Pour quelques carrés de chocolat

francine.doc

C’est ma Violette qui l’a montrée hier dans son inénarrable JJG. Manifestement la vidéo fait le buzz depuis des jours, elle m’avait totalement échappé. Depuis je l’ai regardée quatre fois, avec mon fils, ma fille, mon mari, etc. J’ai toujours été passionnée par les témoignages des survivants. Peut-être parce que mes deux grands-pères ont été faits prisonniers en Allemagne dans des Stalags et qu’un frère de mon grand-père maternel a quant à lui été déporté comme résistant. « Son nom est inscrit sur le mur de la grande poste de Lyon », m’ont toujours dit avec une certaine fierté mes grands-parents. Toutes les familles ont leur mythologie, la mienne a celle-ci, d’autant plus que ce grand-oncle n’est jamais revenu mais n’a jamais non plus été officiellement retrouvé dans le charnier de Dachau. Bien des années après la guerre, son épouse, qui avait alors refait sa vie, a entendu sonner à sa porte. C’était un vendeur à domicile, d’aspirateurs ou d’encyclopédies (l’histoire a été racontée tant de fois que je ne sais pas trop ce qui relève de ma propre imagination ou de la réalité). Ma grand-tante l’a éconduit mais lorsqu’elle a refermé sa porte, elle a été saisie d’un doute. Elle n’a jamais pu savoir si cette intuition terrible était fondée parce que l’homme était déjà loin, mais je crois que jusqu’à la fin elle s’est demandé si ce jour là ça n’était pas son époux disparu qui avait sonné chez elle.

Des récits comme celui-ci, il y en a des dizaines, des centaines, des milliers. Plus que jamais sans doute il me parait bon de les rappeler. De se souvenir que l’horreur du nazisme n’est pas qu’une partie du programme d’histoire au lycée. Que des générations entières se sont construites sur le manque, la perte, la douleur inscrite dans la chair. Ce petit film qui fait partie du projet « Human » de Yann Arthus Bertrand (personnage qui par ailleurs ne m’inspire pas que des sentiments très charitables à vrai dire, mais là n’est pas le propos) devrait être diffusé dans toutes les écoles de France et de Navarre. Parce que ce qu’il y raconte me parait essentiel. Et à titre personnel je crois que Francine Christophe me touche d’autant plus qu’elle a quasiment la même élocution que ma grand-mère paternelle, ce phrasé d’un autre temps. Je suis sûre qu’elle dit à ses petits enfants qu’ils sont rudement jolis ou que pour dire joli, elle dit « gentil ».

55 comments sur “Pour quelques carrés de chocolat”

  1. Violaine a dit…

    J’ai effectivement vu cette video sur internet il y a quelques jours, un de mes contacts l’avait pratagée sur son mur Facebook. Et je te redis ce que je luis avais écrit alors : je suis en larmes, mais c’est bon de se souvenir, que, heureusement, parfois l’Homme sait être Bon.

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  2. Géraldine a dit…

    Bonjour Caroline et toutes les lectrices.
    J’ai vu cette vidéo récemment sur le net en effet. C’est très beau, je vais la montrer à mes élèves et sans doute à mes enfants même s’ils sont un peu petits. On en reste ébranlé c’est sûr…
    Je croise les doigts pour ce soir !
    Bisous

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  3. Fred à bxl a dit…

    J’ai vu plein de fois le visage de Francine Christophe ces derniers jours sur ‘mon mur’ FB. Plein de fois, et jusque là, je n’avais pas cliqué. Un truc aussi avec Yann Arthus Bertrand… Et puis, ce matin, j’ai cliqué sur ‘play’. Merci !

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  4. Daphné a dit…

    J’ai découvert l’interview de Francine chez Violette, elle résume si bien tout ce qui fait de nous des humains. Quand j’étais petite, on voyait encore des poilus aux commémorations, et, aujourd’hui, c’est la parole des survivants des camps qui va bientôt s’éteindre, 70 ans après la fin de la guerre ( Francine n’avait que 11 ans à la libération ). Je pense que Francine et les autres sont nos trésors nationaux, ils faudrait vraiment les écouter avant qu’il ne soit trop tard et que l’histoire soit enfermée dans un livre.

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  5. Gète a dit…

    Le chocolat… Ma grand-mère paternelle, qui est partie tardivement (97 ans, quand même), conservait toujours des plaques de Lindt dans son frigo.

    Et quand elle se couchait, elle laissait toujours fondre un carré sur sa langue. Avec cette phrase magnifique : « Au moins, si je quitte cette planète durant la nuit, je partirai sur une bonne impression ».

    Merci pour le lien vers la vidéo, larme à l’œil quand même.

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  6. Daphné a dit…

    D’ailleurs, je n’ai pas vu l’interview de Francine dans le film Human, ni dans le documentaire qui suivait à propos du film…mais qui a fait le montage? Le passage durait 4 min, peut-être déjà jugé trop long pour un film grand public? Désolée, mon côté râleur revient au galop…mais quand même !

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  7. Céline a dit…

    J’ai le même sentiment que toi par rapport à Arthus-Bertrand mais ce qu’il fait me parle quand même.
    Très beau récit, ça m’a rappelé quand un survivant de 40-45 était venu dans notre école, c’est à ça que doit ressembler un cours d’histoire d’après moi.
    Bon par contre, après la vidéo, j’ai fait la bêtise de descendre et de survoler les commentaires sur YouTube… L’Homme peut être bon mais surtout très con…

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  8. lavieacinq a dit…

    Merci pour cette très belle vidéo!
    J’aime aussi beaucoup le phrasé de cette femme (qui est très belle au demeurant!), et son histoire est juste magnifique!
    Ce genre de témoignage, pour ma part, me redonne toujours un coup de fouet et d’espoir! Tant de belles personnes habitent cette terre!!

    Merci, merci Caro!

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  9. Blonde paresseuse a dit…

    J’ai vu cette vidéo il y a une dizaine de jours. A l’occasion d’un déplacement pro, j’ai raconté à une de mes collègues ce qu’elle disait. En pleurant.

    J’ai pleuré en la voyant, je pleure en la racontant.

    Et elle, elle ne pleure pas. Elle est digne, forte, admirable.

    Moi aussi, je pense à mon grand-père…

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  10. Smouik a dit…

    J’ai aussi vu cette vidéo il y a quelques jours, j’ai pleuré aussi. Ce qui m’a fascinée au-delà des « retrouvailles » qu’elle raconte, c’est que ce bébé n’ait jamais ni geint ni pleuré de toute sa captivité. C’est inouï cette « conscience »…
    Et puis cette femme est la jumelle de mon père…

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  11. Mayoun a dit…

    Oui, cela fait du bien ces réactions. Un peu l’histoire de ma famille, un peu l’histoire d’une vieille amie de 97 ans qui me parle souvent, un peu des histoires que j’ai filmées et jamais diffusées car il semble que cela n’intéresse pas vraiment, Fausse impression heureusement. Sans doute liée à l’angoisse que ces histoires ravivent et qu’il faudrait surmonter pour les transmettre. Comment faire?

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  12. Isa la sorciere a dit…

    Une belle leçon d’humanité.. De celles qui me donnent envie chaque jour d’essayer d’être une meilleure personne.
    Et puis, je pense comme toi à mes deux grands-pères, l’un résistant, l’autre prisonnier au stalag. Malheureusement leur histoire ne m’a jamais été transmise.

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    • Nan a dit…

      Je travaille sur ces sujets depuis longtemps et j’ai remarqué que
      les rescapés parlent à leurs petits-enfants, mais pas à leurs enfants qui bien souvent ne se sont pas intéressés à l’expérience de la l’emprisonnement ou de la déportation.
      Mais c’est aussi que ils ne voulaient pas leur raconter l’horreur, ils voulaient vivre, avancer, oublierEt des silences destructeurs souvent se sont installés dans les familles
      Alors si vous avez la chances d’avoir encore vos grands parents survivants, interrogez-les, enregistrez-les, filmez-les,
      Ils vous seront reconnaissants et vos parents aussi

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  13. Mélisse a dit…

    Salut Carol, salut les gens,

    Pas fan-fan de Y A-B mais sur la chaîne « Human le film » y’a aussi le clip 2 qui m’a « interpellé quelque part » + l’interview de Philippe Croison.
    Je n’irais probablement pas voir le film au cinéma, pas sur non plus que je le regarde à la TV mais picorer dans ces interviews… yep !

    Bonne journée les gens & Caro, gratouilles à Jiji

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  14. Val Làô sur la Colline a dit…

    Oui, terriblement émouvante, Francine. Je l’ai vue ces jours-ci aussi.
    Depuis, j’ai visionné plusieurs épisodes de cette série, je n’ai pas encore tout vu, mais j’ai beaucoup aimé Runa et aussi Sally que certains devraient écouter attentivement, et imaginer ce qu’il y a derrière son sourire….

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  15. armelita17 a dit…

    Formidable témoignage qui tombe fort à propos pour un conseil de lecture.Je suis entrain de finir et je vous conseille
    Kinderzimmer de Valentine Goby. Une lecture qui fera écho à cette très belle histoire.
    Belle journée.

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    • Valicka a dit…

      J’allais conseiller moi aussi ce très beau livre. Terriblement poignant.
      Je l’ai lu pendant ma grossesse (mais quelle idée quand j’y pense) et je n’ai pas pu le lâcher avant la fin.
      Pour tous ceux et toutes celles qui s’interrogent sur ces enfants nés en concentration, ce livre ouvre de nombreuses pistes et pose un regard extrêmement nouveau sur cette sombre période.

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  16. Catwoman a dit…

    Comme toi, j’ai un problème avec arthus Bertrand.

    Mais force est de constater que ce témoignage est magnifique. J’en ai la larme à l’oeil ! Et oui, on ne devrait jamais oublier et l’humain sait être bon.

    Merci pour le partage !

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  17. Tan a dit…

    J’ai vu cette vidéo il y a quelques jours sur FB aussi. Terrible, dans tous les sens du terme.
    Je regarderai peut-être l’émission complète en replay, hier soir je n’ai pas pu et ce soir, je crois qu’il y a autre chose de prévu à ne pas manquer 😀

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  18. Veronique a dit…

    Oh putain …
    dsl c’est le seul truc qui me vienne et dans le Sud, c’est juste un réflexe d’émotion …

    MERCI POUR LE PARTAGE
    Je suis en larmes devant l’ordi

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  19. Ginie a dit…

    J’avais chialé en regardant la vidéo, j’ai chialé en regardant Human, je chiale en lisant l’histoire de ta grand-tante et en imaginant ta rudement jolie grand-mère qui a manifestement des points communs avec la mienne. Vivement ce soir que je rigole un peu devant France 2, parce que je vais finir lyophilisée.

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  20. Adelles a dit…

    C’est vrai ce que tu dis, on a tous nos légendes familiales durant cette guerre. Ma grand-mère aussi, en me les racontant, faisait de splendides liaisons en T, c’était charmant !
    Elle est belle, Francine (enfin, pardon, elle est gentille)….

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  21. violette.b a dit…

    Merci , comme ceci fait echo chez moi , ma mère a l’âge de Francine mais ses souvenirs d’enfants de la guerre à Lyon sont ceux d’une petite fille qui n’était pas juive , le papier à écrire utilisé dans les 2 sens , une fois au crayon de papier ,une fois à l’encre , les privations et le ravitaillement mais toujours l’insouciance de l’enfance ,

    Mon père plus agé , m’a eue à 45 ans , il a été 5 ans prisonnier de guerre , j’ai été élevée dans cette mythologie ,( je n’arrivais pas à y croire ),la guerre ,la débacle , le travail des prisonniers , le stalag, la faim , la peur , l’amitié par dessus tout qui dure après toute la vie .
    Je ne vide que maintenant l’appartement familial et je découvre ce qu’il a laissé pour nous sans le dire , toutes les lettres reçues en 5 ans de sa mère et son frère , sur le formulaire des armées , qui parlent de victuailles, d’amour maternel indéfectible , d’attente , de dignité et de courage avec des mots simples sans cesse repris en 5 ans ,

    Puis j’ai trouvé toutes les lettres reçues par ma grand mère ecrites par un fils aimant et courageux , charitable avec ses copains d ‘infortune ,les paquets de lettres sont entrecoupés des reçus des colis qu’elle a envoyés pendant 5 ans à son fils

    j’ai aussi la plaque en bois avec au tampon le numéro de prisonnier avec une cordelette marron , la preuve que « c’est vrai »

    Ces échanges sont aussi le témoignage du « tous les jours » de ces années ,

    Ces parents en sont pas des héros , mais ils sont sus rester humains malgré le malheur , ils ne se sont pas abaissés;

    Francine , j’espère que son exemple servira de guide , à ceux qui doutent de l’humanité , qu’elle aura un large écho .

    Ce sont ces personnes qui m’inspirent encore aujourd’hui.

    ( Elle a la même classe que ma grand mère , je suis admirative , cela vaut toutes les parures )

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  22. violette.b a dit…

    PS
    Mon histoire de chocolat , mon père « dealait » le chocolat de ses colis avec les gardiens allemands qui crevaient encore plus la dalle ,,,,,,,,le chocolat est une valeur sure .
    Pas rancunier mon père a travaillé en Allemagne de 1947 à 1954 , l’amitié franco – allemande n’était pas un vain mot , un autre signe positif.

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  23. Carole Nipette a dit…

    Tout pareil et oui il y a des centaines d’histoire de ce genre même si certains auraient envie qu’on les oublie… le personnage de YAB n’est pas sympathique c’est vrai mais on ne peut nier que les images sont belles et les récits ont une grande portée… c’est exactement ce que j’ai dit au début du film, il faudrait que ce soit dans les écoles, pour les récits oui mais aussi pour montrer la diversité du monde et des gens aux petits (bon ma fille qui a regardé le début a eu du mal avec les récits de guerre, à doser donc en fonction de l’âge…)

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  24. bibiche a dit…

    J’ai vu HUMAN et j’ai regardé aussi le deuxième volt qui étai diffusé juste après. J’en suis encore ébranlée, c’est le mot et oui il faut le revoir et le revoir. C’est beau, j’en ai relevé des dizaines de phrases de tous ces témoins/interviewés. Bon sang ce documentaire devrait en effet être diffusé dans les écoles pour les plus grands et nous autres adultes devrions nous en servir comme piqure de rappel parce qu’il semble que l’Histoire ne serve pas forcément de lecons. Et quel bon sens et quelle poésie se sont souvent détacher de tous ces témoignage, sur la l’amour, sur la joie, sur la peine, sur la vie … Bravo Yann A

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  25. bibiche a dit…

    se sont « détachés » (pardon) et tous ces témoignageS, sur l’amour
    Mon com est parti trop vite après une mauvaise manip désolée !!
    C’est l’enthousiasme …

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  26. Nathaly a dit…

    Merci Caro, parce que je n’avais pas vu cette vidéo ! C’est extrèmement émouvant ….
    Que cela soit vu revu partagé et que cela fasse réfléchir ! Merci.

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  27. et de trois a dit…

    Bon ben évidemment cette vidéo me donne les larmes aux yeux.
    Habitant à deux pas de la Grande Poste à Lyon, immanquablement je penserai à toi la prochaine fois que j’y vais…

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  28. Fabienne a dit…

    Beaucoup d’émotion à regarder cette vidéo que je n’avais pas vue passer !
    Le témoignage de ta grande tante est aussi plein d’émotion.
    Ma famille a été aussi déportée en camp avec des enfants.
    La guerre fait partie de ma famille, mes grands parents ont été déportés en camp de punition, car ils ne voulaient pas changer de nationalité quand les Allemands voulaient les faire devenir allemands lors de l’annexion de la Lorraine. déportés aussi avec le droit d’emporter 2-3 choses, une couverture, c’était le bien le plus précieux. Déportés en Silésie au nord de la Pologne durant plusieurs années en camp avec 3 enfants qui ont fait le voyage dans une petite cariole tirée par mon grand père (mon oncle le plus petit avait 9 mois, les autres 2,3 ans, ils ont grandi là, durant 3 ans dans des conditions que l’on imagine pas). Les années de privation de séparation des hommes-femmes… Tout cela est très présent ma grand mère nous racontait cela, on en redemandait, il y a même des rares photos prises dans les camps, par les gens qui avaient emporté un petit appareil photo, photos développées après la guerre. On voit les lits superposés (4 lits les uns au dessus des autres, 60cm à tout casser entre chaque étage), les gens tassés dans les baraquements froids, les repas d’une demi betterave et de grains de cumins dans de l’eau, les enfants qu’il faut forcer à manger, jusqu’à bne plus savoir quoi faire pour obliger le petit de 3 ans à avaler sa pomme de terre moitié pourrie parce que sinon il n’y a rien..
    Ma grand mère n’a jamais plus avaler un carré de betterave ni un grain de cumin de sa vie.
    Si ma maman existe, si je suis là aujourd’hui c’est parce qu’à la fin de la guerre, ma grand mère a pris un train avec les enfants, ne sachant pas où était son mari fuyant vers la France. Et lors du voyage, mon grand père fuyait aussi de son côté (sous les bombardements russes) et il a couru pour monter dans un train qui avançait au ralenti dans lequel il a retrouvé… sa femme et ses enfants !! Cette histoire me met la chair de poule direct quand j’y pense. Ils ont ainsi traversé Berlin en flamme, marché des kilomètres à pied avec leurs enfants, et sont rentrés chez eux.
    Ils ont eu 6 autres enfants dont ma maman.

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