjà quelque chose, même si c’est très peu… Une main tendue, un peu d’argent envoyé à des associations, refuser les votes extrèmes …
Nous aussi allons partir pour Malte dans une semaine, histoire pour moi d’oublier aussi les cures de chimio qui me permettent de lutter contre une leucémie…
Repose toi bien!!!
Courage à toi… Prends des forces de soleil et de beaux paysages…
Bon courage, des pensées.
Même si je choisis de me désinformer, ces nouvelles arrivent jusqu’à moi et me confortent dans cette vision du monde qui n me convient pas et me fait tellement mal…
Qui sommes nous pour ériger des murs autour de notre confort indécent? Qui sommes nous pour leur refuser le pain que nous jetons sans y penser? Où est notre humanité? Les Droits de l’Homme sont ils différents de l’autre côté de la Méditerrannée? Qu’aurions nous à perdre à leur ouvrir les bras?
(A mon boulot, on collecte les valises, matériel de puériculture, jeux, vêtements, pour redonner une dignité à ces arrivants, qui ne tienne pas dans un sac en plastique…)
Soyons conscients de notre chance, de la fragilité de cette vie et tendons la main aux autres…
J’ai longtemps rêvé d’aller à Lampedusa, j’aimais regarder des photos de ses paysages, du bleu de ses rivages, j’imaginais le vent, la sécheresse du climat
Ce qui était un rêve pour moi est un vrai cauchemar pour des centaines de gens qui y sont parqués, quand ils ont eu la chance de ne pas mourir noyés en mer.
Alors, oui, depuis très longtemps, en fait depuis la fin des années 70, lorsque j’ai lu « Ainsi soit-elle » Benoîte Groult* je sais que j’ai eu l’énorme chance de naître au bon endroit
Bel après-midi
* à lire, bien sûr, si ce n’est pas déjà fait
Tu vois Caro,
moi j’enseigne le français à ceux qui ont survécu,
Je les admire beaucoup.
Et à ceux qui disent que nous ne pouvons pas absorber toute la misère du monde,
que nos choix politiques contribuent à alimenter,
je réponds bullshit :
l’immigration clandestine en Europe, c’est guère plus de 300 000 personnes par an.
C’est rien.
Surtout qu’ils ne viennent pas tous en France.
Oui, on peut gérer.
C’est simple :
s’ils étaient en sécurité chez eux, en sécurité économique aussi,
ils ne viendraient pas ici.
Et c’est indigne de ne pas leur porter secours.
« quand finalement nous n’avons à notre crédit que l’immense chance d’être nés du bon côté ? De quel droit décrèterions nous qu’ici c’est à nous, un point c’est tout ? »
Tu mets les mots EXACTS sur ce que je ressens. Merci.
j’ai entendu cette chanson de Clarika il y a peu :
https://www.youtube.com/watch?v=0SF9pMjfrp
je trouve que l’écouter de temps en temps ça aide juste à se reposer la question : »d’accord je suis née du bon côté, mais j’en fais quoi de cette chance ? »
J’aime aussi que dans tes billets tu nous parles avec élégance de ces tragédie , juste parce que moi, là, je suis en vacances , je ne regarde pas les infos , et j’étais passée à côté. Ma grand-mère priait Dieu et ses saints, certains envoient des ondes positives (!?) , j’essaie de me sentir concernée , de me représenter ces 800 personnes et de les avoir à mes côtés dans ma vie de nantie. Merci Caro (ça faisait longtemps que j’avais pas commenté, mais je te lis assidûment…pfff même en vacances !)
la chanson de Clarika c’est « bien mérité » vu que je suis une quiche, le lien n’a pas marché.
J’ai moi aussi tout de suite pensé à la chanson de Clarika qui dit avec des mots tout simples ce malaise qu’on ressent face à ces situations. Mes filles adorent cette chanson mais quand elles étaient plus petites je craignais qu elles prennent au 1 er degré le « t’avais qu ‘ à naître en France »
« Deo gratias », c’est ce que je me dis chaque jour…parce que je mesure ma chance et celles de mes enfants…ça ne changera peut être pas grand chose pour les personnes en face de nous mais ça a au moins le mérite de reconnaître le bonheur que nous avons de vivre dans la sérénité …et de ne pas l’oublier!
Que tes mots sont justes Caro ! Je te souhaite de belles vacances quand même à Malte (suis impatiente de vivre un peu le truc par procuration j’avoue car les infos ne peuvent pas décemment me faire sentir à l’aise dans mes baskets non plus). Des bisous.
Moi je me sens en colère… parce que dans beaucoup de pays d’où viennent ces personnes les chefs d’état sont des dictateurs qui vivent comme des nababs, et le mot est faible, se remplissent les poches, détournent l’argent de l’aide humanitaire (je me souviens de Bob Geldorf et sa chanson pour l’Ethiopie, des millions de dollars récoltés) pendant que leur peuple crève de faim…
Tristement en colère…
Comme je fais partie des chanceux qui ont des enfants j essaie de leur montrer que notre vie ne vaut que par son impact sur notre petit puis grand monde… savoir lire, ecrire, nager et jongler n a de sens que si on fait attention aux autres autour de nous… le papier par terre, la personne qui est differente et que l on respecte tout autant que ceux qui nous ressemblent, l amour de la compassion et l espoir …
J ai fait de belles etudes mais jamais on ne m a pousse a rendre aux autres la chance que la vie m avait donne… alors mes enfants ne seront certainement pas des tiger kids mais je fais de mon mieux pour en faire des etres humanises capable de se mettre a la place des autres… des citoyens et pas des robots programmes a avoir un boulot.
peut etre que eux auront les clefs … puisque nous nous ne les avons pas encore trouver…
Hier soir , chez Taddei, j’ai aimé les réflexion de Fatou Diomé, j’ai aimé son dynamisme, son humour, sa repartie et son espérance!
Moi aussi j’ai du mal à comprendre notre fonctionnement sur cette planète où le hasard reste quand même au départ l’origine de notre condition.
Passe de douces vacances…
J’ai suivi vos conseils et ne le regrette pas : « Des gens biens » est une pièce très agréable. Ma Petite Chérie de bientôt 15 ans s’y est un peu ennuyée; néanmoins je pense qu’elle en gardera un bon souvenir. Merci.
bonjour, c’est mon premier commentaire ici, et je le laisse car je lis beaucoup d’émotion et en même temps un peu de fatalisme ou de désenchantement, alors que nous avons le pouvoir de faire changer les choses, en restant vigilants lors de nos achats et quelles multinationales nous soutenons à travers notre consommation (qui spolie les subsahariens de leurs terres et donc les prive d’agriculture vivrière pour produire des agrocarburants?? qui assèche des régions entières du sous continent indien pour fournir de l’eau à certaine usine de soda ? qui exploite des enfants ou condamne ses ouvriers chargés de sabler les jeans et qui en meurent ? idem pour les produits qui arrivent masqués des territoires occupés illégalement par Israël; nous avons le choix de ne pas participer à ces violences économiques et humaines; outre les manifestations physiques comme les cercles de silence, les pétitions (par ex via Amnesty Intl) et surtout les courriers à la multitude d’élus divers qui sont sensés nous représenter; nous avons la possibilité leur faire savoir nos besoins, nos choix, et de connaître leur vote (et leur présence ) aux assemblées, ils ont des sites/blog où nous pouvons nous exprimer, alors ne nous gênons pas; il est démontré qu’on peut les faire plier par le nombre, ni nous ni les naufragés n’auront rien à y perdre (enfin avec la nouvelle loi sur le renseignement pitete.. mais ceci est une autre histoire…)
J’ai 62 ans, depuis une vingtaine d’années, je ressens vraiment le besoin de m’engager de plus en plus car la violence subie par tous ici et là-bas m’est devenue intolérable et je ne conçois pas de rester à râler sans agir (j’ai bac+40 en râlage et un diplôme de casse-bonbon garanti).