Catégorie : La ronde et les enfants

Pétage de plombs

Alors je vais te dire, j'avais un super billet en tête hier. Terrible. Un récit plein d'émotion, d'action et même de sexe.

Et puis voilà, il y a des jours où ce n'est pas UN problème qui te
tombe dessus, pas DEUX problèmes, pas même TROIS mais tellement que
même plus tu comptes. Et forcément, une des conséquence c'est ça: un
post tout pourri aujourd'hui.

Attends, en même temps c'est pas
juste comme si j'avais été blacklistée à la sauterie blogs de filles de
Séphotruc ou autre Galeries Lafouillette. Ni comme si j'avais échoué
dans ma tentative de trouver un jean neige rapport que tout le monde le
dit, l'hiver 2008 c'est trèèèèèèèèèèès neige. Attention, tendance.

Bref, hier mes problèmes, c'était de la bombe.

Ecoute moi ça…
Tout a commencé aux alentours de minuit avec tous les plombs qui ont disjoncté. Sachant que l'homme sait tout juste la différence entre un fusible et une courgette, j'ai tout de suite su qu'on était fichus.

Ok, la courgette c'est avec les concombres qu'il les confond. Il n'empêche que les fusibles aussi il les confond avec tout un tas de trucs mais là tout de suite je ne trouve pas LA comparaison qui pourrait te faire marrer. Alors que le coup de la courgette, chais pas, ça marche, non ?

Non, tu dis ? Ah. En même temps je te merde un peu, là, tu vois, on est pas Florence Foresti, non plus.

Donc les plombs ont sauté et l'homme a tenté d'identifier le problème en ouvrant le placard à fusibles et en examinant les choses à la lueur intermittente de son portable, seule source lumineuse de l'appartement.

Si tu crois que chez nous y'a une lampe de poche, voire des bougies en cas de dysfonctionnements de la sorte, tu te colle le doigt dans le nez jusqu'au coude. Nous les imprévus, on préfère penser que ça n'arrive qu'aux autres. Et la plupart du temps on a raison. Sauf quand ça nous arrive à nous, en fait.

Au final, pas de surprise, il n'a pas du tout trouvé de solution, mis à part arrêter toutes les machines en cours – beh oui on a le forfait jour/nuit, nous, on est pas François Pinault – ce qui a instantanément fait revenir l'électricité.

Tu te dis que je fais beaucoup d'histoires pour pas grand chose, que dix minutes dans le noir ce n'est pas la mort ? 

Ouais.

En même temps ce n'est pas toi qui le lendemain a failli te noyer électrocutée dans ta cuisine rapport que le lave vaiselle avait  moyennement bien encaissé le coup du programme arrêté en cours. A moins que ce ne soit la fuite qui ait provoqué le pétage de plombs (pas le mien, chérie, celui du disjoncteur, suis un peu, merci).

Quoi qu'il en soit, a chaque fois que j'ai essayé de le faire repartir ça a été le black out total.

Donc pour résumer parce que je sens bien que je m'éternise, on n'a plus de lave-vaisselle.

Tu me diras ce n'est pas comme si on était cinq, dont trois enfants.

Ensuite, number three a décidé ce que jour là, elle inaugurerait un nouveau ryhtme. Les cinq huit. Voir les douze huit. A moins qu'elle n'ait voulu démarrer l'entrainement pour la Route du rhum en dormant trois minutes toutes les heures.

Tu sais quoi ?

Elle est prête.

D'ailleurs demain je l'expédie en chronopost à Saint Malo, Florence Arthaud.

Sur ce, vers 15h, alors qu'Helmut venait de commencer son dernier quart et que j'entrevoyais la possibilité de peut-être éventuellement aller vider ma vessie – s'occuper d'un nouveau né est un aller simple vers la systite, sache le -, coup de fil de l'école.

Après avoir fait mon infarctus – attends, ose me dire que ton coeur ne part pas directement dans tes talons quand tu décroches ton téléphone et que tu entends "oui, bonjour, ici le directeur de l'école de vos enfants" – j'ai finalement été rassurée, grande chérie avait "juste cassé son appareil dentaire en nageant à la piscine".

Tu m'expliques comment on pète un truc collé à la glu sur les molaires du fond et qui soit dit en passant coute la peau du cul en nageant la brasse ?

Non, tu m'expliques pas. A tous les coups elle a bouffé un malabar, CONTRE l'AVIS DE LA DENTISTE pourtant du genre qui fait peur.

Sur le coup, cela dit, j'ai été tellement soulagée que poupette ne se soit pas morte noyée, voire pire, que j'ai claironné que ce n'était pas bien grave et qu'on règlerait le problème mercredi, merci monsieur de m'avoir prévenue, à tout à l'heure à la sortie.

Tu penses bien que ce n'était pas si simple, vu que quand le directeur il t'appelle c'est rarement anodin, tu vois ?

En l'occurence, poupette n'avait pas cassé TOTALEMENT l'appareil, c'eut été trop easy. Et aurait en effet permis que nous attendassions mercredi.

Parce que bien évidemment, rester deux jours avec une barre en fer pendouillant lamentablement au beau milieu de la bouche tout en restant solidement attachée à l'une de ses extrémités au risque d'empaler le palais de chouchoute à chaque déglutition… Non. 

Bref, me voilà partie en courant à l'école, une helmut sous le bras moyennement ravie d'être interrompue dans son entrainement "spécial transat en solitaire".

Puis, une fois miss dents de la mer récupérée, direction le dentiste.

Cette dernière nous accusant moi et ma progéniture de nous être gavées de chewing gum et autres "choses collantes".

Alors là, je m'insurge, que j'y ai dit, pas de ça chez nous.

Helmut peut-être, mais pas poupette.

"On ne casse pas un appareil en nageant la brasse", a aboyé l'orthodontiste de moins en moins avenante.

Je te jure, y'en a qui tout de suite ont des jugements super hâtifs. Alors que c'est évident que la brasse ça mobilise à fond la machoire.

La je peux te dire, j'ai eu envie de lui coller sa fraise où je pense, à la nazie en blouse blanche. D'autant que le menton de grande chérie commençait à trembler dangereusement.

Et puis je me suis rappelée qu'elle seule dans la pièce était capable de réparer les barbelés.

A moins qu'Helmut ?

Non, soyons réaliste, ce n'est pas encore dans ses cordes. Bien que très éveillée, il va sans dire.

Donc j'ai rongé mon frein, serré fort la main de poupette et laissé la cerbère faire son boulot. Laquelle nous a foutues dehors après nous avoir formellement interdit tout aliment difficile à macher.

Tout est bien qui finit bien, hein ?

Ben non, ma crotte.

Quand on est rentrées, Helmut a fait une sorte de fausse route et m'a vomi dessus tout en devenant violette et en faisant des bruits proches du cochon qu'on égorge.

Au moment où j'allais appeler le samu – écoute, j'ai déjà fait le 15 pour une histoire de caca bicolore, je te le rappelle, donc je ne suis plus à ça près, crois-moi – Helmut a finalement fait un rot tonitruant et s'est endormie comme si de rien.

Je m'apprêtais donc à retenter un pipi – si tu m'as suivie j'avais été auparavant interrompue à l'instant T – quand miss Ultrabrite s'est mise à hurler. Elle venait de recasser son appareil… en avalant sa salive.

Faut dire que c'est dûr à macher la salive, hein.

Cette fois là, ça n'a pas fait un pli.

J'ai tiré bien fort de l'autre côté et fait sauter ce qui restait accroché.

Ensuite je suis allée pisser.

Au final – oui, rassure-toi, c'est fini -, donc, va falloir racheter un lave vaisselle, faire venir un électricien au cas où le problème viendrait de la fuite et un plombier pour vérifier que l'inondation en question ne cache pas un sérieux souci de canalisations.

Il faut par ailleurs trouver un autre dentiste parce que ma fille et moi on a très peur de retourner voir madame dragon. 

A moins qu'on envoie Helmut lui régler son compte, remarque…

Edit: Sur la photo, c'est l'appareil AVANT pétage de plombs.

La vie à cinq

Un mois. Un mois et quatre jours plus exactement.

L'heure d'un premier bilan.

Je
te rassure de suite, la nullipare de passage allergique aux histoires
de couches, je ne ferai pas non plus tous les mois des billets pour te
parler du fruit de mes entrailles. Ou peut-être que si, va savoir…

Allez,
pour ceusses que ça intéresse, voici quelques enseignements de ces 35
jours dans la peau d'une mère de famille nombreuse (spécial dédicace à
ClaireMM)…

– L'animal pèse désormais 4 kilos 400 et mesure 56 cm. 900 grammes et 6 centimètres en un mois. Une courbe de croissance qui ferait pâlir n'importe quel patron du CAC 40.

– Les cheveux, loin de tomber, poussent toujours à la verticale sur le dessus de la tête. Sur les tempes en revanche ça se dégarnit très nettement. Dans le cou, non.  Desireless n'est pas morte, Jeanne Mas non plus. Encore quelques mois et elle mettra des pantalons carotte.

– On recense deux A-Heu prononcés à son papa. Un honneur qui compense selon lui les cacas systématiquement largués sur la table à langer à l'instant même où la douce enfant se retrouve cul-nu. Sachant qu'un caca de bébé allaité a la consistance – et la couleur – de la moutarde à l'ancienne. Et que compte-tenu de l'exceptionnelle tonicité des sphincters de poupette, l'homme doit en général non seulement changer intégralement son petit trésor mais aussi son tee-shirt.

– En même temps, moi elle m'a fait le coup sur la balance du médecin avec pipi en prime histoire de diluer le tout. Très sympa, de nettoyer les tiroirs du meuble sur lequel tout cela a gentiment dégouliné sous l'oeil atterré de la jeune remplaçante de mon médecin de famille. Alors bon. Egalité. Et même pas un putain de A-Heu pour faire passer la pilule.

– Les deux grands, qui semblent avoir pris dix ans en un mois et dont les mains et les pieds sont à proprement parler gigantesques – je m'attends à voir de la barbe pousser sur le menton de mon fils d'un jour à l'autre – sont littéralement sous le charme et passent un temps considérable à bercer leur petite soeur tout en chantant – faux – tout un tas de chansons douces. Parfois c'est aussi "Parle à ma main". Et ça marche très bien.

– Ma fille ainée ne montre aucun signe de jalousie. En revanche elle explique à qui veut l'entendre – à son frère, mais aussi à ses copines qui le répètent ensuite à leur mère qui elles même le disent à leur copines, etc etc etc – que "sa maman ne l'aime plus comme avant mais que c'est normal". Elle claque aussi fréquemment la porte et lève les yeux au ciel dès que je parle. Bref, elle prend très bien la chose.

– On déplore la disparition de notre vie sexuelle. On pense publier un avis de recherche mais sans grand espoir de la retrouver. Elle s'est probablement réfugiée dans une maison sans coussinets d'allaitement, régurgitations, coliques du nourrisson, tétées nocturnes, sacs à couches et autres crèmes pour les fesses qui puent la morue.

– Je mets toujours mes culottes de grossesse. Ceci pouvant également expliquer cela. Ou l'inverse.

– La maison est sens dessus dessous, sauf le jour du passage de la femme de ménage. Ou plutôt sauf les deux heures qui suivent son passage. Picard est en train de voir son chiffre d'affaires exploser en même temps que celui du thai d'à côté. Les enfants se lavent quand ça leur chante et n'ont subi aucune inspection du cuir chevelu depuis cinq semaines ce qui signifie donc qu'ils sont probablement en train d'infester tout le quartier chinois.

– Je n'enfile à ce jour au prix d'efforts titanesques qu'un seul jean acheté par erreur chez Gap l'année dernière deux tailles au dessus de la mienne. Un coup de génie qui m'a probablement permis d'éviter la dépression post-natale.

– Le reste du temps, quand le jean est sale, je remercie l'inventeur du legging.

– Quand elle se réveille le matin, Rose porte extrèmement mal son prénom. Pourtant, il suffit qu'elle ouvre ses yeux en amandes et pose sur nous son regard d'une douceur infinie pour qu'au fond de mon ventre je les retrouve. Les vagues. Alors il ne subsiste qu'une sensation de plénitude et tout le reste n'a plus d'importance…

Est-ce que j’ai une gueule de protège cahier ?

Alors a y'est, c'est la rentrée.

En ce qui me concerne, je
vis ça hyper bien maintenant. Même plus je pleure quand  la grande
porte de l'école se ferme. Ou alors juste une larme.

Ou deux.

En revanche, ce que je gère moins bien c'est l'après-midi du lendemain.

Je veux parler du commando "fournitures".

Ou comment prendre un aller simple pour la camisole.

Dites, mesdames et monsieurs de l'éducation nationale, y'a une raison particulière pour que LA liste, on ne la reçoive pas au mois de juin histoire qu'on ait genre deux mois pour s'en occuper mais le 2 septembre avec ordre de ramener tout le matos dans les 24 heures sous peine des pires sévices ?

Non, je veux dire, c'est une sorte de bizutage parental ? On a fait quelque chose qui vous a comme qui dirait légèrement heurtés ? Parce que perso, je suis prête à m'excuser pour tous mes congénères si ça peut faire évoluer les choses, hein.

Quoi qu'il en soit, hier, comme chaque année, j'ai risqué ma vie et celle de mes enfants en me rendant à l'hyper d'à côté pour tenter de dénicher tubes de colle, crayons pour ardoise, équerres en métal et autres trésors qu'une fois par an des centaines de milliers de mamans s'arrachent dans un bain de sang et de violence qui ne trouve son équivalent que lors du premier jour des soldes chez H&M et encore.

Tu trouves que j'exagère ?

C'est parce que t'y étais pas, au Géant Casino, hier.

Fallait les voir les mères échevelées, tenant à bout de bras la liste à moitié déchirée, répétant comme des damnées "protège cahier petit format, protège cahier petit format, protège cahier petit format".

Ok, ça c'était moi.

D'autant que cette année, y'avait une difficulté supplémentaire. C'est qu'il fallait en trouver des violets, des protège cahier.

Non mais pourquoi pas taupe, tant qu'on y est ?

Tu vois pas que l'année prochaine faudra des classeurs tangerine ? 

Autant te dire en plus que quand j'ai fait mine d'opter pour un bleu indigo, ma fille à peine stressée par sa rentrée et pas du genre à se/me mettre la pression est entrée en catalepsie avancée. Je n'ai réussi à la calmer qu'en lui faisant inhaler du tipex et en lui promettant que j'irais les dénicher avec les dents s'il fallait mais qu'on les trouverait, ses protèges-cahier violet petit format.

Je passe sur le compas introuvable, les bâtons de colle achetés par paquets de douze – je pense que mon fils les mange ou est à la tête d'un trafic international et illicite d'UHU -, les intercalaires format 21 x 29,7 que je cherche toujours ou le double décimètre "rigiiiiide, maman, faut qu'elle soit rigiiiiide la règle, sinon la maitresse, elle me tuuuuuuuuuuuuue". En même temps si c'est pas elle qui le fait, ça risque d'être moi, mon coeur.

Tout ça avec donc une fille que je projette de mettre sous xanax dès ce soir et un fils manifestement adepte de la décroissance, trainant dans les rayons du pas le plus lent possible, en m'assurant que non non non, il n'avait besoin de rien, rapport qu'il a gardé toutes ses affaires de l'année dernière. A part la colle, donc.

Qu'il doit sniffer, en fait.

Cela dit, lui au moins ne courrait pas comme un possédé dans le magasin. ça non. 

Il est plutôt du genre dans ces moments là à t'assaillir de questions fondamentales. Du style: "mais, dis-moi,maman, qui a inventé le compas ?" alors même que tu tentes de mettre KO une garce qui vient de prendre sous ton nez le dernier crayon HB12 de tout le 13ème arrondissement tout en protégeant des coups ton nouveau-nez que tu portes en kangourou.

Là, je crois que j'ai perdu mon calme, je dois bien le reconnaitre.

Bon, en même temps, moi, j'avais ma carte bleue.

Pas comme celle devant moi à la caisse qui s'est rendu compte après deux heures de queue que ben non, son portefeuille, il n'était pas dans son sac rapport qu'elle l'avait oublié chez elle.

Là, très franchement, je ne suis pas sûre qu'on la récupère un jour celle là.

Tombée pour l'école. C'est moche.

Edit: Comme je vous le disais, aujourd'hui je suis rédac chef chez les
Ladies à l'occasion d'une journée spéciale rentrée scolaire. Je
remercie toutes celles qui suite à mon appel à contributions m'ont
envoyé un texte. Je veux parler de Dom, de la Bureautière, de Sophie,
de Serendipity et toutes les autres que j'oublie…

Je n'ai pas pu prendre tous vos textes et je le
regrette parce qu'ils m'ont tous touchée, émue ou fait rire. Un merci aussi
tout particulier à ma mamie, Rose-Marie – et oui, Rose ne vient pas de
nulle part – qui m'a fait ce cadeau d'en rédigerun aussi. Vous pouvez
aller lire tout ça là bas, sur LadiesRoom.

 

Engorgement, coquillages et crustacés…

Alors voilà, c'est la rentrée. Enfin, celle de l'homme et des
enfants, parce que moi j'ai encore quelques semaines de sursis, vive le
troisième enfant qui te donne droit non seulement à un rab de congé mat
mais aussi à DEUX demi-parts aux impôts, une rallonge aux allocs, la
carte famille nombreuse – dans ta face la SNCF – ET la carte Paris
Famille qu'avec tu payes plus à la pistoche.

Sérieux, qu'est-ce que vous attendez pour procréer, hein ?

Bon, en même temps, faut pas se voiler la face, y'a quelques inconvénients. Genre que prendre un taxi te coûte la bagatelle de 25 euros même pour faire douze mètres, rapport au déménagement qu'occasionne le moindre déplacement et au supplément 5ème personne à l'avant. Ou encore, au resto on te colle systématiquement au fond vers les chiottes, là où tu peux loger ta poussette et où tu ne risqueras pas d'incommoder l'aimable clientèle (dont tu faisais partie y'a peu, faut le reconnaitre).

Oui, je veux dire par là qu'avec trois marmots dans un lieu public, t'es plus aimable. En tous cas pas pour les autres, sorry. 

Je passe sur les matinées qui te semblent durer deux jours, vu qu'à 8h t'es habillée, ton nouveau-né lavé et nourri et que tu réalises qu'il va falloir trouver des activités pendant les quatre heures qui viennent avant qu'il soit midi. Sachant qu'à trois semaines un bébé voit à peine les silhouettes et encore et parvient une fois sur cent à mettre son pouce dans sa bouche. Après il dort, vu la dépense énergétique qu'un tel effort a demandé. Visualise donc un peu la nature des activités. Le délire.

Enfin au moins, quand tu donnes la vie, tu découvres que les week-end aussi y'a un matin et ça c'est un truc de fou.

Je t'entends, toi, là bas. Tu te dis que tout de même, j'en avais déjà deux et que donc je ne suis pas née du dernier crachin parisien. Et qu'en gros je devais bien m'y attendre à être debout dès potron minou. Ben non. Et en même temps, si.

D'abord ça fait huit ans, alors permets-moi de te dire que ça date. Ensuite, j'ai engendré deux graines de patachons qui depuis l'âge de trois ans font la grasse. Et comme je te rappelle que je suis une sacrée mère indigne, j'ai pris l'habitude assez rapidement de roupiller les samedi et dimanche pendant que mes rejetons vivent leur vie. Même que parfois je fais des tas d'autres choses dans mon plumard.

Alors t'imagines pas comme ça me fait bizarre de devoir mettre à nouveau un pied par terre avant dix heures.

Voilà, à part ça les vacances se sont bien passées, miss Pink a trouvé sa place dans la famille, place qui se situe soit sur l'avant-bras droit de son père, soit sur mon sein gauche – tu vois pas qu'elle va finir par voter Bayrou en plus de me niquer mes matinées ? – et s'est tenue comme une femme du monde dans le TGV (= a beaucoup fait caca mais n'a pas pleuré, bruit ou odeur, faut choisir, au moins l'odeur tu peux toujours faire comme si ça ne venait pas de ton couffin).

Sinon, je me trouve hyper zen, je vis ma nouvelle maternité finger in the noze, avec une maitrise de moi même et de mes angoisses qui te ferait palir. Genre en dix jours, j'ai seulement téléphoné deux fois au Samu. En plus la deuxième c'était juste pour connaitre les coordonnées du médecin de garde au cas où, rapport que tout de même je trouvais que mon bébé dormait beaucoup. La première, excuse moi mais elle avait régurgité. Alors bon.

Ah, il est loin le temps où je dérangeais paniquée la pédiatre sur son portable un premier mai après avoir découvert dans la couche de mon fils une crotte bicolore…

Verte et jaune. C'est pas effrayant ça quand même ?

Mieux, j'ai eu un début d'engorgement du sein gauche – oui, celui là même – et même si bien évidemment je suis allée voir un médecin un dimanche soir à 40 bornes de mon lieu de villégiature, j'ai finalement décidé de ne pas prendre la batterie d'antibiotiques qu'il m'avait prescrit, préférant avoir recours aux bonnes vieilles méthodes de grand-mère pour remédier à un tel problème.

Je sens que t'es curieuse, là, hein ? Mais de quelles méthodes de grand-mère parle-t-elle donc, que tu te demandasses, n'est-ce passe ?

Ben un engorgement, c'est comme un bouchon, tu vois ?

En l'occurence, merci la mer à 18° dans le golfe du Lion. La froideur, ça a comme qui dirait congelé un des canaux lactifères de mon nichon dis-donc.

Bref, je vais pas te faire un dessin, pour que ton sein il ne se mette pas à être aussi congestionné que Jean-Pierre Castaldi, faut le vider. Et comment que tu fais quand t'as pas de tire-lait et qu'on est dimanche soir en août dans un endroit plein de boites de nuits mais fort dépourvu en pharmacies ?

Et bien je te le donne en mille: tu utilises les forces vives en remerciant le ciel qu'elles n'aient pas encore été envoyées se battre à Islamabad.

Et ensuite tu supportes tant bien que mal l'air victorieux et fier de lui de la force vive en question qui se vante un peu partout d'avoir vaincu l'engorgement tout seul comme un grand. 

Les enfants sont formidables

Hier soir, alors que je mangeais tranquillement sans rien demander à
personne ma glace smoothie banane fraise de chez picard qu'en plus y'a
85% de fruits dedans et que donc je me demande si vraiment c'est
correct d'appeler ça une glace, mon fils, chair de ma chair, me demande
de son air candide:

"Et… comment ça se passe, maman, dès que le bébé est sorti tu reprends ta taille normale ?"

Sous le choc, j'ai craché un morceau de ma compote glacée.

Ensuite, j'ai rassemblé ce qui me reste de sang froid pour ne pas pleurer instantanément et j'ai invoqué la mère parfaite qui sommeille en moi – comme une bûche, elle sommeille, celle là – pour lui répondre le plus naturellement possible. Ben oui, s'agirait pas de l'induire en erreur sur la nature hystérique de la femme.

Bref, j'ai expliqué que… non. Non on ne reprend pas sa taille normale en deux minutes, pas même en deux semaines et d'ailleurs parfois, jamais. Mais c'est pas grave parce que ce qui compte c'est tout l'amour qu'on porte à son enfant et que de toutes façons, le plus important c'est la beauté intérieure. Mais au final, bien sûr, sa maman finira par perdre son aspect de montgolfière, suffira juste d'être patient.

Et au passage, tant qu'à faire passer un message de paix et d'amour, mieux vaudrait qu'au retour de la maternité de sa mère, il évite de faire remarquer qu'en effet, tout n'est pas revenu à sa place. Même si c'est vrai et qu'il ne voit pas ce qu'il y a de méchant. Parce que voilà, même si sa maman SAIT que le plus important c'est la beauté intérieure, elle risque d'être un peu sensible à ce moment là de sa vie. Et que du coup, même, elle pourrait s'énerver. Et aussi pleurer.

Elle continuerait à l'aimer, bien sûr. Mais bon, mieux vaut ne pas tenter l'affaire, quoi.

Assez surpris qu'une question aussi anodine ait eu pour conséquence un discours aussi long que chiant, mon fils m'a regardé blasé – en fait je crois que pour ce qui est de l'hystérie féminine c'est cuit – et lancé que bon, "c'était juste pour savoir".

Et bien maintenant tu sais.

Mon amour.

Edit: Bien sûr, tout ça ne vaut pas pour cette salope d'Angelina qui a sûrement tout perdu des 4 kilos pris pour ses jumeaux qu'elle a visiblement portés dans les seins ou pour Nicole Kidman qui a probablement accouché d'une fashion polly à en croire les photos prises deux semaines après son accouchement. Merci les filles. Sympa la solidarité.

 

Un bébé toute(s) seule(s)

Il y a deux jours, il a été question ici de l'homoparentalité, des différentes façons de faire un enfant quand on est gay, des réserves de certains sur les dons de sperme anonymes, de la difficulté des démarches, etc. Parmi les commentaires, il y a eu celui d'Angeloine qui me semblait vraiment intéressant. Alors je lui ai proposé de développer un peu son propos et de nous raconter l'histoire de sa fille. Elle l'a fait avec une grande honnêteté, sans faux-semblants, sans pathos, sans langue de bois.

Alors voilà, je vous livre ce témoignage ici, et ça tombe bien parce que c'est la gay pride et que je ne pourrai pas y aller, trop enceinte, pour le coup. Ce sera ma petite contribution. Merci, si vous commentez et que vous n'êtes pas d'accord avec tout ce que raconte Angeloine de rester correct(e) et de ne pas oublier que derrière un pseudo, il y a une vraie personne, un vrai couple et un vrai bébé…

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Bon, j’avais dit que je prendrais le temps d’expliquer les
raisons qui nous on fait choisir une insémination artificielle avec donneur
anonyme, alors voilà, vous allez tout savoir ! 

Pour moi, il a toujours été clair que j’aurais des enfants
un jour, c’est tout ce que j’ai toujours désiré. Chacun ses ambitions :
certains rêvent d’être riche ou célèbres, moi mon but dans la vie a toujours
été de vivre heureuse avec une personne que j’aimerais et qui m’aimerait en
retour, et nos enfants. 

Il y a déjà 9 ans, j’ai rencontré la personne de mes rêves,
et c’était une femme. Elle aussi voulait des enfants un jour, ça tombait bien.

Au fil des années, le désir de fonder une famille s’est fait
de plus en plus présent, surtout pour moi ; ma compagne le souhaitait
aussi, mais elle avait peur. Peur du regard des gens, de leur mesquinerie
parfois, peur que notre amour ne soit pas suffisant pour en protéger nos
enfants.

Bref, au bout de quelques années on a décidé qu’être
parents, ce n’était jamais fait de certitudes, et qu’on aurait beau faire de
notre mieux, on ne pourrait jamais protéger nos enfants de tout. Donc on a
décidé de se lancer. 

Bon, certes, on aurait préféré pouvoir fabriquer nos enfants
sous la couette, c’est sur que c’est nettement plus fun !

Mais comme de toute évidence ce n’était pas une option, il a
bien fallu qu’on cherche un autre moyen ! 

Au départ, je souhaitais une coparentalité, parce que
j’avais peur moi aussi que notre enfant soit malheureux s’il n’avait pas de père.
Seulement voilà, il n’y avait personne dans notre entourage avec qui nous
aurions pu fonder cette famille atypique.

Qu’a cela ne tienne, j’ai cherché des annonces !

Apres une rencontre désastreuse avec un père potentiel, nous
avons beaucoup, beaucoup parlé toutes les deux.

Apres réflexion, chercher un père pour notre enfant par
petites annonces, comme si on cherchait une voiture d’occasion, ça nous a
semblé plutôt sordide, froid, artificiel…

Pour nous, une coparentalité devait reposer sur une profonde
amitié, et il nous semblait que même avec la meilleure volonté de la part de
chacun, si on se rencontrait dans le but de faire un enfant, ça faussait tout…

Ceci dit, je sais que pour certains ça marche très bien,
mais pour nous c’était inconcevable. 

Elever un enfant à deux, ce n’est déjà pas toujours évident,
on n’est pas toujours d’accord sur tout, mais on fait des compromis, parce
qu’on s’aime. Elever un enfant à 3 ou 4, c’est encore bien plus compliqué, ça
multiplie les risques de désaccords, et pour moi, si on ne se connaît pas
parfaitement, et si on ne partage pas une vraie amitié, c’est ingérable…

Se rajoutait à cela la question de la place de ma compagne.

Nous souhaitions être toutes deux les parents de cet enfant,
or en coparentalité, seuls les parents biologiques auraient été parents, et les
compagnons respectifs n’auraient été que des beaux-parents (et même si par
miracle la loi Française évoluait et reconnaissait nos familles, dans ce cas de
figure ma femme n’aurait jamais la possibilité d’être reconnue comme un parent
à part entière), et ce n’était pas du tout ce que nous désirions. 

Nous aurions pu alors choisir de faire appel à un donneur
connu, et faire des inséminations artisanales. Peut être l’aurions nous fait si
nous avions eu un ami prêt à nous faire ce cadeau. Ou peut être pas. De toute
façon, la question ne se posait pas.

La encore, nous aurions pu chercher un donneur par petites
annonces, mais pour les mêmes raisons, nous ne le voulions pas.

Et puis un donneur connu pourquoi pas, mais connu à quel
point ?

Est-ce que notre enfant pourrait le rencontrer ? Si
oui, alors il fallait pouvoir lui faire totalement confiance, c’était la même
chose que pour une co-parentalité.

Et si au contraire il ne souhaitait pas connaître notre
enfant, alors pourquoi aurions-nous, nous le droit de le connaître?

Que dirions nous à notre enfant à son sujet ? On sait
qui c’est, mais lui ne veut pas te connaître, donc on ne te dira rien ?

Ca nous semblait tellement injuste !

Et même en laissant cette question de coté, pouvions nous
accorder une telle confiance à un inconnu ?

Et si pour une raison ou une autre, il décidait un beau jour
que tiens, finalement, il voulait revendiquer son rôle de père ? Demander
la garde de notre enfant ?

 

Restait la possibilité de l’adoption, mais pour moi il
s’agit d’une démarche totalement différente. Je n’ai rien contre l’adoption, au
contraire (c’est une aventure totalement différente, que j’envisage aussi, mais
plus tard, et pas forcement un bébé), quoi qu’il en soit je souhaitais aussi être
enceinte. C’était plus qu’une envie, presque un besoin, j’en rêvais depuis de années.

 

Restait les inséminations artificielles. Nous aurions pu
aller aux Pays Bas, où à l’age de 16 ans l’enfant peut s’il le souhaite obtenir
des informations sur son donneur.

Nous n’avons pas fait ce choix.

Cela peut sembler égoïste de notre part, mais si nous avons
pris cette décision, c’est parce qu’elle nous semblait plus saine, plus équilibrante
pour l’enfant.

Je m’explique : pour nous, faire miroiter à notre
enfant la possibilité d’avoir un jour des infos, voire peut être l’identité de
son donneur, c’était l’encourager à s’inventer un père (et ceci sans même
savoir ce que sont précisément ces fameuses informations).

Or avec une insémination artificielle, notre enfant n’aura
pas de père ! Un géniteur, oui, évidement, la biologie reste la biologie, mais
pas un père.

Et l’encourager à fantasmer à ce sujet, tout en sachant pertinemment
que même si un jour il pouvait rencontrer son donneur, il ne pourrait pas
attendre de lui la relation qu’un père a avec son enfant, et qu’alors il
souffrirait de voir ses fantasmes déçus, ça ne nous paraissait pas très correct
vis-à-vis de notre enfant.

Pour la même raison, nous étions parfaitement contentes de
ne pas avoir d’informations sur le donneur.

Il a été choisi de façon à s’approcher le plus possible de
nos caractéristiques physiques à toutes les deux (couleur des cheveux, des
yeux, taille, groupe sanguin), et ça nous convient comme ça.

Et puis franchement, on part forcement du principe que le
donneur est un beau gosse intelligent, hein, ça nous refroidirait peut être un
peu si on découvrait qu’en vrai c’est un petit gros un peu beauf avec des
lunettes à triple foyer et un début de calvitie !

Bien sur, nous sommes curieuses, on aimerait bien savoir de
quelle couleur sont ses yeux, ses cheveux, mais au fond, qu’est-ce que ça
apporterait de le savoir ?

Pas grand-chose à mon avis, si ce n’est que ces informations
nous amèneraient à l’imaginer physiquement, puis à lui inventer une
personnalité. Créer de toute pièce un personnage virtuel et finalement lui
donner une place dans notre famille.

Or il n’en a pas. C’est un donneur, pas un père ; cet
homme nous a fait un merveilleux cadeau, mais on ne le connaît pas et on ne le connaîtra
jamais.

Notre famille, c’est nous 3 (et j’espère bien un petit 4eme
un de ces jours)

Notre fille a deux parents bien réels, qui l’aiment plus que
tout au monde, même si une seule d’entre nous lui a transmis ses gènes.

 

Voilà, chacun fait ses propres choix, des choix très très
réfléchis, les choix qui correspondent à sa conception de la famille, et à mon
avis, le seul bon choix c’est celui qu’on assume pleinement et qu’on sera
capable d’expliquer à nos enfants.

Pour nous c’était les IAD.

Jeux interdits

 Hier, en rentrant de l'école, mon fils ma bataille m'avertit sur le chemin qu'il a un secret à me dire. "Bien sûr mon chéri, je t'écoute", lui réponds-je avec ma voix de mère parfaite, attentive et ouverte. "Non, pas maintenant", soupire mon chérubin, avec force coup d'oeils appuyés du côté de sa soeur, manifestement pas invitée dans la confidence. Cette dernière fait mine de ne pas entendre s'appliquant ensuite avec une grande subtilité à suivre mère et frère pas à pas, de la cuisine aux toilettes et des toilettes au salon, bien décidée à ne pas perdre une miette de ce qui s'annonce croustillant.

 

A tel point que je finis par l'envoyer manu militari dans sa chambre le temps que chouchou crache sa valda. Elle s'exécute de mauvaise grace, maugréant que "dans ces cas là faudrait quand même mieux ne pas dire que y'a un secret parce que ça donne trop envie de savoir".

 

 

A ce stade de l'histoire, je me dois d'admettre que les chiens ne font pas des chats et qu'il y a fort à parier que la demoiselle ne soit pas forcément allée dans sa chambre mais soit plutôt restée en embuscade derrière la porte du salon, étant donné qu'elle n'a même pas tenté par la suite de me tirer les vers du nez, cqfd.

 

Bref, une fois le facteur "soeur" évacué, mon fils s'est assis sur le canapé, s'est tortillé cinq minutes puis m'a laché, mi-gêné, mi-fanfaron: "Cet après-midi, à la récré, avec M…, on s'est retrouvés dans le préau et on s'est cachés derrière un panneau. Et on l'a fait. On s'est embrassés sur la bouche".

 

A cet instant, j'avoue, j'ai réprimé une forte envie de prendre ce grand gaillard, de le plier en douze et de le ré-expédier fissa à l'intérieur de moi même histoire qu'il aille tenir compagnie à sa cadette. Ensuite, j'ai plutôt hésité entre le serrer très fort parce que tout de même un premier baiser ce n'est pas rien dans la vie d'un homme fusse-t-il encore trop petit pour certains manèges à Disney, et une autre option, aller chercher cette trainée de même pas huit ans qui avait donc abusé de mon innocent angelot à peine sexué.

 

Au lieu de ça j'ai bredouillé un minable: "C'est… c'est bien mon chéri, je suis très contente pour toi, mais il ne faudrait pas non plus faire ça tout le temps, je ne suis pas sûre que les maitresses…". Mon fils m'a regardé, affligé, probablement très déçu de constater que sa mère, apolitique de gauche en plus, n'était finalement pas très progressiste. Quelque peu exaspéré, et me prenant ostensiblement de haut il m'a assuré que personne ne les avait vus, que je n'avais pas à m'inquiéter et que vraiment, ils s'étaient juste fait un bisou sur la bouche, "pas plus".

 

Je crois que c'est à ce moment là que j'ai justement commencé à m'inquiéter. A cause du "pas plus". A cause de ce que mon visiblement très précoce rejeton mettait dans ce "pas plus". Ou, d'ailleurs, plus probablement, ce que cette dévergondée de M… entendait par "pas plus", rapport que pas plus tard que la veille – ou il y a trois ans, peu importe – mon enfant à moi lisait Tchoupi dans son lit. Et que Tchoupi ne sait pas ce qu'on peut faire de "plus" qu'embrasser sa copine sur la bouche. Voire, il ignore totalement qu'on peut s'embrasser sur la bouche.

 

Inutile de préciser qu'évidemment, je n'ai surtout pas cherché à savoir, trop inquiète à l'idée qu'il me réponde qu'il ne lui avait pas roulé une pelle, quoi. Ou "plus".

 

J'ai donc repris tant bien que mal mon air de mère parfaite et ouverte et demandé, avec une voix la plus assurée possible ce qu'il avait ressenti, s'il n'avait pas été trop embarrassé après, s'ils ne s'étaient pas sentis un peu bêtes, etc etc (je sais, que des choses positives en somme mais je priais en mon fort intérieur qu'ils aient réalisés tout deux être trop petits encore pour ces choses là et qu'en être totalement normal il ait surtout gardé le souvenir d'un truc dégoutant)

 

Las, celui qui, il y a huit ans, c'est à dire donc avant-hier, mettait encore des couches, m'a répondu avec la franchise désarmante qui le caractérise: "Ben, un peu de tout ça mais surtout… on s'est sentis drôlement heureux".

 

Je vous laisse il faut que j'aille inscrire mon fils au couvent.

Dragon ball Q

 Bonjour toi ! 

 

Aujourd'hui, on va parler pédagogie, littérature pour enfants, réussite scolaire.

 

Ne pars pas, il y aura aussi du sexe, qu'est-ce que tu crois toi ?

 

Oui, aujourd'hui, j'ai envie de te parler de l'autre homme de ma vie, celui qui sort de mes entrailles, autrement appelé "l'héritier".

 

Depuis quelque temps en effet, mon enfant modèle, celui qui il y a encore quelques années feuilletait le "Elle" en s'exclamant à chaque publicité mettant en scène une top model blonde: "maman, maman, c'est toi !", oui cet ange là, n'est plus tout à fait le même.

 

 

Tout ça à cause d'un espèce de petit avorton qui parfois se transforme en singe.

 

Sangoku.

 

Héros de Dragon Ball Z.

 

Dragon Ball Z. Le manga qui fait que ton fils, s'il a entre 6 et 10 ans, ne parle plus, ne mange plus, ne dort plus, ne s'habille que sous la menace et accessoirement te ramène de l'école un torchon bardé de stylo rouge avec pour la première fois dans ma vie de maman, une appréciation dont l'ironie n'a pu m'échapper: "Quel travail cette semaine !…"

 

Dire que je me réjouissais de cet amour soudain pour la lecture.

 

En même temps, j'aurais dû me méfier le week-end dernier lorsque mon adoré m'interrogeait sur le sens de certains mots rencontrés dans son livre de chevet:

– "Maman, c'est quoi, 'oisif'" ?

 

– "Mmm… c'est quelqu'un qui ne fait pas grand chose dans la vie, mon coeur".

 

– "Et 'simulateur', c'est quoi ?".

 

– "C'est quelqu'un qui fait semblant, par exemple d'être malade pour ne pas aller à l'école".

 

– "Ah, ouais, c'est exactement ce que fait Sangoku !".

 

Puis, cinq minutes après…

 

–  "Et libi…di..neux ?".

 

Oui, c'est à cet instant précis que j'aurais dû me douter que ces lectures ne pouvaient pas avoir une bonne influence sur mon bambin. Au lieu de quoi j'ai une nouvelle fois usé du mensonge le plus répandu chez une mère lorsqu'une question l'embarrasse: "Je ne sais pas mon coeur, demande à ton père".

 

Lequel a confisqué le livre.

 

Et est allé s'enfermer avec aux toilettes.

 

Et ne s'habille plus depuis que sous la torture.

Madame March et le sapin de Noël

Alors parmi les mythes que je me dois de démonter il y a celui de la décoration du sapin de Noël. Oui, je sais, toute fille qui n'a pas encore d'enfant et qui ne milite pas dans une asso de no-kidding se fait un gros gros film sur le jour béni où elle décorera avec son adorable bambin un énorme sapin que son homme aura ramené de chez le pépiniériste en le trainant dans la neige pendant que Franck Sinatra chante un standard de Noël.

 

Hélas, trois fois hélas. Je préfère te le dire tout de go: dans tes rêves.

 

 

Déjà, la neige, tu oublies. Sauf si tu habites à Montréal ou dans le Jura, je te rappelle que jamais tu n'auras de poudreuse dans la rue autour du 15 décembre. Surtout qu'au cas où tu l'aies pas remarqué on a léger problème de réchauffement climatique, parait.

 

Ensuite, ton homme, autant le dire, en général ça le fait grave braire de se taper de porter un sapin énorme – rapport qu'il a cédé aux enfants qui ont immédiatement désigné le plus grand comme le leur et se sont roulés par terre pour que ce soit celui-ci et pas un autre qui trône dans ton salon.

 

Donc il arrive en sueur, des épines pleins les cheveux – oui, même les Nordmann qui coûtent un bras perdent leurs aiguilles en revanche ils ne sentent pas le pin, autre désillusion – pestant contre tes lardons qui à force de vouloir l'aider ont fini par le faire déraper dans une merde de chien. Alors qu'il s'attend à être accueilli par une femme aimante et reconnaissante, à peine il a franchi la porte de l'appartement, tu lui tombes dessus en hurlant qu'on avait bien dit de prendre un MOYEN !

 

Là, bien sûr, l'homme s'en va aux toilettes – son endroit à lui – exaspéré, te lançant son fameux et sans appel "de toutes façons ça ne va jamais comme je fais" et te laisse enlever le plastique qui entoure le sapin. Tu perds deux kilos et te nique un nerf de l'épaule et une fois que tu y es parvenue tu te rends compte que non seulement le machin est grand… mais handicapé. Genre amputé de sa branche gauche principale. A moins que ce ne soit une malformation.

 

A ce stade, tu commences à voir s'éloigner ton rêve de magnifique arbre de Noël. Tu sais, celui par exemple des Quatre filles du Docteur March. Mais si, je suis sûre que tu vois. Pendant qu'il neige à gros flocons, les quatre fillettes papillonnent autour d'un arbre magnifique sous le regard attendri de leur mère en train de repriser des haillons. Rien que d'y penser, tu retrouves ton calme et tu appelles tes enfants leur annonçant qu'il est temps de passer aux boules et aux guirlandes.

 

Hystériques, les bambins déboulent en hurlant dans un ordre assez variable: "moi d'abord ! moi d'abord ! Maman, maman, c'est moi qui mets l'étoile, hein ? Dis hein que c'est moi qui met l'étoile ? Hiiiiiiiii, maman, il m'a pris l'étoile, nooooooooon, pas cette guirlande, elle est à moi, maman, hein qu'elle est à moi la guirlande? Aïe, elle m'a tapé, heu ! Oui mais elle m'avait mordu maman. C'est même pas vrai en plus j'ai pas fait exprès".

 

(Petite apparté je reviendrai un jour sur cet étrange phénomène qui pousse tes enfants à se pincer, mordre, tirer les cheveux, coincer les doigts dans la porte sans toutefois jamais le "faire exprès".)

 

Sans te départir de ton air de madame March qui en a vu d'autres rapport que son mari est à la guerre depuis deux ans et qu'il continue à combattre malgré sa jambe en moins et qu'elle vient de vaincre la scarlatine qui a terrassé ses quatre filles et qui fera d'ailleurs succomber la plus jeune, Amy, mais ça elle ne le sait pas encore, tu ouvres la boîte à trésors remplie de bibelots amoureusement chinés par toi même depuis des années en attente de ce moment si spécial.

 

Bibelots sur lesquels tes enfants qui n'ont déjà plus rien d'humain se ruent la bave au lèvres et les yeux révulsés.

 

Pour les accrocher… tous sur la même branche.

 

Si si. Je te jure, c'est scientifique. Si tu laisses les enfants décorer seuls un sapin, ils s'acharnent sur UNE branche qui à la fin croule sous les boules et guirlandes. Et choisissent de préférence les babioles les plus immondes, celles gagnées il y a des années lors d'une soirée entre copains où le génial principe était d'offrir des merdes à 10 francs. 

 

Madame March, elle, jamais elle ne s'énerverait. Jamais elle ne prendrait du coup la direction des opérations, refusant que quiconque autre que toi même décide de l'emplacement de chaque décoration. Jamais elle ne finirait par asséner à son fils – ok, elle n'en avait pas d'où le titre du livre mais c'est une image – tentant de refourguer sur la plus belle branche du sapin la boule en papier maché orange fabriquée en deuxième année de maternelle et amoureusement conservée d'une année sur l'autre que décidément, non, ça c'est trop moche.

 

Deuxième apparté: je ne saurais que trop te recommander d'aller lire chez ClaireMM un récit finalement du même ordre et extrèmement savoureux sur le malheureusement trop célèbre goût de chiotte enfantin.

 

C'est clair que madame March ne se transforme pas en Super Nanny, elle. Je veux parler de la dame de M6 qui pointe son index supersonique en menaçant les apprentis psychopathes censés devenir grace à elle de doux agneaux de son légendaire: "ça c'est NON". Pour info j'ai essayé le coup de l'index qui dit non mais à mon avis si t'as pas les caméras à côté et la tronche de super nanny c'est pas la peine.

 

En même temps, le jour où ta fille ira se raser les cheveux et vendre sa crinière pour te permettre d'acheter des cadeaux à toute la famille comme le fait Jo March, ma préférée dans l'histoire, moi je dis, elle aura le droit de te faire des reproches rapport que t'es le kadhafi du sapin de Noël. Mais sinon, non.

 

Bref, en gros, moi je dis, si tu as envie que ton sapin ressemble à celui d'Ally mac Beal, fais le toute seule. Et propose à tes mouflets de choisir ce qu'ils veulent dans la boîte à trésor pour décorer leur chambre. Comme ça tout le monde il est content. Sinon, tu peux être une vraie madame March et supporter un sapin handicapé ET orné d'une étoile baromètre en stuck rose et bleu clair. Mais je te préviens, c'est dur.

L’amour parfois, ça fait mal

Hier, avec mon fils. Fin du repas, l'homme est en train de débarrasser, nous ne sommes plus que tous les deux à table et nous devisons. Soudain mon bonhomme prend son air de conspirateur, l'air de celui qui va me dire un gros secret…

 

 

 

 

– Tu sais maman, je crois que je suis un peu amoureux de Léa.

 

– C'est vrai ? C'est super ça mon chéri (ça me tue, mais c'est super).

 

– Ouais…

 

– Non, ce n'est pas super ? Elle n'est pas amoureuse de toi, elle ? (Elle oserait ? Non mais elle a bien regardé QUI portait son regard sur elle, l'inconsciente ? Prends garde à toi Léa)

 

– Je ne sais pas. Je crois que si quand même. Mais on ne s'est rien dit.

 

– Et bien il faudrait peut-être que tu lui parles ? (A ce stade de la conversation l'homme qui fait des allers-retours dans la cuisine me fait comprendre rien qu'avec les yeux que je suis en pleine ingérence maternelle, ce dont je suis consciente tout en étant INCAPABLE de m'arrêter)

 

Oui, tu as raison maman, demain je lui dis. (je regarde l'homme et sans que je ne dise rien moi non plus on peut entendre un sonore: "AH ! Tu vois !")

 

Puis, après un silence:

 

Tu sais maman, je trouve que c'est dûr l'amour.

 

Oh, mon coeur (à ce nouveau stade de la conversation je suis prise d'une envie irrépressible de le remettre dans mon ventre) … Pourquoi donc ?

 

Parce qu'il y a trop de choses difficiles à esprimer. (C'est décidé, quand je serai grande je me marierai avec mon fils et ne venez pas me dire que c'est impossible).

 

– Mon amour, tu sais, parfois il suffit de dire ce qu'on ressent très simplement et c'est d'un coup moins difficile. Mais surtout, quand l'amour semble trop dur, c'est qu'on est peut-être pas amoureux de la bonne personne, tu comprends ? L'amour ne doit pas faire mal, tu sais ? (surtout pas à toi, chair de ma chair, dégage, garce de Léa)

 

T'inquiète maman, pour l'instant ça ne me fait pas mal parce que je ne me cogne pas.

 

A ce stade de la conversation je me suis évanouie sous le coup de l'incroyable intelligence de mon fils ma bataille. Sans parler de la dimension merveilleusement poétique de ces quelques mots.

 

Je sais, je suis atteinte du syndrome de la mère abusive.