Allez, j’ai un peu brutalisé mon interface histoire de vous donner d’un coup le reste de la chronique de Marje, sachez qu’elle est vraiment touchée de votre enthousiasme à chaque fois.
Je vous rappelle que vous pouvez aussi télécharger la chronique dans son intégralité en format PDF : chron11 ou une version adaptée à votre tablette: minitablochronique11
Edit: en cliquant sur les titres des livres vous pouvez les commander en ligne.
6-9 ans
Les Grandes Personnes – 2013 – 12.50 €
PUZZLE/EFFET VISUEL/ILLUSION D’OPTIQUE
Comme certains artistes, j’ai des phases (je n’ai malheureusement que ça en commun avec eux !). J’ai eu une grande période rose, j’ai dû digérer l’arrivée de quatre fils. J’ai fait un travail de fond et surtout j’ai fait le deuil du rose, des couettes, des chaussures vernies et de mes traits dans un visage endormi. Je suis donc en phase bleue. Vous le découvrirez tout au long de cette chronique iciet là. Je n’ai donc pas pu faire demi-tour devant cet ouvrage dont la couverture m’a arrêtée net à la librairie. Lorsque j’ai découvert que l’auteur était Katsumi Komagata. Cet ouvrage a rejoint immédiatement mes bras. Mais est-ce bien un livre ? Je ne sais pas mais en tout cas, il propose 8 puzzles encastrés (4 recto-verso) à découvrir et à inventer. Chaque double page offre donc deux puzzles sur la page de droite ( 1 recto + 1 verso) et les reproductions de ces puzzles sur la page de gauche. Ils sont donc à faire et à défaire dans un sens puis dans un autre. Une courte présentation ou une question accompagne chaque double puzzle afin d’aiguiser le regard. L’enfant ou le ParentProche s’interroge alors et tout l’assemblage prend du sens. Couleurs, perspectives, effets visuels sont convoqués pour créer une vraie dynamique de jeux et de remue-méninges. J’ai beau le ranger dans la bibliothèque, je le retrouve chaque jour sur la table de « vie ». MoyenGrand et MoyenMoyen adorent ce livre-jeux. Si un des enfants le sort, en quelques minutes, nous sommes quatre (si ce n’est plus) à essayer de trouver l’assemblage juste. Dès 6 ans.
Si vous souhaitez proposer à vos PetitsProches des ouvrages innovants, esthétiques et très poétiques, je vous conseille deux albums du même auteur.
Du Bleu au bleu – K.Komagata – 22 p.
Les Trois Ourses – 2011 – 30 €
PERIGRINATION/RECIT TACTILE/RECIT VISUEL/ANIMAUX MARINS
Cet ouvrage est cher. Je vous conseille de le découvrir en bibliothèque ou de le feuilleter en librairie pour apprécier chacune de ses pages. Effectivement, chaque feuille est d’une texture différente. K.Komagata a tenu à ajouter du sens au toucher et au plaisir tactile ressenti à la tourne de chaque page. Certaines sont nervurées, d’autres sont tissées, d’autres sont si fines que l’on peut deviner la page suivante. Cet artisanat du papier est au service du bleu et de toutes ses versions offertes au regard dans ce livre. Du bleu doux et transparent jusqu’au bleu des mers inconnues. Nous suivons deux jeunes saumons qui remontent rivière et mer à la recherche de leur lieu de naissance. Ce périple difficile sera l’occasion de rencontres multiples et fascinantes …Cet ouvrage est un livre qui offre aussi des jeux de découpes et des effets pop-up saisissants. Si vous l’ouvrez sous un certain éclairage, les formes découpées se projettent sur la page de gauche et les animaux prennent alors vie … Le récit est en japonais mais un feuillet supplémentaire en fin d’ouvrage propose une traduction en français. Je ne lis pas cette traduction car comme on me l’avait dit, le lecteur peut se libérer du récit pour créer sa propre version de l’histoire. La qualité graphique et sensorielle procurent tant d’émotion et de plaisir que l’histoire n’a pas besoin d’être lue pour être ressentie … Dès 3 ans mais pour tous les âges.
J’ai pu lire Du Vert au Vert du même auteur. Cet ouvrage, comme du Bleu au bleu, est un délice visuel. Malheureusement il n’est plus édité et je pense qu’il est introuvable. J’espère que de nombreuses bibliothécaires l’ont acheté pour offrir à tous leurs usagers le plaisir intense de lire une œuvre d’art … Si vous souhaitez plus d’informations sur cet auteur, vous pouvez découvrir sa biographie et sa bibliographie sur le site de l’association les Trois Ourses : ici !
Comme cet auteur comble mon besoin de bleu et mes attirances pour la culture japonaise, j’ai cherché, j’ai fureté et j’ai découvert que des mobiles de Katsumi Komagata sont distribués par Djeco … Comme quoi, je sens que Djecoa la fibre ou bien j’ai le feeling avec eux ! Noël est périmé, la Saint Valentin est passée depuis belle lurette, mon anniversaire est encore loin …C’est dommage !
Kaléïdoscope – 2010 – 15 €
OMBRE/JEU VISUEL/IMAGINATION/COULEUR
Cet album ne contient pas de texte. Son format à l’italienne offre une tourne de page à l’horizontale. Tout l’album repose sur la pliure du livre. Cette pliure est une limite, un axe de rotation et une frontière entre deux mondes. Dès le dos de la première de couverture, l’histoire commence avec cet unique mot de l’album (même s’il est répété plusieurs fois) Clic ! A la tourne de page, la lumière s’allume et éclaire une remise où une petite fille regarde tous les objets présents dans la pièce. Elle tient dans une main le cordon d’allumage de la lampe et dans l’autre une pomme qu’elle croque. Elle remarque que l’éclairage du plafonnier lui permet de voir devant elle toutes les ombres : le vélo accroché au mur, l’aspirateur, le tuyau d’arrosage, les outils. Elle fait quelques pas de danse pour observer son ombre qui danse aussi. D’ailleurs elle se sert de ses mains pour projeter au sol un oiseau en ombre chinoise. Non seulement un bel oiseau apparaît mais les ombres du balai, du plumeau et du skateboard prennent quelques libertés. Elles se transforment et se détachent de la forme de leurs objets initiaux. Au fur et à mesure de ces idées, la petite fille imagine et donne vie à tout un monde qui l’enchante. Un éléphant, un crocodile, une forêt tropicale et même un loup entrent dans sa danse et dans ses jeux. Mais le loup fourbe décide de vivre sa vie et il a faim ….Cet album scindé en deux à la pliure propose donc sur la page du haut une version de la petite fille dans sa remise dont elle aménage les objets pour créer des ombres et la page du bas qui représente ses projections oniriques. Les rêves entrainent parfois des cauchemars dans lesquels s’expriment nos peurs enfouies. Prise dans son jeu de création imaginaire, la petite crée un loup, est un loup et est poursuivie par ce loup qui la dépasse et se libère de sa créatrice. Heureusement la petite fille est plus maligne que lui et elle saura faire preuve de ruse et d’adresse pour l’apprivoiser. Une peur apprivoisée n’est plus une peur. Elle est libérée et s’est affranchie de son angoisse, en un mot elle a grandi ! Cet album nécessite plusieurs lectures. La première est consacrée au récit et à la compréhension de l’histoire. Puis chaque relecture permet de vérifier la place des objets et des ombres créées. Adulte et PetitProche cherchent à quelle page l’imaginaire se déclenche. A quelle page le monde réel disparaît et à quel moment il réapparaît. Chacun vérifie la cohérence de l’ombre avec son objet. On se met d’accord sur les objets disparus ou qui ont changé de place. La construction de cet album sur le jeu d’ombres est passionnante. Les illustrations sont délicieuses. Le trait fin ou appuyé permet de donner vie aux objets les plus banals. Les expressions de la petite fille soulignent toute son espièglerie et toute sa vie intérieure. La chute laisse la place à une interprétation libre qui permet d’échanger sur les versions de chacun. MoyenMoyen ne peut pas s’empêcher de mettre en voix cet album. Il crée des dialogues fantasques, il imagine les ordres dictés par la petite fille (il lui donne des conseils aussi !). J’ai retrouvé un peu de Peter Pan et du Pays des garçons perdus dans cet ouvrage. Blanc, noir et jaune sont les trois seules couleurs utilisées. Ces couleurs rythment et symbolisent les deux mondes. Le jaune est la couleur de l’imaginaire, de ce pays merveilleux qui nous échappe définitivement à l’âge adulte. Après son périple, la petite fille rejoint le monde réel avec une robe jaune rayonnante. Elle est dorénavant marquée du sceau des enfants qui sont allés visiter et embellir ce monde perdu. Je le conseille comme un ouvrage qui deviendra un usuel de la bibliothèque familiale. Chacun se souviendra de cet album innovant donc la puissance évocatrice marquera le lecteur. Comme tout ouvrage « extraordinaire », il peut déstabiliser les lecteurs adultes qui n’ont rien à dire et rien à lire. Peut-être que l’enfant sera le meneur d’histoires de cet ouvrage, le PetitProche saura le décrypter pour aider l’adulte à se souvenir des voies magiques du Merveilleux. Dès 6 ans.
Seven Footer Press – 2010 – 12.15 €
REFLET/DOUBLE/SYMETRIE/IMAGINATION
Si ces jeux d’ombre vous intéressent ou s’ils passionnent vos enfants, n’hésitez pas à lire et découvrir Mirror du même auteur. Dans cet album, Suzy Lee interprète la pliure de l’ouvrage comme un axe de symétrie. Son livre est construit avec la pliure comme un miroir imaginaire. Une fois de plus, aucun texte. Tout le récit est visuel. Une petite fille est prostrée dans un coin de la page. Elle porte une robe jaune (encore !). Elle tourne la tête et aperçoit son reflet dans le miroir. A chaque page, elle oublie son chagrin et joue avec cette petite fille qui l’imite. Elles sont donc deux à jouer, danser et grimacer pour oublier les difficultés d’être un enfant. Au hasard d’un pas de danse, leurs mains se touchent et tout un monde onirique apparaît, les couleurs explosent, les petites filles ne forment plus qu’une seule et même personne jusqu’à disparaître de la page. On les imagine parties dans un monde imaginaire fécond et intime qui n’appartient qu’à elle (s). Elles réapparaissent virevoltantes et sautillantes de joie ! Malheureusement le reflet de la petite fille prend des libertés et décide d’esquisser ses propres pas de danse. Notre jeune héroïne est révoltée. Elle n’accepte pas que son reflet ait sa vie propre. Elle boude, elle s’énerve et finit par commettre l’irréparable … Cet album et Ombres se font vraiment écho. De nombreux clins d’œil thématiques, graphiques sont à relier. Suzy Lee a le don de m’entraîner dans un monde onirique et pourtant très ancré dans la réalité de l’enfance. MoyenMoyen a eu un peu plus de mal à apprécier ce livre. Pourtant il passe beaucoup de temps à jouer avec son reflet dans le miroir de plain-pied de la salle de bains. Lorsque je lui ai rappelé ce détail de sa vie, il m’a fait remarquer d’un ton ferme et qui n’attend pas de réplique que lui ne danse pas devant le miroir, il regarde « comment il est grand ! ». Peut-être que les garçons ne jouent pas comme les petites filles … ou qu’ils ne veulent pas l’admettre …
N’hésitez pas à consulter le site de l’auteur : http://www.suzyleebooks.com
Ecole des loisirs – 2011 – 5.60 €/12.54 €
MER/VAGUE/JEU/BLEU/EFFET VISUEL
Dans quelques jours, les valises seront bouclées, les enfants harnachés dans leurs sièges auto … J’entends déjà le moteur ronronner. J’ai le goût du sel sur le bout de la langue et je sens le sable dans mes birks qui couinent (com42)! Les vacances sont à portée de main … (En vrai, nous partons à la montagne !). Afin d’attendre patiemment la libération et le départ, je vous conseille la Vague du même auteur. Les enfants seront passionnés par cet album dont une fois de plus la pliure n’est pas que le centre physique de l’album, elle est le centre du récit. Dans ce livre à l’italienne, sans texte, la pliure est une frontière invisible et symbolique. Sur une plage, une petite fille découvre la plage et particulièrement les vagues qui viennent lécher le bout de ses pieds. Un peu effrayée et hésitante, elle avance quand la mer reflue et recule quand les vagues se rapprochent. Elle se trouve sur la page de gauche et la mer sur la page de droite. Chacune reste sur sa page et sur son côté de la plage. Les vagues se cassent toujours à la pliure de la page. Accompagnée par quelques mouettes, la petite fille s’enhardit de plus en plus. Elle se rapproche des vagues et finit par traverser la frontière invisible pour jouer dans l’eau. Page après page, la petite fille prend confiance et joue avec les vagues qui deviennent une vague personnifiée. Cette vague bleue et majestueuse enfle. Elle devient énorme et bouillonnante. La fillette a peur et se réfugie dans la page de gauche mais la vague va-t-elle suivre les règles du jeu ? MoyenMoyen n’a pas mis ses brassards pour s’immerger dans cette Vague. Il aime créer les dialogues entre la petite fille et la vague ou la petite fille et les mouettes, c’est selon son inspiration. Il se souvient comme les vagues peuvent être effrayantes. Les illustrations sont magnifiques. La petite fille ressemble beaucoup à celle d’Ombres. J’ai apprécié de retrouver le jeu de la robe qui se colore à la fin de l’album. Dans la Vague, la robe de la petite fille devient bleue. Sur ce thème maritime, Suzy Lee a travaillé sur le bleu, sa profondeur, ses nuances et ses multiples variations. Les illustrations sont réalisées au fusain, à la peinture acrylique et finalisées en montage numérique. Les traits de pinceaux, les aplats de couleur permettent de donner vie à la vague et on imagine le flux et le reflux, on entend le ressac … Dès 5 ans.
Si vous voulez approfondir votre connaissance du bleu, je vous conseille d’ajouter dans votre panier de plage !
Un bleu si bleu – J.F.Dumont – 24 p.
Père Castor/Flammarion – 2006 – 5.50 €
EVEIL ARTISTIQUE/COULEUR/BLEU/VOYAGE
Un jeune garçon décide de parcourir le monde à la recherche d’un bleu rêvé, un bleu profond et lumineux ! Les pages liminaires proposent une palette de bleus incroyables …Dès 6 ans.
Si vous avez envie de plage et de vagues, je vous conseille
Rêves d’Océan – D.Nolan – 38 p.
Petite Plume de Carotte – 2012 – 14.50 €
REVE/MER/IMAGINATION
Cet album sans texte est magnifique. Une petite fille construit un château de sable. La nuit se lève. Elle quitte la plage à marée montante. Les vagues détruisent peu à peu le château Alors qu’il ne reste plus que le donjon, une des fenêtres s’illumine … Sans un mot, tout en douceur et en rêve, le lecteur est entraîné dans un monde poétique et lilliputien sans fin ! Dès 5 ans.
Si vous aimez la mer quand elle est déchaînée et que la plage est déserte, je vous conseille
la Vie en bleu – C.Norac/S.Poulin – 32 p.
l’Ecole des Loisirs – 2006 – 12.50 €
RELATION PERE FILS/MARIN/TEMPETE/PEUR
Sur une île, un jeune garçon attend le retour de son père, marin pêcheur. Malheureusement une tempête se lève et les communications par radio sont rompues. Yannick décide alors d’aller sur la plage pour dompter les flots … Un album dont le suspens est intense. Les illustrations très réalistes sont en même temps complètement oniriques et reflètent les angoisses de Yannick. Dès 6 ans.
Le Masque – S.Servant/I.Green – 40 p.
Didier Jeunesse – 2011 – 14 €
ETRE SOI/ANIMAL/METAMORPHOSE/MASQUE/ABANDON/COLERE/FRATRIE
Petit Frère a trouvé LE masque au coin de la rue. Ce masque blanc est tout simple. Il ne comporte aucune décoration. Mais il donne le pouvoir de se transformer en n’importe quel animal. Petit Frère est aux anges. Il l’enfile et le voilà devenu ouistiti pour s’amuser et plaire aux filles du square. Ainsi transformé, Petit Frère se donne le droit de les embrasser. Les baisers volés ne sont pas du goût des demoiselles. Elles repoussent vigoureusement ce petit singe chapardeur. Afin d’épater les copains, Petit Frère se transforme en ours. Malheureusement emporté par sa force, il essaie de commander et ses camarades le chassent. Tant de refus blessent l’enfant masqué. Il se transforme alors en loup. Ce loup est gigantesque, il a des dents jaunes et des yeux rouges terrifiants. Affamé, Petit Frère veut rentrer chez lui. Mais ses parents ne le reconnaissent pas et lui interdisent l’accès à la maison. Malgré ses efforts pour l’ôter, le masque reste mystérieusement collé à son visage. Petit Frère a peur. Petit Frère est seul. Abandonné par tous, il se métamorphose en chien errant. Il se réfugie près d’une voie ferrée pour se cacher et pour pleurer en secret. A la nuit tombée, sa grande sœur vient le réconforter et lui prodiguer caresses, câlins … Peut-être détient-elle le secret pour briser le sort qui emprisonne Petit Frère ? Cet album est très bien orchestré. Tout d’abord, le récit, dont le héros nommé Petit Frère sous-entend la présence et la bienveillance d’un aîné, est construit habilement. La tension monte peu à peu jusqu’au dénouement final qui est vécu comme une libération. Comme le veut la tradition du conte, le Masque invite à la réflexion et à l’analyse. Sans être écrite, la morale se devine à la dernière page. J’apprécie néanmoins que l’auteur laisse à chacun la liberté de formuler la morale qui lui convient. En lisant, de nombreux clins d’œil aux contes sont d’ailleurs à découvrir comme le Loup et les sept chevreaux, le Petit Chaperon rouge et Hansel et Gretel. Le narrateur « Grande Sœur » permet de dédramatiser les aventures de l’enfant animal. Effectivement, Le petit garçon tout doux du début de l’album devient un loup sauvage qu’on imagine féroce. Il est rejeté par ses amis et même par ses parents. Il n’est plus reconnu par les siens. Cet album donne vie et sens aux peurs enfantines les plus terrifiantes. J’y ai vu aussi une belle allégorie de l’enfant qui se construit et qui passe par des stades et des essais de personnalité. J’y ai aussi lu une allusion à la colère. Lorsque l’enfant est en colère, il est hors de lui, il est méconnaissable même par ses proches. Il faut attendre que la colère passe, que l’enfant se recentre et dompte ses émotions. (Je vais peut-être le lire chaque soir à PetitPetit comme une prière ou comme un traité d’éducation !). Les thèmes abordés sont forts : la colère, le pouvoir, la peur, l’abandon et la solitude. Les relations fraternelles sont mises à l’honneur. L’amour et la confiance de Grande Sœur dépassent l’amour parental et permettent à Petit Frère de réintégrer son corps et de dompter la bête qui sommeille en lui comme en chacun de nous. Les métamorphoses physiques mais aussi émotionnelles de Petit Frère sont impressionnantes. Visuellement ces transformations sont tout aussi intenses. Les proportions sont travaillées et permettent à la peur de prendre toute la page. Si l’enfant-animal est effrayant, les décors et les couleurs utilisées sont chatoyants et ne peuvent laisser présager qu’une fin douce et calme. J’ai lu cet album avant de le lire à MoyenMoyen. Je n’étais pas sûre qu’il aimerait cette histoire. Effectivement, il m’a dit « Ca fait un peu peur là ! Les yeux du loup, y’sont très rouges et il est très grand ». Je crois que cet album est à réserver aux enfants qui aiment les sensations fortes. Dès 6 ans.
Critique de Télérama : clic / L’as-tu lu mon petit Loup ? clic
Atlas du monde – N.Crane/D.Dean – 48 p.
Flammarion – 2013- 16 €
ATLAS/PLANISPHERE/POPULATION/COUTUME/FAUNE/FLORE/FRONTIERE/CULTURE
Après les imagiers, les abécédaires, un premier dictionnaire, un atlas est un ouvrage indispensable d’une bibliothèque « enfantine ». Vous me direz à l’heure de google maps, des GPS high tech est-ce bien nécessaire d’offrir ce genre de livre à nos PetitsProches. Je vous l’accorde, les atlas ont un petit goût de suranné. Ils nous rappellent les planisphères accrochés aux murs des salles de classe, les planches pédagogiques Deyrolles et les heures passées à suer pour apprendre les départements, les chefs-lieux et les préfectures … En ce qui me concerne, les atlas me donnent toujours envie de voyager. J’aime me perdre en suivant les rivières, les frontières et les courbes des déserts aux noms imprononçables. J’aime que mes enfants se rendent compte des distances et des enjeux des frontières. Je veux qu’eux aussi se perdent et comprennent que le monde est vaste est riche. Ils en ont un chacun et j’ai remarqué qu’ils sont souvent oubliés à droite à gauche de la maison. Atlas du monde est l’exemplaire de MoyenMoyen. Même s’il n’a pas commencé la géographie à l’école, il commence à s’intéresser aux pays, aux climats et bien sûr aux animaux exotiques. Cet atlas présente tout d’abord les océans mondiaux puis les grands espaces géographiques. Chaque zone est présentée selon les mêmes critères : caractéristiques géographiques, population et occupation de l’espace, climat, ressources naturelles, environnement, vie animale et transport. MoyenMoyen apprécie de pouvoir comparer les différentes zones géographiques. Du coup, il hésite entre l’Antarctique et l’Afrique pour « faire sa vie ». Il a envie de vivre dans un pays qui n’appartient à personne et à tout le monde pour l’Antarctique mais les animaux du Serengenti en Tanzanie lui promettent une vie palpitante. Effectivement chaque double page propose des informations mais aussi une carte. Colorée, cette carte définit les données physiques : frontières, fleuves, villes et reliefs. Elle présente aussi les monuments célèbres, les coutumes et traditions, les personnages historiques et les animaux typiques. Dans un petit cadre, cette zone est représentée et localisée sur un planisphère mondial. Des petits flaps « le sais-tu ? » sont à soulever pour obtenir des informations complémentaires. Les données environnementales sont vraiment pertinentes et permettent aux enfants de prendre en compte dès leur plus jeune âge cette notion maintenant fondamentale. Plus qu’un atlas, cet ouvrage est donc aussi un documentaire qui propose des informations sur l’histoire de notre planète, la nécessité et les difficultés à cartographier notre monde, un glossaire et un index. J’ai particulièrement apprécié de trouver un index où les capitales sont données pour chaque pays ce qui permet d’effectuer des recherches rapides. Enfin, un planisphère illustré grand format 43×74 cm peut être accroché dans la chambre de l’enfant. Dès 6 ans.
Démonstration de l’application Ipad : ici ! Présentation de Declickids : làet application ipad/iphone 4.49 €: ici.
Le Rêve de l’arbre – M.Dor/O.Nomblot – 36 p.
Les Editions Clochette – 2011 – 15.90 €
MAGIE/ARBRE/AMITIE/VOYAGE/REVE/ETRE SOI/BATEAU/GRANDIR/ALBUM
A la librairie, j’avais repéré de nouveaux albums/CD lus par Maureen Dor. Grâce à Gabriel de la Mare aux mots, j’ai pu recevoir le Rêve de l’Arbre. Marin a presque 6 ans. Le mois d’août prend fin et il doit entrer en CP. Il sait que la petite enfance se termine avec la maternelle. Il décide alors de se séparer de ce qui fait de lui encore un « bébé ». Au fond du jardin, comme un trésor, il creuse un trou pour cacher son doudou, sa tototte, une petite voiture, son dernier biberon, quatre billes et un gland retrouvé au fond de sa poche. Les années passent et Marin est devenu un jeune garçon qui aime parfois le calme et la solitude pour lire, rêver et grandir en secret. Allongé à l’ombre d’un jeune chêne, il entend ses parents se demander d’où vient cet arbre qu’ils ne souviennent pas avoir planté là. Marin abandonne son puzzle car lui se souvient parfaitement de cet endroit : c’est ici qu’il a enterré ses trésors. Il se souvient aussi du gland qu’il y avait ajouté. Il se demande si cet arbre s’est nourri de son doudou et de ses jouets d’enfant pour devenir si grand et si majestueux. Quelques jours plus tard, appuyé sur ce bel arbre pour lire, Marin entend l’arbre lui parler. Il s’inquiète de sa santé mentale car à 9 ans, il sait que les arbres ne parlent pas. Afin de convaincre le jeune garçon, le chêne lui propose d’imaginer la cabane de ses rêves pour la lui offrir tout de suite et maintenant entre ses branches. Marin ne résiste pas et ferme les yeux pour imaginer une cabane incroyable avec hamac, fauteuil, longue vue, des livres par centaine, une lampe et même un réfrigérateur … lorsque l’arbre lui propose d’ouvrir les yeux et de monter à sa cime, Marin ne sait pas encore que sa vie a dorénavant changé car il a désormais un ami pour toujours …Cet album est une belle découverte. Une histoire originale qui entraîne le lecteur à suivre les aventures de Marin jusqu’à l’âge adulte. Il est rare en littérature jeunesse de partager la vie d’un enfant sur une longue période de sa vie. J’apprécie de lire tous les champs du devenir dans un album. Les enfants qui seront tentés de s’identifier à Marin auront alors toute latitude pour imaginer leur existence future et rêver d’une vie adulte heureuse. Magie et mystères sont au rendez-vous pour illustrer l’amitié extraordinaire partagée par Marin et son arbre. Les illustrations sont intéressantes car elles offrent des dessins, des photographies, des plans, des associations réussies de vues et de superpositions. Sur le site des Editions Clochette, l’enfant peut écouter l’album. Le récit est lu par son auteur Maureen Dor. Le Rêve de l’arbre fait partie de la collection Le Livreami. En furetant sur le site, j’ai écouté les chansons inspirées des albums et depuis elles tournent en boucle à la maison à la demande de PetitPetit et MoyenMoyen. Ma préférée est Vol à la bisouterie ! Je sais, j’ai 8 ans et demi. Dès 6 ans.
Drôles de petites bêtes – D.Ryan/P.Desmazures – 24 p.
Hachette – 2012 – 3 €
INSECTE/ARAIGNEE/PAPILLON/ABEILLE/DOCUMENTAIRE
MoyenMoyen apprend à lire, il sait « presque beaucoup » lire. Les albums conviennent très bien à sa capacité de lecture mais il a envie de « vrais » livres. Nous lisons à deux voix de courts romans mais leur lecture en autonomie est encore difficile. Il est très intéressé par les animaux. J’ai donc trouvé de courts documentaires qui correspondent à son niveau de lecture et à ses centres d’intérêt. Ces documentaires sont utilisés comme ouvrages d’apprentissage de la lecture en primaire. Ils sont classés par niveau de difficulté de 1 à 5. Les niveaux 1 et 2 sont conseillés pour le CP. Le niveau 5 est recommandé pour les CM2. Plus de 24 titres sont proposés comme les Châteaux forts, les Lions et autre chats, les Pirates, les Requins, la Météo, Pompéï, le Système solaire et les Volcans. MoyenMoyen a choisi Drôles de petites bêtes et Lézards (je ne ferai pas de commentaires sur le choix !). Je les connais maintenant par cœur. MoyenMoyen les lit en boucle, il prend des notes et attend l’été avec impatience pour explorer le jardin. Il veut comparer ses connaissances encyclopédiques avec des données empiriques. Chaque ouvrage propose un sommaire, un quiz et un lexique. Un sous-thème est présenté par double page. Les textes sont courts et les mots difficiles comportent un astérisque pour retrouver la définition dans le lexique. Les illustrations sont abouties et légendées. Elles peuvent être des photographies ou des esquisses. Grand format ou éclatées sur la double page, on ne peut que porter attention à la qualité iconographique des illustrations. La lecture de ces ouvrages peut inciter l’enfant à approfondir ses connaissances en lisant des ouvrages documentaires plus complexes. Les documentaires sont de bons alliés de lecture même s’ils n’offrent pas « livresse » de la fiction ! Dès 6 ans
Pour découvrir toute la collection : clic !
Moi le loup et la cabane – D.Perret – 64 p.
Thierry Magnier – 2013 – 12.50 €
AMITIE/LOUP/CABANE/BETISE/VIE QUOTIDIENNE/JEU/BANDE DESSINEE
J’ai découvert Delphine Perret grâce à l’une d’entre vous ! Comme Lucie Albon, elle vit dans un bocal(le même !)… Moi le loup et la cabane a été l’album phare des vacances de Pâques. Un soir, je l’ai lu à MoyenMoyen. Nos rires ont éveillé la curiosité de GrandGrand et MoyenGrand qui nous ont rejoints. A tour de rôle, nous avons lu à plusieurs voix cet album hilarant. Pendant les quinze jours des vacances, je l’ai lu chaque soir parfois accompagnée par un aîné pour faire rire MoyenMoyen. J’avoue que je n’ai pas boudé le plaisir de rire avec lui. Un jeune garçon, Louis, a la particularité de vivre avec un loup caché dans son placard. Ils partagent tout : les bêtises comme les bonbons. Ils s’entendent à merveille et adorent jouer aux jeux de sept familles ensemble même si Louis soupçonne son ami de tricher. Ils sont inséparables. Les parents de Louis ont organisé des vacances à la campagne, Louis a donc décidé d’emmener son meilleur ami en cachette. Ils imaginent déjà la vie d’aventuriers qui les attend. A eux, les animaux sauvages, la chasse, la pêche, les cabanes et la liberté. Mais malgré les conseils de leur bible la Cabane d’aventuriers en dix leçons, Louis et son loup vont être confrontés à de nombreuses difficultés … Cette bande dessinée offre des illustrations au crayon noir. Sans décor superflu, sans couleur, cet album graphique montre pourtant toute la complicité et la connivence de Louis et de son loup (Bernard ?). Delphine Perret nous permet d’entrer dans une intimité de jeux et de plaisirs partagés. Les chutes sont savoureuses et sont à découvrir « entre » les dialogues et les dessins. Effectivement le texte et les images se répondent et se complètent à merveille. Tout est synchronisé pour déclencher des situations comiques. Les ellipses du texte sont comblées par les dessins et vice et versa. Les tournes de page sont utilisées avec finesse et pertinence pour tenir le lecteur en haleine. Cet album est drôle, fin et subtil. Je recherche déjà les deux premiers albums de cette série : Tout d’abord Moi, le loup et les chocos et Moi, le loup et les vacances avec Pépé. Dès 7 ans.
Nous ne sommes pas les seuls à être dingues des deux compères : La Soupe de l’espace : ici
Si vous souhaitez en savoir plus : entrez dans les coulisses : là.
Samuel terriblement vert – H.Ben Kemoun/F.Roca – 42 p.
Nathan – 2011- 5.50 €
GRAINE/ACCIDENT DOMESTIQUE/LIEN ENFANT-NATURE/AMITIE/ARBRE
Cet ouvrage est le premier roman lu seul par GrandGrand. C’était il y un siècle, il me tenait encore la main dans la rue en sortant de la bibliothèque … Lorsque j’ai offert ce livre à MoyenMoyen, GrandGrand l’a reconnu tout de suite et il se souvenait exactement de l’histoire. C’est vrai qu’elle est effrayante à souhait ! Samuel est très excité car son Oncle Julius, explorateur, revient de voyage. Il a traversé le désert de Patagonie pour rapporter des graines à des laboratoires pharmaceutiques. Les chercheurs en extraient des substances afin de créer des vaccins et des médicaments pour éradiquer des maladies mortelles. Ces graines sont rares et précieuses : ce sont des Galéaparsos. Seul un explorateur et un aventurier comme Oncle Julius était capable de ravitailler les laboratoires du monde entier. Samuel est impressionné. Il aide son Oncle à les stocker soigneusement dans le réfrigérateur familial en attendant le rendez-vous au laboratoire. Heureusement que la famille est réunie pour deux semaines car Samuel veut connaître toutes les aventures de son oncle. Le mercredi suivant, Samuel invite son meilleur ami, Lionel à venir jouer à la console avec lui. Ils se relaient sur un jeu vidéo particulièrement difficile. Absorbés par les crânes explosifs et les morts vivants du jeu, les garçons ont failli oublier le goûter. Heureusement, Lionel marque une pause et propose de préparer un plateau dans la cuisine pour grignoter devant l’écran. Du salon, Samuel indique à son ami les placards et les tiroirs susceptibles de cacher les biscuits et autres friandises. Lionel est un jeune garçon gourmand et débrouillard. Il ouvre le frigo pour débusquer et enrichir la collation. En revenant dans le salon, il félicite Samuel pour ces bonbons au réglisse qui sont excellents ! En un instant, il comprend que Lionel a avalé les graines d’Oncle Julius. En quelques minutes, la peau de Samuel change, elle devient verte et la transformation ne va pas s’arrêter là ! Comme je le disais, ce court roman est un brin angoissant. La métamorphose de Samuel est impressionnante. Le suspens bien orchestré ne permet pas de deviner l’issue de l’histoire. L’amitié, la solidarité et le courage sont les thèmes porteurs du récit. Les illustrations de François Roca (iciet là) entraînent le lecteur au cœur du récit et permettent de visualiser la métamorphose de Lionel. Un très bon roman pour encourager les premières lectures car une fois le premier chapitre lu, on ne peut plus s’arrêter ! Dès 7 ans.
Le Buveur d’encre – E.Sanvoisin/M.Matje – 40 p.
Nathan – 2011 – 5.50 €
VAMPIRE/LECTURE/LIVRE/LIBRAIRIE/RELATION PERE FILS/ETRE SOI
Odilon ne comprend pas pourquoi il est le fils de ses parents et particulièrement de son père. Ce dernier est libraire. Il est entouré de livres à la boutique mais son amour des livres le pousse à apporter des ouvrages par centaine à la maison. Odilon vit entouré de romans, de documentaires, de dictionnaires. Malheureusement Il n’aime pas lire. L’odeur des livres lui pique le nez. Les histoires le rasent. Il n’a rien en commun avec son père. En ce début de vacances, son embauche à la librairie l’attriste. Il s’ennuie entre les rayonnages, alors il observe les clients. Il reconnaît les habitués, les nouveaux lecteurs, les touristes et les voleurs. D’ailleurs il ne connaît pas cet individu un peu étrange qui vient de pousser la porte de la librairie. Son œil d’expert le classe d’emblée dans la catégorie des bizzaroïdes : il a le teint gris, les sourcils en bataille et un air complètement ahuri. Il ne marche pas vraiment, il semble voler quelques centimètres au dessus du sol. En cachette, Odilon le suit de rayon en rayon. Après quelques minutes, l’étrange client prend un livre, glisse une paille à l’intérieur et sa bouche semble aspirer le livre. Odilon ne dit pas un mot. Il ne fait pas un geste. Il a peur. Il attend que l’horrible client soit sorti pour prendre le livre. Ce dernier est très léger et surtout il est vide : plus une ligne, plus un mot. Odilon vient de rencontrer un vampire de livre. S’il n’aime pas les aventures racontées dans les romans, c’est peut-être parce qu’il aime les vivre « pour de vrai ». Sans attendre une seconde, Odilon sort de la boutique pour suivre le vampire qui semble se diriger vers le cimetière …Ce très court roman est un délice ! Le suspens et la peur sont au rendez-vous. Je pensais le lire à MoyenMoyen mais je vais attendre quelques mois car je crains des nuits agitées suite à la découverte des vampires de livre. Les enfants aguerris adoreront cette histoire étrange. Odilon est un personnage drôle et surprenant. Les illustrations facilitent la lecture et permettent d’intensifier la peur ressentie. Aux lecteurs avertis dès 7 ans.
Féroce – J.F.Chabas/D.Sala – 32 p.
Casterman – 2012 – 16.50 €
LOUP/MEUTE/PEUR/ETRE SOI/AMITIE/ALBUM
Après le Bonheur prisonnieret la Colère de Banshee, j’ai retrouvé avec plaisir deux auteurs que j’affectionne. Dès la couverture, j’ai su que cet album m’emporterait loin, ailleurs, dans un monde que je ne connaîtrai jamais malheureusement. Dans ce monde, une louve vient de mettre bas. Elle lèche ses petits afin de les nettoyer et de les stimuler. Un des petits ouvre les yeux. Au premier regard échangé, la louve sait que ce petit sera différent. Il semble terrifiant et cruel. A chaque tétée, elle frissonne de le voir s’approcher d’elle. Ses frères sont effrayés. Il semble féroce avec son pelage rougeâtre, ses énormes crocs et ses prunelles écarlates. En grandissant, tous les membres de la meute l’évitent. Rejeté par les siens, n’inspirant que peur et épouvante, le jeune loup rouge calque son comportement sur l’image que les autres loups lui renvoient, il devient féroce, cruel et sanguinaire. Après bien des combats, il est chassé de la meute et devient un loup solitaire. Il chasse, il traque, il s’enivre de brutalité et de sauvagerie. Même les arbres sont terrorisés lorsqu’il court entre leurs troncs. Au cœur de la forêt de sapins, comme à leur habitude, les branches se resserrent et la flore fait silence pour laisser le passage à la Bête. Mais Féroce s’arrête car il aperçoit une petite fille dans la clairière de pins. Occupée à cueillir des lis, elle ne voit pas l’animal qui l’observe. Il pousse alors un hurlement terrifiant afin de se délecter de la terreur de l’enfant. Celle-ci se retourne lentement pour affronter le loup rouge. Elle ne tremble pas, elle ne hurle pas de peur. Elle finit d’attacher le lis dans ses cheveux avant de s’approcher de lui pour le dévisager …Je ne suis pas très charitable de vous laisser au point culminant de l’histoire mais je ne veux pas dévoiler tout le charme et l’originalité de ce récit. L’illustration de couverture m’interpellait car elle me rappelait une autre couverture. J’ai secoué mes tablettes, soulevé des piles de livres, j’ai remué mes enfants et leurs bibliothèques et j’ai trouvé : Marlaguette ! Féroce est une réécriture de Marlaguette (d’après moi). Laissé le Père Castor sur son barrage car ce récit est aussi une réinterprétation. Féroce est un récit puissant et sauvage. La peur, l’angoisse, le rire mais aussi l’empathie sont ressentis tout au long de l’histoire. Les thèmes de l’apparence et de la différence sont traités avec honnêteté et sincérité. De nombreux clins d’œil sont à découvrir comme cette couleur rouge qui unit la petite fille et le loup. Ce nom de Fenris le loup rappelle les contes scandinaves. J’ai ri devant l’espièglerie de la petite fille qui défend les femmes de façon brillante et qui, du coup, force le rapprochement entre le loup et l’homme (Cette petite fille serait-elle un chaperon rouge d’une nouvelle génération !). Les illustrations sont splendides et se déploient sur des pages qui se déplient pour offrir des panoramas à couper le souffle et arrêter le temps. Certaines pages offrent des illustrations ton sur ton à toucher. On s’enivre des couleurs profondes et complexes. Les alternances de points de vue et de champs forcent le regard et ouvrent un dialogue infini entre le texte et l’image. Une fois de plus, les illustrations de David Sala m’ont rappelé les peintures de Klimt. MoyenMoyen voulait absolument que je le lui lise. Je l’ai prévenu que cet album pouvait lui faire peur. Il a insisté et j’ai cédé. Il a adoré. Je l’ai lu plusieurs fois d’affilée ce soir là. Quelques semaines plus tard, il me le réclame encore souvent et je sais qu’il le lit aussi tout seul. Il dit que le plus difficile c’est de ne pas se perdre dans les illustrations …Je parie qu’il se rappellera de cet ouvrage toute sa vie. Il se mariera avec une infirmière brune qui adorera les robes rouges …Dès 7 ans.
En comparant les deux couvertures, on remarque que sur l’album Féroce, la petite fille et le loup sont de la même taille. Ils regardent dans la même direction. Ils ont convergé l’un vers l’autre et se tournent maintenant vers l’avenir pour créer ensemble un monde dans lequel Féroce sera aimé. D’ailleurs il n’a plus de passé. Il n’y a pas d’empreinte de ses pattes dans la neige. Alors que la petite fille, aimante et donc certainement aimée des siens, se construit avec son passé. Derrière Féroce, il n’y a que des préjugés et des ressentiments qui l’enferment dans un comportement dont il est prisonnier comme ces troncs de bouleaux, en arrière-plan, qui ressemblent à des barreaux. Le loup et la fillette sont égaux et unis. Il n’y a pas de rapport de domination ou de force. L’illustration de couverture de Malaguette est tout autre et effectivement l’album conte une tout autre histoire !
9-12 ans
Les Orphelines d’Abbey Road, tome 1 : le Diable Vert – Audren – 280 p.
Ecole des Loisirs – 2013 – 15 €
MONDE IMAGINAIRE/MAGIE/RELATION ENTRE FILLE/ORPHELINAT
Ce livre m’a été conseillé par Lou il y a quelques semaines.
Critique de Lou :
« Les Orphelines d’Abbey Road part d’une situation plutôt dure, c’est tout de même l’histoire d’une jeune fille de 12 ans qui a perdu ses parents et qui vit dans un orphelinat très religieux, très pieux. Ce sont les sœurs, qui s’occupent de ces jeunes filles. Elles ont des consignes très strictes, elles ne mangent presque pas, sont punies pour un rien, etc…
Et bien, de cette base dramatique, on parvient à sourire, à être surpris. Plus on avance, plus l’histoire devient totalement dingue, avec des évènements surnaturels. »
En lisant cette présentation vive et intelligente, je n’ai pas pu attendre que les Orphelines d’Abbey road soit disponible à la bibliothèque. Je l’ai acheté et je ne le regrette pas. Je l’ai prêté à GrandGrand qui est loin de pouvoir s’identifier aux héroïnes et pourtant il a beaucoup aimé aussi!
A une autre époque que la nôtre, dans un passé un peu suranné, certainement en Grande-Bretagne, un orphelinat accueille des jeunes filles afin de les préparer à devenir des religieuses ou des épouses accomplies. Cet établissement renommé est dirigé par des soeurs strictes et autoritaires. Surtout la responsable, Sœur Ethelred qui inflige de nombreuses vexations et punitions aux jeunes pensionnaires. Elle ne supporte pas la moindre question, le plus petit délai ou le plus infime compromis. Elle conçoit son rôle éducatif comme un dressage de jeunes âmes égarées. Les jeunes filles se sentent isolées et coupées du monde, livrées à la poigne de fer des sœurs. Elles manquent d’affection et de gestes tendres. Elles aimeraient faire le deuil de leurs parents et être accompagnées dans leurs souffrances mais elles doivent surmonter seules les épreuves de leurs vies de recluses. Le seul réconfort des jeunes filles est la visite du mardi. Le mardi est le jour le plus doux de la semaine car c’est le jour de Lady Bartropp, l’initiatrice de ce projet d’orphelinat. Elle a fait don de la demeure « du Diable Vert » à la congrégation des sœurs de la Joie qui ont très rapidement rebaptisé l’édifice et camouflé l’horrible gargouille qui ornait l’entrée principale. Cette aristocrate, célibataire et sans enfant souhaite suivre les progrès de chacune de ses protégées. Elle est aux petits soins et écoutent attentivement les jeunes pensionnaires qui l’adorent car elle représente la seule « vraie » femme de l’orphelinat. Elle n’est pas avare de baisers et Joy, 12 ans, la remercie chaque soir. Cette jeune fille éprouve des difficultés à accepter sa situation d’orpheline. Ses parents lui manquent et elle garde le secret espoir qu’ils viennent la chercher même si elle sait que cet espoir est vain. Elle est très proche de plusieurs pensionnaires, Margarita, June, Prudence, Hope et Ginger. Elles forment un groupe solidaire pour se protéger des mauvais traitements des sœurs. Elles créent un espace de dialogue, de liberté et de joie lorsqu’elles se retrouvent au dortoir. Un matin, alors qu’elles doivent se rendre à la visite médicale obligatoire, Joy découvre que Margarita a disparu ! Elle tente de cacher la disparition de son amie mais rapidement les sœurs remuent ciel et terre pour retrouver la jeune fille. Après sa visite médicale, Joy est soulagée de voir son amie qui s’était cachée pour ne pas rencontrer le médecin. Margarita, 13 ans, est terrorisée à l’idée de dévoiler son corps devant un étranger et devant qui que ce soit d’ailleurs. Une fois seules, Margarita confie à Joy qu’elle a repéré une porte sous l’abbatiale de la crypte. Elle a pu s’y glisser et arpenter une longue galerie. Celle-ci mène à une trappe cachée sous l’autel ! Les jeunes filles sont irrésistiblement attirées par ce passage secret. Elles échafaudent des plans et des histoires rocambolesques mais ce qu’elles vont découvrir va dépasser leurs pires cauchemars ! J’ai beaucoup aimé ce roman qui commence comme un roman de pensionnat et bascule dans la fantasy. L’alternance des scènes dans le manoir au cœur de l’orphelinat et des situations sous la demeure au plus près d’un être maléfique est bien menée. Le rythme est soutenu et il est difficile de fermer ce livre sans savoir la fin. Les personnages sont facilement identifiables et les caractères des jeunes filles harmonisent la narration et les différents points de vue. De nombreux clins d’œil à la littérature jeunesse classique sont à découvrir comme Alice aux pays des Merveilles. J’ai apprécié que la clé de voûte du suspens dépende de la plus jeune et de la plus « difficile »des jeunes filles. Des thèmes forts sont abordés avec intelligence par l’auteur comme l’adoption et l’homosexualité. Le lecteur est touché par la fragilité de ces jeunes filles qui espèrent devenir des femmes libres et indépendantes alors que tout les poussent à rejoindre le noviciat. Il n’y a pas qu’un démon vert qu’elles devront affronter pour suivre leurs aspirations !
Dès 11 ans.
L’Apprentissage amoureux – E.Houdart – 32 p.
Seuil Jeunesse – 2005 – 16 €
AMOUR/ETRE SOI/PARTAGE/DIFFERENCE/COUPLE/JALOUSIE/ALBUM
J’ai mis du temps à lire les albums d’Emmanuelle Houdart. J’ai eu besoin de digérer ces illustrations. J’ai dû m’habituer et travailler sur ces dessins qui parfois me mettaient mal à l’aise. C’est MoyenMoyen qui m’a sorti d’affaire en empruntant deux de ses albums à la bibliothèque. l’Apprentissage amoureux est un album qui décrit les étapes et les écueils d’une vie amoureuse au long cours. A la première page, deux jeunes enfants imaginent une histoire : Il était une fois une sublime princesse et un prince charmant. Dès le premier regard, ils surent qu’ils s’aimaient et que rien ne pourrait les séparer. Ils furent très heureux et eurent beaucoup d’enfants. Les deux jeunes héros se sont débarrassés en une page et quelques lignes des conventions sociales pour profiter pleinement de l’amour. Au début tout va bien, ils décident de paresser au lit, de manger des bonbons et de lire très tard. Le jeu et le partage sont les maître-mots de leur amour. Ils s’aiment et ne se quittent pas. Les amoureux grandissent et les problèmes pointent leurs nez : comment se mettre d’accord pour choisir la couleur du palais ? Comment partager le dernier cornet de glace ? Et lequel décidera finalement des prénoms de leurs futurs enfants ? Sans parler que la vie amoureuse entraîne une vie quotidienne parfois triviale. Le prince ronfle et pue des pieds. La princesse a des boutons. Il urine à tous vents alors qu’elle ne peut plus bouger gênée par son ventre de femme enceinte. Les soirées séparées pour retrouver leurs amis respectifs engendrent des crises de couple effroyables. Quelle est leur recette miracle pour affronter tous ces obstacles et toutes ces difficultés de la vie amoureuse ?… A vous de le découvrir mais je vous préviens qu’il n’y a malheureusement pas de mode d’emploi ou de philtre à commander ! Je trouve courageux de montrer le côté obscur de l’amour dans un couple. J’essaie souvent d’épargner à mes enfants mes théories assez tranchées sur la question. Cet album permet donc d’aborder par des personnages tiers les hauts et les bas du couple. Ils comprennent alors que tous les parents peuvent traverser des phases difficiles, des moments de colère, d’énervement et de jalousie. Le titre montre à quel point la vie à deux est un apprentissage laborieux dont la réussite n’est jamais acquise. Le ton léger et souvent drôle du récit permet de dédramatiser les situations conflictuelles. Le rire libère de la gêne, de l’angoisse et laisse un temps de respiration pour réfléchir et pour discuter. Les illustrations d’Emmanuelle Houdart sont caractéristiques. Complètement oniriques, elles laissent toujours une place à l’interprétation propre. Ces dessins aiguisent le regard et développent le sous-entendu. Ils sont elliptiques et parfois complètement loufoques. Chaque détail est important car ils sont les porteurs du sens profond des situations évoquées. J’ai particulièrement apprécié le travail des couleurs. Chaque tourne de page offre sa palette de couleurs et de motifs. Cette illustratrice ne peut pas s’apprécier seulement en feuilletant ses albums. Il faut les lire et comprendre le rapport texte-image qui construit son propos. Dès 9 ans.
Les Heureux Parents – E.Houdart- 40 p.
Thierry Magnier – 2009 – 16.30 €
PARENTALITE/AMOUR/FAMILLE/FRATRIE/ETRE SOI/COUPLE/ALBUM
Après l’Apprentissage amoureux, les héros (la sublime princesse et le vaillant prince) deviennent parents. Ils sont heureux de cette promesse d’amour nouveau. Mais même une sublime princesse peut devenir capricieuse et très encombrée par son ventre pendant sa grossesse. A la naissance du petit Prince merveilleux, leur vie bascule. Ils manquent de sommeil, ils se chamaillent pour éviter la corvée du change. Ils perdent leurs repères et beaucoup des petites attentions qui leur semblaient si importantes. Ils n’ont plus une seconde à eux, ils ne sont plus que parents. Ils doivent faire phase à l’appétit vorace de leurs deux enfants tout en gérant les crises psychologiques comme le complexe d’Œdipe. L’album déploie à chaque double page les étapes cruciales de la parentalité. Heureusement que la Princesse sublime et le Prince vaillant forment un couple solide qui a su rester uni dans toutes ces épreuves. Effectivement le récit parfois brutal est adouci par les illustrations qui montrent toutes les preuves d’amour échangées dans cette famille. Câlins, baisers et tendresse sont déclinés à chaque page. Une fois de plus les détails sont très importants. Notamment la bibliothèque familiale qui s’enrichit d’ouvrage sur la parentalité, sur la politesse ou sur la psychologie enfantine au fil des pages. J’ai adoré la page sur le changement de couche du premier enfant. Le bébé est allongé sur la fameuse bibliothèque (qui contient l’ouvrage Comment chier dans les bois, le Parfum de Suskind, Mr Caca, tous les tubes de la marque Weleda et à peu près 250 couches), une assemblée de putois passe en bas de page, le père porte un sac à dos contenant des flacons, la mère a une pince à linge sur le nez. Toute la double page est en dégradée de marron. J’ai aussi un pincement au cœur en lisant la page sur le couple couché avec leur bébé qui hurle. Leurs jambes entrelacées forment un nid recouvert par une couette veinée au bord arrondi représentant un cœur gigantesque. Malgré leurs cernes et un livre ouvert montrant un cœur brisé, les personnages dégagent beaucoup d’amour et de solidité. Cet album, tout comme l’Apprentissage amoureux, m’interpelle. Ils m’ont immédiatement fait penser à l’Ecume des jours. Ces ouvrages oniriques où la matérialité des objets est sans cesse mise en doute. J’aime les albums qui touchent les Petits comme les Grands sans trahir ou édulcorer. Dès 9 ans.
Milan jeunesse – 2007 – 5.22 €
EMOTION/PLAISIR/VIE QUOTIDIENNE/PHILOSOPHIE/EPICURISME
Dans la même veine que la Première gorgée de bière, C’est bien est un ensemble de nouvelles très courtes. Centrées sur des situations de la vie quotidienne, elles révèlent l’importance de l’instant présent. Philippe Delerm insiste sur les émotions ressenties lors d’événements simples comme C’est bien de se lever le premier dans la maison, C’est bien l’autoroute la nuit, C’est bien de faire ses devoirs sur la table de la cuisine …Vingt scènes de la routine journalière qui peuvent sembler banales mais qui deviennent des instantanés de plaisir et d’émotions. L’auteur invite les enfants à découvrir ou re-découvrir le bonheur de situations anodines. Les sens sont sollicités à chaque ligne. Il incite aussi l’enfant à réfléchir à ses émotions, ses appétits, ses inclinations personnelles. Qu’est-ce qui est bien pour moi ? Qu’est-ce qui me rend heureux ? Quel événement me fait sourire ou me rassure ? Ce recueil est un ouvrage qui touche les enfants, qui les interrompt dans la course folle de la vie et de l’enfance. Il peut les aider à grandir et à se construire. Il est aussi une porte entrouverte vers la réflexion plus profonde et plus intime qu’est le questionnement philosophique. L’utilisation du « On » permet toutes les identifications possibles. On, c’est un peu moi, un peu lui, un peu moi il y a pas longtemps et peut-être un peu moi dans quelque temps. Les nouvelles sont très courtes et permettent aux mini-lecteurs de lire sans se sentir happés par une fiction envahissante. A lire dès 9 ans.
Ma tête à moi – X.L.Petit – 88 p.
Ecole des Loisirs – 2011 – 8.80 €
FAMILLE/HEREDITE/RESSEMBLANCE/PERSONNALITE/RELATION PERE-FILS
A l’épicerie italienne, Janin est apostrophé par l’épicier qui lui dit qu’il doit être fier de ressembler autant à son Papa. Janin est gêné de cette remarque car ce n’est pas son père qui l’accompagne mais son Oncle Jean, le frère de son père. Cette observation anodine de l’épicier ne cesse de tourner dans sa tête. Arrivé dans sa chambre, il s’observe avec attention dans le miroir. Il est blond. Ses cheveux sont fins. Sa pilosité est très discrète. A l’heure du déjeuner, il détaille son père. Celui-ci est brun. Sa chevelure pousse drue. Son cou et ses mains sont couverts de poils. Son menton arbore une fossette très prononcée. Tout comme Clovis, le cadet de la famille qui est le portrait craché de son père. Janin envie Clovis. Il aimerait trouver des ressemblances entre lui et son père. Malheureusement il ne ressemble pas à ses parents. Janin imagine que sa mère à peut-être eu une liaison avec l’oncle Jean avant de se marier avec son « faux » père. Peut-être aussi que ses parents l’ont adopté ou bien acheté au supermarché des bébés ? Janin imagine mille situations qui l’angoissent et le terrorisent au fond de son lit. Cause ou conséquence de ces nœuds de cerveau, Janin est terrassé par une forte fièvre qui le cloue au lit. Au repos forcé, il est seul dans l’appartement pour toute la journée. Obsédé à l’idée de ressembler à son père, Janin décide de forcer la nature …Ce roman est très drôle. Le passage concernant le supermarché à bébé vendu au poids est à tomber à la renverse de rire. Janin est un personnage aimable et crédible. Le thème de la filiation est traité avec justesse. A chaque réunion de famille, les enfants ont droit au laïus des proches sur les ressemblances réelles ou fantasmées. Il peut être difficile pour un enfant de ne pas ressembler à ses parents. Ce roman permet d’aborder ces notions de transmissions génétiques avec humour. L’hérédité n’est pas toujours simple à expliquer. La conclusion de ce roman permet aussi de rappeler que ce sont l’amour et les liens affectifs qui créent une famille ! Les allèles dominants n’ont qu’à bien se tenir ! Dès 9 ans.
Je porte la culotte/le Jour du slip – A.Percin/T.Gornet – 64 p.
Le Rouergue – 2013 – 6.50 €
ETRE UN GARCON/ETRE UNE FILLE/RELATION GARCON FILLE/DIFFERENCE/AMITIE/AMOUR
Vous vous souvenez mon Frère est un cheval, mon Cheval s’appelle Orage, un des titres de la nouvelle collection du Rouergue. Les ouvrages sont composés de deux courts romans à lire recto/verso. Les deux récits s’interpellent, se répondent et interrogent dans tous les cas. J’avais beaucoup apprécié l’ouvrage d’Alex Cousseau. Je ne suis pas déçue de ce livre double dont le thème central est la dualité garçon/fille. D’un côté quand Corentin se réveille … Il est devenu Corinne, c’est Je porte la culotte. De l’autre côté, quand Corinne se réveille … Elle est devenue Corentin, c’est le Jour du slip. Corentin et Corinne vont découvrir la difficulté d’être une fille ou d’être un garçon. Corentin transformé en Corinne s’ « arrachera les cheveux » pour comprendre comment s’intégrer aux groupes de filles de sa classe. Il devra déjouer les pièges des amitiés parfois compliquées des cours d’école. Corentin trouvera qu’être une fille n’est pas simple et que les garçons entreprenants sont intimidants. Corinne transformée en Corentin, trouvera que les jeux de garçon font mal aux mollets et au cœur aussi. Elle découvrira que d’être gentil avec une camarade est très mal vu et qu’un geste aimable peut engendrer de vrais drames. Ce double ouvrage joue sur la dualité et parfois l’opposition des garçons et des filles. Néanmoins sa lecture permet d’apporter des clés de compréhension des relations entre garçons et filles. Il ouvre une porte au dialogue et peut aider à balayer certains préjugés. Dès 9 ans.
June et Léa – S.Bonini/S.Desmazières – 40 p.
Le Baron Perché – 2011 – 16 €
RELATION SŒUR-SŒUR/FRATRIE/LIEN EXCLUSIF/SEPARATION/COMPLICITE/ALBUM
June et Léa sont sœurs. Elles se ressemblent beaucoup malgré la petite année qui les sépare et la teinte de cheveux légèrement plus claire de Léa, la cadette. Elles partagent la même chambre. Elles jouent aux mêmes jeux. Elles imaginent un avenir plein de promesses et de promiscuité. Elles jouent de leur ressemblance car elles aiment être une seule et drôle de personne, une créature à deux têtes, quatre yeux et quatre jambes ! Elles portent les mêmes robes, les mêmes bijoux et la même coiffure à quelques détails ou couleurs près … D’ailleurs leurs parents les surnomment les jumelles et ce surnom unique ravit ce drôle de binôme. Mais le jour de rentrée approche et cette année June et Léa vont devoir se séparer. June doit rentrer au collège. En quelques jours, toute leur organisation change. June est accaparée par ses devoirs et par ses nouvelles amies. Léa attend de retrouver leurs jeux et leur connivence. Malheureusement leurs parents décident d’offrir à leurs grandes filles deux grandes chambres séparées. Au fil des mois, June grandit, change et s’affranchit de l’omniprésence de sa sœur. Elle rompt aussi leur pacte vestimentaire et décide d’adopter un look sombre bien à elle. Léa se sent abandonnée mais pour elle aussi vient l’heure de l’entrée au collège … J’ai choisi cet album pour deux raisons. Tout d’abord, je suis issue d’une fratrie de sœurs et je rêvais enfant d’avoir une sœur comme une jumelle … Malheureusement j’ai 7 ans d’écart avec chacune de mes sœurs autant vous dire une éternité … Aucune comparaison possible ! Puis j’ai pensé à mes deux aînés qui ont quinze mois d’écart. Je ne sais pas si la testotérone est un modérateur de démonstration d’amour mais mes fils n’ont pas du tout cette complicité … Même si je ne peux pas raccrocher la lecture de cet album à un moment vécu, il m’a procuré une vraie émotion de lecture. On ne peut qu’être envieuse de cette harmonie et de cet amour partagé entre sœurs. On comprend la douleur et la difficulté de la séparation mais on devine aussi qu’elle est nécessaire. Chacune doit affirmer sa personnalité. On sait que tous les jeux et les secrets partagés de la petite enfance de June et Léa sont autant de liens qui resteront des repères pour elles. En grandissant, leur relation évoluera et s’enrichira de leurs expériences multiples et séparées. Les illustrations sont originales et fortes. Elles amplifient harmonieusement les émotions évoquées dans le récit. Dès 9 ans.
Les grands Monuments de Paris – J.M. Billioud – 64 p.
Gallimard Jeunesse – 2011 – 14 €
DOCUMENTAIRE/COMPREHENSION DU MONDE
Après la collection Mes Premières Découvertes pour les plus jeunes, les éditions Gallimard proposent aussi la collection les Yeux de la Découverte pour les 9-15 ans. Ces documentaires offrent sur un thème précis des informations riches et pertinentes. Grâce à cette collection, les exposés ne sont plus des corvées ni des activités pédagogiques chronophages. Les recherches deviennent un plaisir et la curiosité des enfants est stimulée. Organisé en sous-thèmes précis, les pages s’enchaînent logiquement. Un index et un sommaire clairs permettent de trouver rapidement et efficacement les informations recherchées. Les photographies légendées grand format accrochent le regard et incitent les enfants à lire les explications fournies. Ces ouvrages peuvent aussi offrir une lecture récréative et autonome. Certains titres proposent des images à télécharger sur le site de Gallimard (très pratique pour les diaporamas à faire en classe ou les exposés). D’autres ouvrages comme le Corps humain offrent des posters détaillés et légendés. J’apprécie cette collection et ils sont souvent mes points de repères pour aider mes élèves. Ils permettent de saisir un sujet dans son ensemble. Même pour des lycéens, ils restent un premier outil de recherches et permettent dans un deuxième temps d’orienter les élèves vers des documents plus complexes. Malgré la vague wikipédia, les documentaires et leurs informations validées restent des incontournables pour un vrai travail de recherche. Dès 9 ans.
Oh ! Les sciences – C.Gifford – 128 p.
Gallimard Jeunesse – 2012 – 17.15 €
DOCUMENTAIRE/COMPREHENSION DU MONDE
Toujours dans la collection les Yeux de la Découverte mais sous une approche thématique plus large, je vous conseille aussi les Oh ! pour les enfants de 8 à 12 ans. Plusieurs titres sont disponibles les Sciences, les Animaux, la Terre, l’Espace. Ces ouvrages sont chapitrés par thèmes précis. Chaque double page propose des informations courtes et de nombreuses photographies sur le thème abordé. Plus ludiques, plus « mis en scène » que les Yeux de la découverte, les Oh ! restent des ouvrages documentaires de qualité. Chaque ouvrage est enrichi d’un site internet via le site de Gallimard. Ces sites sont des portails d’accès à des vidéos, des images, des dioramas et des informations supplémentaires produits par le CNRS, Futura Sciences, l’Université Pierre et Marie Curie, des sites ministériels …. J’ai apprécié que ces ressources soient consultables en tapant des mots-clés proposés dans l’ouvrage. La méthodologie de la recherche documentaire est respectée en utilisant la richesse d’internet en consultation guidée. Dès 8 ans (ou pour les PetitsProches curieux plus jeunes !)
Pour les plus petits, collection Mes Premières Découvertes : ici
Tics olympiques – R. Fuentès – 87 p.
Syros – 2012 – 6 €
TIC/TOC/ANGOISSE/TIMIDITE/NATATION/SPORT/JO
Certains ont des tocs et d’autres des tics. Certains troubles se voient et d’autres pas. D’autres sont toctoc et d’autres sont toxiques. Du tac au tac, il faut réussir à vivre tous ensemble tic, tac et toc réunis ! Julien a des tics et des tocs. Heureusement ces tocs restent des gestes répétitifs effectués à son domicile dans le secret de sa chambre. Il vit bien avec ses tocs mais ses tics lui empoisonnent la vie. Effectivement au collège, les autres élèves l’appellent le Sapin ou Noël car il n’arrête pas de cligner des yeux. Ses clignements s’accompagnent aussi de claquements de langue. Avec ses parents, il a rencontré de nombreux médecins et des spécialistes des maladies nerveuses. Ils sont tous formels. Julien a juste besoin d’être en accord avec lui-même. Il effectue ces gestes pour se rassurer. Il s’est créé des rituels de soutien pour affronter la vie. Ses tics sont la manifestation physique de son anxiété. Il craint de ne pas être à la hauteur. Il se sent toujours suspendu au jugement des autres. Heureusement que ses parents ont confiance en lui et le laissent grandir et mûrir en paix. Néanmoins les moqueries de son grand frère Michel lui pincent le cœur et lui rappellent sans cesse les plaisanteries de ses camarades d’école. Il ne faut pas imaginer Julien comme un enfant triste, terne ou malheureux. Il est vif, curieux et surtout il a une passion. Une vraie, qui lui permet d’avancer et de se tenir debout et fier malgré ses troubles. Il nage ! Julien est inscrit au club d’Aubagne et chaque soir, il s’entraîne. Il crawle, il brasse, il avale les longueurs du bassin à une vitesse folle. Ses tics, ses tocs et ses problèmes restent sur le plongeoir. Dans l’eau chlorée, Julien redevient maître de ses mouvements et de son corps. Lors de cet été 2008, il décide d’en finir avec ses troubles nerveux. Les Jeux Olympiques et plus particulièrement les épreuves de natation vont être son soutien pour mener son propre défi. Il va profiter de ces épreuves pour maîtriser son corps. Comme ses champions, il va devoir se dépasser pour se révéler. Julien doit mener un combat qui semble singulier et bien modeste. Pourtant j’ai aussi retenu ma respiration lors des épreuves de natation. J’étais en apnée tout au long de son combat intérieur. J’avais envie de le soutenir et de l’encourager. On comprend alors que nous avons tous des défis à relever et des obstacles à dépasser (aujourd’hui ou dans quelques années). A chacun d’entre nous, d’évaluer la difficulté et de choisir ses armes. Très accessible, court, sincèrement touchant (sans être larmoyant) et souvent drôle, ce roman est un vrai plaisir. Dès 9 ans.
Le cœur en braille – P.Ruter – 291 p.
Didier Jeunesse – 2012 – 14.20 €
AMITIE/AMOUR/ETRE SOI/GRANDIR/RELATION PERE FILS/DIFFICULTE SCOLAIRE
Victor vit seul avec son père. Sa mère est partie mener une nouvelle vie. Elle a coupé toutes relations avec son ex-mari et son fils. Le jeune homme et son père partagent une passion commune : les Panhard. Ces vieilles voitures sont le cœur de leurs discussions. Ils passent leur temps libre à bricoler le vieux modèle familiale dans la cour de leur maison. Ils lisent et traquent la moindre information dans le manuel Krebs qui est leur bible. Cette passion commune les lie et les empêche de sombrer dans le désespoir. Ils ont beau forcer le rire et la bonne humeur, parfois la déprime rôde : « Elle est partie et on s’est retrouvé tous les deux, et sans toi je me serais noyé ! Tu comprends ? – Oui, Papa, je comprends les choses du grand bassin de la vie. C’était super solennel ! ». Cahin-caha, en se donnant la main et en effleurant la vie avec légèreté, Victor et son père semblent heureux. Victor a tout de même un problème majeur dans la vie : il a de très importantes difficultés scolaires. Ni le sport, ni le français, encore moins les mathématiques, ne trouvent grâce à ses yeux. Son cerveau, qui fonctionne pourtant à plein régime, ne correspond pas aux attentes et aux rythmes de l’école. Victor n’est pas scolaire. Il a une compréhension des concepts complètement farfelue et personnelle. Il a peut-être une capacité d’abstraction trop importante pour l’apprentissage des notions scolaires en classe et en cohorte. Il est un peu poète et très philosophe. Avec ses meilleurs amis Etienne et Marcel, il a monté un groupe de rock fracassant qui ressemble plus à un défouloir sonore qu’à une harmonie musicale. En ce jour de rentrée en 4ème, Victor sait déjà que l’année va être longue et infructueuse. Mais depuis qu’il fréquente assidûment Robert le Dictionnaire, Victor a l’impression de reprendre pied. Il comprend mieux les conversations. Ces définitions, glanées par ci par là, l’entraînent dans des monologues intérieurs intenses qui parfois le bouleversent. Depuis qu’il a fait alliance avec Robert, la vie lui semble moins effrayante. Il trouve aussi du soutien auprès d’Haiçam, le fils du concierge qui est aussi un camarade de classe. Haiçam est lui aussi un enfant différent. Il est champion d’échec et une brillante carrière internationale l’attend. Il tente d’initier Victor aux stratégies d’ouverture qui correspondent d’après lui aux aléas de la vie. Malgré la flexibilité et la force de l’ouverture nimzo-indienne d’Haiçam, malgré la lecture des Trois Mousquetaires, malgré Robert le dictionnaire et malgré tout l’amour de son père, Victor va vivre une année surprenante et même terrifiante. Une telle révolution ne peut être dûe qu’à une rencontre, la rencontre d’une jeune fille : Marie-Josée. Cette jeune fille est une élève exemplaire et une violoncelliste talentueuse. Elle va détecter chez Victor une empathie extraordinaire. Elle décide alors de lui proposer un contrat. Marie Josée accepte de le former au travail intellectuel et scolaire ; en échange, il devra prendre soin d’elle. Effectivement, Marie-Josée est atteinte d’une maladie incurable et sa vue baisse de jour en jour. Il doit l’aider quelques semaines afin qu’elle puisse passer les épreuves du conservatoire et ainsi échapper à la clinique spécialisée où ses parents lui ont réservé une place. Le contrat est clair et ne permet pas d’échappatoires. Marie Josée et Victor sont liés par un engagement moral mais peut-être que même les contrats les mieux ficelés ne suffisent pas à brider les sentiments lorsqu’on a 14 ans ! Pascal Rutter offre un roman dont le style est surprenant. Tantôt il donne voix au langage des jeunes, aux mots les plus grossiers et aux expressions de cour de collège les plus triviales, tantôt les dialogues ou les monologues intérieurs sont subtils et poétiques. Certaines métaphores sont somptueuses. Les personnages sont travaillés dans toute la complexité de leur âge et de leurs préoccupations. Victor le héros est vraiment poignant devant sa médiocrité scolaire. Ses réflexions sur le sens de la vie et le pourquoi des choses sont riches et dépassent les platitudes souvent rencontrées. L’amour entre Marie et Victor est décrit comme les plus belles légendes d’amants maudits. Je le conseille aux lecteurs dès 10 ans s’ils aiment les romans volumineux et introspectifs.
Calvino-Calvina – C.Frabetti – 112 p.
Les Grandes Personnes – 2010 – 11.50 €
LIVRE/FOLIE/PERSONNALITE/FANTOME/ANDROGYNIE
J’ai souvent croisé ce roman mais l’illustration de couverture me mettait mal à l’aise. Cet enfant chauve si pâle et ce chien terrifiant : trop famille Adams, trop freaks pour moi. Heureusement j’ai écouté cette interviewdes éditrices et j’ai eu envie de lire ce livre dans l’instant ! Je ne regrette pas d’avoir changé d’avis car ce court roman est étonnant à souhait. Seul dans son manoir, un enfant, Calvino tente de déjouer la surveillance des services sociaux qui ne manquerait pas de s’inquiéter de le savoir livré à lui-même. Il tend un piège à un cambrioleur, Lucrecio, afin de le kidnapper et de lui proposer un contrat (un peu sous forme de chantage !). Lucrecio devra prendre l’apparence du père de Calvino afin de faire croire aux voisins, aux agents des diverses administrations qu’il est bien présent et qu’il prend soin de Calvino. Lucrecio est abasourdi mais sa liberté conditionnelle ne lui permet pas de rompre ou de refuser ce contrat. En quelques heures, il devient Calvino père : il se rase le crâne (la calvitie est héréditaire dans cette famille), dort dans la chambre du Maître (lugubre, il a dû retirer un tableau représentant une femme dont le regard semblait l’observer) et sort Loki le chien loup régulièrement (d’une force extraordinaire, Loki le promène). Lucrecio dort très mal car la chambre est sinistre. Après un réveil difficile, il trouve Calvino avec une perruque longue et une robe. Il tente d’interroger le garçon-fille sur son identité mais aucune réponse claire ne ressort de la discussion. La première sortie familiale père-fils/fille est la bibliothèque. Lucrecio se rend rapidement compte que cette bibliothèque est très spéciale et même carrément loufoque. Dans ce bâtiment sombre entouré d’une haute grille rouillée, des malades mentaux sont soignés. La méthode est innovante. Dans cet asile-bibliothèque, on traite les livres ambulants, c’est-à-dire des malades qui se prennent pour des personnages de romans ou pour des œuvres littéraires entières. Ce programme psychiatrique admet aussi les forcenés qui s’identifient à un auteur ou à l’ensemble de l’œuvre d’un auteur. Emelina l’infirmière-bibliothécaire (en terme de lubricité, on ne peut pas faire mieux !) invite Lucrecio à rencontrer un Baron perché. Ce dernier discute dans un arbre avec un Tarzan un peu boudiné dans son pagne léopard. Lucrecio est très impressionné par cette thérapie : la librairie-pharmacie promet d’améliorer la santé mentale des patients en leur procurant des romans et des personnages qui les aideront à reprendre pied dans la réalité. Malgré une longue et passionnante discussion avec un John Silver éclairé, Lucrecio se sent dépassé par cet asile-bibliothèque et sa situation précaire de kidnappé. De retour au Manoir, il décide de calmer ses angoisses en se préparant une collation. Malheureusement le réfrigérateur ne contient qu’une casserole de brouet pois chiches-riz. Il ne se laisse pas aller et décide de forcer la serrure du garde-manger verrouillé. Avec sa trousse de cambrioleur, il ne faut que quelques minutes à Lucrecio pour ouvrir cette chambre froide ou plutôt cette chambre funéraire car au milieu trône un cadavre congelé, le corps de la femme du portrait. Lucrecio n’est pas au bout de ses surprises ….En 112 pages, ce roman nous offre un vrai bonheur littéraire. Non seulement la thérapie bibliopsychique est un délice mais de nombreuses références romanesques sont à découvrir notamment Dorian Gray. Les personnalités doubles sont troubles et font réfléchir sur l’identité, la filiation et les secrets de famille. J’avoue que j’aimerais que des maisons de retraite décident de suivre cette thérapie en soins palliatifs pour mourir en héroïne ! Ce livre est certes loufoque, complètement décalé et même déjanté mais j’y ai lu un bel éloge aux livres et à la puissance de l’imaginaire. Dès 10 ans pour les lecteurs armés.
12 ans et plus
Ava préfère les fantômes – M.Bernard – 271 p.
Syros – 2012 – 16 € – Coup de cœur février 2013
LIBERTE/DON/MAGIE/FANTOME/PARANORMAL/ENQUETE POLICIERE/VIKING/TRESOR/ILE
Et les fantômes le lui rendent bien ! Ava a le don de voir les spectres depuis sa plus tendre enfance. Dès l’âge de trois ans, Ava a compris qu’elle ne devait pas essayer d’expliquer à ses parents ce qu’elle voyait. Punition après punition, la petite Ava s’est construit une personnalité banale : timide, sage et polie. Polie, très polie, tellement polie que les conversations s’envasent et permettent à Ava de s’effacer, de disparaître aux yeux de ses congénères. Si Ava est une jeune fille effacée, elle est en revanche d’une redoutable intelligence. Elle aspire à la tranquillité de sa pension du Sud de la France. Malheureusement, son pensionnat ferme pendant les congés scolaires. Ses parents en plein divorce ne souhaitent pas s’encombrer de leur fille qui les a toujours embarrassés par ailleurs. Envoyée chez son oncle, sur l’île de Jersey, elle sait qu’elle va être confrontée à des situations imprévisibles. Mais les événements vont dépasser ses pires craintes. Tout d’abord son oncle organise une grande exposition sur un trésor viking trouvé près du manoir. De nombreuses personnalités du monde culturel et archéologique vont aller et venir dans les longs couloirs de la demeure familiale. Ava devra donc être sociable, souriante et accueillante. Elle qui déteste les relations humaines chaleureuses et spontanées, elle va devoir se surpasser pour se faire oublier. A son arrivée Ava croise le chemin de Billie, une jeune fille charmante qui aurait pu devenir son amie. Malheureusement Ava n’a rencontré que le spectre de Billie car celle-ci vient d’être assassinée sur la plage. Billie attend beaucoup d’Ava qu’elle sait « extraordinaire ». Meurtre après meurtre, fantôme après fantôme, Ava est bousculée par les revenants et les vivants. Heureusement, elle va aussi rencontrer une femme, une vraie, en chair et en os qui saura mettre des mots sur son don qui sonne comme une malédiction pour cette jeune fille sauvage. Ava est consolatrice. Elle a la capacité de libérer les revenants afin qu’ils quittent définitivement le monde des hommes. J’ai beaucoup aimé ce roman fermé aux petites heures du matin. Le mélange est parfait : une enquête policière bien menée, des événements surnaturels savamment dosés, une héroïne forte, adorable et détestable à la fois, une île mystérieuse, une trame historique cousue serré. Ava est déconcertante dans son analyse des relations humaines, particulièrement ses relations avec les adultes. Courageuse, intelligente, farouchement accrochée à sa liberté d’action et de pensée, Ava est une jeune fille que j’aimerais fréquenter ! J’ai retrouvé un peu d’Agatha Christie dans ce huis-clos à la cluedo. Le talent d’Ava rappelle aussi Cole Sear l’enfant du film le Sixième sens. Un peu angoissant, trépidant, surprenant, ce roman est un cocktail détonnant à piquer à vos enfants sans hésiter ! Dès 12 ans.
Ava préfère se battre – M.Bernard – 346 p.
Syros – 2013 – 16.50 €
ETRE SOI/DON/MAGIE/FANTOME/PARANORMAL/AMOUR
Malgré ses dernières vacances très éprouvantes, Ava retourne sur l’Ile de Jersey chez son oncle Vincent Bazire. Elle souhaite entamer sa formation de consolatrice auprès de la doyenne de la fonction Cécilia Watson. Ava se doute que sa formation sera dense. Elle pense devoir assimiler des procédures et des méthodes psychologiques pour libérer les fantômes de leurs vies de spectre. Elle imagine que son statut d’apprentie va lui permettre d’observer et de comprendre les délicates techniques mises en oeuvre par sa tutrice qui a plus de 90 ans doit connaître tous les rouages et les trucs du métier ! Effectivement Cecilia a l’intention de lui apprendre des astuces, des combines et des tours de passe-passe dignes du plus chevronné des cambrioleurs. Mais Ava n’a que faire de savoir crocheter des serrures ! Elle veut une méthodologie, un récit d’expériences réussies et un savoir-faire. Malheureusement Cecilia reste évasive. Ava enrage de ne pas suivre un plan de formation performant car elle sait qu’elle doit venir en aide à 352 000 fantômes répartis sur plus de seize îles et îlots. Heureusement que son chouchou Harald, fantôme de plus de 800 ans, Viking de naissance, la soutient et lui propose une formation accélérée en sciences politiques. Harald devient son coach. Elle doit convaincre l’Assemblée des fantômes de ses réelles compétences. Certains représentants sont engagés auprès de partis politiques qui prônent la scission entre les fantômes et les hommes. Le FF (Fantôme pour les fantômes) refuse que le consolateur soit un vivant. Elle va donc mener campagne et monter au front pour défendre ses idées novatrices. Ava pense qu’il faut recenser tous les fantômes et créer une base de données. Elle envisage sa fonction comme une activité de pilotage de groupes de soutien formés à écouter et consoler des assemblées de spectres. Elle veut rationaliser et utiliser le potentiel des autres fantômes. Son programme ambitieux l’entraîne aux confins de l’île auprès de tous les morts-vivants des plus agréables ou plus redoutables. Si sa tutrice ne la forme pas selon ses désirs, elle aura la bonne idée de l’inviter dans une pizzeria où Ava va peut-être faire la rencontre la plus importante de sa vie : Marco ! Un jeune homme bien vivant, tout en chair et en os et tout en sentiments pour elle …Ce deuxième volet des aventures d’Ava est tout aussi agréable bien que le récit soit plus introspectif. Le suspens s’installe vraiment dans la deuxième partie du roman. Ava a mûri. Ses questionnements sont donc plus profonds et plus intimes. Sa nouvelle fonction et sa première expérience amoureuse sont des sources de désordre et de déséquilibre qui la malmènent et la perturbent. Ava la perfectionniste, un peu freak control, doit lâcher du lest et écouter ses émotions. Cet été là, Ava ne se sent pas à la hauteur, elle doute et certains fantômes vont en profiter ….J’aime beaucoup cette jeune Ava dont j’apprécie toujours autant la personnalité et la libre pensée ! Dès 12 ans.
Héros : figures de lettres et des arts – N.Casalaspro – 80 p.
Palette – 2012 – 23.50 €
HEROS/MYTHE/LEGENDE/BIBLE/PEINTURE/SCULPTURE/DOCUMENTAIRE
Cet ouvrage est un documentaire ambitieux sur les héros de la Bible et de la mythologie grecque. Héraklès, Apollon, Iphigénie, Ariane, Abel et Caïn, Hercule, les plus grands figures des légendes et des mythes fondateurs y sont présentés. Accompagnés de chefs-d’œuvre de la peinture et de la sculpture, les héros prennent alors vie sous nos yeux. Les combats légendaires, les épreuves surhumaines, les trahisons les plus perfides sont évoqués par les œuvres majeures de l’art comme Hercule combattant le lion de Rubens, l’Héraklès archer de Bourdelle, l’Icare de Matisse, Salomé et Danaé de Klimt, les Scènes de vie de Moïse de Botticelli ou le David de Caravage. Organisées autour de chapitres pertinents, les informations sont riches. Les mythes, les héros, les filiations sont expliqués d’un point de vue historique, culturel et artistique. Les sept chapitres : l’appel de l’héroïsme, pourfendeurs de monstres, en un combat singulier, femmes fatales, faibles femmes et femmes fortes, héros désarmés et trop près des dieux : la chute, ils s’organisent en double page thématique. Les courtes introductions permettent de souligner les parallèles, les différences et les contrastes des mythes et des légendes. Un site internet accompagne ce documentaire. Elaboré par le CRDP de Paris, ce site propose des approfondissements, des lectures croisées par disciplines (musique, arts plastiques, histoire, lettres) et par niveaux de la 6ème à la 3ème. Ce livre pédagogique est un ouvrage de références qui peut aussi aider et intéresser les lycéens. Naruto, Batman, Mario, Sacha et les autres peuvent retourner aux vestiaires, les héros bibliques et mythologiques ont un panache qu’ils n’ont pas encore ! Je n’ai pas choisi ce livre. C’est GrandGrand qui l’a sélectionné. J’avoue que son achat m’a étonnée. J’étais impatiente qu’il le finisse pour le lire et en discuter avec lui. Il a jugé les œuvres parfois frappantes ! Il a découvert que les thèmes récurrents de la littérature jeunesse étaient ancestraux : la quête, le pouvoir et les super-pouvoirs, la mort, les combats, la mise à l’épreuve, le rite initiatique …Je suis fière de son choix et je pense que ce livre a enrichi sa perception des héros, des légendes. Il a, je crois, touché du bout du doigt et de l’esprit que l’Homme, depuis la nuit des temps, est en quête de réponses et de modèles. Dès 11 ans.
Akileos – 2008 – 12 €
QUETE/POUVOIR MAGIQUE/ELFE/ETRE SOI/FAMILLE/BANDE DESSINEE
Suite au décès tragique de son mari, Karen décide de s’installer à la campagne. Elle souhaite aider ses enfants, Emily et Navin, à faire le deuil dans leur père en les éloignant des souvenirs douloureux. La vieille maison héritée est en piteux état. Ils doivent se remonter les manches pour effectuer un grand ménage. Balai à la main, Emily s’égare un peu dans cette nouvelle demeure. Elle découvre la bibliothèque de son célèbre aïeul Silas Charnon. Cet arrière grand père avait la réputation d’être excentrique. En tout cas, il était un inventeur reconnu. Sa bibliothèque regorge de carnets et de livres contenant de nombreuses esquisses d’engins volants, de robots et d’objets étranges. Emily s’arrête devant un pupitre où un manuscrit ouvert dévoile des plans. Elle referme le volume qui révèle une empreinte de main taillée sur le plateau du meuble en bois. Malgré les conseils de son petit frère Navin, Emily pose sa main sur l’empreinte. Elle ressent une vive douleur au doigt.. Son son sang perle goutte à goutte. A cet instant, le plateau bascule et un collier avec un pendentif apparaît à la place du manuscrit. Navin est mal à l’aise. Il se sent observé. Malgré ses coups d’œil furtifs, il n’aperçoit pas l’ombre tapie dans l’obscurité. Emily enfile le collier en faisant promettre à son frère ne pas dévoiler leur secret à Karen, leur mère. Au milieu de la nuit, ils sont tous les trois réveillés par un bruit sourd provenant de la cave. Karen descend pour rassurer ses enfants. Malheureusement, quelques minutes plus tard, Emily et Navin entendent les cris de leur mère au sous-sol. Sans hésiter, ils courent à la cave. D’étranges phénomènes lumineux apparaissent … Ils sont attaqués par un monstre pieuvre qui garde prisonnière leur mère dans son abdomen cage. Malgré leur lutte, Navin est avalé. Emily est déjà entourée de tentacules quand par magie et grâce à la pierre de son collier, elle blesse le monstre qui fuit immédiatement. Aidé par sa sœur, le jeune Navin parvient à se hisser par un orifice du monstre et à s’échapper de l’abdomen cage. Les deux enfants le poursuivent et malgré leur course effrénée, ils le perdent de vue. Ils comprennent rapidement qu’ils ont atteint un autre monde et qu’ils sont perdus. La pierre d’Emily lui prodigue alors des conseils précieux et lui indique le chemin pour trouver refuge auprès de leur aïeul Silas. Il saura les aider pour retrouver et sauver leur mère … En quelques heures, Emily apprend qu’elle a été choisie par son arrière grand-Père pour devenir Gardien de la Pierre afin de sauver un monde qui est désormais le leur …Heureusement, j’ai eu la bonne idée d’emprunter les cinq volumes à la bibliothèque. Je ne suis pas déçue d’avoir sacrifié une carte complète de prêt pour cette découverte. Dès les premières pages, j’étais happée. Le suspens est intense. Le rythme est trépidant. Les émotions s’enchaînent. La peur et l’angoisse sont savamment dosées. Les flashbacks permettent de comprendre tous les enjeux de la mission d’Emily et des Gardiens de la Pierre. La quête d’Emily se complexifie au fur et à mesure des tomes. Les personnages sont fouillés et offrent tout un panel d’identifications. Le thème de la filiation et de l’hérédité sont développés avec intelligence. Les illustrations rappellent les caractéristiques des albums manga. Les doubles pages de paysage sont fabuleuses et permettent de s’évader ! J’ai apprécié de retrouver toute une culture fantasy : les œuvres de Miyazaki sont présentes tout au long des mille pages de cette série comme la maison dans le ciel, la cabane de Porco Rosso, le château ambulant … J’ai aussi retrouvé le thème du robot géant comme Goldorak. La Pierre magique rappelle l’Anneau de J.R.R. Tolkien. J’avais l’impression de suivre les inspirations de Kazu Kibuishi. Il a su se les approprier avec talent pour nous offrir un monde « merveilleux » ! Nous sommes quatre à avoir lu cette série à la maison, MoyenGrand, GrandGrand, mon mari et moi. Vote unanime à main levée, meilleure série de bande dessinée pour le premier semestre 2013 ! Certains scènes sont rudes, je le conseille donc aux enfants à partir de 12 ans vraiment.
La Cité : tome 1 : la Lumière blanche – K.Ressoun-Demigneux – 233 p.
Rue du Monde – 2011 –
JEU VIDEO/AMITIE/MONDE VIRTUEL
Ce roman attendait sur ma PAL depuis quelques semaines. Un jour de pénurie littéraire, GrandGrand l’a choisi. Je ne l’ai pas revu de l’après-midi. Au goûter, il m’a dit que le livre était bien. Au dîner, il me l’a rendu en me disant qu’il était vraiment très bien. GrandeChérie me l’a conseillé aussi (GrandMachin a aimé aussi). Après ces trois avis encourageants, j’étais pressée de le lire (après avoir attendu des semaines !). A Paris, Thomas est un jeune lycéen qui mène une existence tranquille et confortable. Il vit seul avec son père car sa mère est morte en lui donnant naissance. Son père vit enfermé dans le souvenir de sa femme et surtout il n’arrive pas à mettre un terme à son deuil. Thomas trouve auprès de ses amis l’amour et la joie qui lui manquent chez lui. Particulièrement auprès de Nadia, sa meilleure amie, dont la bonne humeur et l’enthousiasme le réconfortent. Depuis quelques jours, son meilleur ami Jonathan et lui s’interrogent sur un nouveau jeu vidéo. Ils lisent avec intérêt les affiches publicitaires. Ces dernières, énigmatiques, attisent leur curiosité. Ce jeu s’appelle la Cité. Afin d’en savoir plus, ils se rendent à la présentation de la Cité au Planétarium. Bien qu’ils n’aient pas vraiment compris le but du jeu, le procédé en trois dimensions et les promesses d’une réalité virtuelle jamais égalée les incitent à s’inscrire en ligne et à commander le module nécessaire à la connexion. Quelques jours plus tard, Thomas reçoit son colis avec le module, le casque et les gants indispensables à établir la réalité virtuelle de la Cité. Pendant les quelques semaines d’attente du lancement du jeu, Thomas s’entraîne à utiliser toutes les possibilités de la 3D. Il choisit Harry comme pseudo en hommage aux grands magiciens dont il s’inspire Harry Kellar, Harry Houdini et Harry Blackstone. Effectivement Thomas est passionné par la magie et les jeux d’illusion. Il a des doigts agiles et des nerfs à toute épreuve. L’exercice de la magie a affûté sa capacité de concentration et son œil est exercé à deviner le vrai, du faux. Mais malgré son talent et son habilité exceptionnelle, sa « naissance » dans le Jeu va être une révélation …Son avatar peut interagir avec les lieux, il peut se mouvoir sans limite et la Cité semble infinie. Dès les premières heures de jeu, des groupes d’avatars se forment. En rencontrant Arthur, Harry (Thomas) comprend alors que certains pouvoirs se révèlent au contact d’autres joueurs afin de créer des clans. Il comprend du même coup qu’il y a un enjeu et une finalité … Jusqu’où devra t-il s’engager ? Aura-t-il le choix de ses armes ? Et surtout devra t-il faire confiance à ses amis virtuels ou à ses amis réels ? J’ai eu tort d’attendre pour lire ce roman ! Je l’ai lu en une soirée. J’étais captivée. A chaque page, je me disais, je n’ai pris le tome 2 (ce n’est pas possible d’être aussi popote !!!). Le suspens est savamment dosé. Les alternances de récit vie réelle/vie virtuelle sont bien menées. Thomas est un personnage complexe qui incite le lecteur à s’interroger sur les enjeux et les limites des jeux vidéos. J’ai particulièrement apprécié que l’auteur ne soumette pas les jeunes lecteurs à une vision moralisatrice et bien-pensante. Il invite le lecteur à réfléchir et à comprendre seul les enjeux et les limites de la vie virtuelle. De nombreuses références littéraires comme la Communauté de l’Anneau, A la Recherche du temps perdu, les poèmes de Nerval, Hugo et de Verlaine sont des plaisirs à redécouvrir. Ces incitations littéraires sont très bien amenées et incitent le lecteur à en savoir plus. De grandes œuvres cinématographiques sont citées aussi. Les lecteurs seront touchés de voir que les jeux vidéos de référence servent de repères dans le récit. Dans ce roman, aucune culture n’est méprisée !
Mes fils ont découvert les jeux vidéo il y a longtemps. Nous en parlons beaucoup et les temps d’écran sont âprement négociés. Je les ai suivis dans leurs combats contre des hordes de Pokémon. Ils ont tous cherché la Princesse Zelda. Naruto et ses neuf queues n’a plus de secrets pour nous. Depuis peu GrandGrand et GrandMoyen ont basculé dans les jeux sur PC. WorldofWarcraft les passionne. Ils en parlent souvent et pour une fois, ils font équipe ! Même si cet engouement m’inquiète, j’essaie de ne pas diaboliser ces jeux. Ce roman nous a permis de rediscuter des règles établies. Dès 12 ans.
Trois tomes sont déjà sortis. Page facebook de la série : ici !
La Cité : tome 2 : la Bataille des confins – K.Ressoun-Demigneux – 237 p.
Rue du Monde – 2012 – 16.50 €
La Cité : tome 3 : le Pacte des Uniques – K.Ressoun-Demigneux – 320 p.
Rue du Monde – 2012 – 17.80 €
la Charmeuse de bêtes : tome 1 : Le Livre des Tôda – N.Uehashi – 365 p.
Milan Jeunesse – 2009 – 10.50 €
RELATION MERE-FILLE/MAGIE/DIFFERENCE/AMITIE/RELATION HOMME-ANIMAL/ORPHELIN
Dans un autre monde qui ressemblerait à notre Japon médiéval, Erin, 10 ans, vit seule avec sa mère, Soyon, à l’écart des autres membres du village. Soyon n’est pas native du village. Elle est une descendante des Ahryo, un peuple mystérieux qui vit caché dans les montagnes. Par amour, elle a quitté sa tribu pour vivre avec le père d’Erin. Dans ce village de Tôdashu, Soyon est respectée car elle est la vétérinaire des grands dragons d’eau. Ces dragons sont des animaux dressés qui forment les bataillons de combat de l’Arhan, le Gouverneur-duc. Malgré son veuvage, Soyon est devenue experte dans les soins aux Tôdas les plus puissants, les Kiba. Malgré le respect qu’elle inspire, elle vit isolée avec sa fille car les habitants lui reprochent son origine étrangère et ses yeux verts si caractéristiques. Erin a hérité des yeux verts de sa mère et du don de prendre soin des animaux. Elles savent observer, mémoriser et comprendre le comportement des créatures les plus sauvages et les plus étranges comme les Tôda. Une nuit, des longues plaintes se font entendre à la ferme-caverne des dragons d’eau. Soyon se précipite mais il est trop tard et les dix kibas sont morts mystérieusement. Les habitants sont effrayés car la punition de l’Arhan sera terrible. Il est connu pour ses méthodes expéditives. Effectivement, toute la faute est jetée sur Soyon et celle-ci est exécutée après avoir été torturée. Erin assiste en cachette à la sentence de sa mère. Cette dernière est précipitée vivante dans un lac où des tôdas sauvages attendent leur proie. Erin nage vers sa mère qui émet alors un sifflement étrange afin de paralyser les dragons d’eau. Soyon hypnotise un tôda et oblige Erin à s’enfuir sur le dos de la plus grosse des créatures. Soyon se sacrifie pour accaparer l’attention des autres dragons. A son réveil, Erin ne se souvient plus de sa course sur sa monture légendaire mais un homme se penche sur elle et lui demande si elle se sent bien. Elle connaît pas cet homme corpulent, elle ne reconnaît pas la maison, ni le paysage qu’elle aperçoit de sa couchette. L’homme s’appelle Jôn. Il est apiculteur et vit isolé au pied des monts Afon-Noa. Erin et lui vont tout d’abord cohabiter puis partager une véritable passion pour les abeilles. Ils auront besoin de toute leur amitié et de tous les dons d’Erin pour réussir à dépasser les forces du destin … Ce roman m’a envoûtée. Je l’ai lu en une soirée car je voulais absolument suivre Erin dans ses aventures. Je voulais savoir quel était ce don si particulier. A partir de cette frêle jeune fille, c’est toute une civilisation qui nous est offerte. Les royaumes de Ryosa et de Yojé sont oniriques et extraordinaires. L’attachement d’Erin et Jôn est aussi très prenant et à la fin de ce volume, on espère que rien ne pourra les séparer. GrandGrand a aussi beaucoup aimé cette Charmeuse de bêtes et je ne peux que vous engager à lire le tome 2 : le Livre des Ôju. Dès 11 ans.
La Charmeuse de bêtes : tome 2 : le Livre des Ôju – N.Uehashi – 434 p.
Milan Jeunesse – 2009 – 10.50 €
520 km – M.de Radiguès – 60 p.
Sarbacane – 2012 – 12.90 €
FUGUE/AMOUR/AUTO STOP/AMITIE/BANDE DESSINEE
En consultant facebook, Simon découvre que sa petite amie est célibataire. Il l’appelle pour avoir confirmation de la rupture. Louise lui explique alors que son père l’oblige à rompre car il la juge trop jeune pour entretenir une histoire d’amour. Simon est complètement abattu. Ses vacances riment alors avec tristesse et cœur en morceaux. Un soir, il décide de forcer le destin et de rejoindre Louise. Il laisse alors un mot en inventant une sortie en bateau pour rassurer sa mère. Il rassemble quelques affaires et se dirige vers la sortie d’autoroute la plus proche afin de rallier Montpellier et donc « sa »Louise en stop. Le sac sur le dos et le pouce en l’air pour 520 km, Simon mettra plus de temps que prévu pour arriver à Montpellier mais son escapade lui réserve quelques surprises … Cette bande dessinée propose un récit-randonnée peu ordinaire. Le périple initiatique de Simon frôle parfois des dangers qui font froid dans le dos. Sa naïveté va pourtant lui permettre de faire de belles rencontres qui lui donneront confiance en lui peut-être pour toute la vie. Son initiative est certainement un premier pas dans sa vie d’homme. Il ne peut pas bénéficier du soutien de sa mère et de ses proches habituels. Il prend le risque de larguer les amarres et la réalité prend alors une autre dimension. Les dessins permettent d’anticiper les difficultés rencontrées par Simon. De nombreux détails enrichissent le suspens et soulignent l’importance des premières fois. Dès 13 ans.
Mon Amérique – A. de Poncheville – 166 p.
Ecole des Loisirs – 2012 – 8.50 €
ADOLESCENCE/AMOUR/PLUME/CORPS/MENSTRUATION/LEGENDE AMERINDIENNE/PLUME
Lisa a douze ans. Elle voit les derniers jours de sa cinquième arriver avec soulagement. Elle est très pressée d’être en vacances car elle doit partir aux Etats-unis découvrir les réserves indiennes. Malheureusement dès les premiers jours de juillet, Lisa apprend que l’organisme qui assurait le voyage a fait faillite. Au revoir projet, réserves indiennes et grands paysages. Lorsque ses parents décident alors de l’envoyer avec son petit frère Etienne de 5 ans chez leur grand-mère dans le Sud de la France, Lisa frôle le désespoir ! Martine, elle, semble ravie de passer quelques semaines avec ses petits enfants. Elle les accueille avec chaleur et les invite au bal du village. Lisa découvre sa grand-mère, heureuse et rayonnante malgré son récent veuvage. Lisa, elle, se sent seule et délaissée car les jeunes villageois ne semblent pas très amicaux ou au contraire trop entreprenants pour elle. Cette soirée provinciale a chamboulé la jeune Lisa. Sa première nuit est très agitée. Elle ne trouve pas le sommeil. Elle sent des chatouillis sur sa tête. Son crâne la démange. Elle se lève et rejoint la salle de bains pour s’approcher du miroir. Lisa découvre que des plumes ont poussé sur sa tête. Des petites plumes multicolores parsèment ses cheveux. Elles sont douces et lisses mais indétachables de son cuir chevelu. Lisa est stupéfaite. Est-elle en train de se transformer ? Mi-femme, mi-oiseau, se métamorphoserait-elle en chimère ? Au petit matin, un simple bonnet en coton gris lui permet de camoufler son plumage. Au petit déjeuner, Martine les prévient qu’elle sera absente en fin de journée et qu’ils vont devoir dormir chez une amie, Patricia, sa voisine. Lisa se doute que sa grand-mère a un rendez-vous galant. Patricia est une femme charmante qui habite une bergerie. Elle voue une passion aux oiseaux et la cour de sa ferme abrite de nombreuses cages. Perroquets, perruches, diamants de Gould, canaris rouges et inséparables égayent les lieux de leurs chants. Quelques minutes après leur arrivée, un jeune homme arrive. C’est Lalou, le neveu de Patricia. Il est très proche de sa tante et il l’aide à tenir la ferme. Les cheveux noir corbeau, Lalou semble timide et un peu mal à l’aise. Rapidement le petit Etienne supplie les jeunes gens de venir se baigner avec lui dans la piscine. On comprend que Lisa porte un bonnet de bain pour cacher ses plumes mais alors pourquoi Lalou n’enlève t-il pas son t-shirt pour se baigner ? Aurait-il lui aussi quelque chose d’«extraordinaire » à cacher ? Ce roman joue sur la mince frontière entre le réel et le rêve. On ne sait pas vraiment si Lisa et Lalou sont différents. On doute, on s’interroge … Ce récit est onirique et flirte avec les légendes indiennes. Le personnage de Lisa qui devient une femme lors de cet été est un temps de transformation et de métamorphose physique et psychique. J’ai apprécié les personnages féminins. Lisa, la très jeune femme, Silvia, la femme, Patricia, la femme d’âge mûr et Martine, la femme âgée. L’amour est le thème central du roman et c’est justement ces portraits de femmes amoureuses qui sont intéressants. Le couple Lalou et Lisa ressemble à ces grands couples de la littérature ou du cinéma, le coup de foudre, l’amour et la passion partagés et bien sûr la séparation même si elle n’est que géographique. Certaines situations cocasses allègent cette histoire un peu troublante. Je le conseille surtout aux jeunes filles dès 11 ans.
En vrai, j’ai commis une erreur lors de mon achat de Mon Amérique. J’avais mémorisé des illustrations de plumes sur la couverture. Depuis j’ai acheté celui que je cherchais vraiment Victoria rêve de T.de Fombelle. Il n’y a pas que les plumes qui rapprochent ces deux romans. Les héroïnes se ressemblent un peu par leur capacité à croire en leurs rêves. Victoria rêve d’aventures, de tempêtes, de combats à l’épée et d’enfants à sauver. Malheureusement sa vie de collégienne est d’une routine abrutissante. Elle attend de grandir pour s’échapper et prendre la vie à bras le corps. Pour combler ses années d’attente et d’ennui, Victoria lit. Elle arpente les rayonnages de la bibliothèque pour emprunter les ouvrages qui la font rêver. Vendredi ou la vie sauvage, Histoires pressées, les Raisins de la colère, le Clan des Otori, Oh Boy, Bilbo le Hobbit, Peter Pan, l’Ile au Trésor, le Livre des Etoiles, Artémis Fowl, 1984 et bien d’autres encore garnissent ses étagères. Sa chambre est un repère des meilleurs romans de littérature jeunesse et générale. Malheureusement depuis quelques jours, Victoria a remarqué que ses livres disparaissaient un à un. Serait-ce un pirate en maraude, un cow-boy en manque, un fantôme de bibliothécaire ou un buveur d’encre qui lui vole ses livres ? Victoria est aux aguets et ne craint pas de rencontrer l’étrange voleur. Un soir, en revenant de la bibliothèque, elle entend des pas qui résonnent derrière elle dans la rue. Tous les sens aux aguets, Victoria est impatiente d’en découdre … Ce roman est une apologie de la lecture et des lecteurs. L’héroïne fantasme complètement sa vie en utilisant ses lectures. Les Trois Cheyennes ne sont pas des captifs mais les héros d’un même roman. Malgré tous les efforts de Victoria, elle devra rejoindre la vie réelle pour aider ses proches à surmonter le chômage de son père qui lui volait ses livres pour combler ses longues heures d’inactivité ! La boucle est bouclée et les livres sont partagés. Pour les lecteurs aguerris dès 9 ans.
Victoria rêve – T.de Fombelle/F.Place – 112 p.
Gallimard jeunesse – 2012 – 13 €
LIVRE/LECTURE/IMAGINATION/CHOMAGE/RELATION PARENT-ENFANT
Emission France Culture ici
Je vois des choses que vous ne voyez pas – G.Brisac/Nadja – 49 p.
Actes Sud Junior – 2009 – 8 €
THEATRE/BELLE AU BOIS DORMANT/AMOUR/FEE/VŒU/ETRE SOI/MARIAGE/BELLE MERE/MATERNITE
Je vois des choses que vous ne voyez pas a été créée le 26 mars 2008 au théâtre de la Manufacture des Abbesses à Paris par la Compagnie du Miaou. Cette pièce de théâtre est une interprétation de la Belle au Bois dormant. A une époque proche de la nôtre, dans une contrée gouvernée par un Roi et une Reine excentriques, tous les habitants attendent la cérémonie des marraines de la jeune Princesse nommée Belle. Après des années d’attente, cette naissance est une bénédiction pour le couple royal. A la fin du banquet, six marraines se penchent sur le berceau et promettent à Belle d’être la plus grande grammairienne, la plus douée en orthographe et en conjugaison et d’être une sportive accomplie. Elle sera aussi la plus belle, la plus subtile et la plus drôle de sa génération. Malheureusement Tante Christiane, qui n’avait pas été invitée, s’impose au dessus du berceau et formule sa malédiction « Quand elle aura seize ans, elle se piquera le doigt avec un stylo et elle en mourra » ! La dernière et septième Marraine, Babette arrive en retard et formule un vœu secret pour contrecarrer la malédiction de cette vieille et horrible Christiane. Mais la jeune fée est inexpérimentée et elle doute de ses compétences …Afin d’éviter une fin tragique à leur fille adorée, le couple royal bannit tous les stylos du pays, les Waterman, les Schaeffer, les Montblanc, même les pauvres Bic sont bannis. Les papetiers doivent disparaître dans la semaine. Les années passent. Belle grandit et devient une jeune fille intelligente, studieuse et sublime. Elle ne connaît que les craies et les ardoises. Malheureusement lors d’une balade, elle rencontre la femme du phare qui écrit à l’ancienne les chroniques du Pays … Cette pièce de théâtre est originale. Elle mêle habilement merveilleux et vie contemporaine. Belle est un personnage complexe et fort qui intéressera les jeunes lecteurs. Malgré la forme théâtrale du récit, la lecture est facile. Les interventions du Conteur et de la conteuse permettent de contextualiser les dialogues. L’alternance des scènes comiques et tragiques est habilement menée et les émotions sont au rendez-vous. Les femmes sont au cœur du récit. Belle, sa mère, les Marraines, la Belle-Mère ogresse. Elles représentent les différents âges de la vie des femmes et les épreuves qu’elles ont surmontées. Les illustrations de Nadja sont fortes et son style offre des portraits de femmes inoubliables. J’aime pouvoir proposer des pièces de théâtre accessibles à mes élèves. Je pense que certain apprécieront de jouer quelques scènes ou la pièce dans son intégralité. Peut-être que les spécialités musique et chant s’associeront aux élèves option théâtre car plus de neuf chansons accompagnent cette pièce. Dès 13 ans.
La bande-annonce de la pièce et l’interview de l’auteur : ici !
La Prédiction – A.Hoffman – 160 p.
Gallimard jeunesse – 2006 – 8.15 €
AMAZONE/HOMOSEXUALITE/GUERRE/COMBAT/AMITIE/AMOUR/FILIATION/ETRE SOI/DIVINATION
Dans un autre monde ou peut-être dans un passé lointain, une communauté de femmes, semblables aux amazones, vit en tribu. Ces femmes sont de redoutables guerrières. Dès leur plus jeune âge, elles s’entraînent aux diverses formes de combat : lance, masse, arc… Cavalières émérites, elles font corps avec leurs chevaux. Leurs talents permettent à ces femmes d’être une tribu invaincue jusqu’alors. Les autres clans les considèrent comme des monstres mi-femme mi-cheval. D’ailleurs l’attribution d’un cheval à 13 ans marque le passage à l’âge adulte et donc au statut prestigieux de guerrière pour les meilleures d’entre elles. Ces femmes forment une communauté nomade qui fonde sa cohésion sur les interactions entre castes : les prêtresses, les gardiennes des abeilles, les guerrières … Cette société matriarcale suit des règles strictes d’obéissance à la Reine. Le pouvoir naît dans le ventre des mères qui le transmettent à leurs filles. Les hommes sont exclus de cette tribu. Ils sont considérés comme des sauvages, des ennemis à tuer, qu’ils viennent des territoires du Nord ou des villes de pierre de l’Ouest. Lors de leurs victoires, ces amazones sélectionnent les plus valeureux pour les garder prisonnier afin d’en abuser quelques nuits pour procréer leurs filles. Malheureusement Pluie, l’héroïne n’est pas née de cette tradition ancestrale qui légitime la filiation maternelle. Pluie est née d’un viol collectif. Sa mère Alina est la Reine de la tribu mais elle déteste sa fille. Elle ne l’a jamais regardée, ne l’a jamais portée dans ses bras. Elle laisse les différentes représentantes des castes éduquer Pluie. Alina exige que sa fille soit la meilleure pour monter sur le trône d’os et de pierres de rivière. Pluie est versée dans la divination. Elle est une cavalière extraordinaire et une guerrière héroïque. Sans un mot échangé en treize ans, la fille attend un encouragement, un simple regard de reconnaissance mais Alina ignore sa fille qui pourtant devient une femme et se prépare à lui succéder. Pluie n’apprend pas le pouvoir par imitation ou en suivant les conseils de sa mère. Elle est seule. Elle observe sa mère à la dérobée pour comprendre la stratégie guerrière et les rouages du pouvoir. Elle sait que son destin l’obligera à devenir féroce, brutale, intransigeante pour garder le pouvoir et perpétuer les victoires de son peuple. Au fil des années le corps de Pluie se couvrent des traditionnels tatouages bleus symbolisant ses réussites et ses exploits. Elle pense être prête à monter sur le trône mais d’étranges rêves et des rencontres bouleversantes vont compliquer ses projets ….Lorsque j’ai refermé ce livre, j’ai tout de suite cherché le tome 2. Malheureusement j’ai dû me contenter de ce seul et unique roman. De nombreuses thématiques sont abordées comme l’homosexualité, le racisme, la filiation, l’esclavage et le viol. Les descriptions sont parfois brutales et sanglantes à l’image de cette époque imaginaire rythmée par les guerres. Pluie est un personnage dont l’évolution psychologique est intéressante. Malgré les difficultés et l’opprobre de sa tribu, elle écoute ses convictions et devient une femme libre et fière. J’ai aimé ce roman sombre qui incite à la réflexion sur l’image de la femme. J’ai vibré aux descriptions des combats et des techniques guerrières mises au point par ses femmes. Les traditions autour de la vie et de la mort sont travaillées avec subtilité. La lecture est exaltante et complètement dépaysante. GrandGrand a lu ce roman. Il a apprécié les grands espaces, le nomadisme et la force de ses héroïnes légendaires. Je le conseille donc à tous les lecteurs dès 13 ans.
Si tu savais – B.Broyart – 64 p.
Oskar – 2012 – 5 €
POESIE/AMOUR/ECRIVAIN/RELATION GARCON FILLE
Un jeune homme un peu perdu dans la vie mais éperdument amoureux de la belle Anaïs, nouvelle élève de sa classe, décide de lui avouer son amour. Il sait que les déclarations d’amour sont un exercice difficile qui demande du talent et de l’originalité. Il décide de lui écrire un poème pour lui déclarer sa flamme. Après avoir entendu l’extrait A la Faveur de la nuit de Robert Desnos lors d’un cours de français, il sait qu’il a trouvé son maître, son guide, le poète qui lui ouvrira la voix de l’amour ! Avec son exemplaire volé de Corps et Biens, il s’enferme des heures dans sa chambre pour lire et pour écrire ses premiers vers. Il comprend qu’il doit non seulement puiser des émotions dans son amour pour Anaïs mais aussi dans la douleur qu’il ressentirait s’il était éconduit. En s’inspirant de l’écriture automatique tout en saisissant l’émotion juste, il écrit le vers libérateur : « Aucun mot pour traduire le mouvement de ton corps dans la marche ». Comme le dit le jeune héros, l’écriture est un exercice d’équilibre, il faut capturer le moment juste avant la chute … Incapable d’affronter la proximité d’Anaïs, il décide de glisser son poème dans la trousse de la jeune fille pendant l’intercours de math. Son amour, sa ténacité et son talent suffiront-ils à la convaincre de ses sentiments sincères ? Son amour sera-t-il compris et partagé ? Ce roman très court offre un style ciselé. Certaines phrases m’ont particulièrement émue comme celle-ci qui explique le processus difficile et douloureux de l’écriture poétique: «Il fallait ouvrir les vannes avec la prise branchée dans le cœur ». Les contrastes entre le langage familier du jeune homme et les extraits poétiques sont percutants. Le travail de mise en abyme est intéressant et l’ardeur du héros amoureux est vécue intensément. La poésie est présentée comme un outil, une arme, un vecteur attrayant et innovant. On est loin de la poésie ringarde et complètement obscure. La lecture de ce roman donne vraiment envie de se « re »plonger dans la poésie de Robert Desnos. Un roman coup de poing et cœurs liés à lire intensément. Dès 13 ans.
14 ans et plus
Plus jamais sans elle – M.Ollivier – 304 p.
Seuil Jeunesse – 2012 – 17 €
RELATION PERE FILS/RELATION MERE FILS/ESPIONNAGE/KIDNAPPING/AMOUR MATERNEL
Mois après mois, je remonte la bibliographie de Mikaël Ollivier. J’avoue avoir un coup de coeur particulier pour l’ouvrage Celui qui n’aimait pas lire. Ce roman autobiographique est un véritable plaidoyer à la lecture et surtout un hommage à l’adolescence, un âge béni où tout doit être encore possible ! Dans son dernier roman, Plus jamais sans elle, j’avais prévu une histoire d’amour difficile, une fuite en avant et un besoin d’absolu qui peut pousser à braver tous les dangers.. La grue en origami et cette couleur rouge m’entrainaît vers le Japon, je l’aurai parié ! J’avais imaginé tout ça en regardant la couverture dans le train qui me ramenait du Salon du livre de Montreuil. Dans ce roman, Alan va avoir 18 ans. Pour son anniversaire, il demande à son père de rompre le secret qui pèse entre eux. Il veut connaître le nom de sa mère. Pour la première fois en 18 ans, Mathias, le père d’Alan rompt le pacte de silence et dévoile à son fils l’identité et l’adresse de sa mère : Ellen Ivaldi – London. Alan est bouleversé car son père lui offre aussi un billet de train Paris-Londres. Alan décide de partir deux jours plus tard rencontrer sa mère pour la première fois. Ce soir là, Alan pose des dizaines et des dizaines de questions à son père. Il tente de combler onze ans de silence et de non-dits puisque après une terrible colère de son père, Alan n’a plus jamais abordé le sujet. Mathias lui confie maintenant qu’il avait fait une promesse et qu’il lui était impossible de rompre son serment. Il avait promis à l’amour de sa vie et à la mère de son fils unique de ne jamais lui parler d’elle. Cette femme mystérieuse est Ellen Ivaldi mais aussi Marie Loyd et aussi Emmanuelle Barbier. Elle est espionne et mène une vie hors du commun. En franchissant le seuil du 37 Wilton Crescent à Londres, Alan va certes faire connaissance avec sa mère mais il va aussi découvrir la peur. Son sang n’a jamais véhiculé autant d’adrénaline. Il va traverser l’Europe rejoindre Sophia puis Prague. Il va surtout et intensément se remplir de sa mère. Adieu la vie tranquille et la philosophie zen de Mathias, son père. Ellen va prendre en charge son fils et la vie d’Alan ne sera plus jamais la même ! J’ai adoré ce livre. C’est un roman d’amour puissant, un thriller palpitant, un récit d’apprentissage et un beau portrait de femme. Le thème de l’amour filial est abordé avec finesse et l’alternance des chapitres Ellen/Alan permet de comprendre les émotions qui les touchent, l’évolution de leurs sentiments et la difficulté d’exprimer tant d’amour et tant d’absence. Le couple Mathias/Ellen est troublant et laisse croire en l’existence de couple mythique que rien ne sépare même pas la mort. Le suspens est intense. Le récit se déroule sur quelques jours. Des courses poursuites, des bolides, des planques, des méchants vraiment méchants, de l’amour, la quête de la vérité : le dosage est parfait ! Un vrai bon romantico-thriller. Au jeu du portrait chinois, ce roman oscille entre James Bond et la Mémoire dans la peau. Dès 14 ans.
Chronique Télérama clic !
La Mafia du chocolat – G.Zevin – 390 p.
Albin Michel – 2012 – 16 €
PROHIBITION/MAFIA/TRAFIC/CLAN FAMILIAL/ORPHELIN/FRATRIE/EMPOISONNEMENT
En cette fin de XXIème siècle, les marchés économiques ont disparu. Les banques et les marchés financiers ont fait faillite. L’équilibre financier mondial est rompu. Les pays survivent repliés sur eux-même. L’eau est devenue si rare qu’elle est un enjeu vital pour l’humanité. Cette paupérisation plonge les hommes vers la magouille et les trafics en tout genre. A New-York, Central Park a disparu tout comme les musées et les bibliothèques. De nombreux produits sont interdits comme le papier, le café et le chocolat. Les services publics n’existent presque plus. La police est corrompue et les vrais dirigeants de la ville sont les contrebandiers. La famille Balanchine détient le plus grand réseau de trafic de chocolat et de café de la ville. Comme à l’époque de la prohibition, les Balanchine sont reconnus et respectés par tous. A la tête de cette entreprise familiale tentaculaire règne le Parrain : Yuri Balanchine. Ses frères, neveux, cousins travaillent tous pour lui et pour la prospérité de la famille. Il a succédé à son frère Léonyd, assassiné dix ans plus tôt à son domicile sous les yeux de ses deux filles : Natty et Anya. Si elles ont assisté à la mort de leur père, Léonyd junior, leur frère, a subi un grave accident de la route lors du meurtre de sa mère. Ils sont donc trois orphelins à survivre dans une ville devenue violente et dangereuse. Léonyd Junior a 18 ans mais son accident a définitivement altéré ses perceptions et sa compréhension du monde environnant. Il n’aura jamais plus de dix ans d’âge mental. Anya, 16 ans, est donc le vrai pilier de cette drôle de famille. Elle gère le quotidien de son frère et de sa petite soeur. Elle veille aussi sur sa grand-mère paternelle qui vit avec eux. Galina est très âgée (elle est née en 1998 !) et attend la mort avec indolence. Heureusement qu’Anya est une jeune fille pleine de ressources car sa vie est trépidante ! Elle gère son grand petit frère, sa vraie petite soeur, sa grand-mère. Elle représente ses parents lors des réunions de la Famille et tout particulièrement son père. Elle tient de lui le talent du crime organisé. Comme le dit Yuri Balanchine, Anya ferait un très bon Parrain. Malgré les tentations de l’argent facile et la protection de sa famille, Anya souhaite mener une vie normale et saine. Elle fréquente le lycée de la Sainte-Trinité assidûment et elle excelle dans les sciences médico-légales. Elle s’imagine enquêtrice au sein d’une brigade spécialisée dans les meurtres. Mais avec son passé et son héritage familial, elle sait que son destin est fragile et que ses voeux seront difficilement réalisables. Surtout que son ex petit ami, Gable, vient d’être hospitalisé pour empoisonnement. Les analyses prouvent qu’il a ingéré du chocolat toxique, du chocolat Balanchine ….Ce roman offre une lecture trépidante. La lecture est facile et les 391 pages défilent très rapidement. Le personnage d’Anya est intéressant et profond. Elle porte un regard sévère sur sa famille mafieuse tout en adoptant leurs méthodes expéditives. Bien qu’elle tente de s’affranchir de cette famille, elle reste néanmoins fidèle à son père et à ses principes moraux. Ses relations amoureuses tumul «tueuses » sont tortueuses à souhait. Mais on appréciera surtout sa force, sa droiture et sa pugnacité. Comme un mère Courage, elle trouve la foi pour aider les siens, frère, soeur et amis, dans les plus terribles situations. Ce livre n’est pas un roman de science-fiction bien qu’il se déroule dans le futur. Il s’agit d’un roman de femmes, d’amour, de mort, d’amitié et de chocolat ….Dès 13 ans pour les jeunes lecteurs solides.
Unique – A.Allen-Gray – 377 p.
Bayard jeunesse – 2011 – 12.50 €
RELATION PARENT-ENFANT/ENQUETE/CLONAGE/AMITIE/ETRE SOI
Dans un futur proche, Dominic, 15 ans vit une adolescence difficile. Il a peu d’amis et pas de frères et soeurs. Il ne s’entend pas avec son père. L’école est un fardeau pour lui. Il tente de conserver un lien privilégié avec sa mère qui est alcoolique. Il est solitaire, isolé et en manque total de confiance en lui. Heureusement son grand-père Pops lui offre un havre de paix chaque fois qu’il en a envie. Pops est un aïeul un peu particulier car il perd un peu la mémoire et complètement la boule. Ensemble ils peignent, ils dessinent, ils créent, dans leurs vies, une bulle artistique qui les maintient chacun en état de survie sociale. Un après-midi, Pops invite son petit-fils à explorer le grenier. Pendant 15 ans, Dominic n’a jamais mis les pieds dans cette soupente encombrée. A peine la trappe ouverte, Pops ne se souvient plus pourquoi il souhaitait monter dans les combles. Le vieil homme est irrésistiblement attiré par un circuit de voitures électriques. Il rappelle à Dominic les longues parties de courses qu’ils ont faites ensemble lorsqu’il était petit. Dominic sourit devant ce souvenir inventé par Pop’s … Ils n’ont jamais joué ensemble aux petites voitures ! Dans ce grenier, le jeune homme retrouve de vieux albums photo poussiéreux. Il prend quelques minutes pour découvrir ces clichés qu’il ne connaît pas. Un des albums lui est consacré : les premières pages plastifiées concernent sa petite enfance. Il est touché devant toutes ces photos. Sur ces vues, ses parents semblent si proches qu’il est déçu ne pas avoir de souvenirs de ces moments heureux. Chaque tourne de page de l’album lui permet de contempler ses progrès d’enfant. Néanmoins au bout de quelques pages, Dominic est mal à l’aise car il n’a toujours pas de souvenirs qui ressurgissent. Il tourne, il tourne les pages et il se rend compte que la dernière photo est une photo de lui à 20 ans. Son cerveau s’embrouille : de nombreuses questions s’imposent et en même temps des réponses émergent: cet enfant n’est pas lui. Il a donc eu un grand frère. Ce grand frère lui ressemble physiquement en tout point. Ce grand frère est-il mort ? Pourquoi lui a t-on caché l’existence d’un aîné ? Et surtout pourquoi lui ressemble t-il autant : même regard, même sourire, même implantation de cheveux ….En refermant l’album photo, Dominic ne sait qu’une chose, il découvrira la vérité coûte que coûte ! Ce roman est palpitant. Le jeune héros est touchant par sa pugnacité. Il veut absolument être juge et maître de sa drôle de « vie ». Sa révolte s’intensifie tout au long du roman et complexifie son personnage. Même si la vérité apparaît très rapidement dans le roman, le suspens est finement construit. Les thèmes de la filiation, de la famille, de l’éthique et du respect de l’individu offrent des éléments de réflexion personnelle. Je vous avoue que je m’attendais à une fin plus tortueuse, je souhaitais une surprise finale forte mais peut-être qu’un tome 2 m’offrira encore une lecture tout aussi palpitante ! Dès 14 ans.
Les Gouttes de Dieu – T.Agi/.Okimoto – 224 p.
Glénat – 2008 – 9.10 €
FILIATION/RELATION PERE FILS/VIN/ŒNOLOGIE/QUETE/COMPETITION/MANGA
J’aime le vin. Le rouge de préférence plutôt Bordeaux mais aussi Bourgogne. Mon palais apprécie aussi les vins italiens aux noms qui chantent. Je sais choisir mes bouteilles et mes crus seule mais j’avoue que mes choix se limitent à quelques noms de vignoble. Depuis deux ans, je n’offre plus de vin. Je préfère offrir ce manga qui est une source de connaissances incroyables sur le vin, les cépages, les crus, les millésimes et la vigne. Même si je ne pense pas faire carrière comme oenologue, je garde précieusement les annexes des différents tomes pour enrichir mon bagage pinardesque. Quant au manga en lui même, il offre un récit de quête sous forme d’enquêtes. Shizuku Kanzaki vient d’apprendre la mort de son père, le célèbre oenologue Yataka Kanzaki. Les deux hommes n’étaient pas très liés mais Sihzuku est affecté par la disparition de son père qui lui avait caché sa maladie. A l’ouverture du testament, il est de nouveau consterné par les révélations de maître Kiryu, avocate et dépositaire du testament : pour hériter de la cave mondialement connue de son père, il devra découvrir 12 grands vins décrits dans le testament. Il devra nommer le vin et le millésime. Cette recherche sera réussie s’il découvre le 13ème vin, le vin jugé idéal par son père qu’il a baptisé « Les Gouttes de Dieu ». Non seulement Shizuku a un an pour résoudre ses treize énigmes mais il doit aussi affronter un adversaire de taille : un oenologue réputé : Issei Tomine que son père a adopté juste avant sa mort. Shizuku comprend que son père a voulu l’obliger à s’intéresser à l’oenologie en lui imposant cette compétition. Il voulait que son fils développe les mêmes capacités que lui en le soumettant dès son plus jeune âge à une éducation sensorielle intense. Malgré cet éveil précoce Shizuku ne s’est jamais intéressé aux vins, il est devenu un jeune homme sans histoire et sans talent particulier … Il va donc devoir faire ressurgir tous ses souvenirs d’enfance, toute la formation gustative, olfactive et visuelle transmise par son père. Il se révèlera à lui et aux autres comme un homme plein de ressources ! Cette série de 27 tomes (oui je sais !) est un vrai plaisir à lire car c’est un manga réussi et un documentaire pertinent. Ce manga se lit de droite à gauche. Il faut quelques pages pour s’habituer mais avec ce mode d’emploi (à imprimer), vous oublierez vite la contrainte et vous pourrez le déguster sans modération ! Dès 14 ans.
L’Art face à l’Histoire : 50 événements racontés par les artistes – N.Martin/E.Rousseau – 93 p.
Palette – 2012 – 24 €
ART/HISTOIRE/EVENEMENT HISTORIQUE/GUERRE/TYRANNIE/ DOCUMENTAIRE
Dans mes rayons du CDI, l’Art et l’Histoire ne se fréquentent pas. L’Art est classé en 700 et l’Histoire en 900 (Merci Monsieur Dewey !). Mes élèves, notamment les premières, sont souvent confrontés à des sujets de recherche dans lesquels ils doivent lier les faits historiques avec les mouvements artistiques. L’épreuve de TPE les oblige à trouver un sujet qui unisse deux disciplines. Ces deux livres sont souvent mes repères pour illustrer de façon concrète la notion d’interdisciplinarité lors de cette épreuve du baccalauréat.
L’Art face à l’histoire
Cet ouvrage propose une chronologie des faits historiques importants de 1789 à nos jours. Chaque événement historique est illustré par une oeuvre d’art. Les oeuvres choisies sont majoritairement des peintures. Les faits historiques récents sont mis en valeur par des photographies, des compositions de street art ou des créations d’art contemporain. Vous ne trouverez pas toutes les dates marquantes de l’Histoire mondiale, les auteurs ont fait des choix et certains événements ne sont pas exploités afin de répondre au mieux à leur objectif : provoquer le dialogue entre un fait historique et ses répercussions dans l’art. En feuilletant cet ouvrage, on comprend que ce dialogue est plus complexe qu’il n’y paraît. L’art glorifie parfois le pouvoir jusqu’à la propagande mais il est aussi un mode de contestation puissant. Les explications et les analyses de tableaux proposées permettent de comprendre les mécanismes, les techniques et tout l’implicite d’une oeuvre d’art. Cet ouvrage est à avoir dans une bibliothèque familiale pour effectuer des recherches ponctuelles ou simplement pour une lecture plaisir. J’aime retrouver dans un même livre Vélasquez, Delacroix, Goya, Picasso, Chagall, Warhol et JR. Je trouve intéressant de proposer ce livre pour aider les enfants et les jeunes gens à développer leur oeil critique et leur intérêt pour l’Art qui dépasse le concept du Beau !
Art & sciences – P.Nessman – 84 p.
Palette – 2012 – 24 €
ART/SCIENCE/MEDECINE/COMPREHENSION DU MONDE/ DOCUMENTAIRE
Dans cet ouvrage, Philippe Nessman s’interroge sur les convergences entre ces deux mondes qui semblent très éloignés : l’Art et les Sciences. En introduction, il rappelle que les scientifiques et les artistes sont des créateurs. Dans l’Antiquité, ces deux disciplines étaient très proches puis les exigences de chacune les ont éloignées de leur but commun, aider les hommes à mieux comprendre le monde qui les entoure. L’organisation chronologique permet une approche simple, compréhensible et ludique. Trois grandes ères : la Renaissance de l’Art et de la science avec par exemple Léonard de Vinci, la chambre noire et la vie microscopique. Puis le grand chambardement du XXème siècle avec les nouvelles géométries, le machinisme, Alexander Calder et la perception visuelle et enfin le retour de la science dans l’art contemporain avec la lumière artificielle, les fractales, la robotique et enfin la médecine. Le sommaire est très alléchant et montre de façon évidente toutes les possibilités d’enrichissement entre l’art et les sciences. Chaque thème est développé sur une double page. Cet ouvrage est très illustré, intelligemment légendé et présenté de façon innovante ; les informations et les démonstrations sont très intéressantes. Accessible, facile à lire, les thèmes invitent le lecteur à s’interroger et à investir un thème de réflexion motivant. Sur la double page la Neurologie, les lecteurs découvrent ou redécouvrent les services psychiatriques de la Salpêtrière de Paris avec André Breton. Il relie alors Jean-Martin Charcot à Sigmund Freud qui entraîne une présentation de la psychanalyse. L’Inconscient vit son heure de gloire et les artistes s’en emparent : le surréalisme naît. Un tableau de Miro et un dessin automatique de Masson illustrent parfaitement le rôle majeur de la médecine dans l’émergence du surréalisme. La lecture de cet ouvrage permet de créer des passerelles vers de nombreux domaines comme l’architecture, la photographie, les sciences numériques … Un livre qui ouvre l’esprit et fait travailler les méninges tout en découvrant des œuvres majeures : indispensable ! Dès 14 ans.
L’Année du Dragon : tome 1 : Kim – V.Savatier/F.Duprat – 48 p.
Carabas – 2003 – 13 €
AMOUR/AMITIE/ETRE SOI/GRANDIR/MORT/BANDE DESSINEE
L’astrologie chinoise propose des combinaisons qui parfois me font sourire : Caro est cochon métallique … ! Sans vouloir frimer, je suis dragon de feu (avouez que ça en impose quand même, dragon de feu !). J’ai certainement choisi cette BD car le titre a réveillé mon dragon intérieur. Le héros, Franck, est lui aussi dragon. Sa meilleure amie Kim lui indique que cette nouvelle année qui commence est son année car c’est son signe qui va diriger les douze animaux du zodiaque. Franck est sceptique. Tout d’abord il ne croit pas à l’astrologie (chinoise ou pas !). Puis il réalise que pour l’instant cette année est plutôt la pire de sa vie. Il n’a pas d’argent. Il n’a pas de travail. Il vit chez son frère qui l’héberge dans son salon. Il n’a pas de petite amie. Il sait que son père va mourir d’un cancer mais il ne parvient pas à lui parler ni à créer quelques souvenirs heureux pour affronter le reste de sa vie d’adulte sans lui. Pour couronner le tout, depuis quelques jours, il a des visions. Il imagine qu’il se transforme en dragon. Ainsi métamorphosé, il enflamme, casse et terrorise tous les individus qui l’indisposent. Franck perd un peu les pédales. Il n’arrive pas à (re)prendre sa vie en main. Heureusement il trouve un contrat emploi jeune dans un centre de loisirs. Il apprécie de travailler auprès des enfants et surtout auprès de la jeune animatrice qui gère les groupes avec lui : Bernadette. Après quelques semaines, Bernadette et Franck échangent leur premier baiser. Lors de ce moment crucial, Franck perd de nouveau les pédales … L’Année du Dragon est une série de 3 tomes. Il est nécessaire de lire les 3 volumes pour comprendre et apprécier la personnalité de Franck. Sous son aspect jeune homme fragile et perdu se cache un homme, un vrai, qui sommeille. Ses échappées imaginaires en dragon lui permettent de s’évader des difficultés du monde réel qu’il n’est pas encore prêt à surmonter. Ses questionnements et ses hésitations font de lui un personnage attachant. J’ai particulièrement aimé le personnage de Kim. Cette jeune femme piquante, libre et originale est la pierre angulaire de cette trilogie. Le récit est souvent drôle malgré la souffrance exprimée par le héros. Organisée autour de la vie quotidienne de Franck, l’histoire est toujours surprenante avec des émotions fortes : jalousie, tristesse, colère et mélancolie. Les thèmes de la filiation et de la fratrie sont menés avec talent. Les illustrations de Vanyda sont reconnaissables au premier coup d’œil. Ses effets de vues et sa construction graphique sont comme à son habitude très réussis. Le clin d’œil à Princesse Mononoké m’a vraiment plu tout comme l’annexe de six pages offerte à la fin du troisième tome. Ces quelques pages expliquent comment les auteurs ont créé cette trilogie : les personnages, le storyboard et leurs sources d’inspiration. Dès 15 ans.
Cette série est aussi proposée en version intégrale noir et blanc !
Ysambre : le Monde-Arbre – M.Ivorra/S.Pineaux – 96 p.
Tournon – 2004 – 25 €
APOCALYPSE/CARNET DE VOYAGE/IMAGINATION/ETRE HYBRIDE
Cet ouvrage est un carnet de voyage imaginaire. Si je veux être exacte il est un double carnet de voyage. Tout d’abord celui de Maitre Nimh suivi de celui de son fils Alcyde. Dans un monde futur et post-apocalyptique, Maitre Nimh décide de découvrir une région inexplorée de la Terre : Ysambre. Cette forêt mystérieuse attire de nombreux explorateurs qui n’en sont jamais revenus. Cartographe accompli et reconnu par ses paires, il souhaite connaître la vérité sur ce lieu légendaire. Les récits les plus fous sont contés lors des veillées : il sait que ce ne sont que des fables et des affabulations mais il soupçonne que l’exploration de cette forêt puisse être aussi l’aventure de sa vie. Jour, après jour, Maitre Nimh relate ses découvertes, note ses trouvailles, dessine la faune entraperçue et esquisse des fleurs et des plantes jusqu’alors inconnues. Dès le cinquième jour, il rencontre une sylphe. Cette créature légendaire, mi-femme, mi-arbre semblait l’observer sans le craindre. Il s’enfonce profondément dans la forêt. Il observe de plus en plus de sylphes qui semblent vouloir communiquer avec lui. Il se sent étrangement attiré et épié. Arrivé au cœur de ce territoire inconnu, il découvre une cité perdue et abandonnée. Engloutie par la végétation, il doit la traverser pour atteindre un bâtiment plus imposant que les autres. Au centre d’une salle dévastée, une sylphe l’attend … A la suite de la disparition de son père, le jeune Alcyde, astronome, décide de partir explorer Ysambre pour retrouver son père. Passé les premières frondaisons, il décide de tenir un carnet afin de noter toutes les merveilles qui s’offrent à lui : marsils, animaux musiciens, lianes étrangleuses, fleurs tsé-tsé, sylphes et leurs larmes magiques, les lacrymes. A la différence de son père, Alcyde n’est pas seul, il pourra compter sur le soutien de Salliah, jeune femme prêtresse qui fuit sa patrie. Ils devront s’épauler pour surmonter les terribles épreuves qui les attendent … Cet ouvrage est un vrai dépaysement. Les illustrations sont nombreuses et variées. Elles regroupent des esquisses, des croquis mais aussi des coupures de presse, des captures d’écran. Elles sont parfois présentées sur des feuilles transparentes et disposées avec des photographies. Les récits enchevêtrés du père Maitre Nimh, du fils Alcyde, de la prêtresse Salliah, d’un groupe de scientifiques disparus est complexe. En fin d’ouvrage, un bestiaire, un herbier, une présentation de Druddica, de ses contes et ses légendes sont à explorer avec attention. GrandGrand a beaucoup apprécié ce carnet de voyage dans un monde où l’homme, la flore et les nanotechnologies se sont assemblés pour former des créatures hybrides. Ce carnet de voyage m’a fait penser à ces ouvrages qui accompagnent les jeux de rôles et les jeux en ligne. Dans tous les cas, pendant quelques heures, j’étais en Ysamble et j’arpentais une forêt mystérieuse …Si vous appréciez les «utopies», je vous conseille Dictionnaire des lieux imaginaires A.Manguel, plus littéraire et moins illustré ! Dès 14 ans pour les lecteurs de l’Imaginaire.
Ouvrages « PourlesGrandes » et pour les Enfants sages !
L’Atelier du papier japonais – A.Klam/E.Guelpa – 144 p.
Marabout – 2011 – 15.20 €
ART CREATIF/ORIGAMI/DECORATION
J’ai toujours aimé les arts créatifs. Je visite régulièrement les sites de DIY. J’aimerais faire partie de ses gens qui ont de l’or dans les mains. Vous savez ceux qui réalisent des décorations parfaites, ceux qui dressent des tables magnifiquesou qui créent des ambiances somptueusesavec des ciseaux et trois bouts de ficelle. Malheureusement je ne suis pas née avec les doigts habiles et ma dextérité n’est fiable que pour utiliser un clavier ou pour réaliser le gros œuvre (je suis assez épatante en maçonnerie !). Je sais que je ne suis pas la seule (merci Caro)mais j’avoue que je ne peux pas m’empêcher d’acheter Marie-Claire Idéessans jamais réussir à réaliser leurs ouvrages à part les marques-pages ou les pots à crayon. J’aimerai que mes fils soient plus dégrossis que moi. Je les incite à dessiner, peindre, modeler et créer ce qu’ils souhaitent. La génétique a parlé et nous formons une sacrée bande de «mains gauches ». A la rencontre parents-enseignants, le professeur d’anglais m’a avoué être traumatisé par l’affiche réalisée par GrandGrand tellement elle était mal agencée et découpée de traviole. Je ne désespère pas et j’ai choisi cet ouvrage pour occuper nos 10 mains pendant les vacances de Pâques. Maintenant que j’ai parcouru cet ouvrage, je sais pourquoi il a attiré mon attention dans le lot de livres d’arts créatifs, les photos ont été réalisées par Emilie Guelpa : rappelez-vous Griottes ! Je cuisine poétique. Je suis persuadée que ce sont ses clichés et ses mises en scène qui ont motivé inconsciemment mon choix ! Plus de 70 réalisations en papier japonais sont présentées et soigneusement expliquées. Vous trouverez des projets simples et facilement réalisables d’autres sont plus complexes et nécessitent un certain savoir-faire. De nombreuses techniques sont à découvrir cartonnage, origami, encadrement, papeterie et pliage. Vous pourrez créer des cartes de vœux, des faire-parts, des ballotins, des mobiles, des guirlandes. Peut-être serez-vous intéressées par la « re »décoration de vos abat-jours, de vos portes ou de votre tête de lit ? Cet album est un plaisir à feuilleter, je ne me lasse pas de le consulter même si je rame sur ma guirlande qui au jour d’aujourd’hui n’est pas finie ! Je rêve de faire 1000 grues de papier pour donner une chance à mon vœu secret de se réaliser comme le raconte la légende japonaise…J’ai tenté de faire un deal avec mes fils pour qu’ils m’aident à plier mes 1000 grues mais dans la seconde, ils ont tous déguerpi ! Dès 6 ans et pour les grands.
Si vous souhaitez en savoir plus sur le papier japonais et sur la créatrice : son site et son e-boutique : ici !
Une Princesse au Palais – C.Roumiguière/C.Chaix –
Thierry Magnier – 2012 – 19 €
MENSTRUATION/ETRE SOI/DEVENIR/REVE/ATTENTE/ONIRISME/FEMME
J’ai lu ce livre après avoir écouté cette interview des auteurs, Y’a un éléphant dans le jardin, Aligre fm : clic. J’avoue que sans cette écoute, je ne sais pas si je serais allée vers cet album très grand format. Les illustrations sont complètement décentrées. Elles sont composées d’esquisse, de collage et de nombreuses superpositions. Les points de vue changent sans cesse. Elles représentent le décor, les émotions de l’héroïne mais aussi ses pensées et ses rêves. La typographie est aboutie et permet de cerner les dialogues, les pensées intimes et les interruptions du récit par les différents protagonistes. Parfois pleine page, parfois éclatées sur la double page, les illustrations sont aussi le récit. Les couleurs choisies, un peu « cuites » mais très vives sont aussi partie intégrante de l’histoire, ces tons sont des fils conducteurs importants. Au café du Palais, tous les mercredis, une jeune fille attend sa grand-mère qui fait le ménage dans les étages de cette brasserie. Ses longues heures d’attente ne sont pas une contrainte. Elle aime cette habitude du mercredi qui lui permet de rêver et d’observer les clients. Elle retrouve les habitué(e)s particulièrement Tatie Jackie, les perdu(e)s, les couples amoureux ou ceux qui aimeraient l’être. Notre héroïne a ses rituels dans ce lieu. Elle a sa table, son ardoise pour dessiner et son doudou Poke qui l’accompagne toujours. Mais ce mercredi est différent. C’est le jour tant attendu et tant redouté. Aujourd’hui, cette jeune fille devient une jeune femme. Elle n’est pas angoissée, elle n’est pas gênée mais elle a mal, très mal. Les spasmes lui broient le ventre. Elle sait aussi qu’à partir d’aujourd’hui elle ne sera plus la même. Elle est différente, proche d’elle-même mais déjà une autre. Le récit est assez complexe et très élaboré. Les métaphores du texte qui sont aussi visuelles s’harmonisent pour accompagner cette fille-femme sur le chemin de la métamorphose et de la toute puissance du corps. L’omniprésence des horloges, pendules et montres symbolisent le temps qui passe inexorablement mais aussi le cycle éternel de la vie et de la procréation. Ce Café du Palais (qui existe réellement à Reims) devient un lieu où le rêve et l’imagination se mêlent à la réalité. La présence de Poke le Doudou et ses interventions représente l’enfance qui se ferme. D’ailleurs notre héroïne oublie son doudou au Café du Palais en partant. Comme le précisent, les auteurs en fin d’ouvrage, cet album a un goût d’Alice au pays des Merveilles mais aussi de l’Ecume de jours de Boris Vian. La bande son proposée Night &Day de Cole Porter est parfaite pour lire et relire cet album en se demandant s’il ne faut pas le relire encore et encore pour s’assurer de n’avoir rien loupé …Dès 11 ans.
Si vous souhaitez en savoir plus ! critique de Télérama : clic, L’Attrape-livres France inter : clic, Ricochet, dernier clic.
Pico Bogue : légère contrariété – D.Roques/A.Dormal –
Dargaud – 2011 – 11.55 €
PHILOSOPHIE/RELATION PARENT ENFANT/ETRE SOI/FILIATION/VIE QUOTIDIENNE
Cette bande dessinée n’est jamais loin de mon lit. Je la lis souvent par extrait les soirs chagrins ou un peu chafouins. C’est le récit d’une famille composée de Pico 7 ans, Ana Ana 5 ans et de leurs parents. Pico et Ana Ana sont des enfants particulièrement éveillés et curieux. Ils sont intelligents, vifs et très bavards. Dans ce premier volume, ils apprennent que pour la première fois leurs parents vont les confier à leur oncle Antoine. Ils se sentent abandonnés et trahis. Ils ne supportent pas que leurs parents vivent sans eux. Ils se liguent pour les faire revenir sur leur décision de vacances en amoureux. Leurs propos sont pertinents et parfois cinglants. Ils créent des situations cocasses pour tester le seuil de tolérance parentale. Ils retournent toutes les situations à leur avantage et s’arrangent pour déstabiliser les méthodes éducatives de leurs parents. Leurs grands-parents sont aussi des cibles de choix. Papite et Mamite ont besoin de toute leur patience pour clore le bec de leurs deux terribles petits-enfants. Cet album est composé de courtes scènes de vie quotidienne. Certains dialogues sont cocasses, d’autres sont plus troublants et d’autres encore me plongent dans des cogitations sans fin. Effectivement certaines scénettes invitent à la réflexion. Pico et Ana Ana nous entraînent sur les chemins de la philosophie. On ne peut être qu’admiratifs de l’espièglerie et de la capacité de discernement de ces deux chenapans mais j’avoue que je ne souhaite pas avoir des enfants aussi intelligemment précoces. Je comprends les poses souvent avachies des parents, ils sont dépassés et épuisés. Les illustrations sont fines et pleine de détails. La variation des tailles de dessins donnent un rythme à la lecture de cet album. Je retrouve les quatre tomes de cette série un peu partout dans la maison. Au salon, dans la salle de bains, dans les chambres … GrandGrand, MoyenGrand et leur père se les chipent sans cesse. Avec GrandGrand, nous avons une scène favorite que nous jouons parfois : la partie d’échecs … Un album à partager dès 8 ans !
Trop forts, les mots – A.Rey/Zelda Zonk – 116 p.
Milan – 2012 – 13.50 €
LANGUE FRANCAISE/LEXIQUE/ETYMOLOGIE/MOT/EXPRESSION FRANCAISE
Bien qu’il soit écrit par Alain Rey, cet ouvrage n’est pas un dictionnaire ! Enfin pas tout à fait mais un peu quand même. C’est classé par ordre alphabétique, on y trouve un peu d’étymologie, beaucoup d’analogie, de la lexicographie, de la synonymie, de l’antonymie et surtout le style et l’aisance incomparables d’Alain Rey pour faire parler les mots. Ces mots (cinquante, il me semble) sont des mots de la vie quotidienne comme fourchette, fesses, école, cinés, princes et princesses fées et sorcières, lire et écrire et on trouve même une entrée à rhinoféroce (MoyenMoyen : mais ça n’existe pas !). Chaque présentation est une histoire, un récit savoureux sur la vie de ce mot, sa famille, ses transformations, ses amis et ses ennemis, ses enfants et ses descendants. Certains mots deviennent de véritables héros. D’autres mots nous étonnent ou nous font rire. Les illustrations de Zelda Zonk sont à la hauteur des articles. Elles pimentent avec efficacité la truculence de l’auteur. GrandGrand et MoyenGrand ont lu les articles de leurs choix. Ils ont ri et m’ont demandé si les informations étaient vraies … Je crois qu’il vote Alain maintenant. Ils ne supportent plus Robert ! Je l’ai lu à MoyenPetit en lecture du soir : culotte et jean, dinosaures et fossiles, dragons, fesses, lire et écrire, monstres grands et petits monstres et bien sûr rhinoféroce. J’ai beaucoup aimé cet ouvrage drôle, inventif et vraiment passionnant. Dès 6 ans en lecture accompagnée. La présentation de la Soupe de l’espace : clic.
La chronique de Lou concerne le livre les Orphelines d’Abbey road dans la catégorie 9-12 ans ! Merci de vos messages et bonne lecture.
Je sais bien que lorsque l’on fait quelque chose que l’on aime, le temps paraît moins long, mais je serais curieuse de savoir le nombre d’heures nécessaire à la rédaction de telles chroniques, toujours si « appétissantes ».
Merci à toi (même si ça n’est pas original !)
Merci, c’est gentil !
Oh, un roman que j’ai traduit, et même que j’ai présenté moi-même à l’éditrice ! Même si je ne suis pas nommée, je suis toute fière.
Au passage, je voulais féliciter Marje pour ces critiques si riches – presque trop, parfois : dans certains cas, l’histoire gagnerait à ne pas être racontée avec autant de détails, surtout quand c’est autre chose qui fait le sel d’un roman, son style ou ses personnages ou son humour… N’empêche que ça me donne envie moi-même de m’acheter certains de ces livres, alors que je passe déjà mes journées entières le nez dans la littérature jeunesse !
Quel roman as tu traduit ? Je te remercie de ta remarque pertinente et comme je l’expliquais hier, les chroniques seront bientôt proposées dans un format plus court ! A bientôt …
Plusieurs coups de coeur à la lecture de cette nouvelle chronique, notamment Pico bogue et des livres pour mon Grand de 12 ans. J’ai ouvert une liste de mes envies pour lui sur Amazon, comme ça je piocherai au fur et à mesure de nos envies de lecture. Merci merci pour tout ça ! A quand le livre, le guide, l’encyclopédie Marje ?
Quel plaisir de découvrir une fois de plus une liste aussi riche. Merci, j’ai déjà plusieurs bonnes idées en la lisant .
J’adore ! Merci beaucoup pour toutes ce idées. Je pioche régulièrement dans vos chroniques pour mes proches.
Je suis d’accord avec Fofo. Vos annonces sont tellement riches qu’elles dévoilent parfois un peu trop (Victoria rêve)
Je suis par contre bien étonnée du fonctionnement de votre bibliothèque. Une carte séquencée en un nombre d’emprunts précis ? Payante ?
Encore un grand merci pour cette énorme liste … d’envies
Karine, cette liste est surtout faite, a priori, pour les parents qui peuvent ainsi avoir une idée précise du contenu du livre. Bien sûr ce peut être un peu trop détaillé pour le futur lecteur, mais bien pratique pour les parents qui savent précisément ce qu’ils mettent entre les mains de leur enfant.
Merci d’être là !
Bien bien bien. Encore une fois, un très bon choix, avec (et ça me fait rudement plaisir) plein de documentaires ! Tu dis qu’ils n’apportent pas « livresse » de la fiction, et je ne suis pas tout à fait d’accord avec toi. D’abord parce que quand j’étais môme, rien ne me faisait plus chier que de lire des choses longues et sans images (ça a duré environ 18 ans). Par contre, je dévorais les documentaires, et ils me faisaient voyager bien plus loin que bon nombre d’histoires ! Alors c’est sûr, ça fait moins « intellectuel » (le terme est mal choisi, j’en trouve pas d’autre sur le moment, hein) de lire des docs que des romans, mais il faut que les parents prennent des documentaires à leurs mômes (je ne parle pas pour toi, Marje, je sais que tu es convaincue). Les Oh! sont effectivement très riches (trop ?) et vraiment intéressant. C’est le cadeau d’anniv préféré qu’on offre aux copains et copines de ma fille.
Les fictions, maintenant.
Delerm, of course (j’ai été happée par la lecture après un passage de la première gorgée de bière).
Dans ma classe, l’an dernier, j’avais les séries du Buveur d’encre (extraaaa!) et de Terriblement Vert (sans Samuel dans le titre). Les mômes adorent. Surtout le buveur d’encre (ben ouais, y’a un vampiiiiiire). Par contre, encore une fois, je ne suis pas d’accord avec l’âge, puisque je trouve qu’ils ne prennent tout leur sens qu’en CE2. Mais comme je suis gentille, je ne relance pas le débat (après, tu vas me causer de concours que j’ai totalement zappé) ^^
Je sais plus si je t’en avais parlé, mais avec ma classe on avait rencontré Claire Cantais, qui a écrit « De l’ail et du beurre ». La nana est chouette, le livre est chouette, ça parle de l’attrait des petits pour les grands et leurs bêtises, de la peur de l’autre…
Bon, y’a encore plein de trucs top, mais j’ai mal aux yeux ! Bravo bravo pour ces chroniques !!!
(j’ai pensé à toi : la « dame de CDI » – prof documentaliste (hin hin) – de ma fille est complètement jetée. Du coup, ma fille est hyper déçue. Si tu pouvais prendre un poste dans son collège, ça m’arrangerait. Merci.) (je lui ai dit que toutes les dames de CDI étaient sous Lexomil) (comment ça, si je cours vite ????) ^^
Je suis désolée pour ta fille … C’est vrai que notre profession récupère souvent les enseignants qui ne peuvent plus enseigner en frontal élève. Du coup, certaines de mes collègues ne sont pas toujours très enthousiastes, ni très intéressées par la littérature jeunesse. Je note Claire Cantais, ta présentation me fait envie ! Et je sais que je cours plus vite que toi car je vis seule dans mon corps moi !
T’inquiète. Je suis instit’. Les givrées, ça me connait aussi.
Je suis assez d’accord avec Dominique, à priori ces recommandations sont là pour les parents qui veulent approvisionner leurs enfants en bouquins, donc ça n’est pas grave si on « spoile » un peu ! Bref, moi je trouve au contraire plutôt bien que les résumés soient fournis 🙂
Pour l’exemple de Victoria rêve, je trouvais effectivement important de savoir que le cœur de l’histoire était le chômage et non l’amour de la littérature … Mais j’ai promis, juré, craché, je ferai dorénavant des présentations plus courtes !
et ma fille aussi voudrait que marje soit dans son collège !!!
Ah et sinon, je ne sais plus si tu en as parlé, Marje mais les grands sont tombés cet été dans « L’épreuve », il y a deux tomes pour l’instant et ils adorent.
C’est trop tard, je l’ai dit avant. Rha, c’est fou ça, ces gens qui piquent les bonnes idées des autres. Et puis Talence, c’est moins cher que Paris.
Même combat, ta zone géographique est intouchable au niveau des points. Je reste donc dans mon trou !
J’avoue que j’aimerais surtout retrouver des élèves qui ont envie de lire car en lycée, ils ont d’autres chats à fouetter et pas que des chats d’ailleurs. Pour avoir une mutation à Paris, il faudrait que je cumule un tel nombre de points que je n’arriverai que pour ma retraite ! J’adorerai vivre de nouveau dans une grande ville …
Misère et damnation, je ne connais pas l’Epreuve … C’est bientôt mon anniv, je l’ajoute à ma liste ! Merci à toi et merci à GrandeChérie.
Edit: en cliquant sur les titres des livres vous pouvez les commander en ligne.
ou alors ….Vous pouvez aussi noter le titre des livres choisis et aller les acheter ou les commander chez un/une vrai(e) libraire….
Bien sûr, et on est d’accord, a priori, c’est « mieux »… mais en l’occurrence, comme l’a expliqué Caroline précédemment, ça permet de rémunérer un peu (juste un tout petit peu !) Marje du temps qu’elle a passé à rédiger ces conseils.
j’ai répondu trop vite, tu l’avais fait avant moi 🙂
le débat a déjà eu lieu, chacun est libre de faire ce qu’il veut et on est d’accord qu’Amazon c’est le mal, sauf que parfois, quand on habite dans un coin où il n’y a pas d’offre de libraire « IRL », Amazon, c’est l’accès à la culture sans frais de port. Et en l’occurrence, je ne le dis pas à chaque fois mais les commissions gagnées grâce à l’affiliation (qui ne sont pas à la charge des clients mais d’Amazon) me permettent de rémunérer Marje, pas de manière extraordinaire, mais de façon à lui permettre de continuer à acheter des livres.
Merci beaucoup Marje pour cet immense travail accompli !!!
han,Pico Bogue,je suis fan !
merci,Marje !
Selon le test de Caroline sur « l’Express Styles » (Quelle menteuse êtes-vous ?), je suis une « menteuse par omission ». Faites-le, il est très drôle. A la Caroline, quoi !
suis la même… surprise ??
Et de trois … menteuse par omission ! Et c’est vrai j’ai bien ri …
M’étonne pas : on ne veut faire de mal à personne. Chais pas pourquoi, mais cela me semble plausible, non ?
Merci, je ne me fie plus qu’à ces conseils pour acheter les livres pour mes petits enfants
Je suis peut-être un des lutins du PèredeNouël !
Les chroniques sont très bien faites. En tant qu' »ancienne » bibliothécaire jeunesse, je suis ravie de voir la qualité et quantité d’ouvrages pour les petits et les moins petits. Serait-il possible de lire plus de recommandations pour les tous-petits. Les 2-4 ans?
Murielle, la production éditoriale pour les petits petits est limitée. Je souhaite présenter des ouvrages vraiment intéressants. Du coup la catégorie 0-3 ans est l’une des plus difficiles à « remplir ». Mais je peux t’envoyer toutes mes présentations d’ouvrages 0-3 ans depuis le début des chroniques. Le pdf fait quand même 50 pages … marjolaineplassart@gmail.com. N’hésite pas !
Avec plaisir! E-mail envoyé. merci 🙂
Tellement, tellement de bonnes choses encore… Je reste sur « Ombres ». Il fut un temps où, avec mes petits élèves, nous faisions du théâtre d’ombres. Je suis imbattable (ou presque) sur la biblio/albums sur les ombres…
Bravo Marje !
les chroniques de Marje m’ont permis de découvrir Bottero que je ne connaissais pas et dont je suis devenue fan, avec mon fiston de 11,5 ans. J’ai régulièrement pioché des idées de cadeaux d’anniv pour mes enfants, c’est une mine inépuisable. Merci beaucoup donc et bonne continuation!
Merci beaucoup et j’espère que la prochaine formule te plaira autant !