Le jour d’après

New_Yorker_Charlie_Hebdo_1.0

Je ne sais vous mais moi j’ai du mal. Du mal à travailler, du mal à sourire, du mal à aimer, même, comme si le mot n’avait plus de sens. Je suis en boucle sur Inter ou I-Télé, je regarde avec une fascination presque morbide (mon quelqu’un va se RE-GA-LER) les témoignages des proches, de Patrick Pelloux, de Jeannette Boughrab. Je ne m’épargne aucun détail, je lis tout.

Je m’interroge, beaucoup.

Qu’est-ce qui relève dans cet état post-traumatique dans lequel je me sens, de la véritable tristesse, qu’est-ce qui relève justement d’une certaine « complaisance mélancolique » (encore une formule chère à qui vous savez) ?

Hier, j’ai fait ma minute de silence toute seule, en essayant de percevoir à ma fenêtre le glas de Notre Dame, en vain. Et puis je me suis dit que de toutes façons, si Charb et cie sont quelque part (ce dont je doute, j’essaie, mais je n’y crois toujours pas), ils doivent bien se marrer à l’idée qu’on donne des messes pour eux. Non parce que moi, bien avant les caricatures de Mahomet, celles qui me faisaient rire, c’étaient celles du pape. Mention spéciale à celle du pontife en train de sodomiser une taupe.

Hier, quand mes grands sont rentrés de l’école, mon angélisme en a pris un coup. Parce que les réactions qu’ils m’ont rapportées n’étaient pas vraiment en phase avec ma conviction que personne, non, personne de mon entourage ne pouvait cautionner une telle horreur. Le soir, en discutant avec leur père, on s’est dit qu’on était vraiment déconnectés, que c’était sans doute l’un des problèmes, celui de penser qu’il n’y avait pas de problème. Et en même temps, rien qu’en écrivant ces mots, j’ai peur des réactions, j’ai peur d’être mal comprise, que l’on imagine que je suppose des choses. Mais si on ne dit rien, si on se cache derrière son petit doigt, est-ce qu’à un moment on ne va pas le regretter ? Je veux dire, est-ce qu’il ne faut pas réfléchir à la façon dont on peut expliquer à ces gamins « pas spécialement choqués », que non, « ils » ne l’avaient pas cherché ? Est-ce que prétendre que ces mots n’ont pas été prononcés par des enfants que je connais et que j’aime, c’est une fois de plus remettre la tête dans le sable ? Oui, mais est-ce que soulever ces questions, ce n’est pas ouvrir la boite de Pandore du racisme ? Est-ce que ces réactions rapportées, ces salves provocatrices, ne sont pas une façon pour ces ados de se protéger, de refuser l’horreur ? Et mes enfants, d’ailleurs, est-ce qu’ils sont suffisamment outragés ? Pas vraiment, à mon goût, comme si mon indignation empêchait la leur, parce qu’à 14 ans, on ne partage pas les émotions de ses parents, peut-être.

Bref, je m’interroge, je pleure un peu et je procrastine comme jamais. Pas sortie des ronces, en somme.

Edit: Je suis bien consciente que le peu que je confie ici sur mes interrogations peut déclencher une salve de réactions, dans un sens ou dans un autre. Je compte sur vous pour rester dans les lignes, sinon je fermerai les coms, je suis trop prise aujourd’hui pour observer minute par minute ce qui se passe ici.

Edit2: Le billet de François Morel était puissant ce matin et reprenait une part de mes questionnements. Je dois dire que ça m’a rassurée, quelque part. Aussi, le témoignage de cette prof, expliquant à quel point il avait été difficile de faire comprendre les codes de ces caricatures à ses élèves, à quel point ces derniers étaient réfractaires à cet humour. C’est peut-être ça, on n’a pas les mêmes codes. Comment faire pour en inventer des communs ?

352 comments sur “Le jour d’après”

  1. Catherine a dit…

    Bonjour Caroline,
    Cela m’a effarée ce matin, de lire dans Le Soir, de Bruxelles, des réactions de gamins comme celle dont tu parles. Le problème est là, justement, en France comme en Belgique, quelle éducation, quel respect, quelle grille de lecture des médias sont proposés à nos enfants, à tous. La jeune femme de presque 20 ans qui était mon bébé hier pleurait devant la télé mercredi soir. Nous pleurons tous. Je t’embrasse, car je te lis et du coup, magie de l’écriture, j’ai l’impression d’être de ta famille. Catherine

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  2. sophiefromthetrain a dit…

    Merci Caro je me sens moins seule à avoir du mal pour tout. Je n’arrive à rien, même pas à définir et exprimer ce que je ressens. Vide mais pleine de larmes qui ne sortent pas.

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  3. dandan a dit…

    éducation, éducation, éducation , ça me parait la seule réponse !
    aller chercher, re-chercher tous ceux qu’on a laissé sur le bord de la route : voir toute cette frange de population qu’on abandonne depuis des décennies dans l’indifférence générale, et je ne parle pas que des musulmans ! la France est devenu un pays où il y a trop de pauvres, trop de laissés pour compte, pour ma part, je suis de plus en plus découragée…

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  4. Blanche neige a dit…

    Hier soir je regardais les témoignages de Patrick Pelloux et Jeannette Boughrab et j’étais en larmes, quand ma grande est arrivée, réveillée par un cauchemars. Elle m’a trouvée en larmes.
    Elle me dit : Il y a plus de gentils que de méchants, mais les méchants sont plus forts.
    Il ne faut pas qu’ils soient plus forts.

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  5. Kaleane a dit…

    J’ai entendu ce matin sur France Inter une prof qui expliquait qu’elle avait tenté de faire de la pédagogie auprès de ses élèves en discutant des caricatures religieuses de Charlie.

    Elle était choquée de la réaction négative de ses élèves musulmans qui se sentaient insultés et qui disaient qu’on ne pouvait pas rire de la religion.

    Je pense qu’il s’agit du célèbre adage : « on peut rire de tout mais pas avec n’importe qui ».

    A mon avis, il aurait fallu leur expliquer qu’ils ont le droit d’être choqués et de ne pas trouver ça drôle. Ils ont le même le droit de se sentir insultés. Mais il fallait aussi leur expliquer qu’en faisant ces dessins, le journal n’a enfreint aucune loi de la République, république laïque. Ils n’ont pas d’obligation d’acheter le journal et de s’imposer la lecture de ces articles et dessins.

    En revanche, ils ne peuvent pas non plus empêcher d’autres personnes de trouver ça drôle et de le lire…

    Il ne faut pas chercher à convaincre à tout prix ces enfants que les journalistes de Charlie Hebdo étaient gentils et drôles, il faut simplement leur expliquer qu’ils ne faisaient que leur travail, un travail légal et honorable, et que personne n’avait le droit de les faire taire, aussi dérangeants qu’ils étaient.

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    • Caroline a dit…

      Merci parce que tu viens vraiment de mettre des mots sur mes pensées, tu as raison, c’est ça, on ne peut pas les forcer à trouver ça drôle mais on peut leur expliquer qu’on a le droit de trouver ça drôle. C’est de cette prof que je parlais dans mon edit, c’était vraiment intéressant et en effet, elle n’a peut-être pas pris le truc par le bon bout en essayant de les convaincre.

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      • EllaO a dit…

        Personnellement je suis chrétienne pratiquante, et je me souviens avoir été heurtée par un des tes posts Caro, dans lequel tu étais assez virulente (sur les débaptisations peut être je ne sais plus…).
        Je me souviens que ça m’avait blessé, parce que je te lis tous les jours depuis 6 ou 7 ans, que quelque part, ton opinion compte pour moi, un peu comme celle d’une copine. (et d’ailleurs je continue à te lire chaque jour depuis)
        Mais jamais, au grand jamais, il ne faut pour autant arrêter !
        Je n’aime pas l’humour Charlie, assez peu de leurs dessins me font rire, et j’ai le droit de ne pas aimer, j’ai le droit d’être choquée ou blessée par certaines illustrations, mais comme dirait Voltaire, je me battrai pour que ca continue. J’ai le devoir de réfléchir quand je suis choquée, et j’ai le devoir de me battre pour que ca continue. Je me battrai pour l’on puisse continuer à tourner en dérision ma religion, mon Dieu. Pas seulement parce que la liberté d’expression est un droit fondamental, mais parce que j’en ai besoin, que nous avons tous besoin, qu’on nous invite à réfléchir, à rire, à sortir de ce qui nous semble évident. Parce tout ça est indispensable pour aller vers les autres, pour les comprendre, les aimer, être humain, grandir.
        Je ne lisais pas Charlie, je peux être choquée par Charlie, mais …
        je suis Charlie !

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        • Caroline a dit…

          Honnêtement, moi ça me faisait souvent rire, les dessins de Charlie, mais je ne le lisais pas souvent, ne l’achetais pas souvent. Mais comme toi, je n’ai pas l’impression que ça compte en réalité. De même que je n’ai pas besoin d’être juive ce soir pour me sentir blessée dans ma chair par ses assassinats hier. Bref, merci de continuer à me lire malgré mon anticléricalisme. ça me touche, vraiment.

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    • Ana Nasmaské a dit…

      Voilà, c’est tout à fait ce que j’ai expliqué à mon fils de 10 ans quand il m’a répondu qu’il fallait respecter la religion.
      Je lui ai également dit que le journal se moquait également de toutes les religions et même du Président de la République (ce qu’il a trouvé presque surréaliste)

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    • HeLN a dit…

      Kaleane, un immense merci pour ton commentaire d’une clarté rare, qui pose exactement les mots sur mes pensées confuses depuis mercredi.
      Caro, merci pour le débat que tu ouvres ici, et la qualité des interventions des commentateurs que tu as su fédérer.

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    • Smouik a dit…

      Je suis assez d’accord avec ce post, j’ajouterai juste que ce qu’on peut expliquer à tous, petits et grands, c’est le principe de la satire. Et que oui, il existe des gens ne sont pas réceptifs à ce style d’humour mais qu’on ne tue pas pour autant. Tous les dessins de Charlie Hebdo ne m’ont pas fait rire et il y en a avec lesquels je n’étais pas d’accord, mais je n’ai tué personne pour ça. Et les musulmans, les vrais, respectueux de l’islam, ne tuent pas. Ceux qui tuent sont des barbares, souvent manipulés par d’autres, suffisamment intelligents pour faire faire leur sale boulot par les plus démunis. Ces gens-là ne sont pas des religieux, ce sont des fanatiques, ça n’a rien à voir. Et ça, c’est déjà beaucoup si ceux à qui on l’explique le comprenne…
      Allez à dimanche, vous me reconnaîtrez, je serai au rassemblement avec un crayon sur l’oreille. Ou un Tampax…

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    • Stéphanie a dit…

      Merci, merci pour ce commentaire qui explique en des mots très clairs ce que je pense aussi. Je n’ai pas forcément été une adepte des dessins de Charlie Hebdo, je ne suis pas forcément du même bord politique, mais je suis horrifiée par ce drame… et je voudrais pouvoir répondre aussi bien que vous à ceux qui ne sont pas assez horrifiés justement, à ceux qui pensent (même s’ils hésitent à le dire trop fort) qu’à jouer la provoc, on récolte ce qu’on mérite… Merci encore de ces mots, et merci à Caroline pour ce blog si bien écrit et qui permet ce genre d’échanges…

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    • lavieacinq a dit…

      Un commentaire éclairant et vraiment intelligent!!
      Merci!
      Perso, je n’ai jamais été une grande fan de charb (par contre, Cabu…. C’est toute mon enfance, j’ai toujours eu une immense tendresse pour cet homme), j’ai acheté quelques fois charlie Hebdo (pour être honnête, je suis plus Canard enchainé) mais bon, jamais vraiment totalement adhéré (même si certains dessins me font hurler de rire!!)…..
      Hier, une personne de mon entourage m’a demandé de m’abonner à charlie Hebdo et je lui ai répondu, que non, je ne le ferais pas. Je trouverais ça d’une grand hyppocrisie finalement… Par contre, je ferais ce qu’il est possible de faire (don argent par exemple) pour que Charlie Hebdo puisse continuer de sortir!!

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    • Justine a dit…

      Tu éclaires un peu le sentiment de démarche non accomplie qui ressort du témoignage de cette prof. J’ai trouvé bien qu’elle provoque cette discussion mais j’avais l’impression qu’elle avait été un peu dépassée car elle ne s’attendait pas à ces réactions et du coup n’a peut-être pas bien su y répondre

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    • AnneM a dit…

      C’est aussi ce que je pense. Elle est là la liberté d’expression.
      Beau post Caro. Cela fait longtemps que je vous lis et j’ose enfin commenter.

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    • Coline a dit…

      J’ai été très gênée par cette interview : elle a commencé en disant qu’elle avait accueilli ses élèves avec les caricatures de Charlie Hebdo projetées au rétro .
      Était-ce bien nécessaire de rajouter du choc au choc, de l’affect à l’affect ?
      On est enseignant quoi ! On n’est JAMAIS là pour les mettre de notre côté, on est là pour les instruire, participer à leur indication, bref, enseigner…
      Partir d’un autre support, et, comme dit Kaleane, revenir au cadre juridique : on a le droit, en France, de publier des dessins choquants (y compris sur le pape, Jésus et j’en passe). Qu’il y a effectivement des limites à la liberté d’expression en général et de la presse en particulier, mais que ces limites sont fixées par la loi et le droit que disent les juges.
      Que, même quand on est blessé, on ne se fait pas justice à soi-même, et que même en cas de légitime défense, la riposte doit être proportionnelle à l’attaque.
      Dans tous les cas, sauf celui de défendre sa propre vie, le meurtre est interdit….

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        • estelle13 a dit…

          Merci beaucoup Kaleane pour ce commentaire très clair, que je vais me permettre de copier – coller et de citer pour répondre à mes collègues de la salle des profs; horrifiés par les réactions de certains élèves.

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      • Geneviève a dit…

        C’est tout à fait ça. J’ai lu aujourd’hui (à la bibliothèque municipale) ‘le petit quotidien et son « grand frère » Mon quotidien. Les événements étaient présentés avec beaucoup de clarté et d’intelligence. Ces journaux (dont Charb a été longtemps un dessinateur) ne se trouvent pas en kiosque (il faut s’abonner) mais on peut les trouver en bibli et sur internet. Ils s’adressent aux 6-10 ans et aux 10-15 ans je pense.

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    • Madame Pivoine - Natacha a dit…

      J’ai entendu le même reportage. J’ai pensé que les « choses » ont bien changé en quelques années. Issue de la banlieue, des « quartiers », je n’avais pas l’impression que les mentalités étaient si figées dans mon adolescence (il y a 25/30 ans, hier quoi). En tout cas merci de d’être aussi juste dans votre analyse et votre avis Kaelane.

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    • sylvie la GB a dit…

      merci de tes mots si simples et si clairs, Kaleane, mais que j’avais du mal à formuler moi meme. Peut etre que j’avais oublié de me redire les choses simplement et clairement. et du coup que j’avais oublié de les dire à ma fille.
      Merci !

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  6. roca a dit…

    j’ai bcp débattu avec mon fils hier à cause de necfeu et je suis contente finalement cvar on a pu se dire des choses que je ne disaispas tellement je pensais qu’elles etaient logiques, entendues, normales quoi! et en fait le pb il vient aussi de ça, on croit qu’on est àl’abris
    j’ai la « chance » (paradoxe) de travailler avec des racistes je peux te dire que ça me tient bien bien éveillée…
    l’humour doit vivre…
    je t’embrasse

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  7. Lise a dit…

    Je suis exactement comme tu le décris dans ton 1er paragraphe, et je n’ai d’ailleurs pu parler que de ça avec mon quelqu’un (qui travaille ironiquement boulevard richard Lenoir) hier soir …

    merci pour ce billet …

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  8. Maripi a dit…

    Même sensation d’état post-traumatique…mêmes infos en boucle…mêmes interrogations…
    Merci Caro de dire…d’écrire si bien ce que nous sommes beaucoup à ressentir…On se sent moins seuls…Merci de faire ton métier de journaliste…ici aussi…

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  9. leyleydu95 a dit…

    A chaque age ses priorités…
    Perso, quand il y a eu l’attentat du RER B (j’ai 20 ans à l’époque), je m’en fichais comme de l’an 40 vu que ma seule hantise du moment était de savoir si mon rencart avec R. allait être annulé ou pas à cause de ce merdier…
    J’en ai parlé à mon fils et ce qu’il semble en avoir retenu, c’est qu’il a l’air de comprendre pourquoi je n’aime pas quand il joue « à la guerre » et qu’il dise le mot « kalachnikov » 10 fois dans la soirée mais ça ne signifie peut être pas dire grand chose à son niveau…

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  10. Elido a dit…

    Pas sortie des ronces…
    C’est ça.
    La gueule de bois qui dure, les mots qui restent bloqués, ceux entendus par des gens qu’on aime mais là…
    Continuer à écrire, à parler, à lire, à expliquer…
    Merci pour tes interrogations et tes mots.

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  11. Mouette a dit…

    Dans mes bras…
    Oui, nous sommes déconnectés.
    Oui, je me suis réjouie et je me suis couchée « presque » soulagée mercredi soir après avoir été me « rassembler » comme me le disait le petit et constatée que l’ensemble de ma liste d’amis avait changé sa photo de profil sur facebook et twitter Oui, nous nous sommes réjouies entre copines parce que nos « grands » en seconde ont séché une heure pour aller crier #jesuischarlie.
    Oui, mais voilà, pendant 24 heures, dans notre cocon douillet, on n’a pas entendu tous ceux qui ne sont pas charlie. Peu importe les raisons, peu importe leur nombre, l’effroi me gagne. J’ai arrêté Radio France et je suis à la recherche sur les réseaux de tous ceux-là. Voir quels sont leurs mots et pourquoi ? J’ai tenté le débat avec la nounou tunisienne de mes enfants. Je vais rentrer plus tôt encore ce soir pour parler encore. Mais je me dis que nous avons du taf pour rappeler ce lien si ténu qui nous relie. Qui pour nous est tellement évident et pourquoi il ne l’est pas pour d’autres.

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    • Jane a dit…

      La chair de poule en lisant ton commentaire. C’est exactement ça, je me retrouve à traquer ces réactions que je n’attendais pas et qui me glacent le sang. Se forcer à sortir de sa zone de confort pour comprendre… Que c’est dur. Bravo d’essayer de maintenir ce dialogue à tout prix, nous devons tous nous efforcer de la faire. A mon tour de le faire ce soir avec la nounou de mon fils.

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  12. Amelstos a dit…

    Chère Caroline, nous avons essayé d’expliquer la situation avec mon conjoint à son fils de 7 ans. Il a écouté mais le lendemain il nous a dit qu’il n’avait pas trop retenu et manifestement il s’en foutait un peu. Évidemment, la réaction humaine de l’adulte qui souffre de constater l’horreur est de s’indigner que son môme ne s’indigne pas plus. Et puis finalement je me dis que tant mieux, qu’à 7 ans on s’en foute encore un peu de ce monde d’adultes, tant mieux qu’il ne réalise pas, cela ne veut pas dire que ça n’en fera pas un adulte concerne. De la même manière, un de mes collègues m’a fait part de son désarrois en me disant qu’après en avoir parle à un de des fils, et après avoir assisté le jour même à une petite baston de jeunes, ledit fils lui avait dit que quand même, les délinquants c’était souvent des arabes. Peut on être racistes à 8 ans ? Évidemment non, je ne pense pas, mais il faut éduquer, expliquer et à mon avis ne pas s’indigner trop fortement des réactions des enfants qui ne peuvent pas tjrs à la hauteur de nos espérances…bref j’espère avoir été claire et que mes propos ne seront pas mal interprétés…

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    • Amelstos a dit…

      Je complète mon commentaire simplement en rajoutant que lorsque j’ai essayé d’expliquer à mon beau fils le concept de liberté d’expression , et que je lui ai demande s’il avait compris il m’a répondu : « oui, ça veut dire qu’en France on a le droit de dire qu’on n’aime pas la salade ».

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  13. lilie a dit…

    Bonjour Caroline,

    Je fais le même constat attristé. Tout le monde parle des caricatures du prophète mais pas de toutes celles sur le Pape, les cathos, les juifs, les …..
    Et mon fils de 9 ans né d’un joli métissage franco algérien qui me dit après que je lui explique la situation « les autres vont encore dire que c’est mon pays qui tue tout le monde », les autres étant ses camarades de classe de 9 ans ….. et nous vivons dans le 93 ….

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    • Smouik a dit…

      Lilie, je pense qu’on ne parle que des caricatures du prophète puisque c’est la religion concernée qui interdit toute forme de représentation dudit prophète. Regarde ce qui s’est passé lors des représentations de la pièce de Romeo Castellucci sur son Christ couvert d’excréments, il y a eu de la part des intégristes catholiques des scènes d’une violence extrême… Dès que que les purs et durs considèrent que toute forme d’expression peut être blasphématoire, ça déclenche une violence haineuse…

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  14. charlotte a dit…

    moi aussi , moi aussi. tout en boucle, tout le temps. beaucoup d’interrogations et peu de mots à mettre dessus. et des enfants trop petits pour réagir. Enfin mon grand est bien inquiet quand même que des mechants soient en liberté… A quoi on les reconnait les méchants?

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  15. Marilune a dit…

    J’ai entendu le même témoignage de la prof de français ce matin, et je me sentais aussi perturbée qu’elle. Aujourd’hui visiblement, on ne peut pas rire des religions, « ça s’fait pas », donc. Coluche et Desproges, s’ils étaient encore là, auraient fini de la même manière, alors… Ca me glace. Il y a du boulot en terme d’éducation pour faire comprendre qu’on ne cherche pas à se faire tuer lorsqu’on provoque de la sorte, mais à faire réfléchir, et rire (jaune parfois, et alors?). J’ai dit à ma petite ce matin qu’on avait la chance de vivre dans un pays où on pouvait dire ce qu’on pense sans – normalement – être tué, ou emprisonné, ou fouetté sur la place publique. Et que c’est pour ça que tout le monde se sentait concerné par cette négation de la liberté d’expression. Mais il est clair que la société (nous tous) et les médias doivent se remettre en question.

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  16. Covima a dit…

    Plusieurs petites choses…
    Cette illustration est terrible mais belle.
    J’ai vu l’intervention émouvante de Jeannette Bougrab hier soir au 20h, je l’ai trouvée très courageuse.
    Le matin dans la voiture, j’écoute RTL. Et j’aime très souvent le ton des chroniques de Pascal Praud que je ne connaissais pas autrement que comme journaliste sportif. Son billet du jour était tellement juste, il parlait de résistance, c’est exactement ce que je pense et que j’ai écrit hier soir.
    Enfin concernant les z’enfants, (mon aînée est en 5è), ils posent depuis mercredi plein de questions auxquelles je ne sais pas toujours comment répondre, pour être claire et surtout comprise, certaines mêmes sont très déroutantes. J’ai vu passer hier sur IG que le Petit Quotidien et le Quotidien mettaient en téléchargement sur leur site les éditions de ce jour, perso je l’ai fait, et ça nous a bien servi comme support de discussion hier soir, mieux que les terribles images ou tout ce dont ils entendent parler depuis deux jours, et assimilent sans filtre évidemment, pour les plus jeunes.
    Voilà, un com’ qui ne sert à rien sinon à s’exprimer, encore… Et comme je ne suis pas passée ici depuis les fêtes, je voulais quand même t’envoyer mes vœux pour 2015, même si ce n’est pas le billet pour (je suis spécialiste du tout-en-un). Venir te lire quotidiennement, dans les sujets graves ou légers, est toujours plaisant.
    Bonne journée !

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    • HeLN a dit…

      Ton commentaire ne sert pas à rien, j’y ai appris la possibilité de télécharger gratuitement Mon quotidien et Mon Petit Quotidien, ce que je vais m’empresser de faire pour rediscuter ce week-end des événements avec mes filles. Merci.

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      • Covima a dit…

        Merci HeLN ! je diffuse cette info partout autour de moi, enfin pour les parents comme moi que ça va intéresser, je trouve tellement important d’expliquer à nos rejetons ! J’ajouterais que bien sûr, c’est notre responsabilité de parents de le faire, mais aussi celle des enseignants (sans se substituer aux parents bien sûr), et je suis contente de lire ici que certain(e)s l’ont fait, c’est en premier lieu à l’école que les langues se sont déliées hier matin…

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        • Sarah a dit…

          En plus du Petit Quotidien et du Quotidien, la même boîte édite aussi un journal qui se nomme « L’actu » destiné aux plus grands (à partir de 13/14 ans). L’édition de ce jour est également disponible en téléchargement gratuit.

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          • Covima a dit…

            C’est ça ! Plusieurs magazines différents selon les âges… Ma grande de 13 ans a gardé son exemplaire vers elle pour le lire hier soir avant de se coucher. Je me souviendrai particulièrement de ses 13 ans, je crois (mardi)…

  17. Anaïs a dit…

    Le billet de Morel m’a fait pleurer… Quel gâchis, tant de violence inexplicable…mais aussi ce beau mouvement solidaire qui vient de partout… Comme si l’espoir cherchait malgré tout a se faire une place au milieu du désastre. Hauts les cœurs, malgré tout. C’est tout ce qui peut nous sauver et vous permettre de continuer.

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  18. mellet a dit…

    Ils auront les mêmes codes quand ils grandiront sans doute …. étions nous si concerné à 14 ans ? Pour mon cas je ne crois pas ….
    A moins que toute cette cruauté, sans cesse, partout, ne les anesthésie à jamais ….
    A nous adultes, droit dans nos shoes …d’être indignés pour eux … parce que ca va les titiller quand même et puis ça craint de faire pareil que ses parents à 14 ans 😉
    courage ….

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  19. CarolineVilaine a dit…

    Caroline, Je voulais simplement te dire merci…
    Comme toi (et beaucoup d’humains d’ailleurs, je crois, je l’espère) j’ai mal à l’âme!
    Je t’embrasse et t’envoie un peu de la chaleur humaine qui me reste encore au fond du coeur et du corps.

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  20. Marie a dit…

    Dans les discussions atterées et éberluées depuis mercredi après-midi, il y avait cette interrogation : dire ou pas, aux enfants ? Et comment ? Ne faut il pas les protéger des horreurs de monde et les laisser rire et jouer comme avant ? Oui, mais jusqqu’à quand ? Et si on ne dit rien, est ce qu’ils ne risquent pas de tomber de haut plus tard ?
    Alors, finalement, on a essayé d’expliquer à notre fille de 7 ans, et les discussions volent haut, de la liberté sous toutes ses formes, à l’existence de Dieu…
    Tout cela reste confus, je ne trouve pas mes mots…

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  21. Bibi a dit…

    Même sentiment de consternation et même questionnement. 🙁
    Petit aparté: bizarre, cette date erronée sur la couverture du « New-Yorker ».

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  22. Mathilde a dit…

    Comme toi je peux pas m’empêcher de m’imposer le brouhaha médiatique, même si ça sert pas à grand chose, même si y a sans doute une part de voyeurisme morbide dans tout ça, même si ça m’énerve d’entendre déjà les amalgames, de voir que Bfm n’a pas trouvé d’invité plus pertinent que Guéant ( 2 FOIS en plus, le mercredi soir et jeudi matin) pour s’exprimer sur le sujet …
    Je suis en partiels mais j’ai vraiment du mal à me concentrer sur mes cours, grosse grosse gueule de bois qui va durer beaucoup plus longtemps que la normale

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  23. Audrey a dit…

    Quelques mots partagés, et le sentiment que de toute façon, on va avoir beaucoup de mal et de temps à décrypter tout ce que cet horrible drame implique.
    Hier aussi, mon moyen (presque 11 ans), revenu de l’école « Maman aujourd’hui on a beaucoup parlé de Charlie Hebdo. Et il y a un truc que je ne comprends pas. J’ai plein de copains qui ont dit que c’était de leur faute, qu’ils l’avaient bien cherché, qu’ils ont provoqué ça. Mais comment ils peuvent dire ça? Parce que ces gens ils ont fait des dessins, un journal, on peut être tué pour ça? »
    Evidemment, on en a discuté et heureusement, ils en ont beaucoup, beaucoup parlé avec leur instit. Puissent les profs toujours tenir la barre du débat, du respect, du dialogue et de la compréhension, d’ailleurs.
    La claque est grande car si dans l’entourage de notre âge, je ne lis qu’indignation, stupéfaction, horreur, hébétude, il est clair que ce n’est pas la réalité de celui de mes enfants. J’espère qu’on leur donne suffisamment de repères pour qu’ils s’en sortent dans le monde qui les attend.
    Je tire mon chapeau aux proches dont j’ai vu les témoignages.
    Et j’arrête là car le sujet est sans fin… Merci d’écrire, Caro.

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  24. Ana Nasmaské a dit…

    Je comprends tout à fait ce que tu veux dire car moi aussi, j’ai failli m’énerver contre mon fils de 10 ans 1/2 parce qu’il ne me semblait pas assez choqué, parce que sa 1ère réaction a été de dire qu’ils l’avaient peut-être un peu cherché. J’ai osé lui dire que j’aurai honte de lui qu’il pense cela :-/ J’ai oublié un instant que ce n’est qu’un gamin.
    Puis on a discuté, beaucoup discuté, discuté religion aussi parce que mes enfants sont élevés dans la tradition musulmane, comme leur papa. Grâce à l’article du petit Quotidien, il a un peu mieux compris et il est désormais bien conscient que des dessinateurs ne méritaient pas de mourir pour leurs dessins satiriques.

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  25. L'Affreuse a dit…

    Comme toi, Caro, je suis dans un état second depuis mercredi… je passe mes soirées sur mes écrans, à attendre la moindre mise à jour d’article, la moindre nouvelle…
    J’avais pris le parti de ne pas en parler à mon petit bonhomme de 7 ans, déjà bien fragilisé par le récent décès de mon papa.
    Et puis ce matin, en se brossant les dents, il m’a demandé ce qu’était un gilet pare-balles, et s’il en avait un, lui…
    Alors, on a parlé un peu de ce qui s’était passé.
    C’est quand il m’a demandé quelle était la couleur de peau des gens qui avaient tué que j’ai vraiment pris conscience que j’avais eu tort de ne pas lui en parler, de ne pas anticiper un peu les horreurs et les bêtises qu’il risquait d’entendre dans la cour d’école.
    Et puis, la voix tremblotante, il m’a dit qu’il avait peur d’aller à l’école, parce que personne ne savait où étaient les méchants.

    Plus encore qu’hier, je suis triste en en colère, aujourd’hui.
    Comment « expliquer » tout ça à un petit garçon de 7 ans?

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  26. Niña a dit…

    Toutes ces questions, toutes ces interrogations… la peur de ce sur quoi « ça » va aboutir. La liberté d’expression (qui me repose la question de mon positionnement face à l’affaire Dieudonné, je lance ça comme ça, mais ça m’interroge) (pas les idées de ce mec qui me débecte, mais la liberté d’expression). Le fait que je n’ai pas toujours été à l’aise face aux dessins de Charlie. Tous ces gens qui ont changé leur photo de profil Facebook mais pour qui j’ai des doutes sur leurs convictions et leur bulletin de vote (connaissaient-ils Charlie avant ?). Cette révolte fracassante au fond de moi qui n’est pas si évidente pour l’homme qui partage ma vie. La crainte de me sentir « supérieure » et de ne pas être capable d’expliquer. L’incompréhension. Ce qui se passe ailleurs dans le monde. Le vivre ensemble ?
    Bref, un sacré bordel dans ma tête, c’est le moins qu’on puisse dire. Et la tristesse, toujours…

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      • Niña a dit…

        Certes, on peut être horrifié, mais il y a pour moi un bulletin de vote qui est antinomique de « Je suis Charlie », pour tout ce qui fait, à mes yeux, l’essence de Charlie. C’est tout à fait subjectif, évidemment.

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  27. Christèle a dit…

    Les mots de cet homme hier qui a perdu son frère et qui nous dit de profiter des siens, résonnent encore et encore….
    Je reviens de vacances loin, très loin, heureuse d’avoir profiter de ma famille mais le retour est douloureux !! Mal au cœur, au ventre, les larmes, la colère aussi, l’incompréhension, bref ça se bouscule….
    Merci Caroline, vos mots sont les miens, les nôtres….
    Je vous embrasse.
    Je suis Charlie

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  28. Anne de a dit…

    tu sais Caro, j’aimerais avoir ta plume, savoir exprimer les choses avec justesse. Je suis bonne auditrice et bonne lectrice, contemplative.
    Ces jours-ci, j’ai envie de serrer des humains, des semblables dans mes bras, alors voila, je te serre dans mes bras et les autres lecteurs et lectrices aussi.

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  29. Caroline a dit…

    Comment expliquer a des enfants qui peuvent « tuer » profs et parents sur les reseaux sociaux, que NON, ce n est pas normal….
    Que la liberte d expression, d informations, est la pepite de notre pays….
    Eux qui sont tombes dans la marmite de la facilité, du zapping, de la violence climatique, de la violence de rue, de la violence d internet…
    Comment leur dire qu en assassinant l homme libre, on cree la peur….

    Je me sens triste et je n arrive a rien.

    On est en 2015. Des hommes armees d armes de guerre se sont affiches dans nos rues, tuant l humanite, tuant un homme un bout portant, tuant des familles, des amis, et l essence meme de nos vies : le droit d expression et d information.

    Je ferme les yeux et je cherche la petite flamme de mon education catholique bien pratiquante, je cherche ce qu on appelle la foi, ce qui se rattache a l espoir non? …. Je cherche, je fouille….. Et je ne trouve pas….
    Je n ai pas l impression d avoir peur, juste l impression d etre perdue. Je suis perdue dans un monde que je ne comprends pas.
    Je me raccroche a la foi des autres, je me dis que si eux crois en l unite, c est que ca doit etre possible/vrai, ils ont fait des etudes, c est certain, ils doivent dire la verite…
    Donc je m accroche à eux, pour sortir la tete de l eau, prendre une respiration et rallumer cette putain de flamme qui etait presente il y a longtemps…..
    Rallume toi stp… 🙁

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  30. manu a dit…

    je travaille dans un collège situé en ZEP .
    L’ambiance était très lourde hier , un certain nombre d’élèves ont refusé de faire la minute de silence. Les professeurs ont passé beaucoup de temps à discuter , dialoguer avec ces jeunes .
    les mots utilisés étaient très durs , d’une violence inouïe , et clairement ces jeunes refusaient la discussion.
    je me suis sentie tres lasse et epuisée devant la lourde tache a faire !

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      • Alice a dit…

        Mes enfants fréquentent une ZEP aussi.
        La directrice de l’école maternelle m’a dit qu’elle avait été impressionée hier, sa classe (avec ma mini miss dedans) a respecté la minute de silence avec une grande pudeur et une grande conviction. Elle en était baba. Des petits de 4-5 ans (Moyenne et Grande Section).
        Alors je me dis qu’on y arrivera. Par l’éducation et le dialogue.

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  31. Julixette a dit…

    Rassure toi, Caroline, tu n’es pas la seule à etre en boucle sur le web, les chaine tv etc… Limite voyeurisme malsain me suis –je dis, mais impossible de faire autrement…. Pas envie de bosser, pas même envie de parler, juste envie de gerber…
    Mon fils de 14 ans a je crois pris conscience de l’ampleur de la gravité de cette abomination, en voyant mon état et celui de son père.
    Ils en ont parlé un peu au collège, sa prof de maths a pleuré… S’ils comprennent l’horreur et l’injustice, j’ai peur qu’au fond ils ne puissent comprendre la portée et les risques de dérive…. A nous d’éduquer, bien évidemment. Pas simple.
    En tout cas drole d’état, comme une monumentale gueule de bois qui ne passe pas….

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  32. Jérôme a dit…

    Bonjour Caroline,
    Cela faisait un bail que je n’avais pas commenté…et j’aurais tellement souhaité que ce soit d’entre d’autres circonstances…A vous lire, j’y vois le miroir de mes angoisses, de mes questions…Peut-etre parce que je me retrouve « beaucoup » trop en vous (« Néo Trentenaire », lyonnais, marié (re) sur le tard, 2 adolescents de 14 et 11 à la maison…), parce que nous sommes « de la même génération »???
    Moi aussi, je m’interroge, le retour du collège des 2 gônes hier soir, trop de désillusions, trop de pessimisme en moi…Sommes-nous à ce point déconnectés? Ma moitié ne partage pas ce sentiment, elle y croit, je veux y croire…mais…hier midi, rassemblement dans ma ville, tous ces étudiants qui sortent de cours, passent devant notre rassemblement républicain, et tellement peu qui s’arrêtent…j’ai eu mal, j’ai pleuré…

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      • Jade a dit…

        On est là les étudiants, promis !!! J’ai 21 ans, la plus grande partie de mes amis sont dans la même tranche d’âge et l’indignation, la tristesse, le soutien et la détermination fleurissent partout sur facebook, on est allés au rassemblement à Paris, on en discute entre nous et on compte bien ne pas se laisser faire. Juré!

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        • Jérôme a dit…

          Je le sais Jade, je vous crois et merci de le dire…Mais comme Caroline, je m’interroge…vous, nous, sommes-nous « si » nombreux? Sommes-nous si unis, unis comme j’aimerais le croire? Pourvu que je me trompe et que ce ne soit seulement que mon pessimisme « légendaire » qui me joue des tours…

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          • Suzanne a dit…

            J’aimerais bien y croire aussi, et que le « mouvement » dure plus que ces premiers jours, en permettant au passage d’éveiller éventuellement d’autres consciences.

  33. Fofo a dit…

    J’en ai parlé hier avec mon aîné. Les dessins de Charlie Hebdo ne le font pas rire. J’avoue que généralement, les dessins de Charlie Hebdo ne ME font pas rire. Et alors ? J’ai trouvé une comparaison assez parlante : imagine un homme qui tue sa femme, et qui explique devant les tribunaux qu’il a fait ça parce qu’elle faisait de très mauvaises tartes. Est-ce que les avocats vont enquêter pour chercher à savoir si oui ou non, elle cuisinait mal, cette femme ? Non, on s’en fiche complètement, car même si c’était le cas, cela n’apporterait strictement rien à la défense de l’assassin. Que ces caricatures aient été excellentes ou mauvaises, drôles ou pas, blasphématoires ou pas, cela n’a AUCUNE incidence sur l’horreur de ce crime. On a le droit de blasphémer, en France, comme on a le droit de rater ses tartes aux pommes. Et mercredi prochain, pour la première fois de ma vie, j’achèterai Charlie Hebdo, car ce droit, j’y tiens énormément (celui de blasphémer, je veux dire) (je ne rate jamais mes tartes aux pommes…) (désolée).

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  34. Annede Nantes a dit…

    Moi aussi j’ai pleuré avec Patrick Pelloux, avec Jeannette Bougrab et ce matin avec François Morel…
    Hier en classe, j’en ai parlé avec mes Secondes, en prévenant que je ne voulais rien entendre d’insultant pour la mémoire des victimes. Peut-être ai-je du coup coupé court hypocritement aux réactions négatives mais en tout cas, je n’ai pas eu de réactions négatives du type « ils l’avaient bien cherché » et pourtant je la craignais de la part de certaines élèves…
    On a justement discuté de ce que ça voulait dire la liberté d’expression, qu’on pouvait dire ce qu’on voulait a priori et que la démocratie permettait de condamner a posteriori.
    Pour cette génération née quasiment au moment du 11/09, il faut aussi définir le terrorisme, qui pour beaucoup est forcément d’essence religieuse. Et puis on a regardé des caricatures de Charb, de Tignous.
    J’ai finalement beaucoup plus parlé qu’eux, je ne suis pas sûre d’avoir été complète, efficace, juste mais j’ai fait ce que j’ai pu, à ma mesure.
    J’étais par contre un peu sonnée par tous ces collègues qui ont poursuivi leur cours comme si de rien n’était, attendant de savoir si « on avait des instructions ». Bon après je vois certainement le verre à moitié vide (faudra que j’en parle à mon qqn)
    Voilà, un commentaire de plus qui ne sert pas à grand chose mais bon

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  35. DOMINIQUE a dit…

    Mon neveu de 24 ans était aussi assez indifférent. Souvenons-nous de nos 7,10, 14 ou plus ans. De mon côté, j’étais imperméable à la politique, aux petites phrases, à ce jeu dérisoire et important pour les adultes. Mon père lisait le « Canard Enchaîné », et je regardais les « dessins » comme j’aurais pu le faire pour mes BD à moi. Et je ne comprenais rien, ça me barbait.
    Alors, les enfants, les ados ne comprennent pas le passé que nous avons eu avec ces joyeux profanateurs des idées reçues. Ce n’est pour eux que des images, souvent incompréhensibles.
    Que leur dire ? N’ayant pas d’enfants je me garderai bien de donner des leçons de pédagogie. Mais ne pensez pas que votre éducation a eu des failles. Ils comprendront plus tard avec votre aide.

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    • Caroline a dit…

      J’ai essayé d’expliquer à ma fille que d’une certaine manière pour nous, c’était comme si des gars avaient tiré dans la tête de Norman. Je crois qu’elle a un peu mieux compris ma réaction. Bon, ils ne sont pas indifférents, hein, mais la perspective que je les force à aller manifester dimanche les gonfle menu menu, par exemple…

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      • HeLN a dit…

        Je ne pense pas qu’il faille obliger nos enfants et nos ados à se sentir concernés au-delà de ce qu’ils ressentent aujourd’hui et à leur âge. Ils ont d’autres sujets en tête, que nous trouvons peut-être futiles en tant qu’adultes, mais qui sont « toute leur vie ». Est-ce que notre rôle de parents n’est pas seulement d’être aujourd’hui les gardiens de leur temple de demain; d’allumer une bougie, d’aller manifester sans eux, pour leur avenir, pour qu’ils puissent espérer vivre leur vie d’adultes et élever à leur tour leurs enfants dans une République laïque; et pouvoir dans dix ans en rediscuter avec eux, et leur dire que oui, nous nous étions OPPOSES, chacun à notre façon et à notre mesure, pour dire NON à la barbarie, et OUI à la tolérance. Je crois que mes parents ont su me transmettre beaucoup de leurs valeurs par leur comportement et leurs actes, en me montrant l’exemple, mais sans m’imposer ma participation physique ou effective à tel ou tel manif/débat ou que sais-je. L’éducation par l’exemple, j’y crois beaucoup. C’est ce qui reste quand la roue tourne.

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        • Caroline a dit…

          je suis d’accord, mais dans ce cas précis, il me semble que c’est important qu’ils perçoivent ce mouvement de l’intérieur, qu’ils puissent dire plus tard qu’ils y étaient. Mais je ne les forcerai pas, évidemment, je vais juste insister un peu.

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          • Jade a dit…

            Je suis assez d’accord. Lorsque Le Pen est passé au 1er tour en 2002, mon père m’a amenée manifester alors que j’avais 7-8 ans et que j’y captais pas grand chose, mais maintenant je suis fière d’y être allée.

          • Cha a dit…

            C’est marrant parce que ce matin, en me disant qu’on était vraiment en train de vivre un moment qui va marquer l’Histoire (enfin elle nous le dira plus tard !), j’ai repensé aux autre moments historiques que j’ai vécu. Le premier dont je me souvienne est la chute du mur de Berlin. Et bien que n’étant impliqué en rien et probablement très concentrée sur mes playmobils (j’avais 9 ans), je m’en souviens comme d’un instant à part, parce que j’ai ressenti l’émotion des adultes autour de moi. C’est bien ce que vous faites, tous, avec les enfants, ados. Ils comprendront un jour. Moi mon fils est vraiment trop petit et j’espère juste lui donner l’exemple en respectant les autres, même quand je ne suis pas d’accord avec eux.

          • HeLN a dit…

            Les miennes sont un peu plus jeunes alors je ne me rends pas bien compte.
            Mais la liberté d’expression qui nous tient tant à coeur c’est peut-être aussi leur laisser le droit de ne pas s’exprimer 🙂

          • Cec a dit…

            Absolument d’accord. Ma fille de 17 ans voulait aller à un rassemblement hier à 11h mais son lycée à refuser. Donc elle m’a demandé pour demain, nous irons ensemble avec ses copains. Mon fils lui ne voulait pas trop, « à quoi ça servira, c’est trop tard maintenant » mais finalement je lui ai dit que si personne ne faisait rien, alors les extrémistes gagneraient, qu’il fallait montrer que nous n’acceptions pas ça. Il viendra normalement. Je pense aussi que plus tard ils s’en souviendront et se diront qu’ils y étaient et qu’ils ont fait un tout petit quelque chose.

          • Stephanie a dit…

            Mes parents m’ont amenée à la Marche Blanche quand j’avais 9 ans (je suis belge). Presque 20 ans plus tard je me souviens encore de cette immense foule, avec des vagues d’applaudissements qui passaient et repassaient, pour exprimer tout ce qu’on ne pouvait exprimer de l’horreur qu’on ressentait. Il faudra que je dise à mes parents à quel point cela a été fondateur pour moi. (et si j’entends « pour les enfants du monde entier » je pleure toutes les larmes de mon corps)

      • la botte a dit…

        Eheh j’ai utilisé la même métaphore de Norman pour expliquer à ma fille qui me servait l’argument « ils l’ont un peu cherché non? »
        Je lui ai dit aussi imagine si tu vexais quelqu’un avec une mauvaise blague, est-ce qu’il pourrait te blesser ou te tuer pour autant? Un peu radical mais ça a marché je crois. Je dis toujours que les enfants (et nous mêmes!) sont les plus gros réac qui soient, c’est l’éducation et l’accès à la culture qui nous permettent de dépasser ça, ne leur en voulons pas trop, mais aidons les à devenir de futurs adultes intelligents et responsables.

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  36. Jade a dit…

    Je suis dans le même état. Je lis tout, je regarde tout, je ressens tour à tour de la tristesse, un peu d’espoir face à la mobilisation française et mondiale…

    Mais aussi beaucoup d’inquiétude, par exemple justement quand un ami prof me raconte qu’il a du batailler pour dénouer doucement les amalgames dans sa classe. Je me dis que non seulement ces très jeunes personnes sont l’avenir du pays et qu’il est donc urgent qu’ils se défassent de ces idées qu’ils n’ont pas eues eux-mêmes; je me dis en plus qu’ils sont loin d’être la seule génération touchée par cet emmêlage de pinceaux dans les valeurs, les idées…
    Et je suis tentée d’être désespérée.

    Courage pour cette dure journée de veille de dead line, dans cet état en plus !

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  37. Sophie a dit…

    Salut Caroline, merci pour tes posts, toujours justes.
    Je ne commente jamais, trop timide derrière un écran, mais ces derniers temps entre la prise d’otage dans le lycée au Pakistan et cet attentat à Charlie Hebdo, que j’étais en train de lire quand j’ai appris la nouvelle, je suis démolie. On entend partout qu’il ne faut pas faire d’amalgame, mais ma réaction la plus spontanée c’est de faire encore moins d’amalgames. Alors en effet, je ne cotoie pas d’enfants de plus de 2 ans, donc je ne me rend pas vraiment compte de l’interprétation qu’ils en font. Et peut-être que je me trompe vraiment en pensant que les gens comprennent. La faute à mon petit milieu parisien surement privilégié… Je suis si triste.

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  38. lavieacinq a dit…

    Je pense que nos enfants n’ont pas grandit comme nous…… Qu’ils ont d’autres moyens de communiquer, que tout leur arrive sans filtre, sans recul…. Les images, les réactions diverses et variées…. Ils sont, en quelque sorte, prisonnier de notre société de consommation, tout va très (trop?) vite, une image est balayée par une autre (quand elles ne sont pas détournées….)…. Et puis, peut-être que j’ai personnellement failli en me disant, comme toi, qu’il n’y avait pas de problème…..
    En plus, avec mon homme on ne prend pas les choses de la même manières…. Je suis plus tempérée, il est très en colère…. Bref, pas facile d’expliquer à nos enfants, avec nos mots, l’horreur de ce qui c’est passé….
    Mais à force d’en parler, je crois qu’ils commence à entrevoir une réalité (bien sombre) mais aussi un espoir!
    Ma plus petite de 8 ans, elle, je la laisse tranquille (elle est au courant mais bon….. ça lui passe un peu au dessus de la tête, et… Tant mieux à son age!).

    Je crois qu’en tant que parents nous sommes face à quelques chose qu’ils va nous falloir apprendre …… quelque chose que nous pensions acquis et qui, malgré des ratés de temps à autre, nous semblait faire partie de notre paysage.

    De toutes façons, je suis un peu perdue pour le moment…..

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    • Jérôme a dit…

      Je suis tout comme vous…Mais voilà…nous sommes là sur le blog de Caroline, nous communions, il est évident que nous sommes comme « une bande », la bande à Caro ;-)…Mais n’est-ce pas qu’un leurre? Ne sommes-nous pas dans « l’entre-nous »? Moi qui me pensait « naïvement » faisant partie intégrante de notre société, ces évènements tragiques ne nous renvoient-ils pas à une vérité que nous aurions occultée? Ma « Merveille », Ma « Lumière », Mon « Amour » me dit que non, je veux la croire…

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  39. katy a dit…

    oui ils sont deconnectés….. mon fils de 18 ans regardait avec ces camarades de classe la fameuse vidéo horrible où l’on voit le policier se faire tuer, il y a un musulman dans sa classe il regardait aussi, mon fils a été choqué et nous aussi quand il nous l’a relaté , ce fameux jeune homme a dit  » il tire bien hein mon frère !!  » …no comment ou plutôt si mais ça soulèverait bien des polémiques alors quoi on se tait ? mon fils s’est tu, il aurait voulu le frapper.

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  40. MZ a dit…

    Je passe beaucoup de temps sur tumblr, où je « côtoie » une population jeune et anglophone. Ils (elles, ce sont surtout des filles) n’ont pas la même vision que notre génération (j’ai 38 ans) de ce qui est choquant ou pas, de ce qui est « offensive ». Leur humour est basé sur le langage essentiellement, sur la satire aussi mais beaucoup moins mordante que ce que j’ai pu personnellement biberonner en écoutant Renaud ou en lisant les recueils de dessins de Cabu de mes parents soixante-huitards. L’humour noir en particulier est quelque chose de difficile à faire passer auprès des jeunes je trouve, et comment expliquer avec des mots qu’on peut rire tout en étant choqué ? Qu’on peut rire de choses pas drôles du tout ? Je ne suis pas sûre que ma fille de 11 ans soit encore en mesure de « ressentir » cette forme d’humour. J’espère que ça viendra.

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  41. Blonde Paresseuse a dit…

    Hier, j’ai envoyé un mail à mon bouchon de presque 19 ans qui disait ceci :

    Je sais bien que tu n’a plus l’âge de lire le petit quotidien, mais si tu as deux minutes, prends le temps…
    Parce que je voudrais vraiment que tu comprennes à quel point tout ceci est grave…
    Je t’aime et je veux que tu grandisses avec cette liberté que j’ai toujours connue, et ne pas penser qu’un jour, tu pourrais ne plus avoir le droit de te moquer sans risquer de te faire tuer.

    http://www.playbacpresse.fr/documents/charlie/lpq_charlie.pdf

    Maman
    ——
    Il a répondu « Intéressant, bisous, je t’aime ».
    Quand on ne trouve pas de mots tellement la violence des faits nous emporte, c’est bien de pouvoir se faire aider. Et j’aime beaucoup l’explication de Kaléane, merci.

    En attendant, je me sens vidée.

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  42. LadyNanou a dit…

    Bien peu croyante et certainement pas pratiquante, je trouve ça très bien qu’il y ait des messes pour les victimes. Je trouve important que justement que les caricatures sur le pape et leur religion n’empêchent pas une seconde les catholiques de rendre hommage à leur manière.

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  43. chris le panda a dit…

    J’ai lu un truc sur facebook qui a bien résumé ce que je ressentais: 12 morts, 66 millions de blessés …. Merci à Kaleane, qui a mit des mots sur ce qui tourne dans ma tête. Merci Caroline d’être toi.

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  44. DOMINIQUE a dit…

    Une petite histoire à propos de la religion. Après, j’arrête de vous gonfler avec mes commentaires.
    En première, on a eu un très bon prof. de français-latin. Préparation du bac français. On a passé un bon bout de temps sur les Lumières, dont Voltaire, bien sûr. On a étudié notamment les conséquences de sa phrase « Le Pape, cette vieille idole que l’on encense par habitude ». Voltaire en a reçu plein la tête sous les foudres du Roi et des catholiques. On a parlé tolérance, censure, liberté de pensée et d’expression, poids de la religion à cette époque.
    Ce professeur de français s’appelait l’Abbé Aguerre. J’étais dans un lycée catholique.

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  45. peony a dit…

    Caroline Fourest a dit sur Inter qu’elle redoutait les jours d’après, ceux où l’union sacrée serait passée et où certains commenceraient à dire qu’après tout « ils » l’avaient bien cherché, un peu comme une fille qui se fait violer parce qu’elle porte une jupe trop courte…

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  46. Suzanne a dit…

    Merci encore une fois Caro, de mettre les mots sur ce que je vis et ressens. Je n’ai goût à rien et pourtant je ne peux pas m’empêcher de boire le calice jusqu’à la lie en traquant le moindre témoignage (heureusement que je n’ai pas la télé).
    J’aimerais revenir à plus de légèreté, lire ici un billet sponsorisé et les commentaires acides de certains, par exemple.
    En attendant, je relis des Maurice et Patapon (j’ai dit que j’étais amoureuse de Charb ?) et je souris un peu, en essayant d’éviter de penser qu’il n’y en aura pas d’autres.
    Et je serai dimanche à repu.
    Je vous aime, les gens, merci d’être là.

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  47. Chag a dit…

    Je pense que je vais écrire un petit quelque chose, moi aussi, sur la manière dont on a pu et du parler de cette horreur hier matin, à 25 mômes qui n’étaient pas les nôtres mais à qui on devait expliquer pourquoi. Mes élèves sont à 80% musulmans, et pour la minute de silence, on a ouvert l’école plus tôt aux parents. A midi, sous les yeux innocents des enfants qui ne mesuraient pas l’ampleur de tout ce remue-menage dans l’école, on a versé les mêmes larmes, en se serrant la main pour se tenir chaud au coeur. Et c’était beau.

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  48. biloubb a dit…

    Enseignante en CM, j’ai laissé parler les élèves dès l’entrée en classe (l’agitation était telle dans les rangs qu’il était inutile d’attendre…) Les élèves étaient aux premières loges en sortant de l’école. Un grand besoin d’évacuer. Mais aussi ils cherchaient à comprendre. Ils m’ont réclamé de voir des caricatures de Charlie Hebdo. Mais je leur ai montré des caricatures de la Révolution française. Anonymes. Et le débat fut extra. Au bout d’une heure, les élèves voulaient encore s’exprimer alors je leur ai proposé une feuille en leur laissant le choix: écrire, dessiner, ou aller prendre un livre ou un magazine dans la bibliothèque. TOUS ont pris une feuille. Certains même deux. Ce fut fort d’émotion.
    Et le soir, mon fils ne comprenait pas mon état depuis deux jours. Que comme toi, Caroline, je me passe la télé en boucle avec l’ordi en plus pour lire tous les articles possibles. Il m’a conseillé « d’aller voir quelqu’un ». Je te rejoins: mon indignation empêchait la sienne, parce qu’à 14 ans, on ne partage pas les émotions de ses parents, peut-être. Mais aussi son jeune âge. Ado, c’est jeune, non? Alors que sa soeur de 20 ans est bouleversée

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  49. Ada a dit…

    Caro, ton billet m’a fait un bien fou. Je serai bientôt prof, tu comprends, et ne pas savoir comment parler de ce qui s’est passé aux élèves me broie le ventre. Je ne sais pas comment répondre aux petits fachos, avec leurs petits codes de rassemblement et leurs amalgames. Je ne sais pas comment répondre aux petits islamistes, avec leurs extraits choisis du Coran et leur certitude descendue du Ciel d’être dans le vrai.

    Moi aussi, en écrivant ça, je sais de quoi je vais avoir l’air ; c’est rageant, frustrant, terrible pour une gauchiste de se dire qu’on va passer pour une islamophobe. Ça me serre la gorge, ça me fait physiquement mal. D’ailleurs n’hésite pas à supprimer mon commentaire si tu le trouves limite. Mais est-ce que c’est ma faute à moi si la gauche a laissé ce champ du débat à l’extrême-droite, pleinement et totalement ? Est-ce que c’est ma faute si le simple fait de DIRE que la gauche a laissé ce champ du débat à l’extrême-droite me fait automatiquement basculer dans « l’autre camp » et me vaudrait deux baffes de mon père ? C’est tabou, chez nous, ça ne se dit pas. Ne pas pouvoir dire certaines choses sous peine d’être mis au ban de la communauté, ça sonne quand même bizarre. Un peu trop familier, un peu crade.

    Il y a eu une autre intervention de prof, sur RMC celle-ci. Ce collègue-ci, il dit crûment la joie de certains élèves devant cette tuerie. Je ne me prononcerai pas sur son bord politique faute de le connaître (je crois quand même que ça n’est pas le mien), mais les faits qu’il rapporte on les a tous ou presque observés. Et pourtant, comme je n’écoute pas RMC, pour entendre son intervention j’ai dû choisir entre la lire depuis un site d’extrême-droite ou la lire depuis un autre qui appelle au jihad. C’était ça mon choix, pour entendre mettre des mots sur une situation pourtant courante.

    Nos gosses, ils sont le distillat de notre société ; ce sont des ados, et comme tels ils concentrent les courants et les réexpriment avec une puissance d’émotion qu’on a, nous autres adultes, heureusement passé l’âge de connaître. Nos gosses, notre France de demain, ce sont pour certains des fachos. Ce sont pour certains des fondamentalistes. Ce sont des personnes, et en tant que telles ils ne sont pas protégés d’être haïssables dans leurs opinions. Il y a des gosses qui sont déjà des salauds, qui sont déjà en germe tout ce que nous autres gauchistes, personnellement, détestons. Tout ce contre quoi on lutte. Le fondamentalisme islamiste en fait partie. Et le corps enseignant, en tant qu’il est majoritairement de gauche, n’est pas supposé voir ça chez eux, encore moins en parler. C’est haram, dans notre culte républicain à nous. Pourtant, on le sait tous.

    A ces gosses, il faut leur montrer la même bienveillance qu’aux autres, leur offrir la même qualité d’enseignement et leur donner accès à une autre voix pour que, peut-être, il perçoivent à terme les choses légèrement différemment. Parce que ce sont des ados, et qu’en tant que tels ils sont habités d’une violence que chaque génération d’ados a connu et dont ils ne sont pas responsables. Parce que la haine naît de la détresse, du malheur, de ce qu’ils prennent dans la gueule chaque jour, depuis l’extérieur ou à l’intérieur de leur foyer ; souvent les deux. Et qu’on le sait. Mais surtout, parce que c’est notre boulot de prof de leur donner ça. C’est l’essence de notre boulot. Et c’est terrifiant, et c’est exaltant, et c’est pour ces moments qu’on a, pour beaucoup, choisi ce métier. Ça ne veut pas dire qu’on sait comment faire.

    Donc merci Caro, pour ton désarroi. Je crois que c’est celui de beaucoup, cette semaine.

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  50. ciloulachenille a dit…

    Je suis votre blog depuis des années mais n’interviens que très peu. Je voulais vous dire que je suis touchée par les questions que vous vous posez et encore plus par le fait que vous vous les posiez.
    Je pense qu’il est temps de sortir la tête du sable et de prendre la mesure de ce qui se passe.
    J’habite le Val d’Oise dans une petite ville plutôt cossue à la frontière de la Seine Saint Denis et cette année mes enfants sont dans un lycée public qui draine pas mal de villes « sensibles » limitrophes. C’est un lycée dans lequel il y a beaucoup d’enfants de confession musulmane, pratiquant le ramadan, se voilant à la sortie du lycée etc.
    Hier, dans les classes de mes enfants, pour la minute de silence, seule la moitié des élèves était là. Les autres se sont arrangés pour manger à l’extérieur ce jour là et partir très vite ….
    Je n’ose pas imaginer ce qui s’est passé dans les établissement des « quartiers sensibles ».
    Oui, c’est dur à entendre mais arrêter l’angélisme et mesurer l’ampleur du problème est la seule façon de pouvoir commencer à chercher une solution.

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  51. Cec a dit…

    Je commente pour la 2e fois en 2 jours alors que depuis l’existence de ce blog je n’avais commenté qu’une fois. J’aurais voulu que ce soit en d’autres circonstances mais c’est ainsi. Tu mets des mots sur mes sentiments, je suis dans le même état que toi. Pas le coeur de rire, de travailler, de continuer. Pourtant pas une fervente lectrice de Charlie Hebdo mais lisant tout de même de temps en temps et riant ou souriant à leurs caricatures. Moi aussi deux ados. La grande a compris de suite, elle a presque 17 ans et avec ses amis ils veulent faire quelque chose, réagir, ils ne savent pas trop quoi à part les rassemblements, mais comme moi non plus, on se comprend (enfin sauf à m’abonner à différents journaux satiriques) . Le plus jeune, 13ans, il comprend mais en même temps, un peu comme toi avec les tiens, je ne le sens pas aussi outré que je l’espérais mais secoué quand même. Je lui ai cité Voltaire, et lui ai aussi dit qu’on ne peut pas tuer quelqu’un simplement parce que ses idées, ses dessins ou ses propos dérangent. Mon entourage non plus n’est pas toujours au diapason de mon ressenti. Par contre je bosse avec des gens de plusieurs nationalités, japonais, anglais, italiens, belges et ils sont tout autant traumatisés que nous (voire plus que certains de mes amis). Ca me rassure un peu sur le fait qu’il y a une lueur d’espoir. Je me pose aussi la question du pourquoi se complaire à lire et regarder/écouter les témoignages en boucle. Mais je ne peux m’en empêcher et je pleure à chaque fois, comme si j’avais perdu des amis. Et ce sentiment que ce ne sera plus comme avant, qu’un pas a été franchi. Enfin bon, juste pour dire que te lire m’aide, ce que tu écris résonne en moi et que mon quelqu’un à moi aussi va trouver matière à analyse.

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  52. Maryne a dit…

    Prof moi aussi, je me retrouve complètement dans les propos de la prof que tu cites à la fin de ton article. Mardi soir justement (la veille du drame, quand on y pense…), je discutais avec une collègue et on s’est rendu compte qu’il était de plus en plus difficile d’exploiter des caricatures avec les élèves car ils n’en saisissaient plus les clés de lecture et n’en comprenaient ni la portée, ni le message. Que pour toucher au sens, aux nuances, il fallait au préalable tout décortiquer et déminer le terrain pour éviter les jugements à l’emporte-pièces, de heurter les différents sensibilités. Les réactions que tu cites, celles du « Ils ont provoqué, ils ont eu que ce qu’ils méritent », j’en ai entendu beaucoup et en quelque sorte, elles m’étonnent au final très peu (à comprendre dans le sens de « je m’y attendais », merci de ne pas déformer mon propos) même si elles me font mal et me choquent.
    Cette discussion qui a eu lieu la veille du drame a évidemment une résonance toute particulière et je mesure petit à petit, au fur et à mesure que je sors de ma torpeur, le chemin qu’il reste à parcourir avec mes élèves à moi mais aussi avec tous les élèves en général. Est-ce le manque d’esprit critique ? Est-ce l’impossibilité d’exprimer une opinion nuancée ? Est-ce que tout doit toujours être tout blanc ou tout noir ? Que faire alors pour éveiller les consciences et éviter qu’ils ne grandissent dans cet état d’esprit ?
    Enfin, comme toi, je suis abasourdie par le choc. Je lis les lives d’information, comme un besoin viscéral de penser à autre chose, de comprendre. Et en réalité, mes yeux s’embuent par intermittence depuis mercredi, comme si j’avais perdu un bout de moi-même parce qu’au fond, si je peux exercer mon métier, c’est aussi en vertu de la liberté d’expression. En voulant assassiner Charlie Hebdo, ils ont tenté d’assassiner la liberté. Et qu’on est un peu tous des enfants de cette liberté. alors il faut qu’on reste debout et qu’on se batte.

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    • Maryne a dit…

      (Flûte, cliqué sur Envoyer trop tôt… je reprends la fin de mon commentaire)

      Pour tenir, je crois qu’il faut se relever et se battre. Parce qu’en voulant assassiner Charlie Hebdo, ils ont tenté d’assassiner la liberté. Et qu’on est un peu tous des enfants de cette liberté.

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  53. Amande Amère a dit…

    C’est difficile d’expliquer à nos enfants quand on comprend pas nous même. Comment je peux expliquer à mon fils de 4 ans qui me voit pleurer devant mon ordinateur ce qui se passe? Je lui ai expliquer le journalisme, la liberté de la presse le plus simplement possible. Je lui ai redis la chance qu’on avait de vivre dans un pays ou on peut lire toutes sortes de livres.
    De mon coté quand j’ai appris, je me suis dit qu’un rempart contre la connerie venait de s’effondrer…

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  54. Chloé a dit…

    Caroline, moi qui te lit depuis 2007 soit un certain temps tout de même, je ne crois pas avoir commenté plus de 4 ou 5 fois, mais je ne crois pas avoir jamais raté un de tes billets. Mais là… je ne peux m’empêcher, étant au boulot avec le téléphone branché sur itélé et l’ordinateur sur france 2 : empathie totale.
    J’ai pleuré devant Patrick Pelloux hier matin, devant l’émotion aussi de Bruce Toussaint. J’ai remis le couvert avec Jeannette Bougrab sur BFM, puis envoyé spécial… Impossible de travailler ou de penser à autre chose depuis mercredi.

    Je suis tout à fait d’accord avec Kaleane : il faut expliquer, ré-expliquer aux enfants que ces journalistes, dessinateurs, ne faisaient que leur travail. Et s’ils sont choqués (ou leurs parents, plutôt), et bien rien ne les oblige à acheter le journal, à regarder les dessins. LIBERTE!

    Ces « ils l’ont bien mérités » me rappellent les sinistres « explications » suite à un viol, que l’on peut entendre parfois, les « mais tu comprends, elle était en jupe, franchement, elle le cherchait un peu non? » Tristesse infinie.

    Bon courage, tu dois être en train de suivre la prise d’otage alors j’espère simplement que cette journée ne sera pas à nouveau entachée par de nouveaux morts…

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  55. Val Làô sur la Colline a dit…

    Looongue discussion téléphonique ce matin avec le CPE du lycée de mes deux filles dans lequel il n’a pas été évoqué, par aucun enseignant, dans aucun cours, ce qu’il s’est passé mercredi. J’ai appelé pour faire part de mon « étonnement » (gros guillemets…)

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    • Jane a dit…

      En tant que « petite surveillante » d’un collège en périphérie de Toulouse, je comprends ton « étonnement », je suis arrivée jeudi matin en m’enquérant au plus vite de la « procédure »: « La Principale passe dans les classes à quelle heure? », « la CPE a dit quoi? » et puis rien… Il ne s’est rien passé! Pas un mot de la hiérarchie, la minute de silence sans explication, sans même une phrase au préalable. Quel choc! J’ai été tellement décue. Et moi de tenter de raccrocher quelques wagons dans la cour auprès de petits sixièmes bien perdus au milieu de ce drame: « c’est qui Charlie? », « on l’a tué parce qu’il fait des dessins? », etc.
      J’ai glissé un petit mot aux profs rencontrés, je sais que certains le faisaient spontanément mais d’autres n’avait pas l’intention de le faire surtout auprès des grands troisièmes pour qui c’est pourtant tout aussi important.
      A chacun de se mettre à l’oeuvre pour faire comprendre, expliquer, encore et encore. C’est la seule clé.

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      • Laurence a dit…

        Bonjour, le commentaire de Caroline et ceux de nombreuses personnes font écho à mes pensées, mais j’éprouve une grande confusion. Dans le lycée (pas connu pour être « sensible ») de mon fils (14 ans, assez sensible mais sur qui les événements glissent, sans laisser de trace, je ne crois pas) , aucune intervention de la « hiérarchie ». Intervention du prof d’histoire. Début de la minute de silence annoncée par une sonnerie fin de la minute de silence par une sonnerie. Des élèves de culture musulmane riaient pendant ce recueillement. Je ne sais pas si mon fils a été choqué, révolté, +++ car il n’a pas voulu que nous en parlions. Je ne sais pas ce que j’aurai pû lui dire tellement je suis touchée, confuse, apeurée, scandalisée, +++ Mais face à tout ça et aux événements qui se déroulent au moment où je poste, ayons confiance, restons soudés, aimons nous, avançons dans un processus de résistance, de paix, … Laurence

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  56. Calista a dit…

    Cette histoire ça ma rappelle le fameux débat sur le viol à savoir qu si la victime l’avait cherchée quand même hein on a pas idée de se promener en mini jupe et maquillée en plus ! On s’en fout en fait ! Moi ils ne me faisaient pas tjs rire notamment leurs dessins sur le pape dont tu parlais Caro mais je n’ai pas ressenti le désir de tuer pour autant. Il faut quand même garder le sens des proportions sinon on ne serait plus très nombreux sur Terre !

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  57. Mag a dit…

    Morel m’a fait chialer aussi ce matin…
    Beaucoup de réactions déstabilisées dans mon entourage par les réactions des ados. Dur dur d’entendre certains mots dans la tête de nos chers anges.
    Pour ma part je craignais la journée d’hier. Prof en lycée professionnel à Marseille … Inutile de vous dire qu’il y a une énorme majorité d’élèves musulmans ou plutôt de culture musulmane. Bref, ça s’est passé mieux que prévu. J’ai beaucoup parlé, eux aussi et de façon plutôt calme et réfléchie. J’ai été effarée par un constat : aucun n’en avait parlé la veille en famille. Ces gamins se construisent seuls, avec des vidéos qui tournent en boucle et sur les réseaux sociaux. lls ont particulièrement été touchés par les profs de confession musulmane qui étaient presque les plus marqués hier voire en larmes.
    Bref, continuons à parler avec nos ados et avec les autres ! C’est la seule voie. Essayer de ne pas rompre le lien.

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    • Jérôme a dit…

      Oui, moi aussi, j’ai été « effaré » de constater que beaucoup des camarades de classes de mes 2 ados n’en avaient pas parlés du tout, se contentant d’un « mais c’est qui ce mec qui est mort, ce Charlie? »…quelques posts sur Snapchat ou Fb, quelques messages complotistes, et voilà, leurs opinions est faite…Voir certains qui « débarquaient » carrément en ne sachant même pas de quoi les autres parlaient…

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  58. Inès a dit…

    Tout pareil que toi : tête vide, état cotonneux, impression d’être déconnectée… et crainte de céder à la fascination morbide.
    Avec comme point positif le sentiment très doux de faire partie d’une communauté d’esprit solidaire face à l’horreur, indignée et meurtrie.
    Je suis profondément choquée de savoir que dans les écoles, des enfants trouvent que cet acte indigne relève presque de la légitime défense… certains se faisant l’écho de l’opinion de leurs pairs (on a tellement envie d’être « comme les autres » à cet âge). Je suppose que tes enfants ne sont pas scolarisés en banlieue sensible. Mais où allons-nous ?

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  59. mila a dit…

    « Le soir, en discutant avec leur père, on s’est dit qu’on était vraiment déconnectés, que c’était sans doute l’un des problèmes, celui de penser qu’il n’y avait pas de problème. » Je me retrouve dans cette phrase parce que je sais qu’on est une famille hyper protégée, avec une vie beaucoup plus douce que la très grande majorité.
    En tant que prof doc j’ai beaucoup réfléchi à la manière d’aborder tout ça avec mes élèves, je n’ai rien imposé, je n’ai rien manifesté de mon désespoir, par contre je suis intervenu dans leur discussion pour rassurer et expliquer, expliquer et expliquer encore. Mais oui ils ne vivent pas pas la même chose que nous, oui je leur ai dit qu’ils avaient tout à fait le droit de trouver ces caricatures stupides et pas drôle, mais qu’elles avaient le droit d’exister et qu’à un dessin on répond par un texte et un dessin. Dans mon collège de Paris intra murros je n’ai pas eu à faire face à des « bien fait », mais ayant exercé il y a dix ans au cœur de la Seine Saint Denis j’ai pensé fortement à mes collègues et je n’ai pas oublié le l’immense gap qu’il y avait entre mes élèves d’alors et moi.

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  60. Audrey a dit…

    Bonjour Caroline, et merci qu’est ce que ça fait du bien de se sentir moins seule dans un moment pareil …moi aussi je n’arrive à rien j’ai constamment cette impression de vide de boule au ventre l’impression d’avoir perdu quelqu’un quelque chose…. je ne parle pas et le n’écris pas aussi bien que vous et que toutes les autres personnes qui ont déjà laissé des commentaires, mais moi aussi j’ai beaucoup pleuré, j’ai discuté avec mes enfants pour essayer de leur faire comprendre, la presse, les caricatures, les religions, la peur des amalgames oui pour une une fois nous avons tout raconter à nos enfants parce que là on est pas dans un jeux vidéo là c’est la vrai vie et ça se passe à Paris !!! La vie n’est pas toujours belle, rose la vie se n’est pas une belle bulle qui protege, ils ont compris sur le moment mais hier lorsque mon fils ainé est rentré et m’a dit tu sais finalement on ne l’a même pas faite la minute de silence j’étais révoltée énervée en colére mon fils qui est dans une école primaire public qui a pour instituteur le directeur de l’école m’a dit ça comme s’il a avait finalement se n’est pas si grave tout ça ……. j’ai peur, peur pour nous pour eux pour leur enfants , samedi et oui chez moi se sera samedi, je vais aller au rassemblement en famille parce que j’en ai besoin…mais aussi parce que je veux faire partie de cette marche pour montrer au monde entier que nous ne laisserons pas tomber nos libertés, !!
    Désolé c’est peut-être un désordonné, peut être avec des fautes mais qu’est ce que ça fait du bien.

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  61. Myriam a dit…

    J’ai entendu le témoignage de cette prof ce matin sur France Inter, j’ai écouté la chronique de François Morel et puis le témoignage de Bernard Guetta sur la une du Nouvel Obs quand le pape était venu en France et les réactions des jeunes cathos de l’époque, révoltés du traitement pourtant très sobre de l’évènement ; la photo du pape et le profil d’une femme enceinte.
    Les français musulmans se sont aussi sentis insultés par les dessins de Charlie Hebdo.
    Bien sûr, c’est révoltant d’entendre des ados, enfants dire qu’ils l’ont bien cherché. Bien sûr il ne faut pas laisser dire des choses pareilles.
    J’ai trouvé que ce matin, sur France Inter, que la situation était bien résumée ; Il faut les codes pour comprendre les dessins de Charlie Hebdo et ces gens n’ont pas les codes.
    Et je me suis dit que cette prof, elle avait essayé de leur donner ces codes à ses élèves et qu’elle devait être bien vidée hier soir en rentrant chez elle.
    C’est la jeunesse de notre pays qui fait ce qu’il sera demain. Mon premier petit fils va naitre en avril et je VEUX qu’il ait tous les codes pour qu’il comprenne que la France est le pays de la libre expression et qu’à cause de ça il peut attirer tant de haine. Je lui apprendrai à résister à cette haine et « à aimer à tort et à travers ».

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    • NatakaDM a dit…

      Myriam, tu as très bien écrit ce que je ressens de mon écoute de France Inter ce matin. Merci.

      Très important de transmettre les codes. Je suis prof, et la discussion a été « facile » hier, d’autant que je crois que les élèves ont compris mon émotion… bien évidemment que le rôle de l’institution est de mettre en application et de faire assimiler les principes de la république, et donner tous les codes possibles de compréhension…. mais quand le relai n’est pas fait dans les familles et la sélection ciblée sur internet, …. on écope à la petite cuillère…

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  62. Delphine a dit…

    Bonjour,

    Je lis votre blog quotidiennement depuis environ un an, je n’ai encore jamais laissé de commentaires. Aujourd’hui, je me saisie de l’espace quu vous ouvrez pour partager avec vous la peine que je ressens face à l’horreur dont je pensais bêtement que nous étions protégés.
    Tout ceci me renvoie à ma propre médiocrité. J’ai en effet une conscience politique que j’estime proche du niveau de la mer. Je m’explque, je suis travailleuse sociale, issue d’une famille de profs te ravailleurs sociaux, on notrera l’originalité de mon orientation professionnelle. Mes parents, génération d’après-guerre sont des gens qui n’étaient pas engagés politiquement mais beaucoup dans le milieu associatif, qui croyaient aux valeurs du collectif, qui se sont beaucoup investis dans l’éducation des jeunes au travers des centres de loisirs laïques qui prônaient le sens du partage, de l’amusement (le but des activiteés propoése aux enfants à l’époque n’était pas des les occuper mais bien de les amuser), de l’échange et du rassemblement.
    J’en ai gardé des convictions fortes et je pense être quelqu’un de tolérant; profondément laïque, et qui croit en l’humanité. Super. Car ces valeurs, à part dans mon boulot, je ne les défends nulle part, je suis une révoltée de canapé… Je ne lisais pas Charlie, je n’avais pas conscience de l’ampleur des menaces qui pesaient sur eux… Je suis endormie, et aujourd’hui je me dis qu’en tant que citoyenne, l’espace public que je n’occupe pas dans un quelconque engagement associatif, je le laisse à d’autres qui viennent peut-être « s’occuper » des gens qui souffrent de solitude, d’isolement et qui prennent des chemins plus sombres…
    Voilà, je ne me remets pas de la tragédie qui frappe aujourd’hui des gens qui ont eu le courage de « ne pas vivre à genoux » , de ne pas rester dans leur confort individualiste comme je le fais moi au quotidien.
    Athée jusqu’au bout des ongles, j’espère que les valeurs de la République et le respect des convictions religieuses de chacun seront renforcés dans le coeur des citoyens de ce pays et à titre personnel que je lèverai mon cul du canapé….

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    • Suzanne a dit…

      Je me retrouve un peu (beaucoup. ..) dans ce que tu dis. Des convictions, et aucune action, ou presque.
      Si tu veux, on peut se donner mutuellement des coups de pied au cul. Enfin, pour ça faudrait pouvoir se lever du canap. ..:)

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    • sylvie la GB a dit…

      je me reconnais aussi completement dans tes mots. je me suis rendue compte que je lisais Charlie qd je tombais dessus, ou le Canard chez mes parents, mais je pensais naivement que ‘pas besoin de m’abonner, ils n’ont pas besoin de moi, ils sont assez forts pour ca !’.
      Et pis non, finalement, ils ne le sont pas… et je trouve dingue de me voir moi même m’abonner a qqch, et de comparer ça a un geste citoyen ! on en est donc rendu là ?! dingue ! …

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  63. Eva au Chocolat a dit…

    Je radote sans doute, mais que j’aime venir ici trouver des échanges apaisés, constructifs, compréhensifs… J’y trouve même souvent des réponses à certaines de mes questions péniblement formulées…

    Merci encore, Caroline, et merci à tous.

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  64. Bénédicte a dit…

    Bonjour Caroline, indéniablement : oui, il y a un problème. Tout comme toi, je suis souvent déconnectée de cette réalité tellement douloureuse : pas par bêtise ou par manque d’objectivité. Juste parce que je me sens profondément citoyenne du monde et que je crois au Vivre Ensemble,.Je me sens tout proche de toi dans cette conviction si forte c’est pourquoi j’ose un premier commentaire aujourd’hui….aimons nous par dessus tout

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  65. MarieL a dit…

    Maman d’un grand de 14 ans (entre autres) je suis également sidérée de la manière si « blasée » dont ces jeunes réagissent à ce moment terrible.
    Si sidérée même que je l’ai engueulé hier mon grand, je lui ai dit que c’est à son âge qu’il faut s’indigner, qu’il faut se révolter et dire non.. que moi à 40 piges je suis vieille maintenant…
    Il a pas eu l’air de trop comprendre… et ça a rajouté de la peine sur ma douleur… c’était peut-être trop tôt… Je sais que certains de ses potes lui ont dit que tout ça c’était de la manipulation… J’y reviendrai… ou alors c’est une carapace… Ne pas lâcher.

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  66. chocoladdict a dit…

    je me sens tellement en adéquation avec ce billet que cela en est troublant ..j’ai 3 articles à rendre mais je suis infoutue de travailler, je lis tout, je passe mon temps à regarder mon fil twitter depuis mercredi …j’ai parlé de ce triste mercredi 7 janvier avec mon fils en expliquant grâce au petit quotidien, il m’a semblé beaucoup moins concerné que je ne l’aurais voulu (il a 8 ans)…moi je suis en mode panda, partagée entre l’émotion et l’effroi des réactions si diamétralement opposées

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  67. isa-monblogdemaman a dit…

    Je crois que la liberté de la presse, c’est un peu comme le féminisme. On oublie à quel point c’est essentiel tant qu’on n’enfreint pas nos libertés.
    Je n’ai jamais trouvé aussi difficile d’être freelance qu’en ce moment. Je me sens plus seule que libre.

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  68. Banane a dit…

    J’ai écouté les témoignages de Jeannette Boughrab que j’avais raté hier. Elle est impressionnante.
    Et elle dit des choses tellement vraies aussi, en s’indignant contre cet élan qui arrive trop tard pour sauver son homme… c’est touchant mais ça pique un peu.
    Bref, je suis moi aussi bien paumée devant la violence du choc. Et je ne peux pas dire que je n’ai pas peur, parce que même si je ne baisse pas les bras, hors de question, j’ai peur.

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  69. josiane a dit…

    J’ai lu quelques commentaires, et ceux que j’ai lus me touche, je suis d’accord avec Anne, avec Kaleane, avec Christèle, Audrey, et d’autres et avec vous Caroline.
    Merci pour tous ces témoignages
    Je travaille dans une administration territoriale, hier nous nous sommes rassemblés, le maire a dit un mot, une collègue a lu avant la minute de silence, un poème de Paul ELUARD, « LIBERTE », ce fut un moment fort, fort en émotion, en solidarité.
    Nous avons tous mis une étiquette sur nos vêtments « je suis charlie », moi depuis mercredi soir j’allume une bougie chez moi et dans mon bureau. C’est peu de chose, mais pour moi c’est important.
    Des collègues disent ‘je ne lisais pas Charlie Hebdo, pourtant je suis solidaire et c’est inacceptable.

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  70. lollipop a dit…

    je suis EXACTEMENT dans le même état d’esprit : le constat ébahi que certain sans rire ne sont pas si choqués, cette prof ce matin sur France inter, cette autre hier au téléphone sonne qui explique que les élèves d’origine musulmane ne comprennent pas les caricatures et trouvent que c’est bien fait !!
    EXACTEMENT le même état d’esprit car je n’arrive as à quitter la toile alors que mon boulot s’amoncèle (un truc addictif le suivi en direct sur lemonde.fr…) et EXACTEMENT le même état d’esprit parce que je me demande ce que nous devons faire maintenant ! Oui nous vivons une union sacrée de qques jours qui vivra certainement son apogée dimanche mais pour combien de temps ? En tant que citoyen lambda que devons nous faire pour que cette ambiance délétère où le FN rode à nos portes cesse, pour que la foi en l’avenir revienne , pour que nous soyons optimistes pour l’avenir de nos enfants ?

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  71. coquette a dit…

    Bonjour
    ici chez moi nous sommes aussi totalement bouleversé. La radio est en boucle, Itélé aussi… Je n’arrive à rien, pas à écrire, mais pensées sont ailleurs et mes larmes au fond de moi ne sortent pas. Hier ma fille aussi rentrant de l’école me racontait ce qu’avait dit la maîtresse (elle est au CE2) et tout était parfaitement intelligent et j’étais tellement contente que ma fille ait une maîtresse comme ça (qui lit Charlie et qui donc pleurait presque en classe hier… )
    J’ai des moments où je m’énerve de façon extrême, sûrement, contre ces fous et puis je me dis que la culture manque trop dans notre société où seul le fric compte désormais… c’est terrible… je ne peux pas y croire.
    Merci pour tes billets

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  72. Elise a dit…

    Bonjour à tous.
    Sidération tristesse et colère. voilà ce que mon fils voit de moi depuis mercredi.
    Je le gonfle de rester branchée non stop devant les infos (d’ailleurs je ne trouve pas que c’est du voyeurisme c’est de la conscience) .
    Ses premières réactions relevaient de l’idée , dans sa tête de garçon de 10 ans , qu’il fallait tuer ces terroristes et les envoyer pour ce faire aux Etats Unis où il sait que la peine de mort existe.
    Bon.
    Alors on a débattu tous les deux de ça je n’ai pas modéré mes propos je ne l’ai pas épargné de l’horreur du terrorisme tout autant que celle de la peine de mort.
    J’ai été aussi , entre autres, biberonnée aux émissions de Polac, j’ai certainement entendu et vu des choses peut être pas « adaptées » pour la petite fille que j’étais mais qu’importe.
    Je sais qu’aujourd’hui je suis imprégnée de ce sentiment de liberté de paroles.
    Et mes parents étaient très engagés politiquement ça valsait sévère dans certaines réunions de famille et là encore je ne comprenais pas tout , voire j’avais quelquefois peur de la virulence de ces discussions et de leurs contenus.
    Mais pareil ça m’ a imprégnée … L’exemplarité de ce que j’ai vécu fait de moi aujourd’hui une personne ouverte curieuse tolérante (j’ai des amis racistes je leur rappelle souvent en souriant que mon grand père était algérien …je sais que ça les interroge à chaque fois sur leurs positions et ma foi c’est déjà pas mal) .
    L’idée n’est pas de m’envoyer des fleurs mais je me répète (et j’enfonce des portes ouvertes au passage) l’exemplarité l’éducation l’imprégnation sont plus que jamais essentiels . A tout âge . Pour ensuite avoir le maximum d’outils pour décider qui on veut être .
    Tout ça je n’en suis pas sure à chaque instant de ma vie. Je doute souvent , m’interroge beaucoup sur la justesse de ce que je fais, dis. Et je fais souvent des conneries et j’en dis.
    Et des fois j’ai peur. J’ai été terrorisée par ce qui s’est passé mercredi . Et en même temps je me suis dit qu’à mon tour je devais essayer de montrer l’exemple.
    Alors, peut être connement hein, j’ai accroché à mon balcon plusieurs banderoles  » Charlie  » . J’avoue que j’ai un peu la trouille (connement encore ?) que certains viennent me casser la gueule mais justement je ne peux pas me contenter des rassemblements ou manifs , aussi essentiels soient ils.
    C’est ma petite pierre à moi , mon fiston semble me trouver un peu dingo mais je continue de lui expliquer pourquoi je fais ça . Je tiens absolument à ce que ce qui se passe depuis 3 jours reste dans sa tête comme un évènement majeur de sa vie . Avec les Lego Ninjago aussi hein!

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    • Jérôme a dit…

      Tout comme vous, j’ai vécu ces « belles années », Coluche, Cabu qui nous dessinait des Dorothée a tour de bras, les repas de famille ou tout le monde s’engueulent sur tel ou tel sujet, fument, bois, tombent a bras raccourcis sur l’oncle facho… Qu’au final on reverra a Noël avec ma tante  » arabe » parce que faut pas déconner, c’est la famille…
      Mais ne nous sommes pas endormis dans ce passé? Trop de questions…

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      • Elise a dit…

        Bien sur que je me suis endormie là dessus. Et j’en ai honte aujourd’hui. J’ai plein d’excuses, bonnes et mauvaises, pour ça;
        Aujourd’hui le réveil est brutal alors j’ai deux choix: retourner me coucher ou prendre mon cerveau mes tripes mes mots par la main et me bouger le cul.

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  73. la bulle petillante a dit…

    je decouvre ton blog et lis avec énormément d’interet ton billet. tu souleves des questions tres interressantes, je m’en pose aussi beaucoup et je suis triste de t’avouer que je n’ai pas vraiment de réponse à te donner. Mon ainée n’ayant que 4 ans et n’ayant posé aucune question malgres le fait que, morbidement surement, je suis, moi aussi, sur itélé en boucle depuis le drame alors qu’habituellement, la part belle est donnée aus dessins animés et autres gulli en fond sonore en leur présence, je n’ai pas jugé utile d’en parler…
    Nous, on a entendu Cabu, wolinski, et ça nous évoque plein de choses. si mark zukertruc le créateur de facebook était aussi lachement assassiné, il est possible que ca provoquerai plus de réactions d’horreur du coté des ado actuels… charlie hebdo, c’est la presse papier, c’etait des gens agés pour beaucoup, des heritiers du professeur choron pour le reste et ça n’evoque rien aux ado. ils ne lisent même pas de journaux. je pense que c’est aussi ça, qui créé un détachement. en dehors de toute la symbolique de cet abominable geste, on a assassiné une generation et ses souvenirs. les gamins d’aujourd’hui n’ont pas la meme notion de liberté d expression, ne sont pas de cette generation caricature. peut etre que ce sont des petites pistes pour t’aider à comprendre la réaction de tes enfants….. courage.

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  74. Adelles a dit…

    Un des livres préférés de mes Poites (pour rappel, 3 ans et demi au compteur) est « Les Chaussures Neuves » de Claude Ponti. Il y a un gros effort d’analogie à produire ici car l’histoire parle bel et bien de chaussures neuves mais enfin, à la fin, le héros de l’histoire à propos de ses chaussures dont il ne peut jamais obtenir qu’elles lui servent réellement d’accessoires pour marcher, conclut d’un laconique et désarmé : « ce n’est pas grave, elles sont jeunes, elles apprendront ». Et voilà, je crois que c’est un début de réponse. Ils sont jeunes, ils apprendront. Du moins, c’est ce à quoi nous devons veiller en tant que parents…. qu’ils apprennent le sens de tout ça…
    Belle journée malgré tout…

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    • Geneviève a dit…

      J’aime beaucoup cette analogie… (je vous ai dit que j’étais un peu amoureuse de Ponti ? 😉 )
      Dans l’album « La tempête » (texte de Florence Seyvos, illustrations de Ponti si je ne dis pas de bêtises), l’héroïne à la fin dit « … et maintenant ? On avance… » Cette image de la sérénité après la tempête, du désir de continuer, d’aller de l’avant m’aide chaque fois dans les moments difficiles. J’ajoute l’image des chaussures neuves ! 🙂

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  75. nathalie B a dit…

    Chere toutes et tous,

    moi meme un peu vide, un peu pas bien, comme une gueule de bois bizarre depuis 2 jours. Mais hier, une petite lumiere est venue du proviseur de l’école hoteliere de Biarritz ou est scolarisée ma niece. J’espere qu’elle vous éclairera un peu aussi :

    « LIBERTE ASSASSINEE
    J’invite tous les élèves et les personnels à un rassemblement à 10h sur le parvis du lycée pour la mise en berne du drapeau national en homage aux journalistes et autres personnes tués lors de l’attentat hier jeudi 7 dans les locaux du journal satirique CHARLIE HEBDO
    Au regard du choc emotionnel de cet acte, j’invite les élèves et les professeurs qui le souhaiteraient dans le cadre de leur programme de cours à évoquer ce sujet de la liberté, de la fraternité
    Le role de l’école est de former les élèves à devenir des citoyens libres de leurs choix, capables d’analyser le monde qui les entoure et non pas des sujets serviles, endoctrinés ou manipulés
    Nous sommes tous des CHARLIE
    Jean Paul Brosse
    Le proviseur « 

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  76. alexabuz a dit…

    Tes mots me réconforte ce matin, parce que depuis ce 7 janvier, je suis en boucle devant LCI, que je ne m’épargne rien tout en me demandant où se situent les limites entre information, compassion et voyeurisme…Je suis en état de choc, j’ai peur des décisions qui seront prises et, habitant en province j’ai en plus l’impression d’over réagir (autour de moi je ne pourrais dire le nombre de fois où j’ai entendu cette petite phrase « heureusement, nous on ne risque rien » et qui me donne envie de grimper au plafond) . J’ai un ado, qui va au lycée . J’avais déjà été choquée de son manque de réaction le 7, comme si finalement tout cela ne le concernait pas, Cabu, Wolinski, pas de sa génération. Je me suis dit OK, demain, deuil national, ils vont en parler au lycée et rien….Je veux dire AUCUN prof n’a pris le temps d’en discuter avec eux, aucun prof ne leur a rappelé la minute de silence de midi et là moi je comprends encore moins, je ne comprends plus rien… Alors hier soir, on s’est posé et on a discuté. Je crois que mon mari se rappelle, lui, qu’à 16 ans on est encore léger et que c’est normal; moi je veux qu’il comprenne quels symboles il y a derrière ces hommes. Je n’achetais pas Charlie Hebdo. Quand je tombais dessus ça me faisait marrer, des fois je me disais qu’ils y allaient un peu fort, que merde ça craint (et pas qu’au niveau religionS), c’était leur liberté de le faire, c’était ma liberté d’aimer ou pas.
    Sur instagram j’ai vu passer des commentaires je NE suis PAS charlie, suivi d’insultes en réponse. On a le droit d’être Charlie, on a aussi le droit de ne pas l’être, d’être choqué, blessé, d’en discuter, de porter plainte mais en aucun cas on a le droit de tuer pour ça. On a le droit d’exprimer son opinion mais on a le devoir de respecter celle des autres …..Ce la me parait tellement normale, je suis perdue, je ne comprends pas notre monde…(désolée pour le pavé, je t’ai pris pour mon quelqu’un 😉 )

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  77. Jennifer a dit…

    Que ton billet me parle! Les mêmes interrogations, la même tristesse, et le même choc hier lorsque je suis arrivée au collège dans lequel je suis assistante d’éducation, la fraternité chevillée au « cœur » convaincue par avance que cette journée allait me redonner courage. Que mes petits élèves et moi nous allions respirer à l’unisson pendant la minute de silence, au lieu de ça, j’ai pleuré. J’ai pleuré lorsqu’un de mes élèves m’a tenu ce même discours  » ils l’ont bien cherché, moi j’m’en fous » tout en mimant la kalachnikov. Je ne m’y attendais pas, et ça m’a fait encore plus mal que lorsque j’ai appris cette horreur. Je me suis questionnée aussi sur cette naïveté, sur cet angélisme qui, je crois, finit par me desservir et m’empêcher de changer réellement les choses. Après la tristesse j’ai tenté d’expliquer, de faire comprendre, d’élargir le champ, sans vraiment avoir l’impression d’y arriver…

    Ce matin je suis allée me changer les idées, les larmes au coin des yeux après le billet de François Morel, et cette immense peine m’a rattrapée encore plus fort en entendant le même type de propos que mes gamins, dans la bouche d’adultes cette fois, en plein centre ville de Toulouse.

    « Pleurs et rage ».

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  78. Hélène a dit…

    Même état de gueule de bois ici… Et j’avoue que ça me soulage que vous regardiez aussi jusqu’à plus soif les images de Patrick Pelloux, Jeannette Bougrab ou Philippe Val lâchant dans un sanglot « j’ai perdu tous mes amis ».
    J’y réfléchis beaucoup. Je ne sais pas si c’est ton cas, Caroline, mais moi, je suis vraiment une « fille de Charlie » , mon père a tous les numéros, j’en ai lu beaucoup et aussi les bds de Cabu, Wolinski ou Reiser, les romans de Cavanna. Tous les mercredi depuis la reprise du magazine en 1992, mon père achète Son Charlie (il ne s’abonne pas parce qu’il y a des réductions quand on s’abonne!). Et bien sur que j’aime mon père mais comme Charlie, ils sont d’une autre génération et en vieillissant à mon tour, je les ai jugés plus d’une fois (« trop grossiers, sexistes, peut-être homophobes »). Tout comme j’ai du mal à me dire « de gauche » alors que l’expression a été tant abîmée par les hommes politiques, la gauche caviar, les dérives du communisme.
    J’ai perdu bien des idéaux et c’est aussi cette perte qui est ravivée par ce drame.
    Et c’est humain. Je crois c’est pour ça que nous avons besoin de voir leurs proches, des « touchés » dont la douleur ne fait aucun doute. Elle est brute quand la notre est peut-être mêlée de la culpabilité de pleurer aussi « autre chose ».
    Et il faut accepter que chacun ne peut réagir qu’en tant qu’être humain. Derrière les enfants qui disent « ils l’ont bien cherché », j’entends les idées de leurs parents mais surtout « ça ne peut pas m’arriver, à moi qui veut vivre et pas mourir assassiné ». Derrière les « C’est interdit de se moquer de notre Prophète », il y a aussi « J’ai besoin que la France me respecte ».
    La différence de nos réactions nous rappelle nos différences de générations, de culture, de vécu. Et elles sont là, ces différences, elles existent. Il nous faut apprendre à vivre avec. Je ne sais pas bien comment…..

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  79. paulette a dit…

    peut être en acceptant de débattre sur la ligne éditoriale prise par CH ces dernières années sans que cela déchaine les foudres.
    « Ça faisait longtemps que Charlie Hebdo ne me faisait plus rire, aujourd’hui il me fait pleurer »
    Tristesse pour ma part pour Cabu avec qui j’ai grandi

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  80. Sylvie LAVOUX a dit…

    Bonjour Caro,

    je suis une fervente lectrice de ton blog, qui me fait souvent sourire, rire ou pleurer. Aujourd’hui je pleure assommer par tant de haine, par cet acte imbécile, par ce pan de ma jeunesse qui s’écroule, Cabu, Wolinski Cavana Hara kiri, Charlie ce sont des personnages si familiers …..Les autres, n’étant pas lectrice de Charlie Hebdo, je les connaissais par l’emission d’information si intelligent de Arte, 28′ où ils venaient nous faire sourire avec leurs dessins, leur regard acéré et critique et puis il y a les inconnus, ceux qui étaient la par hasard ou par devoir….

    J’ai parcouru quelques tweets de « je ne suis pas Charlie », certains étaient haineux mais d’autres étaient emprunts de compassion pour les victimes même s’ils ne soutenaient pas la ligne éditoriale parce que choqués dans leur conviction religieuse, je peux comprendre…..comme je pense les catholiques, juifs et autres caricaturés ont peu souffrir dans leur conviction lorsqu’ils ont été croqués…

    j’ai aussi été choquées de certains propos haineux dans les messages de soutien à Charlie, appelle à la haine des musulmans, amalgame, islamophobie….je suis également choquée de la récupération politique qui commence à poindre… Ces Hommes qui sont morts de leur liberté, de leur insolence ne méritent pas cela, ne l’auraient pas voulu, ….

    Nous sommes Charlie parce que nous sommes libres, veillons attentivement sur cette liberté !

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  81. DELPHINE a dit…

    bonjour à tous et à toutes;nous sommes tous unis dans ces momente atroces qui continuent d’ailleurs;juste ma réflexion que j’ai tjs gardée pour moi et que j’ai envie de vous dire à tous:parents d’enfants adoptés(originaires d’Inde,donc de couleur foncée)leur parcours à l’école a été TRES DUR,car en plus de la couleur de leur peau,ils n’avaient de « vrais parents »etc…Ils ont passés 15 ans à vivre tout cela,sans forcément nous en parler et il nous a fallu redoubler de présence,de patience pour les aider;je pense à ces 2 tueurs ballotés de foyer en foyer et je suis sûre que notre société a une part de responsabilité de ne pas avoir cherché à les intégrer VRAIMENT,à essayer de leur donner du travail etc…Quand on se sent humilé pendant des années,on devient un autre et c’est cela que nous laissons arriver en France;sans être pessimiste,notre avenir à tous sera menacé et insécurisant:ils n’ont rien à perdre:ils n’ont jamais rien eu;delphine

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    • Elise a dit…

      Entièrement d’accord . On ne peut être éclairé que si on nous donne de la lumière. Un des lits de la haine est l’ignorance , le « non savoir » et le « non être quelqu’un » ..
      Je crois avoir entendu que Macron a dit qu’il souhaiterait ( en gros) que tous les jeunes rêvent d’être milliardaires …
      Hum. Objectif de vie irréalisable évidemment mais ces propos creusent certainement encore plus le vécu de transparence , de quasi inexistance pour plein de personnes qui n’ont rien, et certainement plus d’espoir.
      Je bosse en psychiatrie et je ne vois que ça tous les jours, à quel point les injustices sociales et l’indifférence, tout comme le  » trop de différence » rendent fous les gens, dans tous les sens du terme.
      Ca n’excuse rien mais ça explique certaines choses.

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  82. Virginie a dit…

    Le « Pleurs et rage » de François Morel ce matin sur Inter résonne encore en moi avec une force particulière. Tout ce qu’il a dit et dénoncé aussi. Et encore la citation qu’il a faite et qui disait à un moment « Il faut reboiser l’âme humaine ». Pour moi, tout y est pour maintenant et pour l’avenir.

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  83. Maud a dit…

    Moi je suis un peu aussi dans cet état Mais j’ai envie d’aimer encore plus pour répondre à leur haine, ils ne veulent que ça qu’on se divise… J’en parle beaucoup avec ma fille qui a 18 ans et avec mon moyen qui va avoir 10 ans ainsi que le copain de la grande…. La grande est bien sur en parle beaucoup avec moi et elle rapporte que certains disent que c est bien fait. Le copain de ma fille est très choqué par ce qu’il se passe il me demande chaque jour comment on peut en arriver là, je lui dis tout simplement en salissant la mémoire d’un prophète en qui ils croient. Que les musulmans les vrais ne veulent pas ça, qu’ils sont tous autant outrés du comportement des extrémistes. Pour mon moyen, il me dit que la maîtresse de sa classe de CM1 en a parlé avec eux pendant 20 minutes en leur posant des questions sur ce qu’ils savaient. et en les reprenant quand il y avait des choses fausses dites. Et quand à mon petit qui a 5 ans lundi prochain qui entend les infos de loin et qu’il entend mes discussions avec les grands il me dit maman pourquoi on ne déchire pas les gens plutôt que de les tuer? Voilà alors on en parle, ils savent que c’est grave. Pelloux et Jeannette la compagne de Charb m’ont fait pleurer. Je n’arrive pas à dormir je ne dors qu’une heure par nuit et mal je suis angoissée, angoissée de savoir ce qu’il va se passer pour nos enfants.

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  84. Suzie a dit…

    Comme beaucoup, je suis anesthésiée, incapable de ne rien faire d’autre que de regarder les infos, écouter la radio ou scruter le ciel où j’ai vu passé hier au-dessus de mon immeuble 3 hélicoptères Puma qui partaient vers l’est parisien… avec juste l’envie d’aller récupérer mes enfants dans leurs écoles. Je suis sidérée aussi par cet acte et par les réactions de certains… Je pense que nous étions dans une sorte de naïveté qui fait qu’aujourd’hui on découvre qu’une partie de la population et surtout de la jeunesse puisse ne pas être si choquée par cet acte barbare… Mon fils de 13 ans en 4e est revenu du collège avec un « C » sur la main… Je lui ai demandé pourquoi il portait ce « C », il m’a répondu : parce qu’aujourd’hui tout le monde avait un « C » sur la main…. Il a fallu le titiller pour qu’il me dise quelle signification ça avait pour lui… Mais je ne l’ai pas trouvé aussi impliqué que j’aurais souhaité et en fait, il n’y a eu aucune discussion à ce sujet avec les profs dans son collège… juste la minute de silence… Peut-être les profs ont-ils préféré ne pas se confronter à des réactions hostiles ? En revanche, les plus jeunes à l’école élémentaire ont eu droit à un grand discours de la directrice avec tous les élèves rassemblés (400 enfants quand même) dont ils ont à peu près rien retenu si ce n’est qu’on leur a dit qu’il ne fallait pas avoir peur, ni pleurer… mais ils n’ont même pas compris pourquoi… Je n’approuve absolument pas ce discours… On n’a pas le droit de demander à quelqu’un de ne pas pleurer… Quant à la peur, vu qu’il y a des barrières tout le long de l’école avec de grands pancartes « Vigipirate attentat », qu’ils n’ont plus le droit de sortir de leur établissement, je ne vois pas bien comment ils pourraient y échapper…

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  85. Clémence a dit…

    Fidèle lectrice depuis des années et fidèle sous-marin aussi… je laisse un commentaire aujourd’hui. La violence, la mort, les passages à l’acte entraînent la sidération de la pensée. Tout se bloque dans la tête et seules les émotions brutes s’expriment. C’est amplifié du fait de la facilité avec laquelle nous accédons à l’actualité, au déroulé des évènements seconde par seconde. Bien sûr, les journalistes font leur travail d’information. Mais de l’autre côté, nous recevons les images brutes, sans analyse, sans distance… En parlant, en mettant en mots nos émotions, en tentant d’analyser, nous permettons à la pensée de revenir et nous redevenons humains. Merci de vos textes qui contribuent à ça. C’est en devant expliquer ce qui se passe à nos enfants que nous prenons la mesure de l’enjeu. L’acte en lui-même est une horreur. En voulant le décortiquer pour ma fille de 6 ans, je me suis aperçue qu’il fallait lui parler de la chance que nous avions de vivre dans ce pays où nous pouvions choisir, ou nous pouvions nous exprimer et nous moquer des autorités. Mais dire ça à une petite fille de 6 ans, qui ne demande que ça de pouvoir choisir et que c’est moi sa mère qui l’en empêche, c’est aussi lui dire que choisir et avoir la liberté de penser, cela s’apprend, cela s’éduque.
    Pfff mon commentaire est confus… peu importe, vous m’avez laissé un espace pour me forcer à commencer à poser des mots. Merci encore.

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  86. Bene a dit…

    Il me semble que ce n’est pas insulter la mémoire des morts de dire que la ligne du journal relève plus souvent de l’insulte que de l’humour… et que j’aime bien rire mais pas conspuer, choquer, ni humilier. J’entends sur toutes les radios qu’il faudrait absolument republier un peu partout les caricatures de Mahomet pour montrer que l’on ne courbe pas l’échine. Je crains que ce soit l’exemple type d’une fausse bonne idée. Ne pas baisser la tête est une chose ; agiter le chiffon rouge jusqu’à indigner les plus modérés, les blesser dans ce qu’ils ont de plus cher, jusqu’à peut-être les convaincre que les plus radicaux ont finalement quelque raison de s’exciter, en est une autre.
    Paradoxe suprême : les mêmes clament à qui veut l’entendre qu’il ne faut pas stigmatiser les musulmans, qu’il faut même leur tendre la main. Tendre la main de cette façon-là revient à embrasser son prochain en lui disant « Nique ta mère ». Discuter pied à pied de l’islam, montrer les contradictions, souligner les exactions, forcer l’autre à user de sa raison. Mais pas cracher à la figure.

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  87. Lu Divine a dit…

    OH mon dieu 🙂 🙂 comme je suis encore tout à fait d’accord avec de que tu écris.
    Je n’y arrive vraiment pas, je me sens oppressée et au lieu de me détendre, je fais une overdose d’actualité 🙁 … et puis avec une fille de 12 ans, j’ai du mal, du mal à lui faire comprendre ce qui se passe. Qu’elle est témoin de notre histoire, notre histoire marquée dans son coeur …. qu’elle transmettra ces faits à ses enfants. Il faut trouver les mots et les faire réagir …. nous n’avons pas les mêmes codes, nous ne sommes pas définitivement de la même génération :-). J’ai l’impression qu’à 12 ans … j’aurais été plus impliquée, mes parents étant surement plus engagés que je le suis :-(.

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  88. Marjo a dit…

    Merci pour ces lignes, pour ces mots de tous et de chacun.
    Charb disait qu’il y avait des Hommes « incultes du dessin »
    Ma fille, en 1ère L, a eu cette jolie phrase : « nouvelle résolution pour 2015… apprendre à dessiner »!

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  89. ParisParis a dit…

    C’est sûr qu’entre d’un côté les « ils l’ont bien cherché » et de l’autre « ces gars-là, on devrait tous les flinguer, on sait qui ils sont », c’est un peu difficile depuis hier. Les langues se délient dans le bureaux. Mais j’aimerais exprimer une chose.

    On peut être pour la liberté d’expression à 100% (tant qu’il n’y a pas d’apologie de crimes.)
    On peut être contre la violence à 100 %, et en ce sens être totalement horrifié par ces exécutions.
    Et pour autant, ne pas admirer/apprécier/ les caricatures de Charlie hebdo. Pas par manque d’humour, mais trouvant qu’il y a eu souvent un manque de respect, auquel tout le monde a droit, catholiques, musulmans ou n’importe qui d’autre. Que ces caricatures souvent n’apportaient rien d’autre que ça, la manifestation d’un non-respect, le contraire de la tolérance.
    C’est pourquoi, oui à la défense de la liberté d’expression, qui est l’un de nos biens les plus précieux. Oui au droit à publier n’importe quelle caricature ou texte. Mais je comprends certains qui disent « je ne suis pas Charlie », en ce sens qu’ils ne peuvent pas s’identifier à certains dessins. Et peut-être que quand certains adolescent disent « ils l’avaient bien cherché », ils ne veulent rien dire d’autre, mais ne savent pas comment l’exprimer…

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    • Elise a dit…

      On peut penser celà peut être. Mais à chaud je me dis que toutes ces caricatures n’avaient pas pour but de manquer de respect à qui que ce soit . On entend depuis 3 jours à quel point Cabu , Charb étaient GENTILS. Ils voulaient je pense avant tout créer le débat, poser des questions, remettre en question … avec leurs outils à eux. L’effet n’est peut être pas à confondre avec le but ?

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  90. Tan a dit…

    Pas grand-chose à ajouter, je tiens juste à dire que je suis là aussi, perturbée aussi, perdue aussi. Et égoïstement contente que ma fille n’ait pas encore deux ans et qu’on n’ait pas eu à lui parler de tout ça.
    D’une certaine manière, ton billet, vos commentaires, François Morel et les autres, ils font du bien parmi toute cette horreur. Merci particulier à Kaleane pour son commentaire tellement juste.

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  91. Sarah a dit…

    Merci pour ce débat. Je pense qu’on ne peut pas forcer quelqu’un à approuver, aimer et à ne pas être choqués par des caricatures. Là n’est pas le problème. Le plus important est le respect de valeurs communes et essentielles en France, à savoir la liberté d’expression, celle de choquer, de blasphémer et de critiquer les religions et autres idéologies. Il ne sert à rien de se mettre la tête dans le sable par peur de faire le jeu des racistes. Il faut quand même bien s’avouer qu’on commence par avoir un problème en France avec une partie de la population qui n’accepte pas ces valeurs. Oui c’est bien d’expliquer et de dialoguer, mais malheureusement dans certains cas cela n’a aucun effet. Face à cela il ne faut pas céder, et surtout pas face au chantage à l’islamophobie (quelle notion bien pratique tout de même…) et réaffirmer avec force nos valeurs et le refus de tout compromis. En France on a le droit inaliénable de se moquer de Jésus, Mohammed, Allah, le Pape ou encore Bouddah, y compris avec mauvais gout. Cela ne doit jamais changer. Vous avez le droit d’en être choqués, mais il est intolérable d’y réagir avec violence et par la censure. Il est inacceptable de stigmatiser les musulmans de France (dont la plupart sont horrifiés par ce qui s’est passé), nous devons tous être unis face à ce drame quelles que soient nos convictions, mais je n’ai aucune indulgence face à ceux qui ont le discours “ils l’avaient quand même bien cherchés”. En revanche, j’en ai plus pour l’indifférence de certains ados et enfants: ils ne réalisent pas forcémment très bien la gravité des actes, ils n’ont pas grandi avec Charlie comme nous, beaucoup ne connaissaient pas les noms de Cabu, Charb, Wolinski.

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  92. Kro a dit…

    Tu exprimes mon état et mes questionnement depuis cet événement…
    Hier à midi, seule dans ma voiture, j’ai fait une minute de silence et écoutant les mots du patron de france inter…
    François Morel, comme toujours : juste et émouvant…et pudique…
    Tu devrais (si ce n’est pas déjà fait) lire le post de Cécile, qui partage ta réflexion par rapport aux enfants !

    http://www.ciloubidouille.com/2015/01/08/no-pasaran

    Voila….pas bcp d’autres mots…

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  93. Plum' a dit…

    Je pense qu’il faut accepter que beaucoup n’en ont rien à foutre, c’est aussi leur liberté.

    (Autre sujet : Mon fils était outré hier en revenant du Lycée, ils s’étaient donné le mot d’être habillés en noir, voulaient en parler mais rien…profs muets sur le sujet, une envie de « pas de polémique » au lycée du proviseur)

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    • Elise a dit…

      Évidemment c’est leur liberté . L’accepter pour autant sans rien tenter ? Je ne suis pas d’accord. Comme un goût amer de simple résignation.

      Répondre
      • HeLN a dit…

        N’est-ce pas aussi une question de génération ? Les victimes de cet attentat, qui sont toute notre jeunesse à nous, sont d’une toute autre génération que la leur, et ils se sentent certainement moins concernés pour cette raison. Si c’était Zep, Black M ou Stromae qui était tombé sous les balles, le ados seraient certainement autrement révoltés.
        Ils ont également grandi dans une société où l’expression est bien moins libre que celle qu’avaient leurs aînés (il suffit de se replonger dans des vieux épisodes de Deschiens, de Nulle part ailleurs, de Groland, ou dans un autre genre de La Classe ou du Collaro Show pour s’en rendre compte) et du coup ils se rendent probablement moins compte de ce que représentait un journal tel que Charlie Hebdo.

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  94. karina a dit…

    merci de dire ce que je ressent depuis ce jour noir….les réactions des gens, des jeunes autour de moi me font froid dans le dos…..

    j’ai peur…..

    Répondre
  95. SImone a dit…

    Bonjour, et merci. Ce blog et ses commentaires font partie des quelques espaces dans lesquels on se blotti. On est ensemble. On pleure, on parle, on échange. Merci.
    C’est bien un article sur le jour d’après. L’émotion commence à peine à être moins brute. Les larmes coulent encore, mais moins. Arrivent les questions que tu poses, et d’autres aussi.
    Je suis nouée par cette prise de conscience de plus en plus forte que Charlie défend(ait) nos libertés, à coup d’humour graveleux et de coups de pieds dans la marre, en éclaboussant tout, tout le monde mais sous menace et danger de mort. Putain. Des farceurs sous menace et danger de mort, escortés par la police.
    On le savait et moi je n’ai pas compris.
    Quelle est ma pièce à l’édifice? Que dalle. Quand les locaux ont été incendiés, je ne me suis pas abonnée. J’ai pas compris que c’était ma liberté qui brûlait et que je devais la défendre par principe, montrer mon soutien, ma solidarité.
    Je n’avais pas pris conscience de la fragilité de mes libertés et de mes droits. Combien de fois je me contente de la lecture du 20 minutes et des actu google, de BFM au lieu d’affûter mon droit de savoir, de comprendre, de penser?
    Maintenant je sais. C’est un peu tard, non?
    La défense de la liberté d’expression et de pensée passe d’abord par la volonté de savoir, de comprendre. A défendre la presse donc.
    Aujourd’hui, pas bien fière, enfin, je m’abonne à un grand quotidien, enfin j’écoute un peu plus Inter.

    Tu as raison, c’est douloureux de réaliser que tous ne partagent pas notre émotion. Mais l’indifférence, le désintérêt, la mollesse constituent des boulevards à l’extrémisme. Et je me ne me sens pas du tout exemplaire.

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  96. so a dit…

    comme toi, je suis abasourdie , et je doute .
    Mais ce que je veux retenir, sans faire d’angélisme c’est ce qui me permet d’espérer et d’avancer encore et toujours malgré tout. ce qui me permet de dire que demain peut-être …
    Hier quand je suis arrivée au bahut, j’ai abord vu les collègues tout de noir vêtus ; j’ai d »abord entendu le silence en salle des profs, et vi les regards tristes, j’ai d’abord vu fleurir les badge  » je suis Charlie » fleurir sur les vestes avant d’entendre  » c’était que des balles » ou  » c’est bien on n’a pas bossé, on a fait éducation civique toute la matinée, ces pov’ gosses, y comprennent rien ».
    hier quand je suis montée en classe avec mes élèves, j’ai d’abord entendu leur calme et leur sérieux, j’ai retenu leurs questions et leurs remarques. Celle de F, qui a supplié ses camarades de classe de ne pas croire que les terroristes puissent être vraiment liés à une religion quelconque, et qui a pris sur elle d’expliquer a ses camarades que nulle part dans le Coran il n’est écrit qu’on peut tuer. Et que oui, elle était choquée par les caricatures du prophète et que ou la religion interdit de représenter mahommet, mais que non, on ne doit pas tuer pour cela. Celle de M, qui a appuyé les dires de sa camarade. Celle de A qui a tenu a rappeler qu’au dela de nos différences , nous sommes avant tout des frères humains. Alors quand B, a fait semblant de ne rien comprendre et a conclu que lui il était Bernard, par pure provocation, nous avons choisi tous ensemble de l’ignorer.
    De la journée d’hier je veux retenir ces quelques élèves de 3A ( dont mon inspecteur a dit qu’ils n’étaient vraisemblablement pas acquis à l’école, c’est dire si rien ne les intéresse) que la minute de silence n’ayant pas duré une minute entière et n’ayant pas été faite à midi pile ( c’est l’heure de la sortie, elle avait donc été avancée à 11H55) , ont décidé de sortir de la classe en silence …
    Alors oui, il y a eu des dissonances et des propos stupides, mais je préfère m’attarder sur ce qui donne des raisons d’espérer et le souligner. Je ne pense pas que ce soit spécialement de l’angélisme, ça m’aide à ne pas baisser les bras.

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    • filledesbrumes a dit…

      Merci pour ce commentaire.
      C’est exactement ça. S’attarder sur ce qui donne des raisons d’espérer, souligner le bon, le beau. L’additionner.

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    • Geneviève a dit…

      Je crois que tu as raison… C’est ce que j’ai essayé d’expliquer (mal) dans mon commentaire beaucoup plus loin. Garder ce qui est bon, ne pas réagir quand un avis dissonnant s’exprime (ou avec respect), accepter que certains ne soient pas touchés comme nous, tenter de comprendre pourquoi…
      S’accepter, s’écouter et si c’est vraiment impossible, ne pas provoquer, surenchérir.

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  97. cash cash a dit…

    C’est, je crois, le dernier bastion de la liberté d’expression qui a été assassiné mercredi…
    En effet, soyons honnête, et nous admettrons que cela fait de nombreuses années qu’elle a été éradiquée des lieux publics en général et des médias en particulier, lui préférant l’inoffensive langue de bois ou le consensuel politiquement correct.
    Les blogs comme celui-ci sont les premiers à supprimer les commentaires qui ne les brossent pas dans le sens du poil, alors cette gabegie de bons sentiments sans les actes m’écoeure, désolée.

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    • Elise a dit…

      Je suis d’accord avec toi ce qui explique que toute vie webesque ne me pousse que rarement à des réactions. Dans la vie , la vraie donc , je n’aime pas spécialement me prendre des baffes dans la gueule par contre j’aime bien quand on m’aime bien . Ouais ouais je suis petite au fond humainement parlant.
      Mais j’aime aussi le débat d’idées qui potentiellement nous amène à agir et aujourd’hui c’est aussi ici que je trouve cette porte ouverte. Point.
      Les bons sentiments c’est classe aussi des fois. Pas que ça. Mais aussi ça.

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      • HeLN a dit…

        La première partie du commentaire de cash cash est tout à fait vraie ; la liberté d’expression n’a plus du tout la même étendue depuis quelques années (ça fait très « vielle conne » d’écrire ça 🙂 )
        La remarque sur le blog de Caroline, outre le fait qu’elle soit fausse, tombe bien mal à propos…

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  98. filledesbrumes a dit…

    Caroline, comme c’est difficile d’écrire aujourd’hui tant les émotions se bousculent, emberlificotées dans les questions. Mais même dans ce brouillard il m’est impossible de ne pas écrire. D’abord parce que tes mots ont été un réconfort ces derniers jours, et qu’y faire un écho c’est aussi une façon de t’entourer. Aussi parce qu’il y a ici un vrai espace d’échange, et je crois que nous devons chacun à notre manière faire vivre cet élan de fraternité qui est né de l’horreur.
    Je l’ai déjà dit avant hier, je n’étais pas une lectrice de Charlie Hebdo. Je comprends parfaitement que certaines personnes soient choquées, peut être même blessées par les dessins qu’on y trouvait. (J’entend d’ici une de mes tantes parler d’ignominie, de torchon, pour un journal dont on lui aurait mis sous les yeux le dessin du pape auquel tu fais référence). Là n’est pas la question. Etre Charlie aujourd’hui ce n’est pas forcément porter aux nues ce journal, ni revendiquer l’approbation de toutes ses caricatures. Je ne me sens absolument pas illégitime, peut être même que je m’abonnerai, sans me sentir hypocrite le moins du monde. Je refuse catégoriquement un monde où l’accomplissement des uns passe par la haine des autres. Pire, par leur extermination. Je veux un monde où l’on a le droit de ne pas être d’accord, de débattre, d’expliquer. D’être indifférent. De se foutre la paix. De vivre en paix. Pourquoi a-t-on si peur de nos différences bordel??? On en a tellement peur qu’on a plus le droit de les nommer!! Alors nommons les, arrêtons de dire que nous sommes tous pareils et peut être que nous ferons un pas vers l’égalité.
    Etre Charlie aujourd’hui c’est être ni plus ni moins qu’un être libre, c’est être du côté des vivants. Des millions de Charlie, tous différents, et en paix avec ça. Voilà ce que c’est que la fraternité que j’ai vu ces derniers jours.

    Pour tes enfants, je ne crois pas que le fait de les inciter à t’accompagner au rassemblement soit si important. Ce que vous transmettez, leur père et toi, dans votre émotion, votre positionnement, vos questionnements, ça les forge déjà. Ca les nourrit. Et il faut absolument parler beaucoup, de tout ce qui émerge de cette situation. Mais en ce qui me concerne je suis très mal à l’aise avec l’idée qu’on puisse se dire « il ne le sait pas maintenant mais il sera content de pouvoir dire qu’il y était ». On l’a entendu à d’autres occasions récemment… la cause n’a rien à voir, j’en conviens, RIEN et je suis persuadée du bien fondé des rassemblements à venir. Mais tout de même, je crois que chaque personne doit être là en son âme et conscience, quel que soit son âge.
    Eclairer nos enfants, leur ouvrir l’esprit, les pousser dans leurs retranchements, les guider plus loin que le bout de leur nez ou de leur cour d’école. Leur apprendre à pêcher plutôt que leur fournir le poisson. Peut être que si ils ne viennent pas avec vous ils penseront dans 15 ans qu’ils ont été cons, qu’ils sont passé à côté de quelque chose d’humainement exceptionnel. Mais ils sauront que vous leur avez fait confiance.

    Je me suis retrouvée dans plein de vos commentaires, j’aurais tant de choses à dire… Je n’ai pas le temps.
    Moi non plus je ne suis pas engagée, pas militante au quotidien mais je suis consciente de mon rôle, et de ma responsabilité en tant que parent. Et essayer de faire de mes enfants des citoyens responsables (peut être plus que moi?) et heureux d’être en vie (au moins autant que moi), c’est ma pierre à l’édifice.

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  99. NatakaDM a dit…

    Je suis atterrée de lire que certains lycées n’ont pas abordé le sujet… c’est complètement irresponsable.

    Certes, je suis arrivée le matin pour 8h avec la boule au ventre dans l’établissement où j’enseigne…. nous avons une obligation de « neutralité », ne ne sommes pas sensés exprimer nos opinions, comment allais-je…. à part à 12h00 ?!!!…….

    Ce sont les élèves qui m’ont tendu la perche. Lors de l’appel, le 1er m’a répondu « Aujourd’hui, je suis Charlie, moi, madame »… et d’autres ont enchaîné, et je leur ai répondu que moi aussi j’étais Charlie.

    Et je n’ai pas DU TOUT trouvé difficile de discuter avec des élèves de 12 à 15 ans… ils savent parler, ils peuvent parler (peut-être plus avec des tiers et entre eux, certes)…

    Certes, en tout sur 600 élèves, une dizaine d’élèves ont prononcé des horreurs dans la journée. On s’y attendait, on les surveillait de près….. et oui, cela fait PEUR.

    Mais on a aussi échangé très chaleureusement…

    Mon #14ans s’est montré plus distant mercredi…. mais hier, il a attrapé le HS de Charlie qui traîne sur la table, puis il s’est intéressé, puis il dit qu’il avait plein d’idées de dessins, qu’il me racontait…. donc je lui ai demandé de prendre un crayon et un papier et il a « exorcisé » (j’en ai twitté un, il était fier du 1er retweet !!!). J’ai promis d’archiver tout cela.

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  100. jul’’ a dit…

    Merci merci caro! Resistons soutenons parlons rions pleurons et soyons toujours plus indignes pour faire exploser la tolerance le respect lamour…. la paix!! Merci

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  101. dalva a dit…

    je travaille au bord du périph, sud de Paris, sirènes de police incessantes, hier porte de Châtillon, aujourd’hui porte de Vincennes… Mercredi, je me suis retenue tant bien que mal toute la journée, rentré chez moi, effondrée en larmes, hoquetante. Ma fille de 19 ans qui venait de rentrer me voit dans cet état, sans bien comprendre, je lui explique comme je peux, Cabu, lui, comment ils ont pu… J’avais peur qu’elle réagisse durement, elle n’est pas toujours tendre, quand elle m’a vu préparer le repas un verre de whisky à portée de main (moi qui ne bois presque jamais et jamais seule ! ) elle a compris que j’étais vraiment en état de choc. On a parlé après, elle a cherché des infos, trouve que ses potes réagissent en fonction des émissions de télé, qu’ils se croient dans une série (on saigne comme ci quand on prend une balle, un fusil d’assaut se tient comme ça, « on se croirait dans un film » est un commentaire qui revient souvent…). C’est ça leurs codes, c’est désespérant. Hier dans sa prépa, le prof de maths n’a pas jugé bon de suspendre le cours une minute…

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  102. isa a dit…

    Jeannette Bougrab hier m’a fendu le coeur…
    Je ne savais pas qu’elle était la compagne de Charb. Je crois que c’est la semaine dernière ou avant, sur ton blog, ça parlait d’opinions politiques dans un couple.
    Je me suis dit qu’à la suite de cet attentat,tout risquait de tout enflammer en France. Je crois que je l’ai pensé jusqu’à ce que je vois Jeannette Bougrab. Une secrétaire d’Etat de Sarkozy et un dessinateur de Charlie Hebdo, ça m’a redonné la foi.
    Mais j’avais tant envie de la serrer dans mes bras.

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    • alexabuz a dit…

      Elle m’a brisé le cœur cette femme. Son chagrin, son amour, sa dignité, tellement tellement de tristesse. Au delà de notre liberté, ce sont des familles, des mères, des pères, des frères et des sœurs, des conjoints, des enfants, des amis qui seront orphelins pour toujours.

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  103. Zenaide a dit…

    Caro,
    Je te remercie une fois encore de tes mots. J’ai laissé un com un peu léger, ce matin, j’ai l’impression qu’il n’est pas passé, j’ai du faire une fausse manip. En fait, je n’ai plus envie de légereté, plus tes heures avancent aujourd’hui, moins j’arrive à penser et j’ai l’impression que cela ne va pas s’arrêter. J’ai eu envie de traverser la rue pour aller ma fille en face à la crèche, et de remonter dans mon 5ème étage et de ne plus sortir. Je me dis merde, je suis allée la chercher au fin fond de l’Afrique il y a moins de 6 mois, dans un pays où une route sur 3 est goudronnée, où il n’y a pas d’eau courante, pas de gouvernement démocratique pour la faire grandir ici. Est ce que j’ai eu raison ? Est ce que c’était une bonne chose de faire venir cette petite fille à la peau noire ici ? Voilà jusqu’où vont mes questions.
    Et puis, je pense à autre chose, à quelque chose dont j’ai souvent eu envie de parler ici, car je sens une vraie bienveillance et que j’ai un baobab dans la main pour écrire le papier dont je rêve, me fader d’essayer de le faire publier…Alors voilà, depuis 5 ans je suis marraine par le biais d’une association d’un ado qui à l’âge des tiens. Ce n’est pas un ado du bout du monde, non juste du bout de Paris, de l’arrondissement justement où les deux qui ont tous les polices de France au cul en ce moment ont commencé leurs conneries. Le parrainage, c’est passer une demi-journée, une journée, des vacances, aider. Enfin, dis comme ça, cela ne veut rien dire en fait. Ce môme, mon filleul, je l’aime comme pas possible. On n’aurait jamais du se rencontrer, jamais du se parler et donc jamais pu s’aimer. Pourtant, cela est possible et grâce à une chose que tout le monde oublie dans notre devise républicaine : La fraternité.
    Ce môme, il est copains avec les enfants de mes bobos de copains, qui lui montre un futur moins aliénant que celui auquel il été promis est possible, il a compris que l’on peut passer d’un monde à l’autre, de sa maman monoparentale, qui fait des ménages, à mon appartement avec une télé pourrie et plein de livres, qu’il peut prendre tout ce que j’ai à lui offrir sans réserve. Je ne sais pas pourquoi j’écris cela, ici. Je ne veux pas me faire valoir, j’ai été égoiste au départ, je voulais la compagnie d’un enfant et je n’en avais pas. Et quand on me dit que suis généreuse, je pense que non, car je ne donne pas, je partage ce que j’ai et je rends ce (la culture, l’éducation, l’ouverture au monde) que j’ai reçu.
    J’ai lu que certains se désolaient de rester le cul dans leur canapé. J’ai moi aussi pour plein de choses le cul dans mon canapé, plein de choses. Mais j’avais envie de parler de cette expérience, très mal et de façon très réductrice, juste comme un truc lancé en l’air, histoire de dire, du lien, du lien fraternel, on peut se donner les moyens d’en inventer.
    Je suis désolée, si mon com est déplacé, mais fallait que ça sorte aujourd’hui et je n’imaginais pas que ce soit ailleurs qu’ici.

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    • Elise a dit…

      Question : ne faut il pas au contraire arrivé à ce point effrayer nos enfants ? On a tellement peur de la peur qu’on reste souvent dans l’évitement , dans le repli de son et ses conforts.
      Je ne parle pas de malmener nos mômes gratuitement ni à tort et travers mais de la peur qui te fait un bon shoot d’adrénaline et te pousse à agir. Ce qui s’est passé à Charly est effrayant c’est un fait. Donc soyons effrayés et agissons.

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  104. Anonyme aujourd'hui a dit…

    Je commente régulièrement ici, mais je dois changer de pseudo aujourd’hui (Caro me reconnaîtra à mon adresse mail) je suis soumise au devoir de réserve… Je travaille dans une maison d’arrêt, dans des fonctions éducatives… Dans cette maison d’arrêt, il y a beaucoup de prosélytisme religieux, beaucoup de « barbus », quelques personnes incarcérées aussi pour des faits liés au djihad… Hier, nous avons tous, tout personnels confondus, fait la minute de silence ensemble au rez-de-chaussée de la détention. En sortant, nous avons traversé la cour d’honneur, sous les « Allah akbar » et les bruitages d’armes à feu hurlés par quelques uns des détenus… J’ai vécu cet instant de manière insupportable, pourtant, je suis travailleur social, c’est mon métier depuis 20 ans, je n’ai même pas de mots pour dire ce que j’ai ressenti à ce moment… Je suis dévastée… Comment allons-nous continuer maintenant ?

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    • HeLN a dit…

      Je suis aussi glacée par votre témoignage. On entend de plus en plus souvent que la radicalisation des jeunes candidats au Jihad trouve notamment sa source en prison, et à te lire on en perçoit toute la réalité. Il y a bien longtemps que les intervenants en milieu carcéral attirent l’attention des pouvoirs publics sur la nécessité d’augmenter le nombre d’Imams autorisés à accompagner les détenus pendant leur incarcération, et cette place qui ne leur pas été accordée semble avoir été occupée par d’autres, déjà radicalisés. Il est plus que temps de prendre la mesure de cette réalité et, là aussi, de cesser de faire l’autruche…
      Je vous souhaite beaucoup de courage pour continuer à exercer votre métier dans ce contexte, et j’espère que des mesures efficaces soient prises pour remédier à la situation qui s’est instaurée.

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  105. Justine a dit…

    J’imagine la difficulté d’entendre ces remarques d’ados. Je n’ai pas encore eu l’occasion de voir ma petite soeur, 15 ans, et de discuter avec elle de tout ça.
    Bien sûr, je fais confiance à mes parents pour lui répondre même si, je m’aperçois qu’elle a probablement moins été élevée avec la culture Cabu, Wolinski & co que moi.
    Hier, je suivais aussi les infos en jonglant entre Inter, I-Télé ou autre. Mais au bout d’un moment, comme en overdose, j’ai eu besoin de regarder autre chose, une série. Comme une façon de faire de la prévention pour mon sommeil de la nuit à venir.

    Mercredi soir, je lisais dans les com’ FB sous le statut d’une amie, qu’une maman avait tout raconté du drame du matin à ses enfants de 4 et 7 ans. Moi, je ne me sentais pas le courage de le faire pour mon 5 ans et ma 7 ans 1/2. Mais m’attendant à ce qu’ils en entendent parler pendant la récré, j’ai « juste » abordé la question de la liberté et en particulier la liberté d’expression.

    Jeudi soir, la discussion est allée plus loin.
    Parce qu’évidemment ils avaient eu des « infos » par leurs camarades. Notamment de certains dont je sais que la télé est systématiquement branchée en permanence chez eux, sans que les parents soient là en accompagnement.
    Parce que leur école a été mise en confinement car située à 5′ de la fusillade de Montrouge…

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    • Justine a dit…

      Du coup, il a fallu expliquer les deux drames. Faire la distinction entre les 2 notamment sur la question du nombre de morts.
      Et là, ça a été plus « facile » de parler de Charlie, des dessinateurs (des peintres selon la version de mon petit gars 🙂 , des journalistes, des policiers, de la liberté de la presse, … En revanche, réussir à expliquer la notion d’attentat, de terroriste, a été plus compliqué même avec l’exemplaire du Petit Quotidien en support de parole.

      Finalement, la seule grosse erreur à corriger dans ce que leur avaient fait ingurgiter leurs camarades, ça a été de leur dire que: non on ne doit pas chercher comment on pourrait tuer le méchant qui a fait une grosse bêtise.

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  106. sarah a dit…

    Mon fils de 10 ans quand je l’ai réveillé hier (le lendemain de la tuerie) m’a dit « ça va », j’ai répondu « oui, mais je suis triste » et il m’a répondu « encooooore ??? ». Pour eux il me semble que c’est un événement choquant sur le moment, peut être aussi à cause de notre choc à nous, mais que ça dépasse – et heureusement – leur vie quotidienne…
    Et oui, je me suis fait la même réflexion hier soir « je ne vis pas dans le même monde que tout le monde ». Même hier au musée d’orsay en visitant l’expo deux gardiens qui discutaient entre eux « non mais évidemment, je suis triste pour les victimes mais ça devait arriver, ils l’ont cherché » « oui, carrément » répond sa voisine, et lui de conclure « ben quand j’ai dit ça hier aux autres, ils ont pas compris ».
    On n’est pas sortis de l’auberge.

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  107. Stoyanov a dit…

    Je ne commente jamais car tu « m enlèves les mots de la bouche » très souvent et je n ai pas le même talent que toi..mais là…je suis horrifiée et, comme toi, je reste scotchée aux infos en continue…je me sens triste, vidée…je m inquiète : devrons nous vivre dans un pays censuré ? Mon fils de 15 ans souhaite être journaliste…il s intéresse à ce qui se passe et nous en avons parlé car il ne connaissait pas vraiment « l esprit Charlie », nous avons regardé les diverses caricatures et j ai insisté sur le fait que toutes les religions et tous les chefs d États étaient caricaturés. Que tout le monde était libre de les regarder ou pas mais qu en aucun cas on ne pouvait interdire la liberté d expression…je pense qu il est choqué, perdu mais je sais aussi qu il ne fait aucun amalgame et c est le plus important…et la, il est d autant plus choqué que la prise d otages de Porte de Vincennes est a 10 mn de son Lycée… Il voit et entend les voitures de police… Il m a envoyé le sms « j ai peur maman » et là, quel sentiment d impuissance…nous serons là dimanche

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  108. Val a dit…

    Je n’ai je crois, jamais acheté Charlie Hebdo et j’avoue que leurs dessins ne m’ont jamais spécialement fait tordre de rire (encore que certains, parfois…)
    Mais là n’est pas la question : moi, aujourd’hui : JE SUIS CHARLIE
    Et je ne veux pas vivre dans un monde où on meurt d’avoir dessiné. Ces gars là n’avaient que des crayons et des feutres comme armes bon sang !!!
    J’ai pleuré avec Patrick Pelloux, et j’ai re pleuré qd j’ai vu ce dessin d’un dessinateur australien je crois avec pour seule légende un djihadiste armé qui disait « he drew first »… Ca m’émeut au dernier degré…
    Et mercredi, oui, pour la 1ère fois de ma vie, je courrai acheter Charlie Hebdo, pcq continuer c’est la seule façon de résister…
    Quant à tes enfants, je suis sure qu’ils perçoivent l’horreur et leur relatif détachement est sans doute une carapace de défense contre l’ignominie totale dont ils sont témoins.
    Ca et aussi le fait que fatalement, CHarlie et des gens comme Cabu parlent moins à leur génération qu’à la nôtre : pour nous, ils ont incarné notre enfance, pas pour eux… Pour eux c’est sans doute très triste mais on n’a pas tué qqun qu’ils « connaissaient » alors que nous, oui…
    Mais j’ai aussi de l’espoir dans mon pays, dans l’humanité qd je vois les réactions spontannées partout… La France est si belle et émouvante qd elle est une et unie…
    Je t’embrasse (et arrête la TV, ça m’avait fait pareil pour le 11 septembre, je pouvais pas décrocher, je regardais jusqu’à la nausée les tours s’éffondrer…et au final, ces images finissent par nous hanter, ce qui ne sert à rien…regardons devant…)
    Des bisous

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  109. Sofinet lov Guisane a dit…

    Combien je te comprends, combien je me sens moins seule…
    Depuis mercredi midi, je ne peux me détacher des images, des LCI ou BFM, des fils d’info sur internet, …
    Monsieur me trouvait en effet morbide, jusqu’à ce qu’il prenne conscience également de l’ampleur de la chose, des événements d’aujourd’hui, de la ferveur mondiale incroyable, des témoignages poignants et tellement dignes de Patrick Pelloux, Jeannette Boughrab.
    Je suis toujours en état de choc, estomaquée, consternée, ravagée…

    Mercredi midi j’étais en RDV de routine au CHU, et je n’ai pu me résoudre à rester dans la salle d’attente alors que tout le personnel se réunnissait dans le hall.
    Je les ai suivi et je ne peux exprimer combien ces 5 minutes de recueillement au milieu de tous ces soignants ont été intenses, humaines, dignes.

    Mercredi, j’avais parlé à mes filles, avec mes mots pour qu’elles comprennent du haut de leurs 4 et 6 ans…
    Et j’ai bien fait car l’école en a parlé aussi, elles ont fait une minute de silence et je ne sais pas ce qu’elles en auraient compris sans mes explications et leurs questions naïves en amont.
    En tout cas elles en reparlent, demandent si les méchants ont été arrêtés.
    Si je le peux, j’aimerais qu’elles m’accompagnent dimanche après-midi…

    Difficile de retourner à la tâche…

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  110. jeanne a dit…

    comme une preuve que votre blog est aujourd’hui un très beau lieu d’humanité, personne ne reclame ici la tête de ceux qui en ont fait tomber tant d’autres;

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  111. Mina a dit…

    Déjà essayé depuis ce matin d’écrire quelque chose, déjà essayé d’exprimer mes sentiments qui s’entrechoquent depuis mercredi, me rattacher à travers cet espace à cette culture de la libre pensée qu’est pour moi la culture française (j’habite tout près du château de Voltaire et je suis citoyenne de Genève..et j’ai « presque » appris à lire le français dans « Pilote »…), mais le trop plein d’émotion m’a à chaque fois fait effacer mes phrases…
    Là maintenant, j’ai juste envie de dire « Merci » ,  » Merci Caroline pour mettre à disposition cette espace d’échange, « un peu » à l’écart du fil des informations et merci à tous ceux et celles qui commentent avec bienveillance (surtout tous les enseignants dont je mesure la difficulté de la tâche) et à tous et toutes « Courage ». Et surtout aux Parisiens et Parisiennes « Take care »…

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  112. kalloos a dit…

    Des semaines que je remettais au lendemain la prise d’un abonnement à l’émission de Daniel Mermet « Là-bas si j’y suis » (anciennement programmée sur FI et désormais sur le web), il aura fallu cette tragédie pour que je franchisse le pas.
    Parce que j’ai besoin d’explications et de points de vue autres que ceux donnés par les médias traditionnels sur ce monde tellement éloigné de celui auquel voulaient croire mes engagés et militants de parents, parce que Mermet et Charlie, dont les routes ont fait plus que se croiser, sont de la même famille de pensées, « ma » famille – dont je ne partage pas tous les propos et coups de gueule mais de laquelle je me sens tellement proche -, parce que, tout simplement, ça m’est aujourd’hui indispensable…
    #jesuischarlie
    @ dimanche !

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  113. flojnl a dit…

    Prof dans un collège des quartier nord de Marseille, je sors absolument vidée et dévastée des dernières 48h.
    Dans mon collège, on a entendu parmi nos élèves « ils ont eu raison de les tuer », « si j’avais eu une kalachniskov, j’aurais fait pareil », « c’est normal, ils l’avaient cherché. » Et je ne parle même pas des gamins qui ont refusé de faire la minute de silence. En salle des profs, nous étions consternés de notre totale impuissance. Certains essayaient de rationaliser en évoquant l’immaturité, la provoc facile etc…Moi je n’y suis pas arrivée. Qu’un ado s’en foute, ne réalise pas, je peux le concevoir, qu’on s’en réjouisse, ça me tue. Et je ne peux que m’interroger sur l’échec de l’école dans la lutte contre les discours extrémistes.

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    • pascale m. a dit…

      Je suis également très inquiète de voir comme notre parole d enseignant compte peu, voire de moins en moins. Ne baissons pas les bras, même si parfois il y a de quoi désespérer. ..

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  114. Coline a dit…

    En vrac :
    – oui j’ai aussi pleuré : chialer, charlie, u c what i mean…
    – oui j’ai eu de mauvaises pensées ; c’est quoi cette connerie de « je suis charlie », ils étaient pas si nombreux que ça à le lire ce journal ; pis j’ai imprimé, plastifié et accroché le badge à mon manteau. Pour mon Cabu de chez Dorothée déjà, et tous ces mecs qui se sont baladés avec un flic derrière eux pendant des mois, mais qui ont continué à dessiner quand même.
    – oui mon fils de 18 ans m’a agacée : d’abord lui il a pas connu « pas de pitié pour les croissants »), et puis j’apprends qu’il joue à des jeux vidéos où les combattants meurent en criant « Allah akbar », donc, on part de loin.
    – oui, « ils » l’ont bien cherché : c’est ce que disent tous les maltraitants, ceux qui tapent leur femme (elle m’a énervé), ceux qui violent (elle m’a provoquée)… C’est fou le nombre de gens qui meurent parce qu’ils l’ont bien cherché…

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  115. Noxley a dit…

    Bonjour à toutes et à tous, et merci beaucoup Caroline de cet espace. Je ne commente jamais mais je te lis toujours depuis très longtemps. (et pardon pour les accents clavier pas français)

    Je viens de terminer tremblante de regarder la veillée organisée de Médiapart hier soir.

    http://rue89.nouvelobs.com/zapnet/2015/01/07/live-a-20h30-solidarite-charlie-hebdo-256961

    C’est magnifique car finalement tous ces journalistes de tous bords, chercheurs expriment à travers des avis différents et contrastés nos inquiétudes et nos incompréhensions face à ce qui vient de se passer, au delà de la sidération. Bravo Edwy. Allez-y. C’est le début d’une réflexion plus profonde et intelligente sur notre société. On y parle pas seulement de barbarie, de deuil, d’hommage, mais aussi de discrimination, d’inégalités sociales, de vengeance, de sentiment de la part de la population musulmane depuis quelques années d’un « eux et nous », puis de valeurs de la gauche, de fraternité, d’union…

    Je suis tremblante parce qu’avec la prise d’otages d’aujourd’hi, ce sont toutes les peurs, toutes les horreurs qui s’amalgament et se télescopent. C’est dur d’expliquer aux enfants parce que je crois que c’est si complexe, qu’on a si peu de moyens… L’unique chose que je voudrais dire c’est qu’il faut maintenant tenter d’ouvrir les yeux, grands, pour à tout prix comprendre notre société si fragile. Comprendre exactement pourquoi des gens pensent que « c’est bien fait », comment des enfants peuvent regarder à tort et à travers des vidéos terrifiantes et trouver cette violence normale, puis glisser vers la barbarie. Comment la différence entre la mort finalement, et la vie, ne prennent plus aucun sens. Ma mère a travaillé toute sa vie avec des enfants aux parcours très compliqués et me racontait, il y a longtemps déjà, que les juges des enfants étaient débordés par ces enfants qui ne savaient pas que tuer fait mal.
    Je ne cherche en aucun cas à expliquer ou excuser mais comprendre, et tenter de comprendre sans a priori. Comprendre comment ces valeurs que l’on partage tous sans réserve tant elles semblent naturelles ne le sont absolument pas pour d’autres en France. Un autre lien, en Anglais, du NY Times, qui exprime très justement la cassure dans notre société:

    http://www.nytimes.com/2015/01/08/opinion/the-attack-on-charlie-hebdo-and-the-tradition-of-parisian-wit.html?hp&action=click&pgtype=Homepage&module=c-column-top-span-region&region=c-column-top-span-region&WT.nav=c-column-top-span-region&_r=1

    Voilà pardon d’etre si decousue, mais c’est le coup de l’émotion.

    A tous et à tous, c’est l’heure de combattre je crois pour rester ensemble et redevenir unis.

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  116. Geneviève a dit…

    Pour aujourd’hui, je cale, je ne peux pas lire les commentaires mais je suis très touchée par ton texte. Le « décalage », l’émotion qui s’exprime très différemment de l’un à l’autre (générations, cultures, psychologies différentes)… Ce décalage est difficile à vivre MAIS je le prends comme un « exercice »; untel réagit comme ça ? J’accepte. Je réagis autrement mais j’accepte parce que c’est ça l’exercice de la tolérance et du respect. Sur la pointe des pieds, avec des mots choisis, exprimer ce que l’on ressent, soi. Exprimer sa différence oui, mais dans le respect… J’essaie…
    Hier j’ai écouté Gérard Mordillat, tellement cultivé. J’ai écouté daniel Pennac, Tahar ben Jelloun (j’ai peur de mal écrire son nom) et cela faisait du bien. J’essaie de m’attacher à cela. Fuir les donneurs de leçons qui ironisent sur les petits symboles. On a juste besoin d’être ensemble, de s’accepter les uns les autres, de se respecter.
    Mon petit blabla n’est pas très clair mais j’ai du mal en ce moment 🙁

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  117. sylvie a dit…

    Sur toutes les pages lues
    Sur toutes les pages blanches
    Pierre sang papier ou cendre
    J’écris ton nom
    Et par le pouvoir d’un mot
    Je recommence ma vie
    Je suis né pour te connaître
    Pour te nommer
    LIBERTÉ
    Paul Eluard

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  118. AVELINE a dit…

    Voici un lien vers un article de Marie-France concernant les événements effroyables de ces derniers jours et comment en parler aux enfants : http://www.mariefrance.fr/psycho/parlons-en/attentat-charlie-hebdo-comment-en-parler-aux-enfants-aux-adolescents-151972.html.
    Je suis une presque quinqua, maman de 3 grands (16, 18 et 21 ans) qui ont réagi, chacun à sa manière, avec une grille de lecture différente de la mienne, car nous n’avons effectivement pas les mêmes codes, pas le même âge, pas la même « histoire ».
    Où ils ont vu la barbarie et l’atteinte à la liberté de la presse (ouf !), j’ai été pour ma part également touchée par l’atteinte à des figures qui s’inscrivaient dans la « mémoire collective », pour reprendre l’expression très juste d’un témoin TV, représentatives d’une époque moins aseptisée, moins lisse.
    Ce qui explique peut-être mon sentiment d’avoir perdu des proches dont je n’appréciais pas pour autant tous les dessins, tous les commentaires, comme ces membres de la famille dont on connait les travers, qui nous agacent voire plus, et avec lesquels on fait quand même, parce que c’est la famille.
    J’ai éprouvé la même chose quand Coluche et Desproges sont partis.
    Semez, semez de l’émotion et des mots auprès de vos enfants, en fonction de leur âge bien sûr, il en restera quelque chose…
    Des lectures qui m’accompagnent depuis que je suis mère, et j’en ai lu beaucoup pour tenter de trouver les clés pour comprendre mes « bestioles », ce que j’ai retenu de plus fort c’est que plus que les discours, ce que retiennent nos enfants, c’est ce que l’on laisse à voir de soi chaque jour, dans des actes anodins, des attitudes, ces choses impalpables qui définissent quelqu’un.
    Merci pour ces jolis échanges auxquels ce billet a donné lieu.

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  119. Une musulmane convertie a dit…

    Je ne vis plus depuis le 7 janvier….
    Je crains que d’autres jeunes embrigadés se disent que c’est possible…
    De tuer comme ça…
    Même si beaucoup ne passeront jamais à l’acte, certains cautionnent ces actes, car ils ne se sentent pas français, ils pensent qu’ils l’ont bien chercher, et qu’il y a bien plus injuste et pire ailleurs, qu’on tue bien des enfants en Syrie ou en Palestine…. Alors pourquoi s’émouvoir de qq adultes?
    Ce n’est pas l’islam contre la laïcité. Ne nous égarons pas. C’est l’Orient contre l’Occident… ils brandissent Allah à tort et à travers, mais ils assouvissent leur haine du juif, du flic et du français, ils réparent une injustice dont ils se sentent victimes depuis petit… et j’ai bien peur que d’autres jeunes n’ayant ni attache, ni travail, ni maison, bref n’ayant rien à perdre, pensent trouver une famille parmi ces réseaux terroristes, persuadés que Dieu leur donnera le paradis…. Voilà mon sentiment… La France découvre que nous sommes en danger. Les cambriolages, braquages, viols et meurtres ont toujours existés. La différence ici, c’est que ce ne sont pas des attaques de particuliers pour assouvir un vil besoin… là on attaque un symbole, une valeur… Ça devient idéologique, politique…. C’est organisé…. Et on se rapproche de l’état de guerre…. Ou du moins, ils peuvent instaurer un climat de terreur en multipliant de telles exactions…. Ça peut finir en guerre civile….
    Je suis musulmane, et j’aime trop Dieu et le Coran pour accepter que des manipulateurs et des désœuvrés puissent les salir, et terroriser un pays qui me laisse pratiquer ma religion…. Et ce pays peut se moquer autant qu’il veut de ma religion tant qu’il me laisse la pratiquer… Quand on est musulman, quand on a lu le Coran soi-même, on sait que c’est Dieu qui les jugera…. On sait que la vie est sacrée…. On sait qu’un jour, si Dieu le veut, les hommes qui raillent la religion aujourd’hui, se convertiront peut-être demain…. « Celui qui tue un homme, tue toute l’humanité. » Sourate 5, verset 32.

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  120. NATALI a dit…

    A CONTRE SENS
    Mon petit dernier de 17 ans en terminal est revenu très remonté hier de son lycée car unetelle a, en pleine classe, exprimé des propos plutôt racistes envers l’AUTRE. L’AUTRE qui fait peur parce qu’il ne pense pas comme elle, qu’il ne s’habille pas comme elle, qui n’a pas la même religion qu’elle….. en étayant que ses parents pensent comme elle.
    Comme il était vraiment très remonté contre elle je lui ai dit :
    « imagine que tu aies des avis racistes, les exprimerai tu devant nous ? »
    Il m’a dit non – on est pas raciste !
    « Imagine maintenant que nous le soyons – oserai tu aller à l’encontre de nos propos ? »
    Il a répondu : « je ne sais pas peut être pas.
    Je lui ai dit « plutôt que de la rejeter vous devriez discuter avec elle et essayer de lui montrer un autre point de vue »
    C’est encore difficile à votre âge de penser non par « votre éducation » mais par conviction profonde.

    Je pense vraiment que c’est à chacun de nous d’essayer de combattre la peur de l’autre, la peur de la différence et essayer de donner à nos enfants quelques clefs qui les aideront à penser par eux mêmes et à s’ouvrir à l’autre même si l’autre ne pense pas comme lui.

    Je n’ai pas tes talents d’écriture Caroline et je ne sais pas si j’ai réussi à traduire ma pensée, mais ce que je veux dire après avoir lu les commentaires de ce billet c’est qu’il nous incombe à nous adulte de montrer le chemin à nos enfants mais en leur laissant le choix de l’itinéraire (c’est pas plus clair !) leur donner des valeurs humaniste et les inciter à penser par eux même.

    CHARLIE – CHIALER

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  121. stef a dit…

    que cet article me fait du bien!!! Je n’arrive pas à travailler, je ne pense qu’à ça!! Je regarde aussi les hommages de pelloux ou la compagne de charb, philippe val et je pleure… Ma fille de 8 ans n’est pas assez outrée à mon goût alors qu’elle n a que 8 ans… Qu’entendre ma fille me raconter qu’à l’école on leur a dit  » que ce sont deux musulmans qui ont tués des journalistes  » me scandalise car j’aurais préféré « deux intégristes », quitte à amener de nouveaux mots autant qu’ils soient justes…. Qu’entendre ma nièce revenant du collège reprendre que certains de ces camarades disent que  » lorsque l’on se moque , on est « puni » me glace le sang… Même si je ne suis qu’en province cet barbarie est au centre de mon quotidien depuis 3 jours et j’ai du mal à reprendre la vie  » normale ».. donc partager un peu de mes états d’âme avec d’autres et bien cela fait du bien

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  122. Caroline a dit…

    Un immense merci à tous pour ces témoignages et ces échanges. Ce ne sont peut-être que des bons sentiments mais comment dire qu’on n’est pas en excédent de bons sentiments… Aimons nous à tort et à travers et fuck les cons…

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  123. Ludivine a dit…

    Bonsoir Caroline,
    Voilà deux années que je suis de façon quasi-quotidienne ton blog et il aura malheureusement fallu un évènement si tragique pour que je prenne mon clavier et que je te laisse un petit message, maladroitement écrit, tu m’excuseras mais tellement du fond du cœur. C’est fou, mais c’est à croire que c’est dans ces moments là, que l’on se rapproche des autres, en prenant pleinement conscience que cette altérité est devenue fédératrice. Je voulais te remercier car ton article m’a apporté du réconfort et j’ai eu l’impression que tes mots pansaient mes peines. Depuis mercredi, j’ai mal, une douleur si vive qui me touche au plus profond de mon être. J’ai l’impression d’être dans un mauvais rêve dont je me réveillerai…. et très vite mon esprit fusionne, bouillonne même et l’émotion prend aussi le dessus, les larmes coulent instinctivement et alors je pense à mes parents, à mon papa surtout, militaire de carrière en pleine dépression post-traumatique suite à une mission en Afghanistan, grand lecteur de Charlie Hebdo dont il appréciait l’humour et l’esprit libertaire, je pense aux valeurs qu’il a su me transmettre, celle du respect, de la liberté et de la tolérance, je pense aussi à mon compagnon, musulman pratiquant, réfugié politique venu du Darfour qui a fui la barbarie de son pays, bref je pense à tout et à rien,…je ne trouve pas le sommeil, je me « nourris » des témoignages diffusés et puis je tente de trouver des réponses à mes questions, d’essayer de comprendre et surtout, je redoute ce moment fatidique, celui d’expliquer à mes élèves le lendemain ce qui s’est passé. Je suis enseignante dans un institut spécialisé et je m’occupe d’adolescents d’une quinzaine d’année avec des troubles du comportement, en échec scolaire, et issus d’une grande détresse sociale. J’appréhende l’idée de ne pas trouver les mots justes et de savoir répondre correctement à leurs questions…. mon intervention fut interrompue par des bavardages, et par des réflexions d’apparence si innocentes mais si assassines, pourtant j’ai su trouver les mots et y mettre la forme il me semble. On a pris du temps pour expliquer avec des mots simple. La réaction de mes élèves me fit l’effet d’un second coup de poignard. Je fus complétement démunie face à la virulence et la crudité de leurs propos des uns (dont je t’ épargnerai), certainement rapportés par leurs parents et l’indifférence, des autres . Je sais que c’est un contexte bien particulier dans lequel j’enseigne, mais tout de même… Depuis deux jours, je ne cesse d’y penser, je ne sais comment agir, et je me dis que j’ai entre mes mains de futurs citoyens et que ma mission première est de leur apporter une éducation….. Alors ce soir, j’avais juste envie de te remercier encore une fois, j’ai eu l’impression que l’on appartenait à une même famille, que l’on se connaissait et j’ai eu le sentiment rassurant d’être moins seule. MERCI CAROLINE, MON AMIE CHARLIE

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  124. violette. b a dit…

    Bonsoir

    La tension retombe après l issue fatale mais pas la tristesse et le questionnement .

    Je n ai jamais lu CH .je n’ai jamais manifesté mais dimanche j y serais avec mon fils de 17 ans

    Dans son lycée la minute s est faite dans la grande cour comme l hommage chaque année à la résistance le 8 mai

    Dans mon entreprise , une très grande compagnie notre directeur a fait un message très digne et nous étions fiers et soudés toutes confessions confondues de faire ENSEMBLE une minute de silence.
    L’ espoir d’une prise de conscience apaise ma peine.

    Merci de cet espace qui sait si bien dire et écrire ce que je ressens

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  125. Suzanne a dit…

    Je me permets de re (rere) poster un com’ pour exprimer ma déception que ces trois cinglés aient été tués. Nul désir de vengeance mais j’aurais aimé, peut être naïvement, qu’un procès les confronte à leurs actes. Je parle de naïveté, parce que ça n’aurait probablement pas changé grand chose, vu leur endoctrinement, mais bon.
    j’ai encore plus le sentiment que les morts de mercredi étaient bêtes et méchantes.

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  126. Camille a dit…

    Merci pour ton post et merci aux commentaires (en tous cas ceux que j’ai lu soit une bonne partie) de ne pas attiser la haine, de ne pas inciter à la violence comme j’ai pu le constater malheureusement sur les réseaux sociaux…
    Chez nous, nous avons fait le choix de ne pas avoir la TV (oui ça existe encore, à 22 ans et en ayant parfaitement les moyens financiers de l’avoir), une façon de « choisir » mes sources d’informations et de ne pas me laisser imposer des images qui influenceraient trop facilement mon esprit critique. Et pourtant, comme toi, comme vous, je me suis surprise à écouter en continu RTL ou à rafraîchir frénétiquement la page guettant les dernières infos…
    Finalement, ils n’auront pas eu gain de cause sur la terreur, mais j’ai bien peur qu’ils aient gagné le combat de l’extrémisme (de tous bords)… A en lire les réactions, les commentaires, je réalise que certains n’ont rien appris des expériences de l’histoire passée et sont prêts à retomber dans les mêmes pièges tendus par les extrémismes politiques ou religieux : terrifier, stigmatiser pour enfin mettre dans le viseur une communauté.
    J’ai peur de demain, peur en voyant les cris de joie (qu’ils soient en faveur de l’attentat ou en faveur de la mort de ces terroristes, au final quel est le pire ?)…
    Bref, je ne commente que très rarement mais suis très fidèle à ton blog pour son ouverture d’esprit, le dialogue toujours grand ouvert et l’intelligence des commentateurs. Pour l’heure, je boycotte les réseaux sociaux qui me démoralisent quant à la nature humaine.

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  127. Emilie j.... a dit…

    Merci Caroline pour cet article et pour les commentaires que tu fédères grâce à ton blog. Ton article ainsi que les nombreux commentaires de tes supers lecteurs me rechauffent enfin le coeur , pourtant si lourd depuis 3 jours.. Moi aussi j’ai cette terrible gueule de bois et ce sentiment que l’ on s’est attaqué à un symbole de la liberté mais aussi à mes souvenirs de gamine qui regardait récré A2 et les bd de Wolinski en cachette , de parents qui lisaient Hara kiri , Charlie Hebdo et étaient fan de Coluche.. parce que j ‘ai comme toi 29 ans je crois… J’ai aussi pleuré avec Patrick Pelloux , Jeannette Bougrab et Philippe Val.. Ici je me sens enfin en phase avec les autres lecteurs , contrairement à mon entourage professionnel où les gens ne se sentaient pas vraiment concernés…!! L’ atmosphère est tellement lourde et je crains que la belle union du debut ne dure pas.. A mon petit niveau pour l’ instant je me suis abonnée dès mercredi à Charlie Hebdo alors que j ‘avoue ne l’ avoir jamais acheté auparavant..
    Et encore merci à tous , vous lire m ‘a fait un bien fou.. merci Caro.

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  128. Laluciole a dit…

    J’ai pleuré dans ma voiture en entendant Sophia Aram jeudi matin sur FI, et François Morel aussi.

    Pour autant j’ai vraiment beaucoup de mal avec les injonctions.
    L’injonction d’émotion d’abord, surtout quand elle concerne des enfants. Il me semble constructif de répondre aux questions des enfants, mais pas du tout d’imposer le débat ( et encore moins à des enfants de maternelle…) .
    J’avoue que je trouve extrêmement étonnant qu’on puisse téléphoner au lycée de ses enfants en faisant le reproche de ne pas en avoir parlé ou d’asséner à ses propres enfants qu’ils sont décevants parce que leur réaction n’est pas la notre. ( désolée pour les contributrices que je cite )

    L’injonction de se démarquer de ces actes barbares faite constamment « aux musulmans  » depuis quelques jours ( par Robert Badinter lui même, encore sur FI, quelle déception je l’avoue), ensuite . Comme si par nature, la suspicion pesait . Or dire aux « musulmans » qu’il leur faut réagir en  » musulmans » ( guillemets car ils ne constituent en aucun cas une masse indistincte), c’est aussi les inviter au communautarisme ( qu’on  » leur » reproche pourtant tellement à d’autres occasions) . Je suis assez horrifiée de lire certaines d’entre vous qui affirment  » vouloir provoquer le débat avec leur nounou tunisienne » ( être constamment sommé de s’expliquer ou de rendre des comptes sur les actes de barbares avec lesquels on n’a rien en commun, juste en raison de ses origines , c’est extrêmement pénible) .
    Il me semble aussi qu’être branché en permanence aux  » minute par minute », à l’actualité et aux réseaux sociaux participe beaucoup au climat de peur .
    Bref, je ne sais pas si parfois, l’émotion collective( entretenue jusque plus soif dans les media de tout poil , imposée dans les institutions ) n’est pas l’inverse de la réflexion ( celle là même dont on souhaiterait que nos enfants fassent preuve)

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    • Geneviève a dit…

      Je te cite: « être constamment sommé de s’expliquer ou de rendre des comptes sur les actes de barbares avec lesquels on n’a rien en commun, juste en raison de ses origines , c’est extrêmement pénible »
      Comme tu as raison… Ca m’effraie de voir que des gens manifestement solidaires, condamnant manifestement la barbarie puissent en même temps demander AUX musulmans de s’expliquer, de se démarquer. Il faut revoir absolument le film « Le nom des gens » qui dénonce ce « truc ». C’est à chacun de se démarquer, de se positionner mais aussi de se remettre en question dans son intolérance ordinaire.

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      • ES a dit…

        A ce sujet, un ami a eu une comparaison que je trouve bien trouvée: c’est un peu comme si on sommait les pêcheurs à la ligne du dimanche d’aller, « en tant que pêcheurs », se désolidariser de ceux qui massacrent les baleines…

        Quant à l’école, j’ai l’impression que l’instit de ma fille de 7 ans a bien fait son travail (expliquer ce qui s’était passé)… Pour ma 2ème qui est en moyenne section de maternelle, je n’ai pas l’impression que l’école ait fait quoi que ce soit, en tous cas elle ne m’en a pas parlé (et je n’ai pas abordé le sujet avec elle pour le moment: nous n’avons pas la télé, j’écoute beaucoup la radio mais ces jours-ci j’ai évité de l’écouter en leur présence, et à cet âge-là je pense qu’elle est beaucoup trop jeune pour comprendre grand-chose à tout cela…)

        En ce qui concerne le fait que pas mal d’ados ou de jeunes soient « peu concernés » (je ne parle pas de ceux qui se réjouissent, c’est un autre problème), il me semble qu’effectivement il peut y avoir un effet de « génération » qui fait que les noms de ces journalistes n’évoquent rien pour eux, et aussi peut-être un côté blasé car il y a tellement d’horreurs sanglantes dans les infos… Entre les otages décapités, tout récemment les 140 morts de l’école de Peshawar, ou il y a quelques années les 77 morts en Norvège tués par Breivik, etc. l’émotion finit peut-être par s’émousser cher certains (ou aussi peut-être qu’une certaine indifférence est un moyen de se protéger. Comment arriver à vivre en pensant à ces gamins de Peshawar abattus de sang-froid, parfois après avoir été forcés de voir leurs enseignants brûlés vif ? Mais comme ça a eu lieu loin d’ici, 1 ou 2 jours après les médias parlaient d’autre chose…)

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  129. Juliette P a dit…

    Je me pose une question: parmi tous ces gamins qui affirment qu’on « ne peut pas rire de la religion » ou bien qu’ « ils l’avaient bien cherché », je suis pratiquement certaine que bon nombre applaudissent des deux mains à la fange de Dieudonné. Quelqu’un leur en a-t-il fait la remarque?
    Autre chose: je ne peux pas m’empêcher de me demander où étaient tous ces « néo-Charlie » après que Merah ait tiré dans la tête d’une petite fille de 8 ans? A-t-on entendu « nous sommes tous juifs »? Ah ben non, là c’est autre chose….

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    • Coline a dit…

      Je partage ce point de vue.
      C’est sûrement pas politically correct de dire ça, mais en laissant s’importer sur notre territoire le conflit israëlo-palestinien (je ne parle pas des discussions sur ce conflit, je parle de la confusion des genres : un peu comme si tous les juifs n’étaient pas vraiment français mais israéliens…), on a ouvert un chemin vers de nouvelles contrées, inconnues et glaçantes, les fameux « territoires perdus de la République ».

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      • DOMINIQUE a dit…

        Ces caricaturistes ou journalistes combattaient justement TOUS les sectarismes, les religions, tout ce qui pouvait faire dire « je suis musulman » « je suis juif » « je suis catholique » etc. Nous sommes citoyens avant tout, le reste relève de la vie privée et n’est pas l’élément principal d’une personne.
        C’est cette pensée qui a été meurtrie et qu’il faut défendre, au-delà justement des origines, des religions et des croyances.

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    • Agatha a dit…

      D’accord avec vous .
      D’ailleurs les 4 morts d’hier , dont personne ici ne parle, relève de la même pensée que Merah : les terroristes s’attaquent à la liberté de parole , aux institutions ( police et armée ) et à la communauté juive .

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      • Justine a dit…

        « les 4 morts d’hier, dont personne ici ne parle »…
        Probablement parce que la plupart des commentaires ont été écrits avant qu’on sache que ces 4 otages avaient été tués…
        Quand j’ai entendu la nouvelle à la radio en début de soirée, je me suis enfermée dans la cuisine, loin de mes enfants, pour pleurer. Et pleurer encore davantage quand j’ai su qu’ils avaient été abattus par leur preneur d’otage bien avant l’intervention des forces de l’ordre.

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      • Caroline a dit…

        Le billet a été écrit avant la mort de ces otages, mais s’il faut le préciser, je n’établis évidemment aucune hiérarchie dans les morts de ces deux derniers jours, c’est immonde ce qu’il s’est passé.

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    • Anneso a dit…

      Pourquoi dire ces « néos-Charlie »?? pourquoi rabaisser ce mouvement collectif,pourquoi soupçonner la sincérité de tous ces gens émus et choqués? je crois bien me souvenir que l’attentat de Toulouse avait soulevé une très grande vague d’émotion aussi,je ne vois pas pourquoi on devrait faire une battle entre les deux.C’est juste que l’attentat de Charlie est inédit (et malheureusement pas les attentats antisémites…et d’ailleurs tout ceci s’est bien terminé par une attaque contre les juifs,aussi),une rédaction décimée ,c’est unique au monde et c’est arrivé en France.Voilà pourquoi je crois que la plupart des gens ne sont pas des « néo-Charlie » .

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      • Anneso a dit…

        quand je dis « s’est bien terminé »,je veux dire « s’est bel et bien terminé »,vous l’aurez compris (mais je préfère préciser).

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    • Geneviève a dit…

      Pas d’accord avec ce terme « néo-Charlie »… Pour moi c’est le début de la fissure, excuse moi Juliette P. On ne se connait pas, on discute ensemble sur ce blog ou ailleurs et je crois qu’il faut éviter de juger des réactions solidaires des gens. Certains trop tristes n’iront pas aux rassemblements, ce n’est pas pour ça qu’ils s’en foutent. Certains iront avec des « modes d’emploi » de la pensée solidaire…
      Alors dans ce cas, qui peut dire « Où est Charlie ? »

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    • Caroline a dit…

      il me semble au contraire que l’émotion collective a été également hyper forte au moment de l’affaire Merah. Et je me sentie, personnellement, juive aussi ce jour là. Après, je pense que là l’ampleur du mouvement est encore plus grande en raison du nombre de morts, de leur notoriété et de la symbolique d’un journal attaqué. Je ne pense pas qu’il faille établir une hiérarchie du malheur, mais si je ne l’ai pas assez dit ici (mais je crois l’avoir fait), je conchie Dieudonné, je hais chacun de ses mots. Je comprends bien que l’on puisse être agacé par cette « mode » du « je suis charlie ». Mais si certains se découvrent sur le tard des charlie, je veux croire que demain ne sera pas comme hier, qu’un mouvement de fond se met en place.

      Répondre
      • Justine a dit…

        Oui l’émotion était très forte aussi à ce moment-là.
        Et je me souviens m’être mise à la place (enfin, … autant que faire ce peut, étant donné que si on n’a pas vécu cette situation on ne peut qu’imaginer, et cela certainement bien en dessous de la réalité, ce qu’on ressent) de ces parents, de ces croyants d’une autre religion que la mienne et pourtant fraternelle et d’avoir ressenti un profond chagrin, une profonde révolte.

        Répondre
        • Justine a dit…

          Ah flûte une partie du com’ n’est pas passée.
          Je voulais ajouter que lors de la tuerie par Merah il y a eu des rassemblements qui n’ont pas ou peu été médiatisés : les scouts, par exemple, ont marché pour les victimes. Comme aujourd’hui !

          Répondre
  130. Mère mais pas que'... a dit…

    BÊTE et MÉCHANTS

    Oh les Cons …. Voilà souvent les mots qui m’échappent (je vais continuer…) en lisant Charlie . Ne voyez là rien d’insultant , je suis juste saisie par la drôlerie, la justesse ou l’irrévérence ! En lisant un journal satyrique , humoristique , corrosif , carricatural, …. à quoi s’attendre d’autre ? on écoute pas du Rap pour entendre le romantisme et l’écologie …

    Charlie je ne le lisais pas toutes les semaines , ponctuellement , surtout en congés Quand j’ai le temps de tout décortiquer , mais je vais m’y remettre hebdomadairement. SOLIDARITÉ
    Je n’ai plus besoin de le planquer craignant que mes gosses ne tombent sur quelques dessins chauds … Ils ont grandi,ils sont critiques, j’aiguise leur droit d’expression !
    Demain nous serons au rassemblement parceque je ne vois pas comment ne pas y être ! Nos enfant seront avec nous, nous ne leur avons même pas laissé le choix ( à vrai dire ils adhérent ) .

    Certains vont à la messe, nous on va aller soutenir la vie et la liberté .

    Je suis effondrée, et les mots ne sont pas trop forts, je n’ai pas le talent d’une plume et d’un feutre, je le regrette. J’arrive difficilement à retenir mes larmes .

    Ma génération a grandi avec Cabu et ses potes de Charlie vont laisser un vide intersidérale .

    J’aime guère les slogans mais JE SUIS CHARLIE

    Répondre
  131. Mère mais pas que'... a dit…

    Je me permets d’ajouter que par mon travail je côtoie beaucoup d’enfants et leurs parents …. Dans l’ensemble beaucoup sont touchés par les attentats … Je ne suis pas dupe, quelques réactions et approbations font mal . Je n’ai pu retenir une réaction dans une famille qui commentait ces morts … Mon travail d’educ sera aussi là , inviter au partage et à l’intelligence j’espère … Je veux continuer à y croire.

    Je crois que les Charlie ont encore beaucoup boulot face à la connerie, l’intolérance ….
    Mais nous pouvons tous à notre niveau nous battre et plaider .

    Tout commence par l’éducation, allons plus haut , élevons le niveau !

    Répondre
  132. Othilie a dit…

    Les enfants, et même les adolescents et « grands » adolescents (je le constate au quotidien comme prof en lycée et en BTS) n’ont pas la culture du 2 eme degré.

    C’est pas l’immaturité de leur cerveau qui est en cause, c’est bien l’EDUCATION !

    A la maison on lit Le Canard Enchaîné . Mes ados ont donc une longue pratique familiale du 2 eme degré. La cadette riait à certains dessins à 6 ans.

    Des lors, et puisque nous enseignants constatons sur le terrain l’appauvrissement intellectuel du milieu familial (en général, des sociologues vous en expliqueront les causes mieux que moi) pourquoi serions nous étonnes des remarques de ces enfants ?

    L’école ne peut pas tout ! Or on lui demande aujourd’hui ce tout. A nous enseignants, on nous demande clairement aujourd’hui d’être infirmière, psychologue, psychiatre parfois, sociologue, assistantes sociales, AVANT d’être des spécialistes de la transmission du savoir dans notre domaine de compétence.

    Ce n’est pas que nous le refusons. C’est simplement que nous ne savons pas faire, PARCE QUE NOUS N’AVONS PAS APPRIS À LE FAIRE ! Ni à l’Ecole Normale, ni à l’IUFM, ni à l’aujourd’hui nébuleuse et fumeuse ESPE.

    Voilà notre problème face à un phénomène social comme celui qui s’est produit cette semaine.

    Quand les enfants sont baignés dans la compréhension du monde À LA MAISON, la situation est différente. Ma 14 ans à pleuré toutes les larmes de son corps. Mais elle connaissait ces dessinateurs et leurs caricatures, et surtout savait le recul qu’il fallait avoir pour les appréhender. Et elle a depuis longtemps écrit au gros feutre noir sur son cahier de texte IL VAUT MIEUX ÊTRE UN RATE INTELLIGENT QU’UN CON EFFICACE de Wolinski.

    C’est aussi en sachant cette fragilité « intellectuelle » (je mets des guillemets) de mes élèves de terminale, que j’ai commencé mon cours jeudi matin en inscrivant au tableau quelque chose qu’ils pouvaient appréhender et qui est inaliénable quel que soit leur niveau de culture : l’article 1 de notre Constitution et l’article 19 de la DUDH.

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    • Madame H a dit…

      J’ai fait la même chose jeudi matin pour mes étudiants …
      Enfin, comme une idiote, au lieu de l’écrire, j’ai voulu le lire … Mais les mots se sont étranglés dans ma gorge …

      Répondre
      • Othilie a dit…

        🙂 je savais que ca allait s’étrangler dans la mienne, alors je l’ai lâchement écrit, puis j’ai demandé à deux volontaires de les lire à haute voix 😉

        Le lendemain avec la classe parallèle j’ai écrit un aphorisme de Bernard Maris. Ça tombait bien, c’était un cours sur la maîtrise des coûts …

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    • NatakaDM a dit…

      Nous ne pouvons pas le faire, car en 6 à 8 H par jour, 5 jours / 7, 36 semaines / 52, tout n’est (heureusement !!!!) pas entre nos mains.

      Nous faisons donc avec la diversité des familles, des sollicitations extérieures… auxquelles ces ados se sentent plus proches qu’ils ne se sentent de l’école…

      Répondre
      • Othilie a dit…

        En lycée c’est encore plus compliqué. Nous les voyons de façon sporadique, une heure par ci, une heure par là.
        Alors notre ministre peut bien nous balancer ses bons sentiments dans sa lettre aux enseignants, mais nous allons très très vite être happés par la course aux résultats ! y’a le bac, le brevet, le passage en classe supérieure etc. à la fin de l’année, et la fin de l’année est proche ! Et j’aurai comme d’habitude, comme chaque année, l’impression de courir après le temps comme un pantin dans une course de haie et qui trébuche à chaque obstacle, pour tenir les objectifs qu’on m’impose.
        Et je n’aurai PAS LE TEMPS pour engager un discussion de fond avec eux.
        De toutes façons je les rencontre en septembre et en juin ils s’en vont. Certains je n’aurai même pas le temps de mémoriser leur nom …

        Alors je me dirai que c’est le rôle des familles ! oui m’dame, des familles.

        Répondre
  133. DoliniqueL. a dit…

    Quelle bouffée d’oxygène que de lire tous ces commentaires …
    Ca me redonne espoir …
    Une nécessité actuelle: réfléchir à ce qui se passe, accompagner nos enfants …
    Donner à nos enfants des clefs pour réfléchir par eux-mêmes , pour s’ouvrir à l’autre qui pense autrement, leur montrer le chemin avec des valeurs humanistes.
    Ton blog nous aide à réfléchir.
    Merci.
    Plus que jamais … #jesuischarlie# mais surtout charlie=chialer …
    DominiqueL.

    Répondre
  134. Midlifegirl a dit…

    En vrac, pcq les idées se bousculent et que les infos se télescopent.
    J’ai été dans le même état que toi depuis 3 jours, je regarde tout, je décortique, je comprends rien, je crois comprendre, je suis dégoûtée, remontée, blasée…. Honnêtement j’ai été dans le même état de sidération que le 11 sept : qu’un tel truc puisse arriver c’est juste pas possible. J’ai regardé, écouté, lu les news, quasi en boucle la bouche ouverte en disant « non? » « non? » « non? ».
    Alors ce qui se bouscule dans ma tête :
    – cet élan de solidarité m’émeut au plus haut point, et je n’ai envie de ne penser qu’à ça : oui on peut encore s’émouvoir tous ensemble et j’aime à croire que gr^ce à cela on va pouvoir continuer à avancer
    – Pour autant Fo pas rêver, on n’empêchera jamais certains d’être « con » bête et mal éduqué… alors on devra continuer et continuer encore à éduquer, à enseigner, à essayer d’inculquer des valeurs de respect, de liberté et de paix.
    – Je ne forcerai pas mes enfants à venir dimanche. Personnellement je n’ai jamais été manifester pour quoique ce soit, (bah oui, je sais c bizarre). Mais là pour la 1ere fois de ma vie, je veux y être. Alors je me dis que ce sera pê pareil pour mes enfants, un jour quelquechose va les prendre aux tripes et ils auront envie « d’en être ». Ceci dit sur 3 enfants, l’un a « la flemme » pour dimanche et deux veulent absolument y aller.
    – J’ai expliqué à celui de 11 ans, qui s’est dessiné un « C » sur la main gauche (comme tous les élèves de son collège), ce qui s’était passé. Il n’avait pas vraiment compris, pcq dans la cour ils parlaient de l’attaque à Charlie Hebdo comme d’une scène de Call of Duty. Alors je lui ai expliqué que des gens sont morts pour avoir dit des choses, certes irrévérencieuses (j’ai du dire moqueuses), mais pas interdites ou diffamatoires. Que d’autres étaient morts pour avoir essayé de les défendre, que d’autres était mortes juste pcq ils étaient là… Que des fous, des fanatiques, des bêtes sauvages (même pas, les bêtes ne se font pas ça entre elles) ont décidé de la mort d’êtres humains et que ça n’est pas et ce ne sera jamais acceptable. Et qu’on devra TJRS se battre contre ça. Je lui ai dit que lui était bien placé pour comprendre le manque d’un être cher, et que ce qui s’est passé c’est aussi des enfants, des parents, des amoureux, des amis qui vont connaitre le manque d’un être cher. Bon je crois qu’il a compris et je l’ai entendu reexpliquer ça avec ses mots à un copain….
    Voilà donc, ct bien en vrac, pas très utile mais ça fait du bien de poser des mots.

    Répondre
  135. Aurélia a dit…

    Je suis retombée sur une pile de dissertations écrites en 3e. Qu’est-ce que j’étais reloue et sententieuse !!
    J’ai été effarée de découvrir que mon jeune moi avait été si grincheuse, avait écrit des redactions sur internet ou «le progrès» en concluant quasi que «c’était mieux avant…».

    Peut-être qu’il faut du temps pour devenir rebelle et trouver la force de marcher sur le bas-côté de la route, et sans doute que quand on est ados tout nous effraie un peu, alors on freine des quatre sabots devant ce qui nous bouscule trop.

    Mais maintenant ça ve mieux, hein, je suis si punk et si rebelle !
    🙂

    Répondre
  136. Cécile a dit…

    Merci à tous pour ce partage!!! Je ne suis qu’un autre témoignage supplémentaire de prof en collège ZEP. J’aimerai tout de même rappeler que des adolescents ne sont en fait que des enfants dans de grands corps dont ils sont même parfois assez embarrassés, qu’un bon nombre de ces ados, tout du moins ceux avec lesquels je suis en classe, ont une double culture.Je me rends compte que je ne saurai jamais comprendre pleinement cette situation qui peut être ambigüe. Je trouve important de ne pas oublier que c’est notre responsabilité en tant qu’adultes d’être là pour eux, de tenir compte de ces différences qui font bien sûr toujours la richesse de notre culture et que nous devons aussi peut être refuser de nier les différences mais les utiliser pour arriver à ce qu’il y a de plus beau: le partage, l’ouverture à l’autre, le respect. Je me suis rendue compte depuis que j’ai commencé ce métier que dès le départ ceux dont la langue maternelle n’est pas le français, bien qu’ils soient nés en France, ne sont pas forcément pris en compte en tant que tels, je ne parle pas de les différencier, mais juste d’apporter une aide spécifique comme pour un autre élève nul en maths à qui on donnerai du soutien. Il n’y en a pas assez pour la maîtrise de la langue, même pour les francophones de milieu sociaux défavorisé, qui ont de grandes difficultés d’ailleurs. Tout cela à mes yeux mène à une grande incompréhension, à un nombre de malentendus inouïs, j’ai été complètement prise au dépourvu en me rendant compte que la majorité de mes élèves ne comprennent pas ce qu’est une caricature, il faut si souvent expliquer un vocabulaire simple que les notions abstraites sont difficiles à saisir. J’ai envie de dire que c’est vraiment le moment de se poser des questions essentielles sur l’éducation, on sait depuis bien longtemps que moins une langue est maîtrisée par un individu plus il a de chances de s’exprimer par la violence…. Arrêtons de juger les uns les autres, restons ensembles même avec nos différences de point de vue mais pour réfléchir et progresser là ou c’est essentiel!
    N’oublions pas aussi les voix de certaines femmes, des mamans qui avaient essayé d’avertir et de prévenir contre ces extrémismes, écoutons nous avant de décider si oui ou non telle parole a plus de valeur qu’une autre…
    Je trouve qu’il faut maintenant et sans attendre retrousser nos manches et s’atteler à tout ce travail d’information, de dialogue et d’actions positives.

    Répondre
  137. Anneso a dit…

    Je lis beaucoup ici « bien que « … »Je n’aimais pas les dessins de Charlie », »les couvs de Charlie ne me faisaient pas rire » « ils allaient parfois forts »etc…alors moi,je dis que J’ADORE l’humour impertinent,provoc et trash de Charlie (ça doit être parce que je n’aime pas les comédies romantiques et que les gros mots et les dessins de bites ne me dérangent pas),j’ai grandi avec les dessins de Cabu et Wolinski (je suis née dans les années 60) ,que j’aimais beaucoup Tignous,Honoré (et Riss,Luz qui sont vivants) et que c’était Charb,mon chouchou,celui dont je partageais le plus les dessins sur Facebook (la dernière que j’ai posté « les parents de Florent Philippot sous le choc « on ne savait pas qu’il était d’extrème-droite »).Comment je vais vivre sans ses dessins hilarants,son esprit caustique qui a disparu avec lui??
    Vive l’humour noir,vive la provoc,vive le pipi-caca,vive le second degré,vive la ligne jaune,vive Voltaire,vive Charb et vive mon vieux Charlie,BORDEL!!!

    Répondre
  138. Eléonora a dit…

    J’avais 15 ans, en 2001, lors de l’attentat à New York, le lendemain, dans la cour du lycée, avec mon groupe d’amis que je vois toujours aujourd’hui, nous avions été virulents : « ils l’ont bien mérités ces Américains, ils se pensaient invincibles, c’est bien fait pour leur gueule » etc, etc…. l’effet de groupe, et la recherche de la « réplique qui tue » nous engouffrant dans ce genre de propos. Mais quand j’ai vu la tristesse de ma mère, collée à sa télé, et lorsqu’elle nous a acheté à ma sœur et moi même, les journaux reportant l’horreur sur place, en nous disant « lisez ça et gardez ces journaux, c’est un événement qu’on oubliera jamais », j’ai revu ma position, en silence. J’ai toujours mon paris match, entre deux albums photos. Et je garde un souvenir émue, de ces moments où une telle horreur dépassait tout ce que j’avais pu imaginer de pire.
    J’ai eu 29 ans ce 7 Janvier, et cette fois ci, j’ai compris et ressentis cette horreur tout de suite. Je n’ai pas du tout vécu ces événements de la même façon, je suis tout simplement plus vieille, et je sais que personne ne mérite ça.
    Il y a déjà beaucoup de commentaires, je ne les ai pas tous lu. Des collègues m’ont rapportés les mêmes discours de leurs ados, ou pré-ados, et je me suis souvenue.

    Répondre
    • Félixe a dit…

      Merci pour ton témoignage qui me rassure…Je suis enseignante et j’ai été choquée par la réaction virulente de nombreux élèves. Je sais qu’ils sont jeunes et qu’il y a une part de provocation dans l’attitude de certains mais ça m’a quand même mis le cafard…et puis j’ai peur pour leur avenir, j’ai peur qu’ils ne parviennent jamais à prendre du recul sur ce genre de discours haineux malgré toutes les valeurs que l’on tente de leur transmettre à l’école. Bref, j’ai un peu perdu la foi cette semaine donc ton message me redonne vraiment un peu espoir.

      Répondre
      • Eléonora a dit…

        En effet, je pense qu’il faut leur faire confiance. J’ai un peu perdu foi en l’Homme. Mais pas en l’Enfant ni en l’avenir. Et j’ai acheté mon Paris Match qui sera rangé avec celui de 2001, pour mes enfants, un jour. En espérant ne pas trop agrandir cette macabre collection.

        Répondre
  139. Pauline a dit…

    Je pense qu’on va tous être un peu dans un état de questionnement permanent et contradictoire dans les prochains jours.

    Cette boule dans la gorge, cette horreur,ces larmes, notre capacité à pleurer pour autrui se mêlent aux questionnements divers.

    Une chose est belle, cependant, et redonne espoir en l’humain… cette solidarité, ce besoin de parler aux autres, de les comprendre… Pour cela, je suis émue, profondément émue. La preuve ici, avec des commentaires très beaux.

    Après, d’autres choses me laissent dans une interrogation et une vrai souffrance, une sensation de schizophrénie, presque.

    Je lis sur bien des réseaux, blogs, etc, l’interrogation sur le « Après » ?

    Que faire  » après ? »
    Comment faire pour que « ça » ne recommence pas ?

    Peut-être que le vrai courage pourrait, devrait consister à s’interroger les prochains jours, les prochains mois, sur notre engagement réel.. sur notre capacité à nous interroger sur les changements de nos sociétés.

    Au sens que nous entendons donner à la laïcité et à sa compatibilité avec la liberté.

    Demandons-nous à quel point notre société glisse dans un rejet de l’autre lorsqu’on considère qu’une femme voilée peut traumatiser des bébés dans une crèche ou qu’on considère que des mamans, parce qu’elles ont un bout de tissu sur la tête, n’ont pas le droit d’accompagner leurs enfants à une sortie scolaire ?

    Quel message, au nom de la laïcité, au nom de la liberté de la femme, au nom de nos propres convictions d’avoir LA CERTITUDE de ce qui est BON, donnons-nous à ces enfants, à ces adultes de demain ?

    Quel rapport avec ce qui s’est passé me dira-t-on ?

    Eh bien, quand j’entends Jeannette Bougrab, la compagne de Charb, dire qu’elle n’a « pas aimé », qu’il y ait eu des prières devant le siège de Charlie, « qu’ils n’auraient pas aimés », « parce qu’ils étaient laïques », je suis presqu’aussi abasourdie et atterrée, que par les réactions de ceux qui disent qu’ils « l’ont bien cherché… »

    Ou est la liberté de pensée quand on dit ça ? comment peut-on dire qu’ils sont morts pour la liberté d’expression et qu’ils méritent le Panthéon (toujours J. Bougrab) tout en déplorant que certains aient ressenti le besoin d’exprimer leur douleur et leur SOLIDARITE avec leurs convictions religieuses, avec leur coeur ? Pour certains en passant outre, justement, le fait que CH ne s’est jamais interdit de se moquer de leur religion, cathos compris ?

    A quel point ces réactions selon lesquelles « ils l’ont un peu cherché », que nous déplorons dans les écoles et sur les réseaux – à juste titre ! – ne sont elles pas le fruit de ces rejets, y compris par la « gauche » bien pensante qui nous gouverne ?

    A quel moment sommes-nous passé insidieusement, nous aussi, un tout petit peu dans le rejet de l’Autre ? A quel point avons-nous pu, ou non, encourager, même inconsciemment, ce rejet de la pensée de l’autre, de ses convictions ?

    Je me dis que le sens du mot laïcité est décidément bien difficile à saisir… laïcité ne veut pas dire refus de la religion, de la religion de l’autre, la laïcité n’est pas l’athéisme, la laïcité n’est pas le refus de l’autre, c’est une position de l’Etat, point. La laïcité, c’est justement le pilier de la liberté, la source de cette liberté religieuse au niveau individuel, et même un garant, quelque part, de la liberté religieuse au niveau collectif.

    Quand je lis sur le blog d’une dessinatrice, Laurel, qu’elle regrette de ne pas avoir le courage de dessiner des Mahomet(s), …., je suis abasourdie par cette pauvreté de réflexion qui consiste à assimiler le courage (bien subit, quand même) au fait de dessiner une figure religieuse dans le seul but de « résister », dans un combat qui n’a jamais été le sien jusque là, à savoir donner sa vision d’une religion.

    Et notre soutien actuel de la liberté de la presse, parlons-en deux minutes.

    A quel point nous battons-nous pour la liberté d’expression et la liberté de la presse ? Combien sommes nous à préférer les gratuits au lieu de nous abonner à un titre de presse qui sont pour certains en train de crever à petit feu, je pense à l’Humanité en particulier, qui n’a pas le soutien d’un grand groupe ? ou à des régionaux comme La Marseillaise, qui doit licencier pour survivre, ou à Liberté hebdo dans le nord ?

    Et à nous dire « de gauche », à nous dire pour la liberté de la presse ?
    (c’est valable pour les journaux de droite aussi, mais je connais moins leurs difficultés).

    Combien sommes nous à nous contenter de compilations de dépêches AFP sur 20 minutes, des infos Facebook ou à une pensée unique sur TF1 ?
    Combien sommes nous à préfère la seule lecture des articles non payant sur le net ? (moi la première !)
    Qui a versé à la souscription de Charlie Hebdo il y a quelques mois pour soutenir, au delà du journal en lui-même, le pluralisme de la presse ?

    Certainement pas moi, je le dis haut et fort : j’ai jamais spécialement aimé la lecture de Charlie Hebdo ! et pourtant aujourd’hui je pleure. Aurais-je dû m’abonner ou donner des sous, par principe ? Je n’ai pas la réponse.

    A quels points sommes nous responsables de la société d’aujourd’hui et des réactions de nos enfants ?

    Ces morts atroces doivent permettre d’autres réflexions … Alors seulement ils ne seront pas morts pour rien.

    Je sais juste que je suis solidaire, tout simplement. Je suis solidaire et atterrée qu’on puisse se faire massacrer pour ses idées, quelles qu’elles soient. Je suis touchée dans mon coeur.

    J’aurais réagi de la même manière si des journalistes de Valeurs actuelles ou de tout autre journal que je ne peux pas sentir s’étaient faits massacrer, et j’aurais ressenti la même tristesse, la même ignominie.

    C’est pour cela que j’irai. Parce qu’on touche l’Humain dans ce qu’il a de plus important, sa liberté d’agir et de s’exprimer, et sa vie.

    A demain, et surtout c’est après-demain qui sera important.

    Répondre
  140. claire Méchin a dit…

    Caroline, je viens ajouter une pierre a ton moulin en te transférant le lien que mon fils de 14 ans (!!!) a trouvé sur son compte Facebook qui me glace au plus haut point car il met en doute une fois de plus tout ce qui vient de se passer https://www.facebook.com/video.php?v=417120888461160&set=vb.100004897570702&type=2&theater. Nous, parents, savons démonter de telles conneries mais j’imagine avec effroi les dégâts qu’une telle vidéo (qui n’est sans doute pas unique) peut faire auprès d’autres ados sans recul !!!! A très vite Claire

    Répondre
  141. tallulah06 a dit…

    je reviens de la marche silencieuse organisée ce matin à Nice. Il y avait du monde ( entre 25 et 30 mille) mais pas assez vu la taille de la métropole. Et puis je n’ai pas vu beaucoup de jeunes. C’est pourtant leur liberté qu’on défend; leur futur!
    Je n’ai pas vu les musulmans non plus, je ne comprends pas pourquoi ils ne joignent pas à nous (certains ont fait un rassemblement dans leur quartier hier après la priere). Il ne suffit pas de dire que ce n’est pas l’islam, il faut le montrer.

    Répondre
    • Kenz a dit…

      Tallulah : comment supposes tu qu’il n’y avait pas de musulmans comment peux tu le savoir, ça n’est pas visible. Ce n’est pas un rassemblement de musulmans, juifs ou chrétiens mais de Français avant tout …

      Répondre
      • Elise a dit…

        Bonjour.

        Oui voilà une question que je n’arrête pas de tourner et retourner…
        Doit on , peut on, faut il … manifester notre résistance, notre colère , notre soutien , en se revendiquant athée , musulman, juif , femme, homme , rousse , grosse , myope ou que sais je encore ?

        J’avoue que je ne sais comment me répondre à moi même toute seule?

        Répondre
        • Kenz a dit…

          Pour moi, c’est une marche de soutien envers les personnes qui ont été injustement tuées … Je crois Que la religion est un choix privé, et que demain nous allons être présent pour montrer que nous sommes unis en tant que peuple français. Enfin c’est mon avis

          Répondre
          • Elise a dit…

            C’est aussi une de mes premières réponses . En tout cas pour un premier temps . Mais je pense aussi à l’après…

          • Elise a dit…

            Et moi ce qui me désarme c’est que justement la religion ne devrait être que privée . Or c’est bien parce qu’elle ne l’est pas (je fais un raccourci d’une extrême simplicité je sais) que nous en sommes aussi là non?

          • Kenz a dit…

            Oh je pense malheureusement que c’est plus compliqué : problème d’intégration, et d’ignorance…. Je pense une chose : c’est que bien que ce soit privé la religion musulmane est mal comprise … Et je pense que c’est de la responsabilité des dirigeants religieux, les théologiens qui doivent expliquer. Je pense malheureusement que les raccourcis des politiques et des médias n’aident pas. Ces attentats n’ont absolument rien à voir avec l’islam non rien…

      • Caroline a dit…

        je suis d’accord, je crois qu’il faut voir ça comme une manifestation de citoyens, la religion est une affaire privée. Après, je pense comme toi que les responsables religieux, de toute obédience d’ailleurs, doivent clairement se démarquer de tous les extrémismes. Ce n’est pas aux « musulmans » de le faire à mon avis, mais bien aux leaders religieux, aux curés, aux imams, aux rabbins. Mais personnellement demain je ne regarderai pas autour de moi s’il y a des musulmans, d’autant que comme tu le dis, « ça » n’est pas écrit sur la tête des gens. On peut avoir le teint mat et être athée, catholique, bouddhiste, juif ou musulman. On peut avoir la peau blanche et idem. Je pense de plus en plus que la guérison du peuple français va commencer par là, par le refus de coller des gens dans des catégories. Mais c’est difficile. Pour tout le monde en plus.

        Répondre
        • tallulah06 a dit…

          ok admettons, mais moi j’aurais voulu voir la jeunesse, et la france black blanc beur (ça c’est un terme générique entré dans les moeurs) et je ne l’ai pas vue. (mais peut être est ce différent dans d’autres villes).
          Je ne cherche pas à provoquer ici, je suis de gauche, laique, tolerante, voire idealiste, et j’en ai pris un gros coup sur la tête ces derniers temps. Et encore plus que les attentats, les reactions de certains jeunes issus de l’immigration (ou même pas aussi) me glace le sang. On les a perdus c’est évident.

          Répondre
          • Agatha a dit…

            Il vient d’y avoir une manifestation à Lille .Et il y avait des personnes de « tout bord » .
            Des jeunes femmes musulmanes qui avaient une pancarte  » pas en mon nom » .Beaucoup ? je ne sais pas mais il y en avait et c’est important .

          • Caroline a dit…

            je comprends, moi aussi ça me glace le sang. mais comme tu dis, on a perdu pas mal de monde en route et je crains qu’il ne faille plus qu’une manif pour les retrouver, c’est un travail de longue haleine qui attend tout le monde…

          • Elise a dit…

            Un des problèmes , en France , est peut être que les « gens » se catégorisent d’eux même … Arf je ne sais pas …
            Le besoin de s’identifier à quelqu’un , quelque chose , même déviant, prend peut être le pas sur le simple fait que notre première identité , et pour le coup partagée par tous, c’est notre humanité…

          • Elise a dit…

            Je digresse un peu je laisse le fil de mes pensées se dérouler : cette question de « qui on est  » revient souvent avec mes patients…
            Ils me disent : « je suis alcoolique  » « je suis schizophrène »  » je suis malade » … Je me dis , et leur dis du coup , que non , ce n’est pas ce qu’ils sont . C’est ce qu’ils ont : une maladie.

            Bref je me demande si pour les religions on ne devrait pas user du même genre de formulation: je suis de confession une telle ou une autre.
            C’est peut être couper les cheveux en quatre ce que j’écris je ne sais pas.

          • Alice a dit…

            C’est très intéressant ce que tu dis Elise : pour moi ce n’est pas du tout un détail cette question de vocabulaire. C’est exactement cette distinction entre les termes « handicapé » et « en situation de handicap ». Cette dernière appellation est de plus en plus utilisée et elle veut bien dire que le handicap ne définit pas une personne, tout comme la religion, l’opinion politique, la couleur de peau…

  142. Kenz a dit…

    Bonjour Caroline

    Cela fait du bien de te lire, cela fait quelques jours que je suis dans le même état.
    Je n’arrive pas à rationnaliser, pas à comprendre ce que je ressens et j’ai du mal à avancer …
    J’ai surtout peur de l’avenir. J’ai hâte que la manifestation de demain arrive. Je pense que de partager ce ressenti, de se réunir collectivement arrivera a estomper un peu ce sentiment pour ne pas se sentir seule… Se sentir fort. Paradoxalement je suis française d’origine marocaine, et bien je ne me suis jamais sentie autant française.

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  143. aurelie spielmann a dit…

    Salut Caro (1ère fois que je laisse un commentaire, mais je te suis depuis, pfiou, la naissance de Rose ?)
    Bref, ma mère est principale d’un collège, à Hayange, tristement célèbre pour son récent ex maire FN (il a été destitué). Une région sinistrée par le chômage et tout son corollaire… avec beaucoup d’immigrés 2è, 3è génération… Et beaucoup d’élèves n’ont pas voulu respecter la minute de silence. Elle a décidé de discuter, d’organiser des groupes de paroles… mais cela montre combien la guérison sera longue… je suis comme toi, un peu autruche jusqu’à présent, mais mon regard change… lis l’excellent billet dans Marianne d’abdenour Bidar, philosophe ET musulman… je pense qu’il s’approche de la vérité…
    Bizz

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  144. Marion a dit…

    Je suis, à chaque visite, stupéfaite du niveau de ce blog et des commentaires. C’est vraiment du haut niveau de réflexion et je n’ai trouvé ça nulle part ailleurs sur le net. Merci à tous, j’ai le sentiment de progresser et de m’instruire à chaque visite.
    Anecdote: j’avais 15-18 ans, j’ai dit à table: pas étonnant qu’elle se soit fait violer, vu comment elle s’habillait. Aujourd’hui je pense que mon père a fait appel à tout son self-contrôle pour me répondre d’un ton posé: non Marion, tu prends le problème à l’envers. On peut s’habiller comme on veut et on ne mérite jamais de se faire violer.
    Ça m’a marquée. J’ai évolué avec l’âge, et aujourd’hui je transmets à mon tour ce message autour de moi quand le débat le nécessite. Je crois qu’il ne faut pas trop se morfondre des réactions des enfants, l’avis se nuance avec la maturité, à condition qu’un adulte sans relâche, sans jamais baisser les bras, se charge de transmettre le message. Tout est affaire de transmission.

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    • An a dit…

      Je suis vidée, là, physiquement et émotionnellement…. (et dossier boulot à terminer avant minuit !) Donc mon commentaire ne sera pas développé et n’aura pas une once de réflexion profonde. J’ai eu besoin et envie de revenir souvent, ici, pour vous lire toutes et tous. J’ai grandi et je vous ai lus.
      Merci. Sincèrement.
      Et puis encore merci à Caro, que je ne connais pas, mais à qui je me permets de faire une grosse bise.
      XXX à ceux qui sont venus réfléchir, exposer et partager leurs idées, et des bouts de leur expérience, proposer leur propre remise en question, avancer et ne pas craindre de se tromper.

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  145. isa a dit…

    la guérison sera longue mais nécessite , il me semble, qu’on observe notre société…et ne disons pas que ces faits ont à voir avec la religion; le recteur de la grande mosquée de Lyon, l’a redit avec insistance et des mots percutanst à Fr3 Rhône alpes hier soir, les musulmans sont blessés .
    Par contre regardons le parcours de ces hommes, passés par la case prison, sans foyer, et regardons autour de nous… De nombreuses familles sont ,ou arrivent en France, ne parlent pas le français et ne veulent pas l’apprendre, les enfants sont scolarisés, mais qui pour les épauler chez eux??? peut être ensuite échec scolaire, et la spirale commence …
    je ne sais pas si je suis claire dans mes propos, mais l’intégration aujourd’hui est toujours un vain mot; Pourquoi ?
    Un imam a dit , à une amie habitant « un quartier », et très investie dans le dialogue islamo-chrétien et l’aide à ses voisins, , qu’ils ont fort à faire avec ceux qui se radicalisent.
    pour moi ce n’est pas seulement une question de religion, mais d’abord , un problème d’éducation, et d’éducation civique, d’intégration, de respect mutuel,
    comme l’a dit le recteur hier, on peut se sentir offensé par des caricatures mais ça ne justifie pas des meurtres, l’islam, au même titre que d’autres religions, est une religion d’amour…

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  146. Othilie a dit…

    N’oublions pas également le caractère typiquement FRANÇAIS de la caricature satirique.
    D’autres cultures, même européennes, n’ont pas cette tradition.
    J’habite à 3 km de l’Allemagne qui n’a pas cette tradition dans la presse.

    Comment alors s’étonner des réactions ?

    Nous français sommes attachés à cette culture potache et irrévérencieuse, issue de la révolution. Et Jean de La Fontaine était-il déjà autre chose qu’un caricaturiste impertinent ?

    Je réagirais pareil, avec émotion et répulsion, si un taré avait débarqué en conférence de rédaction chez Closer et avait fait un carnage. Pourtant je ne lis pas Closer et je trouve que c’est une feuille de chou de fange.

    Ce qui nous lie aujourd’hui c’est cette double appartenance :
    – notre attachement à l’esprit potache français (que d’autres ont le droit de ne pas comprendre)
    – notre attachement à la vie : ON NE TUE PAS, point barre ! Non négociable !

    C’est sur ce dernier point que nous pouvons appuyer nos arguments pour contrer ceux qui disent qu’ils l’avaient bien cherché.

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  147. Pauline a dit…

    Les nombreux « invités » me donnent envie de vomir là … déjà les empoignades de partis français étaient écoeurantes et me donnait un sentiment de dépossession, mais là on est en train de totalement nous déposséder de notre émotion et de notre sincérité, dans une sordide récupération, menée avec une tranquille indécence qui me sidère. Je ne vois pas comment Cabu, Charb et les autres auraient pu cautionner ça. Quand on lit la liste des personnalités, on se demande si c’est pas un gag, quoi !!
    Je regrette d’être parisienne, je n’ai pas vu s’il y avait des manifs en banlieue proche. je regrette de ne pas pouvoir être ailleurs. J’ai le choix entre rester sur le canap (NON) et être la bas avec ma peine et mon indignation en sachant que je vais alimenter le nombre qui sera cité au soutien de la présence de Netanyahu, Lavrov, Orban, Erdogan, Davutoglu, Bongo… génial…

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    • Caroline a dit…

      Je partage ce sentiment mais la venue de mahmoud abbas change pour moi la donne. Ne nous leurrons pas, le mouvement depasse charlie hebdo. Mais peut etre que meme si tout ca devient de la politique, si cela amène ces gens à défiler ensemble, c’est un point de depart ?

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        • filledesbrumes a dit…

          Je crois en tous cas qu’il ne faut absolument pas que sous prétexte d’une récupération politique dans laquelle on ne se sent pas représentés, le mouvement spontané de nous tous, rassemblés et réunis autour de sentiments qui dépassent ceux de nos convictions et de nos appartenances, soit coupé dans son élan. Dans les photos du rassemblement d’hier, à Toulouse, on voit des pancartes « Je suis Charlie », mais aussi « Je suis contre le racisme », ou encore « je suis contre le fascisme », et pour tous les « sans pancarte » on voit et on sent que sans avoir à se justifier chacun avait une raison de vouloir créer l’unité dans la diversité. La foule s’arrête pour une ovation devant la caserne des pompiers. Ce ne sont pas que des symboles, ce sont des moments de vérité entre ceux qui habituellement vivent les uns à côté des autres et qui hier, aujourd’hui, et demain encore j’espère tente et tenteront de dire qu’on vit aussi les uns avec les autres.

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        • An a dit…

          On était plus nombreux qu’eux, en plus 😉
          Et justement, c’était essentiel de ne pas se laisser déposséder de ce qui nous animait, depuis 3 jours, mais, il faut le dire, pour certains, depuis bien plus longtemps. Etre là avec son coeur et avec sa raison – surtout, sa raison – était es-sen-tiel. Il ne faut jamais se laisser confisquer sa parole ! Et puis, je crois aussi que l’on sait tous ce que sont les valeurs profondes et historiques de notre République. Tout n’est pas fini mais on peut être – un peu – fiers…

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    • Geneviève a dit…

      Toute la journée à l’extérieur (cet après midi à la marche), j’ai su après que dans la liste, il y avait ces « invités » de la dernière heure et c’est hautement pénible… Des chefs d’état chez qui la liberté de la presse n’existe pas DU TOUT (journalistes emprisonnés, fouettés etc…). Juste affreux !

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  148. ava a dit…

    oui tous ces commentaires fins, profonds, apportent un baume, quelque chose dont on a vraiment besoin aujourd’hui. je suis à marseille, hier nous avons remonté la canebière et croisé, dans ce quartier c’est forcé, beaucoup de marseillais de confession musulmane occupés à la descendre, cette canebière, à faire les soldes, etc. moi aussi je m’en suis voulu de penser « mais pourquoi vont ils à contre courant? », « pourquoi ne prennent ils pas leur place dans ce flot »… mais je l’ai pensé. je le pense encore. interloquée. en colère. et en colère d’être en colère. j’avais envie d’aller vers eux, de dire: « venez. c’est votre pays. défendez-le, défendez sa liberté, sa presse, ses arabes et ses juifs, ses flics et ses journalistes, ses agents d’entretien et ses dessinateurs. »
    je ne l’ai pas fait. pas envie de provoquer qui que ce soit, juste d’applaudir avec mes enfants, juste de croiser des regards, de reconnaître l’humanité dans le visage et les stylos brandis des gens de ma ville, juste de me rassurer. j’ai tourné la tête. j’ai arrêté d’être déçue, en colère, écoeurée. j’ai fait avec ceux qui étaient là, et qui, non, n’avaient pas toutes les couleurs de ma ville. disons-le.
    ensuite je suis rentrée et j’ai réfléchi, mieux. au fond les musulmans -maghrébins, comoriens- dans cette ville ne manifestent jamais « massivement ». pour aucune cause. il n’y a pas cette culture de la revendication de masse, du syndicalisme, je ne sais pas. cela dit aussi comme cette ville que l’on vend toujours « cosmopolite » est en fait éclatée. ils ne font jamais « corps » avec le reste de la ville. peut-être parce que nous mêmes ne le faisons pas avec eux?
    je ne sais pas. je crois que chacun a sa responsabilité. celle des gens de confession musulmane existe: dans cette ville, en n’allant pas voter, voir parfois (souvent, hélas) en votant pour le candidat frontiste aux dernières municipales, en ne descendant pas dans la rue depuis mercredi, en ne bousculant par leurs propres usages et habitudes, ils affirment quelque chose que nous devons entendre. arrêtons de croire, avec notre bienpensance de gauche, que dans ce pays tout le monde veut « être ensemble », faire un corps social qui se tient. arrêtons de tourner la tête parce que cela ne nous « arrange pas » de le voir. que cela interroge notre manière, à nous, de faire société (avec, souvent, un angélisme de bisounours).
    encore une chose. nous étions 700 000 dehors hier en france. nous sommes 60 millions dans ce pays. les musulmans n’étaient pas les seuls à ne pas avoir marché ce samedi. que faisaient les autres?
    je ne sais pas, je ne sais plus rien.

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  149. Jo a dit…

    Votre franchise concernant vos enfants est touchante, la mise à nu n’a pas dû être facile… A l’heure où j’écris ces mots, dimanche soir, la marche républicaine a eu lieu et le nombre de personnes qui y ont participé peut nous redonner espoir. ☮

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  150. A quoi bon a dit…

    Bonjour,

    Je suis une femme de 25 ans, née en France de parents d’Afrique subsaharienne, athée mais élevée dans un environnement religieux, issue d’une classe populaire mais ayant réussi à prendre l’ascenseur social. Pendant 23 ans j’ai été la parfaite immigrée de 2ème génération : bonne élève, obéissante, apologiste devant l’Eternel de la culture et de la mentalité françaises, si désireuse de m’élever socialement et de m’intégrer dans les milieux blancs que je refusais de voir le racisme dont, en dépit de mon comportement exemplaire, j’avais toujours été la victime.

    J’étais convaincue que les noirs et les arabes n’étaient que des geignards, fainéants, foncièrement mauvais et qu’ils méritaient amplement leur destin de citoyens de seconde zone. Je réussissais même à me réjouir que la colonisation s’était produite, puisque grâce à elle j’étais née dans ce merveilleux pays civilisé qu’est la France…

    Et puis j’ai découvert des comptes Twitter afroféministes. Et puis j’ai (re)découvert les bouquins de Kincaid, Morrison, Adichie, Hampâté Bâ, Senghor… Et je ne sais pas, j’ai eu un déclic. J’ai enfin admis que mes traits africains – culturels et physiques – avaient énormément de valeur, que j’avais le droit de les aimer et de les mettre en avant. J’ai aussi enfin admis que je serai toujours susceptible d’être attaquée pour ce que je suis. J’étais enfin gênée par la hiérarchie ethnique et culturelle qui perdure ne serait-ce que dans ce pays. J’étais gênée et triste parce que je comprenais que je serais toujours placée en bas de l’échelle, qu’on me renverrait toujours à ma différence.

    Les événements de ces derniers jours et les horribles amalgames qu’ils ont suscités (cf. Rokhaya Diallo vs Ivan Rioufol) ont corroboré mon impression que je serais toujours vue davantage comme Amedy que comme Ahmed, Clarissa, Lassana. Même quand on donne sa foutue vie de minorité visible à ce pays, on ne compte pas. Du moins pas autant que d’autres. On est plus volontiers associé à la sauvagerie qu’à la bienveillance. Et après on voudrait que j’aille manifester ? Mais manifester pour quoi ? Pour défendre ce pays soi-disant égalitaire et humaniste qui se trouve surtout être hypocrite, raciste, néo-colonialiste ? Ce pays qui ne défendra jamais ce que je suis et qui fera toujours preuve de suspicion envers mes semblables ? Le pire est quand je vois les présidents africains décréter des journées de deuil pour ce qui se passe ici mais assurément pas pour ce qui se passe au Nigéria ou en RDC. On ne fait pas mieux en termes de mépris de soi et d’opportunisme…

    Je ne me suis jamais si peu sentie française. Je n’ai plus aucun espoir. Voilà, j’espère que vous êtes contents, français de souche, je me sens enfin nettement nettement plus noire que française. Oui, parce qu’heureusement, tous les noirs ne sont pas des Yayi Boni. Beaucoup ont confiance en les leurs, ont envie de les voir grandir, d’éprouver de l’estime de soi et d’avoir une belle vie. Peut-être le salut est-il parmi eux. Vous autres, vous m’aurez eue à l’usure. Réjouissez-vous doublement : je quitte bientôt le pays ! Dommage quand même, vu tous les impôts que je paie… Je garde quand même le passeport, parce qu’il faut pas déconner, il est quand même bien pratique pour voyager.

    Le lien vers l’article d’une blogueuse que je rejoins sur tellement de points. : https://manychroniques.wordpress.com/2015/01/11/vivre-dorenavant-avec-la-boule-au-ventre/

    Un autre lien : http://www.les-crises.fr/indecense-rendons-hommage-a-charlie/

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    • Elise a dit…

      A chaud encore et ce que je te répondrai te fera surement une belle jambe. Je n’ai évidemment pas vécu ce que tu décris.
      Ca me rappelle une scène du film « La nouvelle Eve  » où Karin Viard s’amourachait d’un élu socialiste et assistait pour se rapprocher de lui à une réunion du PS local. Et s’emportait contre cette gauche caviar pétrie de grands préceptes et de donnages de leçons, puisqu’elle savait mieux que les autres, les pauvres, les arabes, les noirs, les immigrés etc …
      En substance elle se cassait en leur balançant qu’ils ne connaissaient pas ceux dont ils parlaient et pour qui ils décidaient;
      Elle oui parce qu’elle couchait avec eux.
      Ben voilà je ne peux que te dire ça : moi aussi j’ai couché avec des français issus du Maghreb , du Sénégal …
      Pas de gloire personnelle ce n’est pas une ligne de fierté ou de honte sur ma vie mais je les aimés comme j’ai pu aimer des français de souche .
      Ca ne change rien à ce que tu as vécu mais il existe aussi des personnes comme moi. Sur.

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    • An a dit…

      Je suis désolée de vous lire. Il y a de nombreuses contradictions dans votre discours, de la rancoeur, un dialogue qui ne s’est pas fait, comme une histoire d’amour où l’on attend infiniment de l’autre.
      C’est bien de garder ce passeport. Il est aussi la résultante de luttes, d’espoirs, de nos guerres de religion ou de nos guerres d’idées, de nos engagements dans la Résistance, de nos esprit nourris et enrichis de peuples divers, qui, comme vous, se sont interrogé, et ont réfléchi à leur sort. J’ai – un peu – lu, – un peu – écouté, et j’ai connu des gens qui, venus de très loin, avaient choisi de venir défendre ces couleurs en des temps où les loups entraient dans Paris. J’ai – un peu – voyagé et vous n’imaginez pas le nombre de peuples inspiré par ces valeurs. Aucun pays n’est le meilleur. Mais cette foule, aujourd’hui, moi, je l’ai aimée, et, surtout, j’ai imaginé en riant tous les dessins qu’ils auraient pu faire. Et j’ai eu un peu de rire au travers des larmes.
      Tiens, je vous lance une invitation à une lecture – un peu – ébouriffante :
      http://bibliobs.nouvelobs.com/la-video-boite/20141125.OBS6029/dany-laferriere-depuis-50-ans-on-nous-emmerde-avec-l-identite.html
      Et puis, vous nous reviendrez riche de vos expériences et de votre maturité. On parie ?! Chiche !
      Je vous embrasse sincèrement
      Anne

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    • An a dit…

      🙂 On retrousse ses manches 😉 comme on sait bien le faire et on se dit qu’on peut mieux faire encore, non ?! Au quotidien ?! avec un parrainage, par exemple ?! sans illusion mais avec raison, et coeur.

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  151. AVELINE a dit…

    Fervent lecteur de Charlie Hebdo… ou pas. Amateur de leurs dessins… ou pas. Abonnement au journal… ou pas. Etre de la marche… ou pas.
    Pour ma part, hier, la question était de marquer un acte, de dire toute l’horreur que j’ai ressentie de voir « tomber sous les balles » des figures de notre mémoire collective emblématiques d’un certain « esprit français » fait de gaudriole et d’irrévérence, pour la forme, et d’analyse et de tolérance, pour le fond, un esprit fait de légèreté et de profondeur, en somme.
    Parce qu’on a le « DROIT » d’être tout ça à la fois.
    Je refuse la pensée unique et je continuerai à poser les actes qui me semblent justes, en toute conscience.
    La républicaine athée que je suis éprouve un certain malaise ce matin, celui de constater que la religion est beaucoup à l’ordre du jour au lendemain de cette marche…

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  152. Lau a dit…

    Toutes mes excuses, je n’ai pas pris le temps de lire tous les commentaires. Comme beaucoup (je crois), j’ai été « choquée » par les réactions d’une minorité d’ados largement relayées par les médias, mais quelque chose me dérangeait dans le fait que ces propos étaient ainsi mis sous le feu des projecteurs. Et puis j’ai lu ça : http://tailspin.fr/post/107696839163/pour-mes-eleves-de-seine-saint-denis Et la question posée dans cet article m’interpelle : pourquoi personne n’est allé écouter ce que d’autres ados, ceux dont les parents votent FN, avaient à dire? (Je n’accuse personne, hein, je trouve juste que la question mérite, elle aussi, d’être mise sous le feu des projecteurs.)

    Merci Caro, je commente très rarement, mais je viens ici tous les jours (ou presque).

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