Réforme du collège, mon grain de sel

loual

Ce matin, il y avait Najat Vallaud Belkacem sur Inter, qui parlait de la réforme du collège. J’ai essayé, vraiment, de l’écouter calmement, de lui accorder le bénéfice du doute, de séparer les conneries et fantasmes qui circulent sur cette réforme de ce qui est vrai. J’ai lu pas mal d’articles pour me faire une idée, j’ai compris par exemple que non, le latin et le grec ne vont pas disparaitre, mais j’ai aussi compris que vu la façon dont cela sera organisé, ce seront les établissements qui décideront de proposer ou non ces matières dans un paquet d’options. Autrement dit je le crains, le latin et le grec vont de fait quand même devenir très anecdotiques.

J’ai aussi bien compris que si les bilangues allaient être supprimées, en revanche dès la cinquième les enfants apprendraient deux langues et que non, pas avec le même quota d’heures qu’auparavant, je crois qu’ils auront en tout une cinquantaine d’heures de plus de langues sur la période du collège (ce qui représente quand même beaucoup moins que les heures en plus dont bénéficient les enfants en bilangue actuellement) (il est possible que vous m’ayez perdue, pardon) (cet article est très clair)

Bref, je n’écris pas ce billet en méconnaissance de cause, je fais le tri et je ne critique pas bille en tête, je pense qu’il y a de bonnes intentions dans cette réforme et je regrette d’une manière générale qu’on ne puisse jamais rien toucher à l’éducation nationale aujourd’hui sans que tout le monde crie au scandale et qu’au final, rien ne bouge.

Mais.

Mais je n’ai pas été du tout convaincue par les arguments de la ministre concernant les fameuses bilangues. Je ne suis pas pour les classes d’élite. Mais je ne suis pas non plus pour une logique qui voudrait que puisque tout le monde n’a pas le niveau pour apprendre deux langues dès la sixième, alors personne ne le fera. C’est d’une stérilité et d’une hypocrisie sans nom. Parce que 1) ceux qui en ont vraiment les moyens, pas seulement intellectuels mais aussi financiers, fileront dans le privé ou se feront payer des cours particuliers et que 2) ceux qui en ont seulement les moyens intellectuels se verront donc exclus d’un système qui permettait depuis quelques années d’avoir finalement deux premières langues dès le début du collège.

Certes, ils auront cette possibilité en 5ème. Mais avec moins d’heures. Et pardon mais ça n’est pas comme si nous les Français avions à être fiers de notre capacité à nous exprimer autrement que dans notre propre langue (« we will win Barack ») (RIP Nicolas).

Par ailleurs, arrêtons de nous leurrer, ce n’est pas parce qu’on supprime les bilangues que l’élitisme va disparaitre d’un coup. La nature a horreur du vide, on trouvera autre chose. Mais la logique qui veut qu’on rase les dispositifs tirant quelques élèves vers le haut au prétexte que justement cela n’en tire quelques uns, c’est vraiment… petit.

On aurait pu – mais je suis comme ces comiques, là, qui rêvent d’une banque, bla bla bla – se dire qu’au lieu de mettre fin à ce « privilège », on allait l’étendre à tous. Mais non, au nom soit disant de l’égalitarisme (en vrai, au nom de l’argent qu’on a plus dans nos caisses), on décide de tout arrêter. Après, les gens de droite ont beau jeu de crier au nivellement par le bas. Parce qu’on peut tourner et retourner la chose comme on veut, c’est du nivellement par le bas.

Bien sûr, je prêche pour ma paroisse, mes enfants étaient dans une classe bilangue durant tout le collège. Et bien sûr, il s’agissait du coup d’une classe dans laquelle les élèves de très bon niveau étaient plus nombreux que dans les autres classes. Mais ils ont aussi eu énormément de « décloisonnages » favorisant le mélange avec des élèves de niveau inférieur. Surtout, parmi les éligibles aux classes bilangues, il n’y a pas que des gamins issus de classes sociales favorisées, loin de là. Tout ce que je sais, c’est qu’en quatre ans dans ce collège Zep qui souffrait d’une mauvaise réputation, mes enfants n’ont jamais rapporté le moindre problème relationnel. Que l’ambiance y est la plupart du temps détendue. Que du coup, beaucoup moins de gens du quartier tentent de déjouer la carte scolaire, parce qu’ils savent notamment que le collège permet à ceux qui le veulent de multiplier les options. Que par exemple, il y a aussi des classes « baskets », dont le nom peut prêter à sourire mais qui permettent chaque année à certains gamins doués pour ce sport d’intégrer des sports études et de s’orienter vers une carrière de professionnels. Est-ce que je devrais demander qu’on supprime cet enseignement intensif d’un sport auquel ma fille, qui culmine à 1m55, ne pourra jamais exceller au nom de l’égalité ?

Je ne sais pas, ça me semble aussi absurde que si je décrétais que ma fille, toujours, ne doit plus dessiner, parce que son frère, n’ayant pas les mêmes aptitudes, n’y arrive pas aussi bien et donc s’en trouve défavorisé. Donc pas de cours de dessin l’année prochaine pour sa soeur, histoire qu’elle arrête de le dépasser. Idem pour la natation, mon fils est un bon crawler, sa soeur peine à la brasse, on arrête donc tout.

Je crois que je préfèrerais qu’on m’explique qu’en fait, juste, on a plus les moyens de payer les profs d’allemand ou d’espagnol dès la sixième. ça me désolerait moins.

Il faut arrêter de croire que le problème du collège réside dans ses bons élèves qui bénéficient de plus d’heures de cours que les autres. Mes enfants cumulent toutes les options possibles et inimaginables, du latin au journal de l’école, en passant par l’atelier photo ou encore un projet scientifique mené les mercredis, en dehors des heures d’école, avec l’Inserm. La plupart de ces options sont ouvertes à tous les élèves, pas sur des critères de niveau. Et à l’arrivée, certes, peu sont volontaires. Est-ce que ça signifie qu’il faut donc tout supprimer pour que ceux qui ne souhaitent pas s’investir dans du « plus » ne soient pas défavorisés ? Alors qu’encore une fois, le seul résultat qu’on va obtenir c’est que ce que les enfants trouvaient dans le cadre de l’enseignement public, ils iront le chercher dans le privé ?

Je sais bien que tout ça est complexe. Mais je ne comprends pas qu’on ne se penche pas plutôt sur la façon de faire en sorte que tous les gamins aient envie et soient en capacité d’apprendre deux langues dès la sixième…

Edit: Mon amie Marie-Caroline Missir vient d’écrire ce billet qui laisse penser qu’une reculade est à prévoir, tout ça pour ça…

159 comments sur “Réforme du collège, mon grain de sel”

  1. amelstos a dit…

    Encore une fois je suis tellement d’accord avec toi ! Bon, je viens de comprendre que les classes bilangues dont on parle à la radio sont en réalité nos anciennes trlingues, soit la possibilité d’apprendre deux langues dès la 6ème au collège. On ne va pas se leurrer, mon niveau en allemand est proche de zéro malgré 10 années d’apprentissage et l’anglais, c’est grâce aux séries que j’arrive encore à la pratiquer. Mais j’avoue ne pas comprendre du tout cet argumentation liée à l’élitisme. D’une part, je ne trouve pas que ce soit un gros mot et surtout, je trouve qu’au contraire, ces classes dites d’élite dans le public permettent à tous les élèves d’y accéder. C’est notamment pour ça que j’ai fait toute ma scolarité dans le public. On passait un petit test d’allemand au début de la 6ème et on se retrouvait en trilingue, mais nous venions tous de milieux différents. Aujourd’hui, dans ma commune, il existe dès la maternelle la possibilité d’inscrire ses enfants dans une vraie classe bilingue : un jour d’école en allemand, un jour d’école en français. C’est difficile, mais c’est dans le public et mon beau fils qui en bénéficie pourra s’il persévère passer son Abitur (bac allemand) dans quelques années. Il y a dans sa classe des enfants de tous les milieux confondus. Il n’y avait qu’un seul collège public qui proposait de continuer cette option et je crois qu’à cause de la réforme cela va s’arrêter. En sixième cette classe qui vit ensemble depuis la maternelle va donc se diviser en deux : ceux qui auront les moyens d’offrir cet enseignement dans le privé à ses enfants et les autres. Quel dommage pour eux et pour l’éducation nationale de créer cette scission alors que pour une fois, un truc marchait bien.

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  2. Denis a dit…

    C’est un peu triste mais j’ai quand même l’impression que depuis des années on nivelle par le bas dans un soucis d’égalité au lieu de tirer les plus faibles vers le haut. Ca va donner quoi dans 10 ans ?

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  3. Marilune a dit…

    Cet article résume parfaitement ma pensée, Caroline. Ma fille ainée est en classe bilangue, mais ses cours sont décloisonnés avec d’autres élèves. Elle a plus d’heures de langues, et ce n’est pas du luxe en effet, si on veut rattraper un peu le niveau déplorable des français en langues étrangères. Et le terme du « nivellement par le bas », que la ministre réfute avec véhémence, est bien celui qui s’applique. Sous prétexte que 1 enfant sur 4 arrive en 6ème en ne sachant pas parler et écrire correctement (et on parle du français, là!), et qu’un sur 8 sort du collège avec les mêmes lacunes, « punissons » (quelque part, c’est l’idée ressentie, pour moi en tout cas) ceux qui s’en sortent. Et effectivement, il y a aura toujours pour les « élites » la possibilité d’aller ailleurs que dans le public, voire dans le privé sous contrat d’association puisque selon la ministre, ces collèges devront aussi appliquer la réforme (sauf qu’en fonction du coût de la scolarité, ça n’aura pas le même impact). Du coup j’ai peur pour l’école. Peut qu’on rejoigne les USA où l’école publique est une garderie parfois sponsorisée par des majors de l’alimentaire junkie food, et où ceux qui ont les moyens mettent leurs enfants dans le privé, quitte à s’endetter longuement, pour leur permettre d’avoir une scolarité meilleure.

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    • Emma a dit…

      Je vis aux US depuis des annees et mes enfants vont a l’ecole publique (americaine donc) du quartier. Ce n’est pas un systeme parfait (en existe-t-il?) mais ce n’est certainement pas une garderie sponsorisee par l’industrie de la junk – et pas junkie 😉 – food. C’est malhonnete d’ecrire ca.
      Merci, Caroline, pour cet article tres interessant en tout cas.

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    • Aurore a dit…

      Je rejoins la réponse d’Emma: je ne crois pas que vous parliez de l’école américaine en connaissance de cause. Je suis professeur dans le public américain depuis quatre ans — certes j’enseigne dans un excellent collège mais j’ai également enseigné deux ans en banlieue de Baltimore. En temps que prof, on est inspecté 3 fois par an, chaque année, et on peut perdre son emploi si l’on est considéré non-efficace. 75 heures de formation continue sont obligatoires tous les 3 ans pour renouveler son certificat, et les cours de type magistral comme on le voit énormément en France sont proscrits. Une tonne d’options sont offertes et ouvertes à tous, du moment qu’un prof la propose. Les profs ne partent pas entre leurs heures de cours mais restent pour apporter un soutien aux élèves. Une grosse majorité des enseignants organisent également du soutien et/ou des activités après les cours. La paie est égale voire moindre (en fonction des états) par rapport à la France. Donc, franchement, je trouve qu’on ne fait pas les choses si mal…

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      • Coline a dit…

        Coucou collègue, merci pour ce point de vue.
        Dans la fameuse étude Pisa, la France et les Etats-Unis -deux pays très fiers de leur système scolaire – sont en mauvaise posture, et je crois que les décisions politiques que les deux pays prennent sur l’éducation y sont pour quelque chose.
        Je pars en juillet pour enseigner aux USA (mais en primaire) alors je pourrai le vivre en vrai.

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  4. Raphaelle a dit…

    Bonjour,

    merci de votre pensée du jour. Mon expérience de contrôleur de gestion me fait en effet sentir l’économie d’échelle à plein nez, et je m’étonne que les syndicats se soient fait avoir à ce point-là. Je vous donne les éléments que j’ai grapillé au fil de quelques comptes twitter :
    les collèges ont des dotations horaires globales, certains ont le minimum légal, d’autres sont au-dessus et ce n’est pas corrélé au classement zep ou autre de l’établissement. Le mou compris entre le mini et le réel du collège permet un peu de souplesse aux directeurs pour organiser les classes, les demi-groupes et les options. Il me semble que l’objectif réel de cette réforme est de mettre tous les collèges à la même dotation, pour économiser en € les salaires des profs, et afin d’acheter la paix avec les directeurs, on leur redonne du mou sur le volume horaire disciplinaire sous couvert de pédagogie et « de co-animation » ( en temps que parents d’élève entendre parler de prof comme « d’animateur » ça me fait complètement hurler intérieurement). Bref tout ceci me parait surtout un vaste troc entre syndicats et ministère, les perdants étant ceux qui sont convaincus que cela donnera plus d’égalité des chances… vaste blague.

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    • Tatiana a dit…

      Je ne sais pas où vous avez vu/lu que les syndicats étaient pour la réforme, mais ce n’est pas le cas. En tout cas pas pour le principal syndicat du second degré. Ils essaient juste de faire au mieux pour tout le monde, en trouvant des compromis, mais pour cette réforme ils ne sont pas du tout d’accord.

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  5. Eliaume a dit…

    Pour être plus précis, et d’après ce que j’ai pu lire également ( je prépare aussi un poste sur le sujet de la réforme)… pour ce qui est des classes bi-langues, elles ne vont pas toutes disparaître. En effet, la réforme pour une fois, se fait en cohérence avec le projet de primaire. Une langue vivante devra être apprise en primaire et ainsi, pour les élèves n’ayant pas fait anglais, des classes bilangues seront conservées.

    Encore une fois, le projet a juste été proposé et NVB ne l’a pas validé, les discussion sont en cours et les choses peuvent encore évoluer.

    Je crois que cette réforme, si elle « supprime » des options dites élitistes ( ce qui n’est pas totalement vrai rapport au latin/grec par exemple), c’est pour permettre de rester un collège unique qui s’adapte au plus grand nombre. Ce qui est reproché à ces classes à option de concentrer un maximum de bons élèves qui seraient tout à fait excellent sans être cloîtrés entre eux. Et surtout, le nombre d’heures que ces élèves ont en plus à la fin du collège est effarant. Je ne retrouve plus la source ni le nombre exacte mais c’était de l’ordre de plusieurs mois.

    Par ailleurs, le privé – mis à part les établissements de grande renommée- ne creuseront pas spécialement la différence. Il ne faut pas céder aux fantasmes privés/publics car si la scolarité est payante, les charges et subventions de l’établissement ne sont pas les mêmes donc les moyens se retrouvent assez égaux dans l’ensemble. ( A moins de demander des frais d’inscription indécents, évidemment! )

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    • Caroline a dit…

      erreur, le projet a été adopté par le CSE et le décret en passe de l’être, à ne pas confondre avec la réforme des programmes. Et j’aimerais qu’on m’explique comment on va mettre en place ces classes bilangues pour les élèves qui auront appris de l’italien au primaire (c’ets le cas de ma fille) alors qu’aucun collège autour ne propose d’italien dès la 6ème…

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    • Caroline a dit…

      Cet argument des heures en plus dont bénéficient les bons élèves me rend dingue. Qu’on en rajoute pour tous les élèves plutôt que de les supprimer ! et encore une fois, le latin par exemple, est ouvert à tous. ce n’est pas sur sélection de niveau, en tous cas pas dans le collège de mes enfants.

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      • Eliaume a dit…

        Ce serait effectivement l’idéal mais c’est impossible. Les emplois du temps sont déjà ultra chargés. Rajouter autant d’heures aux élèves, je ne sais pas comment ce serait envisageable au niveau de l’organisation. Et cela aurait un effet négatif, on perdrait beaucoup d’élèves – plus que maintenant – qui décrocheraient car trop d’heures de cours, non?

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      • cecile_m a dit…

        Juste un petit mot pour dire que je ne suis pas tout à fait d’accord.
        En tant que mère d’une enfant de cm2 en difficulté scolaire, je ne pense pas que « rajouter des heures à tous les élèves » soit un objectif souhaitable. Du moins des heures de cours telles qu’on les entend aujourd’hui,qui engendreront mécaniquement plus de travail à la maison… Les enfants -en particulier quand ils ont des difficultés – doivent à mon sens avoir aussi d’autres horizons que le travail scolaire, pas toujours gratifiant pour eux (un autre problème de notre école à la française ?).
        Par ailleurs, je constate que localement la classe bilangue est LE bon moyen pour éviter le collège proche moins favorisé socialement (et donc moins réputé) pour aller vers le collège qui privilégie l’excellence.
        Maintenant, que certains aient des facilités et en demandent « plus », cela ne me choque guère (j’ai fait partie de ceux-là autrefois). La vraie question selon moi est « que fait-on réellement pour les enfants en difficulté ? »

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        • Eliaume a dit…

          La réforme prévoit de l’accompagnement personnalisé pour les élèves et les EPI, je pense ( ça n’engage que moi) sont une bonne idée pour décloisonner les savoir et enseigner aux élèves dans une autre optique pédagogique que le cours « frontal » avec des axes qui permettent aux élèves de se raccrocher aux problématiques actuelles. Cela peut permettre aux élèves en difficulté qui ont une certaine appréhension des cours  » classiques » de reprendre confiance et de se révéler. Évidemment, cela dépend de la mise en place concrète.

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          • Banane a dit…

            La nature et le contenu des EPI sera au bon vouloir et en fonction des moyens des équipes et des établissements donc je ne suis pas sure que ça serve vraiment à aider les élèves en difficultés.
            A titre personnel je pense que de vouloir donner la même chose à tout le monde est une erreur monumentale. Non tous les élèves n’ont pas besoin ni envie d’apprendre une langue vivante surtout quand ils ont déjà du mal avec le Français. Plutôt que des EPI je serais d’avis qu’il faille proposer pléthore d’option pour diversifier et valoriser tous les parcours.

          • charlotteb a dit…

            Pour répondre à Eliaume, il y a déjà de l’aide personnalisée en collège et les EPI ont déjà existé avec les IDD, très bonne chose quand ça se passait bien. Ce que ne dit pas clairement la ministre c’est que ces heures d’EPI seront prises sur les heures d’enseignement !!! C’est-à-dire qu’en gros si on s’inscrit dans un projet en français et autre discipline sur 1 ou 2 mois d’EPI 2h par semaine, on perd des heures sur la discipline à proprement parlé !!! Et ça ce n’est pas possible ! Et on décloisonne déjà beaucoup, on travaille par groupe, on fait écrire les élèves etc… Les cours magistraux sont très rares en collège maintenant…

    • madile a dit…

      Je ne suis pas d’accord, et j’enseigne dans le privé, privé sans grande renommée. Le privé, même sans moyens, peut jouer sur les heures, les options, et faire en sorte de garder des classes bilangues , européennes, du latin, du grec, en supprimant des heures par ci par là et en mettant certains horaires au plancher dans certaines matières moins « nobles ». Il a une bien plus grande liberté jusqu’à présent, que le public, le privé est une entreprise qui se doit de fonctionner correctement pour vivre, et qui s’adapte comme il peut, souvent en louvoyant ! Par exemple, il supprimera des heures d’études dirigées au profit de cours d’anglais en plus, il supprimera 1/2 heure de techno pour une heure de math en plus, etc……Mais tout cela à moyens constants.
      J’ai beaucoup lu sur cette réforme, et je me disais que les profs dont je suis sont toujours à descendre dans la rue dès que l’on change quelque chose, mais là, j’avoue, j’en perds mon latin ! (bof !)
      La chose essentielle pour moi, ce serait de réduire le nombre d’heures dans une journée, et de faire des études dirigées, par des profs, tous les soirs, de façon à ce que les enfants rentrent chez eux sans RIEN à faire, et surtout cela supprimerait pas mal d’inégalités, entre ceux qui ont des parents qui peuvent aider, et les autres livrés à eux-mêmes.

      Je cautionne pleinement ton article, Caro, tu devrais l’envoyer à Najat !

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  6. berengere a dit…

    Ici les filles ne sont encore qu en élémentaire mais bon dans 3 rentrées ce sera la 6eme pour Jeanne..Les collèges sur annecy et annecy le vieux ne proposent pas tous la même chose effectivement
    merci de m éclairer sur le sujet de la réforme ton analyse est parfaite !
    bonne journée

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  7. Nade a dit…

    Le plus terrible c’est que cela risque de pénaliser les uns sans pour autant aider les élèves en difficulté …
    quel gâchis !

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  8. Marie a dit…

    Voilà, c’est EXACTEMENT ça.
    Je ne peux rien ajouter, tout a été dit et parfaitement dit sur le fonctionnement de l’EN (et je connais un peu, je suis prof en college et lycée).

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  9. Gabie a dit…

    Je n’étais pas au courant de la réforme (facile de faire l’autruche quand on habite loin) mais effectivement ca n’a pas l’air d’apporter grand chose. 50 h en plus quand on voit comment l’enseignement des langues est fait en France c’est 50h pour rien (SVP les profs d’anglais on arrête les verbes irréguliers tous les ans de la 6eme à la terminale et on se concentre sur l’oral ok ?) !!
    La petite phrase de Sarko qui m’avait choqué c’était « sorry for the time » en voulant parler du temps-météo… j’avais honte pour lui.
    Je voudrais aussi parler de mon cas: quo des enfants bi-nationaux ? C’est forcement le privé pour eux ? Tous les bi-nationaux ne sont pas forcement dans la classe « aisée »…je prèche un peu pour ma paroisse mais comment on fait quand un enfant parle déjà 2 langues à la maison, il ne peut pas faire sa scolarité dans le public avec 2 langues ??

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    • straw a dit…

      Ce n’est pas vraiment aux profs de langues qu’il fait demander ça, j’enseigne une langue très particulière qui me laisse beaucoup de liberté, mais les autres ont un programme et des directives à suivre. Je travaille en REP+ ( le mot qui veut dire collège très défavorisé et difficile), on a quand même 23 gamins en LV1, l’oral est lésé c’est certain, mais ce n’est pas à cause des profs en l’occurrence.

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    • anna a dit…

      J’ai la bi-nationalité franco-britannique, et lorsque je suis rentrée au collège (il y a 20 ans), je n’ai eu d’autre choix que de faire anglais 1ere langue (j’habitais en rase campagne). Alors oui, je me suis fait un peu suer, si la filière bi-langue avait existé cela m’aurait vraiment convenu, mais cela ne m’a pas non plus posé de problème; être bilingue c’est toujours une chance; je ne vois pas pourquoi un enfant bilingue ne pourrait pas faire sa scolarité dans le privé ?

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      • anna a dit…

        oups, pourquoi ne pourrait-il pas faire sa scolarité dans le PUBLIC !

        et Caro, je partage ce point de vue sur l’hypocrisie du discours, car je crois aussi qu’il est question d’économies.

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  10. Floconnette a dit…

    Merci, merci Caro, pour dire si bien les choses !
    Pour cette réforme où le maître mot est économie et où oui le nivellement vers le bas va se faire parce qu’on ne donnera pas aux meilleurs élèves le « plus » intellectuel dont ils ont besoin pour s’épanouir, ce qui va donner des élèves qui s’ennuient alors qu’ils auraient pu tirer les autres vers le haut.
    L’égalité, c’est celles des chances, et c’est ce qu’offrait l’école publique, que des élèves de zones défavorisées aient accès aux mêmes options que ceux des beaux quartiers. Tous les élèves n’ont pas les mêmes capacités d’apprentissage mais il faut pouvoir donner à tous ceux dont ils ont besoin, que ce soit des possibilités d’accompagnement éducatif pour les plus en difficultés ou au contraire, le « plus » « le luxe » dont certains ont besoin en terme intellectuel.
    Tel que présenté, même dans les fameux parcours interdisciplinaires, le latin finira par disparaître. Tout simplement parce que cela fait des années que l’Educ. nat a arrêté le recrutement de professeurs de lettres classiques (ceux qui enseignent le latin et le grec).
    Et leurs fameuses heures d’accompagnement éducatif et les fameux parcours interdisciplinaires vont entraîner des guéguerres sans merci. Tout simplement parce que pour qu’elles aient lieu, les professeurs d’un collège devront se mettre d’accord pour supprimer leurs heures de disciplines pour les mettre en place. Par exemple en 5ème, le total des horaires par discipline fait 26h mais il est annoncé 22h (de disciplines) + 4h (accompagnement éducatif + interdisciplinarité). Donc entre nous, on devra décider de qui cède une demi-heure ou une heure de sa discipline … Et sinon ce sera imposé par le chef d’établissement.

    Cela permet à notre ministre de faire des économies, les heures d’accompagnement éducatif ne seront plus payées en supplément comme cela était souvent le cas actuellement.

    Économie, économie …. dommage qu’au final ce soit les élèves qui en payent le prix.
    On n’ est pas hostile au changement juste hostile aux changements quand ils sont aux détriments des élèves et imposés sans prendre en compte les modalités pratiques.

    En tous cas vraiment merci pour ton article si bien tourné et qui montre bien à quel point on marche sur la tête …

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  11. Floconnette a dit…

    Un petit plus,
    Dans mon collège, en tout cas, les élèves bilangues et latinistes sont répartis dans au moins 2 classes et donc se mélangent avec d’autres élèves. De plus, on regarde surtout leur motivation. Ainsi on a déjà refusé en bilangue de bons élèves mais dont seuls les parents souhaitaient que leurs enfants fassent bilangue et dont les enfants ne le voulaient pas. Après je ne connais pas tous les collèges mais j’en connais beaucoup qui fonctionnent comme cela.

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    • Cécile - Une quadra a dit…

      Ma fille est en collège bilangue anglais/espagnol et latiniste dés qu’elle en a eu la possibilité car elle avait eu une initiation en primaire qui lui avait beaucoup plut et lorsqu’elle a rencontré la prof, géniale, en cours de 6 eme la décision a été prise par elle, oui au latin en 5eme.
      Elle a donc 4 heures de cours de plus par semaine cette année, 2 seulement l’an dernier.
      Elle n’est pas dans le collège du secteur car nous avons fait une demande de dérogation pour qu’elle intègre le seul qui propose Anglais/Espagnol en bilangue. Oh je rassure tout le monde, sur le secteur on est sur une ZEP et dans l’autre aussi. Sur notre secteur ils ont aussi une section bilangue et Europééene anglais/allemand, mais c’est bête tout le monde à la maison était ok pour l’anglais/Espagnol mais pas du tout pour allemand/anglais, ben oui son père est Espagnol, même s’il jure uniquement en français lorsqu’un marteau lui écrabouille les doigts parce qu’il a vécu 48 ans en France sur ses 52, il y a encore et toujours de la famille sur place et donc mademoiselle voulait apprendre à communiquer correctement avec eux.
      Lors de la demande de dérogation nous avons justifié la demande par les origines du père et l’unicité de la section bilangue espagnole sur notre ville, il restait de la place et nous avons été entendu, chouette, avant l’affectation en classe bilangue par le collège il a fallu qu’elle rédige une courte lettre de motivation et qu’elle rencontre les profs de langue pour les convaincre que c’est bien elle qui voulait apprendre deux langues et pas nous qui la poussions pour une raison quelconque.
      A priori les notes d’avant ne comptaient pas puisque jamais il n’en a été fait mention et très honnêtement elles étaient correctes mais sans plus et les appréciations sur les lacunes en autonomie et des lenteurs dans le travail ne risquaient pas de faire pencher la balance.
      Pour le latin pareil un petit mot sur ses motivations a été demandé.
      Jusqu’en 4 eme au moins ils sont en classe mélangée, bilangue, mono langue, latiniste non latinistes, donc tout le monde se côtoie sans souci.
      Les seuls à rencontrer des problèmes sont les personnes chargées de faire l’emploi du temps qui dans 2 classes doivent bloquer le même créneau pour libérer les hispanisants et dans 4 classes pour les latinistes, ça doit être rigolo.
      En 4 eme il est possible qu’ils se retrouvent avec une classe d’hispanisants uniquement pour que ce soit plus simple à organiser puisque leurs copains commencent les cours d’espagnol car il n’y a qu’un prof, si on veut qu’ils continuent la progression plutôt que de reprendre à zéro il faut deux cours différents.
      Le constat que j’ai pu faire c’est qu’à priori le bilingue espagnol n’attire pas les élites de la nation contrairement à l’allemand peut être 🙂
      Sinon ma fille est dans la moyenne au niveau des résultats, par forcément plus travailleuse que les autre, elle a même qq difficulté dans certaines matières, mais pas en latin où elle excelle ni en Espagnol et l’anglais ça roule parfaitement aussi, et elle se plaint parfois de certains cours mais jamais de ceux là qu’elle a choisi en fait, donc tant que les gamins sont volontaires ça passe.
      Pourtant le latin c’est le lundi de 8 à 10, le seul jour de la semaine où elle aurai pu commencer à autre heure que 8h y a de quoi râler quand ses copains sont encore au lit, mais non… 🙂
      D’autre part à la lecture de certains commentaires jeme dit que mon dieu ma fille a « mangé à tous les râteliers » et a coûté une fortune car elle a bénéficier de 3 trimestres d’aide personnalisée en 6 eme et de 2 trimestres de cette même aide en 5 eme… 🙂
      Cette réforme me chiffonne tout comme toi Caro car j’ai aussi la sensation qu’une fois de plus on veut niveler par le bas et je déteste ça… D’autre part je n’ai pas du tout l’impression que ma fille fasse partie de l’élite.

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  12. bellzouzou a dit…

    Je pense aussi que supprimer les dispositifs qui tirent quelques élèves vers le haut au prétexte que ça n’en tire quelques uns est ridicule et que ça s’appelle du nivellement par le bas et ça se pratique depuis des années.

    Mais à mon avis le gros problème de l’école et l’injustice essentielle, c’est qu’il existe deux écoles; qu’attend la gauche pour supprimer l’école privée et offrir une seule et même école à tous les enfants? est-ce que ce n’est pas ça, l’égalité des chances, pour de vrai???

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    • Lilibelle a dit…

      Complétement d’accord avec l’article de Caroline.
      Par contre on ne supprimera pas les inégalités en supprimant les écoles privées, les inégalités subsisteront toujours au niveau des écoles. Les enfants des communes « aisés » continueront de fréquenter les « bonnes » écoles et les autres feront comme ils peuvent…

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    • Jnet a dit…

      Je ne suis pas d’accord avec votre lecture de cette réforme.
      Je précise tout de suite que j’étais moi-même très bonne élève, que j’ai évidemment fait allemand première langue, latin jusqu’en prépa et que je voyais d’un excellent œil les classes bi-langues et européennes, me projetant déjà dans l’idée que ce serait super pour ma descendance d’en profiter.

      Mais moi, personnellement, ça m’ébranle carrément de savoir que l’on alloue des moyens importants pour 12 à 15% des élèves (ceux qui fréquentent ces classes), que donc, de facto, les autres élèves, parmi lesquels une partie est en difficulté, ont, mécaniquement moins de moyens.
      Je pense aussi qu’une politique de l’Educ nat, destinée à tous les élèves, ne peut pas se faire en fonction du « chantage » de ceux qui en ont les moyens et disent: « on mettra nos enfants dans le privé ». Un-e ministre peut l’entendre, peut à la marge en tenir compte, mais elle/il ne peut pas adapter entièrement sa politique en fonction de ce critère: on ne fait pas une réforme égalitariste en fonction des desideratas des mieux dotés (financièrement, mais aussi en termes de ressources intellectuelles, de réseaux). J’ajoute sur ce point que les classes européennes et bilangues seront aussi supprimées des collèges privés sous contrat. Donc l’argument a ses limites.

      Je vais donner un exemple concret. Cela se passe dans un collège du 13e arrondissement de Paris, moyen, non Zep. Une élève, bonne, mais pas assez ou pas assez motivée, sans doute, se voit refuser sa demande de classe bi-langue. Elle prend anglais première langue. Et bien, en quatrième, elle ne pourra pas faire d’allemand seconde langue, parce que, dans ce collège, les dotations d’heures d’allemand sont allouées aux classes bilangues, point.
      Cet exemple pour souligner le problème de ces classes: les établissements sont souverains pour accorder ou non à un élève d’y entrer et, dans certains établissements (dans beaucoup, je présume, mais je n’ai pas de chiffre et je ne suis pas certaine) l’allocation de ressources ‘en plus’ pour les bons élèves se fait au détriment de tous les autres.

      Alors, oui, personnellement, ça me chagrine qu’on supprime ces classes. Parce que si je n’avais pas plus près de 40 ans que de 14, j’aurais adorer suivre ce cursus-là… Mais, en prenant un peu de hauteur, je me rends bien compte que le système actuel est déconnant.

      A ma connaissance, la réforme se fait à moyens constants (ni économies, ni sous remis sur la table). Dans un monde idéal, j’aurais aimé qu’on maintienne ces classes et qu’on donne des moyens en plus pour la diversification des enseignements, le renforcement de l’enseignement des langues, y compris anciennes, pour tous les élèves. Mais je présume que ce n’est financièrement pas possible.

      Un dernier truc, qui m’a aussi ébranlée, le collège français actuel ne se contente pas de reconduire les inégalités scolaires (je ne parle pas des sociales), il les creuse: le pourcentage d’élèves en difficulté est plus grand en fin de 3e qu’à l’entrée en 6e. Alors même que la France fait partie des pays qui consacrent un pourcentage de leur budget des plus élevés à l’éducation. On peut en déduire que la pédagogie est à revoir, que les profs sont nuls (je plaisante) mais aussi qu’il y a un problème d’allocation des ressources: on ne met pas assez de choses en place pour les moins doués/scolaires/aidés à la maison etc.

      (et mes plus plates excuses pour le pavé, mais, il y a quelques temps, j’aurais été d’accord avec le billet de Caroline, et mon avis a évolué)

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      • Floconnette a dit…

        Je suis d’accord avec vous concernant le creusement des inégalités. En revanche, la réforme ne va pas se faire à moyens constants. Insidieusement, des économies sont faites. Dans chaque collège depuis plusieurs années il y a des contrats d’objectifs (avec 3 objectifs principaux dont souvent un autour des enfants en difficultés). Les toutes premières années, ils comportaient un volet d’heures (au choix pour faire de l’accompagnement éducatif en tout petits groupes) et des moyens financiers (sortir les élèves permet aussi de faire découvrir les choses par d’autres moyens). Aujourd’hui, il n’y a plus ni heures ni moyens financiers.
        Le résultat c’est que l’année prochaine, tous les dispositifs d’aide mis en place dans mon collège (accompagnement éducatif, PPRE (aide à la méthodologie, à l’apprentissage des leçons …), une classe avec des heures aménagées pour apprendre les leçons et faire les devoirs à l’école, aménagements pour les élèves dys) ne pourront plus se faire faute de moyens horaires pour la rémunération. A moins d’être faits bénévolement par les professeurs.
        Alors certes, la réforme prévoit des heures d’accompagnement mais pour l’instant cela s’annonce mal pour qu’ils soient faits en petits groupes (vu que pris sur nos horaires disciplinaires) et l’accompagnement éducatif à 28 élèves c’est contre productif.

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        • Jnet a dit…

          Sur les moyens, je suis incapable de me faire une idée claire à ce sujet, bien que j’aie pas mal lu sur le sujet. La diminution de moyens que vous mentionnez, elle est réelle ici et maintenant donc ce n’est pas la réforme à venir qui est en cause. Et puis tout dépend si l’on compte les créations de postes de profs ou pas (sachant que ceux que l’on recrute aujourd’hui ne seront pas dans les classes avant la fin de leur formation etc.). Donc, ok pour dire qu’il n’y aura pas plus de moyens et que le soutien à 28 n’a pas de sens. Mais je ne crois pas qu’on parle spécifiquement de la réforme du collège, là.

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      • Delalex a dit…

        Je suis d’accord avec Jnet . Ce qui me choque bien plus que la suppression du latin/du grec ou des classes bilangues c’est les disparités qui existent entre les élèves d’un même pays … Ce qui me choque c’est que quand des mesures visant à prendre en compte ces inégalités sont énoncées on n’imagine de suite que le niveau va en être abaissé … Je trouve étonnant qu’en 2015 on se rattache encore et toujours à des matières élitistes et qu’on oublie par contre que l’image par exemple n’est pas ou mal ou peu traitée au collège et que pour moi par exemple , pour mes enfants et les autres je préférerais bien plus que du latin des heures sur l’image/l’information , des heures où l’on apprenne à nos enfants à réfléchir , à débattre . Que vaut aujourd’hui notre élite formée à coups de matières « nobles » , quelles sont les valeurs de nos dirigeants qui ont fait grec,latin, 3 langues et compagnie ??? Peut on vraiment dire en voyant l’état de notre société aujourd’hui que l’école d’hier a été une vraie réussite ? Le recrutement des élèves pour des classes bilangues , souvent même le choix des langues se fait par rapport au niveau de l’élève … est-ce normal ? Le collège d’aujourd’hui, les enseignants , ne se sont pas adaptés à l’évolution de la société . On veut continuer à appliquer des méthodes qui n’ont jamais fonctionné ou seulement de façon illusoire .

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  13. Jade a dit…

    Merci pour l’éclairage. Je trouve que certains principes de la réforme partent de très bonnes idées (par exemple les cours associant deux matières pour démontrer les liens qu’il existe entre elles), mais même si je sentais bien qu’il devait y avoir un réel problème étant donné la grogne générale à l’encontre de la réforme, je n’arrivais pas à mettre le doigt sur le concret du problème.
    Ton article est très clair.

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  14. Mentalo a dit…

    Ben, pareil, tout pareil. Au nom de l’égalité des chances, doit on nier les différences pas seulement d’aptitude mais aussi d’intérêt des ados, pour une fois qu’ils s’investissent dans un truc sans trop soupirer?
    J’habite dans une région où le plurilinguisme est vital. Une majorité d’élèves sont dans les classes bilingues. Je n’arrive pas à croire que les proviseurs vont se résigner… En tout cas ça me désolerait beaucoup.

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  15. Vanessa a dit…

    Très bonne analyse, je partage complètement le point de vue!
    Je me suis fait la même réflexion, sous prétexte qu’un enfant n’a pas les mêmes facilités qu’un autre dans tel ou tel domaine, on supprime… Mais pourquoi ??
    Effectivement, les classes bilangues ne sont pas réservées à une élite, vivant financièrement au-dessus de la moyenne, ma fille a intégré une de ces classes en 6ème, j’étais à l’époque mère solo et loin de mener la grande vie! Elle y a cotoyé des enfants des classes supérieures (enfant de médecin etc…) aussi bien que des enfants vivant dans la cité de notre petite ville, et tout ce petit monde s’est « mélangé » sans aucun souci!!
    Alors bien sûr, cette classe était réservée aux élèves avec de très bons résultats… et ??? Où est le problème? Mon fils est entré cette année dans une 6ème « normale » car pas les mêmes résultats que sa soeur aînée donc pas de classe bilangue pour lui, et je n’y vois pas une discrimination quelconque, juste une différence de niveau, c’est la vie, c’est comme ça…
    Cette façon de toujours vouloir tirer les choses vers le bas me rend dingue…

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  16. Anne a dit…

    Bravo pour votre billet et merci pour ces explications (qui hélas me confortent dans la mauvaise opinion que j’ai de cette réforme au sujet des langues). Dans le collège de ma fille qui est en 3° (collège non classé ZEP, mais uniquement car historiquement la commune s’est battue pour refuser l’appellation peu glamour 😉 , car c’est le collège de secteur d’une cité classée zone sensible), on ne parle pas de « classe » bilangue, ni de « classe » européenne, mais de « section: en effet les élèves de ces sections sont répartis dans plusieurs classes. Ainsi dans chaque 3° il y a des « bilangues » des « anglais euro » des « latin/grec » , des « DP3 » et des sans option. Gros travail de l’équipe de direction sur les emplois du temps et la répartition des élèves pour que les classes soient toutes hétérogènes. Certaines années ça donne des classes qui travaillent avec une bonne ambiance, d’autres fois c’est plus dur, l’année suivante les élèves sont alors répartis différemment pour trouver un certain équilibre. Donc l’argument des « classe » d’élite ne vaut rien. Autre remarque: pour certains élèves au bord du décrochage scolaire (et j’en vois de plus en plus, et aussi dans le lycée où je participe à plusieurs commissions en tant que parent d’élève), sont proposés des emplois du temps aménagés (donc avec moins d’heures)… L’égalité, pour moi, c’est donner à chacun ce dont il a besoin: pour avoir une médaille d’or aux JO, un lanceur de poids n’a pas le même régime alimentaire qu’une gymnaste.

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  17. Viviane a dit…

    Je vais me faire descendre en flammes mais je me demande pourquoi vous ne prenez pas davantage exemple sur la Suisse… surtout au niveau politique d’ailleurs…

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  18. cecile a dit…

    Ça me désole…
    je vis aux Pays bas et ici, n importe quel gamin de 10 ans peut déjà avoir une conversation en anglais.
    Ma fille de 4 ans commence l anglais, dans son école privée sous contrat, qui coûte 50 EUR par an comme la majorité des écoles ici. Même les montessori ou autres écoles d enseignement libre. Il y a aussi du privé cher, bien sûr.
    Mais on considère ici que l enfant à un potentiel énorme et que parents et corps enseignant doivent l aider à l exploiter au mieux, en relais les un des autres. Alors on apprend l anglais à tous les enfants, très vite une partie significative de l enseignement général se fait en anglais, et cela ne génère aucun décrochage généralisé…. Et je suis sûre que les enfants ne sont pas plus intelligents ici !! la général isation du bilangue n est pas une utopie, elle est possible s’il y a une volonté politique solide et une nécessaire reallocation de certaines ressources…

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  19. Val a dit…

    Tu as traduit exactement, en tous points, ma pensée…
    Et moi qui suis fille de prof et un pur produit de l’éducation nationale publique (jusqu’à me taper 10 ans de fac !) je ne peux que déplorer comme toi le fait que bientôt, seul le privé proposera ce que le public n’offrira plus.
    J’ai fait allemand 1ère langue, et j’ai gardé le latin et le grec jusqu’au lycée alors que j’étais en filière scientifique et je mesure bien du coup quel gâchis ce serait d’en priver ceux qui sont motivés…
    Au nom d’une égalité qui n’en est pas une et qui est comme tu le dis très justement, seulement un nivellement par le bas…
    Tous les enfants d’où qu’ils viennent et quelle que soit la classe sociale dans laquelle ils évoluent ont le droit d’être motivé par un apprentissage particulier et qu’on le leur interdise pcq d’autres n’auraient pas le niveau pour suivre me révolte…
    Pour avoir fait ma thèse (juridique) sur le sujet, je sais que l’égalité pour l’égalité n’est rien.. Elle ne prend sens que si elle conduit à la liberté.
    Ce qui compte c’est que cette égalité, même s’il faut certes parfois tordre dans tous les sens (cf discrimination positive), permette à chacun de s’épanouir et d’être libre de se hisser au niveau qu’il veut.
    Ce devrait être ça, la fierté de la République…
    Quel dommage que nos décideurs ne le voient pas ainsi et aient toujours recours, de quelque obédience politique qu’ils soient, à la facilité…
    Bref, je n’ai fait que dire moins bien que toi ce que tu as dit mais ce pb me touche bcp, en tant que fille de prof, en tant qu’ancienne enseignante de TD en fac, en tant que mère et peut être surtout, ce qui me peine de plus c’est de savoir que dans ma famille nous aurons les moyens d’offrir à nos enfants le cursus dit « élitiste » alors que des petits copains et copines de ma Rose et mon Louis, non, car leurs parents ne le pourront tout simplement pas…
    Beurkkk

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  20. Clarisse a dit…

    D’accord. Mais le problème est tellement compliqué que même nous parents de collégiens et – pire – journalistes ou ex-journalistes spécialistes de l’éducation, avons du mal à nous faire une religion. Je pense qu’effectivement cela va accélérer la fuite dans le privé (enfin à Paris, les problématiques d’options et de bilangues étant spécifiquement parisiennes….). Mais tu avoueras Caro, que ce sont en grande majorité les enfants favorisés qui fréquentent les classes bilingues même si les sections bilingues sont de plus en plus mixées avec les autres… Il ne faut pas se voiler la face, et pas de mauvaise foi, on met généralement son gamin dans une classe bilingues pour qu’il suive un cursus un peu « supérieur » ! Idem pur le latin et le grec. Cela permet à beaucoup de se donner ainsi bonne conscience en restant dans le public. Et je le dis en connaissance de cause. Même si mon aîné a lui-même voulu faire une autre langue que l’anglais dès la 6e et nous tanne déjà avec le grec (et veut du coup se rabattre sur le latin faute de grec en 5e). Il aurait pourtant été facile pour nous de l’en dissuader afin qu’il ne se fade pas 4 heures en plus par semaine . Cette réforme gêne beaucoup car elle supprime les dispositifs de contournement habituellement utilisés par les familles favorisées, « bobo » et autres. Et ça ça dérange ! Je n’ai jamais vu dans mon ancien quartier, populaire (mais bobo), aucun enfant défavorisé être en bilangue. C’est bien simple, avant qu’elles soient mixées (ce qui a beaucoup dérangé nombre de parents FCPE qui se disaient pour l’égalité, hum ! hum !); elles formaient un « carré blanc », pour reprendre l’expression de parents….

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    • claireo a dit…

      « les problématiques d’options et de bilangues étant spécifiquement parisiennes » : heu, non, il y des des classes bilangues dans tous les départements, et même dans notre collège zep/sensible/rep, de même que l’option latin.

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    • Caro a dit…

      Ecoute franchement dans le collège de mes grands il y a dans cette classe des gamins de toutes les origines. Vraiment. Et oui bien sur que c’est un outil de contournement. Mais qui permet que les collèges zep ne soient pas désertés pour autant. Win win.

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      • JuPiscine a dit…

        Bonjour,

        je suis, comme souvent, tout à fait d’accord avec toi. Ces classes permettent aux collèges et aux lycées « moyens » de conserver une certaine attractivité. En revanche, les élèves de ces classes bilangues sont quasiment toujours séparés dans plusieurs classes, pour calmer le jeu avec d’autres élèves d’après les dires des profs.

        J’ai moi même été en classe bilangue allemand au collège, puis en classe européenne allemand au lycée, en banlieue parisienne pas vraiment favorisée. Maintenant que j’ai fini mes études supérieures, je me rends compte à quel point j’ai eu de la chance que ces classes existent. Sans cela, aucune prépa, aucune école d’ingénieur n’aurait regardé mon dossier, pourtant excellent, car venant d’un lycée tout juste moyen et anonyme. Au delà du collège, il faut se rendre compte que ces classes donnent une opportunité aux élèves motivés, et ouvrent les portes de certaines formations d’excellence…A ceux qui ne sont pas dans d’excellents lycées/collèges de centre ville.

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  21. bb_online a dit…

    Meme si j ai fait toute ma scolarite dans le systeme public laic francais – dans des etablissements moyens de par leurs resultats… je suis toujours surprise et en meme temps ravi quant a l emoi national provique par un changement des cours provoque.
    au moins tout le monde est interesse ! et ca c’est vraiment bien…
    Apres sur le fond du debas … il faudrait aussi que nous nous accordions a comment aprrendre les langues…
    les allemands, les pays d europe du nord ne font pas subir 100h de langues etrangeres a leur progeniture … et pourtant ils sont meilleurs que nous …
    j ai fait allemand LV1, Grec jusqu au bac, Anglais en option … et maintenant je n utilise que l anglais … evidemment je travaille a londres alors forcement mon niveau d anglais s est ameliore … je peux dire plus que decrire une image  » in the background , on the left ,… the former … the latter  » … ah quel bon souvenir cette epreuve orale d anglais au bac !
    Cest sur que je ne me sers jamais du grec … et pas trop de l allemand …
    MAIS la richesse, la valeur ajoutee et la reputation des travailleurs francais a l etranger (je sais de quoi je parle) tient au fait que nous avons un esprit critique aiguise, un tres bon esprit d analyse .. et que ca je le dois au grec et ses modes temporels complexes, a l allemand et a sa rigueur et logique , au dessin, aux ateliers de maths musicales … je suis devenue une citoyenne curieuse qui peut meme dire a ses enfants pourquoi ils ont les yeux bleus alors que ceux de leur mere sont marrons …
    Alors pour garder ca vivace et transgenerationnel … ben je suis pour les langues anciennes obligatoires pour tous car si on ne les apprend pas au college on ne les recroisera jamais plus!
    et je suis pour payer des profs 30h pour apprendre la grammaire anglaise, chinoise, allemande, koreenne, arabe , … et 70h a mettre les enfants dans des salles avec des series en VO avec questionnaire ( et pas de QCM s’iouplait ) a la fin de la projection… je suis pour que l education nationale devienne le premier recruteur de Au pair au monde – c est pas cher et ca leur fait plaisir de decrouvrir d autres pays- afin que nos enfant PARLENT les langues , ECOUTENT les langues…
    car on ne communique que tres rarement par post it … il faut un enseignement moderne des langues modernes et un enseignement rigoureux et ancien pour nos belles langues anciennes …
    c est sur que le grec ne me sert pas a gagner plus d argent … mais je peux lire cette magnifique langue et j epate toujours mon cheri quand je peux lui lire et traduire des trucs … ca me rend terriblement sexy ….
    Du coup je compte bien l enseignemer a mes rejetons histoire qu’ils aient une autre methode de drague que celle du match sur tinder …
    Un beau brun au regard tenebreux qui susure la guerre du Peloponnese en grec dans les oreilles de belles anglaises aux joues rosies par l emoi .. ca me donne de bonnes chances d etre mamie avant mes 55 ans !
    Je crois que je vais aussi les forcer a faire option astronomie histoire de decupler mes chances !
    Alors courage parents, ne lachez pas on va trouver quelque chose a en faire de ces paquets d hormones et de complaintes … classe bilangue ou pas !

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    • Camilla a dit…

      Je partage totalement votre avis concernant les filières bilingues Caro. C’est effectivement du nivellement par le bas, et c’est déplorable.
      En revanche, je pense qu’il faudrait supprimer le latin et le grec – et c’est une ex-latiniste, ayant apprécié ces cours, qui parle. Dans un monde idéal, sans problématiques budgétaires, je conserverai bien sûr… Mais dans la situation actuelle, à mon sens, le collège unique doit être pensé « efficace » : il faut privilégier les matières qui donnent des clés pour comprendre le monde, intégrer le marché du travail. Les langues mortes, tout est dans le mot, ne servent plus. Il faudrait remplacer ces heures « perdues » par des cours d’anglais – dont la maîtrise est absolument indispensable, dans tous les cursus ; et vraiment, vraiment, nous les Français sommes pitoyables dans ce domaine -, et d’économie : c’est tout de même ce qui gouverne le monde, chacun devrait avoir quelques notions de bases pour pouvoir appréhender l’actualité (et je suis dans le médical, je ne prêche pas pour ma paroisse…).
      Enfin (bb_online), les langues mortes structurent la pensée, je suis d’accord, mais pour ce qui est de l’esprit critique… je ne vois aucun rapport.
      Les matières qui n’apportent « que » une satisfaction purement intellectuelle devraient être réservées à l’enseignement supérieur, à l’attention de personnes passionnées, et ne sont à mon sens vraiment pas la priorité pour des collégiens dont certains n’iront même pas jusqu’au bac…

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  22. Olivier T. a dit…

    Quel beau concert !

    Depuis des années, et chaque année un peu plus, des parents imposent à leur progéniture d’étudier une langue supplémentaire (ou de la musique, des arts plastiques, un sport, de la danse…) afin de les isoler du commun.

    Supplémentaire par rapport au commun.

    Tout est là.

    Et foutez vos gamins dans le privé si vous voulez les surclasser,

    Ça coûtera (un peu) moins cher au commun.

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    • nadine a dit…

      Houlala….. belle leçon de pédagogie…. il faudrait (re)lire Dolto « lorsque l’enfant paraît » , vous y apprendriez que l’enfant peut être écouté… et que la plupart du temps, les enfants inscrits dans plusieurs options / domaines le sont à LEUR demande.
      Mais peut-être n’étiez-vous pas allé à la selle ce matin. ceci expliquerait que vous veniez évacuer sur ce blog avec mépris
      Quoique l’utilisation du terme « foutre » me laisse penser que, peut-être, la non-évacuation se situe à un autre niveau 😉

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  23. cathy a dit…

    de plus, l’enseignement des langues en primaire est quelque chose de trés aléatoire. la plupart des instits ne sont pas ou peu formés pour enseigner les langues et font ce qu’ils peuvent. A l’arrivée en 6eme les disparités sont énormes et il faut bien souvent tout reprendre à zéro.
    pour ce qui est de l’enseignement de l’allemand dès le cp, ou va-t’on trouver des instits pour enseigner l’allemand?? L’allemand ne sera pas enseigné en primaire et donc plus enseigné en première langue au collège.

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  24. Brunette a dit…

    JE suis tout a fait d’accord avec toi.
    De plus meme s’il n’y avait plus de prive, ben les parents les plus aises pourront tjs payer des cours privés : est ce que tu sais que c’est la croix et la banniere pour trouver un prof de math en college.. alors que tu en as plethore sur le net qui preferent donner des cours prvés? je les comprends tiens : payés a coup de lance pierre, pas reconnu par la société, ils font le choix de mettre beurre dans epinards.
    Et sinon Ma fille qui est en classe europeenne me dit : maismaman j’ai volé la place de personne : je travaille et accepte de faire 8 h -18 h tous les jours et maintenat tous mes efforts seront jamais reconnus? Personne n’est empeche de bosser et tout le monde a un stylo un cahier et peut decider de bosser!
    donc les eleves dans ses classes ne sont pas des fils de riches privilegies, faut arreter : c juste des gosses qui sont plus facile que d’autre.
    par exemple c csur que mon fils n’aura pas les capacités de sa soeur – c la vie

    et du coup sa soeur ne drvrait pas y avoir droit… CA ME FAIT HURLER! comme ce que tu as expliqué sur le dessin en exemple!!!

    et oh reveille toi Najat : la vie n’est pas egalitaire!
    bref merci pour ce poste Caroline!
    Brunette

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  25. Sev67 a dit…

    Merci Caroline pour cette vulgarisation, très bonne analyse.
    Habitant en Alsace, mes filles sont en bilingue allemand dans le public depuis la maternelle
    et c’est grande chance.

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  26. Christelle a dit…

    Bonjour Caroline,

    Excellent résumé de ce que nous sommes nombreux à penser. Je suis prof d’anglais dans un collège en zone frontalière, ce qui fait que nos enfants apprennent l’allemand en primaire et peuvent commencer l’anglais dès la 6è, devenant par là-même « bilangues ». Jusqu’en 2009, nos gamins avaient 3h de chaque langue par semaine mais par souci d « équité » envers les autres académies (money money money!), il a été exigé que les « bilangues » ne fassent plus que 2h30 de chaque langue (soit 5h de LV/ semaine) afin de s’approcher du nombre d’heure légal (soit 4h pour les LV1 partout ailleurs). Nous en mesurons à présent les dégâts! Bien évidemment, les programmes n’ont pas été allégés et l’on attend avec 2h30/ semaine les même connaissances qu’avec 3h… avec une moyenne de 30 élèves par classe, soit un temps de parole infime par heure… Après, on vient nous mettre les résultats au fameux test PISA sous le nez à coups de « les français sont nuls en langues! ». Nous avons eu pendant 2 semaines la correspondante allemand d’une de nos élèves qui parlait un anglais excellent à nombre d’année d’apprentissage égal. Pas de miracle mais 5h de LV par semaine soit une heure par jour pendant les 2 ou 3 premières années puis 3h dans des groupes restreints pour que chacun puisse PARLER.
    Alors, l’introduction d’une 2è langue en 5è à raison de 2 petites h/semaine (= saupoudrage), ça me fait bien rire! Sans compter que nos « dys » divers, qui ont déjà tellement de mal à maîtriser leur langue maternelle, qui sont souvent en échec avec cette nouvelle LV, vont s’en coltiner une 2è! Youpi! Il y a fort à parier qu’en fin de 3è, ils n’auront progressé ni dans l’une ni dans l’autre! Ces gamins-là devrait pouvoir avoir le droit de n’en faire qu’une, voire de la commencer plus tard, voire pas du tout si leur « handicap » est trop important. (Pensées pour N, un gamin de 6è dont la dyslexie est tellement forte qu’il peut écrire « bonjour » de 3 façons différentes sur la même ligne, qui est arrivé en 6è tout enthousiaste et dont la jolie flamme s’est éteinte sous la charge de travail qu’impose toutes ces matières nouvelles et qui sera bien désespéré quand il devra ajouter une nouvelle langue en 5è alors que le français c’est déjà bien galère et l’anglais, n’en parlons pas! Son projet? attendre patiemment d’avoir le droit de sortir du système = fin de 3è ou 16 ans)
    Vouloir faire réussir tous les élèves est une merveilleuse idée mais ne devrait-on pas commencer par accepter que chacun est différent dans son fonctionnement, ses envies d’apprendre et ses capacités et proposer des parcours réellement différenciés qui permettrait à chacun de vraiment réussir?

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    • sandrine a dit…

      Les problèmes que rencontrent les dyslexiques me rendent malade, alors pour N : la méthode Tomatis permet une vraie amélioration. De nombreux enfants de mon petit village sont envoyés chez une orthophoniste de Lyon qui emploie cette méthode. Pas de guérison évidemment, mais un vrai mieux : un enfant qui m’est très proche a beaucoup progressé en lecture, son écriture s’est redressée d’un seul coup et surtout, il s’est épanoui.

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  27. cash cash a dit…

    Je te rappelle que l’argent qu’on a plus dans nos caisses, on l’a prêté aux banques, pour qu’elles puissent nous prêter de l’argent, afin qu’on leur rembourse les intérêts de la dette qu’on a envers elles. (sophisme)
    Effectivement, la réforme du collège c’est l’autre nom de : restriction budgétaire drastique du poste de l’éducation nationale 😉
    Plus sérieusement, je partage ton avis. Moi aussi -heureusement- mes enfants sont/étaient en classe bilangue.
    Heureusement, parce que le collège c’est quand même une entreprise de formatage de l’individu plus proche de l’établissement pénitentiaire que de Summer Hill, et par conséquent une catastrophe éducative et le niveau zéro de la culture. Alors pour moi le niveau de ces classes, c’était le minimum.
    Après, au lycée, le niveau s’améliore. Nos enfants respirent et nous aussi 😉

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  28. Midlifegirl a dit…

    A l’occasion d’une expatriation nous avons mis nos enfants dans une école anglaise (1/2 des cours en anglais), très /catholique (que nous ne sommes pas) et latiniste (messe en latin hum)… non ils n’étaient pas punis lol. Ils sont revenus bilingues, pas plus catho qu’avant et latiniste cad qu’ils ont acquis une culture qui n’est pas forcément la notre mais qui ouvre l’esprit. Et les 2 grands donnent des cours d’anglais à tout le quartier et gagnent leur argent de poche !!
    Tout ça pour dire que plus on leur donne à apprendre, plus ils apprennent et que l’inverse est vrai aussi, le nivellement par le bas appauvrit terriblement et personne n’en sort gagnant, ni ceux qui auraient pu apprendre plus ni ceux qui n’en ont pas les capacités, ou l’envie, ou la motivation ou ceux qui ne sont pas « fait pareil » comme mon dernier qui n’est ni bilingue ni latiniste, n’ira vraisemblablement pas en européenne tellement il a du mal à se motiver pour l’école tout court mais qui a une personnalité de malade qui l’amènera certainement qqpart (il est déjà dans les étoiles, ça va pê pas s’arranger lol)

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  29. stéphanie a dit…

    Mon fils est dyslexique… donc nul en Français et nul en anglais….. par contre quand la professeur d’espagnol lui a parlé de cette langue ou son problème n’en serait plus un, il lui a dit « et bien vous m’avez convaincu, je choisi la classe européenne, donc deux fois plus d’heure pour ma 4ième » ! Et pour la première fois, il épanouie en langue… enfin une option qui lui rapportera même des points aux examens… arrêter les classes européennes est de la pire connerie….. proposons-en le plus possible aux enfants, et à ceux qui veulent travailler des options de saisir leur chance. C’est une chance d’en apprendre toujours plus sur tout…. pourquoi limiter l’apprentissage ? Nous ne sommes pas tous égaux. C’est un leurre de le croire. De le vouloir plus encore. A chacun ses compétences, ses qualités… ses défauts aussi… nous sommes des humains, pas des robots !….

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  30. Val Làô sur la Colline a dit…

    Oh mais je suis TELLEMENT d’accord avec toi, Caroline !!!! Du premier au dernier mot de ton billet !

    En plus, cette histoire de langues n’est pas seulement une question de nombre d’heures, mais aussi (surtout ?) une question de méthodes… Combien de familles bilingues (voire trilingues) de par leurs origines, vivent en France (j’en fais partie) ? Il en existe tant et issues de toutes les couches sociales de la société… Je ne vois pas pourquoi on pose l’apprentissage des langues en ces termes…

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  31. Banane a dit…

    Ce nivellement par le bas on le ressent depuis longtemps.
    Ca donne aussi l’impression qu’on sait qu’il y a un problème avec le système éducatif mais qu’on n’a pas le temps/l’envie/l’énergie/les moyens(?) de s’y attaquer vraiment. Alors chacun y va de sa réforme, pour laisser son nom gravé quelque part et se faire des souvenirs.
    Je m’abstiendrait de parler des représentants de l’EN que nos enfants côtoient au quotidien, je me fais un devoir de ne pas parler en mal de l’école mais j’ai de plus en plus de mal (chez nous, en pleine campagne bourgeoise, les enfants gâtés sont sur l’estrade).

    Pour faire plus léger, il y a beaucoup de fraîcheur dans la photo qui illustre cet article… le gras du bras, ce combat estival de la mère de famille. 🙂

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    • Banane a dit…

      Je m’enflamme et du coup j’en oublie les règles de conjugaison élémentaires. Et pourtant j’ai fait une classe européenne, l’ancêtre de la classe bilangue et même du latin : quel gâchis pour l’EN!

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  32. Celine a dit…

    Bonjour , je ne commente que très rarement voire jamais mais là mon petit cœur s’est emballé car tu as parfaitement résumé tout ce que je pense de cette réforme . Et attention…les classes bilanques ne sont qu’une partie de cette ignominie…il faut que tu te penches également sur les programmes d’Histoire que notre « chère Ministre » souhaite modifier et alors là tu verras on touche le fond…
    A un moment lorsque toutes les élites de la philo, de l’écriture, des historiens, les profs , les ministre de droite et de gauche, Caroline etc…s’insurgent contre, je crois qu’il faut savoir faire preuve d’écoute, d’intelligence et renoncer .
    Je serai prête à demander à tous les directeurs de collège de ne pas appliquer la loi si elle est finalement votée..

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    • ParisParis a dit…

      Tout à fait d’accord, j’attendais que quelqu’un parle des programmes d’histoire, avec options obligatoires/facultatives. Quant aux EPI, au secours. J’ai lu plus haut que ça permettrait de montrer les liens entre les disciplines. Bonne nouvelle. Mais c’est méconnaitre les contraintes de l’enseignement (je ne détaille pas), et on va se retrouver avec de l’animation plutôt que de l’enseignement, justement. Cette réforme me semble criminelle. Impression que l’on prend une hache pour casser ce qui fonctionne (encore un peu). Et il faut bien voir que les personnes qui y sont hostiles sont de tous bords politiques !

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  33. Magali a dit…

    Ce qu’il faut bien comprendre, c’est que malgré les créations de postes associées à la réforme (et il faut noter qu’elles sont réelles, ce qui est un plus non négligeable), les moyens ne sont pas extensibles à l’infini. Il s’agit donc de faire des CHOIX. Le choix de proposer à tous une LV2 en 5ème OU de proposer à certains deux langues dès la 6ème. Personne n’ira nier que ce serait génial de pouvoir faire les deux. Mais il est impossible de tout faire.

    Le choix de cette réforme est de proposer un enseignement plus ambitieux à tous plutôt que de favoriser certains. Le choix est aussi de donner les moyens de favoriser des formes de pédagogie innovantes et d’augmenter le travail en petits groupes. Sur ce point, même si l’idée est louable, les moyens sont encore insuffisants.

    Donc oui, la réforme est clairement perfectible mais je pense qu’il est important d’en saisir l’esprit et de s’y attaquer, même si en tant qu’enseignante j’ai peur car il s’agit d’un très grand défi, d’une remise en question de nos pratiques, d’une volonté de changement. Cette remise en question était nécessaire (là encore personne ne dit le contraire).
    Est-ce qu’elle est parfaitement réalisée ? Bien sûr que non, et je pense qu’il va falloir tâtonner pour apprendre à travailler mieux (comme on fait tout le temps) et se battre pour que les moyens continuent d’augmenter.
    Est-ce qu’on est sur la bonne voie ? Je suis convaincue que oui, et je suis navrée d’entendre des intellectuels qui n’ont pas lu le premier mot des propositions de programme et jamais croisé un élève venir démolir une réforme qu’ils n’ont même pas cherchée à comprendre (et d’ailleurs, ça fait du bien ici de voir un billet informé…)
    Je parle en tant qu’enseignante et mère de deux enfants scolarisées en REP, et je vous assure que je suis loin d’être la seule à penser ainsi. Seulement, on entend plus ceux qui crient au loup…

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  34. DOMINIQUE a dit…

    N’ayant pas d’enfants, je suis mal placée pour discuter de cette réforme. Mais un petit grain de sel ?
    ZEP : mon neveu n’a jamais été aussi heureux qu’en ZEP, alors qu’en sixième il était « torturé » par une bande de crétins.
    Latin : le latin ne m’a pas quittée de la sixième à la terminale. Il me sert même aujourd’hui, il participe intimement à notre culture générale, et à notre compréhension du français. C’est l’apprentissage d’une langue, qui ouvre sur les « vivantes » d’origine latine, et apprend à jongler avec la traduction.
    Elitisme : bordel, mais 20% des élèves, ce n’est pas rien ! On parlerait de 5% je commencerai à me poser des questions, mais 20% c’est presque le quart des élèves il me semble (les maths ne furent pas mon cheval de bataille).
    Voilà voilà.

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  35. Alex a dit…

    Je suis tellement d’accord avec toi.
    J’ai egalement écouté Najad Vallaud Belkacem ce matin et elle ne m’a du tout convaincu mais en plus m’a désespéré …
    elle a parlé des groupes de niveaux ‘qu’il faut absolument supprimer » … sauf que … je me souviens de mes années collèges, j’étais une litteraire mauvaise en math’. Ces groupes niveaux qu’elle trouve « clivants’ m’ont permis de progresser à mon rythme en maths et d’aller plus vite en langues et en français. Je n’ai jamais trouvé que cela entrainait une exclusion des moins bons (dont je faisais partie pour certaines matières), au contraire, ils recevaient des cours adaptés et pouvaient changer de groupe s’ils progressaient.
    Ce que j’ai entendu ce matin c’est « pour aider les enfants en difficulté, cessons de nourir ceux qui ont des facilités ». Avant cette interview, je ne voulais pas dire que cette réforme allait niveler par le bas, je voulais mieux comprendre … ca y est j’ai compris : c’est du nivellement par le bas !

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    • Christelle a dit…

      Entièrement d’accord avec toi. Idem pour les groupes de « niveaux »: cela m’a permis de progresser et de gagner en maturité en maths et de m’éclater en français et en anglais sans m’ennuyer….

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  36. Ingrid a dit…

    Merci de m éclairer sur ce point .. Je ne me suis pas encore penchée sur le problème.. Une vraie mère indigne alors que ma fille devrait intégrer le collège en septembre 2016.. Bref..je fais peut-être un peu l autruche sur ce coup là ! 🙂
    Par contre ce que je retiens encore une fois c est qu on cherche à faire des économies .. Je pense que plus on cherche à faire des économies et plus on freine l économie ! Et malheureusement ça se vérifie de plus en plus en France ! Tout cela est bien navrant ! C est le serpent qui se mord la queue et cette fois c est au détriment de nos chères têtes blondes !! … 🙁

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  37. Lalie a dit…

    « Par ailleurs, arrêtons de nous leurrer, ce n’est pas parce qu’on supprime les bilangues que l’élitisme va disparaitre d’un coup. La nature a horreur du vide, on trouvera autre chose. Mais la logique qui veut qu’on rase les dispositifs tirant quelques élèves vers le haut au prétexte que justement cela n’en tire quelques uns, c’est vraiment… petit. »

    Je suis tellement d’accord et vraiment cette ‘hypocrisie à la française’ face aux problématiques de notre système éducatif m’agace de plus en plus. C’est purement et simplement un obstacle au progrès.

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  38. Coralie a dit…

    Je ne comprends vraiment pas en quoi les classes européennes sont élitaires… Je suis fille d’immigrés, mes grands-parents ne savaient pas lire, mes parents n’avaient aucun diplôme et pourtant j’ai fait une classe européene, 6 heures d’allemand par semaine dès la 6ème. Aujourd’hui je vis en Allemagne et travaille dans une maison d’édition. Sans la classe européenne, cela n’aurait jamais été possible. Caroline, je suis totalement d’accord avec toi!

    PS: Je ne commente jamais mais passe ici tous les jours depuis plusieurs années déjà. Merci pour ce petit bonheur quotidien

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  39. nadine a dit…

    Bonjour
    Je voulais juste apporter ma pierre à l’édifice en tant que prof d’allemand : dans mon collège, et plus généralement dans mon département , la Vendée, les classes bilangue sont tout sauf élitistes : on explique simplement aux parents d’élèves intéressés la chose suivante : puisque de toute façon, l’enfant doit avoir appris 2 langues en quittant le collège, s’il s’intéresse à l’allemand, qu’il commence dès la 6ème.Lle plus tôt est le mieux. C’est tout. Bon élève ou plus fragile, j’accueille celui qui a envie. Point barre. Et je compose avec des individualités bien différentes, il faut me croire.
    Je n’ai pas que des bons élèves . J’en ai, comme tous mes collègues , mais pas exclusivement.
    C’est pour cela que je suis découragée par la morgue de notre ministre qui croit (le croit-elle vraiment ? ) que nous défendons le dispositif bilangue pour sauver nos fesses de privilégiés germanistes.
    Loin s’en faut. Dans le collège où j’enseigne, en 3è BIL , ceux qui ont obtenu des mentions au brevet blanc apprennent l’espagnol , sauf 2 germanistes.
    Mais effectivement, ma collègue a des classes de 25 élèves. Moi, je me démène comme une diablesse chaque année pour en avoir entre 15 et 20 dans notre petit collège de 400 élèves. c’est vrai qu’elle est plus rentable (et qu’elle danse super bien le flamenco, la garce 😉 alors que moi…. en dirndl, birkenstock et chope de bière à la main, tout de suite, c’est moins glamour )
    merci en tous cas d’avoir pris le temps d’étudier tout ça d’un point de vue objectif et d’en avoir donné une vision réaliste.
    ça paraît tellement énorme que la Chancellerie allemande se permette de donner son avis sur l’enseignement en France, inédit !
    Pourvu qu’ils prennent enfin le temps de la réflexion là-haut….
    il suffit d’aller sur le blog de NVB où on lui serine depuis des semaines qu’elle fait fausse route… en vain.
    Je vais tâcher de rester optimiste…
    Une belle semaine , en tous cas !

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  40. Smouik a dit…

    Comme beaucoup d’autres, je suis parfaitement d’accord. Classes d’élite… Non mais qu’est-ce qu’il ne faut pas entendre ? A croire que dès qu’il y a quelque chose qui fonctionne bien dans l’EN, il faut le détruire… C’est aussi l’avis des profs de langues du public que je connais et qui animent des classes bilangues.
    Ce qui fait des enfants motivés ? Ce sont des parents investis dans leurs études, qui soutiennent leurs enfants et pas pour des raisons comme celle d’être dans un « bon » établissement, mais parce qu’ils savent que les études d’aujourd’hui sont un passe pour leur liberté de demain, pour faire ce qu’ils aiment en s’en donnant les moyens. Et ce n’est pas qu’une question de milieu social, loin de là. Comme toi, mes filles sont dans le public, ont intégré les classes dites « européennes » sans qu’on leur ait parlé anglais dès leur plus jeune âge, et aujourd’hui, si elles ne sont pas totalement bilingues, en tout cas, elles auront leur bac avec un anglais très courant et de quoi prétendre à un job qui réclame un certain niveau de langues. Bref, le privé a de beaux jours devant lui…

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  41. Alexa a dit…

    Merci pour cet article qui rend les choses très très claires..
    Une prof d’italien, inquiète pour l’avenir de ses élèves, de ses enfants et de son métier..

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  42. Marje a dit…

    Je travaille en collège, mes Grands sont en 5eme et 4eme, je vis, je mange, je dors collège et cette réforme me déçoit tellement … J’attends tellement de l’école !

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  43. Maryne a dit…

    Amen. Je n’ai pas commenté depuis des lustres et je me prosterne devant ton article tant il résume ma pensée. Je ne suis pas maman mais une ex-élève d’une des toutes premières bilangues de France devenue prof d’allemand. Que le collège a besoin d’une réforme : oui. Mais pas cette réforme qui n’a semble-t-il pas été pensée jusqu’au bout.

    A part les arguments que tu as très justement avancé, je me pose du coup des questions beaucoup plus techniques vis-à-vis du projet de la Ministre. Un prof d’allemand en collège fait aujourd’hui entre 12 et 22 heures de cours entre bilangues, classes euros, LV2, en demi-groupes, etc… L’horaire par collège passerait avec la réforme à 7h30/semaine. Du coup, un prof (certifié) devant effectuer 18 heures de service devant élèves, il faudrait le déployer sur deux ou trois établissements à la fois pour arriver à son quota d’heures réglementaires. Outre le fait que les projets de type échange passeront à la trappe (on est prof, pas funambule de l’extrême), comme il y aura des profs déployés sur plus d’établissements, à quoi ça sert de recruter plus de 500 personnes au CAPES pour gonfler les rangs si de toute façon il y a moins d’heures de cours à dispenser ?
    La même logique s’applique au latin/grec. Non, ce n’est pas totalement supprimé puisqu’il y a les EPI mais (!) : les heures d’EPI compenseront-elles les heures autrefois dispensées en latin/grec ? Si non, désolée si ma question paraît brutale : que vont faire les profs de latin/grec toute la journée ?
    Sinon, dans un autre registre, l’enseignement de l’allemand sur tout le territoire dès le CP. Je veux croire que c’est possible, vraiment. Mais quid de la formation des profs de primaire ? De ce que m’en disent les collègues, vu la qualité de l’enseignement des langues dans les nouveaux IUFM, le résultat risque bien de ne pas être à la hauteur des attentes. Et bien sûr, au point où on en est aujourd’hui, les profs du secondaire ne peuvent pas enseigner en primaire, au cas où ça leur permettrait de compléter leur service…

    A part ça, concernant l’élitisme et le sacrifice d’une minorité au prétexte que ça ne sert pas à une majorité… J’aime beaucoup ton argumentaire. Stagiaire dans un collège classé REP de Lyon l’année dernière, j’avais des classes bilangues et force et de constater que toutes les nationalités et classes sociales étaient représentées et des élèves en difficultés, il y en avait aussi. Je crois que le mécanisme est surtout compris à l’envers. On ne prend pas dans les classes bilangues que des élèves excellents. Ce sont des élèves avec déjà une forte capacité à travailler de manière plus soutenue que les autres qui sont motivés par un tel dispositif. Il y a des élèves en difficulté et il faut les accompagner, je suis bien d’accord. Mais que va-t-on faire des élèves qui ont du potentiel et qui seront à la même enseigne que les autres sous prétexte que « tu as de bonnes capacités de travail ? les deux autres tiers du collège non, alors sois gentil et ennuie toi en silence ». Et puis bon, comme l’a dit Dominique, est-ce qu’on peut parler d' »élite » quand ça concerne presque 20 % des élèves ?

    Bref, désolée pour le roman mais c’est une réforme qui me tient à cœur tant elle massacre mon métier mais foule en plus aux pieds les accords du Traité de l’Elysée (engagement réciproque pour la promotion de la langue du partenaire, etc.).

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  44. Marie des marais a dit…

    Un des seuls trucs que j’ai retenu en entendant un résumé de la réforme ce matin aux infos et qui m’a fait vraiment soulever un sourcil c’est la diminution du nombre d’heures de maths. C’est sûr que ça va aider pour comprendre quelque chose au lycée… ! A moins que je n’ai pas tout bien compris dans l’histoire. Ce qui est fort possible aussi…

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    • Lola sur la Toile a dit…

      Et le programme de maths est taillé dans le vif. Plus de racines carrées au collège (ça va être pratique pour Pythagore), plus de systèmes de 2 équations à 2 inconnues (je cite ce qui m’a choquée)… déjà que les réformes précédentes avaient allégées… ça continue à niveler par le bas, c’est sûr… :'(

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      • marieal a dit…

        perso « de mon temps  » les systèmes d’équation à deux inconnues c’était en première S avant la terminale C… moi ça ne me choque pas qu’on revienne en arrière et qu’on recule des enseignements compliqués à un âge où le plus grand nombre de cerveaux sont capables de les assimiler….quand je vois la densité des programmes du primaire maintenant, on y apprend des maths qui  » de mon temps », quand je donnais des cours de soutien en math étaient enseignés au collège je trouve ça délirant !!

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        • Marie des marais a dit…

          Si je peux me permettre, je suis aussi du temps des bac C et D que j’ai passé d’ailleurs, je pense que tu confonds avec les équations du second degré (y=ax²+bx+c) qui étaient vues au lycée (dès la seconde il me semble mais je ne me souviens plus très bien. Ca commence à dater…). Les fonctions affines (y=ax+b) étaient bien apprises en fin de collège. Du moins à la fin des années 80, début des années 90.

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  45. Marion a dit…

    Merci 1000 fois pour cet article et la visibilité que vous nous offrez. C’est exactement ce que je pense (sauf pour la question des moyens pour nous payer, car si c’était le cas, on aurait proposé moins de postes aux concours). J’ai eu le capes il y a 3 ans, j’adore enseigner l’allemand et j’ai 27 eleves en sixième bilangue cette année. Ils sont divisés dans plusieurs classes et ont des profils différents (il y a même des dys). Un peu marre que tout soit fait pour les eleves en difficulté et que les eleves ayant des capacités soient laissés sur le côté… L’allemand n’est pas une langue élitiste et est plus facile à prononcer que l’anglais! Et malgré notre college unique, c’est se mentir que croire que tous les eleves peuvent suivre le college unique. Certains n’en ont pas les capacités. Pour ceux-là on met des choses en place. N’oublions pas non plus de nourrir ceux qui sont capable de faire plus ou qui sont doués pour les langues et qui s’ennuient parfois en attendant ceux qui ont des difficultés… Il ne s’agit pas de former des élites mais que tout le monde trouve sa place au college. J’aimerais beaucoup savoir où sont scolarisés les enfants de nos élus…

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  46. straw a dit…

    Dans l’idée, je suis d’accord, sauf que… dans le collège où je bosse, ce qu’on fait ( et pourtant on a déjà essayé beaucoup de choses, l’intérêt du classement que l’on a était de nous permettre de tenter des trucs) ne marche pas. Nos gamins ont un niveau catastrophique, il n’y a pas de mixité sociale, et je me dis qu’il faut essayer autre chose, qu’on ne peut pas continuer comme ça. Réformons, tentons, je ne pense pas qu’on pourra vraiment plus se casser la gueule qu’actuellement.

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  47. Tiphanie a dit…

    Merci pour cet article.. moi ce que je ne comprends pas c’est que le constat est clair, les français sont mauvais en langues, donc au lieu de donner plus de moyens pour consolider une langue, plus de temps, ba non on va commenfer une 2e langue plus tôt… comme ça, ai lieu d’être mauvais dans une autre langue, on le sera sans deux 🙂 …

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  48. Emmanuelle a dit…

    L’egalité, ce n’est pas donner la même chose à tous, mais donner a chacun ce dont il a besoin. Le jour où les politiques auront compris ça, l’EN ira peut être mieux.

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  49. bealacigale a dit…

    Nivellement par la bas, c’est ce que je pense . J’avais été abasourdi par la réponse du prof de français lorsque mon fils est arrivé en 6 ème et que j’avais bien compris qu’il avait un très faible niveau en français, ( vu comme il a appris le français en primaire . Bref ! ) je me suis dit qu’ il allait me ramener plein de zéro , me rappelant la difficulté que j’avais moi même pour ne pas faire 5 fautes par dictée . Première bonne note ? première réunion de parents-prof : Je lui demande : » Vous ne faites pas de dictées ? » et il m’a répondu :  » Le niveau est tellement bas !  » je suis restée bouche bée ! Oui nivellement par le bas , c’est clair .

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  50. Anne a dit…

    Bonjour,

    Enseignante en collège en Seine-Saint-Denis dans un collège très mixte (39% d’élèves boursiers, 27% de PCS favorisées).
    Nous nous mobilisons autour de la question des moyens et avons beaucoup discuté de la question de la réforme du collège. De nombreuses études montrent que plus que la question des moyens attribués, ce qui fait réussir les élèves les plus en difficulté, c’est une vraie mixité sociale au sein des établissements. Aussi, dans mon établissement, les élèves issus de milieux moins favorisés socialement réussissent mieux qu’ailleurs, sans pour autant que nous ayons des moyens liés à un statut ZEP. En bref, notre collège n’aggrave pas les inégalités sociales.

    Ce qui permet de préserver cette mixité, c’est aussi la possibilité donnée aux élèves demandeurs de faire du latin, du grec ou de l’allemand européen. Je précise qu’il n’y a pas de sélection faite à l’entrée de ces options. Sans cette offre de formation, il y a fort à parier que les familles qui connaissent les moyens de contourner le secteur (nous sommes très proches de Paris) le fassent.

    Concernant les heures de langues, les Allemands apprennent l’anglais dès l’âge de 8 ans et d’après les informations que j’ai pu trouver, ils ont 200 heures de cours de langues vivantes par an. Avec le projet de la réforme, on passerait de 144h d’anglais en 6ème à 108 heures. Comment apprendre une langue vivante sans réellement s’en imprégner?

    Enfin, pour finir (j’ai été longue), les EPI vont être difficiles à mettre en place. Professeure de mathématiques, je travaille régulièrement sur des projets interdisciplinaires, mais en plus de mes cours la plupart du temps. Avec la réforme, j’aurai par exemple 3,5 heures de cours par semaine en troisième. Si je veux faire un EPI, il faudra que je prenne sur mon horaire disciplinaire ( si je choisis de travailler sur l’histoire des mathématiques, je peux prévoir de le faire pendant une heure par semaine, mais je devrai boucler mon programme en 2,5 heures par semaine).

    C’est un vaste débat et j’apprécie votre ton Caroline, toujours mesuré.

    Merci pour cet article!

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  51. Lola a dit…

    Comment ne pas être d’accord avec ce billet?

    Il me semble que le gouvernement ne réforme pas de la bonne manière. Le secret d’un bon niveau de langues pour les élèves français ne repose pas uniquement sur le nombre d’heures mais aussi sur les méthodes d’enseignements. Si les bases doivent bien évidemment être acquises, les cours mériteraient d’être plus interactifs, dynamiques, modernisés pourquoi pas croisés avec des sujets abordés dans les autres matières (ça ferait office de rappel d’histoire par exemple…). Les petits français sont bien souvent paralysés à l’idée de parler dans une langue étrangère ou, mais c’est un autre thème, de parler en public tandis que nos voisins européens sont bien plus loquaces. Pour l’anecdote, j’ai passé une année entière au collège à apprendre un poème de Goethe, certes magnifique, mais je n’ai rien appris de plus. Je n’ai jamais récupéré ce retard.
    Plus tard, élève d’un lycée européen en classe internationale, on m’a poussée à faire des exposés devant toute ma classe et en anglais sur le thème de mon choix, en binôme aussi pour apprendre à travailler ensemble. Nous avons débattu, nous avons échangé et nous avons appris dans le même temps, la grammaire, l’orthographe, le vocabulaire et pris confiance en nous.

    Je suis fatiguée de ce nivellement par le bas. Les jeunes qui choisissent la difficulté sont appelés « intellos » et jalousés, ce n’est pas nouveau. A charge aussi pour les professeurs d’encourager les élèves les plus en difficultés, de les accompagner, de les intéresser (je sais que c’est un challenge je ne dis pas que c’est facile). Je retiens cette expérience menée par un collège du Mans pendant laquelle les professeurs ont fait vivre la réalité des tranchées à leurs élèves. Même les plus réticents avaient retenu la leçon à la fin de l’expérience.
    Les élèves doivent devenir acteur de leur éducation. L’époque ou chacun écoutait sagement assis sur une chaise inconfortable avec pour seule attente la sonnerie de la récréation me semble révolue. Nous avons à notre disposition aujourd’hui de nombreux moyens pour rendre l’enseignement intéressant et stimulant. Il inciter les enfants à lire, à écrire, à s’exprimer quelle que soit la forme choisie, les encourager à débattre, leur apprendre à écouter, à travailler ensemble, à apprendre des autres, à utiliser les moyens technologiques qui les entourent pour s’instruire. Il faut les inspirer aussi, leur expliquer les choses par le concret plutôt que par l’abstrait. Qui n’a jamais dis en classe de maths « Moi de toute façon je m’en fou la trigonométrie ça ne sert à rien »?
    Aussi, je pense qu’il serait bon d’inviter des professionnels à leur parler, leur présenter leur métiers, leur parler de leurs parcours, de leurs difficultés.

    Une réforme me paraît nécessaire, mais pas celle-ci. Une réforme de fond, une réforme réfléchie, une réforme sérieuse basée sur des études précises avec de vrais objectifs.
    Les niveaux de français, de maths, de langues, d’histoire baissent. Bientôt nous n’aurons plus à nous soucier de la fuite des cerveaux…

    Répondre
    • Félixe a dit…

      « Pour l’anecdote, j’ai passé une année entière au collège à apprendre un poème de Goethe, certes magnifique, mais je n’ai rien appris de plus. Je n’ai jamais récupéré ce retard. »

      Donc là encore, vous vous référez à votre expérience personnelle en tant qu’élève qui doit quand même dater un peu (sans vouloir vous offenser).

      Je suis professeur d’anglais et je peux vous dire que nous travaillons dans la pédagogie de projet depuis longtemps. Tapez « approche actionnelle » dans google si vous souhaitez en savoir davantage.

      Mes élèves n’apprennent pas pour apprendre…Tout tourne autour de projets (on appelle ces projets des « tâches finales ») comme:
      -participer à un concours de cuisine
      -créer une brochure touristique de sa ville
      -créer un audioguide pour préparer une sortie au musée
      -filmer et monter un spot de sensibilisation au harcèlement scolaire
      -Créer un roman photo pour raconter sa routine matinale
      etc.

      Bref, par pitié, ne jugez pas l’enseignement des langues vivantes AUJOURD’HUI à l’aune de ce que vous avez connu il y a 10, 20, 30 ans ou plus.

      Répondre
  52. Geneviève a dit…

    Je suis vraiment en phase avec ton billet… même si mes enfants sont grands et sortis du système scolaire. En tant qu’ancienne enseignante, ça m’interesse toujours autant ces questions.
    Maintenant, je vais prendre le temps de lire tous les commentaires.
    Je viens de parler sur skype avec ma petite soeur, prof de français en Irlande du nord. Je crois que MALGRÉ TOUT, notre approche de l’enseignement des langues est encore (peut être pas pour longtemps) meilleure que dans les autres pays européens (mais ce n’est pas une raison pour reculer encore).

    Répondre
  53. Carole a dit…

    Bonsoir,
    Ma fille rentre en 6ème en septembre et je suis désespérée. Son frère ainé a bénéficié d’un autre enseignement. Et chaque jour, je me rends compte qu’on recule. Les différences d’enseignement entre mes 2 enfants sont énormes et pourtant seulement 7 ans les séparent. Merci Caroline d’exprimer tout haut ce que beaucoup pensent tout bas.
    Et je vais le lui dire comment à mon Agathe qu’elle ne fera pas bilangue à la rentrée ? Carole

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  54. Camille a dit…

    Je réagis pour la première fois, bien que je vous lise régulièrement. Je suis professeur des écoles dans le Sud de la France, dans un secteur où la moitié des élèves est d’origine gitane et l’autre moitié d’origine maghrébine. En plus de l’anglais, j’enseigne aux élèves de CM2 l’allemand (langue pour laquelle les gens ont peu d’intérêt dans ce département, bien plus proche de la frontière espagnole que de l’Allemagne) dans un souci de continuité avec le collège de secteur qui propose une classe bilangue dès la 6ème. A ma grande surprise (et fierté, je dois l’avouer), 20 élèves sur 27 ont décidé d’aller en classe bilangue l’année prochaine.
    Je me désole d’entendre à la radio que ces classes bilangues sont élitistes : plus d’un tiers des parents de ma classe est au RSA et jamais je n’aurais pensé que les élèves montreraient tant d’enthousiasme pour cette langue peu courante ici. Pourtant, on parle peu de l’ouverture vers l’Europe et de l’accès à d’autres cultures que représentent ces classes pour des élèves qui ne sont jamais sortis de leur ville. Quel dommage !

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  55. Paola44 a dit…

    Une réforme de plus, complètement inutile, qui ne règle pas le problème essentiel du collège: accueillir trop d’élèves qui ne savent pas lire convenablement, pour les relâcher 5 ans plus tard avec les mêmes problèmes, dégoûtés de l’école, de tout apprentissage, parfois de la vie, et trop souvent avec la rage au ventre. Ce ne sont pas les élèves sans problèmes qui posent… problème, laissez-les à leur latin et leurs classes bilangues! Occupez-vous donc enfin vraiment de ceux qui sont en difficulté! Les groupes de niveau restent un tabou idéologique, et les réformes successives persistent avec les mêmes œillères à vouloir faire avaler la même quantité de la même soupe à tous les collégiens. Un immense gâchis humain. Pas bravo Najat!

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  56. GARNIER GIRARD a dit…

    Que l’on me dise si la notion de classe bilingue faisait vraiment des qqs 15% des élèves des enfants bilingues ,? ou si plus généralement nous devons nous attaquer à la méthode d’apprentissage des langues dans notre pays ? En bref, je rêve vraiment de former des enfants bilingues en Fr, sans sélection et de plus en plus jeune, car cela doit être à la base même de notre Education, donc si un des point de départ doit être une réforme pour pousser l’apprentissage des langues auprès de tous, parfait 🙂 , mais quoi qu’il en soit il me semble que le noeud du pb va être de trouver des enseignements linguistiques à la hauteur de nos ambitions, et là détracteurs ou pour cette réforme, nous devrions nous retrouver sur cette question 😉

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      • Félixe a dit…

        On a TROIS heures par semaine Caroline, on NE PEUT PAS faire de miracles!

        On fait ce qu’on peut, crois-moi…Je n’en peux plus d’entendre ou lire ce genre de commentaires. Je travaille tellement, je cherche sans cesse de nouvelles idées pour aider et intéresser mes élèves.

        Et je suis désolée mais OUI, ça marche quand on travaille régulièrement…J’en suis la preuve vivante. Je suis d’une famille modeste, j’ai appris l’anglais à l’école (je n’ai pu partir qu’en licence) et aujourd’hui, je suis agrégée d’anglais.

        J’ai des élèves qui ont un niveau ahurissant, d’autres qui ont un niveau très faible et c’est souvent dû à des lacunes pré-existantes en français et à des problèmes de méthodologie. Je dois faire le grand écart tous les jours pour faire en sorte que tout le monde y trouve son compte; ça n’est vraiment pas simple.

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        • Caroline a dit…

          je sais bien que trois heures ce n’est pas assez et je n’attaque pas les profs, juste le système qui ne place pas l’enseignement des langues au niveau où il devrait être.

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          • Félixe a dit…

            On est bien d’accord là dessus…Savais-tu que le projet prévoyait initialement de supprimer une heure de LV1 en 6e ? Et cela sous prétexte que les élèves apprennent l’anglais dès le CP…Seulement voilà, ils n’apprennent que des mots ou ce que l’on appelle des « blocs lexicalisés » (par exemple, ils savent dire « I live in … » mais ne savent pas ce que veulent dire les mots séparément et ne sont donc pas capable de dire « she lives in … » s’ils veulent parler d’une tierce personne).

            De plus cet enseignement est dispensé par les professeurs des écoles donc par des non spécialistes, pas formés, et qui font ce qu’ils peuvent avec les moyens du bord.

            Plusieurs recherches ont prouvé qu’un apprentissage précoce des langues était souhaitable car avant 10 ans, les enfants ont de très bonnes capacités pour entendre et reproduire des sons. Après cet âge, on est moins sensible aux fréquences qui ne sont pas couvertes par notre langue maternelle…mais si cet apprentissage précoce se fait avec quelqu’un qui ne prononce pas bien, non seulement l’intérêt est nul mais en plus les élèves risquent d’apprendre des choses erronées et de les fixer…Et quand une erreur s’est fossilisée, il est très difficile de la corriger.

            Heureusement, l’APLV (association des professeurs de langues vivantes) et certains syndicats se sont bougés pour que l’on rétablisse la 4e heure en 6e. Ca aurait été une catastrophe totale si l’on avait encore réduit notre quota horaire (cet horaire était déjà passé de 3h30 à 3h en 5e suite à la mise en place des IDD, itinéraires de découverte…en gros, l’ancêtre des EPI qu’ils souhaitent mettre en place à la rentrée 2016).

            Désolée pour le pavé mais tu auras compris que ce sujet me tient à coeur. Je travaille et m’investis vraiment beaucoup et mes collègues aussi…c’est dur pour nous de lire certaines remarques.

  57. Tatiana a dit…

    Ça se dit « We will win », non ?

    (Mon commentaire fait très « je ne m’intéresse pas à la réforme du collège », ce qui est faux, mais j’ai une spécialiste à la maison du coup j’en ai déjà beaucoup discuté)

    Répondre
      • Tatiana a dit…

        J’ai eu un doute affreux, pourtant je suis pas si mauvaise que ça en anglais (je suis partie en erasmus à Leeds pendant un an, j’avais d’ailleurs témoigné pour un de tes articles 🙂 ). C’était plus son accent qui posait problème alors, comme Raffarin et son « The yes needs to win against the no ». Enfin le pire c’était « I’m sorry for the time » en parlant de la météo…

        Répondre
  58. Coline a dit…

    Alors
    la réalité de terrain,
    à côté des grands discours :
    En primaire par exemple
    – la suppression totale des postes de maître G (travail sur l’attitude scolaire, le comportement…) sur mon département, la Creuse ;
    – la suppression des 2 postes enfants du voyage et des 2 postes primo-arrivants, pour en recréer 3 « polyvalents » (alors que les emplois du temps de chacun étaient à bloc )
    – de plus en plus de classes « multiniveaux » (milieu rural), à effectif très chargé.
    – la suppression de l’enseignement de l’allemand en primaire. Quand NVB prétend qu’on pourra commencer une autre première langue en primaire, et attaquer l’anglais en 5ème, c’est carrément un mensonge, puisqu’en pratique c’est anglais pis c’est tout.

    En secondaire :
    – suppression des heures d’accompagnement éducatif ;

    En pratique on ne fait RIEN pour l’enfant en difficulté, c’est à dire donner plus à ceux qui ont moins, et ceux qui, comme moi (issue d’un milieu très défavorisée) pouvaient se hisser un peu plus haut grâce à l’école,
    n’auront qu’à se contenter de rester à leur place.
    Tout est fait pour que les choses restent ce qu’elles sont : l’élite avec l’élite (qui compensera toujours les manquements de l’école), les défavorisés avec les défavorisés, avec un instrument de prédilection que je croyais sarkoziste, mais en fait non : dresser les gens les uns contre les autres.

    Le discours de ce gouvernement est un mensonge permanent, totalement inféodé à une politique financière injuste et -contrairement à ce qui nous est rabâché – très efficace en terme de profits.
    Voici la réalité, et l’école n’en est que le reflet.
    Pendant la campagne électorale, François Hollande était venu à Guéret, il nous avait serré la main sur le perron de la mairie, avait parlé avec nous, nous avait assuré de ses « convictions » droit dans les yeux.
    C’est certainement de la naïveté de l’avoir cru.
    La seule chose qu’on a gagné, c’est retarder le démantèlement des systèmes sociaux (au bénéfice des compagnies d’assurance privée), qui nous pendait au nez, puisque Sarkozy avait annoncé leur sabordage.
    Pour le reste…

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    • elihah a dit…

      Je n’ai pas encore lu tous les comms mais je vais réagir ici.
      Dans la foultitude de réactions à ce projet de ‘réforme’ on entend un peu partout que le niveau à l’entrée de 6° est bas, notamment en français.
      Je ne dirai pas une nouveauté en précisant que pour être à l’aise dans une langue étrangère il faut aussi l’être dans sa langue usuelle (j’allais dire maternelle, mais ce terme me chiffonne).
      Or en primaire, comme Coline l’explique, la casse de l’aide aux élèves en difficulté est largement entamée, voyez vous, mais, pour la totalité des élèves, la demande globale est complètement schizoïde: le double discours habituel est « faites de la base (lire écrire compter) » ET « proposez de tout (théâtre, route, hygiène, écologie, sportSSS, plein de trucs) ».
      Un moment donné, faudrait savoir, hein, et aussi ne pas oublier que les horaires ne sont pas extensibles, la fatigue des élèves (notamment les plus jeunes) non plus et que nous instits ne sommes pas toujours à ce point polyvalentes (oui au féminin, la profession l’est en grrrande majorité – sans doute raison pour laquelle elle est mal payée et mal considérée), que des intervenant·e·s extérieurs spécialisé·e·s seraient une bonne idée (ne vous laissez pas avoir par les reportages tv: le %tage d’école bénéficiant de cela + fric + matos est minimal, dépend aussi bcp des dotations des communes).
      Et c’est là qu’on peut aussi évoquer les langues. On demande aux instits d’initier à une langue vivante, ok mais personne ne les forme vraiment à cela, or enseigner une langue, quelle qu’elle soit, ça s’apprend; ce n’est pas parce qu’on maîtrise plus ou moins un idiome qu’on saura le transmettre, et le transmettre sans faire d’erreurs notamment grammaticales, j’en ai des exemples.
      Rares sont les instits qui savent faire cela, très rares, ne vous leurrez pas.
      Et si nous sommes corvéables à merci nous ne sommes pas excellentes dans TOUT ce qu’on nous demande de faire surtout si on ne nous y forme pas ET qu’on supprime graduellement la formation continue (ce qu’il se passe depuis des années) au profit d’un autocontrôle quasi purement administratif chronophage et énergivore sans intérêt pour les élèves.
      Les « réformes » successives depuis bien 10 à15 ans sont basées sur de l’économie comme dit plus haut, et strictement cela, n’oubliez pas non plus QUI est à l’origine de ces ‘réformes’, des gens qui n’ont pas mis une main dans le cambouis depuis des années voire ne l’ont jamais fait, et dans la foulée, le post de Soso sur cette ‘réforme’ est intéressant:
      http://princesse.soso.free.fr

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    • elihah a dit…

      Ha et j’oubliais le principal, tellement évident: on nous bassine avec l’individualisation de l’enseignement…. à 30 élèves/classe, faut m’expliquer.
      Les APC en primaire n’ont guère d’utilité -sauf à faire croire aux familles qu’on va tout régler, alors que 80% des pbmes d’apprentissage ont une cause extérieure à l’école elle-même- si ce n’est de prouver que le travail en petit groupe est efficace, LUI.
      Qu’on arrête donc aussi de nous montrer la finlande ou autre qui n’ont pas la même compo sociale que la france ET pas le même ratio prof/élèves.

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  59. Soeur Anne a dit…

    Ma fille en 3ème bénéficie depuis l’année dernière d’une option européenne, qui effectivement s’est faite sur dossier, et fait aussi du latin, en accès libre.
    Ce que je vois dans ce collège, c’est que ces élèves « euro » sont répartis dans 3 classes différentes, et que les latinistes sont répartis également dans 3 classes (Pas forcément les mêmes) Les très rares à faire les 2 options ne sont pas dans la même classe, d’ailleurs. Pas de classe d’élite ! Bien au contraire. Et pendant les cours supplémentaires, des cours de soutien ou d’aide personnalisée ou de « remédiation » sont offerts aux autres élèves.
    Je vois mon fils de 5ème postuler lui aussi en classe européenne en me demandant s’il pourra la suivre avec cette réforme, et je ne vois pas au nom de quoi on les empêche, au nom d’un principe de stricte égalité, de suivre ces cours supplémentaires.
    A ce moment-là, je suis bien d’accord avec toi Caroline, supprimons cette option foot qui est particulièrement élitiste dans leur collège ! Supprimons ces cours de musique supplémentaires offerts à quelques « happy few », sur dossier, d’ailleurs.
    Je suis assez désespérée de voir ce qu’on fait des langues dans notre pays, je suis aussi désespérée de voir ces concepts transverses d’animation pluri-disciplinaires vider de leur sens l’apprentissage des bases, afin de leur permettre de déployer leurs bases.
    Je suis une fervente partisane de l’école publique, mes enfants vont au collège public de secteur sans problèmes aucun alors qu’on m’en avait beaucoup de mal, mais là, j’avoue que je me pose des questions. Et là, on pourra dire que cette réforme créera de la distance et de l’élitisme.

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  60. marieal a dit…

    N’y connaissant rien à la réforme et à la discussion actuelle, je trouve ton article très intéressant, merci Caro!

    Pour ma part deux remarques: j’ai fait du grec pendant 7 ans, je cherche encore l’intérêt que ça a d’apprendre ce truc inutile, qu’on oublie encore plus vite qu’une langue vivante! comme je disais que je voulais être docteur, mes parents m’ont expliqué que ça me servirait dans mes études… quelle foutaise! je cherche encore ce qui a bien pu les poussé à me faire faire ce pensum que j’ai d’ailleurs finalement refusé de présenter au bac!! A part pour être prof de grec, sans rire, c’est quoi l’intérêt d’apprendre le grec? le latin il y a au mois quelques citations à faire, mais en grec: rien , que dallle, nada!
    Je ne comprends pas qu’on laisse une matière aussi inutile au collège et au lycée, faudrait virer ça pour le garder pour l’enseignement secondaire de ceux qui font des lettres et se concentrer sur des heures d’apprentissage à l’oral , de discussion en langues vivantes au collège.

    J’ai fait de l’allemand pendant 8 ans, je parlais sans aucun problème de philosophie en allemand et j’ai même travaillé en Allemagne pendant 4 mois, mais je n’ai eu que14 au bac parce que je faisais pas hyper attention aux accords de grammaire…j’ai toujours trouvé très injuste que la nana qui disait une phrase sans faute 3 fois par cours ait une meilleure note à l’oral que moi qui participait activement aux cours….vive les langues « vivantes »!!! Je ne sais pas si l’évaluation de l’apprentissage des langues a évolué depuis mais il y a vraiment quelque chose à faire de ce côté là en France…il suffit de voir le résultat: la « facilité » avec laquelle la plupart des français ose prendre la parole en anglais!
    De cet allemand, il ne me reste quasi rien 25 ans plus tard…je suis encore capable de dire quelques mots de réconforts aux familles des patients allemands de passage dans notre pays mais guère plus: pas de pratique, langue finalement peu parlée à travers le monde, je ne sais pas si l’investissement en temps dans mon adolescence a vraiment un intérêt quand on regarde à posteriori….d’autant que quasi tous les allemands parlent un anglais assez bon ( sauf cet hiver , une petite mamie de 80 ans de l’ancienne Allemagne de l’est ne parlant que le russe m’a béni d’être la seule à pouvoir lui dire deux mots d’allemand quand elle angoissait au chevet de son mari.)
    Par contre, j’ai du apprendre « seule  » l’espagnol pour aller à Cuba dans la famille d’un copain musicien. Cette langue est quand même énormément parlée de par le monde et je regrette de ne pas l’avoir eu au collège-lycée…la méthode assimil c’est bien mais c’est « vite appris vite oublié!  »

    c’est probable que le choix de l’allemand en première langue devait permettre que
    j’aterisse dans une bonne classe de mon collège de banlieue mais on avait LE caïd du collège dans la classe! c’est vrai aussi que je parlais déjà anglais ayant vécu aux EU et que mes parents n’avaient pas trop le choix…

    si c’était à refaire, exit le grec et l’allemand, je ferai anglais-espagnol-arabe!

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  61. Cookie a dit…

    Bonjour,

    L’égalité évidemment ce n’est déjà pas le cas. Je viens de Paris et suis en Provence maintenant, heu comment dire c’est le jour et la nuit … pas normal ….
    Pas de journal d’école bien sûr, pas de théatre, de danse ni natation ni rien du tout, il faut payer ici pour que nos enfants apprennent à nager, vu qu’en primaire ils ne vont pas à la piscine (100€ la semaine de cours privé) pas de bilangue dans le département, pas de latin dans le lycée (vous comprenez c’est un lycée scientifique alors …. !!!! ) pas de sortie au musée jamais, d’ailleurs pas de sortie du tout, rien rien rien …….
    Et bien sûr quand vous faites la remarque, on vous traite d’élitiste ou pire on vous dit que de toute façon vu que vos enfants sont bons à l’école, ils s’en sortiront toujours …. comme si ça ne concernait que mes enfants …
    Bon, j’arrête là
    Bonne journée

    Répondre
    • Elisabeth2 a dit…

      Faudrait arrêter de dire n’importe quoi.
      Je suis allée à la piscine tout le premier trimestre avec mes CE2/CM1.
      La maîtresse des CM1/Cm2 a un projet théâtre sur toute l’année scolaire. Nous allons partir en stage de voile au mois de juin.
      Ceci dit, rien ne vous empêche de retourner à Paris.

      Répondre
  62. Elch a dit…

    Mon Dieu, Caro, je suis tellement complètement d’accord…
    Je rajouterai juste (vu que j’y suis tous les jours) que malheureusement on sort de, au bas mot, 30 ans de nivellement par le bas (pour des raisons économiques, faut arrêter de prendre les gens pour des imbéciles) et que le résultat commence à être catastrophique particulièrement pour les gamin-e-s de milieux populaires qui n’ont pas les parents ou les moyens financiers des parents derrières pour corriger la casse

    je sais que c’est très mode de dire « rhaaaa mais les profs trouvent que le niveau baisse depuis l’époque romaine » (ce qui est vrai, hein, je dis pas qu’on n’est pas très fan du « ils étaient meilleurs avant »)

    mais quand on se retrouve avec des élèves posts-bacs qui sont incapables du moindre calcul de tête, d’une conversion d’unité ou qui font autant de fôtes que leurs camarades atteints de dys-trucsdivers, c’est quand même vachement inquiétant…

    Gamin-e-s pas bêtes du tout, au demeurant, et nullement responsables de leur état, d’ailleurs! Au contraire, je trouve criminel ce qu’on leur a infligé depuis le primaire en abaissant perpétuellement les exigences

    Je terminerai avec la dernière grande mode pédagogique « la com-pé-ten-ce »… Nan, parce que les connaissances c’est Maaaaal et obsolète, faut évaluer par compétence et en mode blanc noir histoire de monter les notes au maximum
    Ben ouais, pas besoin de savoir des choses, ils iront chercher l’info (sur le net, dans les livres, dans leur calculatrice…)

    Alors je ne nie pas l’intérêt de jauger les compétences, particulièrement moi qui enseigne dans une matière technique (je forme des futures technicien-ne-s de laboratoire de recherche et des candidates ingénieur-e-s), c’est un mode d’évaluation intéressant et j’ai aucun amour pour les perroquets savants mais le problème c’est qu’à limiter voire à faire disparaître l’apprentissage, on obtient des élèves puis des étudiant-e-s qui n’ont aucune connaissance un peu stable et qui donc sont incapables d’aller chercher l’info, parce qu’encore faut il être capable de la valider, de la trier et tout ça nécessite d’avoir des connaissances bien construites…

    Bref, tout ça pour dire que je suis très très inquiète des résultats de tout ça, très en colère aussi, parce que je trouve dégueulasse qu’on ait à ce point abaissé les niveaux d’exigence, ce qui ne rend service à long terme à personne

    et que je me retrouve de plus en plus à contempler mes étudiant-e-s en pensant avec angoisse que la majorité d’entre eux, avec leur joli bac plus deux en poche sont inemployables : comment espérer qu’il survivent à une période d’essai alors qu’ils sont incapables de rédiger trois mots sans fautes et n’ont plus aucune autonomie à la paillasse faute d’être capable de réaliser des opérations mathématiques basiques et ne parlons même pas d’avoir un regard critique sur ce qu’ils réalisent comme manipulations expérimentales

    Et je suis d’autant plus à même de voir cet effondrement que j’ai, moi, été formée en grande partie par des technicien-ne-s plus agé-e-s qui étaient bien plus compétent-e-s expérimentalement que des chercheurs avec une joli doctorat (à la rigueur, normal, me direz vous, c’est la partie technique) mais qui avaient aussi des connaissances théoriques solides qui en faisaient des personnes réellement partie-prenante de la construction scientifique des projets

    Désolée, c’était ma grande crise d’angoisse et de colère, je le ferais plus, promis…. :-/

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    • ParisParis a dit…

      Ton témoignage est extrêmement intéressant, mais je m’étonne juste de cette façon d’écrire par exemple étudiant-e-s, qui rend la lecture très difficile. Je me considère comme plutôt féministe, mais on comprend qu’un nom au masculin inclut les femmes sans que ça pose de problème majeur, il me semble…

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  63. Lily59 a dit…

    Une fois de plus, je trouve que le débat est de grande qualité ici… Pour moi qui ne suis que doutes sur le sujet, c’est passionnant… En fait, je n’ai pas d’avis tranché mais des questions :
    – Certes, les classes bilingues lorsqu’elles sont en Zep peuvent permettre d’éviter la fuite des classes les plus favorisées, mais c’est aussi l’exact inverse dans les petites villes qui ont des classes bilingues dans leur collège de centre ville : ces classes bilingues permettent alors aux familles les plus favorisées d’adopter des stratégies de contournement pour éviter les collèges des quartiers en difficulté… Conclusion : ne faudrait-il pas réserver ce type de classes aux collèges en Zep ?
    – Plus globalement, quelqu’un a abordé le sujet dans un commentaire un peu vif, mais avec une vraie question : pourquoi vouloir toujours contourner ? Pourquoi ne pas vouloir le commun pour nos enfants ? Pourquoi penser qu’on les met en danger s’ils partagent l’enseignement des enfants issus de mieux défavorisés ou très défavorisés ? Toutes les stratégies individuelles se justifient. Mais collectivement, elles aboutissent à empêcher une réelle mixité des classes… On sait par exemple qu’il est souvent vain de remettre de la mixité sociale dans un quartier, si les familles les plus favorisées ne mettent pas leurs enfants dans les écoles du quartier, le collège ou le lycée… « Il suffirait » que TOUT LE MONDE arrête ces stratégies de contournement pour que la mixité de nos écoles évoluent vraiment… Alors bien sûr c’est compliqué… Bien sûr le ghetto renforce le ghetto, bien sûr il faut être sacrément militant pour scolariser son enfant dans une école débordée par les difficultés sociales de ses élèves… Alors à défaut de parents militants, peut-être faut-il tout faire pour éviter les classes différentes… Car même si elles sont plus mixtes qu’elles en ont l’air, elles naissent tout de même d’une volonté de donner une éducation différente, là tous les enfants devraient avoir droit à la même qualité d’enseignement…

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    • Caroline a dit…

      toutes tes questions je me les pose. je crois que la réponse à la seconde tient en cette phrase énoncée par l’une d’entre vous. l’égalité ce n’est pas donner la même chose à tout le monde mais donner à chacun ce dont il a besoin. Je pense que certains enfants ont des capacités qui font qu’ils ont besoin d’être nourris un peu plus, sous peine de s’ennuyer et du coup de décrocher, si, ça arrive. d’autres en revanche ont besoin d’être accompagnés, plus que d’autres. Je ne pense d’ailleurs pas que cette idée de faire commencer à tout le monde deux langues en 5ème soit très pertinente, comme certaines l’ont fait remarquer, il y a des gamins en 5ème qui parviennent tout juste à écrire un français correct et qui peinent déjà avec une langue, les obliger à s’en enquiller une seconde, pas sûre que ce soit une brillante idée. Alors que leur accorder deux heures de français en plus, ou de maths, ou d’anglais, peut-être que si. L’égalitarisme est une utopie dont on a observé les ravages. on ne peut bien sûr faire un collège à la carte. mais autant je suis contre la sur-stimulation des enfants – les miens ont fait peu d’activités extra-scolaires, faute de passion réelle pour un sport ou un art et je ne les ai jamais forcés, je n’ai jamais inscrit mes gosses dans des cours particulier d’anglais comme je le vois chez d’autres, etc – autant je pense que vouloir que ses gamins parlent le plus tôt possible deux langues n’est pas le signe d’un élitisme forcené.

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      • Lily59 a dit…

        Tu remarqueras que je n’ai pas dit « le même enseignement pour tous » mais « la même qualité d’enseignement » donc pas d’égalitarisme vraiment dans mon propos… Cela dit, je pense que même les élèves en grande difficulté ont besoin d’être nourris et stimulés intellectuellement… Certes, pas de la même façon, avec d’autres méthodes pédagogiques, sans doute, mais pas moins que d’autres… Il est quand même un peu illogique que les élèves qui bénéficient le plus d’heures de cours soient aussi les meilleurs (par le jeu des options, des cours de langues « renforcés ») alors même que ceux qui auraient besoin d’accompagnement et de suivi sont déjà dehors depuis longtemps… As-tu vu le film « Les héritiers » avec Ariane Ascaride… ? Magnifique film…

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        • Lily59 a dit…

          Ce film est l’adaptation d’un livre que je te conseille aussi : « Nous sommes tous des exceptions » (beau titre, hein…) d’Ahmed Dramé, tout jeune acteur et scénariste…

          Répondre
        • Caroline a dit…

          bien évidemment que c’est illogique. Mais il me semble néanmoins qu’il y a des dispositifs de soutien qui sont prévus non ? En tous cas il en faut et il faut les nourrir. et encore une fois, dans beaucoup d’établissement, les classes bilangues ne sont pas réservées aux meilleurs, pas plus que le latin par exemple. et non, je n’ai pas vu les héritiers, il est sur ma liste 🙂

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          • Magali a dit…

            Les dispositifs de soutien actuels sont extrêmement insuffisants, l’idée derrière la réforme est précisément de pouvoir mieux s’adapter aux situations diverses des élèves et des établissements.
            Ma fille est en 5ème et elle a aussi toutes les options imaginables. Je crois qu’elle a 6 heures de cours de plus que la majorité des autres élèves de 5ème. 6 heures pendant lesquelles on paie des profs pour être devant des groupes plutôt restreints.
            La question n’est pas si ces 6 heures sont profitables à ma fille, bien évidemment elles le sont. La question est : n’y aurait-il pas un moyen de les utiliser autrement, afin qu’elles soient plus profitables aux élèves dans leur ensemble, sans laisser de côté ceux qui ont vraiment besoin d’un accompagnement (parce que ma fille, si elle ne faisait pas de latin, elle serait triste parce qu’elle adore le latin, mais elle trouverait bien autre chose de constructif à faire de son temps libre…)
            Réponse apportée par la réforme : on va utiliser ces heures pour développer l’individualisation et les formes de pédagogie innovantes. Pour tout le monde.
            C’est à dire que les « bons » élèves (c’est à dire ceux qui ont les codes du collège, en général parce qu’on leur a transmis à la maison…) pourront s’exprimer et s’épanouir, tout en développant des compétences moins académiques qui leur manquent souvent (j’enseigne à des jeunes qui ont des problèmes de troubles anxieux liés à l’école et je suis en première ligne pour observer les failles du système, même sur les « bons » élèves…)
            Et les élèves qui n’ont pas ces codes pourront bénéficier d’accompagnement plus efficace et de modalités de travail leur permettant peut-être de donner à leurs apprentissages un sens qu’ils n’ont jamais su trouver.

  64. Elsouille34 a dit…

    Merci pour cet éclairage qui confirme ce que j’en avais compris. Triste. Mais je ne suis pas étonnée … Certains seraient tentes de parler de Nivellement par le bas

    Répondre
  65. Jnet a dit…

    J’ai lu tous les commentaires et, même si je ne suis pas d’accord avec la majorité, je trouve qu’il y a beaucoup de points de vue et de témoignages intéressants.

    Deux choses me gênent profondément: le fait d’argumenter sur le caractère non-élitiste des classes bi-langue, parce que les élèves sont répartis dans plusieurs classes. Ce n’est pas la question, la question c’est: Est-ce que la présence de ces classes dans un établissement a un effet d’émulation sur le reste des élèves. Il est démontré, je pense, que le niveau moyen des élèves suivant une classe bilangue est meilleur, au sortir du cursus (de ce point de vue, on forme une « élite », qui, si elle ne l’était pas au départ, l’est devenue), que celui des autres élèves. On dit que cela permet de garder les enfants des familles qui ont le capital social-culturel -comme on dit- dans les collèges zep, soit, mais est-ce que ça a un effet positif global sur ces établissements, au-delà des questions d’image ? Je veux dire sur les élèves de ces établissements soit plus en difficulté scolaire, soit plus en difficulté sociale, soit les deux ?

    Ensuite, l’égalité ça devrait être de donner à chacun ce dont il a besoin, ok. Le système actuel donne moins à ceux qui auraient besoin de plus et plus à ceux qui ont déjà pas mal voire beaucoup. Encore une fois, s’il n’y avait aucune contrainte financière, on pourrait continuer à donner plus à ceux qui ont déjà pas-mal et renforcer ce qu’on donne à ceux qui auraient besoin de plus (de temps d’enseignement, de petits groupes, de cours sur-mesure etc)… Mais il y a contrainte. Je pense qu’on peut faire tous les reproches à ce gouvernement, mais pas celui de tailler scandaleusement dans le budget de l’Educ nat. Mais, de fait, reconstruire un système (formation des enseignants, conseil des programmes, suppression des Rased) coûte très cher. Vouloir réformer en même temps est peut-être un peu cavalier.
    C’est un truc qui me gêne dans certains commentaires: attribuer à cette réforme de 2015 les ravages de politiques antérieures, qu’elles viennent du PS ou de l’UMP d’ailleurs.

    Pour ces questions de société, j’essaie de fonder mon opinion à la fois sur mon cas perso, comme tout le monde, mais aussi sur l’idée du collectif. Je pense comme ça pour la vaccination: je n’irai pas faire vacciner mon enfant avec un truc que je sens réellement douteux, mais en même temps, quand je prends la décision de faire ou pas un vaccin (typiquement, le ROR) je pense aussi au bénéfice collectif de mon geste. Pour l’Educ, j’essaie de penser pareil. J’essaie de garder en tête avant tout le gamin vraiment défavorisé, pas celui qui est dans une famille qui n’a pas trop de sous, où l’un des parents est au chômage par ex, mais où il y a un suivi au plan scolaire, où on va voir les profs, où on se renseigne. Lui, je le mets en deux, dans ma petite liste mentale. En un, je mets celui dont les parents ne s’intéressent pas à l’école du tout, ou s’y intéressent un peu mais ne parlent pas le français, ou encore sont tellement désabusés que le seul truc qu’ils disent sur l’école c’est que ça sert à rien. Et les gamins comme le mien, je le mets en dernier de ma liste, parce que peu importe la réforme de l’éducation, en gros, il aura les outils et le soutien pour trouver son chemin. Alors quand il s’agit de prendre une décision pour/avec lui, je m’inquiète, je ne pense qu’à son intérêt et au mien, évidemment. Mais quand il s’agit de réfléchir en gros sur une réforme de l’Educ, j’essaie de comprendre la logique générale du truc et je me dis que toute réforme ne devrait être pensée que pour le gamin que j’ai mis en un dans ma liste.

    Un dernier truc sur l’apprentissage des langues (là-dessus je suis d’accord avec la majorité des messages), il me semble que ce qui « marche » ce sont des méthodes pédagogiques différentes de celles qui sont majoritairement appliquées en France (plus d’oral voire que de l’oral, petits groupes), mais aussi et surtout le fait de commencer précocement avec des gens formés pour cela. On en est loin.
    En revanche, je ne souscris pas à l’idée que mettre deux langues plus tôt au collège pour tout le monde serait inefficace pour les élèves déjà en difficulté. Ceux-ci sont multiples, certains sont justes dans toutes les matières, d’autres ont des niveaux différents selon les disciplines… On ne peut pas préjuger d’avance que si l’on n’est pas bon élève, ça ne vaut pas le coup. Idéalement, il faudrait une souplesse: on fait un an et on voit, on change d’option, on l’arrête… Je sais bien que je vis dans un monde de rêve.

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    • Caroline a dit…

      ce commentaire est hyper intéressant. vraiment. et je souscris totalement à ton rêve exprimé à la fin. ainsi qu’au reste. Je dirais juste que oui je pense que la mixité dans un collège profite à tous. A savoir aux élèves favorisés comme aux moins favorisés. Que chacun apprend de l’autre, chacun a une influence sur l’autre. Dans la classe de mes enfants, il y a quelques gamins qui ont vraiment évolué en quatre ans et je suis convaincue qu’ils n’auraient pas suivi le même parcours s’ils avaient été noyés dans une classe où il n’y aurait eu que des enfants en difficulté. Et je suis convaincue aussi que si mes enfants n’avaient été qu’avec des gamins « comme eux », ils n’auraient pas la même richesse aujourd’hui, pas les clés qu’ils ont aujourd’hui pour s’adapter à différents milieux, pas la même compréhension de la société. Alors s’il faut avoir recours à de tels dispositifs pour assurer la présence dans ces collèges de zep d’enfants plus « moteurs » pour une classe, moi je dis, la fin justifie les moyens. Mais peut-être que je me trompe.

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      • Jnet a dit…

        Oui, j’ai souvent entendu parler de l’effet positif des classes bilangues en zep, au moins pour ce qui est de l’ambiance… Après c’est toujours compliqué d’avoir une vision globale parce que les chefs d’étab ont une certaine latitude dans la gestion de leurs classes (le principe de mixer les élèves bilangues, latinistes et autres options dans les classes m’a l’air très répandu mais on m’a déjà cité des contre-exemples, assumés par les Principaux en question)…
        Franchement, je sais pas pourquoi on se prend la tête: on généralise les bilangues pour tout le monde, on divise les effectifs des classes par deux, on recrute massivement des assistants de langue natifs des pays concernés et le tour est joué. Ah, on me dit dans mon oreillette que ma nomination comme ministre de l’Educ. nat. n’est pas confirmée parce que mes analyses sont revenues positives aux opiacés. Je suis très déçue 😉

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    • Félixe a dit…

      « Un dernier truc sur l’apprentissage des langues (là-dessus je suis d’accord avec la majorité des messages), il me semble que ce qui « marche » ce sont des méthodes pédagogiques différentes de celles qui sont majoritairement appliquées en France (plus d’oral voire que de l’oral, petits groupes), »

      Euuuh C’est déjà le cas depuis belle lurette ! On fait essentiellement de l’oral en cours.

      Je trouve dommage que les gens ne se renseignent pas davantage et restent sur l’image qu’ils ont des cours de langue qu’ils ont reçu en tant qu’élèves (c’est à dire, il y a bien longtemps…les cours de langues sont comme vous, ils ont évolué avec la recherche en didactique des langues).

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  66. Cécile - Une quadra a dit…

    Par contre il y a un petit truc qui me chiffonne c’est que là quasi tout le monde part de l’évidence qu’une classe bilangue c’est anglais allemand.
    Je ne reviendrai pas sur la nécessité de parler anglais qui est devenue une langue quasi incontournable mais en seconde position pourquoi l’allemand de façon quasi systématique ?
    Il y a pas mal d’autres langues intéressantes à apprendre et qui en plus présente l’intérêt de concerner un pays limitrophe, ou qui ont une population importante de locuteurs dans des secteurs géographiques qui peuvent présenter un intérêt professionnel pour pas mal d’entre nous. L’allemand est certes la langue d’un de nos voisins, mais elle n’est parlée que par une soixantaine de millions de personnes, c’est un peu maigre pour bénéficier de cette hégémonie au niveau du territoire. Qu’elle soit largement développée et soutenue dans les secteurs limitrophes ok mais qu’on laisse une présence normale dans les autres régions.
    Je vis à 200 km de la frontière espagnole et à 900 km environ de la frontière allemande, quand Ines est entrée en sixième il y avait sur 14 collèges proposant une section bilangue 1 portugais, 1 italien, 2 arabes, 1 espagnol, 1 russe et 1 chinois et le reste proposait de l’allemand, soit 7 sections, la moitié de l’offre. c’est un peu exagéré non ?

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    • nadine a dit…

      Favoriser l’allemand en classe bi-langue fut un choix politique en lien au traité de l’Elysée puisque la langue allemande subit depuis des années (Merci Adolf) un vrai désamour. L’Allemagne étant notre 1er partenaire économique européen, et trop peu de Français le parlant,on décida de créer des classes bilangue spécifiques dès la 6è. Il faut savoir que 75 % des élèves choisissent d’apprendre l’espagnol, ce qui créé un vrai déséquilibre. Plus de 200 000 emplois (vraiment!) ne sont pas pourvus chaque année faute de qualifications en allemand.
      J’espère avoir répondu à votre question.

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      • Cécile - Une quadra a dit…

        Je peux vous assurer que dans la région même en 4 eme la possibilité de choisir autre chose que l’allemand en seconde langue est très limitée et franchement ça me gonfle.
        Qu’on développe la langue allemande au nom d’un soit disant contrat économique déjà ça me gène un peu (l’hégémonie de l’Allemagne, le modèle Allemand dans l’UE je suis à saturation aussi), mais qu’on limite très fortement les possibilités de choisir autre chose là franchement ça me défrise.
        Le désamour de l’allemand ne s’explique pas que par Adolf mais aussi par le manque évident de glamour des sonorités de cette langue et le coté fun de l’image des allemands en général 🙂
        Déjà lorsque j’étais au collège, c’est pas tout jeune j’ai 50 piges, l’allemand était la langue « d’excellence » et largement enseignée en 1er et seconde langue mais j’habitais alors en région nord donc la proximité géographique pouvait expliquer…
        Je l’ai apprise, fait qq séjours relativements agréables en RFA et RDA (parce que je savais que je n’y resterai pas longtemps) et je me suis empressée d’oublier cette langue car jamais pratiquée réellement une fois sortie du systéme scolaire, alors que l’anglais jamais je n’ai oublié.
        Pourtant d’après mes profs je n’étais pas mauvaise, accent, grammaire, vocabulaire c’était bien, mais voilà…
        Et là vivant prés de l’Espagne avec qui nous travaillons pas mal (ok en ce moment u peu moins) j’ai découvert avec stupeur à l’entrée au collége de ma file que l’Allemand envahissait tout ici aussi, et sincèrement je trouve que trop c’est trop. qu’ils aient mis le quart des collèges en bilangue allemand ok c’était déjà bien pour le développement, là il reste éventuellement le privé car selon les quartiers de Bordeaux où on vit les collèges proposant une autre langue sont complexes et longs d’accès, imposer 45 mn à 1 h de transport pour une langue étrangère ça fait une grosse contrainte pour le collégien même très motivé.

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  67. Félixe a dit…

    Bravo et merci …

    Tu as tout dit. Je suis enseignante de langue vivante en collège, pas du tout contre le changement, mais juste pas celui-ci.

    Je suis pour les EPI (enseignements interdisciplinaires) qui vont permettre de décloisonner un peu les disciplines et de donner du sens aux apprentissages (même si c’est ce qu’on essaye déjà de faire en adoptant une pédagogie de projet: en gros, les élèves travaillent pour aboutir à une production concrète comme réaliser un spot de sensibilisation au harcèlement scolaire, un livre de contes, participer à un concours d’inventions…) mais la suppression des bilangues et des sections euro est une catastrophe pour l’enseignement/apprentissage des langues en France.

    Je suis justement en train de préparer le test d’admission en section euro pour les 5e. Parmi les candidats, des élèves de TOUS milieux, vraiment. Leur point commun? L’envie d’approfondir, d’aller plus loin. Nous sommes obligées d’organiser ce test car nous n’avons que 28 places pour plus de 70 candidats…Cette section, ainsi que la section bilangue sont des SUCCES INCONTESTABLES alors pourquoi ne pas les généraliser? Pourquoi ne pas permettre l’ouverture de 3 classes au lieu d’une pour que tous ces enfants désireux de travailler davantage puissent le faire ? …au lieu de ça, on nous parle d’élitisme…mais où sont-ils allés chercher ça ?

    Je suis vraiment très triste …et énervée par le manque de transparence du gouvernement. Très peu de media se sont réellement penchés sur cette réforme. Ils ont commencé à réellement s’intéresser à la question quand des voix discordantes se sont faites entendre parmi la classe politique. C’est quand même fou…et je ne parle même pas des reportages vus aux JT, des articles dans les journaux qui ressemblent purement et simplement à de la propagande. Avez-vous vu cette BD sur gouvernement.fr ? –> http://www.gouvernement.fr/partage/4182-college2016-ce-qui-va-changer-avec-la-reforme

    J’ai bondi en lisant ça…Bref, merci quoi.

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  68. caroline a dit…

    Le latin et le grec sont un luxe. Apprenons les quand les besoins elementaires sont couverts i.e. l’anglais…. voire le francais!

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  69. karine_ a dit…

    J’ai une petite fille en moyenne section et la réforme des rythmes scolaires m’oblige à l’inscrire dans le privé. Lorsque j’ai fait la démarche, j’y allais juste pour cette histoire de rythmes qui quand tu hautes à la campagne, laisse juste ta gamine sur le carreau à midi le mercredi alors que toi tu bosses!!!
    Et puis, j’ai rencontré l’équipe pédagogique et aussi entendu ce que va devenir l’enseignement dans le public. Et là, j’ai été conforté dans mon choix.
    Je suis aujourd’hui en colère car nous allons vers une éducation à deux vitesses et le pire c’est que c’est un gouvernement de gauche qui y aura mis un coup d’accélérateur!

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  70. Marialise a dit…

    Désolée, mais moi, j’étais complètement d’accord avec elle. Il faut dire aussi que je fais partie des rares mamans favorables à l a réforme des 4,5 jours (je travaille à 100%, je ne vois pas l’intér^et de les mettre au centre aéré plutôt qu’à l’école le mercredi)/.
    Comme beaucoup d’enfants de classes moyennes+ du 93, j’ai fait la totale : allemand 1ere languer, latin et grec. Ce ne sont pas des classes de niveaux (à 12 ans, on peut espérer que les niveaux ne soient pas disparates!). Ce sont des classes organisées en fonction de la profession des parents… De plus, cela met les enfants très tôt (trop), dans la logique de la compétition et de la discrimination (pourvu que je sois dans la « bonne » classe). Je suis heureuse, si la réforme passe, de ne pas être dans l’obligation de mettre mes enfants dans une classe européenne, mais tout simplement dans une classe « normal » qui ne sera pas pour autant au rabais.

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  71. perplexe a dit…

    Le système des classes bilangues actuel, combiné à la sectorisation, est quand même parfois étonnant…
    Mes deux filles ont voulu faire allemand, dans le même collège, où elles sont entrées à trois ans d’intervalle. Pour l’ainée, l’allemand n’existait qu’en seconde langue, donc elle a commencé en 4e. pour sa sœur, entre temps, le collège avait ouvert une section bilangue allemand en 6e, mais du coup supprimé l’allemand LV2 : donc, soit elle démarrait bilangue en 6e, soit elle ferait forcément espagnol en 4e…
    Et comme le nombre de places en bilangue est limité, elle a eu de la chance d’y aller, mais si d’autres n’étaient pas pris et voulaient faire allemand, tant pis pour eux…
    Et dans notre quartier, c’est de plus en plus qu’on ne peut faire allemand qu’en bilangue (donc en seconde, mon ainée qui a fait deux ans d’allemand aura la majorité de ses camarades qui ont fait déjà 4 ans d’allemand…)
    Ca ne me parait pas idiot d’envisager que tous les enfants puissent commencer une deuxième langue en 5e. J’aimerais aussi qu’ils aient vraiment le choix… Dans certains pays, ou même en France dans des écoles d’ingé par exemple (c’était le cas de la mienne) on organise aussi des groupes pour les langues, selon le niveau : certains travailleront plus la grammaire, d’autres l’oral, d’autres l’expression… et ça tourne, selon les besoins. Sur 3 ans, ce serait peut être envisageable ?

    Je trouve ça dommage par contre que la réforme refuse (ça a l’air d’évoluer cela dit…) le principe des options « en plus ». Qu’il y ait des options « en plus » pour certains élèves ne doit certes pas se faire au détriment du « soutien » à d’autres, mais correspond aussi aux envies et même aux besoins de certains… Les sections européennes permettent ça actuellement. Même si là aussi, je connais beaucoup d’enfants à qui ça a été refusé pour des questions de place, le rectorat refusant qu’il y ait plus d’une section européenne dans un collège de petite taille…

    Le latin et le grec ont quand même un défaut actuellement dans beaucoup d’établissements : « de mon temps » on pouvait avoir une initiation (je ne sais plus si c’était tous les élèves ou les volontaires?) et ensuite ne s’engageaient pour plusieurs années que ceux qui voulaient, mais en connaissance de cause. Là il faut souvent se décider en fin de 6e et s’engager pour 3 ans sans trop savoir ce qu’il en est… souvent les parents décident pour leurs enfants !
    Avoir une initiation pour tous comme le propose la réforme me parait une bonne chose – pour ce qui est de comment continuent les plus motivés, je n’ai pas encore bien compris, ça a l’air de se négocier encore…

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    • Félixe a dit…

      « on organise aussi des groupes pour les langues, selon le niveau : certains travailleront plus la grammaire, d’autres l’oral, d’autres l’expression… et ça tourne, selon les besoins. Sur 3 ans, ce serait peut être envisageable ? »

      Ca existe déjà depuis plus de 10 ans … On appelle ça les « groupes de compétences », à la différence près qu’il n’y a pas de groupe « grammaire » bien sûr car on ne fait plus de grammaire pour la grammaire. Elle est mise au service des 5 compétences (expression orale en continu, en interaction, expression écrite, compréhension orale et écrite).

      C’est TRES difficile à mettre en place car les groupes sont encore trop nombreux donc on n’arrive pas à individualiser les apprentissages. De plus, cela signifie que les élèves ont plusieurs professeurs d’anglais (par exemple) dans l’année et ça, c’est un gros point négatif selon moi car on connaît moins bien les élèves et on n’est moins à même de pouvoir cibler leurs difficultés. On ne peut pas entreprendre un travail en profondeur et surtout, la progression annuelle manque de cohérence…C’est vraiment quasi-impraticable dans le secondaire, surtout au collège car c’est à se moment que l’on bâtit les bases de l’apprentissage de la langue.

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  72. Marialise a dit…

    Je fais partie des rares personnes à avoir pousser très loin l’apprentissage du latin et à en avoir fait ma profession. A 20 ans, je pouvais lire Tacite sans dictionnaire et traduire « Bonjour Tristesse » en latin. C’est dire…Et bien, perso, je pense que la réforme va dans le bon sens. Au collège, imposer à trop d’enfants, uniquement pour qu’ils soient « dans la bonne classe », 3 heures d’une discipline aussi exigeante et rébarbative au premier coup d’oeil (le plaisir, intellectuel, ne vient que plus tard) est excessif. Le principe d’une option de type « initiation », plus légère, me paraît bien suffisant pour ouvrir la curiosité, et l’envie d’aller plus loin quand les parcours professionnels sont plus précis. Avec 2 ans intensifs de petit latin, j’avais rattrapé à HIV le niveau de ceux qui en avaient beaucoup plus que moi avant. C’est d’ailleurs une des raisons de l’utilisation du latin dans ces classes prépa : c’est une matière de sélection facile (les jeunes sont notés de 0 à 20 en thème) et « juste » (c’est à dire que l’on peut plus facilement évaluer la capacité de travail et moins le bain social du jeune depuis son plus jeune âge).

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  73. Agoaye a dit…

    En tant que prof (mais pas de secondaire, de primaire juste), je me dis que pour le moment elle n’a pas fait trop de mal… Moins que les autres… Je lui laisse le bénéfice du doute.

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  74. Ariane a dit…

    Je n’ai pas lu tous les commentaires. (Pas le temps là, mais je me rattraperai ce soir car le débat m’intéresse beaucoup.)
    Juste pour préciser que dans le collège de mes filles, la solution à l’élitisme est très simple et très efficace:
    – Les classes sont toutes mélangées. Dans chaque classe, il y a des latinistes et des bi-langues ou les deux ou rien. Avec un nombre quasi identique d’options dans chaque classe.
    – Toutes les options ont lieu entre midi et deux ou en dernière heure pour que les emplois du temps soient ok pour tout le monde. . Très belle sélection par la motivation crois moi. 🙂
    Mon aînée a fait bi-langue et basta.
    Ma cadette a cumulé bi-langue puis section européenne et latin. Cours tous les jours de 12h30 à 13h30. 1/2 heure pour déjeuner.
    Elle adorait ça alors que sa soeur était horrifiée à l’idée de rater une seul ragot de l’entre midi et deux.

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  75. Ju a dit…

    Merci pour ce billet informé, et qui se veut constructif.

    J’ajoute que, en guise d’égalitarisme et de lutte contre l’élitisme (quand il me paraît normal que l’école aide les élèves à donner le meilleur d’eux-mêmes, et éventuellement même, à s’arracher à leurs déterminismes sociaux et culturels: bref, il y a bien un élitisme républicain dont on devrait pouvoir se réjouir), on supprime pour ainsi dire (laissée elle aussi, comme le latin, au bon vouloir des équipes pédagogiques et des chefs d’établissement: vous le voyez bien, vous, le prof de maths ou de sciences physiques ou d’eps qui cède de ses heures en petit groupe pour permettre l’ouverture de ces options, vous le voyez accepter, sérieusement??!!) l’option DP3, découverte professionnelle, plutôt à destination des élèves qui se destinent assez vite au monde du travail, donc traditionnellement plutôt plus défavorisé. Mais en revanche, on ne touche pas aux Classes à Horaires Aménagés Musique, ni aux options rares Russe ou Japonais, ou Hébreu, ou International….! dont on sait très bien qu’elles servent précisément à contourner la carte scolaire. Cherchez l’erreur.

    Entendons-nous bien: je ne suis pas favorable à la fermeture de ces options et parcours, tant mieux si les élèves curieux et motivés trouvent à s’en mettre sous la dent, c’est très bien.
    Mais qu’on ne vienne pas prétendre qu’on réforme avec un souci d’égalité et d’accès à la même culture pour tous!

    Et cette manière de dire que, puisque les p’tits gars du 9-3 s’ennuient quand on leur fait des cours avec du contenu disciplinaire, on va les distraire et les occuper de manière ludique…. quel mépris!

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    • Magali a dit…

      J’ai envie de vous répondre avec cette citation de Philippe Meirieu : « Il faudrait enfin qu’on arrive à sortir de cette méthode qui consiste à penser toujours sur le mode de variation en sens inverse, c’est-à-dire que plus je m’intéresse à l’élève, moins je m’intéresse au savoir ou plus je m’intéresse au savoir, moins je m’intéresse à l’élève… »

      L’idée est ici de faire des cours avec du contenu disciplinaire, tout en s’ouvrant à d’autres formes de pédagogie. Parce qu’on sait très bien que l’élève qui s’ennuie n’apprend pas mieux que celui qui est actif : on parle ici de pédagogie de projet, de mettre les élèves en activité… pas de les « distraire et les occuper »…
      Dans toutes les classes de toutes les écoles et collèges, il y a des enseignants qui réfléchissent chaque jour aux moyens de faire travailler leurs élèves, il y en a qui inventent des choses formidables en matière de pédagogie. L’idée de cette réforme est précisément de donner la possibilité à ces différents modes d’enseignement de s’exprimer.

      Parce qu’un élève qui a appris à travailler, à s’organiser, à apprendre une leçon, à faire confiance aux enseignants et à poser des questions, à aider les autres, à participer efficacement en classe… plus des compétences disciplinaires comme (pour ce qui concerne ma discipline, mais ça marche pour tout le monde) raisonner, calculer, expliciter sa démarche dans un langage adapté, réfléchir à un problème et à comment l’aborder, mettre ses connaissances en perspective, valider ou pas ses résultats et en tirer des conséquences… et bien cet élève sera largement favorisé pour acquérir les connaissances dont il a besoin et les mettre en œuvre dans n’importe quelle situation.

      Je pense vraiment que l’esprit de la réforme est le bon, et c’est pour cela que je la défends malgré ses défauts. Je sais que cela va être très compliqué, qu’on ne nous a rien dit sur la formation qui pour moi est le point central ici, que les créations de postes annoncées ne sont pas suffisantes et que ça ne va pas s’arranger en 2017, qu’il va falloir tâtonner, négocier, se remettre en question dans nos pratiques… mais ce changement est indispensable et il me semble préférable de l’amorcer maladroitement que de rester en place.

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      • Ju a dit…

        Vous avez peut-être raison, et vous faites bien de noter qu’on peut très bien envisager des formes alternatives de pédagogie. J’ai pu sembler manquer de nuances; mais je crois qu’un jeune élève ne met rien en perspective sans qu’il n’y ait, d’abord, des connaissances précises, et une pensée un peu maîtrisée et documentée, sans avoir d’abord formé des habitus intellectuels.

        J’enseigne une discipline on ne peut plus transversale (ne serait-ce que dans son effort d’authentique problématisation, effort à la fois si exigeant et si « donneur de sens » -pardon, l’expression est laide!), la philosophie, et je suis en outre de formation et scientifique et littéraire, donc mon enseignement passe son temps à faire des passerelles, et à poser des problèmes. C’est même exactement ça, mon travail, en plus de leur donner des contenus de connaissances doctrinales. Alors évidemment, je me la pète, mais j’ai l’impression que ma discipline s’y prête à merveille (ça m’agace un peu que mon ministère ne s’en rende même pas compte): 1. des savoirs, 2. problématiser ces savoirs, sinon on n’est qu’un perroquet savant et snob. Donc je vois bien ce qui se joue dans ces questions de projets transversaux et de mise en perspective.

        Et je suis épatée chaque jour par le niveau que les élèves peuvent atteindre quand on les accompagne et qu’on les prend au sérieux alors même que le petit lycée rural dans lequel j’enseigne est socialement et culturellement dévasté; ils peuvent être incroyablement intéressés et pénétrants, si vous saviez! Je ne crois pas transiger avec le contenu disciplinaire et l’exigence intellectuelle stricte d’où des poursuites d’études très ambitieuses (en ça, plutôt très très vieux jeu aux yeux de la réforme), ni être une affreuse réactionnaire rétive aux technologies numériques, au contraire, ou à l’illustration contemporaine de problèmes philosophiques anciens (éternels, devrais-je dire!) comme si j’étais assise sur mon nuage métaphysique (en cela, je suis dans l’esprit des projets portés par la réforme). J’utilise précisément les conseils méthodologiques comme un moyen de ne pas parier que sur l’éventuelle aisance des uns, mais de donner aussi des trucs et astuces aux autres: bref, une conviction politique, celle de ne pas laisser les seuls héritiers réussir!

        Il y a déjà bien des enseignants qui travaillent en groupe, avec leurs collègues, sur des projets divers et variés, j’en suis, sans qu’il faille leur sortir des « thématiques » à la noix pour orienter leur réflexion, ni les y contraindre. Nous le faisons quotidiennement, vraiment, de manière souvent fort innovante, et les inspections sont d’ailleurs parfois ravies, c’est dire si certains sont dans l’air du temps. Rien, actuellement, ne nous en empêche; mais en faire une loi, une profession de foi pédagogiques, me paraît une erreur intellectuelle, et une posture dogmatique. Et P. Meirieu, en l’occurence, est très représentatif de cette position, en effet la référence est bonne de ce point de vue là… -évidemment la citation ne dit rien d’éminemment discutable bien sûr…. mais rien de très révolutionnaire non plus, c’est tout simplement du bon sens.

        Je constate que nos élèves détestent ce sentiment qui leur est parfois donné d’hyper-diluer l’enseignement par des stratégies méthodologiques artificielles, ou quand ils ont l’impression qu’on ne les nourrit pas assez (les miens en tout cas sortent les crocs quand on leur propose une « activité » panneau-exposition-pour-le-cdi, ou compte twitter en anglais, ou sondage sur un échantillon minuscule avec un questionnaire culcullapraline sous prétexte de faire des stats, ou qu’on leur demande en littérature des exposés-mis-en-scène fondés sur leurs seules émotions sans que le professeur ensuite n’apporte une correction plus universitaire et livresque: ils sentent bien qu’on ne les tire pas vers le haut.)

        Regardez entre autres les thèmes proposés pour les EPI, c’est à pleurer de vacuité et de catéchisme gnan-gnan. Même en français, les programmes n’évoquent plus que des thèmes vides et pseudo-poétiques, et ne donnent ni auteurs patrimoniaux ni titres d’oeuvre , pour des programmes de littérature (!!!!!)… Cela me paraît un prisme trompeur dans l’accès à la culture; et c’est vrai aussi de la culture technique et scientifique d’ailleurs, j’insiste.

        Je le redis, je me trompe peut-être, et je vois peut-être tout ce débat à travers ma seule expérience; mais en même temps, cette expérience est féconde, ni réactionnaire ni pédagogiste!
        La réforme est trop dogmatique pour moi, en laissant entendre combien nous travaillons mal, faute d’être venus en vrai nous voir enseigner, combien il faudrait tout réinventer alors que nous sommes parfois déjà innovants, alors même que nous rencontrons souvent des succès d’estime et des parents et des élèves qui semblent plaider pour nous… Les élèves se sentent respectés, j’en ai l’impression, et voient bien qu’on vise pour eux l’émancipation.
        Je me sens vraiment maltraitée. Déjà que ma matière, c’est bien connu, ne sert à rien, et que je ne suis qu’une odieuse intello-dinosaure! Nous sommes très nombreux à souffrir de ce mépris. Il est d’ailleurs possible, c’est vrai, que cela nous aveugle pour partie.

        Bref, outre la question de la suppression (presque) d’options variées, je suis très chagrinée par ce que cette réforme dit du savoir, de la connaissance.

        Conclusion, ce qui importe, c’est de regarder de très près, dans les textes, ces programmes et cette réforme, pour n’être pas victime de procédés de communication ministérielle, et de réfléchir de manière informée.
        J’ai essayé de donner à voir ce qui se jouait dans le rapport même à la transmission, pour beaucoup de profs et de parents. J’ai été nécessairement partiale, mais convaincue.
        Pardon, désormais je me tais!
        A chacun, et à Caro, salutations!

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        • Magali a dit…

          Je pense que nous n’avons pas d’instinct la bonne manière de lire les nouveaux programmes, parce qu’ils sont présentés de façon inhabituelle. Le fait qu’il n’y ait pas de noms d’auteurs dans les programmes de français ne signifie pas qu’il ne faut pas en étudier (au contraire, il est même précisé le nombre d’œuvres à travailler…), mais que c’est aux enseignants de choisir ceux qui leur semblent pertinents. Pour ma part, il me semble que ces programmes moins détaillés pour les contenus et organisés en cycle sont au contraire une chance de pouvoir approfondir ce qui nous paraîtra essentiel pour nos élèves et j’espère que nous saurons nous en emparer correctement.
          Ceci dit, les programmes sont amenés à pas mal évoluer après la consultation, d’après ce que leurs auteurs ont dit…

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  76. Jouls a dit…

    J’arrive bien après la bataille, mais tant pis.

    Je commente très rarement, et bien souvent, quand je lis tes billets « engagés », Caroline, je peste intérieurement (mais ça prouve qu’il y a de la diversité dans le lectorat). Alors je me suis dit que ce billet était une belle occasion de sortir de mon silence sans râler 🙂 Je trouve ton analyse pleine de bon sens, et j’avoue que je n’arrive pas à comprendre pourquoi il faudrait mettre fin à certaines options (genre les classes bilangues) sous prétexte que tout le monde n’a pas le niveau. Très naïvement, j’avoue, je n’avais même pas pensé à la question des gros sous.
    Je ne comprends même pas qu’en haut lieu, on ne se rende pas compte que cette réforme est le meilleur moyen d’accentuer (encore plus qu’on ne le fait déjà) une sélection par l’argent, et donc d’arriver au résultat inverse de celui qui était recherché. D’autant plus que là, c’est non seulement le privé sous contrat, mais le hors contrat et l’école à la maison qui ont de beaux jours devant eux…

    J’ajoute que, même si je n’ai pas lu tous les commentaires (après la bataille = un sacré paquet de commentaires à lire), je trouve la discussion qui suit très intéressante, et en particulier les derniers commentaires de Ju, notamment sur le fait qu' »un jeune élève ne met rien en perspective sans qu’il n’y ait, d’abord, des connaissances précises, et une pensée un peu maîtrisée et documentée, sans avoir d’abord formé des habitus intellectuels. »

    Enfin, je me permets un petit point peut-être un peu plus polémique : je ne vois pas le problème de l’élitisme, ou des classes ou formations d’élite. Qu’on le veuille ou non, un pays a besoin d’élites pour fonctionner. Le problème n’est pas que ces filières existent, mais plutôt que l’accès y soit de fait réservé à ceux qui ont les moyens financiers, ou qui sont issus de familles culturellement favorisées. Je n’ai pas de solution toute faite pour y remédier, mais comme Caroline « je ne comprends pas qu’on ne se penche pas plutôt sur la façon de faire en sorte que tous les gamins aient envie et soient en capacité d’apprendre deux langues dès la sixième » (et on pourrait étendre à d’autres options)…

    En tout cas, moi qui ai des enfants tout jeunes, je m’inquiète un peu sur l’état du collège quand ils en auront l’âge…

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  77. ES a dit…

    J’arrive après la bataille, mais en tous cas, merci à toutes celles qui ont laissé leur témoignages et leurs réflexions dans les commentaires, la discussion est vraiment très riche et bien argumentée.

    J’avoue avoir du mal à me faire un avis sur cette réforme (peut-être un peu lointaine pour moi étant donné que mon aînée n’est qu’en CE1 et que d’ici qu’elle arrive en collègue, il y aura sans doute bien des réformes qui vont s’empiler…), il y a des arguments intéressants des deux côtés.

    Mais une chose qui m’attriste un peu, c’est que j’ai l’impression qu’en matière éducative, certains sujets ont plus la faveur des médias que d’autres, parfois de manière exagérée. Par exemple, il y a 2 ou 3 ans lors de la réforme du bac S, il a beaucoup été questiion de l’histoire-géo en terminale S, et quasiment pas du fait que la physique en lycée a été une discipline saccagée (grosse diminution des horaires, changements des programmes qui sont faits avec un état d’esprit très différent et surtout avec une forme de « saupoudrage » qui fait que l’on n’approfondit rien… J’enseigne les maths en école d’ingénieur post-bac et tous mes collègues de physique sont désespérés par le niveau de leurs élèves, et c’est pareil pour tous les autres enseignants de physique que je connais, que ce soit en lycée, en prépa, en IUT, à la fac, etc.)

    Et là il y a quelque chose qui me paraît très inquiétant au sujet de l’enseignement des maths en collège et lycée: il y a une telle désaffection pour le CAPES et l’agreg de maths que l’on n’arrive plus à pourvoir les postes au concours (entre 30% et 50% de postes non pourvus ces dernières années). J’ai deux amis qui enseignent dans le cadre de la formation au CAPES et qui sont absolument affligés par le niveau d’une bonne partie des candidats (qui, pour une partie d’entre eux, n’ont pas fait de véritables études de maths): en gros, il y en a beaucoup qui sont incapables de résoudre sans aide des exercices de niveau lycée, qui ont d’énormes lacunes, manquent de logique, etc. Et chaque année les candidats en question sont quasiment tous admis.

    (Le problème se pose aussi en ce qui concerne les candidats au concours de prof des écoles: on peut très bien avoir le concours en ne connaissant pas ses tables de multiplication, en ne comprenant rien aux pourcentages, en se trompant sur des problèmes de CM2…)

    Là les résultats de l’admissibilité au CAPES et au CRPE viennent de tomber et ils sont tous les deux déprimés par le fait que même leurs élèves les plus faibles sont admissibles.
    Et une fois qu’un candidat a réussi le concours, hormis dans les rares cas où il ne valide pas son stage, ensuite il sera en place pendant 30 ou 40 ans, et fera des dégâts pendant tout ce temps-là s’il ne comprend rien à ce qu’il enseigne… Maîtriser sa discipline d’enseignement n’est pas sûrement pas suffisant pour être un bon enseignant, mais c’est nécessaire, et là on en est loin.

    D’ailleurs, le CAPES et l’agreg de lettres classiques ont eu eux aussi le même souci de postes non pourvus ces dernières années. Je ne sais pas si c’est une motivation indirecte (et pas assumée) de la diminution des horaires de latin-grec…

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