Résultats de recherche pour : corse

Mes cinq meilleurs

 Dans un de mes livres préférés, High Fidelity de Nick Hornby – qui a également donné lieu à un film éponyme de Stephen Frears tout aussi jubilatoire que le bouquin – le personnage principal passe son temps à faire des listes. En particulier des listes des meilleurs morceaux de zik de la terre et du monde entier qu'il emmènerait sur ne île déserte.

 

Avec des amis, souvent, on se prête à cet exercice. Les cinq meilleurs films, les cinq meilleurs disques, les cinq meilleurs souvenirs, etc. Moi je ne sais jamais. J'en ai toujours trop ou pas assez. Un peu comme quand on te demande ce que tu veux pour ton anniversaire. Avant, tu sais. Après, aussi. Mais sur le vif, rien, nada.

 

Je sais, c'est un peu facile, comme billet. Mais lors du concert des Rita, je me disais que dans mes meilleurs disques, il y en aurait forcément un de ce groupe. Alors voilà mes "cinq meilleurs" - tels que je les identifie là de suite et donc sûrement différents de ce qu'ils seraient demain ou même dans une heure - à vous de me donner les votres si le coeur vous en dit…

 

 

 

Mes cinq meilleures chansons

 

Senorita de Christophe

 

Les absents ont toujours tort de Louis Chedid

 

Don't forget the nite des Rita

 

Tout Ziggy stardust de Bowie (je sais je triche)

 

Music de Madonna

 

Mes cinq meilleurs films

 

All about Eve de Mankiewicz

 

Quand Harry rencontre Sally de Rob Reiner

 

Ma saison préférée de Téchiné

 

Jeanne et le garçon formidable de Martineau et Ducastel

 

Elle et lui de Mc Carey

 

Mes cinq meilleurs moments

 

– Un soir de juillet il y a douze ans, quelques jours après la première étreinte. Dans une ruelle déserte de Bonifacio, le vent faisait claquer les volets, on était seuls, partis sur un coup de tête en Corse. On s'est embrassés, ça a duré des heures. Quand ça va mal, que les mots fusent plus vite que nos pensées, je repense à ce baiser et au vent dans les volets.

 

– Un matin il y a huit ans, on est repartis de l'hôpital avec nos deux crevettes, après un mois d'allers-retours dans ce maudit service de néonat. On avait très peur dans la voiture, peur de ne pas savoir faire, peur qu'ils soient trop fragiles. Et puis petit à petit, les oiseaux ont fait leur nid…

 

– Un soir il y a vingt ans, toujours en Corse, avec ma copine Béa, on a fait le mur ou plutôt la toile de tente puisqu'on campait sauvagement en famille sur la plage. On a couru sur le sable rejoindre deux bellâtres qui donnaient des cours de ski nautiques. Ils avaient dix ans de plus que nous, ils étaient beaux et sentaient bon… bref. On a passé des heures à se rouler des patins autour d'un feu de camp et à avoir peur de ce qu'ils pourraient nous demander et qu'on ne pourrait leur donner. Le lendemain, ils nous snobaient superbement, probablement en raison de cette chose là justement qu'on avait fini par leur refuser…

 

– Un voyage en Hollande il y a quinze ans ou un peu plus, vapeurs de pétards, Amstel bier à tous les étages, canadienne qui pue et pates au réchaud. Deux âmes soeurs pour le prix d'une, deux garçons, une fille, zéro possibilité…

 

– Un soir de juin il y a un an, dans les bras de celui qui venait de devenir mon mari, la dernière danse, Senorita, ceci expliquant cela…

 

Voilà… Sont-ce les hormones ? Je me sens bien nostalgique…

M’ame Sca’lett

Bon, je vous raconte le dernier essayage et après j'arrête avec mon mariage, je sens que je tombe très exactement dans ce que je dénonce, à savoir l'obsession matrimoniale des derniers mois. Et j'ai bien conscience que certains détails du jour J n'intéressent que moi…

 

Alors voilà. Nous sommes arrivés chez Olivier en délégation. A six, très exactement. Dont Stéphane que je soupçonne de n'être pas forcément venu QUE pour la robe et Lilas, sept semaines au compteur. Oui, LA Lilas. Qui croyez moi va TRES bien maintenant !

 

Je vous raconte ?

 

18h: On débarque en troupeau. Olivier nous fait patienter, il n'a pas terminé avec la précédente cliente. Nous voilà donc aglutinés dans le minuscule couloir par une température de 38°, à pouffer de rire pendant que Stéphane tient le couffin de Lilas à bout de bras tout en criant bien fort que cet enfant n'est pas le sien. Je commence à me demander si le fait de venir accompagnée est VRAIMENT une bonne idée niveau sérénité.

 

18h12, on entre dans l'atelier. Stéphane semble avoir vu la vierge.

 

18h14: Je disparais derrière le rideau de la cabine avec mes chaussures dont je vais avoir la preuve que même avec les pieds gonflés je peux les enfiler. C'est juste mais on ne va pas chipoter. J'enfile la jupe tant bien que mal et sort en soutien gorge pour qu'Olivier me mette le bustier.

 

18h15: Olivier est blème, j'ai dû rétrécir en deux semaines, la jupe pendouille devant, il y a bien dix centimètres de trop.

 

18h16: Olivier reprend des couleurs et m'explique que la traine se met derrière. Par ailleurs, ce genre de jupe ne se porte pas taille basse, m'explique-t-il en remontant tout ça.

 

18h18: Olivier appelle mes trois témoins pour qu'elles apprennent à lacer. Je réalise que le jour J Olivier ne sera pas là, j'ai envie de pleurer.

 

18h19: C'est Mimi qui s'y colle parce que Zaz ne peut pas tout de suite participer rapport au fait qu'elle est en train d'allaiter sur le canapé rose et doré.

 

18h21: Stéphane s'accroche à un barreau de lit invisible et se prend pour Scarlett O'hara. "Allez m'ame Sca'lett !" crie-t-il. Je m'aperçois qu'il n'a plus toute sa raison, c'est tout ce rose, à mon avis il décompense.

 

18h23: Olivier reste héroïquement calme alors que Mimi vient de s'emmêler complètement les pinceaux. De dos je ressemble à une converse mal lacée.

 

18h25: Chloé me dit de remonter mes seins.

 

18h27: Olivier me dit de ne pas trop remonter mes seins quand même.

 

18h29: Olivier reprend les choses en main et tire tellement fort sur le lacet que le malaise n'est pas loin.

 

18h32: Stéphane a pété les plombs il croit VRAIMENT qu'il est m'ame Sca'lett. Il vient de mettre un voile et fait semblant de replacer sa traine d'un petit coup de pied vers l'arrière. Olivier a peur c'est très net.

 

18h35: Olivier me rappelle que deux règles sont à respecter. Ne pas marcher à reculons sous peine de me prendre les pieds dans la traine et ne pas me pencher pour ramasser quoi que ce soit sinon une de mes baleines se cassera.

 

18h38: Je fais sans arrêt tomber quelque chose. C'est plié, je vais mourir ce jour là, assassinée par une baleine de corset.

 

18h40: Ma copine Zaz me demande si je peux m'asseoir.

 

18h42: Olivier me jure que oui.

 

18h43: Je fais un test.

 

18h45: Après tout c'est très surfait de s'asseoir le jour de son mariage.

 

18h47: Je commence à m'habituer au bustier, pour la première fois de ma vie je ne sens pas le poids de mes seins.

 

18h49: En revanche ils me gênent un peu quand je parle.

 

19h00: Stéphane me dit que je suis une princesse. Il veut me mettre des plumes dans les cheveux. Il me propose aussi d'essayer la robe pour que je me fasse une idée.

 

19h02: Chloé a les yeux tous mouillés et Zaz aussi mais ça ne se voit pas parce qu'elle est en train de changer la couche de Lilas sur le canapé rose et doré. Je tente d'attirer l'attention d'Olivier en prétextant une aiguille oubliée.

 

19h05: Mimi est à deux doigts de replonger dans son addiction aux sacs à mains, il est temps de partir avant qu'elle achète une pochette en velours rouge alors qu'elle déteste le rouge.

 

19h12: Je quitte ma robe à regrets.

 

19h13: En même temps je récupère ma capacité respiratoire ce qui n'est pas négligeable.

 

19h15: Alors qu'on est dans l'escalier je suis obligée de ramener Stéphane pour qu'il rende le diadème en faux rubis qu'il a volé.

 

19h18: On est enfin partis.

 

20h45: Coup de téléphone de Zaz: "Caro, tu peux me donner le numéro d'Olivier, je crains d'avoir oublié sur le canapé les habits plein de caca de Lilas".

 

Je dois aller chercher ma robe le 16 juin mais je ne suis pas sûre d'oser.

 

Edit: La robe est magnifique et moi je vais faire mon maximum pour être à la hauteur.

Edit 2: Un grand merci à Olivier pour son flegme et sa résistance aux piaillements hystériques que je lui ai fait subir à chacun des essayages?

Edit 3: Lilas a été un amour et quand on a sept semaines c'est normal de faire caca.

Edit 4: Stéphane, je t'aime, tu es la plus sexy des Scarlett.

Edit 5: Les filles, j'espère que vous avez bien retenu la leçon de laçage sinon on est mal. Enfin, surtout moi.

Edit 6: LA phrase de la soirée: "Caro, t'es tellement belle on dirait que t'es vierge". Je vous laisse en deviner l'auteur…

La robe de mariée, suite et fin

Alors… Où en étais-je… Ah, oui, ça y'est. 

 

Olivier me propose donc d'essayer très exactement tout ce que je viens de lui décrire comme étant ce que je déteste le plus. Le pauvre. Dire que ça se dit styliste. Il ne va pas être déçu.

 

Non parce que boudinée dans un bustier lacé dans le dos et engoncée dans une jupe qui tombe jusqu'aux chevilles, autant dire que je vais ressembler à la Castafiore, beaucoup plus qu'à Scarlett O'hara. Mais comme mes deux super nanny n'ont pas l'air de vouloir me lacher et qu'Olivier semble y tenir, je consens à enfiler cette tenue ridicule.

 

Après dix minutes à batailler en manquant de faire tomber le rideau, je sors avec la jupe à moitié fermée pour cause de taille trop épaisse en plaquant contre ma poitrine le bustier pas lacé. Olivier se place derrière moi et me demande de mettre les mains sur ma taille pour tenir le corset. Il commence alors à lacer, doucement au début, puis en tirant de plus en plus fort. Je ne respire plus. J'ai pris l'apparence d'une saucisse de morteau en bas résilles, c'est certain. Je voudrais mourir. Cela dit, étant donné le peu d'oxygène qui parvient jusqu'à mes bronches, mon calvaire devrait assez rapidement prendre fin. 

 

J'en suis à visualiser le boulot des pompiers lorsqu'il va falloir me dégager de ma camisole quand petit à petit, la sensation d'étouffement s'estompe. Le corset est enfin lacé et je commence à m'habituer.  Olivier me suggère de me regarder dans la glace en face.

 

Est-ce alors le galbe des baleines, la légereté de la soie ou l'ouvrage délicat du bustier dentelé ? Je ne sais pas, mais celle qui me regarde dans le miroir n'est plus la gourde aux grands pieds qui s'empêtrait dans son jupon deux minutes plus tôt. Bon, certes, il en reste quelques vestiges.

 

Ne serait-ce que cette chose verte entortillée dans les plis de la robe.

 

Ma santiag.

 

Que je viens de trainer sur deux mètres et qu'Olivier tente désespérément de dégager, mais forcément, elle est bien coincée la saleté. On finit par y arriver et la vilaine est renvoyée auprès de sa congénère. J et H sont effondrées.

 

A bien y regarder, le bustier en forme de coeur est également quelque peu problématique. On jurerait que mes fesses se sont déplacées au niveau de mon décolleté.

 

Mais dans l'ensemble… Dans l'ensemble, Vivien Leigh peut aller se rhabiller, me dis-je en toute simplicité.

 

Olivier m'observe amusé. "C'est la première n'est-ce pas ? La première robe de soirée ?"

 

"Oui", lui réponds-je dans un souffle. Je regarde alors H et J, et dans leurs yeux, je vois que je ne me trompe pas:

 

Olivier m'a trouvée.

 

Il ne me connaissait pas une heure plus tôt et il m'a trouvée. A l'insu de mon plein gré, qui plus est.

 

Passées les premières minutes d'émotion, H, J et moi même retrouvons nos langues bien pendues. Et nous voilà, toutes les trois, comme des petites filles, à nous extasier sur la magie du corset, la finesse de la dentelle, la douceur des étoffes. Olivier est un ange de patience. Il répond à toutes nos questions, il parle de Cisal, d'organza et de tulle, de dentelle de Calais et de Chantilly. Il explique les broderies, les proportions et les couleurs. Il raconte qu'il aimait trop Sissi et qu'il ne voyait pas quel autre métier il pourrait faire plus tard que créer des robes incroyables. Moi je dis merci Sissi.

 

On essaie ensuite un autre bustier plus droit, histoire que mes seins perdent leur forme de fesses, puis une autre jupe, puis encore une autre. Petit à petit, ma robe s'esquisse dans la tête d'Olivier.

 

Enfin, ça y'est, il SAIT.

 

Pour me le prouver, il arrache une page d'un cahier rose et d'un coup de crayon, il dessine ce qu'il vient d'imaginer. En quelques traits, voilà MA robe, unique et parfaite. Peut-être le plus doux des cadeaux, la plus délicate des attentions. Ce n'est pas tant qu'elle est magnifique – entendons-nous bien, elle EST magnifique – mais sur le papier, on dirait qu'elle est croquée pour Grace Kelly.

 

Voilà. Olivier, lorsqu'il dessine une robe en taille 44 – 46, il fait en sorte que ça ressemble au fourreau de Rita Hayworth. C'est peut-être ça aimer les femmes, non ? Ce croquis, je vous l'offre, là. Comme un petit bout de rêve, rien que pour vous. Mais vous comprendrez aussi que je ne le laisserai pas longtemps parce que l'homme n'a pas le droit de regarder. Il m'a promis de ne pas venir ici de la journée, mais par sécurité, j'enlèverai la photo en fin d'après midi.

 

Edit: Je ne pense pas qu'Olivier m'en voudra de dévoiler son nom, alors voilà, il s'agit d'Olivier Freine. Son atelier est 2, rue Turbigo dans le 2ème arrondissement de Paris et son numéro de téléphone est le: 01 42 33 95 82. Je me dois de préciser que ce rêve a un prix et ce dernier est assez élevé. Je me suis personnellement offert cette petite folie avec l'argent gagné en écrivant mon livre et je ne le regrette pas, mais voilà, forcément, ça reste une folie. Ah, et oui, Olivier est canon. M'enfin les filles…. bon, bref, vous voyez quoi. Plaisir des yeux, on va dire…

 

 

Mère en manque

Depuis quelques jours, mes petits ont pris leurs quartiers d'été. Ne pas dire la sensation de liberté qui en découle serait un mensonge éhonté. Ne plus se sentir pressé le soir de rentrer. Décaler l'heure de réveil d'une heure au moins. N'avoir que soi à habiller, laver, coiffer. Même, oui, même, n'avoir que soi ou l'homme à écouter… Parce que deux enfants de six ans, ça parle. Tout le temps. Leur gémellité n'y est pas pour rien, il faut trouver sa place – toujours cette question de place -, pousser l'autre pour s'y mettre, raconter en premier, mieux, plus, plus fort, plus vite. Alors oui, au risque de passer pour une mère indigne, je l'avoue, je me repose. Je goûte ce silence. Je n'en reviens pas de pouvoir sur un coup de tête filer au cinéma, prendre un verre en terrasse ou manger trois bricoles sur un coin de table en regardant la télé.

Mais parfois, je sens au creux de mon ventre, le manque. Violent, imprévu, il arrive sans sommation. C'est un mélange de panique irraisonnée qu'il leur soit arrivé malheur et de besoin charnel de plonger mon visage dans leur cou pour respirer les effluves délicieux de leur cuir chevelu mouillé de sueur.

mariuscorse  loucorse

Un manque animal, tactile et charnel. Qui passe. Mais me rappelle à la réalité: ils sont sortis de moi il y a six ans. Ils sont sortis pour toujours, m'échapperont, s'envoleront. Mais personne ne pourra effacer de ma mémoire la douceur de leur peau d'enfant et l'odeur de leurs cheveux.