La déconnade, c’est du sérieux.

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Hier je suis allée trainer mes guêtres sur le tournage des 26 minutes de Parents mode d’emploi. J’avais déjà assisté à l’enregistrement de quelques sketchs. Mais jamais de scènes que j’avais (co)écrites. L’émotion, je ne vous dis pas. Quand soudain ces heures passées à tenter de trouver le bon mot, la phrase qui fait mouche, le rythme qui rend la réplique drôle, trouvent enfin leur sens… J’ai toujours été fascinée par les plateaux de cinéma. Je peux rester des heures à regarder les acteurs répéter la même scène dans une rue parisienne, ce qui se produit régulièrement, merci la capitale. Alors je vous laisse imaginer le bonheur de petite fille hier. Même si les tournages en réalité, c’est 99% d’attente, de « chuut », de « pardon », « excuse-moi », « t’es dans le champ, là, bouge », « on la refait ». Mais quand c’est « ACTION » qui retentit, que le silence se fait et que l’espace de quelques secondes ou minutes, seules raisonnent les voix des acteurs, je retiens mon souffle et je sais. Je sais que cette magie ne disparaitra jamais. Qu’à ce moment là, tout célèbres qu’ils soient, courtisés, admirés, craints, les comédiens sont sur le fil, fragiles et incertains, brillants ou à la merci du mot qui leur échappe, suspendus au verdict de la réalisatrice, du chef op ou du cadreur. Et alors on comprend que l’on puisse vénérer autant ces funambules, pour ces instants où ils défient la réalité et nous emmènent dans un monde parallèle.

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Et puis il y a ce vertige que l’on éprouve, à voir se matérialiser le fruit de nos délires, à comprendre que lorsqu’on écrit qu’untel décide de se mettre au violoncelle, il faudra à un moment trouver ledit violoncelle, dégoter un coach pour expliquer au comédien comment le tenir. Qu’une scène dont on décide qu’elle se déroulera au supermarché impliquera de privatiser ledit supermarché, etc etc etc. On se disait avec B. que le plus étonnant en fait dans tout ça c’est la façon dont nos blagues à deux balles entrainent une concrétisation ultra professionnelle. « Là, elle va donc expliquer à son fils comment utiliser une brosse à chiottes, ah ah ah », ça donne: « Ok, donc les gars, pour la séquence 2-234 il faudra une brosse à chiottes, contactez l’accessoiriste. On va cadrer comme ça, on a deux mètres carrés, faudra pas se louper. Roger, tu te renseignes pour l’éclairage ».

Etre scénariste, ça va à l’encontre de tout ce que tu as appris avant. C’est la preuve que déconner, ça peut être hyper sérieux. Et ça, ça n’a pas de prix.

56 comments sur “La déconnade, c’est du sérieux.”

  1. Jade a dit…

    Les tournages, c’est ma vie !!! C’est vrai que très souvent, on se retrouve à faire des trucs un peu dingos de façon très sérieuse. Je me souviendrai toujours du jour où j’ai entendu dans mon talkie : « Alors il va falloir acheter EN URGENCE des cornichons » !

    J’ai bien hâte de découvrir les épisodes de 26mn !

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  2. Champi a dit…

    Quelle joie de voir ses rêves et ses délires se réaliser !
    Profite en bien et de mon côté j’ai hâte de voir tes délires à l’écran !
    Des bises d’Oléron qui t’attend sous le soleil !

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        • DOMINIQUE a dit…

          Mon seul vœu l’unique, celui qui vous obsède jour et nuit : que le CIEL FASSE LA GUEULE !
          Ici, en Provence, on n’a pas vu la pluie depuis plus de deux mois, et ça vous dit, 35° à l’ombre jour après jour, dès le matin ? La nuit, oublions. Préfère pas en parler.
          Je rêve du bruit de la pluie.

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          • Claire a dit…

            En grande athée pratiquante que je suis, je me joins cependant au concert de vos prières
            pas loin de ta Provence, dans mon Languedoc, on scrute nous aussi le moindre nuage à pluie dans le ciel désespérément bleu
            et quand je vois 40, voire 42° sur la terrasse, ben je file à la sieste en compatissant pour les pauvres travailleurs en extérieur…

          • Lau a dit…

            Oui ben ici il fait 15degrès à tout cassé… On a la polaire et on ne peut pas manger dehors :-(.

            On veut avoir chaud nous aussi !!!

            Des bisous de la côte d’opale!

  3. Chag a dit…

    Encore mille bravo pour tout ce boulot que tu as fait. Et puis, rares sont les métiers non manuels où l’on peut toucher du doigt le résultat, comme pour prouver aussi que démouler des ananas dans un fauteuil scandinave sous des toits parisiens c’était pas juste de la branlette intellectuelle. J’ai fait lire ton billet à ma grande, qui rêve de tournage, de coulisses, de cours, de jardin, de caméra et de brosses à chiotte. Je crois que maintenant, elle kiffe aussi les ananas.
    Que ta route soit longue, continue de t’y éclater, c’est bien là le principal. Clap clap clap.

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  4. Carlotta a dit…

    Quand tu évoques l attente je comprends tellement bien pourquoi je préfère le théâtre !!! Mais j imagine aussi très bien le plaisir de la concrétisation

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  5. Sophie a dit…

    « Déconner c’est hyper sérieux », j’ai eu tellement envie de rire en lisant cette phrase (et le passage sur le balai à chiotte, ça me rappelle de belles expériences comme figurante)

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  6. Justine a dit…

    Très joli billet. C’était ma bouffée d’air dans la préparation des bagages… J’allais dire « pause douceur » mais celle-ci je l’ai eue avec la dernière tétée de ma poupette.

    Je ne sais plus quand tu pars à Oléron mais j’espère que tu y passeras de bonnes vacances. Cette année, nous n’y passerons pas une journée à l’occasion de nos vacances royannaises parce que nous zappons cette étape-là à part « une » journée pour fractionner le voyage vers les Landes.

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  7. Nine a dit…

    On se doutait bien déjà que ‘chier un ananas’ c’était pas forcément marrant marrant. Un tournage, ça ne doit pas être du même ordre : cela fait plus fourmilière et confrontation avec la réalité et la matérialité (tu aurais une métaphore imagée pour cette étape ?), mais ça doit pas être simple non plus . Oui, faire rire, semble une affaire bien sérieuse…
    Les 26″ sont en plein gestation en tout cas : vivement la naissance en automne…

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  8. EmiMarSoRa a dit…

    Bonjour Caroline,
    J’ai lu très récemment Saga de Tonino Benacquista, sur le travail de scénaristes (je suppose que tu l’as lu, mais sinon je te le conseille car il m’a bien fait rire), j’ai souvent pensé à toi, et au pouvoir des scénaristes, toujours sur la brèche qui ont le pouvoir de vie et de mort, mais aussi qui sont tellement à la merci de pleins d’autres éléments (producteurs, public, etc.) c’était génial d’apercevoir une partie de l’envers du décor de ce monde que je ne connais absolument pas ; gestion de projets en milieu industriel disont que c’est un peu différent …
    Bref, bravo et que ton rêve continue de se réaliser…
    Bonne journée et bonnes vacances
    Émilie

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  9. Carole a dit…

    Bravo !
    Quelle fierté pour toi ! Ton travail qui se concrétise de cette façon !
    Tu as la plus belle des récompenses.
    Je crois que je n’aurais pas pu en dormir de la nuit après une telle journée.
    On se met quand devant la télé pour voir le résultat ?
    Carole

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  10. nadine a dit…

    Bonjour de Vendée où la météo est clémente….
    merci de me transporter chaque jour dans votre univers et de me permettre ainsi de partir un peu.
    Je trouve très beau ce que vous écrivez sur les comédiens.
    Bonne journée !

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  11. celote75 a dit…

    Quel cadeau pour un auteur, d’entendre ses textes sortir de la bouche des comédiens! Lorsque je faisais du sous-titrage, j’avais assisté à une séance d’enregistrement de voix-off, je me souviens de la fierté que j’ai ressentie (et aussi de toutes les fois où je me suis dit « merde, ça passe moyen là, à l’oral) 🙂
    Bravo à toi pour cette belle concrétisation !

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  12. Blanche neige a dit…

    Mon ancienne vie, j’adore les tournages. Tu peux vivre des situations extraordinaire et retrouver ta vie tout à fait ordinaire en rentrant chez toi. Des moments hors du temps avec cette adrénaline grisante.
    J’imagine comme ca doit être kiffant d’assister en plus à la mise en bouche de ta création, comme quand une fois les travaux finis, je découvre une cuisine que j’ai dessiné.
    Tu vas y retourner ?

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  13. Effer a dit…

    Bonjour !
    En effet ça doit être passionnant! Voir directement aboutir le résultat de son travail, la mise en forme définitive…Mais ,si je peux me permettre, si vous voulez entendre la voix des comédiens…il vaudrait peut être mieux qu’elle résonne (ok, ça peut raisonner aussi…mais le but n’est pas là…)

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  14. Audrey V a dit…

    J’ai découvert Alix Poisson dans Disparue sur France 2 je l’ai adorée! PEF aussi d’ailleurs super dans un rôle plus dramatique.
    J’aime bien Parents Mode D’Emploi mais je regarde assez peu (désolé :/ ) car ce n’est pas mon heure de télé. Par contre mes filles regardent un format dans ce genre, québécois je pense, sur Gulli et elles adorent. Tu connais? Çà vient de là-bas l’idée de départ?
    J’essaierais de ne pas rater le format plus long, çà sera en prime Time?

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  15. Ninon a dit…

    Il est vrai qu’il y a quelque chose de magique à voir se concrétiser grâce au travail des choses que l’on a imaginé, j’ai un peu le même sentiment quand je dessine un plan et qu’après je passe sur le chantier.

    Je ne connais strictement rien au fonctionnement du cinéma, mais j’avoue, je suis un peu étonnée par un truc. Je suppose que le nombre/type de décor influe grandement sur le budget de la production, du coup je trouve ça vachement surprenant que vous, auteurs, n’ayez pas un cahier des charges précis du genre  » tel ou tel type de lieux pendant tant de temps » ou bien « tel nombre d’acteurs par épisode »…
    Du coup, je me dis que ça doit être super difficile pour vous de rester « raisonnable », si on m’en laissait l’occasion, j’écrirais un truc qui se passe à Honolulu avec des aliens perso 🙂 (Si il pouvait y avoir Hugh Jackman, ça m’irait encore mieux d’ailleurs!)

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  16. Zout a dit…

    Ce qui me plait le plus dans ce billet c’est qu’il y transparaît la joie et la fierté que tu as de participer à ce projet. Je suis trop trop contente pour toi que tu t’éclates comme ça! Et j’ai hâte de regarder les épisodes! Bisous!

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  17. DOMINIQUE a dit…

    Voir la fabrication de ton texte, genre une recette qui devient un plat sublime (désolée pour la comparaison), ce doit être le pied !
    C’est là où on se rend compte que là où on ne voit, en qualité de spectateur final, que de la fluidité, est en fait haché, une réplique, un bout de scène, et l’acteur doit garder le ton pour la scène suivante qui aura lieu au meilleur des cas le lendemain… drôle de métier !
    Et j’aime tant ton émerveillement.

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  18. Miss Crumpette a dit…

    Bah comme Dali ci-dessus je me fais souvent la remarque : que de chemin parcouru depuis la cabine d’essayage
    Et que ta plume a gagné en assurance (et en qualité)
    Pour une fois j’ai lu les commentaires et Marje d’hier soir : ah ah ah ah
    C’est vrai que si ce gars est un amour en plus du reste a,ors là… je ne réponds plus de rien

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  19. Caelle a dit…

    Personnellement, ça me donne le vertige, le nombre de gens impliqués à tous les niveaux pour créer un film. Si les gens se rendaient compte du travail qu’il y a derrière, ils applaudiraient debout dix minutes durant le générique de fin n’importe quel film, même le plus foiré des plus foirés, rien que pour récompenser de leur labeur tous ceux qui s’y ont consacré dans l’ombre et sont souvent payés des clopinettes en retour.
    Eh non, ils se lèvent et ils partent 🙁
    J’ai beaucoup aimé votre article. A chaque fois que je vois « parents, mode d’emploi », je me demande si c’est une scène que vous avez écrite, si c’est votre patte.
    Bonne journée.

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  20. Britany a dit…

    A tout hasard, comme tu es scénariste, il n’y aurait pas moyen de caser une scène avec comme guest star Jon Snow hum hum…

    Merci pour ton blog qui est mon petit bonbon quotidien 🙂

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  21. Patricia a dit…

    Je voulais te dire …. Je te lis depuis assez longtemps maintenant (plusieurs années). Tu m’as souvent faire sourire et même hurler de rire devant mon Pc au boulot (bon, je suis très bon public des qu’il s’agit de rire). Émue parfois également. Et aussi, je n’ai pas aimé tes collaborations modesques et les moutonneries m’agacent (pas forcément les tiennes, mais ce que je peux lire dans tes commentaires parfois).
    Mais je dois t’avouer sans aucune jalousie que j’admire le tournant professionnel que tu as pris, le courage ou la folie que tu as eu de quitter ton job pour te lancer dans ce que tu aimes et ce que tu voulais vraiment faire. Et ça a marché !! J’admire ça, sans limite, moi qui m’ennuie à pleurer dans un boulot pour lequel je n’ai plus ni intérêt, ni motivation (hormis la paye et le statut soyons sincère) et qui me fait désormais douter de moi. J’espère un jour trouver ce sursaut.
    Je ne vais pas te féliciter- qui suis je pour ça – mais juste te dire que vraiment, tu me scotches. Et je suis bêtement contente pour toi.
    Patrizia

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