Joyce Maynard, « Et devant moi le monde »

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Je l’ai évoqué dans un de mes billets précédents, j’ai donc dévoré « Et devant moi le monde », de Joyce Maynard. Un bouquin sorti il y a déjà un peu de temps et acheté en poche avant de prendre un train – je ne saurais l’expliquer mais vous me collez dans un aéroport ou une gare, je suis quasiment OBLIGÉE d’acheter un ou plusieurs bouquins. Vous avez sûrement entendu parler de l’histoire de cet auteur, devenue, dans les années 70, alors qu’elle n’a que 18 ans, la coqueluche des lecteurs du New-York Times, après qu’elle ait écrit une chronique sur la jeunesse de l’époque. Parmi les milliers de lecteurs enchantés par sa prose – et son joli minois apparaissant en tête de l’article -, il y en eut un qui changea le cours de sa vie, pour le meilleur et peut-être surtout pour le pire.

Elle commença à recevoir ses lettres alors qu’elle était sur le campus de Yale, promise à un avenir brillant. Elle n’avait jamais rien lu de lui, mais la musique de ses mots l’a immédiatement séduite, au point de très vite entretenir une correspondance quotidienne avec lui. Lui ? JD Salinger, auteur de L’Attrape coeur, bouquin culte pour toute une génération et accessoirement âgé de 55 ans.

La suite, vous la découvrirez si vous lisez le livre, mais autant vous dire que parfois, mieux vaut rester loin de ses idoles, surtout lorsqu’on a 18 ans et qu’on n’a encore jamais connu l’amour.

Dans ce livre, Joyce Maynard parle aussi de sa condition de femme dans les années 70 – 80, du statut d’écrivain, de son rapport au corps – elle a été anorexique quasiment toute sa vie – du couple ou encore de la maternité. Et puis, ce qui m’a frappé, c’est que cette femme a été en quelque sorte l’ancêtre des blogueuses, tenant une chronique dans le New-York Times, sur sa vie de famille. Des écrits qui lui ont valu des centaines de lettres chaque semaine, lettres qui seraient aujourd’hui des commentaires. Des lettres de lecteurs qui après l’avoir mise sur un piédestal l’ont aussi trainée dans la boue lorsqu’elle annonça son divorce, comme si ce personnage fictif qu’elle avait créé sur le papier ne lui appartenait plus, comme si elle n’avait tout simplement pas le droit de ne pas correspondre au rêve américain. Ce qu’elle dit de la façon dont elle narrait les épisodes de sa vie, de la manière dont elle édulcorait ce qui devait l’être pour répondre aux attentes des lecteurs, m’a énormément parlé. Je n’arrive évidemment pas à la cheville de Joyce Maynard, mais je me suis dit que décidément, le blog n’était qu’un support et que ce procédé littéraire qu’on appelle auto-fiction est bien complexe.

Bref, un livre formidable, qui n’a fait que renforcer mon admiration pour elle, dont j’avais tant aimé « Un long week-end« … (billet ici)

Edit: cette photo parce que le visage de Joyce Maynard sur la couverture du livre de poche me fait penser à ma grande, cliché pris quelques minutes avant qu’elle parte en Angleterre, découvrir un peu le monde…

47 comments sur “Joyce Maynard, « Et devant moi le monde »”

  1. Lza a dit…

    C’est vrai, je viens d’acheter le livre pour ma semaine de vacances, la semaine prochaine et en voyant la photo de ta fille, la ressemblance avec la couverture m’a frappée… 😉

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  2. Coralie a dit…

    BOnjour Caro, je laisse mon premier message un peu honteuse car c’est pour te poser une question : Nous as-tu préparé ta sélection aux petits oignons de livres d’été ? J’ai un peu cherché mais rien trouvé. Sinon j’irai piochée dans celle de l’an dernier 😉 Belle journée !

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  3. SmouikSmouik a dit…

    j’adorerais le lire mais j’ai une pile déjà tellement haute de ce que je prévois pour les vacances que si j’en rajouter encore un, je risque de ne pas être très au top de mon « empreinte carbone » sur le déplacement inutile de kilos de livres que j’aurai emportés et… pas lus !

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  4. nesto a dit…

    je l’ai à côté de mon lit, faut que je le lise! tu as lu baby love??? j’avais adoré 😉 à faire lire à des ados qui seraient tentées par un tit bébé (!) non plus sérieusement un livre très fort et bien écrit (et/ou traduit)

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  5. Charette Mireille a dit…

    Bonjour Caro, je suis atteinte de la même compulsion d’achats dans les aéroports et les gares…et comme je voyage pas mal, je dois aujourd’hui ressembler au Bossu de Notre Dame, une épaule plus basse que l’autre à force de trimballer mes livres dans la pochette de mon PC qui lui-même pèse le poids d’un âne mort
    Tes conseils lecture étant toujours avisés et judicieux, je rajoute ce livre à ma liste. Merci encore.
    Mireille

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  6. Léa a dit…

    J’avais lu Un long weekend. La simplicité et délicatesse des mots m’avaient touchée et fait lire ce roman en quelques soirs seulement. Je pense que c’est la première chronique littéraire qui me fera acheter un livre. Merci à toi ! Bonne journée

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  7. Edith Au Sud(mais souvent à l'ouest) a dit…

    La société française n’est pas la société américaine, bien que le paraître y ait pris beaucoup de place, je crois que vous réussissez à rester vous même ( à lire certaines critiques qui ont pu pleuvoir, on voit bien que vous ne faites pas dans le consensuel… Sensuelle, parfois mais pas c…) Il y a certainement une marge entre ce que sont les écrivains de toute sorte, ce qu’ils donnent à voir d’eux-mêmes et ce qu’ils sont, c’est à dire des êtres humains… J’ai le souvenir lointain d’une émission dans laquelle s’exprimait la fille aînée d’un célèbre écrivain breton dont on parle beaucoup en ce moment, lui même fils d’écrivain breton, parlait récemment de la froideur de son propre père; encore toute jeune femme, elle exprimait son point de vue d’enfant se sentant souvent délaissée face à cet homme dont on louait tellement les qualités… Il faut savoir se protéger des apparences… Le texte, le contenu qui peut faire avancer sa propre réflexion ou simplement alléger le quotidien, oui, mais tenter de s’approcher de ceux qui les écrivent, peut-être pas… Pour faire plaisir à certains membres de ma famille qui croyaient bien faire, je les ai accompagnés dans des manifestations littéraires où certains écrivains connus ou pas présentaient leurs livres, j’y ai vu beaucoup de caricatures d’eux mêmes, chapeaux insensés ou teinture de cheveux forcée pour rappeler qui est qui, car, sans, on aurait pu passer à côté sans les reconnaître, tant leurs images s’étaient fanées… Et pourtant, ce qui compte, c’est le texte…

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  8. leyleydu95 a dit…

    j’ai enfin fini ma pile de livres et il reste les « tribulations d’une divorcée » que j’ai acheté en 2011 (je le donne si quelqu’un est intéressé) et que je n’arrive pas à lire donc j’ai de la place pour de nouvelles lectures ! Ce livre ci me fait bien envie alors merci Caro !!

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  9. Val Làô sur la Colline a dit…

    Oh celui-là, je sens que je vais le lire !!! Merci ! Et je comprends tout à fait le parallèle que tu as pu y faire…
    Très très belle photo de la chérie.

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  10. DOMINIQUE a dit…

    J’avais rechigné à lire le dernier livre de Delphine de Vigan, en fait je l’ai adoré.
    Et je rechigne beaucoup à lire celui-là, aussi. Pas envie pour l’instant. Mais je sais que si je le croise…

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  11. Rondinette a dit…

    Je pars justement dans quelques minutes faire mes achats de lecture pour mon départ en vacances.
    J’avais déjà deux titres en tête et là, je pense que tu m’as donné envie d’ajouter celui-ci. Merci!

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  12. nina a dit…

    Ancêtre de la blogueuse, oui et c’est bien pour ça que j’ai beaucoup pensé à toi en le lisant ainsi que je te le disais dans un de tes billets. (Et pas pour l’anorexie 😉

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  13. Cécile a dit…

    J’ai lu « un long week-end » après avoir lu « et devant moi le monde », je suis en train de lire « les filles de l’ouragan » et j’ai acheté « baby love » … autrement dit, je suis bien, comme toi, dans un « trip Joyce Maynard » …Et c’est vrai que la photo de ta grande ressemble pas mal à la photo de Joyce Maynard sur la couverture de « et devant moi le monde » … ce qui est un compliment évidemment !

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  14. Soeur Anne a dit…

    Je ne l’avais jamais lue… mais l’approche des vacances aidant, Joyce Maynard va intégrer ma liseuse avec plaisir !

    PS Pour les lectrices compulsives envahies et épuisées par le papier… Depuis l’année dernière, mes épaules, mon dos et mes yeux disent merci à la liseuse qui m’a changé la vie. Le contact du papier, l’amour de l’objet-livre, oui, c’est bien beau, mais une bibliothèque entière dans 200 grammes, pour partir en vacances, prendre le train, avoir toujours sa lecture avec soi, c’est le nirvana…

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      • DOMINIQUE a dit…

        J’aimerais bien tester une liseuse. Cependant, je laisse traîner mes livres partout, et aussi je les prête, les envoie à mes amis, ou les fais lire par ma belle-mère. Une liseuse serait compliquée.
        Par contre, je pense que c’est le pied pour les personne ayant des problèmes de myopie ou plus généralement de vision, car on peut choisir la taille des caractères. Et ça, c’est le top (pour le dos, aussi !).

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    • Chag a dit…

      Pour moi, la liseuse, JAMAIS ! Tout simplement parce que je suis incapable de lire un livre que je n’ai pas… reniflé. C’est presque charnel, le contact avec un livre ! (Ok, je suis tordue)

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      • DOMINIQUE a dit…

        Non non, tu ne l’es pas, tordue. Enfin dans les limites du raisonnable ! J’ai retrouvé le premier livre que j’ai lu quand j’ai appris à lire. Un peu déglingué, un peu griffonné, et pof, je me suis retrouvée petite fille en train de déchiffrer.
        Je pense que les deux sont compatibles, selon les modes de vie ou les impératifs de place, entre autres. Et, ayant eu mon père mal voyant sa dernière année, j’avais pensé à une liseuse pour lui, à cause de l’agrandissement possible des caractères.

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        • Soeur Anne a dit…

          C’est ce que je crois également. J’ai beaucoup -trop ?- de livres qui m’envahissent, et un rapport compulsif à la lecture que ne saurait satisfaire aucune bibliothèque. D’ailleurs, j’ai horreur de lire des bouquins touchés par d’autres personnes (D’accord, je suis tordue aussi 🙂 )

          Effectivement, l’agrandissement des caractères peut être un avantage pour certains. Et pour les plus jeunes qui cherchent encore ce qu’il leur plait de lire (Ma fille de 13 ans, par exemple…) la liseuse est un intermédiaire intéressant : Moins de support, plus de texte…

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  15. sylvie a dit…

    très envie de le lire aussi, j’en ai aussi des tonnes à lire mais ce n’est pas grave, je le note dans ma liste perso de livres à acheter.
    Très jolie photo, tu n’as pas que des talents d’écriture, tes photos sont toujours splendides !!

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  16. Marion a dit…

    J’avais déjà commenté ton billet quand tu avais évoqué ce livre.
    Ce livre je l’ai lu, plutôt dévoré même. A tel point que j’ai fait exprès de louper mon arrêt de métro pour finir un des chapitres tranquillement!
    Je me souviens avoir acheté ce bouquin dans une librairie de seconde main. Et après l’avoir fini, je me suis demandée de longues minutes, ce qu’avait pu penser la première propriétaire du livre en l’achevant. Au fil du bouquin, j’ai admiré Joyce Maynard, j’ai soufferts avec elle et certaines fois j’étais énervée par sa naïveté de fille de 18 ans qui, comme tu le dis si bien, n’avais encore jamais connu l’amour. C’est un superbe livre, que je recommande à chaque fois à mes amis qui me disent devant ma bibliothèque « tu me conseilles quoi? » 🙂

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  17. Misszaza a dit…

    Bon voilà tu me donnes envie de le découvrir ce livre. Alors je vais filer voir ma gentille biblitothecaire préférée pour voir si elle ne l’a pas disponible par hasard ( par ce que je n’ai pas les moyens en ce moment d’acheter les livres que j’ai envie de lire, mais en même temps, je ne me plains pas , j’adore les bibliothèques et le droit d’essayer et de se tromper sans état d’âme !)

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  18. KInou a dit…

    Rien à voir, mais je rentre de chez Decathlon. Tu savais qu’il y a maintenant des sacs de couchage avec fermeture éclair à gauche et d’autres avec fermeture éclair à droite ? Pas idiot au demeurant, mais ça oblige à bien se concentrer pour trouver la bonne longueur + la fermeture éclair du bon côté + le bon modèle pour ne pas prendre par erreur celui à 60 euros.. j’ai eu une pensée émue pour toi.

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    • Shakti a dit…

      ça existe depuis longtemps les sacs avec fermeture à gauche ou à droite. Ca permet, généralement, de faire un sac double quand tu les met côte à côte !

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      • Yokoflo a dit…

        Farpaitement ! C’est à réfléchir quand on part en couple (et qu’on a toujours les pieds froids) – testé et approuvé en Islande (je me suis mariée depuis avec le mec qui avait la fermeture éclair du BON côté par rapport à mon sac à moi !)

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  19. mysukalde a dit…

    J’ai découvert Joyce Maynard grace a toi, avec « un long week end », et du coup j’ai dévoré aussi celui-ci, un peu égoïstement offert a ma mère il y a quelques temps… je crois bien qu’il y a un autre bouquin d’elle… le titre m’échappe. La dernière fois que j’ai cherché, je n’avais pas trouvé la version française. ..
    bonne journée tout le monde !

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  20. emmafromparis a dit…

    Moi aussi j’ai beaucoup aimé. J’ai été frappée par l’impression que cette femme était complètement honnête, elle ne cherche pas à se donner le beau rôle et n’est pas toujours très sympathique.

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  21. caelle a dit…

    Merci de l’info, je chercherai ce livre. Et je suis tout à fait d’accord avec l’idée que les chroniqueurs de leurs vies soient les ancêtres des blogueurs car, quand j’ai commencé le mien, c’était parce que j’aimais les chroniques d’Art Buchwald et que j’aurais adoré tenir un billet d’humeur dans un canard.

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  22. nadoche a dit…

    tu m’avais donné envie de lire cette autobiographie, et ça y est, je l’ai trouvé dans ma bibliothèque hier !!!!
    j’ai hâte de le commencer !!
    merci !

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