Mois : décembre 2007

Vélib et mariage ne font pas bon ménage…

Ce n'est un secret pour personne désormais, le sport n'est pas à proprement parler mon fils ma bataille. Toutefois, comme en revanche je suis une personne très curieuse et ouverte dès qu'il s'agit de se lancer dans une nouvelle aventure – bon, d'accord, je pense qu'en fait ce jour là je faisais un bad trip de saint-moret - j'ai récemment traversé Paris sur un Velib. Un vrai moment nutella.

 

Pour commencer, il a fallu que j'écoute les conseils donnés sur un ton professoral par l'homme qui m'a expliqué en long en large et en travers que la règle numéro 1 quand tu prends un Vélib c'est de BIEN VERIFIER le matériel. Rapport que s'il est crevé, genre, t'es obligé d'attendre dix minutes avant d'en reprendre un autre. Bon, il aurait pu me le dire en deux mots, il me l'a dit en cent. J'ai bien senti qu'il n'avait aucune confiance dans ma capacité à déceler un dysfonctionnement cycliste en un simple coup d'oeil. Du coup j'ai eu aussi droit à une démonstration en règle, l'analyse détaillée du vélib et des différentes avaries dont celui-ci peut être victime.

 

Je me dois de préciser que l'homme n'a pas, contrairement aux apparences, son master vélib. Avant cet épisode, il en avait fait une fois un jour de grève et avait réussi l'exploit de se faire renverser… par un piéton. Mais comme une bonne épouse se doit de montrer parfois un peu de déférence envers son mari, j'ai aquiescé à tout son baratin en essayant de masquer le mieux possible mon début d'exaspération. Non parce que bon, faut pas être sorti de l'Ena pour repéré un pneu à plat.

 

Qu'à cela ne tienne, donc, j'ai scrupuleusement choisi mon engin, après avoir un peu pataugé à la borne entre mon pass navigo du métro et ma carte bleue, introduisant systématiquement l'une à la place de l'autre dans la machine. Après que l'homme se soit également acquitté de son inscription – avec autant de difficultés que moi et ce bien sûr après avoir ricané au sujet de mon manque absolu de sens pratique – et qu'il ait lui aussi pris son vélo, on est partis à l'assaut de l'avenue d'Italie.

 

Qui contrairement à ce qu'on pourrait penser quand on est à pied, monte.

 

N'écoutant que mon courage, j'ai pédalé de plus belle en pestant contre l'absence de vitesses et la lourdeur du vélo. Arrivée à la place d'Italie j'avais décidé de voter Pannafieu en 2008.

 

En même temps j'étais malgré tout plus vaillante que mon compagnon. Qui avait manifestement oublié dans son scrupuleux check-up de vérifier la selle. Dont la vis de serrage ne fonctionnait plus. Je dois avouer que le spectacle de l'homme pédalant tant bien que mal les genoux au menton et s'arrêtant à chaque feu rouge pour remonter son assise qui redescendait inexorablement quelques mètres plus loin m'a fait me gondoler tant et si bien que j'ai dévalé le boulevard de l'hôpital sans souci – qui certes est en pente. Je prenais toutefois garde de freiner avant chaque feu histoire de ne pas donner l'occasion à l'homme de me soudoyer pour que je prenne son vélo avec selle au plancher. J'étais en effet plus que certaine qu'il avait déjà fait le rapprochement entre ma physionomie "courte sur pattes" et le léger défaut de sa monture.

 

Sauf qu'à un moment j'ai mal calculé mon coup et pof, on s'est retrouvés arrêtés côte à côte. Pas loupé. Il a pris son air de panda et m'a demandé si ça ne me dérangeait pas d'essayer. Dois-je insister sur la mauvaise grace avec laquelle j'ai consenti à lui laisser mon vélo impeccable pour hériter en échange d'une selle non seulement descendante mais également pivotante ?

 

Las, ma mansuétude légendaire a rapidement trouvé ses limites. Au feu suivant j'ai décrêté que l'amour ne justifiait pas tout, en tout cas surement pas de me luxer le cul sur son velib tout pourri que même pas il avait mis en pratique ses conseils à la con.

 

Il a d'abord fait semblant de ne pas entendre et fait mine de repartir.

 

Là, ni une ni deux j'ai laché l'engin et je lui ai annoncé que je prenais le métro. Lui rappelant que c'était avec SA carte bleue que son handivélib avait été loué. Et lui laissant le soin de calculer ce que pouvait lui coûter un abandon de bicyclette sur la voie publique avec risque en plus qu'un homme de petite taille en fasse son affaire et se balade à ses frais pour le restant de ses jours.

 

L'homme n'est pas près de ses sous mais il est également conscient que pour garder une épouse aussi merveilleuse que moi même il doit prendre garde à ne pas être ruiné.

 

Donc il m'a rendu très gracieusement mon vélo. 

 

Après on est repartis amoureux comme au premier jour jusqu'à la mairie du 11è. L'homme sur son tricycle et moi, élégante, racée et enjouée sur mon fier destrier.

 

Bon vous vous en doutez, en fait Paris n'est qu'une succession de montées que jamais on redescend et que ça en est suspect. Un coup de l'UMP à mon avis. On a mis près d'une heure pour arriver à destination dans le onzième et j'ai eu mal aux fesses pendant deux semaines. Limite en plus ça te collerait une systite à la longue. Quand à l'homme il lui a fallu près de de trois jours avant de m'adresser à nouveau la parole. En revanche je ne suis pas sûre qu'à l'heure où je vous parle il ait retrouvé sa dignité.

 

Depuis j'ai donc décidé de m'offrir à Noël un vélo électrique. Et je prévois par ailleurs très sérieusement d'en épouser l'inventeur. Parce qu'avoir imaginé de créer une bicylette qui t'aide à monter les côtes tout en ressemblant quand même à un vélo, je trouve ça juste génial. Même qu'en plus tu as bonne conscience rapport que du moment ou on pédale, je défie quiconque me prouver qu'on ne fait pas du sport.

Comme dans les films américains…

Dimanche, on a passé un après-midi comme dans les films américains qu'on voit à Noël. Tu vois ce que je veux dire ? En fait, ce que j'essaie d'exprimer c'est que dimanche, pendant quelques heures, il m'a semblé vivre un moment parfait, comme ceux qu'on envie aux personnages de comédies américaines. Et ce qui m'a fait le plus plaisir je crois, c'est de parvenir à toucher du doigt le fait que vraiment, on était bien. Non parce que je ne sais pas toi mais personnellement je suis du genre à vivre le bonheur… à retardement. Style t'as passé tes vacances à te dire que ce n'était pas le bon endroit, que la mer elle est pas assez chaude que le sable l'année dernière il était plus fin et qu'en plus, cet hôtel, il craint. Et puis à peine t'as atterri à Paris que dans le taxi tu chouines que c'était trop bien et que c'est vraiment nul que ce soit fini.

 

Bref, hier, ce n'était pas comme ça.

 

Pourtant, on n'a pas fait grand chose.

 

Vers 15h00, on a mis nos gros manteaux à cause de la tempête et on est sortis dehors pour aller au cinéma. On s'est fait presque soulever par le vent – enfin surtout les enfants parce que moi avant que le vent me soulève y'a de la marge – et ça nous a fait rigoler. On avait aussi un peu peur que des pots de fleur nous tombent sur la tête. Après on a couru sous la pluie parce qu'on était en retard pour le film.

 

On a couru, couru, couru. Mais en fait, on était vraiment en retard. Alors pour se consoler, on s'est acheté un plein sac de bonbons. Des crocos, des bananes, des bouteilles de coca, des fraises, des qui piquent mortels, des faux dentiers dégueux et du réglisse pour l'homme. Bon finalement on a dû en reposer quelques uns parce que dis-donc ils se mouchent pas du coude les mecs avec les becs. Et 14 euros pour de la gélatine qui si ça se trouve est pleine de vache folle on s'est dit qu'on avait peut-être eu la main un peu lourde.

 

Ensuite on a décidé qu'on allait traîner avec nos bonbecs jusqu'à la séance d'après parce que zut alors, c'était vraiment un temps pour le cinéma. Comme on était au MK2 Bibliothèque, on s'est promenés dans les boutiques puis sur le parvis tout glissant en regardant la Seine. On a fini par aller dans les grands couloirs de la TGB et on est tombés sur une expo de globes terrestres dans la bibliothèque. D'énormes sphères qui semblaient flotter.

 

Enfin est arrivée l'heure du film. Il nous restait quelques bonbons et moi je dis, voir le générique commencer tout en sentant ta langue qui pique à cause des frites, c'est du pur bonheur. Chimique, certes, mais pur.

 

Et puis ça a démarré.

 

"Il était une fois"… "Enchanted" pour ClaireMM qui veut rien que les titres originaux rapport qu'elle vit pas dans l'hexagone.

 

Le Disney de l'hiver.

 

Aussi bien que Mary Poppins. Voilà, c'est ça je crois. Je regardais mes enfants pendant qu'ils buvaient l'histoire comme du petit lait et je me disais que cela resterait en eux comme Mary Poppins est restée en moi. Un vrai souvenir de Noël. Un vrai film doudou, avec promenades à Central Park et bal féérique en haut de l'Empire State Building.

 

Une histoire d'amour, de petite fille orpheline qui se choisit une nouvelle maman. Une histoire qui fait rire les papas et les mamans parce que Gisèle d'Andalasia qui récure l'appartement de docteur Mamour avec l'aide des cafards et rats de New-york à défaut d'écureuils charmants et autres animaux sévissant d'ordinaire aux côtés de Blanche Neige, Cendrillon et compagnie, c'est tout de même très bien vu.

 

Ah et puis moi je dis, merci monsieur Disney. Et aussi, bravo. Parce qu'avoir pensé à faire jouer dans ta bluette de Noël un des mec les plus hot du moment c'était sacrément bien joué. M'est avis que toutes les mamans vont se faire un plaisir d'emmener leurs petits rien que pour rêvasser devant McDreamy. M'est avis aussi que dans le lot, y'aura des filles prêtes à louer un gosse pour faire illusion et se délecter pendant une heure et demi. Voire même que certaines mamans proposeront à leur progéniture d'y retourner pour être sûr d'avoir tout bien compris…

 

Voilà, ensuite on est repartis dans le froid, on s'est dépêchés de prendre une douche et on a mangé des lettres de l'alphabet avec du beurre et un peu de lait.

 

Je ne sais pas toi mais c'est pour ces moments là que j'aime ce mois de décembre. Pas pour le déferlement obscène de cadeaux ou les invitations permanentes à consommer. Non, juste pour les lumières le soir, le froid dehors et l'incroyable bien être qui t'enveloppe lorsque tu rentres dans ta maison chauffée…

Même pas peur

Parmi mes plus grandes terreurs, après celle de l'avion bien sûr qui est toujours en pôle position même si je travaille beaucoup sur moi même, il y a celle de parler en public.

 

Dire que ça me terrorise est bien en deça de la réalité.

 

Tu me diras, on est jamais OBLIGE de parler en public. C'est vrai. Sauf que souviens-toi, je suis aussi celle qui ne sait pas dire non. Alors, lorsque mon chef me demande au pied levé: "Dis, tu me prépares une intervention sur xxxx, c'est pour dans trois jours et ce sera devant une centaine de personnes". Et bien je réponds niaisement: "Bien sûr, pas de problème, c'est comme si c'était fait".

 

Ensuite je file aux toilettes et après avoir mangé au moins deux ongles – en entier hein -, m'être arraché quelques cheveux et chouiné en me mouchant bruyamment dans du papier toilette, je ressors avec la sensation qu'une enclume vient de m'être directement greffée au niveau de l'estomac.

 

Je passe sur les soirées à me morfondre en imaginant le pire – et quand je dis le pire tu n'as pas idée de ce qui peut me venir à l'esprit: colique intempestive, vomissement en direct, bégayement soudain, et bien sûr, le trou noir qui tue sa mère – et à torturer psychologiquement l'homme. Ben oui, faut bien que quelqu'un paye.

 

Le jour même, je manque rarement l'occasion de scratcher mon collant à l'instant où je me dirige derrière mon pupître et j'ai beau avoir recours à toutes les techniques comportementalistes à la con, rien n'y fait, je suis en panique.

De quelles techniques je parle ? Genre d'imaginer tout ton auditoire en train de faire caca, histoire de le désacraliser. Personnellement ça aurait tendance à me faire encore plus peur. Et puis un homme d'affaires revêche, et bien crois-moi, son air sévère il le garde même aux cabinets. Autre "truc", chopper le regard d'une personne dans l'assistance, ne plus le lacher et faire comme si en vrai ton intervention tu ne la faisais que pour elle ou lui. Sauf que la personne en question, au départ elle est flattée que tu la regardes. Et puis au bout de deux minutes, elle est gênée. Ensuite elle a peur. Et elle tourne la tête ou fait semblant de chercher un truc par terre. D'autant que tu es tellement mauvaise qu'il n'y a vraiment aucune fierté à tirer de passer pour ta copine.

 

Y'a aussi le plan de la respiration abdominale. Mouais. Je dirais pourquoi pas, mais il y a quand même un gros risque de se retrouver en hyperventilation, avec toute la salle qui se met à tourner et ton powerpoint qui danse la salsa.

 

Bon, moi le meilleur truc que j'ai trouvé c'est de me droguer. Ok, ce n'est pas super correct de faire l'apologie de la drogue. Il n'empêche que depuis que j'ai découvert les bêta-bloquants, je suis un poil plus rassurée à l'idée d'aller faire ma Sharon Stone au micro. Parce que cette came, c'est fou l'effet qu'elle te fait. Même pas t'es dans les vappes. Juste ton coeur, il peut pas battre plus vite que celui d'un serpent en pleine mue. Genre dans ta tête t'es en plein nervous breakdown, ton cerveau il envoie plein de signaux à ton corps pour qu'il se mette en mode "panique" avec mains moites, coeur à 200 à l'heure, gorge serrée, voix de fausset étranglée et jambes flageolantes. Sauf que les signaux, ils sont carrément stoppés par la pilule que t'as pris. Et ton coeur, il continue à la jouer Laure Manaudou. Tranquille. Hyper bizarre comme sensation. A l'intérieur de toi tu es vraiment borderline mais à l'extérieur, tu es trop maître de toi même.

 

Bon, après en général tu dors le reste de la journée parce que tout de même, ton organisme, il est grave au ralenti. N'empêche que pendant un instant, un instant seulement, tu as fait illusion: même pas peur.

 

Edit: Il va de soi que ce genre de drogue est prescrite sur ordonnance par un médecin, qu'elle a probablement des contre indications et que c'est très mal d'utiliser des béquilles comme celles-ci. N'empêche que ça m'a récemment sauvé la mise.