Mois : décembre 2011

Leçon de séduction

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Samedi soir nous étions invités à l'anniversaire de notre ami J. Rien de très huppé, hein, un repas à huit avec les mêmes et on recommence. Mais depuis que mon bureau se situe à moins de dix mètres de mon canapé (en réalité mon bureau EST mon canapé) (et inversement), j'ai rarement l'occasion de faire des frais de toilette. Je mets certes un point d'honneur à m'habiller tous les jours ET à me maquiller un minimum mais hormis quelques rendez-vous à l'extérieur, je fais rarement péter le chemisier en soie.

J'avais donc une envie subite d'élégance ou tout au moins de mise en avant d'un semblant de féminité. Peut-être aussi en raison de dix jours consécutifs à nettoyer le vomi de Rose. ("moi dans mon ventre j'ai plein de GLAIRES", s'est-elle exclamée dans la file du Monoprix vendredi, sous vos applaudissements)

Bref, trêve de digressions, j'avais envie de faire ma Catherine Deneuve. Et d'en mettre plein la vue au Churros. Histoire qu'il oublie définitivement cet épisode de pyjama-bassine-à-dégueulis.

Je n'ai pas lésiné sur les moyens. Jupe crayon taille haute hyper entravante, bottes avec talons de douze ultra douloureuses et blouse légère noire ostensiblement transparente. Don Draper, reprends un whisky, la nuit va être longue. Même ma culotte et mon soutien-gorge étaient coordonnés ce qui arrive uniquement lorsque la lune est en capricorne et que mars et jupiter sont alignés. Quand je suis descendue dans le salon, non sans avoir pris le temps de froisser – défroisser mes cheveux et de crayonner mes yeux en un smokey eyes à faire pâlir de jalousie les plus grandes beautistas de l'internet, je dois avouer que j'étais sûre à 100% de voir mon époux tomber à la renverse (ses érections ont tendance à lui faire perdre l'équilibre) (oui j'ai beaucoup de chance).

Au lieu de quoi, il m'a jeté un coup d'oeil distrait et s'est replongé sur son fil twitter (on travaille beaucoup sur le sujet mais on a un problème d'addiction).

Rose quant à elle m'a longuement fixée, puis rendu son verdict: "tu es très belle maman. Mais tu fais quand même un peu peur".

Ce qui a déclenché un fou rire immédiat du churros qui là d'un coup en a oublié son micro-réseau à la con. Je passe rapidement sur le psychodrame qui a suivi ("tu n'aimes pas ma tenue ou quoi ?" – "si si" – "attends, c'est bon, après 15 ans, je sais exactement quand tu aimes ou quand tu n'aimes pas" – "mais si, tu es très bien" – "très bien, mais pas whaou" – "mais si, whaou" – "ok. Comment elle s'appelle cette pute ?" – "mais enfin, tu délires ou quoi, tu es parfaite. Très belle" – "j'ai compris, je vais me changer" – "mais noooon" – "c'est parce que j'ai grossi ?" – "pas du tout" – "ou alors c'est que je suis vieille". "Pfffffffffff" – "Tais-toi".)

Pour la faire courte, je suis allée me changer, ai opté pour une autre blouse, en plumetis noir cette fois-ci et un short, noir également. J'ai gardé les bottes. Et le churros a semblé trouver ça mieux, sans pour autant non plus en faire des tonnes. Je n'étais pas dévastée mais j'ai tout de même vidé deux bouteilles au bas mot à moi toute seule chez nos copains pour noyer mon désespoir. Du coup j'ai ricané grassement pendant une heure quand Frédé a trouvé que mon fondant marrons-chocolat ressemblait à un gros cul. Ou en tous cas qu'un anus s'y était planqué. Classe.

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Le lendemain, vous vous doutez que ma mise fut sommaire. Autant la veille, sur une échelle de 1 à 10, je me serais accordé un 8 (un 8 à mon niveau, je précise), autant là, même un 2 eut été cher payé. Jean pourri, yeux de panda (la couette démaquillante ne marche pas à tous les coups), haleine chargée et t-shirt Petit-Bateau. Propre, par contre.

Et là, pof, le churros me voit et me fait son regard "je vais te faire bouffer l'oreiller". Certes rassurée quant à l'avenir de notre mariage, j'ai tout de même tenté de sonder les tréfonds de son âme pour comprendre en quoi ma gueule de biais et mon allure de pochetrone pouvait avoir le moindre attrait en comparaison de mon outfit ultra élaboré de la veille. "En fait, l'hyper-féminisation te fait peur, c'est ça ? Tu me rabaches que tu adooores le style années 50, les nanas moulées dans des jupes au genou avec talons aiguilles mais je t'ai fait te sentir un tout petit garçon en me déguisant en femme fatale. Tu es comme tous les hommes finalement, tu étais en DANGER. Peur de la castration, c'est tout. A moins que ce soit mon maquillage ? Pas assez naturel ? Je manquais de subtilité, c'est ça ? Et nia nia nia et nia nia nia".

Il m'a laissée soliloquer et quand je me suis tue, il m'a mis une main aux fesses et m'a répondu: "non, c'est juste que ton t-shirt, là, il est un peu trop petit et il me donne envie de te toucher les seins. j'adore".

Mad-Men staïle: 0 – Petit-Bateau: 1.

Moralité, et ce sera mon premier conseil cadeaux de Noël (peut-être le dernier d'ailleurs parce qu'au vu de ma piètre récolte pour l'instant en ce qui concerne mes propres achats je me demande si je vais honorer mes engagements à ce sujet), achetez aux filles que vous aimez des t-shirt petit-bateau. Si possible une taille en dessous de ce qu'elles portent d'habitude. La couleur et la forme du col importent peu. L'essentiel étant qu'ils vous moulent les seins. Ah parce que oui, le mieux c'est de vous en offrir un, les girls. On n'est jamais si bien servi que par soi même.

Pourquoi blogué-je ?

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C'est un billet difficile à écrire parce qu'il est un peu comme une énorme boule de pâte à pain, qui s'étirerait dès qu'on la prendrait d'un côté. C'est un billet qu'il me semble avoir déjà rédigé plusieurs fois mais qui ne sera pas forcément identique aux précédents parce qu'au fil des mois la situation évolue et les propos avec.

C'est un billet suscité par certains commentaires ces derniers jours, par des discussions avec des copines blogueuses, par des conversations entre amis, par une réflexion quasi-quotidienne aussi, tout simplement, sur le pourquoi du comment on devient cet être hybride, étrange et souvent agaçant: une blogueuse.

(attention, billet le plus long de l'histoire de la blogo et potentiellement un peu chiant, aucune obligation de cliquer sur "lire la suite")

 


Comme je ne sais donc pas exactement comment m'y prendre pour rédiger ces quelques lignes, je crois que je vais fonctionner par un jeu de questions réponses qui devrait m'aider à structurer un peu mes propos. Mais avant, je tiens à le préciser, il n'y a nulle envie de justification dans ce post et ce dernier n'a pas pour objet de récolter une moisson de commentaires complaisants. J'ai simplement envie d'essayer d'y voir plus clair et de vous permettre à vous aussi de comprendre certaines ambiguïtés et complexités de cet exercice qui consiste à écrire quotidiennement sans que quiconque ne m'y oblige. Ces propos, par ailleurs, comme on le dit sur Twitter, n'engagent que moi et si certain(e)s blogueurs(euses) s'y reconnaissent, tant mieux, mais je n'ai pas la science infuse et ne parle finalement que de ce que je connais le mieux: moi.

Bref, nous y voilà.

– Tu dis que tu blogues pour le plaisir et bénévolement, mais c'est complètement faux, c'est devenu un métier et d'ailleurs ça te rapporte de l'argent, ce qui donc autorise tes lecteurs à te critiquer, non ? Alors pourquoi la critique justement est-elle si difficile à accepter ?

Le blog est-il un métier ou un loisir, en somme. C'est LA grande question. A laquelle il est bien difficile de répondre. Pour ce faire, il faut peut-être remonter aux origines de la blogo, autant dire au moyen-âge à l'échelle de l'internet. Comme je l'écrivais hier dans les commentaires, pour les pionniers de la blogo dont je fais partie, le blog fut à l'origine un amusement, une tentative d'exister sur la toile, de "publier" des écrits autrement que dans un livre ou un journal. Pour certaines, ce moyen d'expression s'est très vite mué en support de photos de mode, pour d'autres en une occasion de montrer leurs dessins, d'autres encore en recueil de chroniques. A ce moment là, l'idée même de gagner de l'argent était incongrue. Je ne pensais même pas alors être lue par d'autres personnes que celles auxquelles j'avais donné l'adresse (mon mec et deux copines). De là à dire qu'il n'y avait pas la moindre ambition de "réussite", c'est faux. Pour avoir l'idée de lancer des mots à la mer comme cela, il faut avoir l'envie d'être lue. Et donc si ce n'est d'être connue, au moins reconnue. J'avais depuis toujours ce désir d'écrire, tout en étant 1) velléitaire 2) pas très sûre d'un quelconque talent en la matière. Alors ce blog, c'était une façon de me botter les fesses et de tester. Et puis, par un concours de circonstances, pour moi comme pour d'autres, et peut-être parce que nous n'écrivions pas que des conneries ou alors qu'on ne le faisait pas si mal, les lecteurs sont arrivés. Un peu, puis pas mal, puis beaucoup. Avec eux, sont également venues les propositions de pub, les offres de partenariat, les tentations de cadeaux. LE MAL. L'Argent. Certaines blogueuses, je pense à Simone de Bougeoir, ne sont jamais tombées dans ce panneau. D'autres ont foncé tête baissée. D'autres encore, moi en l’occurrence mais finalement la plupart je crois, ont opté pour un entre-deux, essayant de rester honnête tout en ne s'interdisant pas de mettre du beurre dans les épinards.

Et puis le blog a ouvert des portes. Et puis le blog est devenu aussi une vitrine. Et puis un argument de "vente" auprès d'éventuels employeurs. Une identité, presque. Un… métier. Ou quelque chose s'en approchant. Et forcément, l'enjeu d'un billet a changé.

Parce qu'écrire pour trois lecteurs n'a pas la même implication que de savoir que des milliers de gens  vont pouvoir lire les informations hyper intimes qu'on n'hésitait pas à balancer hier encore avec une certaine candeur. A savoir aussi qu'à force de s'exposer, on finit par faire croire aux gens qu'on est devenu leur amie ou tout au moins une de leurs proches. Alors qu'en réalité, pas vraiment. D'où le malentendu souvent et ce genre de remarques lues sur des forums ou dans des commentaires à propos d'une telle ou d'une autre: "en vrai elle n'est pas du tout sympa alors que sur son blog elle se la joue girl next door". En l’occurrence, en "vrai", la blogueuse est souvent comme tout un chacun. Humaine donc imparfaite. Et forcément éloignée de l'image que les lecteurs projettent sur elle ou de celle qu'elle donne en omettant volontairement de mettre en avant ses pires défauts (la blogueuse est parfois une dinde mais rarement maso).

Bien sûr, c'est très délicat cette histoire de proximité. Parce que c'est ce qui explique en premier à mon sens l'engouement pour les blogs. Le fait de pouvoir dialoguer avec l'auteur, de se reconnaitre en elle. Alors forcément, quand elle devient une "people" comme, au hasard, Garance Doré, ce mécanisme d'identification ne fonctionne plus. Et ça, la blogueuse en est consciente. D'où les billets chez certaines dans lesquelles elles persistent à se présenter comme des Candides au milieu des requins, comme des Bridgets dans un cercle qu'elles fréquentent mais dont elles ne font pas vraiment partie. J'ai recours aussi à ce procédé dans mes billets. Et je ne crois pas être malhonnête quand je le fais parce que si je ne suis plus complètement outsider dans les (rares) événement où l'on m'invite, je suis encore très souvent frappée du syndrome de l'imposteur et pas du tout "intégrée" par les cadors de la mode, beauté etc. Mais peut-être que même si je l'étais vraiment, je continuerais à raconter les choses de cette façon là, parce que sinon ça n'est pas très drôle. Surtout, sinon, ça ressemble à ce que n'importe quelle journaliste de magazine féminin peut écrire.

Avec cette extension du lectorat et la dépendance de l'auteur vis à vis de son blog (qu'il ne peut plus forcément arrêter du jour au lendemain étant donné qu'il est devenu son meilleur CV), le ressenti des lecteurs évolue. Ces derniers se sentent – à raison – partie prenante du succès du blog. Ils ont l'impression d'avoir leur mot à dire sur le contenu, puisque sans eux, tout ceci n'existerait pas. Ils voudraient, pour certains, que ce soit plus comme ci, moins comme ça. Ils détestent la pub, ils adorent telle rubrique, ils trouvent que cette photo est affreuse, que ce billet est abject. Et ils le disent.

Et la blogueuse, elle, ne comprend pas. Après tout, premier argument imparable de tout blogueur attaqué, "c'est gratos et personne ne t'a demandé de venir". Ce qui est totalement vrai. Mais aussi probablement un raisonnement à court terme. Puisque la pub ne rapporte que si les clics se multiplient. Et que si plus personne ne vient, le blog redevient un petit journal intime confidentiel. Ce qu'aucune blogueuse ayant un peu "percé" ne souhaite. Ceci étant dit, si les lecteurs ont donc une certaine légitimité à manifester leur mécontentement, le faire derrière un pseudo bien tranquille chez soi en écrivant des horreurs ou quelques perfidies bien tournées n'est pas la meilleure façon de s'attirer les faveurs de la tenancière. Et n'est pas forcément acceptable non plus. Impossible quadrature du cercle, donc, entre la blogueuse qui se sent attaquée à la moindre critique (parce que même après toutes ces années, même en s'étant professionnalisée, elle continue de livrer finalement beaucoup sur ces pages et qu'attaquer son blog, c'est l'attaquer elle) et le lecteur qui s'estime en droit d'exiger certaines choses puisqu'il est à l'origine de tout. Poule et oeuf, oeuf et poule.

On pourrait décréter que la solution, c'est que le blog ne devienne pas un métier justement. Mais c'est une bonne solution pour les lecteurs, pas pour les blogueurs. Et même, finalement, pour les lecteurs non plus. Ce qui fait le succès d'un blog, c'est le fait qu'il soit alimenté régulièrement, que les photos y soient belles, les textes chiadés, les anecdotes racontées, croustillantes. Et pour cela, il faut du temps. Et pour y consacrer du temps, il faut d'une certaine manière que cela rapporte un peu. A moins d'être la petite fille cachée de Liliane Bettencourt (et encore, à priori ça ne garantit pas la tranquillité d'esprit) et de pouvoir vivre d'amour et d'eau fraiche. Honnêtement, si "Pensées de ronde" n'avait pas évolué depuis bientôt 6 ans qu'il existe, je ne suis pas certaine que vous viendriez encore m'y lire. Et je consacre bien sûr aujourd'hui beaucoup plus de temps dessus qu'à l'origine.

Surtout, pourquoi bloguer ne deviendrait-il pas un métier ? Au nom de quoi il serait interdit ou amoral de créer une nouvelle profession, avec de nouveaux codes, un profil de poste inédit ? On lit souvent sur certains blogs que les Français ont du mal dès qu'il s'agit du fric, qu'aux Etats-Unis les blogueurs n'ont aucun scrupules à afficher leurs cadeaux. Je crois que c'est un peu plus compliqué que ça. En France, on a du mal avec l'idée qu'un travail puisse être à l'origine une activité plaisante. Labeur et souffrance doivent être liés. Ok pour gagner de l'argent, mais seulement si c'est au prix d'un effort qui coûte. Or là, on a vu apparaitre sur la blogosphère, des gens qui tout en s'éclatant, finissaient par se fabriquer leur job, celui de leurs rêves. Un concept complètement étranger à l'idéologie judéo-chrétienne dominante. Et donc ulcérant. Pourtant, ceux qui s'indignent de la belle vie de ces nouveaux chercheurs d'or devraient tout de même garder à l'esprit que les blogueurs, ces mercenaires, vivent dans ces cas là sans filet. Pas de contrats, pas de chômage, pas de cotisations ou presque et la peur toujours présente que "ça" s'arrête. Enviables, peut-être, mais couillus, malgré tout, de s'infliger cette précarité angoissante.

– Oui, mais la pub, toussa toussa, c'est quand même de la corruption, non ? On prend les gens pour des jambons, on utilise son influence pour les sucer jusqu'au trognon !

Là aussi, difficile de répondre de manière tranchée. Oui on prend les gens pour des cons quand on vante une palette de maquillage avec lien affilié à la clé (= le blogueur touche une com sur les ventes générées par le lien), alors même que la palette en question on la trouve nulle à chier. Après, du moment que les choses sont claires, que l'affiliation n'est pas un tabou et que le produit vanté l'est sincèrement, après tout où est le problème ? Aucun blogueur ne met un flingue sur la tempe d'un lecteur pour qu'il achète quoi que ce soit. Idem pour les billets sponsorisés, les pubs et cie. S'il y a transparence, aucune raison de crier à l'arnaque. Personnellement, je préfèrerais me passer de tout ça, je n'aime pas particulièrement participer au barnum du marketing et de la pub. Mais comme expliqué plus haut, difficile de consacrer deux à trois heures par jour à une activité qui ne rapporte rien quand on est free lance. Et les rares tentatives consistant à proposer un abonnement, même complètement dérisoire, ont échoué bruyamment (= la blogueuse s'est fait lyncher). Alors peut-être que la pub n'est finalement que la moins pire des solutions ?

Quant aux cadeaux et autres avantages en nature, je me souviens d'une lectrice qui avait écrit dans les commentaires un jour où l'on m'avait interpellée sur le sujet qu'après tout, c'était un plus, comme les tickets restos, mutuelles et autres chèques vacances auxquels on a droit lorsqu'on est salarié et sur lesquels on peut s'asseoir lourdement quand on sort de ce système. Je trouve ce parallèle pas si con.

Je crois surtout qu'en réalité, le problème est dans la qualité de ce qui est proposé. Parce qu'un blog qui devient une succursale de Séphora, Maje, Asos ou La Redoute n'a pas un intérêt énorme. Et qu'au final, la sanction sera une évaporation de son auditoire. Bref, au lieu de mettre de la morale et de l'éthique dans ce débat, mieux vaut je pense faire confiance à la régulation naturelle, qui fait que les blogueurs arrogants, malhonnêtes et dotés d'un melon à faire peur finiront par disparaitre. Et que si ça n'est pas le cas, c'est peut-être parce que tout simplement, sur la toile comme ailleurs, les gens adorent détester. Et dans ce cas, grand bien leur fasse. Et je m'inclus dans "ces gens", étant une grande lectrice aussi, pour de bonnes mais aussi de mauvaises raisons (je ne suis pas que bonté vous savez ?) Rappelez-vous seulement que lorsque vous cliquez sur la page d'un ou d'une blogueuse que vous méprisez, vous lui apportez en général un peu d'argent. Donc la meilleure façon de punir définitivement quelqu'un que vous considérez comme mauvais est probablement de le rayer de vos favoris plutôt que d'y aller de votre commentaire acerbe.

Voilà, je n'ai jamais été je crois aussi longue et je n'ai finalement pas vraiment fait de questions – réponses. Et le pire c'est que je pense ne pas avoir vraiment abordé l'essentiel, à savoir pourquoi blogue-je. La réponse, c'est très certainement que je n'en sais rien. Après tous ces billets, toutes ces années, je ne sais pas ce qui me meut tous les jours, ou bien si, en réalité je sais que c'est une quantité infinie de raisons qui me poussent à continuer: le plaisir d'écrire, le fait d'attendre vos réactions, la liberté que je m'accorde malgré tout sur ces pages, les rencontres virtuelles ou réelles qui en découlent, les discussions qui sont générées dans les commentaires, la vie différente que cela a fini par m'apporter, le sentiment de contribuer peut-être, un tout petit peu à la création d'un lien social. Et une foultitude d'autres choses à découvrir encore.

Voilà, en blog comme en tout, il n'y a finalement pas – et c'est regrettable – (ou pas ?) de vérités définitives…

Edit: Sinon, juste, pour terminer, ce blog, comme je l'avais déjà écrit ailleurs, me rapporte un peu d'argent mais pas énormément (la crise n'aidant en rien, les budgets pub en effet sont au plus mal). D'autre part, mes activités journalistiques ne dépendent quasiment pas de mon blog. Certes, si je pige pour Psycho, c'est un peu au départ par le truchement du blog, mais je crois que si je fermais "pensées de ronde" aujourd'hui, je continuerais à écrire pour eux. Idem pour Cosmétique magazine, ou d'autres collaborations ponctuelles de la presse féminine. Quant aux autres supports pour lesquels je travaille, ils n'ont rien à voir avec le blog. J'y écris sur l'enseignement supérieur, sujet qui fut le mien durant des années et qui continue de me passionner. Tout ça pour dire que si dépendance il y a aujourd'hui vis à vis de ce blog, elle est tout sauf financière.

 

Up and down de Noël

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Ça fait un moment non qu'on n'a point vu de up ou de down ?

– Down: les poupées Karl L. en lieu et place des automates habituels des vitrines du Printemps (à moins que ça ne soient les Galaf, peu importe d'ailleurs). Non seulement je les trouve sinistres et moches mais surtout, moi qui me fais une joie chaque année d'emmener les enfants admirer lesdites vitrines, là je n'en ai aucune envie. S'il y a bien un personnage qui n'incarne en rien Noël à mon sens, c'est bien ce pantin lagerfeldien. Je ne nie pas son talent, parfois même il me fait rire (les caricatures me font souvent cet effet là et puis j'aime assez son côté perfide). Mais avec Noël, ça ne colle pas, désolée. 

– Up: L'ouverture d'un hôtel pour les blogueurs à Stockholm. Ou plus précisément la mise à disposition aux blogueurs qui en font la demande d'une nuité gratuite dans cet établissement en cas de déplacement "professionnel". Enfin je dis up mais en réalité, c'est un gros down. Ils ont en effet fait appel à une star de la blogo pour le designer et je ne comprends pas qu'au vu de mes talents en la matière ils ne m'aient pas contactée. Sérieusement, je trouve l'idée amusante, tellement représentative de l'air du temps. Il y a cinq ans encore, personne n'aurait imaginé une chose pareille. Et même si personnellement j'aspire à autre chose quand je voyage que d'aller dans un endroit où se retrouvent des gens tous pareils (il n'y a rien qui ressemble plus à un blogueur qu'un autre blogueur) je trouve l'initiative maligne. Et comme j'avais adoré cette ville, je ne peux qu'encourager quiconque à aller arpenter les ruelles de cette cité si particulière.

– Down: les menaces proférées par quelques fondamentalistes catholiques contre Jean-Michel Ribes, directeur du théâtre du Rond Point. Son crime ? Produire la pièce Golgotha Picnic, considérée comme blasphématoire. Pour rappel, ce délit n'existe pas. Encore heureux, on a le droit en France de se moquer des religions. DIEU merci.

– Down: Le débat sur le droit de vote des étrangers qui selon moi ne devrait même pas en être un de débat. Etant donné que ça fait belle lurette qu'ils devraient l'avoir ce droit. Idem – et même si ça n'a rien à voir – pour les homosexuels qui devraient pouvoir se marier. Deux sujets qui persistent à être considérés comme des marottes de gauche alors qu'il ne s'agit pour moi que de droit de l'homme. Les hommes naissent comment déjà ? Libres et égaux en droit. Sans blague.

– Up: L'article dans Grazia de la semaine dernière sur ces gens qui ont lancé leur activité en pleine crise, en se disant qu'après tout ça ne peut pas être plus pire. J'avoue apprécier ce genre de tentative, peut-être don-quichotesque de défier la sinistrose. Ça fait un peu démago de parler des trains qui arrivent à l'heure (quoi qu'en ce moment ce soit un vrai sujet) mais voilà, j'admire cet optimisme qui pousse certains à y aller, vaille que vaille. D'autant que les exemples cités n'ont rien de jeunes loups assoiffés de fric, plutôt de doux rêveurs créatifs qui ont cette envie un peu folle de vivre de ce qu'ils aiment. Parmi eux, une jeune femme qui fabrique des bijoux et dont la blogo parle pas mal, Clémence Cabanes. J'aime bien.

– Up: tous ces films qui sortent ces derniers jours et qui me donnent tellement envie d'aller m'enfermer dans une salle obscure. Mes deux targets: Shame et Carnage. Hâte.

– Up: plein de projets qui se profilent, d'une écriture un peu différente. Et puis celui dont je suis enfin venue à bout au terme de plusieurs mois à recommencer, couper, ré-écrire, effacer, ré-inventer. Je ne sais ce qu'il adviendra de lui, je ne sais si un jour je pourrai en parler au présent. Mais j'ai le sentiment d'avoir achevé quelque chose et même s'il reste en l'état, je ne regrette rien parce qu'il aura été à l'origine d'une jolie amitié et d'une vraie prise de conscience: j'aime ça.

– Up: la perspective d'un Noël en famille dans la maison de mes parents. J'imagine déjà l'énorme sapin, la déco chaleureuse, les bougies partout, les cadeaux trop nombreux, les clopes grillées dans la cuisine avec ceux qui n'arrivent pas à arrêter, les vannes de mes frères, la voix haut perchée de ma soeur qu'on va forcément faire tourner en bourrique, mon père qu'il faudra faire semblant de prier pour qu'il redescende à la cave, le repas de ma mère qui ne manquera pas de connaître quelques loupés même si c'est incroyable ce qu'elle s'améliore, les hurlements des enfants, les pas qui grincent dans l'escalier et puis nous dans ce lit au sommier qui s'affaisse un peu et nous fait dormir contre, tout contre, ma robe de mariée dans le placard veillant sur nous. Hâte.

Voilà, c'est tout pour aujourd'hui. Hier j'étais un peu azimutée, réagissant assez promptement à un commentaire somme toute sans importance. Migraine, Rose malade, encore, et donc à la maison depuis une semaine. Ceci expliquant cela, ou pas, mais ça devrait aller mieux, devinez quoi ? Elle a pris sa potion à la banane de synthèse hier soir, parce que marre.

Bonne journée

La photo ? Rien à voir ou presque, mon père et l'un de mes frères dans le bus, un jour où j'essayais une nouvele appli photo sur mon Iphone. J'aime bien le rendu complètement improvisé. C'est beau une chemise blanche, en fait, non ?

Leave Kate Winslet alone

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Les magazines féminins n'aiment rien tant que de se trouver des "stars" qui entrent dans leurs cases. Au hasard, on a Charlotte Gainsbourg, l'actrice pas si fragile que ça, Vanessa Paradis l'icone secrète à la vie de rêve (vous saviez qu'elle vit avec Johnny Depp ?), Scarlett Johanson la rebelle arty et… et Kate Winslet, la fille qui s'assume.

Qui s'assume quoi, on se le demande un peu, au premier abord. N'ayez crainte on va vous l'expliquer, que ce soit dans le Elle ou le Glamour et à n'en pas douter dans une palanquée d'autres titres étant donné qu'elle est à l'affiche du dernier Polanski (= en promo et donc en couv de tout ce qui est en papier glacé).

Kate assume donc. Pas d'avoir divorcé, d'être anglaise aux Etats-Unis ou de s'afficher sur une pub pour montres très chères. Non, la meuf assume d'être grosse. Bien évidemment, il n'est pas question d'utiliser ce mot là, on est entre gens bien. On parlera donc plutôt de ses formes "généreuses" (non ça n'est pas un compliment, ça fait bien longtemps que la générosité, qu'elle soit au propre ou au figuré est à ranger avec ces "qualités" méprisables, comme la gentillesse ou la modestie), de sa silhouette pulpeuse, de sa poitrine opulente ou encore de ses tenues qu'elle ose porter moulantes (le courage) en faisant fi des canons du star system.

Autant dire qu'elle force l'admiration, surtout avec ses rides. Ah oui parce que je ne vous ai pas dit ? Elle ne se contente pas d'être une truie. Elle milite contre la chirurgie esthétique. Si. Kate Winslet est à Hollywood ce que Aung san su kii est à la Birmanie. Deux minutes de silence s'il vous plait.

Sans même vous rejouer le couplet – déjà suffisamment chanté sur ce blog à maintes reprises – de la dangerosité d'un tel discours sur les filles pas super sûres de leur popotin et qui se regarderont d'un autre oeil quand elles auront fini par intégrer que Kate Winslet est obèse, je suis surtout affligée par le degré zéro de perspicacité de ces articles. Je veux dire, on est d'accord que par rapport à pas mal d'autres, Kate a probablement un IMC à peu près normal et pas de 10 points en deça du seuil d'extrême maigreur. Mais nom d'un chien, quelle pauvreté dans ce traitement !

A croire que les rédactrices de ces canards pour meufs sont dotées d'autant de personnalité qu'un champ de trèfles. Depuis qu'une de leurs congénères a décidé un jour que dans la case "actrice qui dit non aux diktats" (= sympa mais… sympa, quoi) on y collerait Kate Winslet, pas un papier sur elle n'a changé d'angle. Dommage parce que cette comédienne est blindée d'atouts qui n'ont rien à voir avec son tour de hanches. A propos de ce tour de hanches, je trouve personnellement qu'il varie d'ailleurs au gré des photos et des rôles (en gros elle passe régulièrement de très mince à normalement constituée (= énorme pour Lauren Bastide et ses copines)), preuve s'il en est que la demoiselle est probablement soumise bien plus qu'on ne le dit aux impératifs esthétiques du milieu. Attention, je ne juge pas, c'est juste que ça met un peu à mal le discours sur sa croisade anti-conformisme. Et que si ça se trouve, la fille saine et rebelle qu'on nous décrit sans cesse est une nana qui peut à ses heures s'infliger des régimes draconiens ou descendre son placard les soirs d'angoisse. On n'en sait rien. Et peut-être qu'on s'en fout.

Plein d'atouts, disais-je. Pour commencer, c'est une actrice formidable. Qui mène sa carrière de manière plutôt très intelligente, choisissant ses rôles avec flair (j'ai beau chercher, je ne trouve pas un seul vrai navet dans lequel elle ait joué, à part peut-être holidays mais j'avais quand même aimé). Qui semble avoir un peu de jugeotte (mais hélas ça ne joue certainement pas en sa faveur, outre l'adjectif "généreux", il en est un qui veut souvent dire "moche", c'est le terme "intelligente") et qui donne l'impression de mener une vie plutôt à la marge du star system (ce qui ne l'empêche pas d'être de beaucoup de red carpets vêtue de robes de créateurs, donc je veux bien qu'elle roule ses clopes mais Kate n'est pas à proprement parler non plus la Mélanchon de Los Angeles, qu'on ne s'y méprenne pas).

Bref, à condition de bosser un peu le sujet, de refuser de ré-écrire une énième fois le même papier sur le mode "Kate, toutes les femmes l'adorent parce qu'elle a plein de défauts comme nous", il serait à mon avis possible de parler d'elle différemment. Oui mais là ça poserait un problème: on y mettrait qui à la place ? Non parce que Laetitia Casta a vachement maigri, c'est chiant.

Edit: sur la photo, Kate Winslet dans Mildred Pierce, une mini série qui m'a personnellement enchantée cet été. Je ne sais pas s'il est possible de la regarder légalement mais je vous la conseille…

J’aime #8

  Photo-9

Hier soir j'avais tapé un long billet et au moment de charger les photos, tout a planté et je me suis retrouvée comme la béotienne de base à qui on a pourtant répété 10 millions de fois et dans toutes les langues, de SAU-VE-GAR-DER mais qui ne s'y résoud pas.

Gros gros gros agacement, je dois dire.

Du coup, je vais donner dans la facilité aujourd'hui, avec un peu de chance ce soir je me rappellerai de la règle d'or de l'ordinateur et de la fonction "enregistrer comme brouillon".

En attendant, j'ai cru comprendre que c'était l'anniversaire de Geneviève… Happy birthday Geneviève !

Et aussi, je suis désolée, je voudrais être plus présente dans les commentaires mais il se trouve que finalement je n'ai pas plus de temps libre qu'avant, voire un peu moins, les journées étant plus courtes avec les enfants qui rentrent à 16h30. Mais je vous lis et je vous remercie, anciennes et nouvelles, pour votre fidélité.

Ah et enfin, je me demandais si cela vous intéressait 1) que je refasse comme l'année dernière un best-of de 2011 et 2) un billet "livres à offrir pour Noël", voire 3) un billet d'idées cadeaux ?

Voilà, sinon, j'aime…

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J'aime que le premier titre d'Amber and the Dude soit enfin en vente sur Itunes. Je l'ai acheté et j'ai un peu pleuré j'avoue. Je me rappelle encore son arrivée chez nous un samedi pour garder mes petiots. Je m'étais dit que mon dieu, elle était trop jeune pour s'occuper de jumeaux de 10 mois. Finalement, je crois qu'ils se sont appris à grandir tous les trois. Toutes les dates de leurs prochains concert sont ici.

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J'aime la dentelle des Galeries Lafayettes qui donne l'impression, en dépit du sinistre temps actuel, que le soleil se couche sur le boulevard Haussman…

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J'aime le café gourmand du Patio Opéra, petit resto découvert hier avec jardin intérieur chauffé où on peut fumer (no comment). Si les serveurs prenaient le matin deux trois pilules d'amabilité ce serait un lieu idéal pour des déjeuners de boulot. Si et seulement si.

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J'aime la bouille de mes girls dans leur bain. Je regarde avec presque nostalgie la crinière de la plus grande, que j'emmène cet après-midi chez Michel (who else ?), la demoiselle voulant "changer de tête". Je ne suis pas sûre d'aimer qu'elle en soit déjà à ce stade déterminant dans la vie d'une femme. Celui où on mise beaucoup (trop ?) sur la magie d'une paire de ciseaux… Je suis plutôt contente qu'elle ait choisi comme modèle de coupe celle de la si jolie Michèle Williams (que j'adore depuis Dawson) (oui, je regardais Dawson) et pas le mulet de Kirsten Steward, la mormone de Twilight (on en reparle aussi, je suis tombée à mon corps défendant dans la saga vampiresque, étant désignée d'office pour emmener la grande chérie et sa copine voir le dernier épisode. Mouaif. Bof, hein.)

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J'aime ce gros gilet shoppé il y a deux jours chez Monoprix juste avant un rendez-vous parce que je m'étais rendue compte que je caillais sec. C'est amusant parce que j'ai remarqué que ces achats d'urgence, au demeurant assez rares, ceux dont on arrache l'étiquette à peine sortis du magasin et dont on tente de planquer le sac parce que ça fait bizarre d'arriver à une réunion tôt le matin en ayant l'air d'avoir fait ses courses, sont souvent ceux que je porte le plus longtemps. Ceci étant dit, je suis d'accord qu'on s'en fout. Le churros le déteste, ça va sans dire, comme tout ce qui peut m'apporter un minimum de confort. Taliban.

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J'aime que Michel ait bien voulu la dernière fois que je l'immortalise. Même si ça se voit sur la photo que mes yeux étaient légèrement bouffis ce jour là. Légèrement. Je fais de la rétention d'eau des paupières. C'est pas banal mais par contre c'est moche.

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J'aime Robert Goolrick et Irvin Yalom, pas pour les mêmes raisons mais je vous recommande ces deux bouquins. J'en reparle vite dans un billet ad-hoc.

Bonne journée…

Réconciliation capillaire

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Je suis donc retournée voir Michel vendredi – sur son injonction express, dois-je le rappeler ? – et comme par enchantement, j'ai retrouvé un semblant d'amour de moi.

J'exagère mais à peine. J'avais un peu passé la nuit à jouer à cache-vomi avec ma fille et comment vous dire ? Ça ruine l'estime de soi, de se servir de ses mains comme d'une bassine en attendant que le churros reconnecte ses neurones et ait l'idée brillante d'aller me chercher une serviette (son premier réflexe ayant été de me lancer mon pantalon de pyjama). (je préfèrerais qu'on ne s'aventure pas sur le terrain glissant du pourquoi il avait mon pantalon de pyjama à portée de main).

Toujours est-il que dans mon indignité de mère – et aussi parce que j'avais peur que Michel mette (littéralement) un contrat sur ma tête en cas d'annulation – j'ai laissé Rose à ses frère et soeur quelques heures pour me ravaler sinon la façade, au moins la chevelure.

Quand je suis arrivée, y'avait de l'influente partout. Quand on pense que certains vont à la conférence de Le Web porte de Versailles alors que ce qui se fait de mieux en e-réputation était tranquillement en train de se faire brusher chez Privé, ça montre un peu le niveau de la netosphère française.

Bon, étant donné que je suis une vraie blonde sauf que mes cheveux l'ont un peu oublié avec les années, je suis restée beaucoup plus longtemps que mes comparses 100% naturelles (mouahahahha). Le temps, donc, de demander timidement à Karine la magicienne si moi aussi un jour je pourrais avoir un ombré hair (c'est ce qui vient de remplacer le headband au palmares des must have des modeuses). Et de m'entendre répondre – avec une grande délicatesse néanmoins – que comment vous dire… "on peut toujours. Mais comme vous avez quelques cheveux blancs il vaut mieux oublier".

Ok, je suis donc une bassine à vomi, mais vieille, me suis-je dit en ravalant mes larmes. Mais comme en vrai je n'avais pas réellement envie d'être bicolore de la crinière – sur Marie c'est rock, sur moi ç'aurait fait tie and die – j'ai lâché l'affaire. D'autant que Karine est une magicienne de la blonditude et qu'une fois de plus, elle m'a bluffée. Bien malin qui pourra dénicher un de ces salopards de cheveux blancs depuis que je suis passée entre ses mains expertes.

Ensuite, Michel, que j'avais du caresser – au sens figuré – dans le sens du poil tout ce temps là pour regagner sa confiance suite à mon infidélité capillaire ("mais qu'est-ce qui vous a pris Caroline, qu'est-ce-qui-vous-a-pris ? Ne me refaites plus jamais ça. Ne-me-re-fai-tes-plus-jamais-ÇA"), m'a demandé ce qu'on faisait.

Plus jamais ça, j'ai répondu. Il n'a pas ri. Certaines douleurs sont tenaces.

Comme je n'étais pas en odeur de sainteté, j'ai au final préféré m'en remettre complètement à lui. Il fallait un geste fort pour lui montrer qu'on était toujours ce couple flamboyant quoi qu'improbable et que ça n'était pas un petit amant d'un soir ne sachant en plus pas se servir de son fer à lisser qui briserait ce que nous avions mis tant de temps à construire.

Alors il a coupé, effilé, frangé. Puis séché. En les froissant de telle manière que mes baguettes deviennent chiaramastroianiennes comme par magie. Procédé que je m'avère systématiquement incapable de reproduire chez moi. "Je m'avère systématiquement incapable de reproduire ça chez moi", lui ai-je d'ailleurs dit à peu près en ces termes.

Là, Michel m'a toisée avec un léger dédain  (il est rancunier je crois): "vous ne savez pas leur parler, que voulez-vous que je vous dise".

Haaaaan, c'était petit.

Mais j'ai encaissé avec dignité.

Je crois que la route est longue avant qu'entre lui et moi ce soit à nouveau comme avant. Mais en amour comme en cheveux, il faut des défis pour maintenir la flamme.

Je vais essayer de ne plus jamais vous décevoir Michel. J'en fais serment.

En attendant, je ne dois en effet pas savoir leur parler à ces satanés tifs parce que de Chiara Mastroiani je suis passée à Jean-Pierre François le temps d'un shampoing. Mais je me suis kiffée grave jusqu'à dimanche ce qui n'est pas si mal compte-tenu du nombre de vomis rattrapés à la volée durant ces trois jours.

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Froissé – décoiffé by Michel

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froissé – raté by caro


Tu crois qu’on appelle SOS médecins ?

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Le scénario est à peu de choses près toujours le même.

Rose, mais ce pourrait être le machin ou la chérie – même si depuis quelques années ils semblent avoir enfin fabriqué quelques défenses immunitaires – commence à moucher et toussoter. A grand renfort de pshiit dans le nez, on tente d'endiguer, sans se faire aucune illusion. Mais comme de fièvre il n'y a pas, on attend, en redoutant LA nuit. Celle qui finit inexorablement par arriver et pendant laquelle les quintes de toux vont se succéder, tant et si bien qu'à la fin l'enfant dégobille l'intégralité du repas de la veille mais aussi de l'avant veille, voire de la semaine précédente (on sous estime la contenance d'un estomac d'enfant).

Le lendemain, armés d'un optimisme qui n'a rien à envier à celui de Christine Lagarde ("la crise est finie et la croissance française en 2012 atteindra à l'aise les 3%") ("et au pire, faites du vélo, crétins"), on colle la poitrinaire en classe en priant pour ne pas être appelés à 15h40 par un directeur paniqué: "le thermomètre frontal a fondu".

Comme tout le monde le sait, les prières ne servent en général à rien, en tous cas pas à faire un sort aux virus infantiles.

Coup de fil du directeur il y a donc. Quand ce n'est pas la nounou du mercredi.

Là on calcule et on se dit que mine de rien, ça fait une semaine que ça dure. Direction ce bon vieux généraliste que rien n'impressionne. Ce dernier qui nous connait comme le loup blanc et ne nous prend néanmoins pas vraiment au sérieux nous case entre deux gastros (il sait que tant qu'il ne nous aura pas reçus il n'aura pas la paix) et après auscultation d'une enfant temporairement en pleine forme (on sous-estime aussi l'effet placebo de la salle d'attente), nous annonce l'air las que les poumons sont impeccables, les amygdales sont un peu rouges, les oreilles nickel mais le nez plein comme le périph parisien aux heures de pointes. Une rhino, en somme.

Ce râle qu'on entend à chaque inspiration ? "Les secrétions nasales qui coulent dans l'arrière gorge", répond du tac au tac monsieur médecines douces (il a récemment lu une étude prouvant que le miel est plus efficace que le toplexil et refuse désormais de me prescrire ledit Toplexil pourtant seul garant de mon sommeil durant les périodes de rhinos) (je le déteste) (mes enfants n'aiment pas le miel).

Bref. Verdict: doliprane et…

"LAVEZ LUI LE NEZ" (bordel) (il ne le dit pas mais il le pense).

Moi, dans ma tête, je lui réponds que sa race, je ne fais que ça de lui pulvériser de l'eau de mer dans le pif et ce depuis une semaine. Et qu'à peine franchie la porte, la fièvre va re-démarrer, les quintes redoubler et les vomitos se multiplier. En vrai je ne dis rien parce qu'en plus à mon corps défendant, n'importe quel médecin déclenche en moi une légère excitation (sauf mon frère, je précise quand même).

Je ressors du cabinet en me flagelleant mentalement de ne pas avoir attendu qu'elle soit au pic de sa crève et qu'on en finisse grâce au dieu clamoxyl qui n'est pas automatique puisque c'est un antibiotique mais qui j'en suis certaine représente ma seule porte de sortie (et accessoirement mon unique espoir de rendre mon papier à temps).

Deux jours passent, pendant lesquels bien évidemment, le fait d'être free-lance me désigne sans même un semblant de concertation comme garde malade attitrée. Vingt-cinq histoires de tchoupi et douze heures non-stop de diffusion de la petite sirène 2 (qu'on fusille le connard qui eut cette idée folle d'inventer une suite au premier déjà suffisament tarte), l'enfant tousse un peu moins et on se félicite, le churros et moi (enfin surtout le churros parce que moi à ce stade là je ne me félicite plus de rien, je cherche juste un moyen d'exécuter tchoupi et son insupportable doudou) de ne pas avoir cédé à la tentation de la péniciline. 

Le week-end se passe, pshiit dans le nez, prise de température, on pense avoir endigué le virus. Jusqu'au dimanche 15h environ. Heure à laquelle Rose émerge de sa sieste, écarlate, en eau et quelques restes du repas dominical dans les cheveux. 

C'est à ce moment là qu'intervient Zorro. Egalement appelé monsieur SOS médecin. Appelé après une prise de tête de quelques minutes sur le mode "tu es sûre quand même, elle n'est pas si mal, non ? Oui, bon, ok, elle vient de cracher un morceau de poumon, on appelle".

Zorro, donc, qui déboule trois heures cinquante après l'appel, (à moins d'avoir eu recours à une technique de routard, malhonnête mais redoutablement efficace, consistant à distiller quelques informations inquiétantes dans les symptômes ("elle a la nuque un peu raide et quand j'ai allumé la lumière, elle a hurlé") pour trouver une enfant qui… pète la forme. Ou pire, qui dort comme un loir étant donné qu'il est trois heures du matin. Ce qui nous vaut d'être regardés comme si nous étions frappés du syndrôme de Münschhausen.

Neuf fois sur dix, le diagnostic est sans appel: c'est viral. "Oui mais quand même, cinq jours de fièvre, et puis quand elle tousse c'est tout de même impressionnant".

"Là elle tousse pas madame". 

En effet, elle tousse pas. La hyène.

En général, parce que l'élément lambda d'SOS Médecins préfère se couvrir, tu finis par obtenir le graal, l'ordonnance d'antibiotiques à n'utiliser que si demain soir elle a toujours de la fièvre. "Mais là madame, il me semble que ça n'est pas nécessaire". 

Par contre, il est formel, pas d'école pendant trois jours. Genre ta gosse elle n'a rien, tu n'es qu'une cintrée qui appelle le samu comme d'autres SOS amitié mais par contre tu seras gentille de garder ta gamine à la maison durant trois semaines, au cas où.

Bye bye, ce nouvel employeur qui attendait justement un article test pour lundi soir.

Le lendemain, de guerre lasse et parce que la fièvre n'a pas à proprement parler diminué, on finit par la mettre sous antibios. Deux heures plus tard, l'enfant semble régénérée, prête pour le marathon de Paris. Ce qui, tu le sais, n'a absolument rien à voir avec une prise, seulement, du médicament. Et qui te plonge dans les affres de la culpabilité: "elle n'en avait pas besoin". Suivi d'une séance de grosse grosse grosse prise de tête: mais maintenant qu'on a commencé, est-ce qu'on continue ? Est-ce qu'arrêter après une seule dose va permettre à toutes les bactéries de la ville de Paris de s'installer à vie dans son organisme ? Et si elle avait la tuberculose ? Et si à force il lui poussait un bras sur le front ? Et si je divisais les quantités par deux ? Et si je lui donnais un placebo et qu'à la fin je sortais une étude qui ferait date dans l'histoire de la pédiatrie ?

Pour finir, on coupe la poire en deux, continuant péniblement le traitement (péniblement parce qu'il n'y a pas plus infect que le générique du clamoxil à la banane de synthèse) pour l'interrompre lâchement trois jours après.

Mais comme elle va bien, on finit par oublier de s'en faire.

Jusqu'à la prochaine fois.

Prochaine fois où tout se déroulera exactement à l'identique, où les mêmes hésitations nous feront gamberger et où nous ferons connaissance avec une nouvelle recrue d'SOS médecins, fasciné de constater que oui, la famille de dinguos du 13ème existe vraiment, non, ça n'est pas une légende urbaine. 

Etre parent, c'est finalement prendre éternellement les mauvaises décisions en étant convaincus d'avoir fait pour le mieux.

Edit: parfois, on tient le coup et on attend vraiment que l'enfant soit en fusion pour convoquer le docteur. A ce moment là, il y a la version deux de l'histoire. Celle où on se fait jauger de la tête aux pieds par un blanc-bec qui se demande quel parent assez inconscient peut avoir attendu aussi longtemps pour consulter, étant donné que l'enfant qu'on lui brandit est à deux doigts de l'intubation. Mais j'avoue, c'est rare. Le plus souvent, on rejoue Pierre et le Loup, inlassablement…

Edit2: Inutile de me conseiller l'homéopathie, déjà essayée, pas concluante et surtout complètement incompatible avec notre désorganisation pathologique…

Edit3: La photo ? Rien à voir, juste quand même, j'ai réussi à aller chez le coiffeur vendredi entre deux vomis de bronchioles. J'en reparle très vite, c'était un peu une délocalisation du salon de "Le Web", pas moins de trois affluentrices de l'internénette sous le casque.

Edit4: (si je veux je peux en faire dix des Edit) ça ne nous rajeunit pas mais preuve que le sujet est ancien, j'avais écrit il y a longtemps ce billet qui raconte à quelque chose près la même chose, avec une chute un peu à mes dépens. (je me demande si je n'arrive pas au bout d'un cycle en fait) (je n'ai plus rien à raconter si ça se trouve).

Puzzle avec Thomas Dutronc

J'aime beaucoup Thomas Dutronc. Son précédent album me trottait dans la tête et son nouveau encore plus. Et puis – et là, attention, gros potentiel d'analyse – je trouve qu'il a l'air gentil.

Ce n'est probablement pas le compliment le plus rock and roll qui soit mais en ce qui me concerne c'est une qualité qui compte et me touche en ces temps merdiques. 

Alors quand Will m'a appris que Thomas Dutronc était l'invité du premier épisode de la nouvelle saison de Puzzle, j'étais ravie. J'ai tellement aimé participer à ce concept, je sais que j'en ai déjà fait des caisses sur le sujet mais ce fut pour moi bien plus qu'une simple escapade à Stockholm, bien plus qu'une rencontre avec une légende de la musique pop, bien plus qu'une incursion dans les coulisses d'une comédie musicale à succès. Quand Will m'a appelée pour partir au débotté en Suède rencontrer Björn, je venais tout juste de démissionner, sans filet. J'étais pétrie de doutes et en proie à des émotions hystériques sur le mode "c'était la meilleure chose à faire/je ne suis qu'une merde qui crèvera bouffée par ses chiens".

Bref, le fait que cette aventure coïncide avec cette période si déterminante de ma vie l'a rendue indélébile. 

C'est pour toutes ces raisons et aussi parce que mon machin a failli se faire enfermer au Grand Palais la semaine dernière pour profiter toute la nuit de l'expo sur les jeux vidéos, que je vous recommande de regarder ce nouvel opus de Puzzle, à qui je souhaite longue vie…

 

<p>http://www.off.tv/wp-content/themes/offtv_v2/export_player.php?w=480&h=360&video=3350</p>

Et puis pour la route, parce que je ne m'en lasse pas, je vous remets mes deux puzzle, un peu d'Abba par ce temps sinistre ne peut pas nuire !

Puzzle #7: Caroline Franc & Mamma Mia!: Vivre… par Off 

Puzzle #8 : Abba @Stockholm! par Off 

A star is porn

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Hier, Rose jouait peinarde dans sa chambre, ce qui en soi est un événement aussi notable que l'apparition de la vierge devant cette brave Bernadette. Son frère, qui partage ladite chambre avec elle, est monté chercher son livre de maths – apparté: j'ai donc fourgué quelques centaines d'euros à La Redoute pour des bureaux qui ne servent à rien, ils persistent à faire leurs devoirs à mes pieds en étalant toutes leurs affaires et s'ils pouvaient s'asseoir sur mon clavier je pense qu'ils le feraient.

Il est monté, donc, puis redescendu totalement offusqué.

"Je ne sais pas ce que vous lui apprenez ou ce que tu lui as fait regarder aujourd'hui maman, mais là, Rose a déshabillé ses barbies et son ken et ils font des choses vraiment bizarres ensemble". Le pauvre, il aurait surpris ses parents en train de forniquer il n'aurait pas eu l'air plus perturbé.

Quelque chose me dit qu'on n'a pas fini d'avoir des problèmes. Sans compter qu'on a été à deux doigts qu'elle emmène à l'école ce petit canard pour grands que le churros a cru bon de ramener du boulot (un cadeau d'une caisse de prévoyance, preuve qu'il reste quelques poches d'humour ou de résistance dans des endroits qu'on ne soupçonnerait pas).

Bref, à part ça, ne JAMAIS fanfaronner auprès des copines sur le mode "putain je crois qu'on peut enfin respirer, mes enfants se sont finalement fabriqué des défenses immunitaires, depuis la rentrée on n'a presque pas vu un médecin".

Deux heures plus tard, le machin pointait à 39 de fièvre et le lendemain, c'est Rose qui dans une quinte de toux dégobillait ses petits pois. 

La routine, quoi.

Résultat, vous m'excuserez du peu mais ce sera tout pour aujourd'hui.

Ah si quand même. Hier j'ai reçu un texto de Michel, le coiffeur des blogueuses et accessoirement propriétaire de mes crinière – il a un copyright sur ma frange – pour m'avertir qu'il ne validait absolument pas "ce brushing ringard à la Dallas" que Nadia venait de lui montrer sur son téléphone. Dans la foulée il m'a fixé un rendez-vous dès aujourd'hui pour "faire quelque chose parce que là on va où, hein ?". Je me demande tout de même si je ne suis pas en train d'entrer dans le show business. Je veux dire, c'est un truc d'Ines de la Fressange, ça, non, de recevoir des sms de son coiffeur ? 

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En tous cas elle va probablement être de celles qui font le premier pas.

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Tu m'étonnes qu'il est pépère le Ken. Je serais lui je me méfierais du poney, cela dit, il semble avoir une vraie place dans le scénario. En fait si ça se trouve elle va devenir blogueuse pornographique. Une sorte de délit-maille mais qui s'appellerait le délit-boules.

Rencontre avec Mélanie Thierry, une beauté réservée

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Il y a quelques jours, je vous avais raconté comment j'avais découvert qu'il n'était pas nécessaire de porter un gilet pare balles en alu pour tenir une caméra sur un tournage. Tout ça en réalisant un de mes rêves, pénétrer la magie d'un plateau de cinéma et voir un film en train de se faire, "Comme des frères", en l'occurence.

A cette occasion, j'ai aussi rencontré l'un des personnages du film. Charlie. Qui est une femme, d'ailleurs. Incarnée par Mélanie Thierry. On m'avait laissé le choix, Duvauchelle, Demaison, Ninney ou Mélanie Thierry. Je ne saurais vraiment expliquer pourquoi mais c'est immédiatement cette dernière qui s'est imposée dans mon esprit. Peut-être parce que je l'avais croisée il y a longtemps, dans les coulisses d'un concert, au bras de son amoureux Raphaël. Et que j'avais été littéralement saisie par sa beauté. Je veux dire, il y a des femmes qui sont belles, imposantes, impressionnantes. Mélanie Thierry, je l'avais trouvée irradiante. Un visage angélique, qui aurait pu être peint par un autre Raphaël. Et ce qui je pense m'avait d'autant plus intriguée, c'était cette timidité qui émanait d'elle, malgré la régularité parfaite des traits, la reconnaissance de ses pairs acteurs et la bombitude de son fiancé.

Je sais bien que ça ne s'explique pas, je sais bien que ça se saurait si c'était si simple, s'il suffisait d'être canon pour être sûre de soi. Il n'empêche que m'étant moi même considérée toute ma vie comme ce qu'on appelle une fille "sympa" ("elle est jolie ? Comment te dire, elle est… sympa"), je crois avoir toujours été convaincue que la joliesse appelait la confiance en soi.

Bref, cet après-midi là, je me retrouve face à Mélanie Thierry, à la terrasse du Rostand, le beau café à côté du jardin du Luxembourg. Et je suis à nouveau sous le charme: peau diaphane, bouche parfaite, blondeur enfantine. Les proportions du visages ont ce quelque chose qui distingue les "jolies" des "aimants à photo".

Les premieres minutes, la conversation est hésitante. "Je ne suis pas du genre qui tape dans le dos à la première rencontre", me prévient-elle de but en blanc alors que je lui pose ma première question digne des plus grands intervieweurs: "pas trop difficile à gérer, la célébrité ?".

"Je ne comprends pas trop quand une personne que je ne connais pas m'accoste en me tutoyant comme si on était amis depuis dix ans. ça n'est pas dans ma nature, j'ai besoin de temps", poursuit-elle. Juste après, elle ajoute qu'en réalité, quand on lui demande si la célébrité est difficile à gérer (par ce "on" j'entends que je ne suis pas la première et je suis très déçue parce que je trouve mon entrée en matière plutôt originale) (je suis journaliste vous savez), elle a l'impression que ça n'est pas d'elle qu'on parle: "François-Xavier Demaison, lui, oui. Il se passe vraiment quelque chose autour de lui, les gens le reconnaissent, lui parlent, on sent un engouement. Moi, on ne me reconnait que très rarement et ça me va très bien comme ça !".

Elle se tait un moment et puis elle me fait cette confidence: "Parfois, il m'arrive de répondre que ça n'est pas moi. Ensuite je m'en veux. Qu'est ce que ça m'aurait coûté de signer cet autographe ? Mais c'est quelque chose que je contrôle pas, je ne sais pas me l'expliquer". Je tente une analyse assez percutante  (je suis journaliste, je l'ai dit ?): "Est-ce que quelque part ce n'est pas comme si vous aviez du mal à vous autoriser à être cette fille qu'on reconnait dans la rue ?".

Mélanie me regarde avec ses grands yeux dont je suis encore incapable de dire la couleur tant ils peuvent foncer si elle est contrariée ou s'illuminer quand elle se met à rire alors qu'on ne s'y attend pas. "Peut-être, je n'en sais rien en réalité, mais je crois qu'il faut que je travaille là-dessus, parce que ça me pèse un peu"

Je suis à deux doigts de lui raconter que moi aussi quand on me reconnait dans la rue je suis saisie d'un sentiment d'imposture. Entre célébrités il me semble qu'on pourrait se comprendre. Mais je préfère m'effacer devant mon sujet, c'est tout moi. Cette modestie finira par me tuer.

Maintenant que malgré tout je crois, un lien s'est créé entre elle et moi par la magie d'une complicité inespérée (et silencieuse) (voire à sens unique), j'hésite à entrer dans le vif du sujet: "Est-ce que Raphaël est beau AUSSI au réveil ? Est-ce qu'il a, comme je le suppose, toujours bonne haleine, même le matin ?"

Mais quelque chose me retient. Probablement la couleur de ses yeux, justement, qui parait m'avertir qu'on est certes devenues très amies mais quand même.

Alors je lui demande ce qu'elle aime dans ce métier, si ça n'est pas difficile d'être à la merci du désir d'un réalisateur ou d'un producteur. Là, Mélanie s'anime, elle dit tout l'amour qu'elle a pour cette vie qu'elle s'est choisie très jeune, les montées d'adrénaline quand on lui annonce que c'est ok pour tel ou tel rôle, la timidité qui s'évanouit comme par magie lorsqu'elle enfile un costume du 18ème siècle, mais qui la paralyse en revanche lorsque le rôle est plus proche d'elle. C'est le cas pour celui de Charlie dans "Comme des frères". "Je suis beaucoup moins sociable qu'elle, moins dans la séduction, mais malgré tout, c'est quelqu'un qui pourrait me ressembler. Et du coup, la timidité me retombe dessus." On sent que c'est un peu douloureux.

Elle dit aussi combien elle adore cette atmosphère de colonie de vacances quand l'équipe bourlingue, comme ce fut le cas pour ce film dont une partie se passe dans le sud. "Je n'aime pas tourner à Paris et rentrer chez moi le soir. Ce qui me plait dans ce métier, c'est partir, ces périodes hors la vie, où on dort dans des hôtels qui peuvent être tous pourris, manger ensemble, se marrer, être dans une bulle".

Je pense alors que moi aussi je veux être dans un hôtel tout pourri avec Nicolas Duvauchelle.

Mais là encore, un truc me retient. La lucidité, probablement.

Cette vie de saltimbanque, Mélanie ne l'abandonnerait pour rien au monde, même si elle a des revers plus sombres. Quand un projet prend fin et qu'il faut attendre pour le suivant, quand la peur l'étreint de ne plus "en" être. L'angoisse est alors aussi terrible que l'exhaltation lorsque le train repart. "Mais j'ai une chance de dingue, je tourne beaucoup, j'ai tellement d'amis autour de moi qui en chient, je ne veux surtout pas avoir l'air de me plaindre". Je lui dis que ça n'est pas comme ça que je l'ai pris. Je n'ose pas ajouter que ça me rassure, que la vie ne soit un long fleuve tranquille pour personne, même après un César, même après un succès au théâtre comme celui du Vieux juif blonde, même après avoir été l'héroïne de Tavernier. Je voudrais lui dire que c'est sûrement cette fragilité, cette anxiété qui la rend désirable, aussi. Mais je sens que si je le fais mes yeux vont piquer. J'ai un recul énorme, moi, c'est bien (je suis journaliste, je l'ai précisé ?).

Il est bientôt temps de se séparer et j'ai la sensation d'avoir posé deux questions. Après vérification, il s'avère que c'est le cas. Je sens qu'une grande carrière est en train de naitre sous mes yeux.

Du coup, je dégaine mes dernières cartouches fissa: "pour ou contre la chirurgie esthétique ? vous avez un modèle d'actrice ? et Raphaël, il assure au lit ?".

Sur la chirurgie esthétique, elle est sans langue de bois. Elle trouve ça génial quand c'est bien fait, surtout si ça permet de se sentir mieux. Elle ne dit pas qu'elle n'y aura pas recours plus tard mais elle n'en sait rien (tu m'étonnes, je VEUX ce grain de peau plus fin qu'une feuille de rouleau de printemps). Son modèle d'actrice, s'il fallait en choisir une, ce serait Juliette Binoche, parce qu'elle ose tout, parce qu'elle a "une filmographie de malade" (elle cite un de mes films fétiches, les Amants du pont neuf et là je me dis qu'il y a des chances qu'on finisse en colocation) (avec Raphaël).

Quant à ma dernière question, bien évidemment, elle s'est confiée longuement sur le sujet. Mais vous comprendrez que je garde ses réponses pour moi, il y a un temps pour tout et je m'en voudrais de trahir sa confiance (on est amies). 

Voilà, après, Mélanie est repartie, avec la même grâce que lorsqu'elle est arrivée. Je suis restée un petit moment à terminer de prendre mes notes et je me suis dit que cette fille n'était pas timide. Elle est simplement réservée. Et je crois que j'aime beaucoup les gens réservés.

Edit: la photo a été prise sur le tournage de Comme des frères, un film d'Hugo Gélin qui sortira en 2012, comptez-sur moi pour vous tenir au courant parce qu'il est fait par des chouettes personnes. Et pour en savoir plus, allez sur la page Facebook du film, y'a plein de photos et vidéos sympas.