Mois : novembre 2012

Histoires d’homophobie ordinaire et passage à la télé

DSC_0945_2
Hier soir je suis passée à la télé, au "vinvinteur", l'émission chouettement décalée du célèbre Vinvin, blogueur de la première heure et devenu depuis animateur et producteur télé entre autres. Le truc c'est qu'en bonne Bridget du personal branling, je n'ai non seulement pas pensé à prévenir qui que ce soit de ce passage et encore moins à le regarder. C'est bien, je pense que je suis vraiment destinée à la célébrité et toutes ces choses. En réalité ça n'est pas très grave, surtout que c'est déjà disponible en replay. Ma première impression: je m'y déteste, bien sûr, d'autant que si l'image est très belle, le filtre utilisé ne me sied pas au teint (euphémisme). Vinvin, dans sa présentation, dit que je suis paisible, personnellement en m'écoutant je me suis surtout dit que je semble sous tranxène (même mes ongles semblent crier "no future").

En même temps la séquence, appelée "auto-portrait" dure une minute, donc ça va, le supplice de me voir a été de courte durée. Surtout, le personnage central de ce passage télévisé, ce n'est finalement pas moi mais mon bureau-canapé. Il mérite la reconnaissance, le brave. Si vous voulez regarder c'est par ici. Je vous conseille de voir l'émission en entier mais si vraiment vous brûlez de regarder mon canapé, c'est à la minute 20. (je précise qu'en revanche je trouve le format drôlement chouette, j'aime bien l'idée de la voix off et j'adore par exemple la séquence consacrée à Pénélope Bagieu)

Voilà, sinon cette semaine s'annonce chargée et je ne serai peut-être pas très présente, je vous prie de m'en excuser.

A part ça, plus d'une centaine de milliers de gens ont pris la peine ce week-end de sortir de chez eux pour aller manifester contre le mariage gay. C'est vraiment quelque chose qui me dépasse. Pas qu'il y ait des gens contre, je suis bien consciente qu'il y a de vraies poches de résistance un peu partout. Même dans mon bocal bobo parisien, je ne vis pas complètement au pays des bisounours. Mais que ces gens qui pour la plupart j'en suis certaine ne descendraient jamais dans la rue pour défendre, je ne sais pas, les enseignants, le service public, tel ou tel droit les concernant vraiment, passent leur week-end à battre le pavé pour protester contre une loi QUI NE LES CONCERNE PAS, ouais, ça me dépasse.

Je veux dire, que le mariage gay soit autorisé ne signifie pas qu'on va les forcer à épouser contre leur gré leur voisin de palier, si ? ALORS QU'EST CE QUE ÇA PEUT LEUR FAIRE ? (bordel).

Il va sans dire toutefois que tous ces anti "mariage pour tous" le font "sans homophobie".

Ça me fait penser aux commentaires qui commencent parfois ici par un "ne le prends pas mal mais…" (mais tu es vraiment une quiche, mais tu es vendue à la pub, mais tu fais trop puputte dans ton cuir, mais tu fais rien que des fautes de grammaire, etc).

Là c'est un peu pareil:  "le prenez pas mal les pédés, hein, mais vous êtes tout de même des dégénérés".

Genre, on défile avec des gens qui ne cachent pas leur appartenance aux tendances les plus intégristes du catholicisme, avec des gars qui n'hésitent pas à comparer homosexualité et zoophilie, mais ON N'EST PAS HOMOPHOBES.

Il se trouve que le sujet me touche d'autant plus que ces derniers jours je prépare donc un article sur la façon dont les grands-parents trouvent leur place auprès des enfants élevés par des couples gays. Et que j'ai du coup l'occasion d'échanger avec des personnes bluffantes. Des grand-pères et des grand-mères qui, du fait de leur âge, de leur éloignement d'un certain milieu bobo parisien, d'une éducation qui ne les a pas préparés à vivre d'autres shémas que ceux considérés comme "acceptables", auraient pu se replier sur eux mêmes et refuser ce rôle de grands-parents atypiques. Et qui au contraire, montent au créneau pour défendre leurs enfants, imposent le silence à leur entourage quand ce dernier n'est pas vraiment gay-friendly, décident que cet enfant, qui n'est pas biologiquement le leur est quand même un membre de leur famille. Je vous assure, j'ai parfois du mal à retenir mes larmes d'émotion à la fin de certaines conversations, parce que d'une certaine manière, ils ont bien plus de mérite que moi, avec mes grandes convictions brandies en étendard, mais qui n'ont jamais été confrontées à la réalité.

La réalité, c'est, comme me l'expliquait ce grand-père hier, la peur de voir sa fille se faire agresser avec sa compagne et leur enfant. La réalité, ce sont des insultes taguées sur la porte de ce couple, justement. La réalité, c'est l'oncle qui demande à table, devant tout le monde, "quand même, tu n'as pas envie de te faire vraiment mettre ?".

Je ne sais pas quelle serait ma réaction si un de mes enfants m'annonçait son homosexualité. Mais j'espère qu'elle serait aussi digne que celle de ces gens. Et j'adorerais qu'il y ait, le week-end prochain, plus de 100 000 personnes dans la rue pour protester contre le fait qu'il y ait tant de personnes dehors à l'approche du froid. Mais je n'y crois pas trop à vrai dire.

Edit: Trois textes à lire absolument. Celui de Christophe Conte qui renvoie l'autre zinzin de Frigide Barjot dans son missel, celui de Virginie Despentes (même si je trouve que son propos flirte avec l'anti-hétéro et que ça nuit un peu au discours mais bon, c'est de bonne guerre), qui répond à ce tromblon de Jospin dont on aimerait bien qu'enfin il se retire DEFINITIVEMENT et enfin celui de ma copine Lily qui donne "son point de vue de femme stérile" sur le sujet. Indispensable.

Edit2: La photo ? Rien à voir, c'est juste que je suis allée dans un bureau de presse la semaine dernière où étaient exposées les collections printemps été 2013 pour adultes et enfants, ainsi que certains objets de déco. Et j'ai adoré ces animaux tricotés. Bien sûr j'ai complètement zappé la marque, dès que je la retrouve je la mets, franchement c'est trop chouette, il y a de gros fruits également, des gâteaux d'anniversaire, etc. Ça m'a fait penser au Delit Mail, toute cette maille (à moins que ce soit du crochet ?). Edit: C'est Anne-Claire Petit, qui fait ces merveilles.

DSC_0944_2
DSC_0946_2

J’aime #27

IMG_5966
Vendredi gris mais vendredi quand même, ne faisons pas les difficiles. Un peu de J'aime pour finir la semaine avec optimisme…

J'aime…

J'aime cette photo de Rose prise au tout petit matin avant notre départ à Venise. Il faisait froid alors je lui ai mis mon bonnet (le sien est perdu depuis belle lurette), qui s'est avéré lui aller tellement bien qu'elle me l'a annexé tout le séjour. Mais ce que j'aime vraiment dans cette photo c'est le sommeil qui se lit dans ses yeux. Encore un peu mon bébé.

J'aime la série The Newsroom. L'une d'entre vous me l'avait conseillée et après quelques semaines de détox séristique – j'ai un tout petit peu avalé les trois saisons de "In treatment" en deux mois, à la fin je pensais réellement que Paul allait coucher avec moi – j'ai donc craqué. Résultat, un carnage, dix épisodes en moins de temps qu'il ne faut pour le dire et tout ça d'heures de sommeil en moins. Il n'empêche que bien que super mélodramatique, cette reconstitution d'une salle de rédaction d'un journal de télévision d'une chaine du cable américain est complètement jubilatoire. Les acteurs sont géniaux, les intrigues tirées de faits réels (le premier épisode commence avec la fuite de BP en Louisiane) et en plus il y a de l'amour. Foncez.

KILT-CAROLINE

J'aime ce dessin que Sophie De la Rochefordière a fait de moi pour le blog "La taille mannequin c'est démodé" auquel je collabore et qui vient d'être tout relifté, trop chouette. Je crois que désormais je ne me prendrai plus jamais en photo, j'exigerai qu'on me croque, c'est le meilleur des traitements botox. Sérieusement c'est fou le talent qui consiste à rendre ressemblant un croquis comme celui-ci (allez voir son blog ses illustrations sont très belles)

IMG_6092
IMG_6093
IMG_6094
IMG_6095

J'aime ce restaurant où mon ami Julien nous a emmenés il y a quelques jours. Ça s'appelle la Grille et on a l'impression d'avoir arrêté le temps. Clémenceau pourrait y tailler le bout de gras avec Etienne Arago autour d'un bon cognac et d'un cigare des familles. Les plats ? Du classique, archi-classique, mais merveilleusement préparé. Boeuf bourguignon ultra-goûteux, Saint-Jacques assaisonnées au poil, terrine de lapin d'enfer, oeuf meurette à mourir (on était à deux doigts de saucer la tache sur la nappe). Quant aux desserts, au-se-cours. Les profiterolles, une tuerie, la mousse au chocolat, un assassinat, et ce macaron caramel beurre salé, fiou. Bonne soirée, donc, pas donné donné – comptez, avec le vin, pas loin de 40 euros pour entrée/plat/dessert, mais régal assuré et cadre vraiment typiquement parisien. (j'aime les gavottes aussi en fait)

IMG_6120
J'aime mes chaussures 100%  ampoules free. Le churros les regarde avec une certaine méfiance – il hait tout ce qui est compensé, le CHIEN – mais moi je suis in love. (Ann Tuil).

IMG_6116
J'aime le Sacré Coeur, qui s'est dévoilé comme ça au détour d'une rue mardi, alors que j'animais une conférence au Trianon

IMG_6118
J'aime la boîte Envouthé, reçue par surprise. Le packaging est joli, la sélection de thés surprenante. Je me dis que c'est le genre d'idée que je retiens pour Noël, d'autant que la boite est disponible hors abonnement (je ne suis pas fan quand même des trucs qui vous engagent pour l'éternité, mais c'est personnel, hein).

IMG_6105
IMG_6104

J'aime que le super pote de mon fils soit un gars aussi chouette. En vacances en Floride où son papa est parti en mission pour quelques mois, il est allé au parc Harry Potter d'Orlando – en numéro 2 sur la liste des rêves absolus de mes grands – (en 1 c'est aller à New-York) (alors que Le Touquet par exemple, non ?) (non). Et il en a ramené les fameux "Chocolate frogs" ainsi que les "every flavors beans" (fameux pour qui connait la saga). Et "parce que ça aurait été moins bon tout seul", il a attendu de venir à la maison pour les partager avec les twins. Ça n'a l'air de rien mais ça m'a émue. Il avait acheté ces trucs avec son argent de poche – "la peau des fesses" – et a tenu tout son séjour et son retour pour les ouvrir. Je me dis que quand on a compris ça, le fait que les choses sont toujours meilleures à plusieurs – on se calme -, on est paré pour la vie.

Bon we.

 

Où est passée Lola Frizmuth, d’Aurélie Gerlach

3120063775_1_5_ukw7sLCj
La vie est – parfois – facétieuse. Pendant toutes ces années dans mon agence de presse, j'avais certes quelques ami(e)s, mais j'étais également convaincue d'être assez seule dans cette impression de ne pas être à 100% dans ce que je faisais. J'étais également persuadée de devoir à tout prix me planquer, rester dans mon placard de blogueuse et n'en parler qu'à mes très proches.

Bien sûr, au fil des années, ce fut de plus en plus compliqué de taire cette double vie, d'autant que s'il est une qualité que je ne possède pas, c'est bien la discrétion. Il n'empêche que naïve, j'étais assez convaincue que mis à part quelques initiés, personne ne savait qu'ici même j'avais, au hasard, écrit un long billet sur comment c'est bien de se masturber.

Il s'est avéré le jour de mon départ que pas un pékin n'ignorait mes activités. Et que tout le monde en réalité s'en foutait.

Pourquoi je vous raconte ça ? Parce que ce que je n'ai pas vu non plus pendant ces années, omnubilée que j'étais par ma petite personne, c'est que dans cette équipe à première vue très sérieuse, se cachait une écrivaine. Une vraie, en plus. Je l'avais bien repérée, Aurélie, avec ses cheveux canons, ses jambes canons, son sourire canon. J'avais bien senti que lors de nos pauses clopes qui parfois tombaient en même temps, on aurait eu des choses à se dire. Mais voilà, Aurélie est 1) un petit peu plus jeune que moi (deux ou trois mois) et 2) était arrivée après moi, avec trois ou quatre filles du même âge (ça joue, deux ou trois mois à 24 ans) et du coup on n'était pas dans les mêmes bandes.

Mais voilà, j'avais une sympathie innée parce que je sentais qu'elle n'y était pas toujours à 100% elle non plus. Sérieuse, consciencieuse, mais… mais une mini distance, un petit truc qui ne la faisait pas entrer totalement dans le moule.

Ce n'est que deux ans après être partie que j'ai appris qu'Aurélie, en réalité, n'a pas une vie mais au moins douze. Qu'elle est une dingue du Japon où elle part dès qu'elle peut et dont, je crois, elle parle – un peu – la langue, qu'elle écrit depuis toujours, des nouvelles, des chroniques dans un magazine japonais, qu'elle peint des toiles fluo et qu'elle a un groupe de rock au nom bien déjanté: Babooszchka.

Et surtout, donc, Aurélie Gerlach est l'auteur d'un premier bouquin destiné à la jeunesse mais que j'ai personnellement trouvé hilarant, avant que ma fille me le prenne d'autorité, attirée comme une abeille sur un pot de miel par la couverture: "Où est passée Lola Frizmuth ?". Chez Gallimard Jeunesse, excusez du peu.

La chérie a tranché, "c'est aussi bien que Georgia Nicholson, sauf que c'est encore plus fou". Elle est comme qui dirait au taquet du numéro deux et j'ose pas trop lui dire qu'il est encore à l'état de manuscrit. L'histoire ? C'est celle de Lola Frizmuth, "charisme hors norme et physique de rêve", qui décide de plaquer son bac à venir pour filer au Japon rejoindre Tristan, son amoureux un peu bête. Evidemment, elle va subir pas mal de déconvenues et se trouver embringuée dans une histoire bien compliquée aux frontières du polar ou du roman d'espionnage.

Franchement si vous avez envie d'offrir un bouquin sympa dont votre fille – je pense que c'est destiné aux 12 – 16 ans – ne va pas se détacher jusqu'à l'avoir fini, foncez. Bien sûr je suis de parti pris parce que le hasard fait que ces derniers temps avec Aurélie on s'est plus vues et parlé qu'en des années à bosser dans le même open space. Et que je vois se confirmer un truc : c'est vraiment une fille formidable. Alors si j'ai le moindre pouvoir prescripteur, je suis bien décidée à l'utiliser aujourd'hui. D'autant que je vous l'assure, il y a moyen de ricaner en le lisant, le style emprunte au langage des ados, SMS et pas mal d'argot, mais avec un vrai talent, une gouaille qui en fait un vrai style, justement, pas un truc artificiel et démago censé plaire aux djeuns et écrit par une adulte.

Voilà, c'est tout.

Dis, comment on fait pour devenir journaliste ?

CSC_0129
Je reçois souvent des questions par mail. J'avoue, je suis en dessous de tout pour y répondre, d'autant que souvent ce sont les mêmes interrogations. Je me dis que pour me faire pardonner, parfois je pourrais rédiger un billet qui ferait office de mail groupé.

Une des questions les plus récurrentes pourrait être résumée ainsi:

"J'ai envie d'être journaliste, qu'est-ce que tu me conseilles ?"

De faire plutôt ingénieur.

Sans rire, j'éprouve toujours un peu de mal à encourager qui que ce soit à se diriger vers ce métier. Dire qu'il est sinistré est en deça de la vérité. Je parle surtout pour la presse écrite, c'est le secteur que je connais, mais je crois qu'en télé ou radio, la précarité est probablement encore plus de mise. Sinistré, disais-je. A savoir que la presse généraliste souffre, voire agonise depuis des années. Ça se traduit par des rédactions de plus en plus exangues, des CDI de plus en plus rares et des conditions de travail bien plus difficiles qu'avant.

Attention, je ne dis pas que c'est la mine non plus. D'autant qu'il faut bien l'avouer, les journalistes pour certains ne l'ont pas volé. Des années durant ils se sont reposés sur leurs lauriers, ont un peu oublié ce qu'était leur métier – rapporter l'information, pas la commenter à tout va, et puis un peu la chercher, l'info, pas recracher celle qu'on voulait bien leur donner – et aussi leur déontologie.

Mais le fait est que le concept de "newsroom" s'est généralisé, consistant à faire bosser un journaliste sur à peu près tous les supports d'un groupe de presse – ce qui évite d'embaucher – et lui laissant de moins en moins de temps pour l'investigation.

Mais revenons à nos aspirants journalistes. Le secteur n'est pas en grande forme, à l'exception peut-être de la presse pro, mais même cette dernière, après avoir beaucoup prospéré ressent les  effets de la crise. Sans compter que le web devient de plus en plus un réflexe et que le modèle économique en la matière n'a toujours pas été trouvé.

Reste la pige. Solution que j'ai choisie personnellement depuis deux ans, après huit ans en agence de presse spécialisée. Ce statut me plait bien parce qu'il me permet d'écrire pour des supports très différents les uns des autres (et après avoir pondu de la dépêche sur l'enseignement supérieur matin, midi et soir pendant des années, je vous jure que c'est agréable). Je ne parle ici que de "psychologies magazine" parce qu'il correspond le plus à ce que je fais sur ce blog mais en réalité je pige régulièrement pour cinq ou six autres titres. Et croyez moi il faut bien ça pour se faire un salaire. Parce que si la pige marche paradoxalement pas mal en ce moment – vu que les journaux n'embauchent pas, ils externalisent plus -, il faut en faire beaucoup pour en vivre. Ce qui signifie jongler en permanence avec deux ou trois deadlines différentes, mener simultanément plusieurs "enquêtes", ce qui peut parfois donner lieu à quelques emmêlages de pinceaux (je me souviens d'un article sur la masturbation que je préparais en même temps qu'un sur les masters à l'université et d'un grand moment de solitude avec un interviewé que j'avais confondu).

Je suis en train de me dire que je n'ai pas vraiment répondu à la question ou pas dans le bon sens. Mais c'est un peu voulu. Parce que pour comprendre ma boutade du début, je voulais vous parler de ce quotidien du journaliste qui n'est pas ultra riant. Qui consiste de plus en plus à rester sur sa chaise, à faire de la veille sur internet et, les jours un peu foufous à passer un ou deux coups de fil.

Tableau un peu sombre ? Oui, mais c'est fait exprès. Parce que ma réponse à cette question en réalité, c'est que ce métier on le choisit que si on sent que c'est ça ou rien. Parce qu'il ne faut pas en attendre la fortune, rarement la reconnaissance et souvent en revanche l'angoisse, parce qu'il y a de la pression un peu tout le temps. Même quand on écrit un article pour "Carpe magazine" (ça existe). Parce que se faire le relais de la parole de quelqu'un c'est une responsabilité. Qu'une fois imprimés, les mots, on ne peut plus les changer. Qu'on n'est jamais à l'abri d'une erreur, d'un interlocuteur de mauvaise foi, bla bla bla. Sans parler de l'angoisse de la page blanche, de l'angle qu'on n'arrive pas à trouver, etc.

Mon premier et probablement seul conseil c'est donc celui-ci: bien y réfléchir et ne pas se faire d'illusions, rares sont ceux qui travailleront vraiment à Libé ou au Monde. Nombreux seront ceux qui officieront sur des sites web consacrés à l'actualité des mutuelles, de la formation professionnelle, du cours du blé ou du marché des machines à laver.

Si et seulement si même la perspective d'un CDD à "Secrétaire magazine" vous fait bander, alors foncez. Et si ça se trouve, un jour, vous finirez par réaliser votre rêve et voir votre signature dans le journal que vous considériez comme le graal. Même que ce sera bon, trop bon.

Photo-44
(mon premier article dans Le Monde, il y a un an, traduit en anglais en plus, je crois que j'ai mis deux semaines à m'en remettre) (à la fin il valait mieux d'ailleurs, que je m'en remette, parce que plus personne ne pouvait me saquer dans mon entourage) (je vous rassure en fait à chaque fois que je vois ma signature dans un journal j'ai encore cette joie de gamine devant le sapin de Noël. C'est à ça que je vois que j'ai trouvé ma voie.)

Quant au meilleur parcours académique pour y parvenir, c'est cliché mais clairement faire un IEP n'est pas une mauvaise idée, ça permet de s'ouvrir à pas mal de thématiques, de prendre l'habitude de structurer sa pensée, de rédiger, de parler en public, etc. Et l'école de journalisme n'est pas inutile non plus, même si le métier est l'un des rares encore que l'on peut apprendre sur le tas. La meilleure selon moi c'est l'ESJ de Lille, dont j'ai magistralement raté le concours il y a bien longtemps de ça. Le CFJ – que j'ai intégré en formation continue pour ma part (autrement dit pas la voie royale) -, l'école de Sciences-Po paris, le CUEJ de Strasbourg, sont aussi de très bonnes boutiques. En tout, une douzaine d'écoles sont reconnues par la profession, ce qui leur confère un certain gage de qualité. Et puis il y a les autres qui sont selon moi des fabriques à chômeurs. Honnêtement, je ne comprends pas bien qu'on continue à autoriser la création de nouvelles écoles quand on connait l'état du secteur. Mais en même temps, je sais aussi une chose: je ne changerais de métier pour rien au monde.

Alors voilà, si vraiment vous n'avez pas changé d'avis, lisez, lisez beaucoup, de journaux, de livres, de BD, même. Lisez, écoutez, posez des questions. Tentez la voie académique classique et si vous avez une vocation sur le tard, et bien ne lâchez pas l'affaire, proposez des sujets aux journaux qui vous font rêver et foncez.

C'était long et je ne suis pas certaine que vous ayez été bien nombreux à lire jusqu'au bout, mais voilà, pour ceux et celles qui s'interrogeaient, j'espère que ça a peut-être répondu à quelques questions. Je me ferai un plaisir de donner des précisions dans les commentaires à qui voudra.

Mais en gros si je résume les grandes idées:

– Il faut être très motivé

– Il faut aimer soi même lire les journaux

– Il faut faire des études plutôt généralistes et si possible une école, ne serait-ce que pour le réseau qu'elle permet de se constituer

– Il faut être conscient qu'on commence rarement avec un CDI au Monde.

– Il faut faire une croix sur l'ISF, on le paie rarement à moins de s'appeler PPD.

– Il faut être prêt à supporter les ego surdimensionnés, ils sont légion dans la profession.

Promis demain je parlerai maquillage. Ou pas.

 

 

Et si on était gentils aujourd’hui ?

DSC_0254
Aujourd'hui c'est la journée de la gentillesse. On peut trouver le concept cucul la pralin, on peut se dire que ça devrait être tous les jours, on peut se moquer grave, moi personnellement – et pas uniquement parce que c'est une idée de Psychologies Magazine -, j'adhère.

Je ne suis pas un modèle de sainteté, loin de là, je suis une bonne vieille langue de pupute à mes heures et ne suis pas toujours d'humeur à ne serait-ce que sourire aux personnes dans le besoin. Je râle beaucoup, je rends service, parfois, j'ai mes moments de générosité, pas assez. Je ne suis pas toujours dispo pour ceux qui en auraient besoin, famille, amis, enfant, mari, j'ai comme tout le monde j'imagine un égoïsme chevillé au corps bien plus souvent qu'il ne le faudrait.

Mais j'apprécie la gentillesse, la courtoisie, qu'on y mette un peu les formes, quoi. J'ai trop longtemps supporté quelques personnes qui semblaient juger que répondre cordialement au bonjour du matin était du domaine du facultatif, pour pouvoir aujourd'hui ne serait-ce que tolérer de bosser avec des gens désagréables. Je sais que c'est un peu idiot parce que parfois, les bougons, les rustres et les mal embouchés cachent un coeur d'or quand les souriants et les aimables sont de bons vieux hypocrites. Mais il n'empêche que c'est devenu mon privilège de free lance: mettre fin à toute relation professionnelle dont je sens poindre la moindre toxicité. Ce qui n'arrive pas souvent, j'ai du avoir de la chance depuis deux ans, ou alors, peut-être, je suis moi même devenue un peu plus gentille, du coup, c'est plus facile de l'être avec moi.

Mettre un peu de lien, un peu d'huile comme disait la chanson, même de manière superficielle, c'est loin d'être inutile.

La vie est courte, très. Cette certitude ne m'est pas tombée dessus avant-hier mais elle s'est définitivement imposée à moi il n'y a pas si longtemps. Les drames ne nous changent probablement pas tant que ça, mais ils ont ce seul mérite j'imagine de balayer quelques sentiments superflus, quelques préoccupations inutiles. Je ne suis pas devenue plus gentille ni moins, mais j'ai compris ces derniers mois que quand il ne reste plus rien, il n'y a en réalité plus que ça, ce sentiment d'empathie qui définit notre humanité.

Jean-Claude Ameisen, le gars à la voix la plus apaisante de la terre, faisait d'ailleurs son émission sur france inter de ce week-end notamment là dessus, sur le sentiment d'empathie. Je n'ai pas tout compris – comme à l'accoutumée d'ailleurs – mais étrangement, même ce qui parvenait indistinctement à mon cerveau me parlait. Je crois que le sens, s'il y en a un, réside là dedans. Dans notre capacité, lors de quelques rares instants, à créer du lien, à être vraiment, "avec".

Alors voilà, aujourd'hui c'est la journée de la gentillesse, c'est à la fois dérisoire et fondamental. Comme souvent ce qui est dérisoire, je crois.

C'est tout.

La théorie du sweat-shirt

DSC_0924
Je n'en ai peut-être pas l'air comme ça mais je réfléchis beaucoup et pas que sur le réchauffement climatique.

C'est pourquoi je me propose de vous éclairer de temps en temps ici sur un sujet d'actualité.

Aujourd'hui par exemple, je vais vous parler… du sweat-shirt.

Histoire de vous guider, petits scarabées, dans ce long couloir un peu
sombre que peut être la tendance quand on y connait rien. (moi j'ai
fait sciences-po, donc bon).

Il ne vous aura en effet pas échappé, à moins de vivre chez les mormons (not the best place to be ces derniers temps, RIP Mr Romney), que le bon vieux sweat IS BACK.

Et pas qu'un peu. Pas une enseigne qui n'en propose pas, des grands, des petits, des molletonnés, des tous fins, des chinés ou des imprimés. Et pas une fille, qu'elle ait 24 ans comme moi ou un peu plus, qui ne résiste à la tentation. Pourquoi ? Oh, pas bien important de le savoir à vrai dire, d'autant que dans trois mois on crèvera d'envie d'acquérir, je ne sais pas, moi, un legging panthère, des bottes en kilim (ah non, ça c'était en 2011) ou des pulls manches chauve-souris. Ça s'appelle le cycle de la mode, c'est plus régulier que celui de nos règles (surtout quand on est doté comme moi d'un stérilet mirena) et qu'on le veuille ou non, ça nous colle à la semelle comme un vieux chewing-gum tenace.

Photo(9)
Bref, le sweat-shirt, disais-je, puisqu'on va de toutes façons TOUTES en acheter (j'en dénombre cinq à l'heure d'aujourd'hui dans ma penderie alors que j'avais juré mes grands dieux que non merci), peut-être pourrions-nous nous interroger sur la façon de le porter sans avoir l'impression d'être revenue au bon vieux temps des cours de gym, où dans notre jogging on ressemblait à Bouba le petit ourson. (ma mère n'a jamais voulu m'acheter des jogging en nylon type adidas, elle trouvait ça vulgaire).

Déjà, en préambule (non, les longues lignes qui ont précédé celles-ci n'étaient pas un préambule mais une contextualisation, rien à voir), je vais peut-être en choquer certaines mais je crains de devoir jeter un pavé dans la mare : le sweat-shirt n'est pas seyant.

Je ne nie pas qu'il ait d'autres qualités. Il est ainsi confortable, tout doux et heu… confortable. Je suis sévère ? Ok, il est également régressif, marrant, chaud et puis aussi… confortable. Sexy ? Peut-être, mais alors uniquement si vous êtes à poil dessous et quand je dis à poil c'est vraiment… à poil.

Si vous ne me croyez pas, faites le test et demandez à n'importe quel représentant de la gente masculine ce qu'il pense de vous en sweat-shirt. Est-ce que le mot sexy est venu à un moment ou un autre de la conversation ? Ha !

Enlevez votre jean et votre culotte et redemandez.

Ha !

Sexy, donc, éventually. Mais seyant, jamais. Surtout si comme moi et ce malgré vos 24 ans à peine, votre poitrine a tendance à ne pas être de la première vigueur ou à dépasser le 85 B. Parce qu'un sein sous un sweat-shirt paraît plus gros. DEUX FOIS plus gros. Mais comme le sweat-shirt n'est pas décolleté ni vraiment marqué à la taille, juste ça vous colle une bonne dizaine de kilos dans la vue. Effet d'optique, assurément, mais le résultat est là, ça ne FLATTE PAS.

Est-ce que ça signifie qu'il ne faut donc pas céder à l'hystérie collective et conserver nos petits pulls col V bien coupés et près du corps ?

Sûrement.

Sauf qu'on ne veut pas.

Ronde, mince, grande, petite ou mal foutue, peu importe, on veut notre part du sweet sweet sweat. Et on a bien raison. Parce que parfois, on a le droit de s'en fiche, qu'un vêtement ne soit pas seyant. On l'aime pour d'autres raisons. Lesquelles ? Peut-être le fait que sur notre copine tellement bien foutue c'est trop canon ? Qu'arborer un objet clairement identifié "à la mode", c'est d'une certaine manière "en être" ? Ou juste parce que fuck, on n'aurait pas le droit de profiter que pour une fois c'est un vêtement confortable à la tête des must-have ? Peut-être tout ça à la fois.

Quoi qu'il en soit, moi je dis, revendiquons notre droit à aimer le sweat-shirt.

Mais pour minimiser la casse de l'effet "bonjour, je suis un lego", on peut essayer de l'optimiser. A savoir qu'on l'achète OVERSIZED. Ou carrément étriqué pour que ça fasse genre «ouuuh, mes seins sont tout compressés dans ce sweat, ils ne demandent qu'à être libérés et là tout de suite j'ai envie de les toucher justement mes seins ».

Personnellement je préfère la version XXL, mais le message est le suivant : pas d'entre deux. Parce que le sweat juste « un peu grand », c'est celui qui va vraiment vous tasser pour l'éternité. Alors que carrément « trop grand », il prend une dimension second degré. Genre aujourd'hui, j'avais envie d'être juste moi, à l'aise, sans entrave. S'il glisse un peu sur votre épaule c'est encore mieux, là, il devient sexy sans même qu'on ait à enlever sa culotte.

Photo(8)

Avec quoi on le porte ? Avec ce que vous voulez, personnellement comme je ne suis pas vraiment du genre à prendre beaucoup de risques, j'opte pour un slim, noir de préférence, parce que de mes longues années en modalogie, j'ai retenu UNE LEÇON : si c'est large en haut, on serre en bas. Et inversement. ET QUE PERSONNE NE VIENNE ME DIRE QUE ÇA NE MARCHE PAS A TOUS LES COUPS PARCE QUE JE ME TROUVERAIS ALORS COMPLETEMENT PERDUE.

S'il est vraiment très XXL, je mets même un legging ou des collants très opaques. Avec le risque toutefois de passer pour celle qui a oublié de mettre une jupe. Pour les chaussures, des bottines à talons. Paraît qu'avec des escarpins ça peut le faire mais je n'ai pas cette audace (ni les pieds équipés pour). Parait aussi qu'avec une jupe crayon, c'est classe. Mais sur moi ça fait juste la fille qui a commencé à se saper et qui a oublié d'enlever son haut de pyjama.

Quant à savoir si on choisit son sweat imprimé, uni ou à dentelles, et bien ça, je crois que ça vous appartient. Personnellement j'en ai un kaki ajouré, un rose chiné, un gris pailleté et un avec une tête de tigre (MAIS QUELLE ORIGINALITÉ !).

Et j'avoue, je les mets tout le temps, même si très objectivement ça ne me va pas. Parce que j'ai lâché l'affaire de ce qui me va vraiment, pour entrer dans une autre phase de ma vie (à 24 ans il était temps) : faire ce qui me plait.

Voilà, c'est tout.

Edit: le sweat à tête de tigre vient de chez Zara. Il est pompé sur le kenzo mais coûte environ 26 fois moins cher. Ce qui compte-tenu du fait que dans deux mois on chialera de s'être baladés avec ce genre de pull me semble plutôt raisonnable.

Merci à Violette pour les photos. Pour info, allez voir son nouveau chez elle il est trop beau.

Venise, infos pratiques (surtout culinaires)

DSC_1062
Avec un peu de retard, voici donc mes conseils pratiques pour un petit week-end à Venise. Sachant qu’ils valent ce qu’ils valent, chacun voyage différemment et ce qui m’a plu à moi ne plaira pas forcément à d’autres.

Il n’empêche que donc, en trois jours on a vraiment le temps d’avoir une vraie rencontre avec la ville. Même si je pense qu’en un mois on ne verrait pas tout non plus. Mais comme me le faisait remarquer ma mère, elle même ne connait pas tous les musées de Lyon alors qu’elle y vit depuis toujours. Bref, je ne suis pas tellement du genre à vouloir « tout » voir, ce que j’apprécie le plus lorsque je suis dans un endroit que j’aime, c’est de faire l’éponge, de me perdre, d’aller là où le vent me porte, de « perdre » une heure à ne rien faire d’autre que regarder les passants, assise à une terrasse de café ou même rester dans ma chambre d’hôtel ou l’appartement que j’ai loué, en me délectant à l’idée d’être un tout petit peu résidente d’une ville qui n’est pas la mienne.

Ce qui ne veut pas dire que je fuis systématiquement les musées, bien au contraire, juste que je ne suis pas une folle de la notion de « rentabilisation » d’un séjour.

Bref, voici donc mon petit guide… En lire plus »

Burano, graou et hystérie chinoise

DSC_0384
Burano, j’y étais allée je crois lors de mon premier périple vénitien, l’année de mes douze ans, durant ce qui fut donc l’un de mes souvenirs les plus douloureux, une sorte de colo matinée de scoutisme avec tortionnaire à la clé qui m’avait prise pour cible les trois semaines que durèrent le séjour. J’ai déjà dû l’écrire ici mais ce sale gosse avait donc un jour fait tourner son béret – vive les scouts – autour de lui en demandant à la cantonnade « de faire un geste pour la cure d’amaigrissement de Caroline ». Il me semble sentir encore mes joues brûler de honte.

Bref, ça ne s’était pas passé à Burano mais le fait est que ces endroits magnifiques découverts cet été là ont forcément perdu un peu de leur superbe et gardent à jamais cet arrière goût un peu salé. En plus de cet abject crétin, il me fallait en outre me plier à un rythme qui tenait de l’armée ce qui quand on me connait ne peut que me déplaire…

Passons donc, j’ai déjà saoulé ma mère ce week-end en lui rabachant ces souvenirs sur le mode « mais comment avez-vous pu me FORCER ? », ce à quoi je me suis entendue répondre qu’absolument pas, j’étais tout à fait consentante, ce qui n’est pas faux en plus, j’avais aussi de bonnes copines et garde également quelques heureux souvenirs de tout cela. Et puis d’une certaine manière, ça m’a rendue plus autonome, moi qui avais alors tant de mal à quitter le doux cocon familial. De toutes façons au petit jeu de « qui a souffert le plus », c’est systématiquement l’un de mes frères qui gagne, lui est rentré d’une autre colo, quelques années plus tard, tellement traumatisé qu’il n’a pas pu prononcer un mot pendant trois jours. Depuis, il se plait à confier que plus rien ne peut lui faire peur, ça ne sera jamais aussi dur que cette expérience. D’une certaine manière, je crois que c’est un peu la preuve que ce qui ne nous tue pas nous rend plus fort et peut-être que nos chagrins enfantins ne sont pas tous vains ? En lire plus »

Ensemble, Venise

DSC_0763
Me voici revenue de la sérénissime qui n’a jamais si bien porté son nom. Plus je découvre cette ville merveilleuse, plus je suis enchantée. Pourtant cette fois-ci ça n’était pas vraiment gagné.

Dans la nuit de vendredi à samedi, veille du départ, j’ai en effet commencé à me sentir… bizarre. A savoir que si je n’avais pas eu la certitude que ce soit matériellement impossible – d’autant qu’en me levant pour vérifier j’ai eu la confirmation qu’elle était toujours à côté de moi – j’aurais pu jurer avoir avalé ma valise. J’entends par là qu’une sorte d’enclume de trois tonnes pesait sur mon estomac, rendant toute tentative de m’endormir assez improbable.

J’ai émergé  à six heures, quelques minutes avant que le réveil ne sonne pour nous signifier qu’il était temps de partir prendre notre avion. Je dois vous avouer qu’à cet instant précis, l’idée même de prendre une douche et – surtout – de me brosser les dents (perspective déclenchant immédiatement une nausée abominable) m’est apparue aussi attrayante qu’aller faire un frottis. C’est dire. En lire plus »

Histoires de lumière

 
DSC_0874Un petit billet avant une absence de quelques jours. Pas de vacances pour moi mais malgré tout un week-end prolongé pour une échappée très belle en famille. J'avais je crois évoqué il y a quelque temps mon envie d'emmener mes enfants et mes parents à New-York, thank's god le prix des billets trop élevé nous avait un peu coupé dans notre élan, merci le karma, pas sûre que c'eut été formidable de croiser le chemin de Sandy, d'autant que nous serions partis exactement à ce moment là et que donc nous ne serions pas partis. Ce qui, on est bien d'accord, n'aurait pas été bien grave au regard de ce que certains ont subi au passage de cette bitch de Sandy, justement.

Bref, nous avons revu nos ambitions à la baisse mais pas trop non plus, en décidant de mettre le cap sur Venise. Décollage demain matin de Lyon, pour trois jours tous les sept, les pieds dans l'eau d'après ce que j'ai compris, on est en pleine période d'aqua alta et parait qu'il faut des bottes. Venise est un endroit que j'ai eu la chance d'arpenter à plusieurs reprises depuis mon enfance, au gré d'une colo quand j'avais douze ans – mmmhhh le camping de l'autre côté de la mer, où j'avais choppé non seulement des tiques sur les seins mais aussi un staphylo dans l'oeil, tellement glam -, d'un voyage de classe en prépa – plus grosse cuite de ma vie EVER, vomir du haut d'un lit superposé d'une auberge de jeunesse, check -, d'un périple entre copines – chouette mais nous étions quatre filles alors déprimées de ne pas avoir de mecs et croyez moi, s'il y a un endroit au monde où on a envie de rouler des pelles, c'est Venise – et enfin, last but not least, d'un week-end surprise il y a six ans, au cours duquel le churros m'a demandée en mariage de la manière la plus jolie qui soit (pour ceux et celles qui ne venaient pas encore sur le blog, c'est ici et ici, mes premiers "minute par minute" je crois).

C'est donc un peu un pélerinage cette fois-ci, c'est aussi et surtout un plaisir par procuration, redécouvrir cet endroit magique à la lumière si particulière à travers les yeux de mes enfants et de mes parents qui n'y sont jamais venus. J'ai hâte.

Voilà, sinon, hier je suis allée voir l'expo Hopper au Grand Palais. Je ne saurais que trop vous conseiller de vous y précipiter. Je vous invite à acheter des billets coupe file parce que la queue était tout de même conséquente – je suis une saleté de journaliste privilégiée dont la carte de presse permet d'entrer par une porte dérobée mais même là j'ai quand même du attendre au vu du nombre de gens détenteur du même sesame.

DSC_0897

Je suis tombée amoureuse d'Hopper par le plus grand des hasards, un livre de Philippe Besson, l'Arrière saison, dont la couverture était le fameux tableau dans le bar, avec cette femme rousse mystérieuse. Livre d'ailleurs vachement sympa, je vous le recommande, construit autour de ce tableau, justement.

Depuis, je rêvais de voir ces toiles en vrai et hier j'en aurais presque pleuré d'émotion tant elles sont belles. Il y a un travail sur la lumière qui ferait passer chaque oeuvre pour une photo, une sorte de tristesse latente, une façon de dépeindre le quotidien, qui m'a touchée comme rarement je le suis devant des tableaux. Hopper semble vouer une fascination pour les chambres d'hôtel, fascination que je partage, pour la golden hour, ce moment de la journée où le soleil prend des teintes dorées sublimant le moindre bâtiment industriel, ou pour la lumière du petit matin et des rais de soleil sur les murs des chambres, d'hôtel, justement.

472
Edward_hopper_morning_sun_5a
Hopper.sun-empty-room
Hopper.woman-sun
Il y avait trop de monde, j'aurais voulu être seule pour m'inviter un peu plus à l'intérieur de ces oeuvres. J'y retournerai en semaine, aux premières heures, je crois, pour en profiter encore plus.

Après, nous avons mangé un cupcake délicieux, vendu à la sortie de l'expo et traversé, de nuit, le jardin des Tuileries. C'était une belle journée.

CSC_0924
DSC_0883
DSC_0879
DSC_0884
DSC_0906
DSC_0908
DSC_0910
DSC_0911
DSC_0919

Bon week-end et take care.