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Panique à bord

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Je sais, je vous ai bien bassinés avec mon conte de fée mauricien. Ce que je ne vous ai pas raconté en revanche, c'est que le retour en avion a été épouvantable. J'en rigole aujourd'hui mais sans exagération, il m'a fallu trois jours pour remonter la pente. Douze heures de panique intense, ça laisse des traces et je ne serais pas étonnée d'avoir perdu quelques points de vie dans l'histoire. Autant vous dire que j'ai regretté de ne pas avoir demandé à Violette un donormyl avant de partir, peut-être cela m'aurait-il évité de pleurer à chaudes larmes les trois quarts du voyage. Hélas, comme je l'ai déjà dit à plusieurs reprises, ma peur de l'avion est telle que je refuse de prendre des somnifères, convaincue qu'en cas de problème j'aurais tout à gagner à être en totale possession de mes moyens. Je n'arrive pas à savoir si c'est là le signe d'un pessimisme pathologique ou d'un optimisme ravageur. Allez, je vous raconte.

22h30: Je viens de m'installer dans mon siège quand une dame pousse un cri. Alors qu'elle était en train de mettre sa valise dans la cabine, tous les masques à oxygène de sa rangée sont tombés, d'un coup.

22h31: Je ne prends pas très bien le fait de voir les masques à oxygène pour de vrai. 

22h32: Le churros trouve que c'est plutôt rassurant, "ça montre qu'il y en a". Par contre il espère que ça n'est pas un coup à ce que ça nous retarde, genre que l'avion ne serait pas conforme pour partir avec des masques qui vivent leur vie tous seuls.

22h33: J'estime pour ma part que c'est un très mauvais présage. Je suggère qu'on descende et qu'on attende le prochain.

22h35: Alors que le churros me convainc tendrement de rester calme (en serrant ma ceinture tellement fort que tout plan d'évasion est devenu impossible), deux gars en gilet fluo viennent réparer les masques à oxygène. La dame n'a pas l'air ravie que ce soit sa rangée à elle qui semble merder. Quant aux deux gus, s'ils sont réparateurs d'avion, moi je suis Condoleeza Rice.

22h37: Est-ce que me réjouir silencieusement du fait que ça ne soit pas MON masque qui soit défectueux fait de moi une horrible femme ?

22h38: Le churros confirme que me réjouir silencieusement du fait que ça ne soit pas MON masque qui soit défectueux fait de moi une horrible femme. Il ajoute que je ne me réjouis pas particulièrement silencieusement, en plus.

22h41: Je me fous complètement d'être une horrible femme. Au moins, moi, je ne demande jamais à être assise à côté de la sortie de secours. Enfin, depuis que je m'y suis trouvée une fois sans faire exprès et qu'il a fallu que je lise un papier dans lequel on m'expliquait que s'asseoir là impliquait de s'engager à aider l'équipage en cas d'évacuation d'urgence. Le pire voyage de toute ma vie. Il ne fait en effet aucun doute qu'en cas d'évacuation d'urgence je saute en premier. Horrible, donc, mais honnête.

22h45: Sur Air Mauritius, au lieu de la présentation des consignes de sécurité par les hôtesses, une petite vidéo en images de synthèse est projetée sur les écrans TV. Personne ne regarde, excepté moi. Plutôt mourir que de louper une info qui pourrait potentiellement me sauver la vie durant les 11h prochaines heures de vol.

22h47: Visiblement le gars qui a monté la vidéo s'est fait accompagner par un psy pour le texte. A chaque fois qu'un crash ou une dépressurisation sont évoqués, il répète au moins dix fois "it is unlikely" sur le même ton qu'on emploierait pour proposer une deuxième ration de pâtes. Des précautions vite réduites à néant par les animations en 3D, qui elles donnent dans le concret: et vas-y qu'on nous montre des gens aux têtes de playmobils en train de glisser sur un grand toboggan, et vas-y qu'on mime un atterrissage en urgence avec position de l'oeuf ("embrace") en anglais, et vas-y qu'on t'explique qu'avant d'aider la petite fille en train d'étouffer à côté de toi, il faut d'abord régler ton propre masque. Je préviens le churros que n'étant pas assise à côté de la porte d'évacuation et ne m'étant donc engagée en rien, il devra gérer comme un grand son masque à oxygène.

22h48: La vidéo montre le fonctionnement des gilets de sauvetage mais aussi des tentes gonflables pour y mettre les bébés des fois qu'on dériverait sur l'océan indien.

22h49: La vision du bébé joufflu en 3D allongé dans sa tente gonflable me déclenche un malaise vagal.

22h50: Le churros se marre comme une baleine quand je lui montre le bébé dans sa tente gonflable. "Et pourquoi pas une table à langer à l'intérieur", qu'il dit.

22h53: Je viens de faire mon voyage de noces avec un mec ayant à peu près autant d'empathie qu'Hannibal Lecter.

22h56: PNC aux portes et tout le tintouin, on va décoller. 

22h57: Juste après qu'on nous passe tous à l'insecticide pour mesures sanitaires. Des fois qu'on ramènerait la dengue ou le chikunguya. "les produits vaporisés ne sont pas nocifs", susurre une hôtesse. C'est donc un pur hasard si mes bronchioles semblent se rétracter comme des huitres.

22h58: Si après la dose de sulfates qu'on vient de nous balancer un seul des hommes présents dans l'avion continue de fabriquer des spermatozoides je veux bien devenir nonnne. Tout ce que j'espère c'est que tant qu'à faire, le produit marche sur les lentes. Je ne suis jamais complètement certaine de ne pas en avoir.

23h00: On décolle.

23h01: On fait un virage à 90° alors qu'on rase encore les cocottiers.

23h02: La bonne nouvelle c'est qu'on ne devrait pas avoir à gonfler la tente à bébés vu que le crash, si mes calculs sont bons, est prévu pour dans deux minutes au dessus de Port Louis.

23h05: Je tente de calmer mon angoisse en engageant la conversation avec le churros.

23h06: Qui dort.

23h07: La bouche ouverte.

23h08: Avec un loup vert anis sur les yeux.

23h12: La bonne nouvelle c'est qu'on a fini notre lune de miel.

23h13: La mauvaise nouvelle c'est qu'on a vraiment fini notre lune de miel.

23h14: "Mesdames et messieurs nous allons traverser une zone de turbulences, nous vous prions de rester attachés".

23h16: Je réveille le churros pour lui dire de rester attaché.

23h17: Le churros ne semble pas goûter la plaisanterie. 

23h18: Je dis au churros dans un sanglot que je sens mal ce voyage.

23h19: Le churros me rappelle que je sens mal TOUS les voyages. Et me montre l'hôtesse qui arrive avec le charriot du repas: "tu vois, tout va bien, la routine".

23h20: Soit on vient de traverser un trou d'air, soit le pilote est shooté aux insecticides. L'hôtesse vient en tous cas de s'affaler sur ses plateaux repas et il me semble avoir entendu un cri en provenance des toilettes.

23h21: Je me jette dans les bras du churros.

23h22: Qui dort.

23h23: "Mesdames et messieurs, en raison de la violence des turbulences que nous traversons, nous sommes exceptionnellement contraints d'interrompre le service en cabine. Il reprendra dès que les conditions le permettront".

23h24: On va crever. Cette fois-ci c'est la bonne, ON VA CREVER. 

23h25: J'entends une dame derrière moi chuchoter qu'elle n'a JAMAIS VU UN SERVICE EN SALLE INTERROMPU. 

23h26: L'hôtesse est assise sur son petit siège, arnachée comme si elle s'apprêtait à sauter en parachute.

23h27: Je suis face à ma mort.

23h28: Ma mort a un loup vert anis et un filet de bave qui coule de sa bouche.

23h30: Si j'en réchappe je lui fais bouffer son loup.

23h51: Après une demi-heure à nous faire secouer comme des pruniers, l'hôtesse se lève et nous sert enfin le repas. 

23h52: Bizarrement, alors que mes pleurs bruyants ne l'ont pas réveillé, la seule odeur du sauté de poulet suffit à faire émerger le churros, qui consent à enlever son loup. 

23h53: Incapable de manger une seule miette de ce qui sera, j'en suis désormais convaincue, mon dernier repas, je lance un regard lourd de reproches au churros. Celui-ci, pas gêné pour un sou, me demande s'il peut prendre mon sauté de poulet. 

00h02: Je tente de me changer les idées en regardant une vidéo sur la prévention des troubles de la circulation. La fille, tranquillement installée dans une chaise longue, à l'ombre d'un palétuvier, montre les mouvements à répéter régulièrement durant le trajet. Je répète consciencieusement ses gestes et effectue des huit avec mes pieds, dans le sens des aiguilles d'une montre, puis dans l'autre. Ensuite je détends mes poignets et roule mes épaules. Le churros se bidonne quand il comprend ce que je suis en train de faire. Marre toi, que je lui dis. Quand tu seras hémiplégique à cause d'un gros caillot qui aura explosé à l'atterrissage, tout ça parce que tu n'as pas fait des huits avec tes pieds, on verra qui c'est qui rigolera le dernier. Il arrête de se marrer et discretos, il fait des huits lui aussi. Il croit que je ne le vois pas mais tu parles.

00h04: "Mesdames et messieurs, nous allons à nouveau traverser une zone de turbulences, bla bla bla".

00h05: Mon collant compensé me scie le haut du mollet. 

00h07: Je suis à deux doigts d'aller enlever cet instrument de torture. L'idée de me protéger d'une phlébite alors que je suis ballotée au dessus du Kenya dans une carlingue qui date de l'avant-guerre à en juger par les bruits monstrueux qu'elle fait à chaque trou d'air me semble être le comble de l'absurde.

00h10: En même temps, en imaginant que j'arrive à me glisser dans une tente gonflable ni vu ni connu et que j'en sorte indemne, ce serait vraiment dommage que pile poil à ce moment là je me tape une embolie. Tout ça pour avoir voulu un peu plus de confort. Du coup je me refais une série de huits.

02h13: L'avion continue de tanguer. Je tente un exercice de pleine conscience. Mon corps est un temple, ma respiration se fait légère et je prends conscience de mon existence au sein de cet avion. Avion qui lui même occupe un espace à lui au milieu de l'immensité du ciel africain. Immensité au regard de laquelle je ne suis qu'un grain de sable minuscule. Je suis un confetti au dessus du Kilimandjaro. 

02h14: Et mon pouls est à 200 pulsations par minute.

02h17: Je n'aurais JAMAIS du démissionner.

02h19: Mes enfants seront orphelins, tout ça parce que papa et maman avaient envie de péter dans la soie chez Maurice. 

02h22: Ce n'est pas comme si "on" ne m'avait pas envoyé quelques signes. Trois fois rien, hein. Des passeports périmés, une erreur dans le nom de mon mari (ex-mari s'il n'arrête pas IMMEDIATEMENT de ronfler), les masques à oxygènes qui tombent AVANT le décollage… Je l'imagine, là haut, mon ange gardien, en train de s'arracher les cheveux et de chialer qu'on lui a vraiment collé une demeurée, sourde et aveugle, à protéger.

03h00: Tous les passagers dorment, alors que les turbulences sont telles que désormais l'hôtesse ne diffuse même plus de message. Genre elle a jeté l'éponge. L'idée que ces gens puissent s'assoupir alors que c'est une question de minutes avant qu'on entasse des nourrissons dans des tentes flottantes me sidère. 

04h00: Un nouveau message est diffusé. La voix est grave: "Mesdames et messieurs, nous vous demandons toute votre attention…". Là c'est bon, le pilote va nous annoncer qu'il a tout tenté mais que c'est terminé. Où est cette putain de tente, bordel ? "… L'état de santé d'un de nos passagers requiert l'intervention d'un médecin de toute urgence. Merci de vous présenter à l'avant de l'appareil".

04h01: On ne va pas mourir. Enfin, "un de nos passagers" va peut-être mourir mais pas tout le monde. Je réveille le churros pour lui annoncer la bonne nouvelle.

04h02: Le churros grogne que le fait qu'un des passagers soit malade n'est pas à proprement parler une bonne nouvelle. Dans l'absolu et aussi parce que ce serait con qu'on doive atterrir à Tripoli pour raisons médicales.

04h03: Je suis tiraillée entre mon envie de poser un pied sur la terre ferme et ma peur de me retrouver à Holms sous les tirs croisés de l'armée libre et des hommes de Bachar el Assad.

04h04: Le churros me dit que Tripoli c'est en Libye et que Holms en Syrie. Et que la Syrie n'est pas sur notre trajet. Il commence à me faire chier à jouer sur les mots comme ça.

05h00: Pas de nouvelles de la chochotte même pas capable de garder ses angoisses pour lui. Est-ce que j'appelle l'hôtesse, moi, pour lui demander de me dégotter un médecin fissa, histoire de vérifier que mon collant n'est pas en train de me provoquer une gangrène du mollet ? Pourtant dieu m'est témoin que ça n'est pas l'envie qui manque.

06h02: Sur l'écran, je crois voir que notre avion semble désormais voler au dessus de l'Italie. Je ne voudrais pas paraitre ethnocentrée mais je suis passablement rassurée d'être dans l'espace européen. Ce qui ne m'empêche pas de continuer à prier pour ma survie.

07h00: On arrive enfin à Roissy, non sans une dernière zone de turbulences, des fois qu'on n'en aurait pas eu notre compte. Je fais le serment de ne pas remonter dans un avion avant que Rose ne soit majeure. La nuit à imaginer tous ses futurs anniversaires dans un foyer de l'aide sociale à l'enfance, séparée de ses frères et soeurs toxicomanes m'a littéralement épuisée. Le churros enlève enfin son loup et me sourit niaisement: "ben tu vois, c'est passé comme une lettre à la poste". Seule mon extrème fatigue me retient de lui péter le nez.

Maurice en Instagram

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Je vous avais dit que c'en était fini de Maurice mais étant un peu dans les choux depuis mon retour et surtout en transit entre Paris et Lyon pour aller chercher mes lardons, je me suis dit qu'en guise de billet, je pouvais aussi vous livrer ces instantanés, plus spontanés que mes photos au Reflex, sans forcément grande valeur artistique (ceci dit les autres ne sont pas non plus très remarquables, j'ai une grande conscience de mes limites en la matière, même si j'adore l'exercice) mais que j'aime parce que bizarrement, je n'immortalise pas la même chose à l'I-phone qu'au Reflex. Je me demande s'il n'y aurait pas matière à thèse universitaire. Non ?

Allez, je reviens demain, ou plutôt c'est Marje qui reviendra avec la seconde partie de ses conseils de lecture, pour nos ados cette fois-ci !

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Que seraient des vacances sans photos de doigts de pieds manucurés au bord d'une piscine ?

IMG_3406 Un soir il y a eu un mariage dans l'hôtel. J'avoue, j'ai trouvé ça romantique à en pleurer. Les amis des mariés chantaient "une maison bleue" de ce cher Maxime et moi j'avais les yeux qui piquaient.
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IMG_3400 Les margharitas étaient salées à souhait. Et chargées à bloc (les Mauriciens ne sont pas radins au niveau de l'alcool)
IMG_3380 Je crois que c'est ainsi que je m'imagine le chateau marmont à L.A. On dirait qu'Ava Gardner va débouler, non ?
IMG_3354 Le churros au matin faisait trois repas en un: d'abord les croissants, ensuite oeuf/bacon/baked beans et enfin assiette de fruits ("ça pousse le caca")
IMG_3353 Vu qu'on n'avait pas pris de demi-pension, on s'est rabattu plus d'une fois sur le room service (en somme nous avons mangé essentiellement des clubs sandwichs. Très couleur locale)
IMG_3342 Les troncs des filaos me fascinent, ils ont quelque chose de… sexuel ? (ou alors je dois aller voir "quelqu'un" vous pensez ?)
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Ecriture, comptoir des cotonniers et médecine esthétique (et tarte au citron)

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Mère célibataire pendant que le churros joue les reporters à Deauville, je confesse une certaine lassitude depuis hier qui expliquera la brièveté de ce billet. En vrac et pas dans l'ordre, donc:

– J'ai malgré tout trouvé le temps de concocter des tartelettes au citron, mon péché mignon (après le flan, le cheesecake et les barquettes aux marrons). Je me suis inspirée d'une recette de Mercotte, tout du moins pour ce qui concerne la garniture, parce que ma pâte n'a pas du tout l'allure de la sienne étant donné que je n'avais ni les ustensiles adéquats ni la poudre d'amande. Mais cette crème au citron, jésus, elle est absolument parfaite, bien meilleure que la plupart de celles vendues en boulangeries qui ont un goût de produit vaisselle. Franchement je dois avouer m'impressionner moi même sur ce coup là.

– La fondation Bouygues Telecom lance un appel à candidatures pour un atelier d'écriture qui aura lieu au salon du Livre, du 16 au 19 mars prochain. Animé par l’écrivain Bruno Tessarech, ce stage est gratuit et vise à encourager les personnes qui aspirent à écrire. J'ai personnellement souvent été tentée de me confronter à d'autres apprentis auteurs et à voir dans quelle mesure on peut "apprendre" à écrire. Bref, je trouve cette initiative drôlement chouette et je ne saurais que trop conseiller ceux et celles qui seraient intéressés à envoyer leur lettre de candidature. Pour en savoir plus, c'est ici.

– J'ai revu ce week-end "La première étoile" avec mes enfants (Rose adore) et j'ai à nouveau pleuré comme une madeleine quand la petite fille chante "La montagne" de Jean Ferrat. J'adore ce film, d'une manière générale.

– Je tiens à vous informer que mes pérégrinations malheureuses au Monoprix ne m'ont pas empêchée de repérer des foulards canons tie and die avec des étoiles. Ainsi que toute une floppée de trucs verts. Bien entendu je n'aime pas vraiment le vert mais je ne me fais aucune illusion, la surenchère de cette couleur sur les blogs de modeuses dans les semaines à venir viendra à bout de mes réticences (je rappelle que j'ai fini par acheter des baskets compensées, tout est donc possible).

– Je dois changer mes lunettes et j'ai craqué pour celles de Ballibulle. Mais étant donné que j'ai également acheté la veste de Comptoir des cotonniers dont elle parlait dans un précédent billet, je crains de finir par lui faire peur si jamais un jour on se croise dans la vraie vie. (reçue, la veste est en effet canon, du genre bien plus belle portée que sur cintre) (par contre je n'ai pas encore trouvé d'occasion pour la mettre) (c'est quand même une veste à occasions)

– Depuis que j'ai fait ces photos d'identité, mon estime de moi même est restée dans le photomaton, lui même se trouvant sous terre, au métro Maison Blanche. Et seule la perspective d'avoir l'air aussi pétrifiée que Carla Bruni sur les derniers clichés qu'on voit d'elle me retient d'aller braquer un dermatologue.

Où je donne mon sang

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Ce week-end, je suis allée donner mon sang. C'est incroyable comme cet acte tout de même très anodin peut me rendre ridiculement fière de moi. A me demander d'ailleurs si je ne le fais pas avant toute chose pour me redorer le blason. Ceci étant dit, le résultat à l'arrivée est le même, peu importe l'intention, pourvu qu'il y ait l'ivresse, non ? Mon seul regret, n'avoir comme groupe sanguin qu'un bête A+, le truc le plus banal qui soit, au lieu d'un bon vieux O-neg, qui pourrait à lui seul sauver l'humanité. Ou même un petit AB- de derrière les fagots. Non, moi je suis A+, je mesure 1m65 et fais du 40 – 42. Mariée, trois enfants, hétérosexuelle. En gros, je suis une sorte de portrait robot de la Française moyenne. Consternant de conformisme.

Bref, je suis allée donner mon sang. Et si vous voulez, je vous raconte…

11h45: j'arrive devant Italie 2, ma seconde maison, là où j'effectue TOUS mes achats de première et seconde nécessité (hors-Monoprix) et je constate que le camion de l'EFS est là. Pour une fois, je n'ai rien de prévu sinon trouver un cadeau pour Zaz. Je vais pouvoir donner mon nectar A+.

11h46: Je vais d'abord aller chercher le cadeau pour Zaz, je me connais, après qu'on m'ait pompé les 3/4 de mon sang – je le fais aussi souvent que possible, vous savez ? -, je suis souvent un poil flappy.

11h48: Je me demande si la véritable abnégation n'aurait pas consisté à aller tout de suite donner mon sang plutôt que d'aller faire du shopping. Combien de vies suis-je en train de ne PAS sauver là tout de suite ? 

11h52: Je me souviens que dans mes veines coule un sang qui est à l'hématologie ce que Bayrou est à la politique: vaguement utile mais pas indispensable. 

11h54: Je me balade pépère dans les rayons. Mon sang et moi avons la conscience tranquille. On arrivera quand on arrivera.

12h25: Je suis devant le camion blanc.

12h26: Je ne suis pas certaine que ce soit bien raisonnable d'aller donner mon sang le ventre vide. 

12h27: En même temps après je vais me taper la cloche pour que dalle, ce serait con d'arriver le ventre plein.

12h28: Sauf que si je tombe dans les pommes PENDANT le Don, je ne vais pas profiter des galettes saint-michel à l'oeil.

12h30: Je demande s'il y a moyen de passer en premier au ravitaillement et de me faire prélever dans un second temps.

12h32: Visiblement, il doit y avoir des petits malins qui ont déjà tenté l'affaire. Ici tu passes à la caisse d'abord et ensuite tu croutes. 

12h34: Je rebrousse chemin et vais m'acheter un mini-sandwich. Pour tenir le coup. Et une part de flan. Parce que je le vaux bien.

12h45: J'entre hyper à l'aise dans le camion blanc, en mangeant peinard ma part de flan. Ambiance "je suis trop habituée".

12h46: Je me demande si ça se voit que je fais ça depuis des années. 

12h47: Pour que ça se voie, je vais direct m'asseoir dans la file en attendant qu'on vienne me chercher. Genre je maitrise. A mes côtés, une petite brune attend elle aussi. Je parierais ma part de flan que c'est sa première fois. J'ai envie de la rassurer et en même temps, non. C'est important, je crois, de passer par là. ça fait partie du processus.

12h48: La dame de l'accueil me demande si j'ai déjà donné. 

12h49: Je suis un peu gênée, je n'aime pas me la ramener avec ça. La générosité, c'est aussi cette capacité qu'on peut avoir de faire profil bas. "OUI ! PLEIN DE FOIS", je réponds, avec un air super détaché tout en regardant ma voisine avec une légère comisération. La pauvre, elle doit se sentir toute petite. D'autant qu'on sent bien qu'elle a peur.

12h50: La dame me dit que je dois malgré tout remplir le questionnaire de douze pages.

12h51: Je me sens un petit peu offensée d'avoir à me plier aux mêmes obligations que les puceaux du don mais je comprends aussi qu'on ne peut faire confiance à personne.

12h52: Je coche "non" à toutes les questions et je réalise que ma vie est d'une tristesse affligeante: pas de voyage hors continent européen dans les deux derniers mois, pas d'aventure extra-conjugale, pas d'expérience homosexuelle, pas de stupéfiants. Ah, si, enfin un oui. Une gastro dans les quatre derniers mois. Putain je vais me faire refouler du don du sang pour une gastro. A choisir j'aurais préféré que ce soit à cause d'un cinq à sept torride et sans capote avec le réparateur de chez Darty. Celui qui savait si bien s'y prendre avec la courroie. 

12h53: Je suis à deux doigts de mentir pour la gastro. 

12h54: Je réalise que mentir sur ma gastro juste pour avoir le plaisir de raconter à la terre entière que j'ai donné mon sang ne me grandit pas nécessairement. 

12h55: Je visualise cet accidenté de la route à qui on donnera mon sang et qui en prime va se retrouver avec une septicémie par ma faute. J'envisage de me livrer aux autorités pour qu'on en finisse.

12h56: J'entoure trois fois le "oui" pour la gastro. Si ça se trouve, comme ça remonte à plus de trois semaines, on est bons.

12h57: J'arrive devant la dame avec mon questionnaire. Ma voisine à côté a coché non à tout. Elle est aussi chiante que moi, sauf qu'elle au moins n'a pas eu la colique il y a moins de trois mois.

12h59: La dame me demande à quand remonte mon dernier don.

13h03: Je réponds à voix – très – haute que c'était il y a moins d'un an. "Mais je me sens très en forme, je pense que je peux donner malgré tout".

13h05: Ma voisine me regarde avec admiration. Je pense que je suis en train de lui donner une sacrée leçon de vie. J'hésite à lui parler de mon blog.

13h06: La dame ne me retrouve pas dans ses fichiers.

13h07: Ah si.

13h09: "C'est normal que j'ai mis du temps, c'est parce que votre don remonte à janvier 2009", elle dit, à voix – trop – haute.

13h10: Je m'étonne un peu quand même.

13h11: La dame est formelle et ajoute qu'il est improbable que j'ai pu donner ailleurs qu'ici et que ça ne figure pas dans ce fichier centralisé. Ok, ok, ok, on ne va pas y passer la nuit non plus. Moi au moins madame, j'ai donné en 2009. Une année où en plus les caisses étaient totalement vides, je m'en souviens parfaitement. Et moins d'un an après un accouchement qui avait tout de même été une véritable boucherie, est-il besoin de le rappeler. Donc bon.

13h12: Ma voisine a un drôle de sourire qui, dans un autre contexte, pourrait me faire penser à de la condescendance. Ce qui serait tout de même consternant. Se tirer la bourre dans un centre de don du sang ça frise l'indécence. Je dis ça, je ne dis rien.

13h15: Le dernier don de ma voisine remonte à 8 semaines. "Pile poil dans les délais pour recommencer, madame. Les gens comme vous sont rares. C'est notre principal problème. On donne une fois puis on oublie pendant deux ou trois ans".

13h17: Elle me cherche. Elle me cherche et elle pourrait me trouver.

13h18: Le médecin vient me chercher. "COMME VOUS N'AVEZ PAS DONNÉ DEPUIS 2009 ON VA VOUS FAIRE UN TEST D'HEMOBLOBINE AU PREALABLE" me crie la dame de l'accueil.

13h21: Je me demande si de l'autre côté de la place d'Italie ils sont au courant que j'ai lâchement abandonné l'EFS pendant trois ans.

13h23: Je ne demande qu'une chose. Que madame parfaite qui se fait pomper le dard tous les deux mois dégage avant qu'on m'apprenne qu'en plus d'être une déserteuse je n'ai pas assez de globules rouges pour donner. Je ne le supporterais pas.

13h26: Le médecin me pique le doigt et fait couler une goutte de sang sur une lamelle, qu'il rentre dans un appareil magique. Dans deux minutes je saurai si je suis apte. "A 12 c'est ok. Au dessous, vous rentrez chez vous".

13h28: 12,1. "Sur le fil du rasoir", plaisante le médecin. Je ne m'étais pas sentie aussi performante depuis ma réussite au permis après cinq tentatives.

13h29: Je me demande, en même temps, si ce 12,1 ne signifie pas que je suis anémique.

13h30: Je suis évidemment très enthousiaste à l'idée de sauver mon prochain, mais il ne faudrait pas non plus que je déconne. J'ai trois enfants. Dont une en bas âge.

13h31: Je demande au médecin si tout ceci est raisonnable. Je veux dire, à 11,9, on me collait dehors, à 12,1, on est prêt à me siphonner. On ne marcherait pas un peu sur la tête ? Il y a une marge d'erreur avec leur bazar, là ?

13h32: Le médecin dit bien – trop – fort que je suis évidemment complètement libre de renoncer et ce à n'importe quelle étape du processus. "ET CE, BIEN QUE VOUS SOYEZ EN PARFAITE SANTÉ. PERSONNE NE VOUS JUGERA ICI".

13h34: L'autre connasse jubile sur son siège. Elle doit avoir 123 d'hémoglobine la garce. A ce compte là c'est facile, hein. C'est quand on n'a rien et qu'on donne quand même, madame, que le geste devient héroïque.

13h36: Je rétorque au médecin que non seulement je ne renonce pas mais que ma seule préoccupation était de donner un sang de bonne qualité. Et que par ailleurs, je viens de décider, comme j'ai du temps, de faire la totale: plaquette, plasma et même moelle osseuse tant qu'on y est. Au tapis par KO, madame parfaite.

13h37: Le médecin me rétorque qu'en raison de ma prise d'ibuprofène récente et de cette gastro, nous allons en rester au sang. Par contre ma voisine est quand à elle une candidate idéale pour les plaquettes, ajoute-t-il à l'intention de miss fayote.

13h39: Puisque c'est ça je prends tous les formulaires pour le don d'organe. M'étonnerait que l'autre pimbêche envisage, comme je suis justement en train de le faire, de donner un rein DE MON VIVANT. Et ma rétine, aussi, pendant qu'on y est.

13h42: On m'allonge avec tous mes formulaires sur un brancard. Et on me demande de serrer le poing. 

13h43: Je n'ai absolument pas peur.

13h44: Par contre je me sens le devoir – vis à vis de ma famille – de prévenir que j'ai un tout petit 12,1 d'hémoglobine et que par conséquent on n'a qu'à dire que pour cette fois-ci, on peut se contenter d'une poche format junior.

13h45: L'infirmière trouve que je suis super drôle.

13h46: Elle relie le tuyau à un réservoir qui à vue de nez équivaut à mes sacs poubelles de 50 l.

13h48: Seule la perspective de voir une fois encore s'afficher sur le visage de madame parfaite ce putain de petit sourire satisfait m'empêche de demander à l'infirmière si elle ne vient pas de me raccorder par erreur à la recharge de la fontaine à eau.

13h50: Je ne sens pas la piqure. 

13h51: Je suis en train de sauver une vie.

13h52: Ou d'aider à trouver un nouveau médicament contre la couperose.

13h53: j'aurais du dire non à la question "acceptez vous que votre sang serve à la recherche ?".

13h54: A tous les coups, avec ma chance, mon précieux liquide va finir dans une éprouvette, pendant que celui de ma voisine sauvera dix rescapés du Concordia. Parce qu'en plus d'être très prétentieuse, elle est évidemment O négatif, ça se voit sur sa figure si contente d'elle. 

13h57: Ce racisme anti A+ est révoltant, quand j'y pense. d'autant qu'on en parle nulle part. Ah ça les médias, quand il s'agit de parler de la discrimination à l'embauche, y'a du monde. Mais pour ce qui est du rabaissement SYTEMATIQUE des rhésus A+, on les cherche. ça ne se dispute pas au portillon, les pulitzer, hein ?

13h59: L'infirmière m'a oubliée. 

14h02: Ma voisine a déjà terminé et moi j'ai une tendinite à force de presser ce ridicule coeur en silicone.

14h04: Si ça se trouve je suis tombée sur une psychopathe. Elle est en train de me laisser me vider intégralement de mon sang et va feindre l'étonnement dans deux heures, quand je serai devenue aussi blanche que mon frigo.

14h06: Je ne sais pas si c'est à cause du 12,1 mais je me sens tout de même très mal.

14h07: Je demande faiblement à l'infirmière de m'épargner.

14h08: L'infirmière explose d'un rire sardonique. "Ah ah ah, vous avez cru que je vous avais oubliée ? Il y en a toujours une pour se faire ce film. Ne vous inquiétez pas, c'est juste que votre sang coule lentement".

14h10: Même en don du sang je suis nulle en sport.

14h11: J'ai enfin fini.

14h12: Quel dommage tout de même qu'on ne soit pas en été. Personne ne va voir mon bandage.

14h15: Je fais mine de refuser l'en-cas, rien que pour en remontrer à ma rivale, qui elle sirote un thé, les joues roses comme si elle revenait d'une ballade en plein air.

14h16: Le monsieur du pic-nic ne l'entend pas de cette oreille. "LA PETITE DAME TOUTE BLANCHE VA ME FAIRE LE PLAISIR DE MANGER UN CROISSANT ET DE BOIRE UN THÉ", qu'il crie. (ils sont tous sourds dans ce camion, je ne vois que ça). "C'EST VOTRE PREMIERE FOIS N'EST-CE PAS ?". 

14h18: Au point où j'en suis de ma perte de dignité et aussi parce que dès que je fais mine de me lever j'ai l'impression qu'on m'a amputée, je m'enfile un croissant mais aussi deux galettes saint michel, un thé, un jus de pomme et un carré de chocolat.

14h42: Je repars fièrement après quatre tentatives avortées, lestée de deux ou trois kilos. Avec pour recommandation de ne faire aucun effort physique violent dans les deux heures qui suivent. C'est ça le plus dur je crois, dans cette histoire de don du sang.

Derrière les barreaux…

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Tous les meubles ont été montés. Pas par moi, ni par le churros, mais par mes parents venus en fin de semaine dernière ramener les enfants. L'intérêt, c'est que mon couple a survécu. Pour ce qui est de mon père et ma mère en revanche je ne suis pas sûre de pouvoir en dire autant.

Il faut dire que les concepteurs de mobilier en kit sont vicieux. Le guide de montage par exemple semble limpide, montrant les dizaines de planches dûment numérotées. L'espoir est alors immense. Cette fois-ci ça sera les doigts dans le nez, passe moi la 12 que j'y visse la 7 avec la vis G2, voilàààà, exactement comme sur le schéma, mon dieu mais c'est merveilleux, mais que sens-je, ne serait-ce pas le parfum du bonheur et de l'harmonie ? Ma chérie, renouvelons nos voeux, marions-nous à la Noël. "Mais oui mon amour, mais avant, passe moi donc cette si jolie cheville en bois, que je la glisse pile poil là… oh oui, encore, glisse toi et la chevillette cherra".

Sauf qu'évidemment, dans la vraie vie, une fois les cartons déballés, force est de constater qu'aucune pièce n'est numérotée. Et le tout est à l'avenant. Il n'y a jamais autant de chevilles qu'indiqué et les boulons sont très nettement plus petits que les vis censées s'y loger. Quand à ce putain de rail de tiroir, aaaaaaaaah, putain, puisque c'est ça on va le poser sous le lit et c'est marre, de toutes façons, ça se coince tout le temps alors on ne va pas s'emmerder. 

Ben voyons. Et ce fond d'armoire ? Comment tu m'expliques qu'alors que le meuble est entièrement monté il reste un fond d'armoire, hein ? Non, il n'était sûrement pas en trop. SACHE QU'IL N'Y A JAMAIS DE PIECES EN TROP, IL N'Y A QUE DES ERREURS DE CONSTRUCTION. 40 ans que je te dis de suivre le mode d'emploi, 40 ans que tu fais ça à l'instinct et que les commodes n'ont pas de fonds. 

Au final, après un tournevis électrique acheté en catastrophe et deux trois moments d'abattement ("je crois qu'on a monté les tiroirs du lit sur le bureau du machin, on est foutus"), ("ton père me sort par les yeux il veut tout diriger, puisque c'est ça, il n'a qu'à se démerder") tout semble tenir à peu près debout.

Mes parents sont repartis le coeur léger mais néanmoins un jour plus tôt que prévu.

– Vous êtes sûrs que vous ne voulez vraiment pas rester ? Vous ne nous dérangez pas, vous savez…

– Nnnnon, non, ça va aller, on ne veut pas s'imposer… (fais tes valises Nicole, on dégage, ils vont nous achever, je les ai entendus parler d'une commode Ikéa)

Bref, je rends hommage à mes géniteurs sans lesquels il est fort probable que Rose aurait été condamnée à dormir dans un lit à barreaux jusqu'à sa majorité. En même temps, j'en connais un que ça n'aurait pas dérangé. Hier, je l'ai entendu sangloter en descendant à la cave lesdits barreaux…

A part ça, donc, un petit nouveau de la politique vient d'annoncer sa candidature pour 2012. JPC, pour Jean-Pierre Chevènement. Il parait que Jean Lecanuet songerait lui aussi à remettre le couvert. Ah non, il est mort. 

C'est toujours ça de pris.

Et sinon, dans Technikart, ils disent que c'est la fin des blogueuses mode. Pile au moment où je me lance. Je suis dé-gou-tée.

From the standing/ Agnès B

 
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Donc aux alentours de début septembre, j'ai reçu ce mail m'invitant au défilé Agnès B printemps été 2012. Il faut savoir qu'en six ans de blogging, c'est le premier message du genre arrivé dans ma boîte aux lettres. Ce qui m'a nécessairement fait légèrement perdre mon sens commun. Alors que tout le monde sait bien en plus que les paillettes et le show bizz me laissent aussi froide qu'une Ségolène devant un François à poil.

 

Je vous raconte ?

 

5 Septembre

 

12h05 : servicepresse@agnesb.fr to penseesderonde@yahoo.fr « Bonjour, seriez-vous d'accord pour assister au défilé d'Agnès B de la prochaine fashion week ? Merci de votre réponse ».

12H06 : penseesderonde@yahoo.fr to servicepresse@agnesb.fr « Oui oui oui oui ! »

12h08 : penseesderonde@yahoo.fr to servicepresse@agnesb.fr « Bonjour, mon mail est parti un peu vite et je ne suis pas certaine que vous l'ayez reçu (ou compris). En substance, je serais très honorée. »

12h12 : penseesderonde@yahoo.fr to servicepresse@agnesb.fr « C'est encore moi, je crains de ne pas avoir été très claire. Très honorée, donc, d'accepter votre invitation »

12h15 : penseesderonde@yahoo.fr to servicepresse@agnesb.fr « Votre invitation au défilé, je veux dire. Auquel vous m'avez invitée. Pour la fashion week. J'ai vérifié, je suis libre ce jour là »

12h18 : penseesderonde@yahoo.fr to servicepresse@agnesb.fr « Le lendemain aussi. Au cas où la date change. »

12h19 : penseesderonde@yahoo.fr to servicepresse@agnesb.fr « A n'importe quelle heure »

12h56 : penseesderonde@yahoo.fr to servicepresse@agnesb.fr « Comme il m'est arrivé plusieurs fois ces derniers jours que mes mails n'arrivent pas à destination, je voulais m'assurer que vous ayez bien eu ma réponse. Pour le défilé. Fashion week. Agnès B. Invitée. C'est oui. »

13h56 : C'est clair que je viens de passer un cap.

13h58 : Je vais en recevoir d'autres, obligé. C'est comme les emmerdes, les défilés. Ça te tombe dessus en escadrille. Qu'est-ce que j'ai bien fait de quitter mon boulot.

14h23 : Ce qui serait con c'est que Chanel soit programmé en même temps qu'Agnès B. 

14h26 : Et Galliano. Que dalle que je loupe le rebirth de John.

14h45 : Putain à tous les coups je vais devoir refuser Balanciaga à cause d'Agnès.

14h56 : En même temps Agnès B c'est vintage. Comme Carven. Et quelle est la maison qui cartonne depuis deux ans ? Dans le mille. Carven. Ce serait bien ma veine que je loupe Agnès B pour Chanel pile poil le jour où Agnès B fait sa Carven.

15h06 : Je comprends tellement le pétage de plomb de Carine Roitfeld. 

 

4 Octobre

9h35 : A priori pour Chanel, Balanciaga, Galliano, c'est mort là. Pour Carven aussi d'ailleurs vu que c'était hier

9h56 : La bonne nouvelle c'est que je serai au taquet pour la renaissance d'Agnès B. Pas d'interférences de calendriers

9h58 : ça m'étonnerait que beaucoup de blogueuses misent tout sur UN défilé

9h59 : Si ça n'est pas de la prise de risque, je suis Mimi Mathy.

10h12 : Je vais connaître personne.

10h15 : J'y vais pas.

10h17 : Plutôt crever que de pas y aller.

10h23 : Je vais mettre un sarrouel.

10h26 : J'y vais pas.

10h45 : Avec mon unique pièce VRAIMENT fashion. Mon pull sans manches Isabel Marant, promo 2003 et matière jogging.

10h56 : Un peu que j'y vais. Qui s'achetait des fringues chez Isa en 2003, hein ? Sûrement pas Tavi. Elle mettait encore des bodys. 

12h02 : Ne pas oublier mon appareil photo.

13h00 : Ni ma carte mémoire. Le truc con.

14h00 : Une heure pour aller de chez moi à Solferino, c'est bon. De toutes façons ça commence toujours en retard.

14h15 : Donc j'y vais. 

14h17 : Ou pas.

14h26 : J'y vais c'est trop con.

14h45 : Appareil, check, mes clés, check, carnet pour prendre des notes, check, Iphone, check. Zou dans le métro.

14h54 : Je descends les marches du métro sur mes talons de dix et je me sens trop…

14h55 : Je me sens trop conne. Ma carte mémoire. Morue.

14h56 : Je cours sur mes talons de dix, je me tords la cheville, je cogne mon appareil photo, je suis essoufflée, je récupère ma carte mémoire et je repars en courant dans l'autre sens. Je veux mourir mais avant, si quelqu'un pouvait me rouer de coups histoire que la prochaine fois je pense à ma carte mémoire le seul jour de toute ma vie où je me rends à un défilé de la facheune week ça m'arrangerait.

16h00 : J'arrive devant le bateau amarré port de Solferino. Un drapeau à l'effigie de la salamandre d'Agnès B flotte dans le vent. D'énormes limousines déversent des people blondes. Pas une blogueuse connue à l'horizon. Je les vois d'ici en pleine désespérance quand elles sauront qu'elles n'y étaient pas. 

16h03 : Trop drôle, la fille qui sort de la grosse mercos, là, on dirait Ambre.

16h04 : C'EST AMBER. MA BABY SITTER.

16h06 : « Ammmmmbre !!!!  Ammmmmmbre !!! ».

16h08 : Apparemment je ne maitrise pas tous les codes, ça ne se fait pas de gueuler comme une hyène après une guest.

16h12 : La pauvre quand elle va me voir en front row elle va se sentir toute gênée du haut de ses gradins.

16h23 : Je parviens enfin à passer la porte du bateau.

16h24 : « Vous êtes en standing" me dit l'hôtesse.

16h26 : Un peu, oui, que je suis standing.

16h28 : Comme standing ovation.

16h30 : J'apprends hyper vite. C'est fou comme personne ne te dit jamais que le front row c'est de la merde et que le must c'est le standing. 

16h32 : Ah.

16h34 : Standing comme debout.

16h38 : Standing comme « prends toi un bon coup d'objectif de cette brute de journaliste qui ressemble à Myke Tyson et qui t'a prise pour son trépied ».

16h39 : Standing comme « je ne peux pas trop te dire si c'était bien par contre mon voisin avait bouffé des crevettes. »

16h40 : Le gars chargé du placement m'admoneste : « Les photographes c'est à gauche et le standing à droite ». Quand il prononce « standing » il le fait avec une grimace de dégoût, un peu comme quand on dit « bouchon muqueux ».

16h41 : « Et si on est au standing mais qu'on a un appareil photo, on est où ? », je bredouille.

16h42 : Le gars me regarde cette fois-ci comme si je venais de perdre mon bouchon muqueux.

16h43 : Gros soupir du gars. « Vous êtes quoi ? Photographe ou standing ? »

16h45 : Je… je… Je sais paaaaas. Les deux ?

16h46 : Une jeune femme délicieuse (= stagiaire martyrisée par le gars phobique des bouchons muqueux) vient à mon secours. « Si la question c'est de savoir si en tant que blogueuse invitée en standing vous pouvez prendre des photos, c'est oui ». Puis, plus bas, sur le ton de la confidence « Ne bougez plus, là où vous êtes vous verrez tout. Ne laissez personne se mettre devant vous ».

16h47 : Je fais un calin à ma nouvelle meilleure amie.

16h48 : Une fille immense avec énormément de cheveux se plante juste devant moi.

16h49 : N'importe quelle routarde du défilé la ferait dégager.

16h50 : Je la pousse imperceptiblement et m'excuse immédiatement quand elle se retourne.

16h51 : A mon avis Garance aussi a commencé en standing.

16h52 : Peut-être pas en « behind standing » non plus.

16h53 : La perche vient de commettre une grossière erreur en s'éloignant deux minutes pour récupérer son sac. Je profite de cette boulette de débutante pour me remettre à ma place de winneuse. De la merde qu'on me la pique désormais.

16h54 : La perche, puis un de ses copains tentent de me déloger. Je fais appel à la pleine conscience et je visualise mes pieds campés dans le sol. Je suis un horodateur. Essaie de faire bouger un horodateur. Bonne chance.

16h55 : J'en profite pour filer un bon petit coup dans les tibias d'une salope qui visiblement pensait pouvoir me doubler.

16h55 : Agnès, tu viens de créer un monstre. 

16h56 : Les photographes sont hystériques. Ils viennent d'engueuler mister bouchon muqueux. Je suis à fond avec eux. « If you don't care about our job, why would we care about your work ? », gueulent-ils pour protester du peu de place qu'ils ont pour bosser. Je leur lance un regard hyper complice. On est du même côté les gars.

16h57 : Bouchon muqueux me glisse qu'ils abusent. « Des connards, ouais », que je lui réponds. « Ils ont qu'à se casser s'ils ne sont pas contents », j'ajoute.

16h58 : On est à deux doigts de se grimper dessus du coup, avec mon bouchon. 

17h00 : Sorry mes potos de la photo mais Darwin avait raison. 

17h01 : Le silence se fait, le show va commencer.

17h02 : En fait de silence, les photographes gueulent comme des putois après ces pintades du front row (à part Ambre qui est la plus belle) pour qu'elles décroisent leurs jambes. Et qu'elles cachent leur sac. Oui, même toi Clémence Poésy (qui est juste désespérante de beauté).

17h03 : Roh merde c'est Gilles Jacob là bas.

17h06 : A ce rythme demain je monte les marches à Cannes.

17h08 : Il faut que je trouve un moyen de refaire copain copain avec les photographes sinon ils vont me faire le même coup qu'à Isabelle Adjani.

17h09 : Les premiers tops arrivent.

17h10 : C'est beau. Je dirais même que c'est… beau. Mais vraiment. Très… beau.

17h11 : Il fait chaud ou bien ?

17h12 : A en juger l'odeur il fait très chaud.

17h13 : Y'a quelque chose qui crame. A tous les coups c'est l'autre perchée qui a collé ses cheveux dans le projo. La conne.

17h14 : Ok. Il se peut que ce soit moi.

17h15 : Brûler sur un bateau, y'a tout de même pas plus ballot. Le point positif c'est que ma frange était trop longue.

17h16 : Bouchon muqueux me lance des éclairs, je suis à deux doigts de déclencher l'alarme incendie.

17h17 : Gros dilemme. Je continue à prendre feu MAIS je vois le défilé ou bien je sauve ma peau (au sens propre) mais je dis adieu aux clichés qui feront ma gloire.

17h18 : Que ferait le sartorialist ?

17h19 : Le sartorialist, je ne sais pas, mais moi je reste. Punk for ever.

17h20 : Je ne sens presque plus rien. Comme quoi on s'habitue à la douleur. Ou alors c'est signes que les nerfs sont touchés.

17h22 : j'ai de la buée sur mon objectif. Ou bien c'est de la fumée.

17h23 : Qui a dit qu'un défilé durait deux minutes ? C'est plus long qu'une pièce de Claudel oui.

17h24 : C'est tout de même très beau. Les imprimés. Ce bermuda en cuir rouge. Et ce slim. Et ces robes parisiennes. Et cette sortie de bain avec des poissons rouges. Et la robe à pois. Et les jupes sous le genou. Et les tailleurs pantalon. Je veux tout. Les bijous de cheveux aussi.  Même si quelque chose me dit que je n'aurai plus jamais besoin d'un headband.

17h26 : Agnès B vient saluer. Elle est toute petite et semble d'une timidité extrême. Les applaudissements et les flashes crépitent. 

17h27 : Standing ovation. Facile pour moi.

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(définitivement pas Pierre Arditi) (et assurément Sylvie Testud, au sourire doux comme de la soie)

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Ambre, donc, que j'ai réussi à louper et qui fait la première partie de Luce au Trianon au mois de novembre, yeahhhhhh !

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Clémence Poesy, énervante. Très. De joliesse.

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Non, vraiment, pas Pierre Arditi. Par contre, définitivement Gilles Jacob (et non Rostropovitch) (j'ai vérifié) (il est mort figurez-vous)

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Bon en fait je ne veux pas tout. Je passe mon tour pour le chapeau.

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(ma top préférée, celle de la robe jaune)

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Allez voir « Mes meilleures amies » !

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Si vous êtes friands d'humour un peu scato, que vous aimez les histoires de copines sur fond de mariage à l'américaine, que les histoires d'amour improbables qui finissent bien vous collent la larmichette et que vous kiffez John Hamm, alias Don Draper dans Mad Men, je vous invite plus que chaleureusement à aller voir "Mes meilleures amies". Franchement c'est ce que j'ai vu de mieux en matière de comédie romantique américaine depuis… depuis trèèèès longtemps.

Sachant que je suis un peu une toquée du genre mais très rarement satisfaite (un peu comme pour les parts de flan, à bien y réfléchir. Je me laisse toujours tenter mais trouve à chaque fois quelque chose à y redire: trop mou, trop fade, trop sucré, pas assez travaillé au niveau de la pâte, etc).

Là, j'ai ri bruyamment (j'ai le rire gras), j'ai chouiné (et je suis une uggly cryer, comme l'une des héroines du film) et j'aurais voulu que ça continue tellement c'était chouette d'être en compagnie de ces filles déjantées.

Parce que c'est là tout le talent du réalisateur. Il a réussi à faire un film trash et subversif sur la base d'un scénario des plus classiques: deux amies d'enfance, l'une se marie et demande à l'autre, gaffeuse et looseuse notoire, de s'occuper de son enterrement de vie de jeune fille, en tant que demoiselle d'honneur. Arrive au débotté une soudaine meilleure copine de la mariée, miss perfection qui réussit tout ce qu'elle entreprend, au grand dam de mademoiselle boulette.

Ce qui est assez fort, c'est que le personnage principal n'est pas la mariée mais bien son amie d'enfance un peu barrée. Ce sont ses histoires d'amour à elle sur lesquelles on s'attarde, avec un Don Draper beauf et queutard, versus un soupirant un peu maladroit dont le sex appeal va finir par se révéler peu à peu.

Surtout, la bande des demoiselles d'honneur est une sorte d'association anti sex and the city, composée d'une fleur bleue complètement niaise, d'une quarantenaire blasée et détestant ses gamins, d'une nympho au physique pas facile facile et enfin des deux ennemies, cinglées l'une et l'autre à leur manière.

Le film vaut le coup ne fut-ce que pour cette scène de tourista collective dans les salons immaculés d'un magasin de robes de mariées.

Bref, si vous voulez avoir la banane, courez-y. Et en plus, si on y fait bien attention, c'est toute une critique en règle de la société du fric et de la performance qui se trame en fond. Et puis il y a du John Waters dans tout ça, moins trash quand même, mais on sent l'héritage et ça fait du bien, cette insolence…

Après, si vous détestez l'humour un peu lourd, passez votre chemin, vous n'allez pas aimer !