Elle s’appelait Mireille

Elle avait échappé à la rafle du Vel d’hiv. Elle s’appelait Mireille Knoll. Elle avait 85 ans et a été poignardée et brûlée. Parce qu’elle était juive (c’est du moins ce que l’enquête semble montrer). En 2018. La même semaine, un homme s’est sacrifié pour sauver la vie d’une femme. Lui aussi a manifestement été poignardé, au nom d’une cause qui n’a aucun autre sens que semer le chaos. Ces deux crimes se télescopent cette semaine et me laissent sans voix. Je sais bien que la barbarie a toujours existé, que notre société est sans doute moins violente aujourd’hui qu’elle ne l’était il y a des centaines d’années. Mais j’ai cette sensation angoissante et oppressante d’assister impuissante à la montée d’un obscurantisme contre lequel personne ne peut rien. Une résurgence de vieux démons que nos grands-parents pensaient disparus avec la chute d’Hitler, une montée des intégrismes qui se nourrissent allègrement sur la bête de la misère sociale.

Il n’est pas question de chercher des excuses, mais sans doute devons nous nous acharner à comprendre pour tenter d’apporter des réponses. Pour essayer de faire en sorte que les enfants d’aujourd’hui ne deviennent pas les bourreaux de demain. Ces tueurs fous, qu’il s’agisse des auteurs de massacre dans les écoles américaines ou des terroristes qui sévissent un peu partout dans le monde, ont été un jour des gamins potelés qui apprenaient à marcher, à balbutier, qui riaient quand leur mère jouait à cache-cache avec eux. Cela semble peut-être un peu niais dit comme ça, mais c’est une pensée qui me taraude à chaque fois. A quel moment cela bascule ? A quel moment devient-on cette personne pour qui l’humain n’a plus de valeur, capable de tuer de sang froid une femme chétive et sans défense, un policier tentant de négocier la vie d’otage, un boucher derrière son comptoir ? A quel moment l’empathie, ce sentiment qui nous différencie des animaux (et encore, à ce niveau là on peut s’interroger, certains animaux sont probablement mieux dotés) disparait de ces sombres esprits ?

Questions sans réponses ou au contraire qui en appellent trop. Sentiment d’exclusion, victimisation, racisme, pauvreté, j’imagine qu’il y a des explications. Aucune cependant ne me parait suffisante.

En attendant, j’ai trouvé cette interview du philosophe André Comte Sponville assez éclairante. J’aime ce qu’il dit de l’héroïsme et de la générosité. Tentons de chérir la générosité.

92 comments sur “Elle s’appelait Mireille”

  1. Margaux a dit…

    à quel moment tout bascule, à quel moment décident ils qu’une vie vaut moins qu’une autre au nom d’une croyance?
    Comment en 2018, avec les informations, les cours d’école sur notre passé, nos 1ère et 2eme guerres mondiales, les hommages rendu à toutes ces victimes, comment on peut encore oser tuer, assassiner de sang froid, ces personnes, qui non juste pas le même mode de vie qu’eux? Beaucoup de questions sans réponse. La bêtise, le manque d’intelligence pour pouvoir réfléchir par sois même.
    Au début je me disais peut être un manque d’amour dans leur famille. Ces gens ont trouvé quelqu’un qui les ont écouté, épaulé, aimé et petit à petit se son fait endoctriner.
    Mais cette question restera toujours comment décide t on de devenir un tueur.

    Je suis devenu maman y’a maintenant 14 mois pour etre exacte, d’un joli petit garçon. Ma première crainte, moi qui suis féministe, est que mon petit garçon ne respect pas les femmes, devienne un matcho, une personne qui siffle les filles dans la rue…mais maintenant aussi je me dis comment faire avec tout ça. Comment faire pour qu’à l’adolescence il ne dérive pas, que ses fréquentations ne l’amène pas du mauvais côté.
    Bref beaucoup de questions, il est 7h06 et pour l’heure j’ai décidé que j’allais l’aimer, le bouffer d’amour et lui apprendre le respect, l’amour et la bienveillance.

    Bonne journée Caro et merci

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  2. Nan a dit…

    Merci Caroline pour ces mots.
    Je me pose les mêmes questions depuis les assassinats de Toulouse, comment un hommes qui a grandi en France avec nos enfants à pu abattrde des enfants devant leur école ?

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    • Elsouille34 a dit…

      Saura t’on un jour si ce sont des malades mentaux ou des gens qui ont vrillé… mais avec nos esprits « rationnels » on essaie de leur trouver une excuse…car s’il n’y en avait pas ce serait encore plus effrayant

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      • sylvie a dit…

        je pense au contraire qu’ils n’ont pas d’excuse et qu’il n’y a surtout pas d’excuse à leur trouver. de toute façon, ces « actions » ne sont pas excusables pour moi. oui ils ont vrillé comme tu dis. au nom d’une religion, d’une idéologie. et c’est pour ça que c’est et que cela restera effrayant !

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  3. Fred b a dit…

    Ces derniers temps, je pense souvent à la chanson de Pierre Perret « la bête est revenue »… Et ce qui me terrifie de plus en plus , c’est qu’il y a bien longtemps qu’il n’ a pas eu autant de malades à la tête de grands pays. J’ai peur que l’Histoire se répète.

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  4. Nathalie a dit…

    Merci pour ton texte, c’est ce qui me rassure, de trouver dans les autres, le même questionnement. Ne pas s’habituer…
    mais pour l’absence d’empathie, je me demande si notre société ne nous pousse pas à l’absence d’empathie… les infos tv sont souvent faites pour susciter plus d’émotion que de réflexion, les images des clips, des jeux videos, une partie de la population n’a que ce repère. Je regarde très peu la tv mais quand ça m’arrive, je suis atterrée par le néant que j’y trouve. nos enfants sont ils invités à la réflexion, à l’esprit critique, à remettre en cause des idéaux, à contrebalancer certains discours ? Comment a grandi le jeune qui a tué Mireille Knoll ? La notion de « vieux démons » hélas n’est pas admissible par une partie de la population, trop jeune, trop coupée de cette Histoire, trop enfermée dans ses propres références.En même temps, c’est assez malhonnête pour moi de dire ça, j’ai toujours tout fait pour que mes enfants aillent dans un collège avec moins de mixité sociale…enfin, Caro, merci pour ce texte qui encore une fois, me pousse à réfléchir.

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  5. Soa a dit…

    A quel moment tout bascule ? Cette même question me taraude chaque fois qu’un événement se passe : un enfant qui a ses propres parents comme bourreaux, une dame âgée et sans défense qui toute sa vie aura été poursuivie par cette haine des juifs pour, alors qu’échappée des camps de concentration est assassinée en 2018 parce que juive !! ces monstres en tous genres qui ont besoin de sang, de souffrance, pour s’accomplir …
    Ma toute petite idée, je l’ai écrit ici http://carnetd-humeur.publicoton.fr/l-enfance-13145402
    Une toute petite idée, un début de réponse pour moi. Qu’en penses-tu ?

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    • Béa a dit…

      Quand et pourquoi a-t-il basculé ? Ton commentaire me fait penser au livre d´Éric-Emmanuel Schmitt « La part de l´autre » où il écrit parallèlement deux biographies d´Hitler : la réelle (celle du dictateur) et une fictive où Hitler est admis au concours d´entrée de l´Académie des beaux-arts de Vienne (celle de l´artiste qu´il aurait pu être).

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    • HeLN a dit…

      Je vous recommande de lire « pauvre petit garçon », la nouvelle de Dino Buzzatti (pardon si cela a déjà été dit dans les comm’ je n’ai pas tout lu)

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      • Mel (une autre) a dit…

        C’est une excellente nouvelle, comme toutes celles qu’il a écrites d’ailleurs (Dino Buzzatti est un grand auteur, je suis heureuse de le voir cité ici !).

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        • HeLN a dit…

          Découvert grâce à mon prof de français de 3eme il y a … quelques années donc, cette nouvelle avait été une grande claque pour moi. De celle qu’on n’oublie pas !

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  6. Anna Chiarra a dit…

    Comme souvent Caro, ce que tu écris reflète parfaitement ma pensée du moment. Je n’arrive pas à m’enlever de la tête le destin de cette femme et celui de cet homme…

    J’ai juste envie de souligner quelque chose de positif : dans ces 2 événements horribles, pour une fois, on se souviendra des noms des victimes. On a beaucoup plus il me semble les visages de Mireille et d’Arnaud que ceux de leurs assassins.

    Maigre consolation mais on s’accroche à ce que l’on peut !…

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  7. Smouik a dit…

    On connaît toutes cette phrase célèbre de Simone de Beauvoir « N’oubliez jamais qu’il suffira d’une crise politique, économique ou religieuse pour que les droits des femmes soient remis en question. Ces droits ne sont jamais acquis. Vous devez rester vigilantes votre vie durant. »
    Je pense en fait que cela s’applique à tout ce qui est synonyme de liberté et de droits. Des femmes, des communautés, d’aller et venir, etc. La liberté est pour beaucoup un grand danger, une menace. Ajoutons à cela une bonne dose d’idéologie, de recherche de pouvoir, d’argent et le cocktail devient explosif aux répercussions monstrueuses.
    Oui je sais, c’est un immense raccourci et on peut débattre à l’infini de toutes les raisons qui peuvent mener des individus à l’innommable.
    L’éducation est certainement un des leviers les plus puissants pour lutter contre l’obscurantisme mais là encore, chacun est certainement toujours convaincu de faire au mieux.
    Je ne sais pas quelles sont les solutions, certainement aussi multiples que les causes. Alors oui, restons vigilantes et faisons ce qui nous semble important de faire quand on le peut.

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    • DOMINIQUE a dit…

      A propos d’éducation, un jour une responsable du planning familial a dit qu’il ne fallait pas baisser la garde : les jeunes filles ont toujours besoin de connaître les méthodes de contraception quand elles ont 14/15 ans. Ce n’est jamais acquis, il faut toujours revenir de génération en génération sur ce sujet.
      Rien n’est jamais acquis.

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  8. Sophie a dit…

    Merci pour ce billet oh combien important.
    Il m’arrive aussi de chercher des réponses mais je ne comprend pas ou bien si, et là, ça fait peur.
    Il y a 15 ans, j’ai mis au monde une merveilleuse Salomé.
    Je ne rapporterais pas ici tous les commentaires désobligeants – je reste polie – que nous avons eu.
    Je citerais 2 exemples.
    Nous sommes en 2005, j’appelle ma fille et là, une personne d’un âge certain fait un commentaire avec un mauvais regard.
    J’en entend une partie et me rapproche de lui pour lui demander de répéter.
    Et là, bien fort, devant tout le monde, sans la moindre gêne, j’entend, c’est pas avec des prénoms pareils que le monde va aller mieux. Oups…..
    2017, ma grande fille est en terminale.
    En plein cours, une élève dit tout fort, ils sont juifs, sa sœur s’appelle Salomé.
    Oui, 2017, hier, demain.
    Ca continue et ça continuera encore.
    Bonne journée à tous

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    • Geneviève a dit…

      Ma fille s’appelle Marine, elle a 30 ans dans 15 jours.
      TOUTE son enfance, elle a souffert de ce prénom que beaucoup associent à une femme politique (dont ce n’est pas le prénom d’ailleurs).
      Au TRAVAIL, dans un milieu culturel normalement pas stupide, elle a subi pendant les 3 premiers mois des réflexions pénibles (elle en pleurait le soir).
      Je comprends tout à fait ce que tu veux dire pour ta fille Salomé, c’est très moche, c’est stupide…
      Ce que je vois, moi, c’est que les jugements vont à tort et à travers et viennent de tous les côtés… Le manque de bienveillance est alarmant, la bêtise se répand…

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    • La maîtresse poule a dit…

      J’ai choisi il y a 18 ans d’appeler ma fille Leïla. Parce que j’aimais ce prénom simplement. J’ai eu souvent des commentaires désobligeant, et cela n’a fait que conforter mon choix. Oui j’aime ce prénom pour sa sonorité mais j’aime aussi finalement ce qu’il dit de moi à autrui, et j’ai appelé mes fils Liam et Lino !

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    • BMF a dit…

      J’ai vécu pratiquement l’inverse..
      Je suis la maman d’une petite Inès , il se trouve que je suis blonde ( grise??) aux yeux bleus et ma fille est une adorable brunette aux yeux marrons..
      Bref un jour à la piscine, dans la cabine j’ai du lui dire un truc du style » Allez Inès on se dépêche »
      Lorsque nous sommes sorties un papa vraisemblablement d’origine maghrébine m’interpelle en me demandant  » c’est votre fille?? vous l’avez appelée Inès? » Je vous assure que j’ai vu dans ce regard une gratitude qui m’a fendue le cœur, comme si d’avoir choisi ce prénom aux sonorités aussi bien maghrébines qu’espagnoles était le signe que ce mot bien galvaudé de « vivre ensemble » pouvait ici prendre tout son sens.
      C’est une histoire que je trouve à la fois jolie et un peu tristoune..

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      • Sophie a dit…

        Du tout.
        J’aime, je sur aime tout simplement ce prénom.
        Et je vais aller plus loin, vu les réactions, c’est devenu pour moi une fierté d’avoir appelé ma fille Salomé.

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  9. Geneviève a dit…

    C’est ça… A quel moment ça bascule ?
    Je travaille avec des enfants et, à la sortie de l’école, je suis souvent choquée par des comportements ( 5 ou 6 enfants contre un seul, » petites  » méchancetés quotidiennes, « petites » injustices des adultes ou au moins ignorance de ces situations…)
    L’atmosphère générale n’est pas bienveillante…

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    • AnneSo a dit…

      Je confirme, même si ce n’est pas « politiquement correct » de critiquer des gamins: certains enfants dès 8/9 ans ont déjà une mentalité abjecte, ils sont d’une arrogance insensée et les adultes ne doivent pas les reprendre, crime de lèse-enfants rois. Tout tourne autour du moindre de leur pet de travers, les parents pensent toujours que les enfants des autres sont mal élevés et sur-psychologisent et soutiennent les leurs. C’est chacun pour sa gueule aujourd’hui, on a des droits mais pas de devoirs.

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        • Geneviève a dit…

          Je ne « juge » pas les enfants… Ils sont souvent l’écho de ce qui se dit ou se vit avec les parents.
          je trouve simplement (et tristement mais c’est peut être une idée fausse) qu’il n’y a plus vraiment de solidarité, de soutien entre des amis de classe…
          Je suis naïve sans doute

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  10. Marieal a dit…

    Merci pour ce texte.
    Je ne sais pas quand ça bascule mais je crois que la vigilance doit être notre leitmotiv, je crois qu’on doit collectivement veiller à notre société. Parce qu’il y a en plus régulièrement des remparts qui sautent en ce moment:
    Quand on voit un doyen de faculté de droit justifier l’extrême violence entre étudiants, et s’en réjouir, je suis inquiète…
    Quand on voit un ancien candidat à une élection de la République clamer sa haine des gendarmes en appelant au meurtre et à l’apologie du terrorisme sur la mémoire d’un de ses camarades de lutte, je suis inquiète…
    Tout ça la même semaine que ces 5 meurtres ignobles commis au nom d’une religion.
    Heureusement ces deux là ont été rappelés à l’ordre et sanctionnés mais il faut être vigilants collectivement.

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    • La maîtresse poule a dit…

      Pour en revenir à ce qui s’est passé à Montpellier c’est même pire que de se réjouir de violences entre étudiants. Ce ne sont pas 2 groupes d’étudiants qui se sont affrontés c’est un commando d’une quinzaine de personnes cagoulées qui sont venues déloger des étudiants qui n’étaient pas virulents et qui n’avaient d’autre volonté que de défendre leurs droits et leurs valeurs. Et il reste quand même un gros flou sur la façon dont ils ont pu rentrer dans la faculté.

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  11. Sibylle a dit…

    Merci pour ces questions essentielles. Je suis toujours choquée, dans les procès d’assises, que l’on ne cherche pas plus à remonter aux origines des comportements violents, qu’on ne tire pas plus la pelote…

    Je ne saurais que trop conseiller la lecture du livre exceptionnel d’Alice Miller : « C’est pour ton bien : Racines de la violence dans l’éducation de l’enfant ». C’est un livre bouleversant et très éclairant, sur l’enfance d’Hitler en particulier, et qui nous parle à tous (à peu d’exceptions près je suppose), ne serait-ce que sur l’enfance de nos parents et/ou grands-parents et sur certaines croyances et méthodes éducatives.

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  12. Agatha a dit…

    Il:parait que notre monde est moins violent qu’avant . Peut-être oui , mais on en entend plus parler .

    La deuxième guerre mondiale et ses atrocités nazies est loin , et bientôt il n’y aura plus personne ayant connue cette période . ( ma mère qui a été jeune ado durant cette guerre , qui a eu des copines avec l’étoile jaune , était anti antisémite ; elle se hérissait au moindre mot vaguement antisémite , car elle savait ) . Maintenant lisez les réseaux sociaux ( la parole , sous couvert de quasi immunité y est immonde) : de plus en plus revient la thèse que la shoah est une invention d’un peuple qui adore se plaindre !!!! les théories du complot par des pouvoirs » judéomaçonniques » se développent ; on est de retour dans les années 33… les extrémistes ne sont pas blanc bleu , ni à droite , ni à gauche ( sous couvert qu’ Israël est ignoble avec la Palestine , tout juif est souvent considéré par l’extrème gauche comme sioniste) ..
    Quand aux terroristes islamistes ils réussissent leur objectif , diviser de plus en plus les sociétés occidentales ; les musulmans sont regardés de plus en plus d’un mauvais œil , et les paroles horriblement racistes se multiplient ! et réentend des mots qu’on n’entendait quasi plus depuis la fin de la guerre d’Algérie .
    Mais où est la solution ?

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  13. Val Lao sur la Colline a dit…

    C’est exactement la question que je me pose à chaque fois. A chaque fois je me dis « quand est-ce que ça a dérapé ? », « quel est le déclencheur ? »
    Les raisons sont multiples sans doute, il n’y a pas qu’une seule et unique raison, qu’une seule et unique rencontre, c’est plus une question d’environnement global, mais ce qui est sûr, c’est que je crois que jamais je ne basculerai dans l’obscurantisme, parce que j’ai reçu une certaine éducation, que je crois solide et saine.
    L’éducation, pour moi c’est la base de tout. Idem contre la violence faite aux femmes.

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  14. Milky a dit…

    Je n’ai pas étudié la question de manière systématique, mais à chaque fois qu’on a des infos sur l’enfance des bourreaux, j’ai l’impression que systématiquement elle était loin d’être rose. Du coup, l’image des bambins « qui riaient quand leur mère jouait à cache-cache avec eux », je ne l’ai pas. Une enfance de merde, voilà l’origine du mal, souvent, je crois. (Qu’on ne me fasse pas dire ce que je n’ai pas dit : ce n’est pas parce qu’on a eu une enfance terrible qu’on devient une personne terrible, merci la résilience !)
    Voici une phrase lue sur un blog (Alice du fromage) il y a quelques mois, qui m’est restée :
    « Citation de Brice Deymié: «Un directeur de prison me disait (les directeurs de prison sont souvent des personnes remarquables): « vous verrez, toutes les personnes que vous rencontrerez ici ont en commun qu’on ne leur a jamais dit « je t’aime ».» »

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    • Caroline a dit…

      tu as sans doute raison, l’image est peut-être mal choisie. Mais il y a forcément eu un moment d’innocence non ? Quand tu vois certains parents d’enfants partis en Syrie, ils semblent aimants quand même. Peut-être pas tous, mais certains, si.

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      • Marieal a dit…

        Dans ceux qui sont partis en Syrie, surtout au début, il y en a un certains nombre qui ne sont pas partis pour combattre mais bien pour assister ceux qui souffraient , les populations civiles que Bacchar bombardait. Paradoxalement, un certain nombre d’entre eux étaient animés par un sentiment d’empathie…comme certains sont partis combattre chez les azeris. C’est souvent les parents de ceux là qu’on nous montre à la TV.

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        • Milky a dit…

          Oui, je crois aussi que les départs en Syrie sont un cas un peu à part pour certains. Quelque chose de l’ordre d’une idée qui a pu paraître bonne (l’action pour contrer l’anxiété et l’injustice, ça n’est pas complètement idiot) et qui part en couille.
          Il y a un épisode des Pieds sur terre où une mère dont le fils était parti racontait un peu, effectivement l’ambiance familiale ne paraissait pas malsaine, pour ce qu’on pouvait en juger.

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      • Gabrielle a dit…

        Je crois qu’on est beaucoup à essayer de comprendre … et j’ai l’impression qu’on est encore loin d’avoir les réponses …
        Ci-dessous un article basé sur l’étude d un enseignant-chercheur de Sciences po. Intéressant.
        https://mobile.francetvinfo.fr/monde/proche-orient/offensive-jihadiste-en-irak/age-sexe-origines-sociales-scolarite-parcours-professionnel-une-etude-de-l-ifri-dresse-le-profil-type-du-jihadiste-francais_2677384.html#xtor=AL-79-%5Barticle_video%5D-%5Bconnexe%5D&xtref=https://fr.yahoo.com/

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      • Mel (une autre) a dit…

        Alors sur ce sujet, je ne peux que conseiller à vous toutes et tous qui passez par ici de lire et de faire lire à vos ados (il leur est d’ailleurs destiné mais je le recommande à tout le monde) le remarquable roman de Patrick Bard, « Et mes yeux se sont fermés ».

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        • Mel (une autre) a dit…

          En l’occurrence le personnage principal du livre est une jeune fille qui s’est radicalisée par indignation pour le sort réservé à la population syrienne, et particulièrement aux enfants. Elle est éduquée, intelligente, et a de l’empathie. Donc, comme toujours, on ne peut pas faire de généralités, mais s’il existe peut-être des points communs chez ceux qui se radicalisent. La lecture du dernier ouvrage de Tobie Nathan, « Les âmes errantes », est également intéressante à ce propos.

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  15. Stéph a dit…

    J’ai à peu près le même ressenti que vous, et souvent je me demande à quel moment l’humain peut-il ne plus avoir de discernement… La seule chose sur laquelle j’émets des réserves, c’est lorsque tu évoques Caro, « les parties de cache cache ». Je ne veux pas stigmatiser, mais il y a des parents qui ne jouent pas à « cache cache », il y a des parents qui hurlent, qui frappent, qui ignorent l’existence de leurs enfants, des parents qui laissent leurs enfants « s’élever tous seuls », et souvent je me dis, mais comment font-ils pour ne pas être morts avant, tellement la carence éducative est immense. Bien sûr il ne s’agit pas là de juger les parents, il y a tellement de paramètres à prendre en compte, mais d’essayer de comprendre et que peut-être l’absence de preuves d’amour en l’occurrence, peut tout faire basculer et très très vite…

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  16. Pastelle a dit…

    Bonne idée de rassembler dans une même note le pire et le meilleur visage de l’homme.
    Ca console un peu, ça rassure un peu.
    Et comme toi, comme nous tous, essayons de comprendre pourquoi, comment… Education, oui, forcément…
    J’adorais le prénom Marine il y a 30 ans, j’aurais pu appeler ma fille ainsi mais ça n’allait pas avec le nom de famille. Je m’en réjouis aujourd’hui. Isabelle c’est quand même plus facile à porter. 🙂

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  17. Magali a dit…

    Merci beaucoup pour ce texte, qui met des mots précis sur mon ressenti également. J’ai les mêmes interrogations en boucle, sur l’enfance de ces tueurs. Sur le moment où les choses basculent. Je ne peux m’empêcher de penser qu’il y a forcément une cause, un contexte, quelqu’un qui a renoncé en chemin…

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  18. severine a dit…

    C’est bizarre, moi j’ai plutôt les interrogations contraires.
    Quand je vois des histoires comme celle de Rançon (le tueur en série de Perpignan) ou tant d’autres qui révèlent une misère sociale/humaine d’une telle ampleur, je me demande comment des enfants nés dans des familles comme ça pourraient avoir une chance de s’en sortir, et je ne parle pas du tout d’héritage génétique mais d’acquis.
    Rançon (je le prends lui parce qu’on en parle en ce moment mais ce n’est qu’un exemple) qui déjà n’a pas du avoir une enfance pleine de maman qui joue à cache cache, a lui même fait des enfants avec une petite jeune visiblement pas bien éclairée, et que vont donner ces enfants ?
    Je n’imagine pas le miracle qui fait qu’on peut s’en sortir quand on vit et naît dans ce genre de milieu. Au delà de la chance de vivre en France, on a de la chance d’être parmi les privilégiés au niveau de l’éducation et de l’attention qu’on nous a donné je trouve.

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  19. Kabibi a dit…

    Bonjour,
    je commente rarement, mais ça fait toujours du bien de passer ici.

    J’aurais un point de vue un peu différent. Peut-être naïf.
    Effectivement, tous ces enfants ont été potelés et tous ont sans doute fait des sourires à maman (on va considérer que le taux d’orphelins chez les terroristes est négligeable…).
    Sans chercher d’excuses aucun à personne, je me demande: et si plutôt qu’avoir oublié qu’une autre opinion/foi était importante (et a fortiori une autre vie), ces personnes ne l’avaient simplement jamais appris ?
    Du coup, ma question serait : à quel moment y a t-il eu défaut, à quel moment ya t-il eu un manque? Qu’est ec qui les a empêché d’intégrer ces notions ?

    Je reste persuadée que la tolérance et l’empathie s’apprennent. A mon sens, ça vient avec l’amour et l’éducation (pas forcément nationale).
    On a sans doute tous écrasés des fourmis par jeu « parce qu’on pouvait ». Jusqu’au jour où on apprend (ou bien qu’on comprend tout seul) que c’est cruel et inutile.
    J’imagine que certains n’ont pas appris ni compris. Ou si mal…

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  20. Mammouth a dit…

    J’ai souvent ce genre de pensées aussi. Ce qui m’effraie chez ces personnes, c’est le manque de discernement, d’empathie voire de moralité. On ne peut pas raisonner ni discuter ni persuader ces personnes de ne pas nous faire de mal. À quel moment cela bascule en effet?

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  21. camichka a dit…

    Quelques réflexions en vrac, soulevées par ce poste et ces commentaires de grande qualité !
    Sur ce qui mène à la radicalisation, quelques pistes :
    – le roman de littérature jeunesse « Et mes yeux se sont fermés » de Patrick Béard, une fiction nourrie de beaucoup de documentation qui montre comment une jeune fille intelligente, non issue de l’immigration, va finir par partir pour la syrie devenir femme de « héros ».
    – la chanson « petit bonhomme » des Wriggles, qui montre la profonde insécurité qui se cache souvent derrière les fanatismes de tout bord.
    Sur l’éducation et l’empathie :
    – je crois à l’éducation, je suis devenue prof pour ça, pour créer des citoyens dignes de ce nom. Mais je suis depuis assez longtemps dans le métier pour savoir que parfois, ça ne fonctionne pas – exemple ce matin même, où j’ai fait l’hommage national à Arnaud Beltrame demandé par le ministre avec mes élèves de troisième, en le mettant en relation avec notre séquence sur la poésie engagée et la chanson « né en 17 » que nous étions en train d’étudier. Ils ont globalement été très réceptifs, mais il y a eu deux ou trois à continuer leurs bavardages comme si de rien n’était…
    – en tant que prof ET en tant que parent, je me pose évidemment beaucoup de questions sur la meilleure éducation… Et je vois dans les commentaires beaucoup de suppositions sur le manque d’amour reçu par les terroristes et criminels, et on sait les ravages que cela provoque. Mais je constate au quotidien dans mes classes deux autres fléaux : l’indifférence (qui n’enseigne pas non plus l’empathie et peut être pire sur le plan de la construction mentale que la maltraitance) et « l’excès d’amour ». En effet, je suis assez sceptique quant à toute la mouvance actuelle de l’éducation dite « bienveillante » ou « positive », parce que de ce que j’en ai lu, cela invite les parents à recentrer sans cesse l’enfant sur lui-même, ses émotions et ses envies – et très peu à tenir compte des émotions et des envies des autres, ce qui est la base de l’empathie ! Et on se retrouve en classe avec des collections d’égos, incapables de supporter la moindre frustration (se taire, attendre que le prof ait finit avec le camarade avant de le solliciter…). Or vivre en société, c’est accepter et gérer beaucoup de frustrations…
    (sur ce, j’arrête ce pavé, j’ai trop faim et mes pâtes sont cuites !)

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    • Henriette a dit…

      @camichka: je crois que vous mettez le doigt sur quelque chose en ayant des doutes sur cette tendance « éducation bienveillante » … quoi qu’il en soit, selon un rapport récent qui décortique les changements observés en 2014 dans la sociologie des jeunes radicalisés, les familles du groupe étudié « appartiennent à plus de 84% aux classes moyennes et supérieures, avec une forte représentation des milieux enseignants et éducatifs (50% de ces 84%) » ! par ailleurs 90% ont des grands parents français. Avant le milieu était plus homogène: « immigrés de 2nde génération, classes populaires déstabilisées, minorités visibles, jeunes en rupture et en quête d’une cause à défendre » alors que maintenant cela touche tous les milieux sociaux (rappelez vous cet élève en prépa ou école d’ingénieur je ne sais plus…). Le rapport précise que seuls 5% de ces jeunes étaient connus pour petite délinquance, mais qu’en revanche 40% ont connu des épisodes de dépression…

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    • Mouette a dit…

      Dans mes bras !!! Ta réflexion sur les dégâts d’une pseudo éducation positive me parle. Beaucoup de parents pensent l’appliquer sans comprendre qu’elle n’est utile qu’en plus de l’Éducation aux valeurs fondamentales du vivre ensemble pour faire de nos enfants des adultes épanouis Et responsables. « Ne fais pas aux autres ce que tu ne veux pas qu’on te fasse » est peut-être ce que j’ai le plus dit aux miens… Avant de les encourager à être pleinement eux-mêmes pour être heureux.

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    • Mel (une autre) a dit…

      Je vois que Camichka a déjà recommandé le roman de Patrick Bard…
      En tout cas, comme toujours, merci Caroline pour ce billet qui suscite des commentaires intéressants.

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    • Lili a dit…

      Je ne sais pas ce que tu as lu sur l’éducation positive, mais c’est dommage d’en faire un tel raccourci. Effectivement, les émotions tiennent une place importantes, pour apprendre aux tout-petits à comprendre ce qui les traversent et pouvoir mieux le gérer. Mais si je devais résumer, ce serait plutôt une histoire de respect mutuel.

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  22. Melisse a dit…

    Signe de tête au rade et à la tôlière,

    Je crois qu’on ne saura jamais le pourquoi ?
    De tête, il me semble qu’il y a eu débat (attention point Godwin) entre historiens sur le fait « de trouver des excuses » à Adolf <– enfance, déboires perso, pro
    ou le fait de d'assumer que, collectivement, les conditions historiques et sociales de l'Europe d'abord ont permis la barbarie.

    Egoistement, j'espère ne jamais à avoir me poser la question plus concrètement/directement ni comme proche de victime, ni comme proche d'un/une "devenu-e bourreau".
    En tant que citoyenne : oui j'ai peur.
    J'essaie de penser à contrer toute dérive idéologique quelle qu'elle soit qui bafoue "Liberté, Egalité, Fraternité" <– ce ne sont pas des gros mots de francs-maçons les trolls relisez "Un sac de billes" ou "La gloire de mon père".
    En revanche les délires "tous les fichés S dehors" m'exaspèrent <– Minority Report c'est une vieille fiction (2002) qui, malgré tout ce qu'on peut reproche au film/l'acteur pointait le délire d'oublier la possibilité que les gens ne passent pas à l'acte et/ou que la présomption d'innocence, en droit, c'est quand même pas fait pour les chiens.

    Je vais aller boire une tisane, tiens.

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      • sophie5 a dit…

        je renchéris sur Sebastian Haffner, l’auteur qu était un jeune juriste et voyait avec effroi monter nazisme et antisémitisme dans son propre milieu, bourgeois, aisé, éduqué, des années trente en Allemagne. L’histoire du livre (l’exil de l’auteur à Londres, la découverte posthume du manuscript par ses petits-enfants, ce qu’il a permis de comprendre sur cette Allemagne-là, également en otage, incrédule, impuissante) est en elle-même miraculeuse : à mon avis le meilleur texte, porté par son authenticité, jamais écrit sur cette période. J’ai donné l’ordre à mon fils de 17 ans de le lire. Et tout de suite !

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  23. Gaëlle a dit…

    Pour moi ce n’est pas un moment où cela bascule, c’est qu’un jour la coupe est pleine et on écoute la haine pour passer à l’acte. Quand j’ai commencé à travailler dans les quartiers comme on dit, j’ai découvert un autre monde, une autre France, qu’on ne soupçonne pas d’exister tant qu’on y vient pas juste comme ça en passant. Dans les quartiers il ya aussi des parents qui chérissent leurs enfants, hein, je ne mélange pas tout le monde. Certains ne savent pas chérir pour plein de raisons différentes et complexes…

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  24. DOMINIQUE a dit…

    Si l’éducation pouvait éradiquer cette sorte de comportements, de haine de soi et des autres…
    Dans mon entourage, par exemple, un homme a passé son enfance à se faire battre par son père, dans l’indifférence de sa mère (« mes parents, une demi heure après leur mariage, se haïssaient déjà »). C’est le plus adorable des hommes, compréhensif, à l’écoute, enseignant.
    Deux de mes voisins sont des enfants de l’Assistance Publique. Retirés à leurs parents. Les deux ont une vie professionnelle, familiale et sociale on ne peut plus classique.
    Bien sûr ce sont des adultes, mais ils ont été adolescents et ont franchi toutes les souffrances qu’ils ont subies. Certainement qu’ils ont des cicatrices, mais ce sont des cicatrices. Pas des plaies.
    Alors ? D’où cette bête immonde peut-elle venir ? Du tréfonds de l’âme humaine ? Je n’ai pas de réponse, je pense surtout que les causes sont multiples et les déclencheurs individuels.
    Et que faire aussi de ces jeunes gens, blancs, de classe moyenne, avec une famille installée, qui tuent leurs camarades de classe de sang froid ? Où sont le manque d’amour, d’éducation, la ségrégation ? Où peut-on situer le déclencheur ?

    Répondre
    • camichka a dit…

      Avec mon homme, on penche pour la théorie des trois tiers :
      un tiers d’inné (le caractère, le potentiel…), un tiers l’éducation reçue dans la famille, et un tiers les influences autres (l’école, les bonnes et mauvaises rencontres, les coups de chance ou les sales coups…). C’est pour ça que lorsque l’école et les parents marchent vraiment main dans la main, on peut « récupérer » beaucoup de choses, et qu’un gamin avec une forte capacité de résilience et quelques bonnes rencontre peut surmonter l’enfance la plus pourrie… mais c’est aussi pour ça qu’il est illusoire de penser que la société seule (école et autres dispositifs) pourra régler le problème.

      Répondre
      • Anne So Catherine a dit…

        @camichka: les heures et les heures passée seul(e) dans sa chambre sur les réseaux « sociaux » ….mais néanmoins coupé du vrai contact avec les autres?

        Répondre
        • DOMINIQUE a dit…

          Là, Anne So, « réseaux sociaux » dans le temps on disait « livres sulfureux » ou dans le genre. Combien de jeunes se sont fait harponner par un livre, philosophique ou de propagande, et devenir militants ou pire. La recette est la même, le média diffère. Le contact était rompu de la même façon, le gamin restant dans sa bulle soi-disant idéologique, correspondant avec ceux qui avalaient la même purée.

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          • camichka a dit…

            Tout à fait Dominique… Et j’insiste encore une fois sur le rôle des parents : comment feraient ces jeunes pour passer leur temps sur les réseaux sociaux si les parents ne payaient pas l’abonnement, le smartphone… ? Dans la classe de CM1 – CM2 de mon homme, il a fait un sondage l’autre jour : les 3/4 ont une tablette, 1/4 la télé dans leur chambre ! Internet et les réseaux sociaux ne sont un problème que lorsqu’ils sont abordés sans préparation, sans accompagnement, bref sans adultes à côté !

          • Anne So Catherine a dit…

            @camichka : oui je rejoins ton raisonnement : en même temps les parents prennent comme prétexte que si leur enfant même – très jeune – n’a pas son téléphone, son ordi, sa tablette etc… il sera « exclu » des autres…..j’entends ça absolument tout le temps ! Ce que je voulais dire pour les réseaux sociaux -en effet- c’est que la grande majorité des enfants y ont accès seuls, sans préparation ni accompagnement adulte… ça peut être assez catastrophique

          • DOMINIQUE a dit…

            Oui, Edith, « militant » n’a pas forcément une connotation positive, quand ça signifie diffuser des idées mortifères.

  25. Coline a dit…

    Je pense que ce qui a changé par rapport à la violence c’est sa diffusion et sa banalisation, via les jeux électroniques et les réseaux sociaux.
    La démultiplication des discours haineux de tous bords aussi.
    Je ne suis pas sûre qu’on en mesure bien l’impact.
    C’est pas comme la télé au milieu du salon, qui pouvait déjà être très violente.
    C’est la lucarne de sang et de fureur, et la propagande, que tu ouvres seul dans l’obscurité de ta chambre.
    Pour quelques semaines encore, je vis aux USA.
    Psychose du terrorisme venu de l’extérieur.
    Pourtant, les avions du 11 septembre, c’était sur des lignes intérieures, par des gens qui vivaient ici depuis longtemps.
    Pourtant les massacres dans les écoles, les cinémas, sont le plus souvent le fait de citoyens américains.
    Ici la banalisation est deux fois plus rapide, puisque c’est un droit constitutionnel de pouvoir avoir des armes (ce qu’on ne peut comprendre que si on a passé quelques nuits dans une maison au milieu de nulle part, en compagnie d’ours ou d’alligators…)
    Quand je suis rentrée de vacances la dernière fois, on a eu un vrai lockdown.
    Alléché par la publicité de la triste tuerie de Floride, un de nos étudiants de Middle School a fait savoir via FB qu’il avait bien envie de faire pareil.
    Il n’était ni à l’école, ni chez lui. Tant que le shériff lui courait après on est resté dans le noir, porte verrouillée, dans un coin de la classe.
    C’est long, tu peux me croire.
    Mais ce qui est triste c’est que les enfants sont HABITUÉS comme ça…

    Répondre
    • DOMINIQUE a dit…

      Pour les discours haineux, ça, on est servis même en France. Le dernier m’a plutôt fait rire qu’autre chose : une jeune femme vegan s’est réjouie sur Twitter de la mort du boucher du Super U de Trèbes. Elle est en garde à vue.
      Cependant, cette petite anecdote veut dire tellement de choses…

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  26. Wanda a dit…

    Bonjour

    En plus d’un terreau compatible, qu’on peut expliquer par des raisons sociales ou psychologiques, il y a également des gens qui font chauffer la marmite, qui mettent de l’huile sur le feu, sciemment.
    Renseignez-vous sur les frères musulmans et sur Sayyid Qutb.
    J’ai lu le livre de Mohamed Louizi – Pourquoi j’ai quitté les Frères musulmans – il explique ça très bien.

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  27. Agatha a dit…

    Ce matin , à la radio , ils parlaient justement d’une étude qui avait été faite et qui disait que les plus radicaux des islamistes, sont souvent des gens de classe moyenne , voir supérieure , ayant fait des études et dont les parents sont bien intégrés , idem pour les « convertis » ; donc pas forcément les banlieues pauvres .

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  28. marieal a dit…

    hier soir Cdansl’air  » spéciale » c’est attardé sur ce sujet, c’est très intéressant d’écouter d’anciens jihadistes ou aspirants au jihad expliquer comment ils en sont arriver là, et comprendre aussi comment ils ont fait le chemin en sens inverse après déradicalisation.
    Ce que j’en retiens c’est qu’un certain nombre d’entre eux veulent donner du sens à leur vie, se sentent importants parce qu’on leur répète qu’ils ont été choisis, et cette jeune fille qui disait qu’elle avait aimé savoir qu’elle était fiché S et interdite de territoire car elle se rendant compte qu’elle nous faisait peur, qu’elle avait un pouvoir. Et cet ancien parti au jihad en Afganisthan qui signale bien que la radicalisation se fait en France, sur des enfants nés en France et français de parents d’origine étrangère, et qu’il doit bien y avoir un problème en France pour que ces enfants se retournent contre le pays de leur enfance…

    Répondre
  29. Catwoman a dit…

    Comme toi, et beaucoup, j’ignore. J’ignore ce qu’il peut se passer dans la tête de ces individus. Pourquoi ?

    Après, quand je vois la copine du terroriste de Brègues que a un nom « bien français » (comme on dit), quand je vois des vegans se réjouir de la mort d’un boucher ou d’un policier, je me dis qu’il n’y a pas que l’exclusion, la victimisation, le racisme ou la pauvreté, malheureusement …

    Je ne comprends pas ce manque d’empathie, je ne comprends pas qu’on puisse encore tuer au nom d’une idéologie, d’une religion.

    Répondre
    • agatha a dit…

      Je pense que de nos jours on mesure moins l’impact des mots , des écrits . on écrit en vitesse sur son ordi , sans parfois se relire , sans songer comme nos mots peuvent être blessants , insultants ou cruels . Et comme je disais en toute impunité .

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  30. Banane a dit…

    Peut-être rien à voir (mais qui sait?) : dans le cahier d’évaluation de petite section, il y a la case « utilise le « Je » « , et je m’étonnais devant la maîtresse que ça fasse l’objet d’une évaluation, parce qu’à 3 ans c’est forcément acquis.
    Elle m’a répondu en substance que j’étais bien naïve, dans mon cocon de bourgeoise et que « même ici » (sous-entendu : petit village bien cossu) il y avait un petit qui ne savait pas répondre quand on lui demandait son prénom, en début d’année.
    Peut-être que ça commence un peu comme ça.
    Peut-être que certains ont le droit à de l’amour, mais maladroitement.
    Peut-être que ce sont des enfants que leurs parents n’ont pas élevés (sans même aller jusqu’à parler de « bien » élever). Le nombre de gamins que je croise, qui le sont à peine, ça me sidère toujours.
    La société de droits sans les devoirs, c’est un constat de tous les jours.

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    • DOMINIQUE a dit…

      « la société de droits sans les devoirs, c’est un constat de tous les jours »… mais pas seulement chez les « autres » ! On a tous nos failles par rapport aux autres, même les plus anodines. Que celui qui n’a pas mis son clignotant pour tourner ou sortir d’une place de stationnement me jette la première pierre. Or, ce petit geste est pour avertir les autres, donc un devoir (on sait qu’on va tourner, pas celui qui est derrière). Et ce n’est pas le seul.

      Répondre
      • Banane a dit…

        C’est évidemment quand les devoirs non faits des autres piétinent mes droits que ça me saute au visage, cependant on est toujours le con de quelqu’un et nul n’est parfait, j’en ai bien conscience. 🙂
        Ce n’était pas le sens de mon commentaire.
        On parlait d’enfance et de déclencheur.
        J’essaye d’exprimer le fait que je vois quotidiennement mes enfants, élevés dans le respect de l’autre, se faire écraser par ceux qui n’en ont apparemment pas les bases et je m’inquiète de l’impact de chacun de ces paramètres sur leur évolution. Ceci sans considération de classe sociale, culture des parents, richesse, etc…

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  31. Karine G-s a dit…

    Merci pour ce billet Caroline, ces réflexions au sujet de ces personnes qui un jour on été des bambins insouciants et j’en suis convaincue fondamentalement bons, avant d’être pervertis… par quoi ou qui, je me la fais de plus en plus souvent.
    Paix à votre âme Mireille, échapper à la rafle du Vel d’Hiv pour finir assassinée pour les mêmes motifs plus de 70 ans plus tard, ça me laisse sans voix et assez désespérée de la nature humaine. 🙁

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  32. camomille a dit…

    Et dans le prolongement de ces questionnements sans réponse lire la nouvelle de Dino Buzatti intitulée « Pauvre petit garçon  » … 

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