Le lambeau, la claque

Après m’être fait du mal en regardant « Fluctuat nec mergitur » sur Netflix, je me suis dit que ça n’était pas suffisant, du coup j’ai acheté « Le lambeau », de Philippe Lançon, journaliste de Libération et Charlie Hebdo, gravement blessé durant l’attentat du 7 janvier 2015. Et je l’ai lu en trois jours à peine. Ce livre est puissant, difficile, rugueux et hypnotisant. L’auteur ne cache rien des détails les plus intimes, des ravages imposés à son visage par les balles qui l’ont défiguré. Il parle de l’attaque, de la cervelle de son collègue qu’il continue à voir désormais sous la forme d’une anémone de mer, il parle de ces jambes noires qui hantent son sommeil, de la panique qui l’étreint lorsqu’un jour il est déplacé dans une chambre donnant sur un toit plat (et si « ils » pouvaient l’atteindre ?). Il décrit surtout avec une virtuosité incroyable sa reconstruction, physique et mentale. Une reconstruction qu’on devine inachevée, une histoire qui n’a pas à proprement parler d’happy end. Parce que ça n’est pas une fiction.

Ce qui m’a le plus frappée en lisant Le Lambeau, c’est à quel point Philippe Lançon semble avoir trouvé sinon son salut, tout au moins la force de « continuer », dans la littérature, la musique ou la peinture. Proust et Bach, notamment, sont au fil des pages des compagnons et des soutiens aussi salvateurs et apaisants que les doses de morphine réclamées la nuit quand l’angoisse et la douleur l’envahissent. En cela, je crois que ce livre ne me quittera jamais totalement. Il m’a, d’une certaine façon, donné une clé, une piste à suivre si d’aventure un jour je me retrouvais moi même dépossédée de toute mobilité ou confrontée à des douleurs qui dépassent l’entendement.

Et puis il y a l’amour, qui n’est jamais loin, malgré la souffrance. L’amour d’un frère, de parents, d’une femme qui un jour épluche une orange pour qu’il en sente les effluves, de celle qu’il aime mais qu’il ne sait plus aimer, celui aussi, qu’il voue à sa chirurgienne, celle qui, opération après opération, lui rend un visage. Pas celui qu’il avait, mais un visage.

Je sais que l’auteur n’a pas écrit ces pages pour qu’on lui tresse des lauriers ou qu’on se prosterne devant son courage. Il n’empêche qu’il force l’admiration, tant il exclut très vite toute plainte, tout expression d’un sentiment d’injustice. Son ésotérisme laïque, alimenté par ses lectures et son amour des arts y est sans doute pour beaucoup. Comme la seule réponse qui vaille à l’horreur qu’il a subie. La religion des mots plutôt que celle d’un dieu qui n’a rien demandé.

Lisez Le Lambeau, il vous en coûtera quelques larmes et quelques hauts le coeur. Mais bien plus qu’un témoignage, c’est d’une oeuvre littéraire magistrale qu’il s’agit.

56 comments sur “Le lambeau, la claque”

  1. AgnesdeLyon a dit…

    Merci pour cette magnifique critique… je tourne autour de ce livre depuis sa sortie… entre envie de lire ce que je sens être un ouvrage puissant et peur de me faire mal…
    Tu en parles si bien, je suis convaincue!
    Bonne journee!

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  2. HeLN a dit…

    Bonjour Caroline,
    Égoïstement, je ne sais pas si je vais trouver le courage de le lire. Ta critique m’y fait de nouveau réfléchir…
    Bises et merci pour ce billet.

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  3. Melisse a dit…

    Salut le rade et la tôlière
    Ta critique confirme ce que j’en pressentais : il me sera indispensable de le lire… mais pas tout de suite. En ce moment j’ai besoin d’avoir toutes mes forces.
    Rien de grave hein, juste des piles de trucs et de machins et une merveilleuse petite fille très en forme qui abrège mes nuits… enfin, là ces semaines ci ce sont surtout ses molaires de lait qui abrègent mes nuits !

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    • DOMINIQUE a dit…

      Les molaires de lait sont-elles les dernières à pousser ? Serait-ce le bout du tunnel. Pour elle et pour toi.
      Le principal, c’est qu’elle soit toujours merveilleuse et toujours très en forme !

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  4. Daphné a dit…

    J’entends parler de ce livre depuis si longtemps – il faudra un jour que je l’ouvre. Mais pour l’instant, je ne sais pas si c’est le bon moment. Ces dernières semaines, je me suis replongée dans les livres de Philip Roth – et puis dans le bac, hein. On s’amuse comme on peut avec la ripisylve et l’outarde canepetière.

    En te lisant, j’ai immédiatement pensé à cette phrase : l’art console de tout. Ca trottait dans ma tête pendant le petit-déjeuner, puis j’ai compris. Consoler vient du latin consolari, qui veut au sens propre dire rendre entier. N’est-ce pas de ça dont tu parles dans ta critique ?

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  5. frederique-etc a dit…

    Je suis en pleine lecture de ce livre … coup de poing.
    J’ai souvent du mal à bien lire d’ailleurs, les larmes sont souvent présentes.
    C’est très bien écrit.
    (Quand je pense aux livres à étudier au lycée, genre Montpensier, je me dis que c’est plutôt ce type de lecture qui serait intéressant, mais c’est un autre débat …)

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  6. Nanette a dit…

    Je l’ai acheté sur kindle et commencé mais j’ai du l’abandonner à cause du concours (toujours ce sentiment de « je suis en train de lire alors que je devrais lire des fiches de révision »). Mais je vais le reprendre, j’en ai envie. Je trouve la plume de monsieur Lançon très puissante, de celles qui ne donne pas envie de lire en diagonale et de zapper des pages.

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  7. DOMINIQUE a dit…

    Je pense en effet le lire, car tu confirmes ce que j’en avais déduit à la lecture des critiques. Un livre d’écrivain, car je n’aime pas du tout les livres de témoignage. Celui-là me semble vraiment sortir du lot, et être plus le récit d’un homme qui veut se reconstruire, qu’un témoignage sur ce qui s’est passé, bien qu’il n’élude pas cette horreur.

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    • Caroline a dit…

      oui et d’ailleurs j’ai oublié de le préciser, mais il y a davantage de digressions sur sa vie d’avant, sur ses souvenirs que de passages à proprement parler sur l’attentat. Il part à la recherche de son temps « interrompu », comme il l’appelle.

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      • O. a dit…

        « Son temps « interrompu » », j’aime la formule.
        Ton article donne envie de lire Le lambeau (malgré pas mal d’appréhensions).

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  8. Cathclaire a dit…

    J’ai acheté ce livre il y a un mois mais je repousse le moment de le lire, car je sais que je vais être touchée, beaucoup.
    Du coup j’ai commencé le suspendu de Conakry de Rufin là ça va je ris !

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  9. Freg a dit…

    Comme le dit Dominique c’est un livre d’Écrivain puissant, hypnotique. Lu en trois jours aussi, avec mon téléphone avec moi pour prendre en photo les passages nombreux qui me touchaient et auxquels j’avais envie de repenser.
    Pas de larmes mais beaucoup d’émotion en le lisant.
    En le refermant je me suis demandée ce que j’allais pourvoit lire ensuite.
    J’aurais aimé que tu donnes d’autres piste de lectures.

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  10. Justine a dit…

    J’ai également prévu de l’acheter. Et je vois en lisant les premiers mots de ton billet que je fais bien de me préparer à sa lecture. Déjà ses chroniques dans Charlie Hebdo alors qu’il était encore hospitalisé étaient poignantes.
    Du coup, j’attendrai un peu de lire en entier ton billet…

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  11. Nathalie a dit…

    Pour ce qui est de Fluctuat Nec Mergitur, je n’ai pas trouvé qu’ils étaient tombés dans le pathos, il y a du recul, et ces gens qui ont vécu le drame ont un humour certain, un rien d’auto dérision (je vais pas me faire tuer par un type en survêt ?), j’ai trouvé au contraire qu’il était rempli de rage de vivre de continuer, même si on sent que c’est difficile, que des questions restent en suspens, je n’ai pas ressenti ce truc dont tu parles « de me faire mal ». Pour le livre par contre, mon imagination est souvent bien plus forte que les images qu’on choisit pour moi, alors je vais peut-être attendre. En tout cas, merci du conseil!

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    • Fred b a dit…

      Ce qui m’a émue aussi dans le documentaire Fluctuat Nec Mergitur, c’est qu’on devine le lien qui s’est tissé entre ces gens qui ont vécu cette horreur. Et c’est ce qui me bouleverse le plus: savoir qu’à la fin, c’est ça qui reste aussi, ce lien, en plus du traumatisme.

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  12. Eulalie a dit…

    Ta chronique me donne envie de poser une RTT pour m’y plonger illico.
    La littérature a ce pouvoir de transcender les douleurs en une forme d’art salvatrice.

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  13. thebault france a dit…

    Caroline, tu as si bien résumé ce livre. Je l’ai dévoré en 2 jours, j’ai pleuré, j’ai trouvé cette oeuvre finalement si poétique.

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  14. lollipop a dit…

    Ce livre m’attend sur ma table de nuit…et je sais la puissance de l’écriture de cet homme, car chaque semaine je le lis sa chronique dans Charlie, fort bon journal d’ailleurs !

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  15. Kaylee a dit…

    Ah, j’ai dû mettre en stand by la lecture de ce livre, du moins pour l’instant. Je l’ai pris sur Kindle en « échantillon gratuit », pour voir comment, c’était pour moi insoutenable, à me vriller l’estomac de peine 🙂
    Je sais que je reprendrai la lecture de cet extrait, mais j’attendrai d’y être prête.
    Après l’enchantement rafraîchissant de « Mission Hygge », j’ai besoin de relire Virginie Grimaldi (Le premier jour du reste de ma vie) ou Tatiana de Rosnay.

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  16. Marjorie a dit…

    J’hésitais, de peur de me confronter à cette souffrance, justement. Mais tu m’as convaincue, Caroline ! Direct sur ma liste !

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  17. Karine G-s a dit…

    Merci pour ce billet ciselé comme souvent.
    J’ai lu des articles sur ce livre/témoignage/récit, ça m’a à la fois donné envie de le lire et fait peur, je ne sais pas si j’aurai le courage de le lire.

    Je pense que cela participe de son processus thérapeutique de deuil et de passage à l’après. C’est une bonne chose qu’il puisse non seulement poser tout cela sur le papier mais le publier et par-là même rendre publique cette expérience atroce. Écrire doit aider incontestablement, surtout quand on est un communicant et un homme de plume.

    C’est banal à dire mais quand on vit un tel trauma (quel qu’il soit, ça peut aussi être une grave maladie qui vous tombe dessus) (pour mon cas) il y a d’abord le choc reçu de plein fouet mais surtout l’après.
    L’après au long cours je veux dire.
    Quand l’émotion s’éloigne, que les amis, la famille, les proches et moins proches « passent plus ou moins à autre chose ». Les très proches non, mais tout l’entourage ne peut pas être sur le pont 100 % du temps pour épauler, soutenir, écouter, aider alors que pour la personne, ce sont les premiers jours puis les jours suivants du reste d’une vie qui ne sera plus jamais pareille. Quand il faudra composer avec les séquelles, psychiques, physiques, le handicap, le mental, les peurs, tout cet indicible après dont bien souvent, pas grand monde n’a conscience.

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    • Anna Chiarra a dit…

      C’est très bien dit Karine et d’ailleurs cette capacité à rester à l’écoute et à soutenir, même longtemps après, a été pour moi un critère de « tri » (plus ou moins volontaire et conscient) dans mes proches… Car beaucoup aimeraient nous voir « passer à autre chose »…

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      • Karine G-s a dit…

        Effectivement Anna Chiarra, et parfois « passer à autre chose », c’est juste pas possible. Parce que tout simplement, plus rien n’est pareil et pour toujours. Par toujours facile à comprendre pour autrui…
        Plein de courage à toi

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    • O. a dit…

      Karine, <3
      Pour ma part, ce "passage à autre chose", je le demande à mon entourage, à mes collègues les plus proches, pour m'aider à ne pas trop ressasser la douleur, pour essayer de me reconnecter à la dynamique du vivant plutôt qu'à ce qui est mort. Pour tenter de s'extirper de l'inconsolable et tenter de faire advenir l'inconsolée…
      http://www.telerama.fr/idees/l-homme-un-etre-a-consoler-sans-moderation,131957.php
      C'est sans doute un long chemin…

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      • Melisse a dit…

        Courage Karine … même entourée, aimée… ces moments de la vie où l’on découvre que tout au fond on est seul (l’altérité tout ça).
        J’avais trouvé cela difficile et puis… une force supplémentaire et puis… les vrais proches sont pas très loin et des fois ils n’osent pas, ne savent que faire/dire… quand tu pourras et en auras envie : tu sauras le leur dire.
        Force, ondes positives et tout ça

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        • Karine G-s a dit…

          Merci Melisse,
          J’aurais du préciser dans mon premier commentaire qui pourrait laisser penser que c’est tout récent (parce que je parlais de Philippe Lançon qui est dans l’après-récent), pour ma part, ça fait bientôt 15 ans que je suis dans l’après et ça va, je gère.
          Je suis passée par une dépression, un burn out et un divorce cela dit pour passer vraiment dans l’après. 🙂
          MAIS ça va maintenant.
          Pour autant on ne passe jamais totalement à autre chose, c’est aussi ça que l’entourage ne comprend pas toujours, puisque la vie est changée pour toujours. Par exemple ça impacte aussi potentiellement mes enfants (on est en plein tests d’oncogénétique pour ma fille, après avoir fait ceux de son frère aîné il y a 3 ans, et ses deux plus jeunes frères suivront en temps et heures d’ici quelques années).
          Bref, le cancer, surtout génétique ça impacte beaucoup « l’après » et pour tout le monde en fait. Impossible de « passer à autre chose », du coup ! 🙂

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      • Karine G-s a dit…

        Oui c’est un long chemin, je te souhaite de réussir à te reconnecter à la dynamique du vivant. La Vie n’est que mouvement, et si on s’arrête bloqué sur *le* moment du choc, ou bien sur *l’avant*, et bien on meurt un peu et on ne peut pas continuer à avancer sur son chemin de vie.
        C’est un processus de deuil que de revenir vers le Vivant en fait.
        Courage à toi O.

        Répondre
      • Karine G-s a dit…

        Oui c’est un long chemin, je te souhaite de réussir à te reconnecter à la dynamique du vivant. La Vie n’est que mouvement, et si on s’arrête bloqué sur *le* moment du choc, ou bien sur *l’avant*, et bien on meurt un peu et on ne peut pas continuer à avancer sur son chemin de vie.
        C’est un processus de deuil que de revenir vers le Vivant en fait.
        Courage à toi O.

        Répondre
    • Smouik a dit…

      Oui, c’est très juste ce que tu dis. En fait, c’est un chemin tellement personnel. Chacun fait comme il peut et puise ses ressources en fonction de ce qu’il est, que ce soit dans ce qu’il aimait déjà ou dans de nouvelles directions… Pas un cas qui ressemblera à l’autre, l’important c’est de suivre SON chemin… Courage !

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  18. Kro a dit…

    Lu il y a déjà quelques semaines.
    Il décrit tout cela avec beaucoup de clarté, ne tombant jamais dans la pathos ou dans la haine.
    Il y a aussi bcp de pudeur et d’humanité fans ce livre.

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  19. Carole Nipette a dit…

    je le lirai mais pas tout de suite, j’en ai entendu que du bien comme tout ce que tu racontes… j’ai du mal à ma remettre de ma toute dernière lecture « la petite fille sur la banquise » d’Adélaïde Bon, dans le genre claque il fait son effet… l’as tu lu ?

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  20. Juliette a dit…

    Un des plus beaux livres que j’aie lu. Ni larmoyant ni plaintif. Juste poignant. D’une écriture d’écrivain, avec l’amour des arts.

    Répondre
  21. Sofinet lov Guisane a dit…

    Je le lirai, c’est certain. Tout comme j’ai lu avec passion « Vous n’aurez pas ma haine » et « Nos 14 novembre ». J’ai été prise au tripes par ces deux livres lus chacun d’une traite, pour des raisons différentes.
    Pour l’heure je suis plutôt dans l’état d’esprit de lire mission Hygge qu’il me faut toujours me procurer…
    Besoin de lecture doudou…

    Répondre
    • Sofinet lov Guisane a dit…

      Me vient une autre idée pour ton livre… Je doute fort que ta tournée de dédicaces ne te mène jusqu’à moi à Tours. Mais je pressens qu’une signature sur Lyon se présentera avant, avec ma meilleure amie comme émissaire d’une dédicace personnalisée à mon intention.
      Ça se tente…

      Répondre
        • Sofinet lov Guisane a dit…

          Ah bah je vite Pour, évidemment… il faut que l’on monte une team Tours tout comme elle a déjà sa team Lille et sa team Lyon !!! Mobilisons nous

          Répondre
          • Melisse a dit…

            Bah … FNAC ou Boîte à livres ?
            Tu connais des libraires ? Ou tu connais des gens qui connaissent ?
            Caro : t’inquiète pas pour le grignotage et les bulles = tu passeras commande et on trouvera…
            Et c’est 1h de TGV de Montparnasse (autant dire que Paris est dans la banlieue de Tours, pour bien situer … )

          • Sofinet lov Guisane a dit…

            A choisir je serais plutôt Boîte à livres que FNAC…, mais je n’y connais personne. Par contre, mon lieu de perdition soit plutôt Cultura à Chambray…
            Il faudrait solliciter Marje que je crois Tourangelle. La lecture de ses chroniques me laisse à penser qu’elle a forcément des relations dans le milieu pour faire venir « notre Caro » à Tours 😉

  22. mardep (vuesdasie) a dit…

    Merci Caroline pour cette critique. J’avais prévu de le lire, je suis maintenant convaincue que je dois le lire…
    bonne journée !

    Répondre
  23. Soa a dit…

    Oui, une claque ! Pas d’autres mots pour le qualifier ! Comme pour toi, ce livre restera à jamais quelque part en moi, pour me souvenir que quelqu’un quelque part a vécu l’innommable et en est revenu.

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