Alors on marche

DSC_4314

Nous partîmes à 10 de Gare de l’Est, la fleur au crayon, convaincus d’arriver quelques heures plus tard à Nation. Des espoirs rapidement douchés, deux heures après, on atteignait péniblement la place de la République, noire de monde, que nous n’arrivâmes jamais à dépasser. La suite, ce furent des heures à piétiner sur le boulevard Poissonnière, à la faveur d’un itinéraire bis ou ter, dans une direction totalement opposée à celle du cortège officiel. Je mentirais en prétendant que mon coeur n’a pas fait des siennes quand soudain plus rien ne bougeait et qu’aucune issue ne semblait envisageable. Je préfère ne pas trop m’étendre sur ce moment de grâce, quand, pour échapper à la foule, nous avons décidé de grimper sur la contre allée. Autant le muret n’a pas été trop compliqué à escalader, autant la rambarde, elle, me laisse un souvenir… cuisant. J’ai vraiment cru que je resterais pour toujours dessus à califourchon, mes jambes ballantes d’un côté et de l’autre, trop courtes pour que je puisse en descendre en conservant ma dignité. J’ai fini par me jeter dans les bras de mon amie C., qui m’a gentiment assuré que non, je ne lui avais flingué le dos. On s’est tous dit – j’étais la plus pathétique dans cette tentative d’évasion, mais pas non plus seule à en chier – que la seule conclusion qui s’imposait à ce moment précis, c’est qu’il fallait qu’on reprenne le sport.

Bref, j’avoue, à un ou deux moment, je n’en menais pas large. Mais, et que les allergiques à ma bien-pensance et mon angélisme notoire partent séance tenante, la fraternité, la gentillesse, l’attention de tous les gens croisés m’ont empêchée de paniquer. Je ne compte pas les « pardons » à chaque orteil écrasé, les « je vous en prie », « excusez-moi », « allez-y », « passez », « attention à l’ambulance ». Je peux vous assurer, en bonne connaisseuse des manifs – j’en ai faites pas mal à titre perso et surtout couvert un bon nombre dans mon ancienne vie d’agencière – que je n’avais tout bonnement jamais vu ça.

Il y avait des Kurdes, des Franc-Maçons, des Juifs, kippa sur la tête et d’autres sans, des musulmans qui le revendiquaient et probablement plein d’autres qui n’en voyaient pas l’intérêt (de le revendiquer), des catholiques ostensible et sûrement d’autres qui n’en voyaient pas l’intérêt (d’être ostensibles), des vieux, des jeunes, des bébés, des valides et d’autres moins, des rigolos, des libertaires, des bretons, des Ukrainiens, des Turcs. Il y avait des humains, des gens qui marchaient pour Charlie, d’autres pour les victimes de la porte de Vincennes, d’autres pour les policiers, d’autres pour la liberté de penser, pour la France, ou, allez savoir, l’amour à trois, la protection des hérissons ou l’interdiction des choux de Bruxelles. Je plaisante un peu sur la fin, mais vous aurez compris, oui, bien sûr, tout le monde n’y était probablement pas pour la même cause. Bien sûr, la présence en tête de cortège de chefs d’Etats plus connus pour leur promptitude à coffrer leurs opposants que pour leur amour de la presse libre avait de quoi faire douter. Bien sûr, que Netanyahu, pas le plus ardent défenseur de la paix au Moyen Orient, soit dans le carré de tête avait limite douché mes ardeurs la veille. Et puis j’avais appris que Mahmoud Abbas serait là aussi. Et puis, j’ai fini, après avoir lu tout et son contraire, et changé dix fois d’avis, par me mettre d’accord avec moi et moi: peu importait finalement toutes ces polémiques, peut importait la récupération évidente et parfois heurtante, peu importait même que les gars de Charlie, Luz en tête, ne s’y retrouvent plus, vomissant sur des soutiens trop tardifs, trop éloignés de ce qu’ils étaient et sont encore. Charlie, hier et probablement encore aujourd’hui, ce n’était plus Charlie. Charlie était devenu un nom de code, un mot universel qui voulait dire non, qui voulait dire qu’on voudrait s’aimer mieux, qu’on était tristes, qu’on voulait être du côté de la vie, qu’on aimerait que ça change et peut-être, tout simplement marcher, ensemble.

Je ne suis pas naïve, du moins pas totalement, je me doute que rien n’est fini, que rien n’a peut-être même commencé hier. Je ne suis pas certaine que ces trois millions de personnes battant le pavé aient fait peur aux terroristes dormants. Je ne me fais pas d’illusions, demain, les mêmes exclus continueront à l’être, les prisons seront les mêmes terroirs de radicalisation, l’individualisme reprendra le dessus. Mais peut-être que non. Peut-être qu’on se souviendra de ces sourires échangés, de ces regards entendus, de ces frissons, quand la Marseillaise s’élevait, comme un murmure, chantée avec une douceur particulière, comme si chacun de nous retenait les notes d’un hymne dont on savait bien qu’il n’était sûrement pas le préféré des gars de Charlie Hebdo. Mais seulement voilà, pour la plupart d’entre nous, c’était le seul chant qu’on connaissait par coeur et puis ce « marchons, marchons », il n’était pas complètement hors de propos.

Je vais reprendre le cours de ma vie, tenter de travailler avec un peu plus de conviction que la semaine dernière, faire une diète de chaînes d’infos et de réseaux sociaux. Je vais, comme vous, laisser la peine et la peur me quitter. Mais je crois que je ne serai, comme vous, plus jamais tout à fait la même. Parce que je crois sincèrement que si nous n’acceptons pas de nous remettre en question, de regarder en face cette société délitée, les sirènes des pompiers ne finiront jamais de hurler.

Merci, infiniment, pour les échanges de ces derniers jours. Merci pour leur justesse, pour leur humanité, pour leur richesse. On peut se placer du côté des cyniques et se dire à quoi bon. On peut rire de ces bons sentiments, on peut se gausser. On peut aussi miser sur les petites rivières qui font les grands ruisseaux. Moi je veux croire que tous ces mots, tous ces pas dans la rue, tous ces Charlie brandis et criés, ce sont les ruisseaux d’une rivière apaisée. Et comme nous avons la chance de vivre encore dans un pays de liberté, je revendique ce droit à y croire, aveuglément.

Take care.

manif

Et Lyon represent’s avec mes parents, toujours là quand il s’agit de lever le poing (clope au bec)

 

DSC_4298 DSC_4282 DSC_4286 DSC_4309 DSC_4300 DSC_4296 DSC_4294 DSC_4317 DSC_4325 DSC_4313

202 comments sur “Alors on marche”

  1. nannig ? a dit…

    bonjour caroline!
    juste vous dire que je n’ai jamais vu une manifestation aussi prenante et émouvante que celle d’hier, échange de sourires et applaudissements, pour une fois une unité…….
    merci à vous de permettre d’échanger!
    bonne journée

    Répondre
  2. Brunette a dit…

    Même experience que toi hier. Énormément de douceur de bienveillance dans la foule massée depuis Strasbourg st Denis…et il y a eu les premières remontees de foule car après 3h d attente de marche il n’y avait point. C était epique mais pas un mot plus haut que l autre. Bref un super moment mais maintenant j ai envie de passer à l après car l’angoisse des derniers jours c est un peu ce que ces fous cherchaient … Allez hop continuons sans oublier.

    Répondre
  3. Madame H a dit…

    Oui, je veux croire que ces millions de petits ruisseaux feront de grandes rivières …
    Samedi à Toulouse, j’ai ressenti cette même chaleur, cette même bienveillance, ce même sursaut, ce même mélange et cette même unité !
    Je veux y croire !
    Merci Caro et à toutes les lectrices pour tous ces mots de ces derniers jours … j’ai peu commenté, parce que les mots me manquaient justement et que la plupart d’entre eux sont restés coincés dans ma gorge, étranglés entre les sanglots … Mais merci pour la richesse, l’humanité, l’intelligence, la sensibilité, l’apaisement, la hauteur de vue que j’ai trouvés ici depuis mercredi …

    Répondre
    • Caroline a dit…

      Comme je l’exolique dans mon billet je pense qu’hier il n’etait pas qyestion que de charlie mais aussi des autres victimes, et tout simplement de nous. Mais on a aussi le droit de ne pas y aller, sans meme eprouver le besoin de s’en justifier 🙂

      Répondre
      • Sylvie a dit…

        Merci de tes mots et de ceux de tes lectrices si justes depuis la semaine dernière et tu as réussi à me faire éclater de rire en nous
        racontant l’escalade du garde-corps
        Je voudrais aussi dire que si il y a un pays où la liberté d’expression n’est pas un vain mot c’es Israël
        Et j’ai mal que certaines (pas toi) mettent sur le même plan Netanayou et Bongo

        Répondre
  4. Laluciole a dit…

    Pour ma part , chanter le sang impur qui abreuve les sillons avec netanyahu , davotoglu , lavrov en éminents spécialistes de la liberté de la presse et de la liberté tout cours , ce n’était vraiment pas possible, même si je ne doute pas de la sincérité de la plupart des manifestants.
    ( les caricatures à ce sujet des dessinateurs assassinés auraient été savoureuses d’ailleurs…)
    Je colle un article à ce sujet assez intéressant http://blogs.mediapart.fr/blog/mathiasdelori/080115/ces-morts-que-nous-n-allons-pas-pleurer
    Désolée de casser un peu l’ambiance et le ton général des commentaires en faisant ma grincheuse 😉

    Bonne journée !

    Répondre
    • Caroline a dit…

      Il y a la theorie – et je la partage – et la realite, quand soudain le chant s’eleve, juste pour rendre la marche plus fervente. Je crois que ce debat sur la marseillaise est la aussi assez vain et anecdotique.

      Répondre
      • sirius a dit…

        Disons que les paroles de la Marseillaise collaient parfaitement, pour une fois, avec ce qui s’est passé la semaine dernière, elles avaient une résonance toute particulière (ces féroces soldats qui viennent égorger… aux armes citoyens…).

        Répondre
        • Reine a dit…

          Raccord avec Caroline et Sirius!!! D’autre part mon chéri ,grand habitué des matchs de rugby , m’a fait remarqué combien les Marseillaise , pendant la marche, étaient chantées là avec douceur et émotion ..

          Répondre
  5. lily a dit…

    Lever le poinG… Pour mettre un poinT final à cette barbarie…

    Suivi la marche par média interposé car loin de Paris, soulagée qu’il n’y ait pas eu d’incidents ou pire encore, ma grande crainte.

    Emue par cette marche, et tous ces gens qui enfin s’indignent.

    Répondre
  6. Florence a dit…

    Ma dernière manif c’était en 1986 contre la réforme Devaquet des universités (oui, ça ne me rajeunit pas !). Je ne suis donc pas du genre à sortir dans la rue. Hier j’y étais, et je ne le regrette pas. La présence de chefs d’état plus ou moins douteux ne m’a rien fait. J’y étais pour la liberté d’expression, pas pour autre chose.
    Je retiens, le passage devant les locaux de Charlie Hebdo avec ce silence pesant malgré le monde, et puis après la marche lente, le calme, les applaudissements qui parfois avançaient vers nous. J’ai eu la chance de pouvoir faire le parcours. Je suis rentrée fatiguée, le dos en compote, mais heureuse du devoir accompli.

    Répondre
  7. proff a dit…

    J’y étais pas… Mais mon coeur y était un peu.
    Je suis tellement heureuse que cette marche se soit déroulée aussi pacifiquement !
    Si seulement les gens pouvaient s’unir aussi dans la vie de tous les jours…

    Répondre
  8. L'Affreuse a dit…

    J’ai moi aussi tendance à faire preuve d’un angélisme notoire, et à me laisser submerger par l’émotion des mouvements de masses.
    J’ai regretté hier de ne pouvoir participer à la marche…
    Et puis, je ne sais pas, hier soir, en regardant sur FB et Instagram, le trop-plein de photos de la marche, de selfies, de « Untel aime maintenant Charlie Hebdo Officiel », tous ces messages de respect et de félicitations aux services du GIGN, du RAID et autres, ainsi que ces appels à aller acheter Charlie Hebdo mercredi, j’ai ressenti comme un malaise…
    Alors évidemment que les gens ont tout mélangé, sans doute simplement en raison d’un gros « besoin d’amour ».
    Mais personnellement, que tous ces gens qui n’ont jamais acheté Charlie Hebdo, et qui ne se sont jamais émus ces dernières années de la situation catastrophique du journal et de sa survie, court mercredi acheter le nouveau numéro, je trouve ça d’une hypocrisie qui frise l’indécence…
    J’aimerais ne pas être aussi amère… mais peut être ai-je perdu un peu de ma naïveté.

    Répondre
    • Caroline a dit…

      Mais peut etre aussi que charlie hebdo s’etait un peu perdu ? Honnetement, je ne l’achetais plus trop, parce que ca me tombait parfois des mains. Pas en raison des caricatures, plus parce que ca ne rencontrait pas forcement mes attentes ou mon interet. Je comprends cette aigreur. Mais si les gens aujourd’hui se battent pour que le journal existe, il n’y a jamais eu d’obligation de l’aimer. Encore une fois hier il etait question d’un hommage, d’etre ensemble. Apres, sur 3 millions de personnes il y avait forcement des hypocrites, des cons, des « vrais », des « trop tard »…

      Répondre
      • Mentalo a dit…

        Ce qu’a dit Daniel Cohn-Bendit hier soir sur Inter / France 2 était, une fois de plus, très juste. Ca va bien au delà du journal. Ca concerne ce qu’on veut et doit apprendre à nos gosses. Ca parle de notre responsabilité dans le vivre ensemble.

        Répondre
    • alexabuz a dit…

      Je n’ai jamais acheté charlie hebdo, je connaissais, j’appréciais (pas toujours) mais je ne l’ai jamais acheté (je suis plutôt fluide glaccial). Je ne me décrirais pas comme une personne réellement engagée sur le plan politique et souvent je suis dans ma bulle, un peu à l’ouest, je vis ma petite vie, je suis respectueuse des autres, optimiste et dans l’amour, c’est pas bien compliqué pour moi de l’être, je vis dans un milieu protégé, dans une petite ville au bord de la méditerranée et sans être parfaite ma vie est clairement privilégiée. J’ai pensé à m’abonner au journal. Est ce que ça fait de moi une hypocrite, une personne méprisable, une petite conne? Je ne sais pas, peut être. Comme beaucoup j’ai pris un sacré coup dans la gueule mercredi, jeudi et vendredi dernier…J’en ai pris un autre hier avec les images de cette marche sur Paris. Alors oui je me sens illégitime pour m’abonner à ce journal mais en même temps, j’ai 2 enfants, dont une petite fille adoptée d’origine Algérienne, alors pour eux ce n’est pas trop tard. Pas trop tard pour être sensibilisé à la satyre, à cette liberté d’expression et de pensées, et pour moi c’est (je suis la naïveté) un petit moyen de lutter contre la peur, contre la mort.

      Répondre
      • L'Affreuse a dit…

        Non, je ne pense pas que penser t’abonner à Charlie Hebdo fasse de toi une hyprocrite, et « être la naïveté », je trouve ça admirable.
        Ce qui me gène, ce sont les gens qui vont acheter le numéro de mercredi, parce que c’est « à la mode », et puis passer à autre chose…
        Mais je suis peut être totalement à côté de la plaque, et peut être que je devrais avoir plus foi en la nature humaine.

        Répondre
    • Clémentine a dit…

      Tout pareil !
      Et pourtant, j’en ai fait des manifs ! J’ai moi même été titulaire de la carte de presse pendant 5 ans et j’ai encore de nombreux amis journalistes. J’ai donc été très choquée par les évènements et mercredi soir j’ai donc tenté d’aller Place des Terreaux, à Lyon (j’ai finalement rebroussé chemin : j’étais en voiture ce jour là et tout était déjà saturé…) avant d’allumer des bougies aux fenêtres mercredi et jeudi.

      Et pourtant, je ne suis pas allée marcher hier.
      En regardant cette immense vague de « Je suis Charlie » déferler sur les réseaux sociaux et sur internet, j’ai ressenti une espèce de malaise, une impression d’hystérie collective et effectivement – le terme lu plus bas est très bien trouvé – de « narcissisme de la mobilisation » et d’hypocrisie frisant l’indécence…

      Mon mec, pourtant grand fan de tous ces dessinateurs, m’a prévenu qu’il était hors de question pour lui d’y aller, que c’était complètement à côté de l’esprit Charlie Hebdo, cet immense tsunami de bons sentiments alors même qu’ils s’étaient fait démonter par une bonne partie des français au moment des caricatures. ça m’a confirmé cet espèce de malaise et nous n’y sommes pas allés.

      On a donc passé l’après-midi à suivre les évènements à la radio, en lisant des vieilles BD, notre façon à nous de leur rendre hommage ?

      Mais tout de même, je me pose la question : Est-ce que sans les réseaux sociaux et la possibilité d’exposer à toutes ses relations le « j’y étais » pour montrer qu’on est un gentil citoyen modèle et engagé, la mobilisation aurait été telle ?
      Est ce qu’au nom de Charlie ce n’est pas surtout l’envie de se retrouver et de passer un moment d’unité dans un contexte morose qui a surtout prévalu ?

      Et pour m’être posée énormément de questions à l’époque de la « censure » de Dieudonné (que je n’apprécie pas forcément : j’aimais bien au début mais il est clairement passé du côté obscur…) et avoir beaucoup échangé avec des amis fan et des amis anti, désormais je me pose la question : si autant de personnes manifestent pour la liberté d’expression, alors on est d’accord pour dire qu’il faut le laisser s’exprimer ou la liberté d’expression c’est seulement quand ça arrange tout le monde ?

      Mais je me pose peut-être beaucoup trop de questions…
      J’avoue, mes années de mobilisation à pester contre l’immobilisme de mes semblables et la montée progressive du F.N. m’ont peut être rendue cynique…

      Répondre
      • Caroline a dit…

        encore une fois chacun s’engage et réagit comme il veut et comme il peut. Mais je maintiens qu’hier les gens ont marché pour les victimes de Charlie Hebdo mais aussi celles de la porte de Vincennes ou de Montrouge. Bien sûr, on peut intellectualiser sur le narcissisme de la mobilisation. Bien sûr. Et puis ? Honnêtement, je n’ai pas ressenti ça hier, mais peut-être parce que moi même je suis narcissique. Mais peut-être que ce n’est pas grave ? Peut-être que quatre millions de narcissiques ensemble ça fait un collectif ? Et si ce rassemblement a été utilisé pour combattre la morosité, et bien j’ai envie de dire qu’à toute chose malheur est bon. Ce qui me gêne en réalité dans ces arguments, c’est qu’ils me donnent l’impression d’être des justifications de ceux qui pour x ou y raisons n’ont pas voulu y aller. Personnellement, je ne reproche à personne de ne pas avoir marché. j’aimerais juste que ces derniers me rendent la pareille et ne viennent pas m’expliquer pourquoi j’ai marché ou comment j’ai inconsciemment été manipulée. Je ne dis pas que c’est ce que tu fais dans ce commentaire, c’est juste que c’est l’impression que me donnent tous ceux qui se gaussent plus ou moins gentiment de ce rassemblement. Quant à Dieudonné, même si je ne vois pas trop le rapport, mon avis est tranché. Appeler et inciter à la haine est un délit. Comme l’a dit Malka ce midi, seuls les imbéciles considèrent la liberté d’expression comme un absolu. Charlie Hebdo a toujours été irrévérencieux, a toujours pratiqué l’humour noir, a souvent dérapé. Mais je n’ai jamais rien lu de révisionniste dans leurs colonnes ni quoi que ce soit glorifiant le terrorisme, ce qu’a fait dieudonné hier en se baptisant charlie Coulibaly.

        Répondre
      • Anneso a dit…

        D’accord avec Caroline: n’y allez pas et foutez la paix à ceux qui y vont!
        Personnellement,je lisais Charlie depuis mon adolescence mais peu importe,je n’ai pas à me justifier.
        Ces gens qui se croient tellement supérieurs à « la masse » et qui t’expliquent la vie,c’est d’un lourdingue!

        Répondre
        • Clémentine a dit…

          Anneso, je me suis peut-être mal exprimée mais loin de moi la pensée de me croire supérieure aux autres ou « à la masse ».
          Je n’explique pas non plus la vie, j’essaye simplement – dans un contexte de débat et d’échange d’idées – (du moins, c’est l’idée que j’ai du système de commentaires sur le blog de Caroline) d’exposer effectivement les raisons et les sentiments qui m’ont poussés à ne pas aller marcher dimanche. Si certains préfèrent le terme « justifier », ça ne me dérange pas…
          Et donc si on est pas allés marcher, on a pas le droit de s’exprimer ?

          Répondre
    • Photine a dit…

      Merci, Caroline, pour ce post.
      De mémoire de manifestante, je n’avais jamais vu. Pourtant, j’ai déjà passé 4 heures sans bouger sur le boulevard contre le projet de loi Bayrou en 1993.
      Mais là, dès Pont-Marie, les rues se remplissaient peu à peu de marcheurs….
      En ce qui concerne les accusations d’hypocrisie ou de récupération, outre la révolte face au terrorisme, à la haine religieuse (ou tout court), à l’obscurantisme que les Français ont déjà manifestée, sans être des fans de Charlie, nous avions tous des raisons d’être personnellement touchés.
      Perso, je l’ai dit, je me suis découverte la semaine dernière amoureuse de B. Maris. Je l’écoutais tous les vendredis et les samedis matins, j’étais quasiment toujours d’accord avec lui, il me faisait rire. Il va me manquer.
      Donc, j’avoue que je me passe de votre approbation de lectrice historique de Charlie….

      Répondre
      • L'Affreuse a dit…

        @Anneso et Photine:
        je ne sais pas si vos commentaires s’adressent directement à moi, mais je vais y répondre quand même, parce que je n’aime pas les malentendus…
        Personnellement, je ne me suis JAMAIS sentie supérieure à la masse. Jamais.
        Et je ne critique en aucun cas les gens qui sont allés à cette marche, j’ai d’ailleurs commencé par dire que j’avais regretté de ne pas pouvoir y aller.
        Je n’ai pas dit non plus que je considérais qu’il était nécessaire d’être lecteur historique de Charlie pour se sentir concerné.
        Bien entendu, tout cela va bien au delà de Charlie Hebdo… Bien entendu qu’il n’est pas nécessaire d’être un gaucho fan de Cabu pour avoir envie de crier sa rage face à tout ça.
        Je dis simplement que j’ai été dérangée par le traitement de tout ça sur les réseaux sociaux, le « trop plein » de tout. Parce qu’à moi, ça me donne une impression de manque de sincérité.
        Et je continue de penser que courir acheter le prochain numéro de Charlie Hebdo ressemble plus à un effet de mode qu’à une réelle conviction…

        Répondre
          • Caroline a dit…

            je ne sais pas, en ce qui me concerne j’ai décidé de ne pas me polluer l’esprit avec ces questions là parce que je pense que les combats les plus difficiles sont à venir et que savoir si les gens qui achèteront charlie demain le font par mode ou non n’en est pas un. Mais je suis lucide et moi aussi, certains exaltés vus à la télé depuis hier m’ont agacée. Mais encore une fois – et je n’ai pas pris tes commentaires dans ce sens là, vraiment – j’ai du mal avec la police de la pensée, avec les gens qui se pensent plus ou moins autorisés à donner aux autres un diplôme de « charlisme » officiel 🙂

  9. Coline a dit…

    Ça m’a fait du bien ces images hier.
    Il y avait vraiment beaucoup de monde,
    et l’indifférence aurait été un des pires scenarii.
    Mais je vais de nouveau couper la télé, les infos;
    je me sens un peu asphyxiée par ce flot de données,
    il me faut de la vigilance et de l’ordinaire aussi.
    Merci d’avoir marché pour eux, pour nous.

    Répondre
  10. Maripi a dit…

    Je n’ai pas marché…foutus genoux en miettes qui m’ont coincée sur mon canap’ devant la TV… Mon fils aîné a marché parmi les 300 000 lyonnais, a peut-être…surement croisé tes parents 😉 … « pour toi aussi, maman »…et c’était presque pareil…
    Comme toi, je ne serai plus jamais la même…Comme toi je vais reprendre le cours de ma vie, laisser la tv éteinte après 5 jours non stop scotchée à mon écran et aux réseaux sociaux…et tenter de me remettre en question…J’ai eu 55 ans, hier, ce ne sera pas si facile… une vie de convictions, de certitudes…à recentrer dans l’aujourd’hui…dans l’après 7 janvier…Y a du boulot…

    Répondre
  11. Pauline a dit…

    Hier c’était beau, c’était grand. Voilà.

    Hier c’était à la fois un deuil, un achèvement de quelque jours hors normes, une manière de préparer « l’après », une libération, un cri, un non, un oui aussi, à l’ouverture, à l’autre, et oui, je l’espère un commencement à davantage d’ouverture, à une invitation, pour chacun de nous, à se poser les bonnes questions, notamment à ne pas, ne plus être parfois tentés de voir « l’autre », « le différent », comme un problème. Le différent, c’est aussi nous. C’est d’abord moi, nous. pas « lui ».

    Je crois aussi qu’il faut que nous réapprenions le sens des mots. Ne pas faire taire la parole. Solidarité, laïcité, tolérance, liberté, qu’est-ce que ça veut vraiment dire ? « nous » dire ?

    Comment leur donner un poids, un sens ? Comment donner sa force et sa beauté au mot « ensemble », au mot « citoyen » ?

    Merci Caroline pour tes mots ces jours-ci. Merci pour tes interrogations, pour celles que tu as pu susciter, pour montrer aussi que les tiennes faisaient écho aux nôtres, et réciproquement. L’échange, c’était ça aussi ces jours, dans la rue, sur les réseaux.

    Répondre
  12. ODLE a dit…

    QUOI ! Y avait des Bretons?????
    Pas à Toulouse, je n’en ai pas vu, Dieu Merci (ça va les bretons je rigole).
    J’ai pleuré, moi, sottement, après dans le tramway qui me ramenait vers ma banlieue. Tout ce que je vois c’est que les gens se sont levés comme un seul homme, c’est beau.
    Plus beau que certaines discussions que j’ai eues avec des élèves, quand j’ai failli tomber de ma chaise, quand mon coeur s’est mis à hurler, quand j’avais plus les mots pour répondre.

    Répondre
  13. Marie Z a dit…

    Merci, du fond de mon Loir-et-Cher je n’y étais pas, mais comme toi devant ma télé j’étais à la fois très émue et assez mal à l’aise… non pas tellement par rapport à l’hypocrisie des dirigeants de tous bords (on est habitués), mais parce que je ressentais pas mal de narcissisme dans la mobilisation de beaucoup de gens… comme si ce qui comptais c’était davantage leur propre émotion et le fait qu’ils « y étaient ». Mais on sait bien que l’altruisme pur n’existe pas, alors, c’est sans doute bon à prendre quand même. Bref, complexe, comme l’être humain.
    Un merci particulier pour la référence en image à ce qui se passe au Nigéria, dont je n’ai lu que quelques articles sur internet, pas un seul mot entendu à la radio ni à la télé… et là je pourrais devenir très cynique donc je me tais.

    Répondre
  14. Audrey a dit…

    J’aime te lire parce que je retrouve souvent ce que j’aimerais exprimer.
    Ce matin, tu es plus positive que moi, et ça m’a fait du bien.
    Nous avons marché à Bruxelles, avec les enfants auxquels on a expliqué ce qu’on faisait, comme on pouvait.
    Un bel élan, partout. L’aîné (15 ans) nous a dit « finalement, en y allant, on prend un risque, parce qu’une manif, c’est le bon endroit pour faire un carnage » (il a tout de même eu l’amabilité de ne pas dire ça devant ses frères de 10 et 7 ans, il est bien cet enfant 😉 ). Bien sûr, on y avait pensé aussi, mais je ne sais pas si à son âge j’aurais eu la même réflexion. Ni s’il vaut mieux qu’il grandisse les yeux ouverts ou dans plus de naïveté… Aujourd’hui, je dirais les yeux ouverts, sans doute.
    J’ai envie de croire aussi que ce 7 janvier peut marquer le début de quelque chose, mais une grande part de moi a du mal.
    L’éducation, l’éducation, l’éducation, je ne vois que ça.
    Et comme tu dis, take care!

    Répondre
  15. Pauline a dit…

    @ L’affreuse

    « Mais personnellement, que tous ces gens qui n’ont jamais acheté Charlie Hebdo, et qui ne se sont jamais émus ces dernières années de la situation catastrophique du journal et de sa survie, court mercredi acheter le nouveau numéro, je trouve ça d’une hypocrisie qui frise l’indécence… »

    Je crois qu’il faut voir ce soutien d’hier et des jours passés avant tout comme une solidarité, une des manières de dire « Non » à tout ça, pas comme une hypocrisie ou un amour bien subit pour CH. On aurait de même pu s’indigner si personne n’avait manifesté d’émotion particulière, et nous aurions eu beau jeu alors de déplorer que des journalistes et tous ces autres gens puissent se faire tuer sans que cela n’émeuve l’opinion publique.

    Le soutien à Charlie Hebdo est, je crois, devenu pour bien des gens ces jours-ci un principe, au delà du contenu, du fait même de l’aimer ou non. Comme dit Caroline, et d’autres ici et ailleurs, « Je Suis Charlie » est d’abord devenu « un moyen universel de dire non ». Je l’entends comme « je suis l’autre », « l’autre est moi », « je suis la personne assassinée », « je pourrai aussi être cette personne demain ». C’est d’ailleurs intéressant… à quel point cette simple phrase de trois mots a-t-elle eu une influence sur cette solidarité planétaire ? Cette phrase et sa brièveté a permis en tous cas à des millions de personnes de se reconnaitre dans une pensée d’une simplicité extrême et d’une force incroyable.

    Après, perso j’ai jamais aimé Charlie Hebdo, et je ne le lisais pas, tout à fait volontairement. Je ne l’achèterai pas mercredi, je ne compte pas tomber dans la sanctification, ni trouver désormais que c’est un merveilleux journal ou les sacraliser. Je vois juste la barbarie de l’acte, et les principes auquel on a touché.

    Je crois par contre que le risque d’hypocrisie est ailleurs, notamment lorsque nous crions « liberté d’expression ».

    Car cela pose entre autre notre rapport général à la consommation de l’information, et à la consommation de la presse écrite, qui est en train de mourir à petit feu, pour des raisons complexes.

    Mais dans cette mort lente, moi lectrice j’ai nécessairement une responsabilité. A mon sens il y a là un vrai questionnement, une vraie honnêteté à avoir là dessus à l’avenir. Là peut être l’hypocrisie, et là aussi elle peut cesser d’être.

    Bref, si on veut que la liberté d’expression ait un vrai sens dans la décennie à venir, il faut peut-être veiller à ce que les organes de presse d’information que nous apprécions chacun puissent continuer à exister autrement que par la pub ou les produits dérivés. S’abonner, les acheter en kiosque, s’interroger mieux sur ce qu’il y a derrière les gratuits.

    Répondre
      • blandine a dit…

        Mais quand même, jeudi j’ai fait 5 kiosques /maisons de la presse différents et impossible de mettre la main sur un Libé pour avoir de « vraies » infos (je suis vieille école…) et j’ai trouvé ce repli sur la presse écrite touchant, et symbolique.

        600 mètres en deux heures pour moi hier, beaucoup d’émotion et bien sûr des questions sur l’après…

        Répondre
      • Pauline a dit…

        Ah oui complètement d’accord là dessus. c’est dans les deux sens.
        C’est d’abord une remise en cause du contenu à laquelle les organes de presse et les journalistes doivent se livrer, et aussi du modèle économique. L’époque où la presse papier était LE principal moyen d’information quotidien, en dehors de la TV, ne reviendra jamais.

        Répondre
    • L'Affreuse a dit…

      @Pauline,
      Je suis parfaitement d’accord avec ce que tu dis.
      Mais je crois que ce qui me gène, c’est cette impression de passion soudaine pour la lutte pour la liberté d’expression, pour la presse papier, etc…mais qui ne donnera pas forcément lieu à une réflexion plus profonde.
      Et que si dans 3 mois, Charlie Hebdo est en faillite, plus personne ne se sentira concerné, parce que ce sera « passé de mode ».
      Marie Z parle plus haut de narcissisme de la mobilisation, et j’ai exactement le même ressenti.
      Je redoute terriblement le flot de selfies en mode « j’ai mon exemplaire de Charlie Hebdo », de mercredi.
      Je ne suis pas certaine d’être capable d’exprimer correctement mon ressenti.
      Et peut-être que je devrais tout simplement parler à mon quelqu’un de tout ce cynisme et cette négativité… 😉

      Répondre
      • Caroline a dit…

        Bien sûr que l’emballement va se tarir, bien sûr que charlie hebdo ne sera jamais un journal lu par des millions de personnes, mais 1) ce n’est pas forcément sa vocation et 2) ce n’est pas grave, on peut se réveiller de plein de façons différentes, en lisant ce journal là, un autre, en luttant contre ses préjugés, en commençant, bêtement par être aimable et courtois, en apprenant à ses enfants à respecter la différence, en cessant d’être une langue de pute (je parle pour moi). Encore une fois, je ne suis pas naïve, je SAIS que pour beaucoup, moi comprise, la médiocrité va reprendre ses droits. Mais peut-être avec un peu moins de vigueur….

        Répondre
        • L'Affreuse a dit…

          Ca ne semblait pas forcément évident dans mes commentaires précédents, mais bien sur, c’est tout ce que je souhaite.
          Que l’emballement, en retombant, laisse tout de même un petit quelque chose en chacun…
          Peut être que je devrais commencer par moi-même. Essayer moi aussi d’être moins langue de pute, et faire un peu plus confiance à l’Humain.

          Répondre
  16. Koquelico a dit…

    J’étais à Rennes hier et très émue de ce rassemblement. De cette marche tous ensemble avec la même bienveillance que tu décris dans ton billet. Je veux croire que ce n’est qu’un début, qu’un tel élan d’unité donne la force à tous de continuer à être respectueux de l’autre, c’est ce que j’essaie d’enseigner à mes élèves. Le respect de l’autre dans les différences.

    Répondre
  17. Blanche neige a dit…

    J’ai hésité, changé d’avis mille fois durant ces 4 jours, assaillie par la peur. Et une amie a posté ça hier matin « Dans la vie, il y a des jours où il faut savoir se tenir debout et ne pas laisser la peur dicter notre conduite » et je suis partie.
    Et je suis fière d’avoir participé à cette marche immobile. Si émouvante.
    Je me doute que je suis trop angélique et optimiste mais je ne peux pas rester tétanisée par la tristesse et la peur comme la semaine dernière alors j’ai envie de croire que les choses vont changer.
    Merci pour ce texte, une fois de plus si juste.

    Répondre
  18. Reine a dit…

    Ben, moi ce que je veux retenir ,outre ce que tu as décrit Caroline, c’est que malgré notre émotion, nous avons aussi beaucoup ri avec des inconnus ( sur lesquels on était scotchés !!) qu’on a fait des blagues à 2 balles, qu’on a chanté ensemble, échangé des infos et des bonbons…. J’espère que ça aurait fait plaisir aux mecs de Charlie….

    Répondre
  19. adelles a dit…

    J’y étais aussi (du moins, les 60 premières minutes, avant de tomber dans les pommes dans les bras d’un charmant jeune homme) et j’ai ressenti la même chose que toi. Charlie n’était plus Charlie. C’était bien plus que ça. Et ça faisait du bien, tout simplement….

    Répondre
  20. Suzanne a dit…

    Ma soeur à Lyon, mes parents à La Réunion (mon père est abonné depuis longtemps à Charlie Hebdo, fan d’oncle Bernard), moi à Paris : on a voulu tester différents rassemblements dans la famille 🙂
    Je n’avais jamais vu autant de monde dans la rue, il y en avait partout, dans toutes les rues autour des itinéraires principaux, il fallait même faire la queue pour sortir du métro (mon moment de stress perso).
    Une fois en chemin, on s’est demandé avec les copains s’il fallait respecter un silence recueilli, parce que l’heure était grave. Et puis on s’est dit qu’on défilait aussi pour des mecs que le souci des conventions (convenances ?) n’etouffait pas particulièrement et on a raconté des conneries. Mais sans être dupe de nos émotions, parce que l’humour à deux balles, ça aide pas mal pour masquer un temps la gueule de bois ressentie depuis mercredi.
    C’était bien.

    Sur un plan plus personnel, je ne suis qu’empathie et compassion pour toi coincée à califourchon sur ta rambarde. Vraiment, j’insiste, au risque de remuer le couteau dans la plaie, mais c’est parce que JE SAIS.

    Répondre
  21. marie de Levallois a dit…

    Je crois que tu as raison, Caroline : rien ne va forcément changer sur ce qui nous heurte quotidiennement et partout dans le monde. Je retiendrai une chose des 5 jours qui viennent de s’écouler. C’est que les peuples, dans leur très grande majorité, savent se montrer solidaires autour des fondamentaux : la vie est sacrée et on ne tue pas un homme parce qu’il s’est exprimé, parce qu’il ne pense pas comme soi.
    C’est pourquoi, hier, durant la manif, j’ai reçu un précieux cadeau car j’ai intégré profondément l’idée que quelque soit nos différences, nous pouvons et nous savons être solidaires en cas de coup dur.
    Après avoir écouté ou lu différentes analyses, beaucoup de témoignages, ma certitude reste intacte : il faut prendre le pari de l’éducation, de l’éducatif, prendre soin de nos enfants : les aimer, les soutenir, les encadrés, leur apprendre… Et sans perdre notre souffle, de façon constante, engagée, déterminée. C’est vital.
    Marci, encore Caroline et à toutes celles et tous ceux qui écrivent sur ce blog : si vous saviez combien, régulièrement, cet endroit me rend moins bête 🙂

    Répondre
  22. arbouse a dit…

    Premier commentaire, après des années de lecture; je ne suis jamais sûre de pouvoir ajouter un commentaire pertinent, mais, aujourd’hui, ça m’est égal. Merci pour cette communion de pensées, merci de résumer si justement ce que je ressens ce matin. De la marche d’hier dans ma petite ville du sud, le même sentiment de bienveillance qui planait sur la foule dense. Et merci d’être futile de temps en temps, c’est tout aussi nécessaire. Merci de me rendre heureuse de vous lire à chaque nouveau post.

    Répondre
  23. M. de Hamburg a dit…

    Il y avait quelque chose de si fort dans cette marche… Je ne pouvais pas m’y rendre et n’ai pu suivre tout cela qu’à la télé et sur les réseaux sociaux. Je suis peut-être bisounours mais je ne crois pas à la « récupération » politique de ceux qui marchaient aux côtés de Hollande. Les gens oublient que ce sont des humains comme nous dotés d’une sensibilité et d’un cœur. Et qu’ils n’étaient à mon sens pas moins sincères que le manifestant lambda qui n’a jamais ressenti la moindre sympathie pour la rédac de Charlie auparavant. Ils étaient là parce qu’à un moment il faut dire stop, au non de l’humanité, de l’amour, de la dignité. Et parce qu’il ne devrait jamais être trop tard pour se repentir.

    Répondre
  24. seraphine a dit…

    Quand tu es djihadiste, mourir dans une épicerie casher c’est dur !
    Vouloir tuer la presse et mourir dans une imprimerie, c’est bête !
    Cela aurait fait une belle page chez Charlie, c’est sûr !

    Répondre
  25. isabelle a dit…

    Merci pour ce beau billet.
    J y étais aussi…Grand moment d’émotion partagée….j’ai dépassé – pour la première fois – ma claustrophobie profonde même si moi aussi, j’ai eu à traverser de gros moments de « solitude » dirons-nous…….mais, le « jeu » en valait largement la chandelle. Tant d’amour et de respect m’ont donné des frissons que je ne suis pas prête d’oublier.
    Bonne année 2015 à vous, où santé et prospérité puissent rimer avec humanité et fraternité

    Répondre
  26. Lor a dit…

    Je fais partie de ceux qui n’ont rien compris mercredi quand ils ont lu les SMS de ceux qui avaient écouté la radio et reçu les premiers coups de fils de parents inquiets (en Savoie) de nous savoir, peut-être, en balade dans Paris.
    Je fais partie de ceux qui sont allergiques aux récupérations.
    Je fais partie de ceux qui ne vont jamais aux manifs, qui ne ressentent pas le besoin de « montrer » ce qu’ils pensent dans la rue (tout en respectant totalement ceux qui le font).
    Je fais partie de ceux qui ont trouvé débile le slogan « Je suis Charlie » et n’ont pas aimé voir leurs amis sur Facebook se transformer en « Je suis Charlie ».
    Je fais partie de ceux qui trouvaient lourds Charlie Hebdo, Maurice et Patapon et compagnie.

    Mais mercredi j’ai eu le nez qui pique et les yeux mouillés, j’ai été incrédule, j’ai pleuré en pensant à la scène, au moment où les balles ont atteint ces gens, dans le bureau du journal, j’ai pensé à l’horreur que ça avait dû être, la peur, les cris. Je n’ai pas su quoi dire à mes filles qui avaient eu peur, dans l’école, que « les méchants » viennent tuer des enfants (après la minute de silence à la cantine).

    Jeudi matin, j’étais dans Paris avec une amie proche qui essayait sa robe de mariée, je voulais savourer ce moment (c’est la 1ere fois que je suis témoin) mais je recevais des coups de fils de voisins et de proches qui me disaient qu’après le meurtre de la policière, la voiture du suspect avait été retrouvée à mon arrêt de RER, juste à côté de l’école de mes enfants (à Arcueil), pendant que mon homme achetait quelques légumes au marché de Montrouge. Que le matin, on avait dû se croiser.

    Je me suis demandé si tout ça avait un sens. J’ai rendu hommage comme j’ai pu à tous ces gens, homme de ménage ou dessinateur, que j’avais aimé dans mon enfance ou que je ne connaissais pas, sans parler de ceux qui allaient juste acheter quelque chose à leur épicerie du coin.

    Il y a eu un bel élan, hier, mais comme toi, je sais que cette semaine laissera des traces, je le sens en moi, presque physiquement.

    Répondre
  27. Hélène a dit…

    Merci pour tes mots dans lesquels je me retrouve totalement, ayant ressenti les mêmes choses hier, ressentant les mêmes aujourd’hui avec cette question : comment sortir indemne de cet état de tristesse et de sidération… En revanche j’ai eu du mal avec la Marseillaise. Le sang impur qui abreuve nos sillons, bon…

    Répondre
  28. berengere a dit…

    A annecy la mobilisation à été assez incroyable ! On parle de 30000 personnes ce qui est fort pour une ville pareille
    On y a été en famille avec des amis….comme le mouvement était relativement lent on a eu l occasion de parler avec les gens autour de nous. …
    Bref merci pour ton billet si juste qui retranscrit les bonnes émotions. ..les vraies….

    Répondre
  29. Lor a dit…

    J’ajoute qu’hier j’ai « regardé » un peu la manif et que j’ai été émue de voir tous ces gens ensemble, malgré leurs différences visibles (kippa, foulard, noirs, blancs etc.) et non visibles (de droite, de gauche, croyants ou non). C’était magnifique, de voir ça et je pense que le débat sur la récupération possible passe finalement au second plan.

    Répondre
  30. sandrineetles3nains a dit…

    Merci Caroline, merci pour ce billet, comme souvent, très juste. Je me suis pris le bec avec des inconnus sur Facebook, car selon eux, il fallait un pedigree pour avoir le droit d’être bouleversé par ce qui s’était passé. Or, tout cela va au-delà et oui, je suis d’accord avec toi, peu importe qui que quoi qu’est-ce, le plus important, c’est que c’était beau à voir, cette France unie. D’aucun diront qu’il est dommage qu’il ait fallu des événements si tragiques et certes, c’est dommage d’avoir attendu cela, mais retenons que cela a eu lieu et essayons d’en tirer les conséquences au quotidien. Merci encore !

    Répondre
  31. Marilune a dit…

    On a beaucoup piétiné aussi à Lyon, le cours Albert Thomas était archi plein, c’était impressionnant (à notre niveau…Ce n’est pas 1 million, mais 300 000 c’est déjà….Waouh). Pour sa première manif, j’ai dû expliqué à ma grande que si, en fait on est censé marcher!! Mais sinon, aucune tension, une ambiance…. positive, c’était mémorable! Et en effet chacun avait ses raisons d’être là, d’être ensemble, et c’était beau.

    Répondre
  32. Muriel a dit…

    J’ai voulu, j’ai eu peur, j’ai failli renoncer mais j’y suis allée. Fière d’avoir réussi à parcourir ces 3km en 3h, d’avoir rencontré, vu des gens sourire, rire, pleurer,, applaudir et remercier la police, les CRS… J’y étais avec ma fille aînée dont c’était la 1ère manif. Heureuse d’avoir partagé çà avec elle.
    Ce matin, je veux juste que ce soit le début de quelque chose d’autre, d’une prise de conscience citoyenne qui oblige nos politiques à changer vraiment.
    Mais ce matin, c’est aussi mon 1er jour du refus de la connerie et des amalgames. Je suis infirmière, je soigne tout le monde sans distinction, je vais chez les gens et je mesure à quel point la France est ignorante de son histoire, de ses propres habitants.
    Aujourd’hui encore plus, je suis Française et fière de l’être. Je ne laisserai personne m’enlever çà !

    Répondre
  33. Aurélie a dit…

    merci pour ces mots qui font résonner très bien ce que je pense…
    toute la force de cette réaction à laquelle on veut croire et qui porte, et sa possible fragilité qui m’effraie
    je n’ai jamais acheté Charlie Hebdo, et si j’ai ri à de nombreux dessins repris ici ou là durant des années, je n’ai jamais feuilleté un numéro. Mais je suis Charlie quand même, en raison de ces horreurs perpétrées contre nos valeurs.

    Répondre
  34. Chris a dit…

    C’était beau cette marée humaine, ces « Marseillaise » et pourtant, l’optimisme là je n’y arrive plus.
    Sans doute est-ce lié à mes milieu et lieu professionnels, qui peuvent être cible de choix pour quelques illuminés (y a déjà eu canardage du poste de sécurité quelques années en arrière), mais c’est aussi pour cela que je suis Charlie et que je vais continuer à avancer même si mon coeur est lourd.

    Répondre
  35. lavieacinq a dit…

    J’étais bien ému et finalement heureuse d’être là hier! Ravie de cette foule « fleuve » à travers les rues de Paris!
    J’y suis allée en tant que citoyenne du monde, à la recherche de regards, de sourires et de paroles…. Réconfortantes, et je n’ai pas été déçu!
    En revenant dans notre banlieue par le train, des discussions spontanées on eu lieu entre personnes de tout horizon, je l’ai vécu comme un moment de grâce!
    Et puis, dans la soirée, j’ai pleuré, pleuré…….. Parce que toute cette tension, cette émotion des derniers jours…..
    J’ai toujours du mal ce matin….. J’espère que cet élan unique à ce jour ne sera pas vain, que ceux qui se sont regardés et souris hier le feront aussi aujourd’hui……

    Quand à la récupération en tout genre, de toute façon, elle a déjà eu lieu par le passé et continuera à l’être dans le futur.
    Je retiens juste ces images d’unité.

    Répondre
  36. Héloïse a dit…

    Je commente très rarement mais je lis tes billets tous les matins!
    Très beau texte qui résume parfaitement ce que j’ai ressenti hier à Lyon, émue tout simplement.

    Merci pour tes mots.

    Répondre
  37. Amandine a dit…

    Moi aussi j’y étais hier. Jamais réussi à atteindre République tellement la foule était dense mais j’y étais.
    Et puis merde, pourquoi vouloir a tout prix chercher des raisons de salir ce qui s’est passé hier ? Moi non plus je ne lisais pas Charlie, je ne les trouvais pas drôles, Cabu pour moi c’était Récré A2, c’est vous dire mon niveau de référence culturelle ! Mais on s’en fout, Charlie hier, c’était le symbole des valeurs de notre société. Et 4 millions de personnes dans les rues, c’est le signe que nos valeurs sont bien là, que nous les portons en nous tous.
    Alors bien sur que le quotidien va reprendre ses droits (putains de formules toutes faites, je sais pourquoi je laisse pas souvent de commentaire, j’ai pas la prose fluide !…), qu’il y aura encore des injustices, des inégalités, des cons et des pourris.
    Mais peut être aussi qu’il y aura eu des prises de conscience, des esprits qui s’ouvrent aux autres. L’être humain n’est pas que noir, hier il était beau dans les rues des villes de France.
    Et évidemment qu’il faut rester vigilant. Mais justement, peut être que des journées comme celle d’hier aide a l’être davantage… Enfin en tout cas moi j’ai envie d’y croire, et j’espère bien que je ne suis pas la seule….
    Sur ce messieurs(?) dames, je ne vous dit pas a bientôt, vu comme j’ai le sentiment de ne pas avoir brillé dans ce commentaire !… Lectrice de commentaires des autres, c’est bien aussi ! Ne comptez pas sur moi pour écrire le discours d’entrée de Wolinski au Panthéon, ahem…

    Répondre
    • liZAbellule a dit…

      moi aussi, je l’aime bien ton commentaire !
      loin de les penser hypocrites, les « je suis Charlie » sonnent aussi pour moi comme une prise de conscience et une affirmation que je suis issue de cette société de liberté d’expression et que, même sans être fan de cet humour bien particulier, je revendique que toute opinion exempte d’appel à la haine peut être exprimée
      ce que j’ai aussi trouvé beau, ce sont les regards entre tous ces marcheurs, des regards « horizontaux » de fraternité plus que de solidarité ou de tolérance

      Répondre
  38. Jade a dit…

    Je n’ai pas pu aller à la marche cat j’étais en tournage, ça m’a manqué… Premier tournage arrivé tout juste après Charlie, j’essaierai de placer un petit signe au sein du film car ce départ en tournage a été différent des autres, le coeur n’y était pas. Mais la caméra est aussi mon arme à moi, alors je fonce !

    Répondre
  39. Smouik a dit…

    Totalement en phase avec tes ressentis sur le rassemblement, avec tes interrogations j’y vais-j’y vais pas, et finalement un besoin impérieux et plus fort que tout d’y être pour dire que non, personne ne touchera à notre liberté, d’être, de penser, de s’exprimer… Tout était fort, tout était bon à prendre, moi je vous le dis, ce rassemblement, c’était du roudoudou (celui dont on garde longtemps la saveur en bouche…)…

    Répondre
  40. Perrine a dit…

    Partie de 14h00 de Maison-Blanche, arrivée porte Saint–Denis à 15h00, après avoir croisés des cars de la gendarmerie applaudi qui remontaient les grands Boulevards, on a enfin atteint République à 17h15 et là étrangement ça avançait.
    On a donc remonté le boulevard Voltaire, et c’était vraiment très émouvant et de temps en temps surprenant, comme ces tireurs d’élite encagoulés sur les toits et ovacionnés par les marcheurs…
    Contrairement à toi, c’était ma première marche de ce genre et c’est vrai que c’était calme et respectueux.

    Répondre
  41. Bobinette a dit…

    J’ai cru te voir à la télé, là :
    http://www.francetvinfo.fr/replay-jt/france-2/20-heures/jt-de-20h-du-dimanche-11-janvier-2015_788115.html, à 16:48… !
    En tout cas, si ce n’est toi, c’est ta sœur de sourire et de coiffure ! 😉
    Je n’étais pas à Paris hier, mais la veille j’ai marché à Rouen sous une pluie battante, et le cœur battant aussi fort de vibrer dans la plus grande manifestation que Rouen ait connu de longtemps (35000 personnes), du côté de la vie et de l’humanisme tout simplement, face à l’horreur des obscurantismes.

    Répondre
  42. marieal a dit…

    Moi je n’ai pu participer à rien physiquement, je me mariais civilement samedi.
    ET je suis fière de mettre mariée civilement dans une société où les valeurs de tolérance, de fraternité, de solidarité sont portées aussi fièrement dans la rue par autant de monde… de ce fait mon engagement civil a pris une autre valeur…

    Répondre
  43. Aux grincheux et autres sceptiques a dit…

    J’étais à la manifestation pour dire « Not afraid », pour dire qu’il n’est pas normal que des gens aient peur en France ; de dessiner, d’avoir une Kippa, de porter un uniforme.
    Que pouvions-nous faire d’autre ? Rester chez nous et éviter de prendre le métro.
    Hier, les Français ont défilé avec leurs enfants, et ça m’a touchée. Et j’aime à croire que tous les timbrés qui regardaient la télévision étaient stupéfaits. Comment ça « même pas peur » ?
    Et tout le reste ne me regarde pas. Sur Europe1 déjà ce matin, Marine le Pen y allait de son commentaire « Jelavaisbiendit ». Il faut bien être conscient que la lutte contre ces terroristes venus de l’intérieur ne va pas être une tâche facile.
    Et puis, Hollande et Valls : respect. Je ne pensais pas dire un truc pareil un jour.

    Répondre
  44. Mentalo a dit…

    On repensera à cette journée d’émotion partagée dans mos moments de doute, je crois, il le faut. Notamment vers avril 2017, c’est important. Que le NOT AFRAID ne s’adresse pas tant à une poignée d’hurluberlus, mais à notre voisin. On est tous responsables sur ce point.

    Répondre
  45. GloriaMax a dit…

    Je suis allée marcher à Lyon pour dire que je refuse qu’on massacre des personnes à cause de leurs idées, pour dire que je veux qu’on trouve des solutions pour que les français vivent mieux ensemble. Je suis déçue de lire ici et là que seules les personnes qui lisaient vraiment Charlie Hebdo avait la légitimité de dire « je suis Charlie » ou de brandir des crayons. Pourquoi ne pas simplement partager cet instant où pour une fois on était ensemble, dans le calme et le respect ?

    Répondre
    • Caroline a dit…

      j’ai comme toi horreur de la police de la pensée, d’où qu’elle vienne et je ne supporte pas qu’on puisse me dire que je ne suis pas assez de gauche/féministe/anticléricale/journaliste ou que sais-je pour avoir droit de l’ouvrir. C’est pour moi le début des emmerdes, ce dogmatisme à deux balles.

      Répondre
  46. Sarah a dit…

    T’imaginer dans une foule qui frôlait les 2 millions, chapeau… 🙂
    On était 4000 dans ma petite ville, sous le soleil, d’horizons variés, qu’ils soient culturels, générationnels ou politiques. Mais ensemble.
    Emue ce matin par la une de Libé : nous sommes un peuple.
    Emue par ce nombre de marcheurs qui dépassent toutes les mobilisations précédentes.
    Alors, oui, comme toi – même si je reste lucide – j’ai cette part de naïveté qui me fait croire qu’il y a un espoir possible et qu’il est à construire.
    Je ne lisais plus Charlie Hebdo depuis longtemps (c’était surtout mon journal de train quand j’étais une grande partie de ma vie entre 2 villes). Mais je l’achèterai mercredi par simple soutien. Et symbole.
    Une amie m’a dit ne pas marcher car Charlie Hebdo. ? Serait venue pour le Monde ou le canard. Quand on commence à différencier à ce niveau faut pas s’étonner que d’autres fractures se fassent par ailleurs… Dommage… Et puis pour moi aussi cette marche c’était au-delà des événements de cette semaine. Peu importe la « récupération ».

    Répondre
  47. Amélie a dit…

    Je n’ai jamais lu Charlie Hebdo, je ne le lirai sûrement pas beaucoup plus, parce que pas ma génération, pas la culture familiale peut être mais mercredi avec mon mec on ira l’acheter et on s’abonnera. Parce que comme ce slogan, « Je suis Charlie », il s’agit d’un symbole désormais pour moi, cela veut juste dire qu’à mon minuscule niveau, je ne suis pas d’accord et je l’exprime comme ça. Ça m’a agacé de lire les gens qui expliquaient qu’ils n’étaient pas Charlie, car pas aussi courageux, car ne lisant pas Charlie etc etc alors qu’il s’agit juste selon moi d’une phrase qui signifie je suis pour la liberté, pour la paix, et je lutte contre la terreur. Je ne suis pas allée marcher dans ma ville parce qu’étant enceinte, j’avais peur d’être coincée, de me sentir mal ou que quelque chose se passe mal. Je le regrette aujourd’hui, je n’ai malheureusement définitivement pas le courage de ceux qui se battent pour nous. Mais je me sens Charlie quand même, plus que jamais, et l’élan d’amour de ces derniers jours me bouleverse… <3

    Répondre
    • Caroline a dit…

      ne le regrette pas, je n’y serais pas allée enceinte non plus et je n’aurais pas aimé y être enceinte hier. On peut prouver son engagement de milliers de façons différentes.

      Répondre
  48. Nanette a dit…

    Moi je n’y suis pas allée… parce que j’avais peur. J’étais admirative devant mon poste TV parce que rester debout au milieu de la foule, sans issue, je n’aurais pas pu (mes vertèbres auraient dit non de toute façon).
    Et cette marche, je l’ai interprétée pour la liberté (toutes les libertés) et aussi contre le terrorisme et les extrêmes en tous genres.
    Cette foule bigarrée m’a émue et « réconciliée » avec ma télé, parce que mercredi soir, je me suis sentie, mal, mal, mal devant BFM et consorts…

    Répondre
  49. Valérie B. a dit…

    Très beau post, il n’y a que toi pour mettre les mots sur tous ces ressentis d’hier au coeur de la marche. Bravo.
    Cela dit : Veni, vidi…. et maintenant ?

    Répondre
  50. Roudaut a dit…

    Beaucoup d’émotions ce week-end. J’ai marché avec ma fille samedi à Genève et avec des amies, dimanche à Annecy.
    C’était beau. C’était émouvant.
    Moi, je n’achetais pas Charlie Hebdo, comme je n’achète pas d’autres journaux non plus. Je lis beaucoup la presse, mais pas TOUTE la presse. Ma réaction aurait toutefois été la même si cela avait été un autre journal qui avait été attaqué. Que ce soit un journal que je lis ou que je ne lis pas, cela n’a pas d’importance pour moi. C’est la liberté d’expression, de pensée, les fondements de notre société, l’envie de vivre ensemble, qui ont été attaqués, bafoués et c’est contre tout cela que j’ai marché ce WE. Charlie Hebdo, même sans l’acheter, faisait partie de ma culture. J’ai souvent ri à leurs dessins. J’ai aussi souvent été offusquée. J’ai grandi avec Cabu au Club Dorothée. J’ai lu fluide glacial … Je ne crois pas que l’on ait besoin d’être un lecteur assidu de Charlie Hebdo pour exprimer sa colère. J’aurais réagi de même si cela avait été le Point, Libé, le Figaro ou même la Vie qui avait été attaqué.
    Charlie est devenu un symbole et les manifestations de ce WE m’ont rassuré et m’ont donné espoir. Tout n’est pas perdu. Cette société française,dans laquelle j’avais de plus en plus de mal à me reconnaître, peut encore changer. Je me suis réconciliée avec mon pays hier soir et cela me fait chaud au cœur.
    Bonne journée.

    Répondre
  51. Summertime a dit…

    Merci Caro pour ce très beau texte . Très beau , très juste et très touchant. Je me retrouve complétement dans tes mots. Merci du fond du coeur.

    Répondre
  52. EllaO a dit…

    Merci pour ce post, auquel je souscris totalement.
    Pour titiller ton anticléricalisme, je dirai même Amen !
    😉

    Je n’ai pas pu assister à la marche hier, un concert prévu de longue date, avec parmi les chanteurs, des juifs, des musulmans, des athées, pour chanter un message de paix et d’espoir.
    Etre ensemble pour ce jour particulier, c’était aussi ça l’esprit Charlie.

    Ce que je redoute, c’est que demain, aujourd’hui dans les débats, on oublie la fraternité, on oublie que n’être pas d’accord ne signifie pas pour autant fermer ses oreilles et fermer son coeur (ce qui a tant manqué d’ailleurs lors des débats autour du mariage pour tous).

    On a le droit d’être pas d’accord, on a le devoir d’aimer.

    Répondre
  53. cricrimam a dit…

    Excellente analyse, comme toujours, merci.
    Moi, je veux croire aux petites rivières qui font les grands ruisseaux. Et moi qui n’ai jamais acheté Charlie Hebdo (simplement parce que on ne peut pas tout lire), je vais l’acheter.
    Après, ils n’ont peut être pas été assez soutenus avant mais qui aurait pu imaginer une telle horreur.

    Répondre
  54. Monop' addict a dit…

    Moi aussi, hier j’étais prés de la république, il fallait ce grand rassemblement pour manifester notre chagrin autant pour les journalistes, policiers et ces juifs qui sont morts parce qu’ils étaient juifs!
    au delà de la fraternisation autour du deuil, il va falloir travailler pour que change la société française qui est plein de contradictions: 25% d’électeurs de MLP, le livre de Zemmour qui est devenu un best seller…Le manque de moyen des assoces et des enseignants en zone sensible, le politiquement correct au sujet de l’islam etc…Du pain sur la planche!!
    J’ai l’impression d’être un peu dissonante par rapport aux sentiments exprimés ici ce matin, mais je n’arrive pas être bisounours!
    mais je vous aime tous

    Répondre
    • Caroline a dit…

      non, pas dissonante, lucide, tout simplement, et je partage cette lucidité. Comme j’ai essayé de le dire dans ce billet, hier c’était le temps du rassemblement et de la marche, aujourd’hui c’est une nouvelle étape qui commence, celle de la reconstruction, du débat, de l’action. Et je ne sais pas si nous serons à la hauteur…

      Répondre
  55. Sylvie L a dit…

    Très bel article où je me suis retrouvée (en particulier en ce qui concerne les doutes !!!!!) pour le reste j’ai réussi à défiler sur un des cortèges, donc j’ai été plus chanceuse

    Je suis fière d’avoir participé à cette marche, j’ai rarement vu un tel rassemblement et un tel respect mutuel…..je croise les doigts pour que ça dure…..

    Répondre
  56. La semaine d'une gourmette a dit…

    J’ai beaucoup aimé le commentaire qui dit « Charlie hier, c’était le symbole des valeurs de notre société ». C’est tellement ça !
    Quand à s’abonner à Charlie Hebdo pour marque son soutien, je ne trouve cela ni hypocrite ni opportuniste. A l’époque de la fatwa contre Rushdie, j’avais acheté « Les versets sataniques » par solidarité (et du coup j’ai découvert un de mes auteurs préférés…).

    Répondre
  57. Carolin_e a dit…

    En ce qui me concerne, ma réaction aurait été la même quel que soit le journal. Ce qui prime, c’est l’atteinte à la liberté d’expression, que ce soit celle de Charlie Hebdo, du Figaro ou du Nouvel Obs (pour ce citer qu’eux). Je comprends que les fervents défenseurs du journal soient un peu perturbés par toute cette agitation, mais je pense vraiment que les personnes qui se sont mobilisées en cette fin de semaine l’ont fait pour protester contre l’atteinte à la liberté, et c’est cela qu’il faut avant tout retenir. Tu le dis très bien Caroline, nous n’étions pas tous présents pour les mêmes raisons, mais chacun avait à coeur de crier sa peine, sa colère et de montrer que non, nous ne nous cèderons pas à la peur. C’est pour moi, le plus important.

    Répondre
    • Jérôme a dit…

      Moi je ne comprends pas vraiement les « fervents défenseurs » de CH…Hier, et pour longtemps maintenant, Charlie n’est n’est plus Charlie…Charlie est devenu le symbole, le synonyme de nos Libertés…Tout comme beaucoup d’entre nous, je pense, je ne veux pas me laisser culpabiliser parce que oui, je ne lisais pas CH toutes les semaines…Mais tout comme vous, j’aurais été là, debout, si la rédaction du Figaro avait été décimé…Qui peut me dire en quoi nous ne sommes pas légitime à défendre nos valeurs?

      Répondre
  58. dalva a dit…

    En partant vers 14h, je fermais ma porte quand ma jeune voisine (que je connais fort peu) sort aussi de chez elle, bien couverte, bottes fourrées au pied, sa carte d’identité à la main. Pas besoin d’être Madame Soleil pour deviner ce qu’elle allait faire… La marche commençait sur le palier et le complice « bon courage » que nous avons échangé en bas dans le hall m’a aidée à faire gare de l’Est-père Lachaise en près de cinq heures, mais pas grave, même pas mal (aujourd’hui, si, mal partout !!!)

    Répondre
  59. Christine a dit…

    Bonjour Caro,
    Je ne commente jamais mais aujourd’hui je veux te remercier d’être là tous les jours, fidèle au poste, à entretenir la flamme et ce malgré tes propres galères. Tu partages, tu consoles, tu es là. Un immense merci ! Bisous

    Répondre
  60. Jérôme a dit…

    Tout comme vous, je suis « ennuyé » de la réaction de certains qui viennent nous « expliquer » que « nous » n’avions pas la légitimité à défiler, « qu’ils » n’auraient pas voulu ça, que nous ne devions pas les honorer comme cela…
    Peu importe. Hier, j’ai été si fiers quand mes 2 gônes m’ont répondu, « bien surs on y va ».
    Être là, avec eux, et toute la famille, leurs grand-parents… nous avons attendu et défilé nous avons senti ce souffle et cette envie…Voilà, Lyon, ville de la Résistance, était bien là au rendez-vous, au-delà de ce que j’espérais…
    Voilà, NOUS avons marché pour notre Liberté, pour cette Fraternité, pour que tous, nous ayons à cœur cette Égalité que parfois nous oublions…
    Merci Caroline pour vos mots, qui avec parfois la délicatesse d’un parpaing, arrivent à exprimer ce que nombre d’entre nous n’arrivent pas à dire…et pour ma part bien maladroitement…

    Répondre
  61. Chrisssine a dit…

    Hier, j’ai manifesté pour la première fois de ma vie pour dire OUI à la liberté (liberté de pensée, d’expression, de la presse..).
    Je suis venue sans mes enfants (j’aurai eu peur de les emmener), mais il y avait plein d’enfants (une toute petite notamment, qui poussait sa poussette avec son doudou dedans).
    Je n’ai pas réussi à arriver Place de la République (ne parlons pas de la Place de la Nation), mais j’ai pu dire « je suis Charlie », j’ai pu dire OUI à la liberté au milieu de cette foule incroyablement soudée (et j’ai avec besoin).
    Je commente si rarement ici Caroline, mais merci pour cet espace de liberté.

    Répondre
  62. Mina a dit…

    Ce qui me manque vraiment beaucoup aujourd’hui c’est de découvrir ce que les 4 Charlie auraient dit (dessiné) sur tous ces évènements… Comment ils auraient réussi à nous faire rire sur tout ce qui vient de se passer… Essayons de continuer d’apprendre à savoir rire à nos enfants, à tous les enfants même jusque dans les lieux les plus fermés de notre société (et pour que le rire fuse, il faut aussi des moyens autres qu’une bonne blague!). Apprenons leur à réfléchir et à avoir le sens critique (et peut-être aussi à dessiner…).
    J’attends avec impatience de découvrir l’héritage de Charlie, non seulement mercredi dans les kiosques, mais aussi les vocations que tout cela aura pu susciter! J’ai l’espoir que cette semaine folle, et surtout la journée de hier, aura semé la petite graine (oui, je sais, encore des bons sentiments) dans les coeurs et pas seulement chez les nouvelles générations mais, pourquoi pas, chez tous ceux qui ont fait la bise à Hollande…
    Hier, dans ma petite ville de province mais oh combien cosmopolite, j’étais fier de défiler sous le regard narquois de la
    statue de Voltaire!
    Encore merci Caroline de continuer à nous faire rire et réfléchir et aussi à tous ces commentateurs/trices (ça va pas arranger mon emploi du temps, encore aujourd’hui…)
    Bien à vous.

    Répondre
  63. AVELINE a dit…

    Je me suis plantée de billet, j’avais posté ce qui suit sur ton billet précédent, Caroline, gloups !
    Post deuxième édition, donc.
    Fervent lecteur de Charlie Hebdo… ou pas.
    Amateur de leurs dessins… ou pas.
    Abonnement au journal… ou pas.
    Etre de la marche… ou pas.
    Pour ma part, hier, la question était de marquer un acte, de dire toute l’horreur que j’ai ressentie de voir « tomber sous les balles » des figures de notre mémoire collective emblématiques d’un certain « esprit français » fait de gaudriole et d’irrévérence, pour la forme, et d’analyse et de tolérance, pour le fond, un esprit fait de légèreté et de profondeur, en somme.
    Parce qu’on a le « DROIT » d’être tout ça à la fois.
    Je refuse la pensée unique et je continuerai à poser les actes qui me semblent justes, en toute conscience.
    La républicaine athée que je suis éprouve un malaise ce matin, celui de constater que la religion est beaucoup à l’ordre du jour au lendemain de cette marche… Dans les médias, j’entends.

    Répondre
  64. Lola a dit…

    Nous sommes très naifs, cette solidarité soudaine me gêne beaucoup. Je crois que le  » je suis Charlie » a des significations différentes pour chacun et je crains que son usage ne soit pastoujours pour les bonnes raisons. Les attaques contre Charlie Hebdo, les policiers et les victimes au magasin casher sont impardonnables mais ce nombrilisme national m’agace vraiment. Well maintenant nous avons notre 9/11 mais dans d’autres pays c’est 9/11 tous les jours. Dans d’autres pays il y a d’autres Charlie mais personne ne réagit, personne ne se rassemble.
    Wake Up !

    Répondre
    • filledesbrumes a dit…

      C’est étrange Lola… tu conclus en disant Wake Up! et tu commences en disant que cette solidarité soudaine te dérange beaucoup… Alors on fait quoi en fait? On se réveille ou on reste couchés parce que c’est trop soudain?…

      Répondre
      • filledesbrumes a dit…

        C’est un peu comme se dire « j’aiderais bien cet homme sans domicile qui crève de froid en bas de ma rue mais je vais m’abstenir parce que dans le monde il y a des peuples entiers qui meurent de faim ». Non?

        Répondre
        • Lola a dit…

          Je veux dire que soudainement tout le monde réagit parce que c’est en France mais que malheureusement des actes barbares, des massacres ils s’en passent depuis longtemps et on en parle pas. J’ai vraiment l’impression que tout le monde se réveille parce que ça touche à notre personne, à notre pays, à une puissance mondiale et pas un pays du tiers monde. Je veux dire tous ces chefs d’états bras dessus, bras dessous quelle mascarade ! Merde j’aurais voulu les voir manifester de la sorte contre l’attaque de Fallujah par les américains en Novembre 2004. L’utilisation de « Wake Up » parce qu’il y a beaucoup d’hypocrisie. Nous fermons les yeux sur beaucoup d’autres événements.

          Répondre
          • Anneso a dit…

            Oui,je suis plus touchée quand ça se passe près de moi,quand ça implique des personnes que j’appréciais,oui,ça va bien la démago!

        • Lola a dit…

          Oui pour reprendre ton exemple c’est un peu comme si soudainement une association caritative donnait tout son argent ou toute son attention à une même communauté alors qu’elle a ignoré les besoins des autres pendant des années. C’est un peu écœurant à vrai dire.

          Répondre
          • Paola44 a dit…

            Je suis tout-à-fait de votre avis, Lola.
            Que pensent-ils, en Irak et ailleurs, de notre vingtaine de morts?

  65. Elosyia a dit…

    Oui c’était assez dingue hier ce rassemblement !
    Je suis partie de Goncourt avec des amis vers 15h,
    Nous avons suivi le premier cortège croisé et Nous sommes arrivés à 17h30 à Nation.
    C’était dingue toutes ses banderoles, cette diversité, cette chaleur humaine, je me suis rarement sentie en plein dans une unité, c’était plein d’émotions.
    Arrivés à Nation avec le soleil déclinant, j’ai vraiment senti ma mélancolie sortir totalement. Des jours de peur, de tristesse qui me sont revenus en pleine poire à ce moment là et pendant la manif aussi. Et je me suis dit que ce moment était à la fois dingue et triste. Je pense comme toi, que l’on ne sera vraiment plus pareil depuis ces évènements. Mais j’espère et c’est ce que j’ai envie de voir dans ce rassemblement une forme d’espoir pour la suite.
    Je me fais rare ici, mais je suis toujours contente de lire tes textes, surtout celui d’aujourd’hui qui parle à beaucoup.
    Une belle journée !

    Répondre
  66. Elise a dit…

    Bonjour à tous

    Je reste pleine de ressentis contradictoires ce matin …
    J’ ai été,, je crois bien pour la première fois, fière d’être francaise dans ce qu’elle a pu présenter de solidarité et de courage.
    Maintenant j’ai la gueule de bois parce qu’on parle déjà de ça au passé. Parce que j’ai entendu non-stop le terme sécurité depuis ce matin.
    Parce que pour le coup j’ai ressenti cette injonction d’émotion avec les gros plans limite en ralenti des défilés avec en fond sonore la musique un peu trop belle-mais-triste comme dans les films. (je veux bien du solennel m

    Répondre
  67. filledesbrumes a dit…

    Je sais pas, moi ces commentaires qui ne trouvent pas légitimes ceux qui étaient dans la rue, ou qui ne trouvent pas digne d’y descendre parce qu’il y avait aussi des responsables politiques qu’ils ne cautionnent pas, ça me fait un peu l’effet de quelqu’un à qui on montre la lune et qui regarde le doigt (et qui te dit en plus que quand on a les doigts boudinés on ne s’autorise pas à montrer la lune).
    Je n’ai pas pu être samedi à Toulouse mais hier à 15h, dans ma petite ville de 10 000 habitant j’ai été surprise de voir le nombre de personnes qui s’étaient rassemblées devant la mairie, pour une courte marche. Sans étiquette, sans revendication, sans heurts. Avec humilité surtout. Rama Yade a parlé de « dignité populaire », j’ai trouvé ça très juste. Quelle émotion de voir ensuite les images de toute la France, avec cette même dignité. A Paris les politiques ont été en tête du cortège, quelques minutes, mais c’était une évidence qu’hier, comme la veille ailleurs, comme mercredi soir, le peuple n’avait pas besoin de chef d’orchestre.
    Je souscris complètement au commentaire qui dit que « Not Afraid » c’est un message qu’on s’est adressé les uns aux autres. Nous avons repris confiance les uns dans les autres parce que l’union est venue de l’intérieur.
    Il faut que ça dure…

    Répondre
    • Pauline a dit…

      Oui, et ?
      d’abord, merci bien pour la photo de cet enfant démembré qui te saute au visage…
      Sinon c’était une question pour hier, et moins pour aujourd’hui…
      Ensuite, à part le questionnement sur la présence de certaines personnalités, questionnement qui a été mien également,
      …qu’est ce que ca m’agace de lire des trucs du style : « on nous oblige à crier « je suis charlie » « . Personne n’a été obligé à rien… dans une manif si tu n’as pas envie de chanter la marseillaise tu peux juste te contenter d’être là. Hier personne n’y allait de la même manière, ni complètement pour les mêmes raisons… sauf peut-être l’envie de dire « non ». Chacun à sa manière, chacun à quelque chose en particulier, la barbarie, la mise à mal de la liberté d’expression, l’intolérance, le fanatisme…

      Répondre
  68. AVELINE a dit…

    Je crois que je vais préciser la pensée de la fin de mon post de toute à l’heure, parce que c’est vraiment une question qui me chagrine et que j’aime bien appeler un chat un chat, parce que le vocabulaire, les mots ont leur importance, tout de même.
    Alors, la républicaine athée tolérante que je suis (enfin, qui vise à l’être), qui a tenté d’élever ses enfants dans un esprit laïque, évoquant avec eux TOUTES les religions sans discréditer la croyance d’autrui, voudrait que cessent, dans les médias et ailleurs, ces qualifications de : juifs de France, musulmans de France… pour les remplacer par les expressions de français de confession musulmane ou français de confession juive, pour ne citer que ces confessions.
    Ca « communautarise » moins, tout de suite, non ?
    Parce qu’après tout, les non-croyants doivent bien faire avec les croyances existant dans la société et qu’on n’évoque jamais, et c’est tant mieux, les « athées de France » et autres non-croyants.
    Mon propos est un appel à la tolérance et au respect mutuels.

    Répondre
  69. Nine a dit…

    J’adore ton titre et sa référence : pour moi, il résume à lui seul une désespérance face à la situation : on ne comprend pas bien, on a la gueule de bois, ce qui s’est passé ne nous plait pas ‘alors on marche’…
    Musulmans, Juifs, Athées, Policiers, Journalistes, Politiques, De la famille, De Sodexo, Gauchistes, De droite, Extrémistes, Français, Etrangers…chacun a manifesté pour une raison un peu différente. Je ne pense pas partager toutes les multitudes de raisons (certaines pourraient même franchement me déranger), mais j’ose croire que la majorité se rejoignait sur le partage de valeurs fondamentales. Ici, c’est la Liberté qui a été attaquée : liberté d’expression, liberté de croyance.
    Je crois que ‘Je suis Charlie’ était un cri de ralliement. Peut-être pas le bon pour les puristes ou réunir tout le monde : ça aurait pu être ‘No Pasaran’, ‘Not afraid’ ou ‘Liberté’ ou ‘Non’ ou ‘Lesattentatscestmallalibertecestbien’ ou que sais-je, mais pour moi, il symbolise juste la défense de la liberté, des libertés en s’appuyant sur le rejet de ce qu’il s’est passé dans les locaux de Charlie Hebdo mercredi, mais en en faisant quelque chose de plus universel…
    Et ensuite ? Je ne sais pas…
    Au soir du 21 avril 2002, j’avais affiché ‘Non’ à mes fenêtres et j’avais participé à un pique-nique républicain. And so what ? En 2014, aux élections européennes le FN est « premier parti de France ». Pas la même chose, mais l’inquiétude quand même que la mémoire s’efface…

    Répondre
  70. Elise a dit…

    Bonjour à tous

    Je reste pleine de ressentis contradictoires ce matin …
    J’ ai été,, je crois bien pour la première fois, fière d’être francaise dans ce qu’elle a pu présenter de solidarité et de courage.
    Maintenant j’ai la gueule de bois parce qu’on parle déjà de ça au passé. Parce que j’ai entendu non-stop le terme sécurité depuis ce matin.
    Parce que pour le coup j’ai ressenti cette injonction d’émotion avec les gros plans limite en ralenti des défilés avec en fond sonore la musique un peu trop belle-mais-triste comme dans les films. Et que les mises en scène me cassent les ovaires .
    Parce que je n’ai pas pu m’empêcher de penser en voyant nos différents élus / représentants se bousculer pour être les premiers sur la photo qu’on allait (bien évidemment) en bouffer de la récupération , de tous les bords …
    Parce que je pense que non moi je n’aurai pas réagi exactement pareil si ça avait été un autre journal qui avait été décimé. Choquée j’aurais été oui mais c’est justement c’est celui ci qui a été visé , et pas un autre , que ce choix , aux yeux de ceux qui l’ont fait, n’était pas le simple choix de la presse en général, et que ça a un sens. (et oui je sais que demain ça pourrait l’être un autre journal et que ça m’inquiète de plus en plus ).

    Parce que j’ai lu plein d’articles qui reviennent sur le pourquoi du comment des extrêmismes, des fondamentalismes etc … et que je ne peux oublier à quel point la république, la chose publique, est abandonnée aujourd’hui à la grande pieuvre « économie » et par conséquent déshumanisée voire létale en son sein même. (Junker aussi ? Noooooooon …)

    Parce que je repense à différents combats , à mon niveau , que j’ai pu mener concrétement par le passé , et à quel point , inexorablement, ils ont été vains. (pour ma part la défense des hôpitaux publics, et en particulier la psychiatrie , ainsi que l’école publique ). Et ce il me semble dans une certaine indifférence de mes concitoyens… (amère moi ? oui)
    Bon je suis pas gaie quoi.

    Maintenant, et j’arrête de prendre le blog de Caroline pour ma tribune personnelle, (encore merci hein ça m’a soulagée de pleins de trucs de lire et écrire ici pendant 3 jours) , j’ai ma petite voix positive qui me hèle encore un peu, là bas tout au fond, et je propose aux lyonnais qui le souhaitent, pourquoi pas , d’envisager l’idée de se rencontrer peut être, d’échanger, de réfléchir ensemble.

    Répondre
    • AVELINE a dit…

      C’est précisément la remarque que je me suis faite après avoir posté 2 fois sur ce billet : Caroline nous offre une tribune, et je l’en remercie (c’est un vrai boulot à part entière de lire, modérer, répondre !!!!!) pour exprimer tous ces sentiments qui nous ont bousculés ces derniers jours et toutes les questions que posent ces événements pour notre société, notre avenir et celui de nos enfants… Je vais essayer de digérer tout ça en silence.

      Répondre
  71. sylvie a dit…

    Très touchant ton article.
    Moi, je suis complètement k.o. Hier nous étions 40 000 dans ma ville, sans drapeaux, sans signes distinctifs et sans colère (message passé par les organisateurs.) et tout le monde a respecté, tout le monde a marché dignement, calmement en suivant le parcours. C’était beau, émouvant, entrecoupé d’applaudissements, de crayons levés de messages d’amour et de respect.
    Je suis k.o de tant d’émotions consécutives….le décès d’une collègue, ses obsèques puis mon annif au milieu et le lendemain, où je désirais retomber sur mes pieds….l’horreur à Charlie et la suite qu’on connaît. J’ai perdu en légèreté, je me sens lourde, comme courbaturée, tout me semble futile. J’ai l’impression d’avoir grandi d’un coup et pourtant je ne suis pas une jeunette 😉
    Marre aussi de facebook, de tous ces statuts de soutien, de haine, des pour, des contres, de toutes ces infos reprises sous toutes leurs formes jusqu’à en vomir. Vais faire un break, tout me semble hostile jusqu’aux avis de certaines personnes que je croyais connaître…..tout me blesse, tout me touche. Alors je vais faire ce que je fais le mieux quand je n’ai pas la pêche, me recroqueviller sur moi, mon entourage proche, mes amis, mes bouquins et me répéter comme un mantra ce que m’a dit mon ostéo : le monde est injuste et on ne vit pas dans un monde de bisounours (monde de bisounours, phrase que j’ai en horreur, tellement à la mode,pffff). Veux pas être à la mode.
    Je suis Charlie

    Répondre
    • sylvie a dit…

      En me relisant, je me rends compte que je n’ai parlé que de moi, pardon. Ton article, tes photos et certains commentaires me touchent profondément. C’est juste que je suis en trop plein d’émotions pour analyser quoi que se soit aujourd’hui. 🙂

      Répondre
  72. Lafeécé a dit…

    Bonjour Caroline je me retrouve dans ce que tu écris et les émotions ont été partagées
    À Nantes prise dans la manifeste un peu malgré moi j. Ai essayer de contourner car la foule me terrorise … Mais je n ai pu m empêcher de ma suivre à distance malgré tout … Ce qui s en dégageait …
    Une sérénité peut être de ces humains libres rassemblés ???
    Et demain ? Œuvrons au quotidien …
    Je me permet de coller un lien vers un texte de grand corps malade … Ce n est pas la « came musicale  » de tout le monde mais le texte m’a parlé …
    https://m.youtube.com/watch?v=U2a79-0QuGo
    Marchons !

    Répondre
  73. Ccil a dit…

    Et bien moi, j’embête le cynisme (voyez, j’ai même arrêté les insultes… temporairement, je ne me fais pas d’illusion sur la grossière petite personne que je suis parfois), et je mise à fond sur la gentillesse, la tolérance et la bienveillance. Et tant pis si ça fait gnan gnan.

    Répondre
  74. mardep a dit…

    Bonjour Caroline,
    Je ne vais pas être originale en te disant que tu as trouvé les mots justes, encore une fois…C’est parce que tu les trouves si souvent que nous sommes si nombreux à te lire chaque jour…Merci.
    Je lis tous les commentaires, toutes ces interrogations, tous ces doutes, cet espoir et ce cynisme, cette envie d’y croire et cette peur que tout s’efface très vite…
    On a beaucoup discuté ce week end, avant et après notre petit rassemblement coréen (400 personnes quand même !). Du message « je suis Charlie », et de « je ne suis pas Charlie », du bien fondé de la présence de tous ces chefs d’état et de gouvernement, de la position vis à vis du FN,…Comme toujours, on peut tout analyser en positif, ou en négatif…
    Je vois cette marche, ces marches et rassemblements, en France et dans le monde, comme un formidable élan contre l’intégrisme, le fanatisme et la violence, et pour la liberté, les libertés.
    Je ne suis pas naive, rien n’est définitif et ce 11 janvier n’est qu’un symbole. Mais quel symbole !
    Notre pays est une démocratie, c’est à chacun de faire durer cet élan et de prolonger cette vague. Chacun porte une responsabilité individuelle, celle de ne pas retourner dans son petit quotidien en attendant que d’autres fassent à sa place, celle de ne pas se taire, celle d’éduquer ses enfants en osant utiliser les bons mots, celle de dire non chaque jour aux incivilités, celle de dénoncer les injustices et les passe-droits, celle d’agir et de sortir du cadre…
    Le défaitisme est une valeur à jeter, les français que nous sommes doivent relever la tête, y croire et continuer à marcher.
    C’est parti !

    Répondre
  75. madeline a dit…

    Le silence des pantoufles est plus dangereux que le son des bottes.
    Texte de Martin NIEMÖLLER (1892-1984)
    >
    > Un homme, dont la famille faisait partie de l’aristocratie allemande, avant la seconde guerre mondiale, possédait un certain nombre de grandes usines et de propriétés. Quand on lui demandait combien d’allemands étaient de véritables nazis, il faisait une réponse qui peut guider notre attitude au regard du fanatisme.

    > Peu de gens sont de vrais nazis, disait-il, mais nombreux sont ceux qui se réjouissent du retour de la fierté allemande, et encore plus nombreux ceux qui sont trop occupés pour y faire attention. J’étais l’un de ceux qui pensaient simplement que les nazis étaient une bande de cinglés. Aussi la majorité se contenta-t-elle de regarder et de laisser faire. Soudain, avant que nous ayons pu réaliser, ils nous possédaient, nous avions perdu toute liberté de manœuvre et la fin du monde était arrivée. Ma famille perdit tout, je terminai dans un camp de concentration et les alliés détruisirent mes usines.
    > La Russie communiste était composée de russes qui voulaient tout simplement vivre en paix, bien que les communistes russes aient été responsables du meurtre d’environ vingt millions de personnes. La majorité pacifique n’était pas concernée.
    > L’immense population chinoise était, elle aussi, pacifique, mais les communistes chinois réussirent à tuer le nombre stupéfiant de soixante-dix millions de personnes.
    > Le japonais moyen, avant la deuxième guerre mondiale, n’était pas un belliciste sadique. Le Japon, cependant, jalonna sa route, à travers l’Asie du sud-est, de meurtres et de carnages dans une orgie de tueries incluant l’abattage systématique de douze millions de civils chinois, tués, pour la-plupart, à coups d’épée, de pelle ou de baïonnette.
    > Et qui peut oublier le Rwanda qui s’effondra dans une boucherie. N’aurait-on pu dire que la majorité des Rwandais était pour la Paix et l’Amour ?
    > Les leçons de l’Histoire sont souvent incroyablement simples et brutales, cependant, malgré toutes nos facultés de raisonnement, nous passons souvent à côté des choses les plus élémentaires et les moins compliquées : les musulmans pacifiques sont devenus inconséquents par leur silence.
    > Aujourd’hui, des experts et des têtes bien pensantes, ne cessent de nous répéter que l’Islam est la religion de la paix, et que la vaste majorité des musulmans ne désire que vivre en paix. Bien que cette affirmation gratuite puisse être vraie, elle est totalement infondée. C’est une baudruche dénuée de sens, destinée à nous réconforter, et, en quelque sorte, à diminuer le spectre du fanatisme qui envahit la Terre au nom de l’Islam.
    > Le fait est que les fanatiques gouvernent l’Islam, actuellement. Ce sont les fanatiques qui paradent. Ce sont les fanatiques qui financent chacun des cinquante conflits armés de par le monde. Ce sont des fanatiques qui assassinent systématiquement les chrétiens ou des groupes tribaux à travers toute l’Afrique et mettent peu à peu la main sur le continent entier, à travers une vague islamique.
    > Ce sont les fanatiques qui posent des bombes, décapitent, massacrent ou commettent les crimes d’honneur. Ce sont les fanatiques qui prennent le contrôle des mosquées, l’une après l’autre. Ce sont les fanatiques qui prêchent avec zèle la lapidation et la pendaison des victimes de viol et des homosexuels. La réalité, brutale et quantifiable, est que la majorité pacifique, la majorité silencieuse y est étrangère et se terre.
    > Les musulmans pacifiques deviendront nos ennemis s’ils ne réagissent pas, parce-que, comme mon ami allemand, ils s’éveilleront un jour pour constater qu’ils sont la proie des fanatiques et que la fin de leur monde aura commencé.
    > Les Allemands, les Japonais, les Chinois, les Russes, les Rwandais, les Serbes, les Albanais, les Afghans, les Irakiens, les Palestiniens, les Nigériens, les Algériens, tous amoureux de la Paix, et beaucoup d’autres peuples, sont morts parce que la majorité pacifique n’a pas réagi avant qu’il ne soit trop tard.
    > Quant à nous, qui contemplons tout cela, nous devons observer le seul groupe important pour notre mode de vie : les fanatiques.
    > Enfin, au risque de choquer ceux qui doutent que le sujet soit sérieux et détruiront simplement ce message, sans le faire suivre, qu’ils sachent qu’ils contribueront à la passivité qui permettra l’expansion du problème.
    > Aussi, détendez-vous un peu et propagez largement ce message.
    > Espérons que des milliers de personnes, de par le monde, le liront, y réfléchiront et le feront suivre…
    > Quand ils sont venus chercher les communistes, je n’ai pas protesté parce que je ne suis pas communiste.
    > Quand ils sont venus chercher les Juifs, je n’ai pas protesté parce que je ne suis pas Juif.
    > Quand ils sont venus chercher les syndicalistes, je n’ai pas protesté parce-que je ne suis pas syndicaliste.
    > Quand ils sont venus chercher les catholiques, je n’ai pas protesté parce-que je ne suis pas catholique.
    > Et lorsqu’ils sont venus me chercher, il n’y avait plus personne pour protester.
    > Texte de Martin NIEMOLLER (1892-1984), pasteur protestant arrêté en 1937 et envoyé au camp de concentration de Sachsenhausen. Il fut ensuite transféré en 1941 au camp de concentration de Dachau . Libéré du camp par la chute du régime nazi, en 1945.
    > On ne peut s’empêcher de repenser à cette phrase de l’un de nos congénères les plus éclairés, lui aussi allemand d’origine :
    > Le monde est dangereux à vivre non pas tant à cause de ceux qui font le mal, mais à cause de ceux qui regardent et laissent faire.
    > Albert Einstein

    Répondre
    • Caroline a dit…

      bon, j’aurais tendance à modérer certaines de ces phrases, parce que je ne pense pas, loin de là, que toutes les mosquées soient gouvernées par des fanatiques. Mais j’aime beaucoup la première, le silence des pantoufles est plus dangereux que le son des bottes…

      Répondre
      • Coline a dit…

        Heu enfin,
        je voudrais rappeler quand même
        que les plus nombreuses victimes sont musulmanes :
        130 enfants tués dans une école pakistanaise
        les gamines vitriolées parce qu’elles veulent aller à l’école en Afghanistan
        les journalistes massacrés un peu partout et pendant une paire d’années en Algérie
        les filles enlevées qu’on sait pas ce qu’elles deviennent
        enfin bref, ça me paraît pas être une question de religion, mais de pouvoir : celui que la secte des salafistes (financée par les wahabites)
        voudrait exercer sur les infidèles, pis les sunnites, et éventuellement les chiites (mais eux ils sont déjà un peu acquis à la cause)….
        Ces « terroristes » là, ce sont avant tout des délinquants et des trafiquants de tout poil. Bien souvent ils ont découvert Dieu en prison : moi je dis, Dieu, faut le sortir de taule, il y fait du dégât…

        Répondre
    • ES a dit…

      madeline, pourrais-tu préciser l’origine de ce texte (puisqu’il s’agit visiblement d’une citation, vu les « > » en début de ligne) ?
      Il ne peut pas être attribué en entier à Martin Niemöller, vu qu’il parle entre autres du génocide Rwandais, bien postérieur à 1984. Seule la petite partie à la fin « quand ils sont venus chercher les communistes… » peut lui être attribuée. (Voir par exemple:
      http://fr.wikipedia.org/wiki/Martin_Niem%C3%B6ller )

      Quant au reste, il me semble qu’il y a des analogies assez hasardeuses entre des situations qui n’ont pas grand-chose à voir… En particulier, on ne peut guère comparer la situation des citoyens d’un pays donné à un certains moments de l’histoire (par exemple le Japon d’avant-guerre), qui sont soumis à un certain régime politique, et celle des croyants d’une religion (qui est représentée dans des dizaines de pays dans le monde, et qui n’a pas d' »autorité » centralisée). Je ne vois pas en quoi un français de confession musulmane aurait plus de pouvoir qu’un français de confession juive ou chrétienne ou qu’un français athée pour contrecarrer les agissements de Boko Hara au Nigéria ou de Daesh en Syrie, ou pourquoi il aurait à se sentir responsable de ce que des fanatiques haineux commettent (par exemple, on n’est pas allé demander aux français de disant « de droite » d’aller se désolidariser des massacres commis par des fanatiques d’extrême droite comme Breivik en Norvège ou McVeigh aux Etat-Unis, ni aux français se disant « de gauche » d’aller se désolidariser des Brigades Rouges italiennes ou d’Action Directe…)

      Répondre
  76. kalloos a dit…

    J’ai piétiné, eu froid, très envie de faire pipi (alors que je n’avais pas bu de café EXPRES au p’tit dej) (et oui, ce n’est pas un détail quand on a à peine la place nécessaire pour se gratter le nez depuis près de 3/4 d’heure !).
    Je n’ai pas réussi, à mon grand dam, à poser ne serait-ce qu’un doigt de pied sur la place de la Répu… et me suis donc fais un devoir d’aller jusquà Nation.
    J’ai en mémoire des visages tristes, graves, rigolards ou volontaires, des slogans percutants, engagés, bien sentis… et l’image, bld Voltaire, d’une petite vieille, seule, droite comme un I, un peu BCBG, qui se tenait debout et immobile, sur le trottoir, face aux marcheurs, avec une pancarte « After the nightmare I have a dream today » – M.L. KING

    Je ne me suis pas posée la question de ma participation. Il FALLAIT que j’y sois en dehors de toute autre considération !

    J’ai ri à la lecture de ton billet – qu’est ce que ça fait du bien !! Merci !!!!

    Répondre
  77. Valérie Hundun a dit…

    Merci pour ce billet Caroline, qui résume si bien ce que beaucoup de nous avons ressenti hier.
    J’ai moi aussi eu au début du mal à gérer d’être au milieu d’une telle foule (pour la petite histoire nous étions 5 mètres devant vous, je nous vois sur tes photos!), mais l’ambiance incroyablement calme a vite eu raison de mon inquiétude et j’ai pu « profiter » de ce pour quoi j’étais venue.
    Beaucoup de larmes mais aussi beaucoup de sourires, et surtout un esprit soudé comme je l’ai rarement ressenti (jamais même, à vrai dire).
    Dommage quand même pour l’invasion des camions tv qui a créé ce faux goulot d’étranglement, et qui fait qu’on a mis plus de deux heures de la gare de l’est à république! J’aurais bien aimé aller jusqu’à Nation mais c’était injouable…
    D’habitude pas commentatrice, j’en profite au passage pour te déclarer mon amour de lectrice, je te lis depuis la création de ce blog et tu es le seul à avoir tenu la route aussi longtemps.. Souvent d’accord, des fois pas du tout, régulièrement hilare j’aurais du mal aujourd’hui a m’en passer! Merci, merci et encore merci.

    Répondre
  78. Stéphanie a dit…

    J’ai tellement ressenti hier ce que tu as décrit, je croyais même que cela resterait indescriptible, et ben non ! Comme il était bon de fraterniser, au-delà de tous les bons ou mauvais arguments pour ne pas y aller. Je me suis même amusée lors du retour de la bienveillance et de la civilité incroyables dans des rames de métro bondées. Et maintenant dire Merci Charlie, et
    relever les manches.

    Répondre
  79. claire a dit…

    Merci pour ce billet, j’ai beaucoup aimé.
    Ces derniers jours ont remué beaucoup de choses en moi et m’ont fait passé par une étape de choc, puis de solidarité immédiate et enfin de questionnement intense.

    Je vis au Maroc et suis mariée à un marocain, j’ai donc vécu tout cela à distance et dans un contexte où tout mon entourage (ou presque) trouve les caricatures de Charlie sur le prophète absolument choquantes et où mon avis représente la minorité. Après les avoir fortement contredits (non, ce n’est pas choquant, c’est la liberté d’expression !), avoir entendu/lu divers avis et/ou cochonneries (surtout sur les réseaux sociaux) au sujet des thèses conspirationnistes, de l’islamophobie, de la récupération politique, du « 2 poids 2 mesures » entre traitement de l’islamophobie et de l’antisémitisme en France, au point d’avoir eu une overdose sur ce sujet, j’ai bien laissé reposé tout ça et essayé de me faire mon propre avis.

    On a tout à fait le droit d’être choqué par ces caricatures pas forcément utiles et qui ont probablement mis un peu d’huile sur le feu du contexte global qui associe l’islam à une menace permanente (à lire sur ce sujet : http://www.article11.info/?Charlie-Hebdo-pas-raciste-Si-vous).

    La liberté d’expression dans ses limites est autour de moi souvent assimilée à un manque de respect, et je dois dire qu’il est difficile d’expliquer clairement la différence entre les deux. L’humour (que je trouve d’ailleurs bien lourdingue) de Charlie peut ne pas être compris et on m’a souvent demandé pourquoi Charlie avait le droit de publier ce genre de choses alors qu’il a viré Siné. Est ce que la limite de la liberté d’expression varierait selon la cible ?
    Et plus largement, est ce que laïcité si fièrement affichée par la France signifierait obligatoirement le rejet des religions ? Est ce que la fraternité ne passe pas d’abord par le respect de l’autre ?

    Je pense que cette marche commune est un bon début et une bien meilleure réponse que les « oui, mais » divers et variés. Elle est rassurante malgré ses limites (déjà énumérés ici : récupération, effet de masse donc multiplication des messages, présence de personnalités clairement contre les libertés, aucune marche de cette ampleur sur des barbaries qui se déroulent chaque jour dans d’autres endroits du monde), mais il reste maintenant le plus difficile : transformer ce rassemblement en une réalité qui permettra d’améliorer le « vivre ensemble ».

    Les agitateurs comme ceux de Charlie sont nécessaires parce qu’ils ont ce mérite de nous faire réfléchir, au même titre que tous les autres courants de pensée extrêmes (et oui, même Zemmour, le FN, Dieudonné & co…), tout en prenant garde à ne pas les laisser devenir la norme. Libre à chacun ensuite de porter plainte s’il se sent attaqué et de laisser la justice trancher, en suivant la loi, qui est ce qu’elle est et reste perfectible.

    J’espère que l’humanité pourra un jour vivre sereinement en respectant les différences de chacun. Pour cela, commençons par nous même.

    Je ne suis pas sûre que mon commentaire fasse avancer le débat mais merci d’avoir permis un espace d’expression sur ce blog 🙂

    Répondre
    • Elise a dit…

      La laicité ne signifie pas le rejet des religions. Il s’agit de la neutralité entre l’Etat et l’ Eglise (les Eglises).
      Voilà moi je ne veux pas savoir qui est de quelle confession. Et je respecte, à priori, tout le monde mais ça ne me regarde pas de savoir si untel prie le dieu des chaussettes de lui retrouver la paire ou un supposé vrai dieu de l’envoyer au paradis.
      Que chacun ait le droit de croire , ou pas , et le devoir de laisser l’Autre libre de croire, ou pas.

      Répondre
      • Claire a dit…

        On est bien d’accord. Moi aussi je me fiche de savoir si vous priez ou non un dieu ou un platane et si tout le monde pouvait en faire autant je suis persuadée que l’humanité se taperait moins dessus.
        Mon point était justement de souhaiter qu’il en soit ainsi en France, ce qui me semble, vu d’où je suis, de plus en plus compliqué.

        Répondre
  80. Sandrine a dit…

    « Charlie était devenu un nom de code, un mot universel qui voulait dire non, qui voulait dire qu’on voudrait s’aimer mieux, qu’on était tristes, qu’on voulait être du côté de la vie, qu’on aimerait que ça change et peut-être, tout simplement marcher, ensemble. »
    C’est exactement ça.
    Nous étions 3 millions à entrer en résistance et c’était bien là le principal.

    Répondre
  81. MARINE92/MarineMCo a dit…

    merci Caro pour ce feed back de l’intérieur de la marche de Paris.

    Je me suis rendue au rassemblement de ma ville hier aussi.
    C’est le première fois que je le faisais, c’est donc un évènement personnel.
    J’ai hésité pendant 3 jours avant de descendre dans la rue parce que je n’ai jamais d’avis très tranchés, et surtout j’ai peur… (de la foule, des fous, des incivilités etc) On peut dire que je vis dans ma bulle.

    Si je me suis décidée à y aller, c’est justement pour braver mes peurs! et je dois dire, que je me suis rarement sentie autant à ma place. J’ai vibré, j’ai profité et je suis sortie de ma sidération pour rejoindre mes voisins, amis, famille et prendre ma place au milieu des autres.
    C’était une sorte de thérapie pour moi.

    Répondre
  82. Manlo a dit…

    Merci Caro pour cette justesse!
    Hier j’ai marché avec mon mari, mes enfants et des amis … À Bruxelles! Je suis française . Cette marche était un besoin, et nous a apaisés. Nous avons marché en hommage aux journalistes de C .H qui n’ont jamais lâché prise, en hommage à toutes les victimes et pour défendre cette liberté de penser, de croire ou pas, de blasphémer, d’avoir un humour différent…
    Certains peuvent ne pas être d’accord, mais moi je prends tout! Tout l’amour qui était présent, toutes générations confondues,c’était beau et fort!
    Et puis… En arrivant près de la gare du midi, devant les librairies juives suivies des épiceries marocaines,les familles étaient aux balcons et applaudissaient! Les larmes sont montées!! Je suis heureuse que mes enfants soient venus avec nous …

    Répondre
  83. Othilie a dit…

    Boko haram a fait 2000 morts entre le 6 et le 8 janvier dernier. 2000 personnes massacrées, violées, torturées, en 3 jours. Une ville éradiquée. J’espère qu’on a marché pour eux aussi.

    Et merci à Coline de nous rappeler les 220 lycéennes enlevées et dont on n’entend plus parler. Sans compter toutes celles qui ont été enlevées depuis pour servir à dieu sait quoi. J’espère qu’on a marché pour elles aussi.

    J’ai foulé le pavé de 68 avec mes parents et tété l’anarchie de gauche avec le lait maternel, alors oui, c’était plutôt choupi hier toute cette ferveur.

    Répondre
    • Caroline a dit…

      Othilie, cette condescendance à mon avis n’est pas très productive, je ne suis pas certaine que c’est en disant aux gens qu’ils étaient « choupi », en leur rappelant que d’autres ont battu le pavé avant eux et sont donc de « vrais » gauchistes soit obligatoire. Après, évidemment que les gens se sentent plus concernés quand ça les touche de près, c’est une loi infaillible qu’on enseigne aux journalistes dès le premier jour. On peut le déplorer, mais voilà, c’est la nature humaine qui est ainsi faite. Ceci étant dit, les victimes de Boko Haram meurent pour des raisons assez identiques que celles de france de ces derniers jours et hier, beaucoup de gens marchaient aussi contre ces actes abominables. Ce n’est pas en faisant une hiérarchie des malheurs, en envoyant à la face des gens qu’ils ne se sont pas levés assez tôt, que les choses s’arrangeront. C’est super qu’il y ait des gens comme toi et d’autres qui combattent depuis le berceau et avec une sincérité qui manque à tous les choupis moutons d’hier, mais manifestement ça ne suffit pas. Donc peut-être n’est-ce pas nécessaire de regarder ceux qui veulent aujourd’hui se mobiliser avec un mépris à peine teinté. On n’avancera pas comme ça.

      Répondre
        • Othilie a dit…

          Caroline, Jerome, j’aimerais vous rappeler qu’ici même cet été, Caroline m’a demandé vertement de me taire lorsque je parlais des exactions de Boko Haram, parce que, je cite Caroline de mémoire, il fallait parler de choses légères, en été. Elle a même parlé et j’ai du mal a l’écrire, ça franchit difficilement mon clavier, « des gamines » (sic) nigérianes. Ça ça m’a blessé profondément. Ça c’était condescendant. Alors oui, aujourd’hui j’ai le droit d’être étonnée de tant de soudaine ferveur !
          Si vous voulez vraiment continuer le mouvement il y a un moyen : adhérez à Amnesty International. 60 millions d’adhérents ça ça aurait de la gueule !

          Répondre
  84. Caroline a dit…

    Ils ont la classe tes parents!!!

    Par contre toi surement moins sur ta rambarde hahahaha ( t aurais pu te ruiner la techa ( j ai hesite avec vulve….) 😀 )

    Des bisous

    C est vrai qu on etait bien tous ensemble hier.
    A lyon, c est bien la première fois que j ai ete contente de faire 150 metres en 2h30 .

    Répondre
  85. Cathy du Gard a dit…

    Hier double manifestation pour moi : dans mon petit village d’environ 1700 habitants, moyenne d’âge eheumm ++ , on était plus de 300 devant la mairie … incroyable, on a bouché la rue principale à nous seuls … et après quelques discours spontanés, notre chorale a entonné le « Va pensiero » de Nabucco dit aussi chœur des esclaves … puis une Marseillaise qui m’a donné le frisson et des larmes – cela faisait longtemps que je ne m’étais pas sentie une partie d’un tout ( je ne sais pas si je suis claire là ) … rapidement la coutume a repris le dessus et des cubis sont sortis des coffres … moi-même j’ai toujours des gobelets en plastique dans le mien et un tire-bouchon dans la boîte à gants … on s’est dit qu’il y en avait 5 là-haut qui n’auraient pas craché sur la bibine … on a bu à la liberté de parole et à la liberté de boire dans les rues.
    Ensuite je suis partie à Nîmes, une foule considérable aussi, une ambiance différente mais chaleureuse, humaine et rassurante. Oui, j’ai retrouvé foi en l’espèce humaine, j’espère davantage pour mes petits-enfants, j’espère une liberté de parole retrouvée, la fin de la langue de bois, du politiquement correct. Le retour de Pierre Doris (quoique Jérémy Ferrari est bien parti pour la relève) est à espérer aussi. Et depuis bien longtemps, je me suis sentie fière d’être Française.
    Voilà et puis rien à voir, j’ai vu des bites partout en direct sur France 2 hier soir, et ça m’a réjoui.
    Bon c’était aussi peut-être l’effet du cubi

    Répondre
  86. Calamity Jane a dit…

    Merci, mille mercis d’avoir réussi à poser des mots sur mon ressenti, ce que je ne parvenais à exprimer. C’est tellement tout ça !

    Répondre
  87. Chag a dit…

    Alors autant l’ultra-déballage de sentiments qui sévit depuis quelques jours commence à m’irriter (je dois avoir un début de mycose), autant je pourrais lire avec délectation et à l’infini chacun de tes billets. Je plussoie particulièrement cette ambiance de bienveillance collective, avec des regards souriants à chaque coup de coude involontaire, ou encore des mots doux quand on se bousculait gentiment. C’est bien simple, quand il m’a marché sur le pied, j’ai bien cru que j’allais rouler une pelle à un vieux Franc Maçon qui sentait mauvais (mon fils pensait que leur écharpe était liée à une 5e maison de Poudlard).
    J’ai personnellement commencé à chialer quand j’ai vu qu’il y avait plus d’une centaine de personnes qui attendaient le tram à mon arrêt (que je devais prendre, parce que je me trainais mes trois gosses) (joie). On a réussi à en choper un, et j’ai chialé non stop, slalommant comme je pouvais avec ma poussette, tout remontant le flot de gens unis qui marchait dans et vers le même but. C’était beau, putain que c’était beau. Ceci dit, je ne pense pas être une référence en matière de pleurnichages, il est probable qu’un tel élan massif qui lutterait pour le retour des blettes gratinées à la cantine eut le même effet. M’enfin on s’en fout, j’ai battu le pavé en transpirant la fierté, regardant mes mômes avec cet espoir un peu fou d’un monde meilleur entre leurs mains. Voilà.
    Par contre, pour faire pipi entre deux bagnoles, c’était chaud-coco.

    Répondre
  88. Aurore a dit…

    Très chère Caro, des années que je lis tes mots, que je ris, pleure, adhère ou non à tes idées et je n’ai jamais fait de commentaires. Mais voilà, je me sens plus proche de toi que jamais. Je suis très en colère et très triste de ce qui s’est passé, c’est injuste, abject. Moi aussi j’avais peur que cette marche soit récupérée par les politiques dans ma ville, mais j’avais besoin de rendre hommage aux victimes et dire à mon fils qu’un monde meilleur est possible. Sur le fumier naissent les plus belles roses. Finalement je me suis sentie fière de voir autant de monde mobilisé, de voir les trois religions monothéistes ensemble pour une fois (je suis athée) et même si la Marseillaise ne me semblait pas du tout appropriée j’ai pleuré en l’entendant chantée par tous avec tant d’émotion et d’amour pour les morts.J’espère que cette unité d’un jour va durer, qu’on va se parler, qu’on va comprendre que le communautarisme c’est merdique, que la haine appelle la haine. Tanti bacci a tutti

    Répondre
  89. Jean-Romain G a dit…

    Alors on marche sur la tête…

    Je m’approche doucement de la quarantaine et je ne suis pas Charlie. Les idées libertaires que véhicule cet organe vivant « sous perfusion » sont à l’opposé des miennes.

    Quelques questions éparses : A-t-on le droit de blasphémer au nom de la liberté d’expression. Alors si oui, pour quelle raison les « Femen » n’iraient-elles pas faire une petite visite dans les mosquées ou dans les synagogues ? Peut-être recevraient –elles un meilleur accueil que dans les églises…
    Ne craint-on pas, en réimprimant les affiches du prophète Mahomet, d’attiser le feu par une huile dont les banlieues n’ont pas besoin ?
    La France dite unie est descendue dans la rue dimanche. La fébrilité de la dite union n’a sans doute pas échappé à votre jugement éclairé qui se garde de toute naïveté. La République prétend ainsi défendre plus que jamais les valeurs de tolérance, de liberté, de fraternité, du multiculturalisme. Soyons francs (sans jeu de mots). Elle y est aujourd’hui aidée par le tapage et le matraquage médiatiques. Le « Je suis Charlie » me rappelle le « Touche pas à mon pote » de 1984. Vous vous souvenez certainement des badges distribués dans les écoles, à la rentrée. (Un an après vos vacances en Bretagne, vous aviez une douzaine d’années et un beau bonnet de marin sur la tête). Je garde de bons souvenirs de ces années d’insouciance, années des « Morgane de toi » et des « Mistrals-Gagnants ».J’avais tout juste l’âge de raison.

    Trente années se sont écoulées. Je dois dire que le mythe du vieux rêve socialiste m’a lui interpellé dès mes vingt ans environ. J’avais fais le choix dès cette l’époque d’en prendre le contre-pied, ce qui n’a pas toujours été sans heurt. Les manifs auxquelles j’ai participé n’ont pas été si nombreuses mais je puis affirmé qu’elles n’ont pas toujours été sous le feu des projecteurs des bétacam de FR3 Rhône-Alpes ou de TLM. Peut-être que mes convictions étaient déjà alors jugées trop politiquement incorrectes. Ma participation à un écrit marqué avec de la peinture blanche m’a valu quelques heures de poste puis une amende de 3500 francs au tribunal correctionnel. Après cet épisode, j’étais vacciné pour le restant de mes jours en ce qui concerne la liberté d’expression sur le sol français. (Mais grâce a lui, mes derniers doutes sur cette liberté là, en France, furent levés).

    Ce qui me consterne aujourd’hui, c’est la capacité à nier la déliquescence des politiques successives du rêve démocratique. Cette négation de la réalité est juste incroyable, comme irréelle, au point de chercher l’issu d’un éventuel réveil face au cauchemar. Mais le réveil ne vient pas, l’endoctrinement ou plutôt chez certains la volonté de croire à la mystique socialiste, ses rites, ses codes, supplante le raisonnement. Si la Foi catholique se définit par l’adhésion de l’intelligence à la vérité révélée par le verbe incarné, la Foi socialiste requiert, elle, une adhésion qui doit être très forte si capable de surmonter la réalité au point en fait de la gommer.
    Une question me vient : comment doit-on envisager la logique d’un passage de la réflexion collective de sens à la réflexion individuelle de sens. Les réponses apportées à cette question pourraient bien concourir à nous sortir de cette vision du tout socialisant.

    Il ne vous échappera sans doute pas non plus que les « Je ne suis pas Charlie » comptent des millions de Français qui ne supportent plus cette obséquieuse récupération dont ils ont jusqu’à la nausée parfois. Soyons francs. Je ne me vois pas pleurer ces hommes qui ont leur large part de responsabilité de la déliquescence évoquée, et ce depuis 1968. Puissent-ils reposés en paix et Dieu le Père dont ils se sont si souvent moqués, les accueillir au ciel. A ce titre l’Eglise est miséricordieuse. Le glas n’a-t-il pas sonné à Notre-Dame de Paris ?

    Non je ne suis pas Charlie mais bien français et las de voir autour de moi le « deux poids, deux mesures » concernant l’application de la fameuse liberté d’expression et les décisions judiciaires qui sont prises en France à son sujet. Les exemples de ces deux dernières années sont multiples.
    Comment concevoir qu’une lycéenne de 16,17 ans risque de faire 12 ou 24h de garde à vue (avec toutes les tentatives d’intimidation que cela implique) pour le simple motif d’avoir osé porter un sweat de la LMPT lors de la venue d’un politicien ?
    Lorsque les « paniers à salade » étaient plein à craquer, la France n’a pas vu les « je suis Charlie » de ce jour venir les défendre au nom de la liberté d’expression. Je sais, l’on me rétorquera : « pas de liberté pour les ennemis de la liberté » slogan pourtant largement éculé depuis 1789.

    Il ne vous a sans doute pas également échappé que la jeunesse qui a défilé à vos côtés n’avait pas le même visage que celle qui lutte, elle, depuis deux ans contre ces lois sociétales qui démolissent les derniers piliers de notre société suffisamment mise à mal.
    L’une bénéficie de tous les soutiens médiatiques, l’autre encaisse les procédures à n’en plus finir et ne les a pas encore digérées. Il va s’en dire que l’une et l’autre ne se font pas la même idée de la liberté d’expression. L’une regarde derrière elle, se retournant, se rassurant en voyant les Cohn-Bendit et consorts les soutenir, l’autre regarde droit devant elle. L’une scande avec le tam-tam dans le sens du courant ambiant, tandis que l’autre remonte le fleuve à contre-courant contre la pensée dominante largement véhiculée par l’intelligentsia. L’une contribuera au suicide français et l’autre à son redressement, fredonnant les mêmes airs scouts que nos grands-parents respectifs (ils étaient très liés) qui n’auraient jamais soupçonner une seconde, au même âge, le marasme dans lequel nous sommes.
    La génération de ceux qui ont plus ou moins participé de près ou de loin aux évènements de 1968, celle de nos parents, Caroline, passe… C’était peut-être leur dernière descente dans la rue dimanche, pour battre le sol de la capitale ou celui des villes de province. La nostalgie de leurs attaches aux idées libertaires a suscité un élan communautaire, de l’émotion. Celui-ci et celle-là passeront également, tout comme eux. Il semble que l’on veuille souffler sur les dernières braises pour tenter de rallumer le foyer, un peu comme dans la guerre du feu de Jean-Jacques Annaud. Notre génération a assez durement payé les fautes de la précédente au point qu’elle continue à tout mettre en œuvre afin de ne point les reproduire. Le fait est qu’elle s’apprête à occuper des postes à responsabilités et que cela effraye les plus âgés des « Je suis Charlie », les presque septuagénaires qui avaient l’opportunité enfin de reconnaître s’être trompé.
    Mais là encore il en va comme d’un rêve détruit. Celui-là même dans lequel ils sont à la fois acteurs et spectateurs. Nous n’avons sans doute jamais été aussi proche de la guerre civile dans notre pays. Comptera-t-elle aussi ses rêveurs ?

    Jean-Romain G

    Répondre
  90. Fanny a dit…

    Je n’ai pas pu participer à la marche à cause de mon état de santé mais on m’a raconté. Et mon enthousiasme naïf a été douché quand on mon amie qui a fait un malaise dans la foule a été rabrouée par le public qui la sommait « de ne pas venir quand on fait des malaises » et d’une femme voilée qui a dû entendre ce « vade retro satanas » d’une jeune manifestante. Compréhension et tolérance, je ne suis pas sûre quand on déteste déjà son voisin 🙁

    Répondre

Vote commentaire

  • (ne sera pas publié)

Vous pouvez si vous le souhaitez utiliser les balises HTML suivantes: <a href="" title=""> <abbr title=""> <acronym title=""> <b> <blockquote cite=""> <cite> <code> <del datetime=""> <em> <i> <q cite=""> <s> <strike> <strong>