Mois : mai 2010

Un soir chez Cyril Lignac

 

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J'ai connu Julien et Chloé en 1990 à Grenoble. Ils venaient d'Annonay et moi de Lyon, Chloé était avec moi à Sciences-Po et Julien l'avait suivie par amour alors qu'ils n'étaient ensemble que depuis quelques mois.

Très vite, j'ai pris mes quartiers chez eux. Il faut dire que j'avais à l'époque trouvé un appartement de liliputien très loin du centre ville, persuadée quand je l'avais visité de me trouver au coeur de Grenoble. Au coeur du quartier qui craignait, ça oui. Pour le reste, big mistake.

Bref, je squattais régulièrement chez eux, dans leur petit nid pas franchement chic non plus, à deux pas de la voie de chemin de fer et doté de sanitaires plus que douteux. Je ne rentrerai pas dans les détails mais sachez que si un jour vous avez besoin de sauver votre sanibroyeur d'une attaque sauvage de tampax, Julien a quelques compétences en la matière.

Je passerai aussi sur les cuites multiples et variées qui ont accompagné ces années de pipolitique ainsi que sur les cultures assez particulières de Julien qui à l'époque travaillait à Jardiland. On s'est suivis ensuite à Paris, Chloé m'y a supportée dans tous les sens du terme à une époque où disons le clairement j'étais tout bonnement en dépression nerveuse avec appels en pleine nuit sur le mode "Je vais mourir, là je le sens, j'ai quelque chose qui cloche, les médecins ne le voient pas mais c'est grave". A tel point qu'un matin, sur ordre maternel, Chloé est venue me chercher, a fait mon sac et m'a mise dans un train pour Lyon, histoire que j'aille me remettre la tête à l'endroit. Ce qui a pris quelques mois et qui a probablement coûté à mes parents une palanquée de nuits blanches. Mais ce n'est pas le sujet.

1995, retour à Paris, re-squattage chez mes parents alternatifs, Julien et Chloé de leurs prénoms. A trois dans une piaule de 8m carrés au 7e étage d'un immeuble chic. Quand l'un se retournait la nuit, les deux autres aussi, bien obligés. Pour eux c'était sûrement chiant, pour moi c'était rassurant, leur zénitude, leur calme en toute circonstance, leur penchant pour la bonne chère aussi.

J'ai fini par me trouver un home – pas très sweet – home (c'était les années découvert à la banque et coquillettes à tous les repas), mais pas trop loin quand même de chez eux. Quand ils sont partis à Mâcon, puis à Annonay, j'ai eu un peu de mal à m'habituer à ne plus pouvoir aller boire des coups chez Camille à Montmartre avec mes deux Ardéchois. Heureusement qu'il m'en restait un, le fidèle coincoin.

Je ne vais pas vous raconter l'intégralité de ces vingt années, mais disons que finalement, on s'est retrouvés dans la même ville à Paris, qu'on a fait des enfants presque en même temps et qu'on pourrait, je crois, encore cohabiter dans 8m carrés sans que ça pose énormément de problèmes. Et ce même avec notre chiée de gosses. D'ailleurs pas plus tard que la semaine prochaine, on embarque les nains et on se fait un week-end en roulotte. Normalement ça ne devrait pas être plus exigu que la péniche qu'on avait louée un été. Moi je dis, tant que Chloé n'oublie pas son tire-bouchon, peu importe le flacon, pourvu qu'il y ait l'ivresse, quoi.

Pourquoi je mes perds dans mes souvenirs aujourd'hui, au risque de vous endormir ?

Parce que samedi, on a fêté les 20 ans d'amour de Julien et Chloé qui sont pas du genre à se marier. Et que Julien, pour la peine, nous a carrément invités, avec le Coin-coin et sa Fanny,  au "Quinzième". Le restaurant de Cyril Lignac. Un peu la classe, le bonhomme. Julien, je veux dire. Lignac aussi, hein, mais en l'occurrence, c'est Julien qu'a raqué.

Je ne suis ni photographe culinaire, ni critique gastro, ni même blogueuse de bouffe. Mais j'ai un palais pas trop con non plus. Et il a carrément apprécié ce qu'il a goûté. Six plats, tous aussi fins les uns que les autres, des mises en bouche divines, des vins parfaits, un service digne d'un trois étoiles, une table ronde comme j'aime avec banquettes pour s'affaler sur la fin quand le bouton du pantalon est menacé d'expulsion. Et à la fin, cerise sur la mignardise, la star des fourneaux qui vient gratifier tout le monde d'un petit mot et accepte de bonne grâce les photos des fans.

Je vous laisse donc avec les photos prises ce soir là, en embrassant fort fort fort mes chers amis, pourvu que les 20 années qui s'annoncent soient au moins aussi belles que celles qui viennent de passer…

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 ça c'est du foie gras mi-cuit avec une gelée de fraises des bois. Servi avec une brioche chaude. Orgasme.

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ça c'est des gnocchis aux morilles avec asperges à peine cuites. J'ai fini la sauce à la petite cuiller, j'aurais pu lécher mon assiette. Le churros l'a fait.

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ça c'est du cabillaud "cuit très doucement" dans un bouillon de langoustine. Toujours avec des asperges, y'en avait aussi dans presque toutes les mises en bouche, moi j'adore ça, mais peut-être que ça peut en lasser certains.

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ça c'est le trou normand sans alcool (avec mise au point plutôt sur le beurre mortel qui est à gauche, Peter Lindbergh a encore de belles heures devant lui), un sorbet de mandarine avec jus de menthe et feuille de shizo. Après ça, tu as l'impression que tu peux à nouveau rempiler pour trois ou quatre plats. Ce qui tombe assez bien vu que…

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… vu que donc, on enchaîne sur une pièce de boeuf à se taper le fondement par terre en poussant des cris de joie. Petit bémol et ce sera le seul, l'aubergine confite à côté n'était pas assez cuite à mon goût. Mais rien que pour le jus moi je dis…

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ça c'était pas au menu mais voilà, c'est pour les amatrices de moquette ardéchoise. Sûre que caro d'ardèche en reconnaîtra le propriétaire.

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Premier dessert, une glace au yuzu, un agrume japonais, avec de la gelée incroyable et des mini-meringues. Explosion de saveurs en bouche.

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Deuxième dessert, un sorbet de fraises des bois servi avec une meringue craquante et une crème légère à la dragée. Un dessert pour princesses au bec sucré.

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Dernier dessert et pas le moindre, 100% chocolat, une mousse avec des pépites qui explosent en bouche (genre sucre magique) et sorbet cacao à peine sucré.

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Enfin, des mignardises, servies avec ou sans café. La sucette est en réalité un mini esquimau et le chou est rempli de crème au caramel beurre salé. Tuerie.

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ça c'est la preuve que j'ai totalement intégré les principes zermatiens. Genre je n'ai pas hésité à en laisser. Ok, la moitié d'une mignardise. Mais quand même. Non ?

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ça c'est quand Cyril est tombé raide dingue d'une blonde incendiaire. La chance. Par contre c'est lui qui a une petite tête ou c'est la blonde qui a le melon ?

Edit: Oui, en effet, je suis la naine du groupe ce qui explique qu'on voit un poil ma trombine sur la photo souvenir. J'ai longuement hésité à mettre a photo en entier mais je sais que mes amis tiennent à leur anonymat, ils ont envie de se curer le nez tranquille au Monoprix, eux. Joke.

Edit2: Je n'ai aucune idée du prix de ce que j'ai dégusté rapport que c'est Julien qu'a raqué donc pas trop possible de dire si c'est honteusement cher ou non. Tout ce que je sais c'est que c'était un sans faute et qu'à aucun moment je ne me suis dit que ça sentait l'opération marketing people ou je ne sais pas quoi. Vous pouvez en savoir plus sur le site du restaurant

Edit3: Un bébé s'est caché sur l'une des photos, sauras-tu le
reconnaitre ?


Pour sortir des moments difficiles, avoir des amis c’est très utile

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Je suis encore sous l'effet des bêta-bloquants, conjugué à celui de l'adrénaline, du manque de sommeil et des multiples cafés avalés durant ces deux jours. Par conséquent vous me pardonnerez ce billet décousu et sans grand autre intérêt que celui de vous donner des nouvelles.

D'abord, en tout premier, je voudrais saluer cette gentille brunette qui est venue me voir hier matin, alors que j'arrivais, hagarde, sac au dos et escarpins aux pieds, pour ma deuxième table ronde. Dans les couloirs du salon, j'ai entendu qu'on m'appelait. Me retournant, je me retrouve face à un visage souriant, amical, même – ce qui est toujours exceptionnel dans ce genre de circonstances, le côté "amical" on oublie, en général. "Caroline, on ne se connait pas, mais je vous lis, beaucoup, et j'adore ça", me dit ce visage amical. Moi, toute à ma table ronde et total embeded dans le contexte professionnel, je crois qu'elle lit mes articles de la vraie vie, sur des sujets vraiment mais alors vraiment sérieux. Et je me dis en moi même que ouah, y'a des gens tout de même qui s'enthousiasment pour de ces trucs.

Et puis le visage amical continue: "Je me suis permis de vous dire bonjour, j'ai reconnu votre robe et du coup…".

Ma robe.

Rétropédalage, mise en route des deux neurones pas encore attaqués par l'avlocardyl, rassemblage de mes idées et réalisage qu'à priori cette gentille dame ne me connait pas par mes activités les plus honorables, n'ayant jamais mais alors jamais parlé de ma robe à pois dans mes récents articles sur la réforme générale des politiques publiques, de son petit nom, la RGPP.

Ok, carambolage de mes deux mondes, drôle d'impression, pas la première fois qu'une inconnue me reconnait et me parle (merci au passage, depuis je n'ose plus jamais me curer le nez où que ce soit de peur de tomber pile poil sur un ou une lectrice et accessoirement je me prends pour Catherine Deneuve ce qui exaspère le churros), mais première fois que ça arrive dans ce milieu. Sachant que si je ne fais plus mystère de mes activités connexes, je ne m'en vante pas non plus et que par conséquent je ne sais absolument pas si mes supérieurs hiérarchiques à un jet de pierre de moi là tout de suite maintenant sont au courant.

Etrangement, je ne me sens pas vraiment inquiète – vive les barbituriques quand même, plus aucun problème n'existe – mais plutôt très reconnaissante. Non sans rire, les filles et les garçons, vous êtes forts en ondoyements, pour aller jusqu'à m'envoyer une onde carrément vivante en la personne de madame "visage amical". Bref, j'ai eu à peine le temps de sourire, de remercier, que la brunette est repartie en s'excusant de m'avoir importunée. Ce qui laisse à penser que j'ai pu avoir l'air importunée, alors que j'étais juste en train de chercher le rapport entre la RGPP et ma robe à pois. Bref, un grand merci parce que ça m'a totalement détendue avant ma deuxième animation, celle qui me stressait le plus.

Bon après, je peux vous dire que j'ai réalisé qu'on est toujours à un poil de poney de se vautrer, même en ayant la confiance à mort. Dix minutes après la fin de ma table ronde, je devisais, un orangina à la main, avec ma colègue S. A propos de la nouvelle star, pour être honnête (faut bien décompresser). Elle me parlait donc de "Gigi l'amoroso", chantée magnifiquement parait par Luce. Et moi, de m'exclamer: "Rah, cette chanson, moi je LA ROTE !". En lieu et place de "Cette chanson je l'adore".

Bon, ça va que c'était ma collègue – face à laquelle je crains néanmoins d'éprouver une légère gêne  durant les vingt années à venir -. Mais putain, à dix minutes près, j'aurais pu demander à l'un des intervenants s'il pétait au lit, pensant l'interroger sur ses priorités de recrutement.

Comme quoi, les ondes, hein. A mon avis, y'en a eu à mort d'un coup pendant 24h et puis après, ce qui est bien normal, vous en avez eu assez et pof, tout est retombé d'un coup et à moi le syndrome de la Tourette, en somme.

Trop d'ondes tuent les ondes.

Edit: A la fin du salon, une autre femme est venue me voir pour me dire qu'elle avait adoré mes animations, qu'elle en avait vu beaucoup mais que c'était les miennes qu'elle avait préférées. Sur le coup, j'ai cru qu'on venait de me décerner la palme d'or de l'animation de tables rondes et je m'en suis même honteusement vanté auprès d'une quarantaine de personnes. Et puis après je me suis tout de même demandé si ce deuxième ange de la journée n'était pas non plus une lectrice, cachée cette fois-ci, qui voulait simplement me faire du bien. Si c'est le cas – et j'en suis à peu près certaine, je sais que je me suis sortie sans encombres de l'épreuve mais sans brio non plus je le crains – et bien je l'embrasse très fort, parce que c'est humainement vraiment très généreux, cet acte totalement gratuit…

Edit 2: Elles ont 22 mois et 3 ans, portent toutes deux un prénom de fleur, se tapent beaucoup dessus et se marrent comme des baleines le reste du temps. Elles sont des embryons d'amitié à elles toute seules et ça tombe bien parce que la maman de la blondinette est une rouquine chère à mon coeur…

Et maintenant la parole est à Bridget…

Bridget jones  J'ai deux phobies. Prendre l'avion et parler en public. Sachant qu'entre tenir un micro devant plus de trois personnes et piloter un jet, je choisis direct le jet. C'est simple, la perspective de me retrouver en face d'un public me donne la réelle impression que je vais me dissoudre dans mes chaussures, après que mon coeur ait fini par lâcher.

La première fois que j'ai ressenti ce malaise, ça date des 65 ans de mariage de mes arrières grands-parents. Je devais avoir 11 ans. Comme j'étais bonne en rédaction, ma grand-mère, très fière de l'aînée de ses petites filles, m'avait annoncé, fière comme un pou qu'elle avait décroché pour moi LE premier rôle, celui de faire le compliment à Grand-papa et Grand-Maman, au nom de tous les arrières petits-enfants.  Ceci devant une assemblée d'une centaine de personnes, la famille de ce côté là étant particulièrement nombreuse. Autant dire que les six soeurs de ma grammy également multi-grandpares étaient
VERTES, ayant elles aussi pas mal de poulains tout aussi doués que moi.

Autant dire aussi que la pression est rapidement montée.

Je me souviens de ce discours écrit d'une main peu assurée et lu et relu dans le train qui nous emmenait en Normandie. Alors que je ne souffrais pas spécialement de timidité à l'école, j'ai senti au fil du trajet mon ventre se serrer. Et si je me ridiculisais ? Et si je les décevais, tous ces gens à qui ma grand-mère avait fait l'article ? Et si…

Une fois au milieu de l'immense salon, face à ces arrières pas encore croulants mais pas loin que je ne connaissais presque pas et à toute une ribambelle de tantes, oncles et cousins très chics (on est la branche qui n'a pas franchement réussi), je me suis retrouvée tétanisée.

Mais alors bien, hein. Plus de son, plus d'image.

La seule chose que je voyais était le visage désolé de ma grammy.

Après des secondes d'un silence plus que pesant, j'ai fini par marmonner quelque chose qui ressemblait à ça: "grand papa, grand maman, si vous n'aviez pas été là, on ne serait pas nés, alors merci". Point final. Du long discours probablement pas si mal rédigé – j'avais déjà une certaine emphase – rien n'a été prononcé. Je l'ai froissé dans ma main crispée et l'ai roulé en boule dans ma salopette en jean dont j'étais si fière mais qui m'avait valu deux minutes avant un "bonjour mon garçon" d'un oncle complètement con. Deux ou trois mois après, il n'aurait pas pu se tromper malgré ma nouvelle coupe courte, des seins en taille 95 B avaient poussé dans ma salopette en deux jours. Mais ça n'a rien à voir avec cette histoire.

Non, ce qu'il faut retenir, c'est que par la suite, je n'ai plus jamais su parler en public sans me rappeler cette humiliation et cette pauvre phrase idiote qui voulait tout de même dire en substance à grand-papa et grand-maman que s'ils n'avaient pas baisé comme des lapins pendant toutes ces années, on n'aurait pas été si nombreux pour leur anniversaire de mariage. Autant dire que ma grammy ne m'a plus jamais proposée pour quelque réunion de famille qui soit. Et qu'on n'a d'ailleurs plus jamais parlé de ce triste ratage.

Rideau, laissons à mes souvenirs d'enfance ce qui leur appartient.

Au fil des ans, j'ai tout essayé pour remédier à ce qui est devenu un véritable handicap. Et ce qui marche le mieux à priori sur moi ce ne sont pas les exercices de respiration mes fesses qui sont peut-être très efficaces quand on en est à quatre ou cinq centimètres de dilatation (sauf qu'à bien y penser ça ne m'a pas franchement aidée pour la venue d'Helmut) mais qui en l'espèce parviennent seulement à me faire frôler l'évanouissement pour cause d'hyperventilation.

Non, au risque de là encore briser un mythe, la seule chose qui fonctionne ce sont les bêtabloquants qui au moins suppriment un peu les effets du stress. Genre ton coeur veut s'emballer, le con sa race, mais y peut pas. Bon, le corollaire, c'est une légère atonie ainsi qu'une élocution un peu pâteuse. Mais entre ça et le souffle littéralement coupé, mon choix est fait.

Pourquoi je vous raconte ça ? Parce que demain et après-demain j'anime non pas une mais DEUX tables rondes. Et là tout de suite maintenant, c'est un peu comme si on venait de me confier les clés d'un A380.

Alors si vous n'en avez pas assez d'user vos ondes positives, ne vous privez pas pour ondoyer un maximum vers 14h demain et 9h30 jeudi.

Ce blog retrouvera une activité normale une fois ces deux épreuves passées…

Tu sais c’est pas si facile…

Ordi
Parfois, souvent, dans les commentaires ou même dans la vraie vie, on me pose cette question: "mais comment fais-tu, pour tout gérer, ta vie de famille, ton boulot, ton blog, ton mari, ta carrière de photographe ?"

Si la plupart du temps, je ne vais pas vous mentir, ce type de remarque me flatte énormément – euphémisme -, je me sens parfois un peu gênée.

Parce qu'au risque de briser un mythe, la vérité, c'est que je gère… mal.

J'entends par là que non, le temps n'est pas extensible, non je n'ai pas le don d'ubiquité et re et triple non, je ne suis pas particulièrement bien organisée, du genre à faire des rétroplanning ou des cahier avec des codes couleurs pour les choses urgentes à faire. Au contraire de ma copine Mimi, pour moi l'incarnation de la femme organisée, j'entends.

Alors quoi ?

Alors il y a des arbitrages. Et ça me coûte de l'admettre, mais forcément, certains souffrent de ces arbitrages. Les premiers, ce sont mes enfants. Que je vois peu et souvent mal. Comme un tas de mères qui travaillent, hein, attention, ce billet n'est pas un mur virtuel de lamentations, juste une nécessaire mise au point.

Donc, mes enfants ne sont pas, au quotidien, toujours ma priorité. (attention, la phrase précédente n'est pas hyper facile à écrire pour moi et devrait me coûter quelques heures chez un professionnel). J'en veux pour exemple cette fameuse journée ministérielle (pendant laquelle je n'ai pas renversé de coca sur quelque maroquin qui soit, merci au passage de vous en être inquiétés). Ce même jour, ma fille avait une sortie de classe, LA sortie de l'année, à laquelle elle m'avait supplié de venir. Même que si je ne venais pas, on serait obligé d'annuler ladite journée, en raison d'un nombre insuffisant de parents accompagnateurs.

Pour accéder à cette demande, il aurait fallu poser une journée de congés – qui se font rares à cette époque de l'année – ou pire, simuler une gastro ou que sais-je pour pouvoir m'absenter.

Au final, j'ai opté pour le départ à 5h45 en avion, alors que je déteste 1) me lever à l'aube, 2) prendre l'avion. Pourquoi ? Parce qu'en ce moment, situation critique au niveau du boulot de l'homme oblige, je n'ai pas vraiment intérêt à me distinguer pour cause d'excès de maternité. Mais aussi, soyons honnête, parce que ce type de déplacement est excitant, qu'il s'annonçait intéressant et que dans le métier que j'exerce, c'est le genre d'opportunité qu'on ne refuse pas. Le pire, c'est que bien sûr, j'ai culpabilisé et même hésité. Mais qu'il y a de fortes chances que si cela se représentait, je ferais le même choix (pas super sûre de la concordance des temps s'agissant de cette dernière phrase).

Parfois, je vous rassure, c'est probablement le boulot qui pâtit. Parce que nécessairement, de temps en temps, j'arbitre dans l'autre sens. Mais je dois bien me rendre à l'évidence, c'est tout de même beaucoup plus rare.

Souvent, aussi, c'est le churros, qui râle. Parce qu'un blog, même si ce n'est pas flagrant, ça prend du temps. Et comme de 9h à 20h c'est the regular job et que de 20h à 21h30, c'est le temps du repas et du coucher des nains, il reste la tranche 22h – 23h30 environ. Un jour, je me souviens, il a eu cette phrase qui a tourné longtemps dans ma tête: "Pourquoi as-tu besoin de mettre un écran en permanence entre toi et le reste du monde ?". Est-ce besoin de préciser que ce n'était pas vraiment dénué de tout reproche ?

J'ajoute, pour couronner le tout, que je suis inapte à tout ce qui touche de près ou de loin à des tâches ménagères (prises en charge par le churros et une femme de ménage que j'ai l'immense chance de pouvoir me payer) et que je suis toujours à deux doigts d'une condamnation par le fisc, pour retards ou erreurs de paiements divers et variés.

Bref, le sens de ce billet, c'était juste de dire que selon moi, personne et surtout pas moi n'a la solution. A l'heure des bilans, quand mes enfants seront en âge de me faire des reproches – et quelque chose me dit que ça approche -, nul doute qu'ils auront de la matière. Alors, bien sûr, je saurai me défendre, argumenter, expliquer que certaines de ces choses qui leur ont volé leur maman leur ont également profité. Mais il faudra bien également admettre que oui, j'aurais pu être différente, j'aurais pu les choisir, eux, plus souvent. Et même sans attendre le jugement dernier, il ne se passe pas un jour sans que mon coeur saigne à l'idée d'être une maman à temps partiel. Il me suffit de compter le nombre d'heures que passe number three avec sa nounou et de le comparer avec mon temps de présence pour avoir envie de donner ma démission dans l'instant.

Et les soirs où je rentre plus tôt et que la même number three m'accueille avec un lapidaire "non, pas maman, veux papa…", autant vous dire que toutes ces conneries sur la qualité du temps passé qui prévaut sur la quantité, ça ne vaut pas tripette.

On pourrait penser que d'être aussi consciente de tout ça pourrait me pousser à changer. Sauf que ce n'est pas si simple, qu'on avance comme on peut, qu'on se bat contre ses angoisses à sa façon, et qu'une des miennes s'appelle le chômage. D'autres vont passer beaucoup de temps à avoir peur d'être quittées, d'autres encore à se rendre le plus disponibles possible pour leurs enfants, parce que c'est peut-être ça qui leur a manqué plus jeunes.

Moi je vis dans la terreur de perdre mon indépendance financière, c'est une névrose comme une autre, qui en vaut certaines, j'imagine. Je vis aussi dans le perpétuel besoin d'écrire ces choses là, de les partager avec une nuée d'inconnu(e)s qui sont devenu(e)s des acteurs à part entière de ma vie. Parfois, à bien y penser, je me dis que ça aussi c'est une sacrée psychose. Mais je sais aussi que c'est devenu un facteur d'équilibre et que vous, derrière votre écran, vous m'êtes indispensables.

Voilà, je ne cherche pas à me faire absoudre de mes péchés, ni à me justifier. Simplement à remettre les choses à leur place : non, je ne suis pas une sorte de femme vishnou qui aurait trouvé comment tout faire bien. Je suis comme tout un chacun, je fais des choix. Contestables et regrettables parfois, ou admirables et appréciables à d'autres moments.

Ni pire ni meilleure que vous, en somme…

Marie-Sophie, l’égérie overbookée de Venus Oceana

 
Caro

Alors
les copines dépoilées, j'ai le plaisir de vous annoncer le nom de la
nouvelle égérie Venus des rasoirs Oceana pour les femmes overbookées.

Il
s'agit de… tadaaaam ! Marie-Sophie.

Bon alors je vous arrête
tout de suite, non elle n'a pas 30 ans, non elle n'a pas d'enfants, mais
siiiiiiiiii, elle est débordée. Over, même. Parce qu'elle a un job
prenant de directrice de création, un blog sur les tendances parisiennes
ET une activité de photographe.

Et un chien aussi.

Bref,
la course elle connait, et le fait d'avoir 3 minutes chrono pour être
lisse comme la porte du frigo aussi. D'où son grand enthousiasme pour
représenter
Venus.

J'avoue que personnellement, étant données les
compétences de la demoiselle, je me demande un peu à quoi va lui servir
sa vieille marraine. En revanche, je compte bien lui demander quelques
tuyaux photos, après tout on ne va pas se gêner. Comment ça, j'abuse ?

Voilà,
j'ajoute que dans la vraie vie je suis trois fois maman mais zéro fois
marraine, alors je sais que c'est cloche, mais ça me fait un petit
quelque chose, quoi.

Je vous laisse, je vais acheter une
gourmette et des dragées, du coup.

Retrouvez Marie-Sophie ici !

Edit: Un grand merci à Marie qui a pris la photo, en bonne
professionnelle que je suis, j'avais oublié mon appareil…

opération sponsorisée

Question de poi(d)s


Pois

"En fait Caro, je voulais te poser une question. Tu étais ronde, avant ?", m'a demandé hier une personne avec qui je bosse depuis peu sur un projet (suite de ce machin si important dont je ne pouvais pas parler et dont je ne peux toujours pas d'ailleurs mais bref, ça suit son chemin).

En face, ma copine Lud, qui ne me connait pas non plus depuis très longtemps mais assez pour savoir qu'en effet, avant – et ce dans un passé assez proche – je n'étais pas vraiment mince, m'a lancé amusée: "C'est bon ça, non ?"

Bon… oui, on va pas se raconter des salades, hein. Déstabilisant aussi. Parce qu'autant être claire, je suis toujours ronde. Dans ma tête, pour commencer. Sur la balance aussi, beaucoup moins qu'il fut un temps, certes, mais pour n'importe quel Dukon, j'ai encore une dizaine de kilos "en trop".

Mais manifestement, pour cette personne – qui est immédiatement devenue ma meilleure amie pour la vie -, je suis tout simplement à ranger dans la catégorie passe partout, ni mince ni grosse, en tous cas pas assez pour justifier le titre de mon blog (c'est ce dernier qui a suscité son interrogation).

Pourquoi je raconte ça, outre le fait que j'ai un besoin certain de m'en vanter ? Parce que ça m'a fait prendre conscience que parfois, on a besoin que la vérité vienne de l'extérieur. De quelqu'un de pas impliqué, qui vous verrait pour la première fois et qui vous décrirait sans le poids (ha ! ha !) du passé, sans être influencé par un quelconque souvenir de vous AVANT. Parce que si je suis sincèrement persuadée d'être encore bien gironde malgré l'évidence de ma nouvelle taille 42, je suis également assez certaine que dans les yeux de mes proches, je le reste aussi. Comme ces derniers sont pour moi ce qu'ils sont à l'instant présent mais aussi ce que j'ai intégré qu'ils sont depuis que je les connais.

Ok, je vous perds, là, désolée, j'ai bouffé un Jean-Claude Van Damme au petit déjeuner et depuis, je le digère pas.

Non, sérieusement, en fait, je n'ai pas trop de message à faire passer, si ce n'est que oui, en six mois, j'ai changé. D'enveloppe. Et comme me l'a souvent suggéré docteur Z., ça n'a pas révolutionné ma vie. Je ne suis pas plus ou moins heureuse, pas plus ou moins aimée.

Après, je ne vais pas mentir, je n'ai pas mais alors pas du tout envie de reprendre mes kilos. Pourquoi, si je ne suis pas plus heureuse ? Pour toutes les raisons énoncées ici. Et aussi parce que jamais auparavant je n'aurais acheté une robe bustier à gros pois blancs. Ce qui est peut-être une mauvaise raison. D'autant qu'en passant, le churros, la voyant, n'a rien trouvé de mieux à dire que: "si, c'est joli, mais pourquoi tu la mets avec un t-shirt ?".

Ce que je n'aurais pas forcément mal pris si j'avais en effet décidé de mettre un t-shirt. Sauf qu'en l'occurence, c'est la robe qui est faite comme ça, en trompe l'oeil, on va dire.

Repasse au deuxième tour mon chéri, pour ta gâterie.

Mais revenons à nos moutons.

Je sais aussi pertinemment que ma terreur de regrossir est en soi une menace de reprise de poids. Cela dit, mine de rien, mine de crayon, j'ai l'impression de naviguer un peu moins à vue, d'être dans un rapport à la nourriture plus simple, dépassionné, disons.

Je me surprends encore parfois, les jours de grosse fatigue, à engloutir le contenu de mon assiette comme si une armada d'affamés étaient à deux doigts de me la voler. Quand je réalise que j'ai à peine gouté à ce que j'ai empiffré et que mon repas tient plus du remplissage que de la dégustation, j'arrive en revanche plus qu'avant à ralentir le processus. Et si je n'y parviens pas, je me dis simplement que j'attendrai que la faim soit réelle pour manger à nouveau.

Régulièrement, je fais un truc que je m'interdisais avant: m'acheter un super gâteau, part de flan ou mille-feuille, mes deux hits à moi. Ce jour là, le mercredi en général, je ne mange quasi rien à midi, pour me le savourer, mon péché.

Je continue à manger mon pain au chocolat sur le trajet du boulot, je continue à croquer mes deux carrés de milka après chaque repas. Et fait incroyable, j'ai en permanence une tablette dudit milka dans mon bureau, une tablette qui me dure en moyenne une dizaine de jours, voire plus. Jamais jusque là, je ne suis tombée dedans au point de lui faire un sort en trois minutes.

Voilà, c'était un billet totalement décousu, écrit parce que ça fait plus d'un mois que je n'ai pas vu Zermati. Un rendez-vous annulé, des jours de congés, et puis je ne sais pas, l'envie de prendre mon téléphone n'est pas assez forte. Probablement la tentation de faire une pause, de voir ce qui va se passer si je continue en cavalier seul, un peu de paresse, un come back en fanfare aussi de la velléitaire qui sommeille en moi.

Je vous tiens au courant bien sûr, de la suite des événements…

Edit: Au cas où la robe de betty boop ferait des émules, elle vient de chez Naf Naf.

Rendez-vous à 5h45 au ministère

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Semaine de dingue qui s'annonce, réveil programmé ce matin à 4h45 pour partir en déplacement sur la journée dans un avion ministériel. Le challenge: ne pas renverser mon coca sur qui que ce soit de plus gradé qu'un garde du corps – quoi que si je pouvais aussi épargner le garde du corps ça m'arrangerait, que personne n'y voie un quelconque mépris pour le petit personnel, mais j'ai déjà inondé le porte document d'une secrétaire d'Etat par la grâce d'une turbulence impromptue et bon, ne tournons pas autour du pot c'était affreusement gênant. Autre challenge personnel: garder à portée de main mon passeport, ma carte de presse et mon sac. Durant TOUTE LA JOURNÉE.

JE SAIS QUE CERTAINS ICI ADORERAIENT QUE JE ME DISTINGUE D'UNE FAÇON OU D'UNE AUTRE MAIS POUR INFORMATION LE BUT DE MA VIE N'EST PAS TOUJOURS DE TROUVER MATIÈRE A GALÉJADES SUR CE BLOG. 

J'AI UNE FAMILLE À NOURRIR, JE RAPPELLE.

Je vais également tenter de rester éveillée jusqu'au retour sachant que dès que je dois me lever avant 6h, je ne dors pas de la nuit de peur de louper l'heure du départ. Autant dire que 4h45 c'est le milieu de la nuit, par conséquent, je pressens la tête de panda toute la journée.

Un bon point, je voyage sans Helmut.

Bref, 3615 ma vie, je voulais tout simplement vous dire un petit bonjour et vous informer que pour une fois, même si ce non-billet a été rédigé hier soir, je serai théoriquement debout à l'heure où il sera publié.

J'envisage d'ailleurs de me coucher habillée pour être certaine de ne pas zapper l'étape "culotte, soutien gorge, collants et cie". Ce serait ballot.

Have a good day, les copains.

Tu es sûre que tu ne veux pas dormir un peu ?

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Ce week-end, j'ai fait un aller retour express à Lyon avec Helmut pour aller admirer ma micro nièce. Je vous épargnerai mes ah et mes oh d'admiration devant ce petit chou adorable qu'est la jolie Louise.

En revanche, permettez moi de vous livrer quelques réflexions notées au vol lors de mes deux trajets avec 666, j'ai nommé l'antéchrist, alias Rose.

– Quand tu voyages seule avec un enfant de 21 mois dans un train, la théorie de la relativité prend tout son sens. Par exemple, l'annonce des dix minutes de retard qu'aura le TGV à l'arrivée te plonge à peu près dans le même désespoir que si tu étais coincée en Russie et que douze volcans islandais venaient d'entrer en éruption, te condamnant à errer dans Minsk sans carte bleue ni manteau. Autrement dit, 10 minutes avec un moutard de moins de quatre ans dans un train = dix ans de goulag.

– Le seuil de tolérance dans ce genre de circonstances a également tendance à varier. Par exemple, tu te fous éperdument que ton chérubin s'enfile deux paquets de chips blindées de lipides.

– Par contre, tu tiques un peu si elle se met à manger des chipsters trouvés dans la poubelle. Tu tiques, mais si ça détourne son attention de la porte du compartiment – impossible à verrouiller et qui menace d'amputer un enfant toutes les dix secondes – tu passes outre.

– D'ailleurs tu es prête à passer outre un grand nombre d'interdits si cela dissuade pupuce d'aller et venir dans les travées du train, et de s'agripper au passage avec ses mains pleines d'huile de chips aux hommes d'affaires furieux de la subite démocratisation de la première classe. Sont donc momentanément autorisées les actions suivantes: fouiller ton sac et en balancer le contenu dans le couloir, dévider consciencieusement le paquet de lingettes puis nettoyer non moins consciencieusement les fenêtres immondes du TGV avec du Mustela à 10 euros les 100g, déchirer les titres de transport même si le contrôleur n'est pas encore passé, enlever ses chaussures, se tenir en équilibre sur l'accoudoir et bien sûr, suprême plaisir, glisser tout ce qui passe à portée de main dans les interstices des grilles d'aération manifestement conçues pour des petits doigts d'enfant de 20 mois.

– Est en revanche formellement interdit: faire la grosse commission. Interdit systématiquement transgressé, évidemment.

– A ce sujet, l'apprentissage de la propreté est totalement incompatible avec la prise d'un train. Surtout quand la nurserie est en voiture 8 et toi en 1 et que tu viens déjà de te taper deux allers-retours suite à des hurlements stridents sur le mode "caca, caca". Pour trouver à l'arrivée une couche immaculée, la chère enfant confondant encore prout et passage à l'acte. Ok, la plaisanterie t'a occupée et elle aussi pendant cinq minutes – ce qui n'est pas négligeable, cf plus haut -, mais accessoirement ça t'a également collé une sacrée gerbe. Ainsi qu'une dizaine de contusions dues au balancement subtil du train lors de ta promenade avec une Helmut gesticulante dans le bras droit et le sac à langer dans l'autre.

Manque de bol, la troisième alerte était la bonne. Un attentat intestinal en bonne et due forme.

– J'en profite donc pour présenter mes excuses au futur passager du prochain Paris-Lyon, place 115 voiture 1. Oui, il y a des gens assez dégueulasses pour coller une couche remplie de merde dans la micro-poubelle qui sert normalement à jeter les chewing-gum. C'était ça ou je vomissais sur le contrôleur.

– Je m'excuse également auprès de mes voisins de galère, pour le dérangement auditif et olfactif, donc.

Je vous laisse avec une petite sélection des phrases à mon avis le plus souvent prononcées par les parents à leurs bambins dans les voyages en train. Fruit d'une étude de terrain.

"Allez, on va manger, après, un petit dodo, et hop on arrive". "Tu as déjà terminé ?". "Tu es sûr que tu ne veux pas un autre gâteau ?". "Encore un ?". "Tu arrêtes". "Tu arrêtes tout de suite". "ça suffit". "Non, on n'arrive pas bientôt, on vient de partir". "Dans cinq minutes". "Tu as encore envie de faire pipi ?". "Tu arrêtes de boire, là, maintenant". "Prends ta DS, ça t'occupera". "Tu es sûr que tu ne veux pas prendre ta DS ? Pour une fois que tu peux y jouer le temps que tu veux ?". "Non, tu ne vas pas dans le couloir". "Assieds toi". "Si tu ne t'assieds pas tout de suite…". "Tu vas te faire mal". "Je te dis que tu vas te faire m…" "Et voilà !". "Qu'est ce que maman avait dit ?". "Tu es fatigué, viens dans les bras de maman faire dodo". "Tu es crevée, c'est n'importe quoi. Prends ta tétine et fais dodo". "Tu verras, un petit dodo et on arrive". "Dans cinq minutes on arrive". "Arrête avec cette poubelle". "Oh, regarde les vaches !" "Mais si, là, regarde !". "Trop tard, elles sont parties". "Ne pleure pas, y'en aura d'autres". "Ne mets pas ta bouche sur les fenêtres c'est dégoutant". "Tu arrêtes avec la tablette. ça fait du bruit, ça énerve tout le monde et tu peux te faire mal". "C'est la dernière fois que je te le dis". "Tu continues avec cette poubelle, j'appelle le contrôleur". "Regarde la dame là bas, elle fait les gros yeux". "Ouh, que tu es pénible". "Prends exemple sur la petite fille". "Prends tes crayons et fais un dessin". "C'est très joli". "Tu en fais un autre ?" "Allez, tu fais des dessins pour mamie, pour papi, pour tatie, pour la dame qui fait les gros yeux…". "Tu remets tes chaussures". "Chuuuut". "Regarde le petit garçon, là bas, il fait dodo dans les bras de sa maman, lui". "tu es sûre que tu ne veux pas faire dodo ?" etc etc etc.

Allez, je vous laisse avec deux trois preuve en image de mon calvaire. Et une de la menotte de ma nièce aussi légère qu'un chipster…

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Le cri de la licorne

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Hier, j'étais dans la cuisine en train de préparer le repas
pendant qu'Helmut et le machin jouaient dans le salon (= faisaient
les cons). J'entendais les rires mélangés des deux, de plus en plus
forts, annonciateurs de larmes certaines (quand on est mère, c'est
un truc qu'on SAIT, trop de rigolade, tue la rigolade). D'habitude,
j'arrive à sentir le moment fatidique et crie un "ça suffit,
on se calme" qui peut – ou pas – prévenir la catastrophe. Mais
là, alors que je m'apprêtais à beugler, un bruit énorme a fait
trembler les murs.

Ce genre de bruit dont tu SAIS (là aussi, truc de mère) qu'il va
être instantanément suivi de vagissements stridents. D'ailleurs tu
l'espères presque, le hurlement, parce qu'un bruit pareil suivi de
silence, c'est peut-être encore plus terrifiant (= l'enfant est
mort, inanimé, dans le coma).

Là, en l'occurrence, niveau cri, j'ai été servie. Lara Fabian les doigts dans la prise.

En un dixième de seconde je me suis ruée vers le lieu du crime,
le coeur à 100 mille, tout en étant tentée de me carapater loin, très loin, pour ne pas affronter les probables traumatisme
crânien/éventration/fracture multiples que j'allais à coup sûr
trouver dans la pièce d'à côté.

Le résultat des courses était à la hauteur de mes craintes: un
oeuf de pigeon bleu était en train de pousser sur le front d'Helmut.
Quand je dis oeuf de pigeon, je n'exagère pas, on n'était pas loin
de la transformation en licorne. Bien sûr, mon premier réflexe de
mère aimante a été de pourrir proprement le machin, forcément responsable à
en juger par son air contrit et coupable.

A l'heure où j'écris ces lignes, je ne sais toujours pas
exactement ce qui s'est passé si ce n'est que Rose a fait une
sorte de vol plané complètement imprévu et que son front a
croisé le chemin d'une porte malencontreusement ouverte. Tout ça
sans aucune intervention humaine. Par contre, bien qu'il
n'ait "rien fait", il l'assure, le machin ne l'a "pas fait
exprès", ça il le jure.

Bref, après observation attentive de la bête pendant 24h, on a, à priori,
échappé à toute complication du type hémorragie cérébrale ou
rupture d'anévrisme (ah oui, au niveau de la névrose maternelle, on
n'y va pas à moitié). Je dois aussi avouer que je ne suis pas peu
fière d'avoir résisté à la tentation du samu ou des urgences (je
rappelle qu'il m'est arrivé de composer le 15 suite à une crotte bicolore,
faut pas trop me pousser). L'effet petite troisième, j'imagine.

Il n'empêche que pendant quelques minutes, entre l'énorme
déflagration et l'apparition de l'oeuf de cigogne, j'ai à nouveau
ressenti cette impression atroce. La vie qui s'arrête, le ventre
explosé par la peur. Je sais que ça ne cesse jamais, que cette
montée d'adrénaline, je la connaitrai désormais à chaque coup de
téléphone nocturne les nuits où l'un des trois sera de sortie, à
chaque chute de toboggan, à chaque dérapage incontrôlé sur une
piste de ski, à chaque fois où l'espace d'une seconde j'aurai la
certitude d'avoir perdu l'un d'entre eux au milieu de la foule ou au
Franprix du coin.

Je sais aussi que je ne m'y ferai jamais.