Lady Bird, chronique douce amère d’une adolescence

Je n’ai jamais été autant au cinéma que depuis deux semaines, nous profitons de ces quelques jours sans enfants pour nous retrouver le soir dans les salles obscures, le churros et moi. Et le fait est que ça fait drôlement du bien. D’autant que les écrans regorgent actuellement d’excellents films. Dont Lady bird, donc, vu hier et adoré.

C’est l’histoire de Christine, qui s’est rebaptisée Lady bird et qui vit à Sacramento, « le midwest de la Californie ». Elle va avoir 18 ans, fréquente un lycée catholique dans lequel elle s’ennuie copieusement, déteste sa mère autant qu’elle l’aime, découvre sa sexualité, chante et danse dans un musical un peu raté cornaqué par un prêtre dépressif et rêve de New-York.

Il ne se passe pas des tonnes de choses dans ce très joli film et pourtant, on ne regarde jamais sa montre. La façon dont la cinéaste Greta Gerwig – accessoirement l’une de mes actrices américaines favorites – observe cette adolescente est d’une justesse et d’une subtilité assez inédites. Les relations qui se nouent et se dénouent, les larmes qui ne sont jamais très loin quand on a 17 ans, les espoirs que l’on place dans cet amoureux qui décevra, les amitiés profondes et les autres, factices et éphémères… J’y ai retrouvé mes propres émotions à cet âge là mais aussi, et c’est sans doute bien normal, celles d’aujourd’hui, de la mère que je suis et qui sait qu’un jour – pas si lointain – ses enfants franchiront la porte de la maison familiale pour ne revenir que ponctuellement. C’est toute la force de Lady bird, de parler si bien de la vie qu’on a la sensation qu’il s’agit de la nôtre.

Allez-y, c’est doux, c’est sucré, ça pique un peu, aussi.

44 comments sur “Lady Bird, chronique douce amère d’une adolescence”

  1. AnneduSud a dit…

    Et tu me donnes très envie d’y aller pour retrouver ces émotions de l’adolescence que je vais vivre avec mes petits-enfants !

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  2. les petits pieds a dit…

    effectivement, les bandes annoncés du film sont tres prometteuses. Merci pour le conseil ! Je ne sais plus à quand remonte mon dernier ciné, probablement un dessin animé avec ma grande! Ca me manque beaucoup. Très belle journée!

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  3. mammouth a dit…

    Est-ce que le fait que cela se passe dans une école catholique a fait que tu t’es aussi reliée à la protagoniste? Je veux dire est-ce que ça joue un rôle important dans le film? Est-ce que ce serait la même chose dans un autre lycée? Je le demande par curiosité parce que tu le précises. Le synopsis que j’ai lu n’en faisait pas mention, plusieurs critiques non plus. Peut-être que ça m’interpelle simplement parce que je suis si allergique à la religion que je remarque cet adjectif, y accroche une connotation et vois un sous-entendu là ou il n’y en a pas.

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    • DOMINIQUE a dit…

      C’est marrant, Mammouth, j’en parlais hier avec mon mari (de l’école catholique), moi l’ayant fréquentée, lui non, sa mère était plutôt du genre à bouffer du curé. Et je me suis rendu compte que je parlais de temps préhistoriques, où l’on n’avait pas droit aux pantalons, aux jambes nues, au maquillage, en gym le short dissimulé par une « jupette » (!!!), cours de couture et planchers qui grincent et sentent l’encaustique. Uniforme bleu marine bien entendu.
      Et puis Mai 68 est passé par là. Ils ont été obligés de s’adapter, les non catholiques étaient admis (même les Protestants, c’est dire), les pantalons aussi, pas de messe, ou du moins pas obligatoire, l’identité catho s’est franchement estompée, plus d’uniforme. La mixité s’est installée : j’avoue que nous les filles face à des curés qui n’avaient enseigné que des garçons, c’était du gâteau, par rapport aux bonnes sœurs plutôt…coriaces.

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    • Caroline a dit…

      écoute, sûrement que ça m’a un peu parlé, mais je le mentionne aussi parce que c’est assez important dans le film, cet environnement non mixte, la messe, etc.

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      • claire a dit…

        Un détail concernant les écoles privées aux US, c’est leur prix. Ici (je parle pour la Californie) c’est facilement 15.000 Dollars par an, voire beaucoup plus… donc le contexte scolaire est religieux mais aussi financier, avec tous les efforts que cela représente pour certaines familles…
        Je recommande Black Panther avec vos enfants ! Un truc nouveau! Ici à Oakland (Californie) le spectacle est aussi dans la salle…

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  4. Val Lao sur la Colline a dit…

    Je ne prends plus assez le temps d’aller au ciné, moi qui m’y rendais presque chaque semaine il n’y a pas si longtemps (ici, les places de ciné ne sont pas chères (4,70 €), le département soutient largement pour maintenir ouvertes et actives les salles sur le territoire). Je sais que j’ai loupé de bons films, je me dis toujours que je les regarderai sur Netflix ou ailleurs (ce que je fais) mais quand même, ce n’est pas pareil…

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  5. Nathalie a dit…

    J’ai vu la forme de l’eau que j’ai beaucoup aimé : la bande son, la photo, la lumière, l’histoire, le conte, les couleurs et décors. Je recommande. Et puis je suis allée au théâtre voir Edmond. Ça faisait une éternité que je n’y étais pas allée et là aussi quelle bonne soirée!

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  6. Mino a dit…

    Je ne suis jamais allée dans une école religieuse. J’ai passé mon enfance à Saint Ouen en banlieue parisienne. J’allais à l’école Jean Jaurès , les filles et les garçons n’étaient pas mélangés. D’ailleurs, partout en France on voit sur le fronton des écoles la mention “ École de garçons ou École de filles.” Les pantalons étaient interdits mais par grand froid on pouvait en mettre un sous la jupe. Nous étions donc jambes nues puisque les collants n’existaient pas.
    Par contre, il me semble que nous étions en short pour la gym. Évidemment pas de maquillage…. Donc à part l’uniforme et l’éducation religieuse, tout pareil que toi DOMINIQUE. C’était la société de l’époque….

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    • DOMINIQUE a dit…

      Oui, je pense que les écoles étaient assez similaires, simplement les cathos ont mis plus de temps à se « moderniser ». Il devait y avoir aussi quelques différences dans l’enseignement, par exemple la fameuse séparation de l’église et de l’Etat était complètement occultée. Certains auteurs en littérature aussi.
      Je me souviens aussi d’avoir eu une colle parce que … je m’étais penchée à la fenêtre de la classe (pour regarder le chien de l’école qui aboyait). Une jeune fille bien élevée ne se penche pas à une fenêtre. Si si.

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    • L'audonnienne a dit…

      ça me fait tout drôle de trouver ici quelqu’un qui a fréquenté la même école que moi, et sans doute à la même époque (les genoux gercés, qui se frottent because embonpoint, ne sont pas mes meilleurs souvenirs…). Frédérique

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  7. Lulu a dit…

    Un peu beaucoup HS, mais Ken Loach avait réalisé un film appelé Ladybird (sans espace), aussi m’étonné-je que 2 films puissent avoir des titres si semblables.

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  8. Karine G-s a dit…

    Ah merci pour ce billet ! Je m’interrogeais à aller le voir et notamment à y emmener ma fille, vu que la bande-annonce ne m’avait pas convaincue.

    En revanche j’ai adoré La forme de l’eau, vu en solo la semaine dernière. J’ai tout aimé, l’histoire, les acteurs, la lumière, bref un joli moment alors que j’appréhendais un peu vu que ce réalisateur me file généralement un genre de malaise qui est lié à la lumière (ou non-lumière) de ses films.

    CF4 est le seul de mes enfants à être en école privée (maternelle pour le moment), ce n’était pas vraiment mon choix vu que je ne pratique pas cette religion et que je suis une farouche adepte de la laïcité. Mais je dois reconnaitre que cette école est bien, pas prosélyte du tout. Et plutôt ouverte sur notre schéma familial pour le moins sortant de l’ordinaire, ils se sont relativement bien adaptés au fait que le père de mon fils change de sexe, *elle* fait même partie de l’asso des parents d’élèves, accueillie à bras ouvert vu ses compétences de graphiste, ce qui pour une école catho est plutôt une bonne surprise. Et ils sont vigilants sur le harcèlement potentiel que ça pourrait entrainer pour notre fils ce qui reste ma crainte majeure quand même.

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  9. Mayoun a dit…

    Ah, moi aussi, je n’étais pas allée au cinéma depuis des années et j’y retourne beaucoup depuis 15 jours. Un film qui m’a ravie, c’est « l’insulte ». Film qui se passe à Beyrout, donc contexte politique à priori plombant mais film jubilatoire, avec beaucoup d’humanité de tous les côtés. Et drôle, aussi. J’aimerais bien savoir ce que d’autres en pensent…

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    • DOMINIQUE a dit…

      Ouch ! Bon courage, Mélisse, tiens-lui la patte bien fort et caresse-le doucement, en lui disant qu’en effet, c’est le plus gros rhume jamais vu sur terre, qu’il a vraiment beaucoup de courage, qu’il est un vaillant guerrier.
      Et retiens-toi de l’étouffer avec son oreiller pour abréger ses souffrances (et les tiennes).

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  10. Julie Lou a dit…

    Merci à toi pour ce bel article qui donne envie de découvrir ce long-métrage. Je le note dans un coin de ma tête vu les mots que tu emploies pour le décrire.
    Belle soirée.

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  11. Mireille a dit…

    Bonjour tout le monde,
    Le nombre de films que j’ai envie de voir pour l’instant est sidérant. Entre les sorties ciné (la forme de l’eau, jusqu’à la garde, LadyBird) et les replay (Blade Runner 2049, Kingsmann 2 (désolée j’aime l’humour potache), Détroit…)…J’irais même jusqu’à soigner le zhom de Mélisse afin d’attraper son vilain gros rhume et pouvoir ainsi comater dans mon canapé devant un bon film
    Bon week end!

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  12. Carole Nipette a dit…

    Vu et beaucoup aimé ! les relations mère fille wouah ça décape, je me suis projetée beaucoup… pour faire écho aux commentaires sur l’école, je l’ai trouvée plutôt cool cette école catholique, empathie de la part de soeurs…

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  13. matchingpoints a dit…

    L’année 2018 a commencé très fort – nous avons vu « In the fade », « 3 Billboards », « Pentagon Papers », « Phantom Thread » et manqué d’autres; « Lady Bird » est sur notre liste, en partie pour Greta Herwig, mais aussi pour le sujet. Un film a regarder entre copines peut-être …

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  14. Guillemette a dit…

    Ah merci pour toutes vos suggestions de films ! Je vais voir ceux que je peux trouver à Singapour en anglais et garderai les autres pour la VOD…
    D’autres Conseils sur les sorties cine des 6 derniers mois ?

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    • cash cash a dit…

      Quelle bonne nouvelle, c’est tellement mérité ! Dans « 3 billboards » elle est -comme toujours- extraordinaire de justesse et d’intensité, et puis tellement belle qu’on ne peut la quitter des yeux.

      Gros crush pour Sam Rockwell qui méritait aussi la statuette. ❤️

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  15. pascale m. a dit…

    J’en sors et j’ai encore les yeux qui piquent un peu quel joli film, si juste, émouvant mais jamais mièvre! Une des scènes qui m’a le plus bouleversée est assez anodine en apparence et dure quelques secondes, celle du « plaisir du dimanche » que se font mère et fille…quant aux acteurs, ils sont tous époustouflants de réalisme, mais pour moi, c’est la meilleure amie, la brune et boulotte Julie qui crève l’écran, elle m’a vraiment rappelé Toni Colette époque Muriel et j’espère qu’elle aura une aussi belle carrière!

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