Les chroniques de Marje, #12 (partie 1)

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Voici la nouvelle chronique de Marje, qui tombe pile poil pendant le salon du Livre pour la jeunesse qui se déroule à Montreuil – je serai dimanche à 15h au stand de l’Epicerie de l’orage pour dédicacer « L’amour, l’indispensable » et à quelques semaines de Noël, donc à mon humble avis, à point nommé. C’est aussi la dernière chronique sous cette forme aussi longue, à compter de janvier, ce sera plus resserré. Je publierai la suite demain ou la semaine prochaine mais vous pouvez d’ores et déjà télécharger ici la version complète en PDF : chroni12 et celle adaptée aux tablettes : minitablochroni12

Dernière chose, Marje a désormais son blog ! Plus de 500 bouquins y sont déjà répertoriés (ne me demandez pas comment elle fait, entre son boulot, ses quatre enfants et le reste, je pense qu’elle a un organisme particulier ne nécessitant aucun sommeil). Elle continuera à nous livrer ses analyses percutantes ici mais vous pourrez aussi la retrouver tous les jours dans son nouveau chez elle, ce qui est une drôlement chouette nouvelle non ?

Allez, à vos marques, partez, mais allez-y doucement, c’est à un véritable marathon livresque que vous êtes invités !

Edit: en cliquant sur les titres des livres vous accédez à leur fiche sur Amazon

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Au mois de juin, j’ai lu un article du Monde des livres (ici !)qui démontrait que les lecteurs de la série Harry Potter étaient devenus des citoyens américains plus tolérants et développant une conscience politique plus affirmée que les non-lecteurs. Même si je n’ai pas attendu de lire cet article pour me poser la question de l’influence des oeuvres littéraires sur nos personnalités, je pense que cet article souligne la forte imprégnation de nos lectures qui ne sont jamais insignifiantes ou gratuites. Il semble évident que cette influence est encore plus importante quand le lecteur est en devenir ! Depuis j’essaie de constituer la liste des personnages dont je me suis nourrie pour être la femme que je suis aujourd’hui. Je vous épargne le patchwork car il est complètement anxiogène et vous allez me prendre pour une frappadingue ! Cet article qui m’a occupé les méninges une bonne partie de l’été m’a aussi rappelé qu’il faut savoir lire pour le plaisir et ne pas chercher à tout prix une rentabilité quelle qu’elle soit … J’espère que vous trouverez dans cette sélection des ouvrages pour rire, pour réfléchir et pour grandir ! Cette chronique inspirera peut-être vos cadeaux de Noël, je vous propose donc à la fin de chaque rubrique mes coups de cœur de l’année !

Si vous êtes intéressés par les albums, leur conception, leur fabrication et leur diffusion, n’hésitez pas à lire Encore des questions ? l’album de l’album de Yann Fastier. Cet ouvrage sous forme de documentaire explique le long et délicat processus de création d’un livre illustré. Pédagogique, drôle et pertinent, cet ouvrage ne quitte plus mon bureau !

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Peut-être vous rappelez-vous cet ouvrage une Voleuse au maxi-racket (chronique 6) qui est l’œuvre de l’une d’entre nous, Sarah Turoche. Sur ses conseils, j’ai lu un recueil de nouvelles pour lequel elle a écrit Voyage en Styrie. Sam, 11 ans, est envoyé par ses parents en Autriche chez leur amie Marta. Ils souhaitent que leur fils profite d’un bain linguistique afin de faire des progrès en allemand. En s’installant dans le train de nuit qui doit le conduire loin des siens, Sam n’a pas le moral ! Cette petite escapade ne va pas se dérouler comme prévu … Il va alors devoir se prendre en charge et faire preuve de courage ! J’ai beaucoup aimé cette nouvelle. En quelques pages mais avec un style soigné, Sarah Turoche nous entraîne dans le périple de Sam qui ressemble à une odyssée ! Le ton humoristique et les pensées caustiques de Sam sont savoureux. Les autres nouvelles de cet ouvrage Sauve qui peut les vacances ! sont elles aussi très réussies. De nombreux auteurs que j’affectionne ont participé, Mikaël Ollivier, Philippe Lechermeier et Yann Mens dont la nouvelle Dans mon îlot est saisissante. A lire avant, après et pendant les vacances !

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Je souhaitais aussi vous présenter un ouvrage coup de cœur reçu il y a peu de temps : On n’est pas des poupées. Ce documentaire est un manifeste féministe à destination de tous les enfants. Sans s’encombrer d’une histoire ou d’un récit accessoire, cet ouvrage incite les lecteurs à réfléchir à l’égalité des garçons et des filles. Il les engage vers une réflexion intense et profonde sur les stéréotypes véhiculés dans les couloirs de l’école et dans les réunions de famille. C’est fort, c’est drôle et c’est tellement vrai ! Les illustrations de Claire Cantais variées et originales soulignent avec talent tous les combats encore à mener … J’ai aimé la franchise de ce documentaire qui évite mièvrerie et concepts faciles. Avec des mots simples et une belle énergie, il accompagnera tous les enfants vers un engagement à plus de tolérance et d’ouverture d’esprit ! J’ai entendu dire que bientôt nous pourrons découvrir aussi le manifeste des garçons ! On n’est pas des poupées – C.Cantais/D.Beauvois 36 p. – la Ville Brûle – 2013 – 13 €

 

Merci à Catherine qui ne rechigne jamais à la tâche et qui corrige sans relâche mes chroniques. Merci à Caro de m’inviter chez elle où mes chroniques et moi, nous épanouissons au fil du temps !

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Les plus belles Berceuses Jazz – M.Fitzgerald/I.Green – 48 p.

Didier Jeunesse – 2012 – 23.15 €

LIVRE-CD/JAZZ/SOMMEIL/COUCHER/MUSIQUE

J’écris cette présentation en écoutant le CD qui accompagne l’ouvrage ! Je ne peux pas retranscrire le plaisir de l’écoute et c’est bien dommage … Je ne suis pas particulièrement sensible au jazz mais j’avoue que depuis que j’ai acheté ce livre-CD, ma playlist s’est diversifiée … J’ai choisi les plus belles Berceuses jazz car je continue mon investigation autour des œuvres d’Ilya Green. J’ai tout de suite reconnu son style en ouvrant cet album à la librairie. Quinze berceuses sélectionnées par Misja Fitzgerald Michel sont interprétées par les plus belles voix du jazz (malgré mon absence de culture du jazz, je connais certains interprètes !), Ella Fitzgerald, Chet Baker, Frank Sinatra, Sarah Vaughan. Certains titres sont des morceaux très connus, d’autres sont à découvrir. J’ai une tendresse particulière pour Over the rainbow chanté par Judy Garland. Chaque double page propose une présentation concise de l’interprète. Vous pourrez aussi fredonner les paroles en en V.O. et les comprendre grâce aux traductions proposées par Valérie Rouzeau. Chaque chanson est donc illustrée par Ilya Green. J’ai retrouvé certains de ses personnages fétiches, l’enfant-chat, le poupon potelé sans oublier les pommettes rondes et une harmonie des roses, rouges et orangés caractéristique de son talent. En restant fidèle à son style, elle décline chaque chanson en un thème propre. Les couleurs sont profondes et somptueuses. En une double page, elle offre tout un monde à découvrir, à ressentir et à imaginer. Si vous ne supportez plus de chanter « Les Petits Poissons » ou « Maman est en haut », je vous conseille ce livre-CD de berceuses car je ne sais pas si vous êtes comme moi … Mais je ne peux pas bercer un ToutPetit sans fredonner ! Je l’ai offert à une amie proche qui attend un enfant car je cherchais un cadeau pour la mère et l’enfant et je sais que dès maintenant il entend ses doux accords qui lui permettront d’être un bébé jazzy dès la naissance ! Dès que possible et même avant !

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Imagier à toucherP.Estellon – dépliant 12 p.

Les Grandes Personnes – 2013 – 12.50 €

IMAGIER/SENS/TOUCHER/COULEUR/FORME

Les nourrissons perçoivent très tôt le contraste du blanc/noir, du clair/foncé. Pascale Estellon joue sur l’utilisation de ces contrastes pour proposer aux touts-petits, un imagier stimulant. Cet album est un dépliant recto verso qui trouvera sa place sur le tapis de jeu ou dans le lit. Les bébés seront fascinés par les formes cartonnées noires sur la page blanche ou blanches sur une page noire ou surpris par les taches de couleur glissées au fil des pages. Ces formes représentent des éléments du quotidien : la maison, la fleur, une fille, un escargot, un bateau. Ces derniers sont d’ailleurs les héros de nombreuses comptines que l’on fredonne dès la naissance comme escargot rigolo, tape tape petite main, tourne tourne petit moulin. Chaque dessin est aussi à toucher avec les mains, les pieds ou les lèvres pour s’enrichir aussi d’une lecture tactile. Epaisseur, sillon, creux, spirales, vagues … tous les sens sont sollicités d’autant qu’un beau moulin animé attend le tout-petit à la dernière page. Pour les bébés voyageurs, ce bel imagier cartonné épais se glisse dans un coffret ! Dès la naissance.

Petit à petit – E.Vast – 32 p.

MeMo – 2013 – 15 €

ANIMAL/DEVELOPPEMENT DURABLE/BANQUISE/REFUGE/ARCHE DE NOE

J’aime beaucoup les albums d’Emilie Vast, je vous ai déjà présenté Neige, le blanc et les couleurs et Océan, le noir et les couleurs ici et Il était un arbre . Petit à petit s’adresse à des enfants plus jeunes, je pense qu’il peut plaire à des lecteurs dès 1 an. Un jour au pied d’un olivier, les animaux se rassemblent deux à deux pour gravir une passerelle. Très disciplinés, ils montent docilement pour chercher refuge afin d’échapper à la montée des eaux. Le bruit court que ça fond là-bas ! En ordre et en rang, du plus petit au plus grand, les animaux avancent sagement, les fourmis, les araignées, les escargots, les caméléons, les écureuils … jusqu’aux girafes. Ils montent pas à pas sur cette longue passerelle. Ils sont plus de 60 couples à se rassembler sous les branches de l’olivier. La blanche colombe pense à en apporter un brin à bord du grand bateau salvateur : une nouvelle arche pour sauver tous les animaux. Cet ouvrage est un vrai plaisir visuel. Emilie Vast s’est appliquée à jouer sur les plans. Tout d’abord l’eau qui monte à chaque tourne de page, la passerelle oblique qui barre la page de droite et qui disparaît au fur et à mesure sous les flots et enfin les animaux qui grimpent en couple par ordre de taille ! Les couleurs sont pleines et denses. On entend presque le bruit des sabots et des griffes sur le bois de la passerelle. Les lecteurs quel que soit leur âge cherchent à nommer les animaux et le jeu s’installe sans s’en rendre compte ! Encore un petit trésor d’Emilie Vast ! Dès 1 an.

Dans la nuit noire – B.Munari – 60 p.

Les Grandes Personnes – 2012 – 22.50 €

NUIT/GROTTE/INSECTE/LUMIERE/JEU VISUEL/RECIT GRAPHIQUE

Bruno Munari est un auteur jeunesse reconnu. Ses ouvrages sont des œuvres de référence. Il a crée des livres à système et effet visuel très réussi et applaudi par tous les spécialistes. Cet homme, peintre, sculpteur, designer, considérait l’objet livre comme un élément à part entière. Il invitait alors le jeune lecteur à lire l’objet, les illustrations et le récit comme une même et seule histoire. J’ai choisi de vous présenter Dans la nuit noire car mes enfants me le réclament souvent. Lorsque je leur avais lu Deux Yeuxde Lucie Félix, ils avaient immédiatement fait le lien avec cet album. Il est leur ouvrage de référence lorsqu’ils abordent un album conceptuel et innovant. Dans la nuit noire est un récit de pérégrination. Tout d’abord, c’est un jeune chat qui recherche son amoureuse au cœur de la nuit. Même si la nuit tous les chats sont gris, ces deux là sont bleu ardoise et se fondent dans les pages noires du livre. Ils rencontreront une chauve-souris complètement muette et de drôles d’équilibristes endimanchés qui aimeraient savoir d’où vient cette étrange lumière en haut de la page de droite ! C’est en suivant ce point lumineux que le lecteur est entraîné dans un pré. Le regard à hauteur du sol, il découvre le monde des minuscules : insectes, arachnides, escargots, graminées et herbes folles. Le lecteur est alors invité à suivre la course folle de la vie au cœur même de cet écosystème familier. Sur papier translucide, la tourne des pages donne l’illusion du mouvement et de l’intensité de la vie. Ce sont les fourmis qui nous emportent dans un nouvel univers à découvrir : une grotte. Cette grotte représentée sur une accumulation de pages percées est une incitation à observer les peintures rupestres présentes sur ses parois. Les illustrations donnent l’illusion de se faufiler entre les stalactites et les stalagmites pour atteindre un flap-coffre-au-trésor. Attention à ne pas se mouiller les pieds en traversant la rivière souterraine ! A la sortie, notre jeune chat bleu-gris nous attend sagement … Cet album permet aux enfants de ressentir le dedans/le dehors, le jour/la nuit, le plein/le vide, le grand/le petit, la vie/la mort aussi … La pérégrination est bien orchestrée. L’enchaînement des trois univers est rythmé et intéresse les plus jeunes lecteurs qui repèrent immédiatement le fil conducteur de page en page. Les petites mains se baladent pour toucher et appréhender les différences de matière, les épaisseurs, les trous et les déchirures. Si j’avais créé une catégorie INDISPENSABLE ou CLASSIQUE, Dans la nuit noire y figurerait sans hésiter ! Dès 18 mois. Réédition.

 

Après l’étéL.Félix – 56 p.

Les Grandes Personnes – 2013 – 12.50 €

JEU/COULEUR/FORME/LANGAGE/LIVRE A SYSTEME

Vous vous rappelez certainement Deux yeuxde Lucie Félix . PetitPetit et MoyenPetit adorent cet album. Ils le parcourent chacun à leur façon, PetitPetit s’extasie sur les couleurs alors que MoyenPetit tente de découvrir les mystères graphiques de la tourne de page. Après l’été est lui aussi un album ludique. Les découpes, les superpositions, les formes et les couleurs sont convoquées pour créer un récit vif et divertissant. Chaque tourne de page est une surprise et les jeunes lecteurs comprennent vite le jeu des découpes qui se superposent. En famille, on émet des hypothèses qui pimentent la traditionnelle lecture du soir. De la cueillette des premières pommes du jardin en été jusqu’à l’envol des oisillons au printemps, le jeune lecteur est entraîné dans la découverte de la faune et de la flore au fil des saisons. Un album vraiment réjouissant dès 2 ans.

Canaille n’aime pas la soupe – J.Leroy/E.Jadoul – 24 p.

Casterman – 2013 – 5.50 €

EQUILIBRE ALIMENTAIRE/PATES/REPAS/COLERE/SOUPE/RELATION FAMILIALE/ETRE SOI

Si vous ne supportez plus Tchoupi ou Petit Ours Brun mais que votre Petitproche apprécie de retrouver son héros dans de multiples aventures, je vous conseille de rencontrer Canaille. Dans ce livre, notre jeune héros espère que le dîner sera un bon plat de pâtes. Malheureusement, son père a préparé de la soupe ! Canaille est déçu. Il ne veut pas la manger. Mais son père a plus d’un tour dans son sac pour persuader Canaille et sa petite sœur de déguster leur « potage de pirates ». Effectivement, le jeu et l’art délicat de la conciliation permet à cette famille de dîner dans un climat serein … Le récit est court et drôle. Les illustrations soulignent les expressions des personnages et permettent aux enfants de s’identifier. Sans mièvrerie, cet album recrée les tensions qui peuvent apparaître à l’heure des repas. Il montre qu’une ambiance sereine dépend des efforts de chaque membre de la famille. J’ai apprécié que ce soit le Papa qui cuisine. J’ai noté que tous les secrets ne sont pas bons à dire mais que tous les bisous sont bons à partager. PetitPetit adore cette histoire. En plein été, il réclamait de la soupe de pirate … Cet ouvrage est en papier glacé épais, résistant pour les plus petites mains. Vous pourrez aussi partager Canaille fête son anniversaire, Canaille va chez le docteur, Canaille va à la pêche ! Dès 2 ans.

Une Farce – A.Poussier – 24 p.

Ecole des Loisirs – 2007 – 10.64 € (coup de cœur mars 2013)

ANIMAL/JEU/FARCE/GAG/AMITIE/LIT

Si vous aimez les illustrations soignées, douces, réconfortantes, passez votre chemin ! Cet album propose un graphisme novateur. Les personnages animaux sont stylisés, appuyés par un trait noir très présent. Sans illustrations décoratives, toute l’intensité de l’album se trouve dans le récit et la situation abracadabrante des personnages. Des amis souhaitent faire une farce à leur camarade lapin. Mademoiselle Souris a une idée, elle va se cacher sous l’édredon du lit de son copainlapin. Suivi d’un mouton, d’une poule, d’un trio de chats espiègles, d’un loup et de nombreux autres compagnons, les voilà tous cachés sous une couette et dans un lit. Ils semblent bien petits au fil des pages. Neuf animaux dans un lit, ça remue, ça rigole et même les « chut » sont bruyants ! Plus un mouvement, plus un bruit voilà notre ami lapin … La chute est délectable ! Cet album invite au rire et à la détente. Lors de la lecture de ce livre, je force ma voix, je joue sur les intensités, mes enfants adorent et ne se lassent pas de cette histoire ! Un livre réconfortant à avoir dans sa bibliothèque ! Dès 2 ans.

2 Yeux ?L.Félix – 48 p.

Les Grandes Personnes – 2012 – 12.50 € (coup de cœur mars 2013)

JEU VISUEL/LANGAGE/ILLUSION D’OPTIQUE

Ce n’est pas un livre pop-up, ce n’est pas un livre tactile, ce n’est pas un album classique. Néanmoins, il est un peu pop-up, un peu tactile et il raconte une très belle histoire. On peut dire qu’il est 100% interactif. Cet album est un hybride. Lucie Félix a condensé dans ce livre toute l’innovation de la littérature jeunesse. Un peu à la Tullet, l’auteur qui est le narrateur invite l’enfant à s’approprier le livre en créant un univers ludique et interférent. La superposition de pages trouées, de fenêtres met en scène un récit de vie autour d’une mare. Têtards, grenouille, chouette et nénuphars se modifient et se transforment selon l’envie de l’enfant. L’auteur suggère à l’enfant d’émettre des hypothèses sur ce qu’il voit. Au lecteur de tourner la page et de découvrir la réponse ou en tout cas une réponse possible. L’auteur utilise son talent et explique sa démarche d’auteur en laissant planer le doute : chacun aurait-il la possibilité de voir ce qui l’entoure avec créativité et poésie ? En employant le « Je », Lucie Félix donne une tonalité magique et extraordinaire à cet album. Elle se positionne comme un démiurge qui peut voir et créer un monde « origamique ». Les couleurs vives s’associent aux découpes et aux illusions d’optique. Les thèmes du jour et de la nuit sont très bien menés. L’enfant sera sensible au caché/trouvé. Il est acteur du livre et la tourne de page devient un jeu pour sauver la jeune grenouille ou non ! Les plus petits pourront approfondir leur vocabulaire sur les formes : rond, ovale, triangle, carré et ressentir pleinement les couleurs rose, bleu, noir… La numération est aussi convoquée pour rythmer le récit et inciter les enfants à dénombrer les découpes et les fenêtres créées. Un beau livre animé qui mérite la distinction des libraires Sorcières : clic! Dès que possible.

Pour apercevoir l’ouvrage, le site de Lucie Félix : reclic.

Mon Arbre I.Green – 40 p.

Didier Jeunesse – 2013 – 12.80 € (coup de cœur septembre 2013)

FILIATION/ADOPTION/ETRE SOI/AMOUR MATERNEL/PROTECTION/CHAT

Un enfant, éclos d’un cocon, nous raconte son histoire et ses aventures pour trouver un refuge accueillant. Il nous présente son arbre qui était là bien avant sa naissance. Sa branche était aussi le refuge d’un jeune chat qui devient son meilleur ami et son compagnon d’aventures. A eux deux, ils se mettent en quête d’un refuge, d’une maison, d’un lieu hospitalier et chaleureux. Malheureusement, le trou de la chouette est trop étroit pour trois, les oiseaux ne veulent pas partager leur nid avec un chat, le terrier des loirs est trop sombre et leurs copains les papillons n’ont pas de maison. Heureusement, l’enfant est courageux et débrouillard. En descendant de son arbre, il trouve une maison parfaite. Une paire de bras qui le rassure, une poitrine qui le réconforte, un cœur qui bat pour lui et un visage bienveillant qui lui sourit ! Cette femme accueille chat et enfant, tous deux lovés contre elle sur un coussin-nid aussi rouge qu’un cœur qui bat. Le récit, construit comme une comptine, fait rimer et sonner les mots. L’harmonie texte/image et la synchronisation permettent aux enfants de vivre l’histoire étonnante de ce jeune enfant. Son cocon ressemble autant à un chou, qu’à une rose mais il n’est aucun des deux, ce cocon est unique. Les illustrations sont merveilleuses. Les couleurs vives sont chatoyantes. Le trait caractéristique d’Ilya Green est un plaisir. Les joues de l’enfant sont à croquer et ses différents essais de maison permettent aux enfants de ressentir l’étroitesse, l’obscurité, le dedans, le dehors … Lorsque l’enfant décide de quitter son arbre-abri, la tourne de page donne l’illusion d’une continuité entre les branches et les bras protecteurs de la femme-refuge. D’ailleurs sa robe arbore les mêmes couleurs que l’arbre, et les feuilles dessinées rappellent la ramure de celui-ci. Si certains y voient une métaphore de la filiation, ma première impression a été celle de l’adoption. Cet enfant est né dans un ailleurs inconnu et mystérieux. Après bien des essais, il trouve enfin une femme qui l’aime et qui le reconnaît comme sien … C’est souvent le grand talent des albums majeurs, nous y lisons tous une histoire différente, nous projetons une part de ce que l’on est et nous construisons notre propre histoire …Ilya Green est mon illustratrice de ce début d’année 2013. Avec Emmanuelle Houdart, elles m’offrent ainsi qu’à mes PetitsProches des heures de lecture enrichissante et savoureuse. Je cherche toutes ses œuvres. Dans la prochaine chronique, j’espère vous présenter Bou et les trois zours et Marre du rose ! Dès 1 an. Critique deTélérama : ici !

Petit MuséeA.Le Seaux/G.Solotareff – 310 p.

Ecole des Loisirs – 2005 – 15 € (coup de cœur septembre2013)

IMAGIER/EVEIL ARTISTIQUE/PEINTURE

Petit musée est un imagier, un abécédaire, un dictionnaire et aussi un musée ! Quelle richesse dans un si petit format ! Chaque double page offre à droite un mot et à gauche l’illustration de ce mot. Vous me direz, que d’engouement pour une organisation de l’objet livre déjà vue et revue … La richesse de cet imagier est le choix des illustrations qui sont des détails des plus grands tableaux de nos musées. Braque, Cézanne, Goya, Magritte, Picasso, Hokusaï, Hopper, Van Gogh sont offerts aux regards des plus petits. Avec des mots de la vie quotidienne comme une assiette, la mer, des prunes, le soleil, les enfants développent leur langage tout en éveillant leur sens artistique. Une fois que l’on voit le soleil de Van Gogh, on ne verra jamais plus le soleil du même œil ! Certains découvriront que des tableaux sont utilisés plusieurs fois dans cet album comme un jeu de piste à suivre …149 mots à dire, à redire et autant de détails de tableaux à admirer quel que soient l’époque, le mouvement ou le continent … Un incontournable ! Ce titre est un des cadeaux de naissance que j’offre souvent. Dès 1 an.

Si vous souhaitez visiter un musée original et participer avec vos enfants à des ateliers d’éveil artistique, je vous conseille le Musée de poche Paris 11ème. Je pense inscrire MoyenPetit à l’un des ateliers lors de notre sortie parisienne. Le site : iciet l’interview de la directrice Pauline Lamy dans l’émission de Véronique Soulé Y’a un éléphant dans le jardin, Aligre FM :

 

Qu’y a-t-il dedans ?A.Petit/A.Boudet – 20 p.

Rue du Monde – 2012 – 7.50 € (coup de cœur septembre 2013)

COMPTINE/JEU/MEMORISATION/LANGAGE/DIALOGUE

Ce court album carré et cartonné propose deux comptines. Sens dessus dessous, une comptine à l’endroit, une comptine à l’envers et quelle que soit la préhension, l’enfant peut lire et feuilleter ce livre. J’ai eu un coup de cœur lorsque j’ai découvert cet ouvrage à la librairie. La comptine Qu’y a-t-il dedans ? est la première comptine apprise à l’école par MoyenMoyen. Il me l’avait jouée avec tellement de talent du haut de ses trois ans que j’avais sursauté lors de la chute de l’histoire. Je me souviens exactement de ce moment. Je me souviens de ce soir d’automne sombre et menaçant et je me souviens de son sourire extasié de m’avoir attrapée … C’était il y a des années mais son talent de comédien ne fait que se confirmer (en toute modestie maternelle !). Cette comptine traditionnelle incite l’enfant à mémoriser un dialogue dont la répétition « qu’y a-t-il dedans » provoque un effet de zoom saisissant. « Il passe une voiture. Qu’y a-t-il dedans ? Un panier. Qu’y a-t-il dans le panier ? De la paille. Qu’y a-t-il dans la paille ? …… » A la première lecture, l’enfant est très concentré et reste bouche bée devant la chute et les chatouilles provoquées par celle-ci. Le livre n’est pas fermé qu’il faut recommencer et recommencer jusqu’à épuisement de l’adulte ou de l’enfant. Vous pourrez alors proposer la deuxième comptine. On ferme et on retourne le livre. « Il passe un bateau. Qu’y a-t-il dessus ? Un château. Qu’y a-t-il sur le château ? Un chapeau …… »A chaque tourne de page, l’effet d’élévation fonctionne jusqu’à la chute tonitruante ! Cette comptine joue sur le langage et la sonorité des mots. Dès les premières lectures, les enfants mémorisent les récits. La lecture se fait alors à deux voix et c’est un plaisir de partager ces courtes comptines. Les illustrations aux couleurs vives et tranchées permettent à l’enfant de retrouver le mot juste et la réponse adéquate. PetitPetit aime beaucoup ce court album qui convient parfaitement à ses mains. Il tourne les pages en répétant dans un langage qui n’appartient qu’à lui les mots dont il se souvient. Les doudous sont tous au garde-à-vous car Néron attend des applaudissements à chaque lecture. Dès 1 an.

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Voir le jourE.Giuliani – dépliant 26 p.

Les Grandes Personnes – 2013 – 12.50 €

LIVRE ANIME/INTERACTIVITE/COULEUR/POESIE

Le titre de cet ouvrage est une promesse qui tient son engagement. Grâce à des volets, des languettes à déplier ou à tourner, des flaps à ouvrir, cet album se pare de couleur et donne l’illusion d’illuminer les pages aux illustrations noires. Chaque page est un tableau qui invite le lecteur à s’immerger dans le récit graphique de cet album dépliant. Le jeune lecteur est subjugué par l’apparition des couleurs et l’ingéniosité des pliages. Quant au récit, resserré en quelques phrases, il est poétique et philosophique. Les grands moments de la vie défilent sous les yeux du lecteur avec subtilité et délicatesse. L’amitié, l’amour, la vieillesse, la solidarité, l’enfance, la mort et l’engagement sont abordés avec beaucoup de talent et d’élégance. Un livre à aimer et à animer dès 3 ans.

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Rhino des villesG.Dorémus – 150 p.

Autrement – 2010 – 18 €

VILLE/ESPACE URBAIN/STREET ART/LAND ART/RHINOCEROS/JEU VISUEL/CACHE CACHE

Pour moi, rhino se conjugue uniquement avec pharyngite ! Je pense que je cumule le nombre de répétitions de ce mot sur les carnets de santé de mes enfants. Je suis contente d’aborder ce terme de rhino sans morve, sans toux et sans miasmes. Ce rhino est extraordinaire, c’est un rhinocéros des villes. Tout son troupeau a été chassé par les hommes. Il tente de se camoufler dans la jungle urbaine pour rester sur ses terres. Sur des panneaux d’affichage, sur les immeubles, au fond des jardins, à l’ombre d’un arbre, sur le capot d’une voiture, sur les trottoirs, notre rhino fuit de page en page. Il passe maître dans l’art du camouflage et de la dissimulation. En carton, en feuilles d’arbre, en petits cailloux, en pain, en sable, en papier, en lego, en crayons, en buée, Rhino ne manque pas d’imagination pour passer inaperçu. Parfois minuscule, parfois immense, il essaie de nombreux subterfuges pour vivre en paix parmi nous au cœur de la ville d’aujourd’hui. Cet album est donc un recueil de photographies mettant en scène Rhino dans tous ses états et sous toutes ses formes. Chaque double page offre une photographie, parfois un court texte relatant les aventures de Rhino et surtout un jeu pour le retrouver sur le cliché ! Un récit visuel de pérégrination qui permet aussi de réfléchir aux transformations et aux enjeux des espaces urbains. A la croisée du land art et du street art, nous nous sommes régalés de cet ouvrage pas banal. Plus de 70 photographies pour jouer, discuter et s’étonner de l’originalité de cet album … Dès 3 ans.

Si vous souhaitez feuilleter quelques pages, le site de Gaëtan Dorémus : ici !

Milton en pension Haydé – 32 p.

La Joie de Lire – 2013 – 10.80 €

CHAT/SEPARATION/HUMOUR/VACANCES

J’ai un chat. Depuis deux ans que Monseigneur vit avec nous, il reste complètement mystérieux. Parfois complètement hystérique, parfois un brin neurasthénique, je ne le cerne pas vraiment et je ne lui tourne jamais le dos. Je sais que je ne suis pas la seule à m’interroger sur les chats, ce témoignage me rassure. Tout comme la lecture des titres de cette collection qui me fait rire ! Milton est un chat noir à taches blanches (l’inverse marche aussi, je suis sûre que ce détail a son importance). Dans ce nouvel album, Milton découvre un peu tard que ses maîtres le confient à une pension pour deux semaines. Ils souhaitent être tranquilles pour leurs vacances. Enfermé dans sa boîte de transport, Milton miaule tous les chats qu’il a dans la gorge … Malgré son doudou-pulldemamaitresse, Milton déprime et ne veut pas rencontrer les autres chats. Il boude, il crache, il se bagarre et il s’ennuie. Mais Milton a plus d’un tour dans son sac pour dire à ses maîtres : « Plus jamais ça » ! Ce nouvel épisode des aventures de Milton rappelle qu’il est bon de retrouver un héros dans une série. Le récit court est construit par les pensées de Milton des dialogues, et des légendes cocasses. La mise en forme du texte souligne les émotions de ce chat attachant. Les illustrations au feutre soulignées de noir sont vives et rappellent les traits caractéristiques de la bande dessinée. Une collection à découvrir, à lire et relire avec ou sans l’accord de son chat ! Dès 5 ans.

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Marre du roseN.Hense/I.Green – 34 p.

Albin Michel jeunesse – 2009 – 11 €

FEMINITE/ETRE SOI/JEU/PERSONNALITE/RELATION PARENT ENFANT

Ilya Green est une illustratrice que j’ai découverte cette année. Depuis janvier, je recherche tous ses albums afin de mieux comprendre son travail et de cerner son style graphique. Je vous ai déjà présenté certains de ces albums dans la chronique 11 Mon Arbre et le Masque et dans celle-ci les plus belles Berceuses jazzet Ti’Poucet. J’ai gardé celui-ci pour cette chronique de rentrée car il me semble indispensable à la bibliothèque d’un enfant, qu’il soit fille ou garçon. Une petite fille se révolte contre l’omniprésence du rose autour d’elle ; pas moyen d’y échapper : sur les vêtements, sur les jouets, sur les fournitures scolaires. Cette fillette aime les vêtements noirs, les dinosaures, les insectes et surtout les grues. Ses parents respectent ses goûts vestimentaires mais ils l’incitent à changer de comportement en l’affublant de l’horrible surnom de garçon manqué ! Cette expression trotte dans la tête de la petite fille qui comprend qu’elle est considérée « un peu comme un garçon mais pas un garçon quand même ». Elle observe et analyse les comportements des autres enfants autour d’elle et particulièrement d’Auguste et Carl qui s’intéressent plus à la couture, aux fleurs et aux perles. Sont-ils des filles manquées ou des garçons loupés ? Elle décide d’assumer sa personnalité sans changer d’un iota. Elle sait qu’elle est une fille et décide d’en être fière. La petite fille demande alors à ses parents de ne plus jamais l’appeler garçon manqué. Les illustrations sont hautes en couleurs et montrent les situations quotidiennes vécues par la petite fille. Son regard frondeur et sa moue boudeuse prouvent sa maturité et sa capacité de réflexion. Elle tient à sa différence et ne craint pas de se rebeller contre les préjugés de ses parents. A la dernière page, la petite fille est dans le groupe d’enfants. Elle est complètement intégrée. Elle y est à sa place comme Carl et son déguisement de fleur-coccinelle, comme les petites filles princesses et comme les spidermen verts. Elle se sent bien et son regard (pointé vers le lecteur) nous confirme qu’elle a raison d’être ce qu’elle est ! Cet album a fait cogiter MoyenMoyen longtemps ! Il ne venait pas à bout de cette expression « un garçon manqué ». Mais les garçons qui aiment les jeux de fille sont aussi des garçons manqués. Il étirait son raisonnement jusqu’à imaginer un troisième sexe pour les enfants qui étaient manqués … Il a essayé d’étiqueter tous les élèves de sa classe. Il s’est alors rendu compte que cela n’avait aucune importance et qu’il aimait aussi bien les filles très filles, les filles aimant les jeux de garçons et toutes les autres ! Pour tous les enfants dès 5 ans.

Histoire de Julie qui avait une ombre de garçonC.Bruel/A.Galland/A.Bozellec – 50 p.

Editions Etre – 1976/2009 – 17 €

ETRE SOI/DEPRESSION/FEMINITE/AMITIE/RELATION PARENT ENFANT

J’ai profité du remue-méninges de MoyenMoyen pour lui proposer un album que j’apprécie beaucoup même s’il est un peu complexe : Histoire de Julie qui avait une ombre de garçon. Une petite fille souffre des remarques blessantes et du manque d’affection de ses parents qui la jugent trop masculine. Petit à petit, elle perd son identité. Son ombre se modifie et devient une ombre de garçon. Elle refuse cette ombre, elle lutte … Elle s’épuise et perd goût à la vie. Heureusement une rencontre au pied d’une statue de Charles Perrault lui donnera la force d’être fière d’elle … Cet album qui est un classique de la littérature jeunesse est complexe. Il peut déranger les GrandsProches qui apprécient les albums lisses et légers. Le travail d’illustration est admirable et offre un véritable récit visuel. Le rapport texte-image est intense. Le mal-être et la souffrance de Julie sont touchants. Son combat et sa victoire sont aussi un peu les nôtres lorsque l’on referme ce livre. Dès 7 ans.

Sur ce thème parfois difficile d’être un garçon ou une fille, d’un peu des deux ou aucun des deux, je vous conseille la lecture de l’article d’Ariane Tapinos, Fille ou garçon ? Citrouille – 2013- n°64 – p. 9

Strongboy, le tee-shirt de pouvoir I.green –

Didier jeunesse – 2011 – 10.90 €

RELATION ENFANT ENFANT/COMMANDER/OBEIR

Je ne sais si vous êtes comme moi mais j’ai des tenues pour affronter certaines journées. J’ai une tenue lorsque je dois négocier avec mes responsables (féminine mais sobre, classe et bien coordonnée d’après moi). J’ai des tenues lorsque je m’occupe des enfants à la maison (des pelures, des pantalons larges qui ne craignent rien enfin plutôt qui ne craignent plus rien, ni la morve, ni le vomi, ni les « crucs » non identifiés) et enfin j’ai une tenue porte-bonheur pour les rendez-vous importants. Olga, l’héroïne de cet album est comme moi (d’ailleurs elle me ressemble !). Elle a un tee-shirt de pouvoir, le tee-shirt strongboy ! Ce vêtement frappé d’un grand S permet à Olga de commander aux autres enfants. En un instant, elle se transforme en dictateur : Sophie, Gabriel, Ana et le chat doivent se plier aux désirs de Mademoiselle. Dans le désordre mais sur un ton qui n’attend aucune réplique Olga veut que les fourmis construisent une piscine, elle exige que Sophie lui donne sa pomme. Elle ordonne à Gabriel de marcher à quatre pattes et le Chat doit aller lui chercher une glace à la fraise. Tous s’exécutent sans broncher … Mais lorsque le chat revient avec la glace de Mademoiselle, il porte lui aussi un tee-shirt Strongboy ! Olga est dépitée. Le Chat explique alors que le marchand de glace l’offre à tous les enfants qui lui achètent des glaces à la fraise … Un à un, les enfants reviennent avec un Stongboy sur le dos… La chute est savoureuse et permet de désamorcer par le rire la tension narrative. L’escalade de la violence retombe et chacun peut réfléchir et discuter sur la situation engendrée par ce vêtement de super pouvoirs. Sans ton moralisateur, sans conseils édifiants, Ilya Green fait confiance aux jeunes lecteurs pour trouver et comprendre seuls les enjeux et les limites des rapports de force dans un groupe. Elle entremêle habilement des instants drôles et d’autres moments plus délicats. Les illustrations sont vives et centrées sur les expressions des jeunes héros. Sans décor, ni ornement superflus, le cadre régulier et la répétition rappellent presque les flip-books, le site de flip books : iciet une vidéo ! Je pense que je  vais revoir toute la garde robe de PetitPetit (son petit nom du quotidien est Néron !) pour trouver son tee-shirt de pouvoir et le brûler au milieu du jardin en dansant comme une damnée ! Vous remarquerez le titre qui souligne l’importance qu’Ilya Green donne à l’égalité des garçons et des filles et aux libertés individuelles. Dès 5 ans.

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Pomelo grandit R.Badescu/B.Chaud – 40 p.

Albin Michel Jeunesse – 2010 – 13 €

ETRE SOI/GRANDIR/VIEILLIR/PERSONNALITE/CORPS

Je vous ai déjà avoué mon amour pour ce petit éléphant rose ici. Je lui cours après et j’essaie de tout savoir sur lui (je sais j’ai 8 ans ½). J’ai une tendresse particulière pour Pomelo grandit car j’ai dû le lire à une assemblée d’adultes lors d’un stage de formation. Non seulement il fallait le lire mais il fallait surtout jouer le récit et inviter le lecteur dans l’histoire sans recourir aux illustrations. J’ai tenté d’esquiver l’exercice mais même en faisant ma mauvaise tête et en attendant la dernière heure, j’ai dû me soumettre. J’ai donc choisi cet album car je savais que Pomelo ne me laisserait pas tomber ! C’est mon éléphant pour la vie maintenant. Dans ce livre king size 24×32, Pomelo découvre lors d’une balade qu’il a grandi ! Il dépasse son pissenlit et même une drôle de fourmi. Pomelo est fou de joie. Il sent monter en lui l’hypersupraextraforce du cosmos. Après cette poussée d’adrénaline, il se demande quand même s’il va grandir harmonieusement : va-t-il grandir morceau par morceau, un œil puis l’autre, une oreille, la queue puis l’autre oreille ? Son imagination s’emballe. Il tente de visualiser ce qui se passe à l’intérieur de lui pour grandir « comme il faut ». Il se demande aussi s’il va finir par être gris comme le veut son espèce ou s’il conservera sa jolie teinte rose. Après la joie et les questions, vient le moment des peurs : jusqu’où grandit-on ? Devient-on nécessairement sage, calme et ennuyeux ? Pomelo comprend aussi que grandir rime avec vieillir et qu’il devra laisser derrière lui l’insouciance et la spontanéité. Heureusement ce jeune éléphant est optimiste. Il sait aussi que grandir va lui permettre de trouver un sens à sa vie et lui donner le courage de vivre de belles aventures …Je dis souvent à mes enfants que grandir, c’est formidable ! PetitPetit le dit vingt mille fois par jour « Moi à faire, moi à grand ». MoyenMoyen semble aux anges quand quelqu’un lui dit qu’il est grand. Je me souviens pourtant que l‘idée de grandir m’effrayait. Je savais que ces changements étaient inéluctables mais personne ne pouvait me dire ce que je deviendrais. A quoi vais-je ressembler ? Vais-je encore être moi ? Que vais-je conserver ? Mes enfants se posent certainement les mêmes questions. Je trouve que de nombreux ouvrages sur le thème de l’adolescence abordent ce sujet mais très peu d’ouvrages pertinents traitent ce thème pour les plus jeunes. Ramona Badescu et Benjamin Chaud effleurent les joies, les questions et les peurs engendrées par ce processus naturel qui peut être anxiogène. Le ton léger et drôle permet à l’enfant de dédramatiser cette croissance énigmatique. Les illustrations sont colorées et fourmillent de détails croustillants. De nombreux clins d’œil aux albums précédents et des mises en abyme savoureuses sont à découvrir. Ne craignez pas d’inviter cet éléphant chez vous, il apportera de la joie, de l’apaisement, du rire et de belles séances de cogitation à vos PetitsProches ! Dès 5 ans.

La Princesse attaqueD.Chedru – 48 p.

Helium – 2012 – 15 €

JEU VISUEL/LECTEUR HEROS/AVENTURE/ENIGME/LOGIQUE

Cet ouvrage est un livre-jeu dont l’enfant est le héros. Dès la page de titre, le ton est donné. La Princesse Attaque part en guerre contre l’ignoble cyclope à l’œil vert qui a kidnappé son amoureux, le Chevalier Courage. Intrépide et téméraire, Princesse Attaque propose aux lecteurs de l’aider car elle sait que sa mission va être difficile à mener seule. Chaque double page offre tout d’abord, un panorama grand format 43×35. Les illustrations sont vives et colorées. De multiples détails sont à découvrir et à rechercher. Indépendantes les unes des autres, ces pages sont néanmoins toutes en relation et se complètent avec intelligence pour former un récit intense, drôle et parfois un peu inquiétant. Chacune est aussi le support à la réalisation d’une mission : jeu de piste, jeu visuel, énigme à résoudre, détail à retrouver ou exercice de logique … On ne s’ennuie pas en compagnie de Princesse Attaque. Il faut combattre une armée de barbares, un flamant Goliath, un chat sauvage et bien entendu l’horrible cyclope et bien d’autres encore. Elle trouvera des alliés inattendus comme une belle Dame alanguie, un tigre de Cappadoce et des vikings au cœur tendre. Une fois la mission-jeu accomplie, le lecteur doit faire un choix pour poursuivre le voyage en compagnie de la Princesse comme « Poursuivant votre chemin, vous pouvez gravir la colline et vous rendre page 20, ou descendre prudemment dans le puits pour déboucher page 22 ». Chaque lecture offre donc un chemin et un récit différent. MoyenMoyen adore ce livre. Il tente d’organiser sa mission avec Princesse Attaque afin de parcourir toutes les pages de l’ouvrage en une seule et même lecture. Nous avons tiré la langue pour accomplir certaines missions un peu délicates. Heureusement les solutions sont proposées en fin d’ouvrage. Lorsque MoyenMoyen me propose cet ouvrage, je sais que nous partons en voyage : dans le ciel, sur et sous la mer, dans de magnifiques châteaux, au cœur d’un village ottoman et à bord de drakkars somptueux. Entre la Princesse Attaque et mon Chevalier servant MoyenMoyen, je n’ai peur de rien ! Dès 5 ans.

Si vous êtes accros, n’hésitez pas à découvrir aussi

Le Chevalier CourageD.Chedru – 45 p.

Helium – 2010 – 15 €

 

Présentation de la librairie la Soupe de l’Espace : ici !

Une fois encoreE.Gravett – 32 p.

Kaléidoscope – 2011 – 14 € (coup de cœur février 2013)

LECTURE/CAPRICE/REVE/DRAGON/SOMMEIL/OBJET LIVRE

Il est 20h, c’est l’heure d’aller au lit Bébé dragon ! Bébé sort son livre favori pour son rituel du coucher. Bébé dragon adore l’histoire de Cédric, le dragon rouge insomniaque. Une fois son histoire terminée, Bébé dragon réclame encore l’histoire de Cédric l’insomniaque et encore et encore… Maman dragon a sommeil. Elle essaie vainement de raccourcir le texte, de modifier la fin de cette histoire du soir : rien à faire, bébé dragon trépigne ! Il exige son histoire. Il devient aussi rouge que son héros favori. Un vent de colère et de furie emporte Bébé dragon jusqu’à ce que, malencontreusement, il détruise son livre préféré. Le livre est exploité dans sa globalité car la fin est surprenante. Elle dépasse le récit et les illustrations car l’objet livre est intégré dans l’histoire. Les illustrations sont magnifiques et recèlent de nombreux détails à découvrir. De la première page, jusqu’à la quatrième de couverture, l’histoire se poursuit et s’enrichit. Le récit est une mise en abyme parfaitement orchestrée. Le livre de Cédric change au fil des pages et doit s’adapter aux mouvements de Bébé dragon. Nous sommes tous concernés par cette histoire du soir qui parfois a du mal à prendre fin. Il faut souvent négocier, promettre, rassurer que demain, il y aura encore une histoire. L’heure de la séparation est difficile et malgré le rôle de médiateur du livre, les enfants essaient de nous retenir coûte que coûte. Maman Dragon sait de quoi elle parle et ses essais infructueux pour mettre Bébé dragon au lit me rappellent des souvenirs encore tout proches. Emily Gravett nous offre un bel album sur le rituel du coucher qui peut virer au cauchemar. D’ailleurs ce livre est peut-être le rêve ou le cauchemar de la mère et du fils. MoyenMoyen est resté bouche bée à la lecture de cet album. Il a demandé à le relire immédiatement car (grand négociateur l’animal !) il n’était pas sûr d’avoir compris. Tout d’abord lu sur un ouvrage de la bibliothèque, il était au pied du sapin car je suis sûre que l’investissement sera vite amorti. Merveilleux album qui ravira petits lecteurs et grands raconteurs ! Dès 5 ans.

Sur son site, Emily Gravett propose des vidéos montrant son travail d’illustration : ici !

 

Jouets des champsA.Crausaz – 36 p.

MeMo – 2012 – 14.50 € (coup de cœur mars 2013)

JOUET/NATURE/RELATION MERE-ENFANT/CREATION

Ce nouvel album d’Anne Crausaz est une petite merveille ! Par une belle journée d’été, un jeune garçon et sa mère partent en forêt pour une chasse aux trésors. Ces trésors seront des jouets réalisés avec des pétales, des feuilles et des fleurs. Samares d’érable, graines de pissenlit, couronne et poupées de fleurs, ce livre est aussi un véritable cahier d’activités en nature. Fabriqués à quatre mains, ces jouets éphémères sont aussi un prétexte à une transmission ancestrale lors des ballades dominicales et à une réflexion sur la valeur de ce qui nous entoure. Lucien et sa mère vont découvrir la richesse des champs et des bois en été même le ciel leur offre le merveilleux panorama de la lune et du soleil réunis. Quel beau périple à découvrir ! Les illustrations sont splendides, les effets de zoom sont réussis, les couleurs intenses, choisies avec soin, rehaussent ce récit tout en harmonie ! Dès 5 ans.

 

Ouvre les yeux C.Dé – 96 p.

Les Grandes Personnes – 2011 – 14.25 € (coup de cœur mars 2013)

LAND ART/FAUNE/FLORE/PHOTO/ANALOGIE/LANGAGE

Oui ouvrez les yeux car cet album offre un merveilleux spectacle ! La faune, la flore, la voûte céleste : la nature photographiée sous des angles originaux. Certaines photographies pleine page sont saisissantes et m’ont plongé dans mes souvenirs d’enfance où je passais des heures à observer les écorces des arbres. D’autres pages proposent deux clichés différents qui peuvent se répondre ou s’enrichir par analogie. L’air, l’eau, le feu et la terre sont aussi convoqués dans ce livre innovant. De l’infiniment grand à l’infiniment petit, sa lecture donne le vertige et nous rappelle que la nature offre un merveilleux spectacle quotidien. Les amateurs de Land Art seront touchés par certaines œuvres époustouflantes de simplicité et de perfection. Les enfants seront ravis de découvrir leurs meilleurs amis et leurs souffre-douleurs : les escargots, les gendarmes, les chenilles … Mon PetitPetit est fasciné, il pointe son petit doigt boudeboude en nommant chaque élément qu’il reconnait. Moyenpetit, quant à lui, essaie de reproduire certains montages land art dans le jardin. MoyenGrand est intéressé par les techniques photographiques mises en œuvre pour réussir de si beaux clichés. Sans texte, ce livre permet une interprétation personnelle. Mes fils y voient des détails que je n’avais pas remarqués. Ils imaginent des affinités auxquelles je n’aurais jamais pensé. Quant à ma version de certaines analogies, ils me regardent comme s’ils ne me connaissaient pas ou plus … Un album à lire et relire à tout âge !

 

Moi j’adore, maman détesteE.Brami / L.Le Néouanic – 96 p.

Seuil Jeunesse – 1997 – 12.07 € (coup de cœur mai 2013)

VIE FAMILIALE/REGLE DE VIE/CONTRAINTE/OBEISSANCE/HUMOUR

Le titre m’a tilté, l’expression du chat et du petit garçon ont fini par me convaincre. Arrivée à la maison, un enfant vissé sur chaque genou, je découvre toutes les situations quotidiennes qui me hérissent le poil comme « qu’on ait de la fièvre le lundi matin, les cultures de haricots qui pourrissent, les élevages d’escargots qu’on oublie, qu’on ait la bougeotte en voiture » et j’en passe ! A chaque page, je m’exclame « ah, ça c’est vrai ! » et mes deux derniers « Ah, non c’est lui, c’est GrandGrand, ah, non mais on ne fait jamais ça quand tu es là ! » J’ai beaucoup ri et eux aussi. Cet album nous a permis de discuter de nos différents points de vue et des situations qui finissent en cri, en larme ou en boudin. MoyenGrand avait envie de rajouter quelques situations personnelles, je vous avoue que ça m’a fait froid dans le dos. Les illustrations vives et très colorées exploitent bien les bêtises évoquées. Cet album humoristique permet de faire le point sur les règles de vie en famille. J’ai réussi à glisser que je n’étais pas mono-maniaque/psycho-rigide comme certains regards peuvent parfois le laisser penser mais que toutes les familles ont des règles que tout système fonctionne selon des lois. En effectuant quelques recherches, j’ai découvert que cet album a été décliné en plusieurs titres : Moi je déteste, maman adoreMoi j’adore, maman aussiMoi j’adore, la maîtresse déteste … Je pars en recherche et je vous tiens au courant : le titre Moi j’adore, maman aussi … m’attire particulièrement, pas vous ? Dès 4 ans.

Il était mille fois D.Perret/L.Flamant – 60 p.

Les Fourmis Rouges – 2013 – 13.80 € (coup de cœur septembre 2013)

VIE QUOTIDIENNE/SOUVENIR/ENFANCE/ECOLE/FAMILLE

Depuis Moi le Loup et la cabane, je suis Delphine Perret pas à pas. Je m’intéresse même à des petits pas minuscules laissés par des fourmis rouges ! Il était mille fois est un album qui m’a sincèrement touchée. J’ai eu des frissons le long des bras et tout le long du dos. Je suis une émotive à poils ! Cet ouvrage est un recueil d’émotions et de sensations. Chaque page décrit un souvenir, un bonheur passé, une difficulté surmontée, un sentiment éprouvé, un frisson de joie ou de peur ressenti. La tourne de page, nous fait vivre plus de cinquante instantanés de la vie quotidienne. Le fil conducteur est l’enfance. A l’école, avec les copains, entourés de frères et sœurs, avec les parents, devant son assiette ou dans la solitude de sa chambre, les souvenirs émergent les uns après les autres au fil de l’album comme un chocolat laissé au fond d’une poche, un bisou pas fait exprès sur la bouche, un marchand qui offrait des bonbons ou un frère et une sœur qui ne voulait pas faire la paix ! J’y ai retrouvé mes souvenirs d’enfance mais aussi certains moments vécus avec mes enfants. Ce bibliosouvenirs permet aussi d’éprouver des sentiments intenses comme le chagrin, la peur, la honte mais aussi l’amitié, l’amour et le plaisir d’être encore et toujours un enfant. Les illustrations de Delphine Perret sont subtiles, douces et fraîches. Son style épuré et simple permet de s’approprier immédiatement les émotions et les sensations évoquées. Chaque illustration est accompagnée par une phrase courte mais au ton juste. Le rapport texte/image est tantôt complémentaire, tantôt contradictoire et parfois savoureusement répétitive. L’enchaînement des situations croquées est souvent analogique mais aussi étonnamment suggestive, une couleur, un simple objet ou une émotion. L’harmonie est parfaite dans cet album. Je l’ai lu à MoyenMoyen qui a beaucoup ri. Il était fier d’avoir plein de souvenir à raccrocher lui aussi. Ses grands frères ont été attirés par nos rires. Nous l’avons lu tous ensemble. Je les regardais lire cet album en disant « Ah, ça c’est toi qui a fait ça quand tu étais en grande section ». J’ai aussi entendu « A celle là, elle est pour toi MoyenMoyen, tu te relèves tout le temps le soir pour demander un verre d’eau à Papa et Maman ». Cet album est à lire et à relire ! Dès 4 ans.

Cet album est édité par une toute nouvelle maison d’édition Les Fourmis rouges dirigée par Valérie Cussaguet. Je suis toujours admirative de l’audace, du courage et de la foi nécessaire pour créer sa propre maison. Réussir à publier des ouvrages qui correspondent exactement à nos exigences doit être un grand bonheur. Vous pouvez voir l’interview de Mme Cussaguet sur le site des Histoires sans fin : iciet découvrir les premiers ouvrages ! Je suis les empreintes des Fourmis rouges … Et aussi une interview percutante dans l’émission Y’a un éléphant dans le jardin par Véronique Soulé : ici !

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6-9 ans

Avril, le Poisson rouge M.Leray – 40 p.

Actes Sud Junior – 2013 – 11.20 €

ETRE SOI/HUMOUR/REVE/COURAGE

Je vous ai déjà présenté un ouvrage de Marjolaine Leray que j’affectionne particulièrement un petit Chaperon rouge ici. Nous le lisons régulièrement avec MoyenMoyen. Nous étions donc impatients de découvrir ce nouvel album qui nous a sauté aux yeux à la librairie avec sa couverture rouge. Dès que nous nous sommes approchés MoyenMoyen s’est exclamé « Déjà j’aime bien la tête du poisson ». Moi aussi je trouvais que ce poisson « Avril » avait une trombine qui nous promettait une belle lecture. Avril est un poisson rouge dramatiquement philosophe. Il se demande s’il doit « être ou arrête ». Après une adolescence difficile, il sait maintenant que ses parents aqualiques sont la source de ses maux et de ses troubles existentiels. Avril frôle parfois la dépression mais il décide d’affronter la dure réalité du bocal et de se remonter les nageoires pour vivre la vie dont il rêve ! Dès notre retour à la maison, MoyenMoyen a exigé m’a gentiment demandé de lui lire l’album. A la première lecture, j’ai eu du mal à rendre le récit compréhensible tellement je riais. J’ai dû expliquer certains passages à MoyenMoyen qui n’avait pas compris des jeux de mots. Nous l’avons lu dix soirs d’affilée … Je vous assure j’ai compté ! Et même au bout de toutes ces lectures, il en réclamait encore (et moi aussi d’ailleurs !). Puis il a décidé de le présenter à sa classe. Il réserve ce privilège à ses livres préférés. MoyenGrand et GrandGrand l’ont lu et ils ont aussi beaucoup ri. A 11 et 12 ans, ils ont compris toutes les subtilités et tous les jeux de mots de l’album. Ils ont été sensibles au ton corrosif, au style piquant et au second degré très pertinent. Les illustrations sont caractéristiques du style graphique de Marjolaine Leray. Les crayonnés en bataille, les effets de plan et de zoom sont très réussis. La palette de couleur restreinte donne du relief et du sens à chaque détail. Il me semble que tous les rapports texte/image sont utilisés. Parfois l’auteur joue sur la répétition ou la complémentarité, parfois elle renforce le rapport de contradiction ou de disjonction. Ces alternances de liaison portent à mon sens toute l’intelligence de cet album. Un gros coup de cœur ! Dès 6 ans.

Si vous souhaitez en savoir plus sur l’auteur, le site de Marjolaine Leray : ici ! La Chronique de la librairie la Soupe de l’Espace : .

Plumes, écailles et crayons de couleur : animaux à dessiner, observer, inventer – C.Scalabrini/F.Visicchio – 72 p.

Bayard jeunesse – 2013 – 12.50 €

ART PLASTIQUE/CREATION/IMAGINATION/ANIMAL

Si votre imprimante demande grâce et se déconnecte dès que vous cliquez sur Hugo l’escargot, si vous craignez comme moi les ravages provoqués par le coloriage alors n’hésitez pas à offrir à vos enfants cet album de création plastique ! Son format XL permet aux enfants de gribouiller dessiner, inventer une histoire en toute liberté. Pas de marge, pas de ligne, pas de quadrillage… Créer, c’est d’abord définir ses propres limites et décider seul de son champ d’investigation. Chaque double page propose une idée, une anecdote ou une phrase à s’approprier pour imaginer et créer. Les illustrations proposées sont variées et originales. Elles nous rappellent que l’Art n’est pas forcément beau mais qu’il peut faire du bien et libérer des tensions du quotidien. Vous pourrez découvrir des cartes postales anciennes, des tableaux célèbres, des planches muséographiques, de nombreux dessins et des crayonnés. Les techniques représentées sont elles aussi nombreuses, photographies, dessins, collages, lithographies, montages numériques … Cette richesse est organisée autour du thème des animaux. Eclectique, farfelu mais vraiment génial, cet album permet aux enfants d’oser un dessin, un poème, un conte, un arbre généalogique et même des gribouillis, des n’importe quoi et des qui font plaisir … Vous pouvez oublier les « attention à ne pas dépasser » ou « trouve la couleur 36b2a pour colorier la banane » ou alors « combien font 4×9 pour continuer » … Cet album est un concentré d’imagination et de bonne humeur ! Tous les neurones de la famille s’en sont emparé et nous avons dû nous partager les pages ! J’ai particulièrement apprécié la diversité des illustrations présentées. Dès 6 ans.

 

Va-t-en guerreDedieu – 40 p.

Seuil jeunesse – 2012 – 16 €

GUERRE/TYRAN/ARMEE/ENNEMI

Va-t-en-guerreest le troisième album que je présente de Thierry Dedieu, la Guerre des mots iciet le Roi des sables . Vous remarquerez que ces trois ouvrages ont un point commun : la guerre ! Non, ils ont deux points communs : ils sont vraiment intéressants. Dans cet album, le héros est un roi qui aime la guerre. Depuis des années, il prépare ses soldats, il forme des capitaines, il invente des armes cauchemardesques … Il est prêt et attend. Malheureusement Va-t-en-guerre n’a pas d’ennemis ! Il provoque le royaume voisin mais en vain car il est gouverné par un roi pacifiste. Il lève une armée de mercenaires à ses frais pour venir le combattre au pied des murailles mais ces derniers prennent peur devant l’artillerie du roi et de ses soldats. Va-t-en-guerre tourne en rond et se désole, il veut faire la guerre, il veut terrasser des ennemis et démontrer sa force ! Mais comment faire lorsque l’on n’a pas d’ennemi … Cet album graphique joue sur les rapports texte/image. Thierry Dedieu joue parfois sur la disjonction (l’illustration et le texte se contredisent). Ce rapport singulier et fort engage le lecteur à s’interroger et à chercher un sens implicite à cette association originale. Les couleurs sont utilisées avec pertinence. Le blanc et le noir sont les deux valeurs les plus utilisées. On retrouve donc des jeux visuels d’opposition : noir sur blanc, blanc sur noir comme des vues en négatif. Le jaune est utilisé pour symboliser la couronne du roi et deux touches de rouge représentant le sang et la mort. L’auteur a aussi composé cet album en réfléchissant à la pliure centrale. Il l’utilise pour symboliser la frontière mais aussi le miroir et son reflet …Humour, jeux de mots soulignent l’impuissance de Va-t-en-guerre. Les répétitions « Car d’ennemis, il n’avait point » scande la tourne de page et rappelle les chants guerriers ! Un album « tyrannesque » à partager dès 5 ans.

Le blog de Thierry Dedieu : ici !

 

H.I. – N.Choux – 48 p.

L’Edune – 2008 – 10.10 €

ABECEDAIRE/LETTRE/ALPHABET/ANALOGIE

C’est un vœu que j’aimerais réaliser : avoir tous les ouvrages de cette collection : l’Abécédaire de l’Edune. Vingt albums qui présentent l’alphabet comme on ne l’a jamais vu ! Des illustrateurs talentueux s’emparent des lettres et leur font vivre une drôle de vie. Un album, une lettre, un illustrateur, aucun texte et une invitation incroyable à la réflexion et à l’interprétation personnelle. J’ai eu du mal à choisir le premier album de ma collection que j’espère complète d’ici quelques années mois. Devais-je choisir le M en référence à mon prénom ? ou devais-je sélectionner le A pour commencer une collection rigoureuse et ordonnée … J’ai longtemps hésité …J’ai choisi l’album H.I. de Nathalie Choux dont j’apprécie le style. L’illustration de couverture en dégradé de rose et de rouge a fini de me convaincre ! Par double page ou en page simple, en lecture horizontale ou en lecture verticale, Nathalie Choux propose des mises en scène des lettres H et I. Sans support de texte, le lecteur devra observer et émettre des hypothèses sur le mot présenté. Le seul indice est que ce mot commence par un H ou un I. Si certains mots se devinent assez facilement d’autres sont beaucoup plus difficiles. Regardez cette illustration et tentez de deviner …

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A la fin de l’album, un index répertorie tous les mots présentés. On peut alors apercevoir le fil de pensée de l’illustratrice. On y rencontre plusieurs sources de raisonnement dont l’analogie et la causalité. J’apprécie beaucoup cet album qui propose une lecture graphique profonde et intelligente. Les illustrations sont étonnantes et les techniques utilisées sont variées. Des dessins, des photographies, des montages, des découpages sont à découvrir. Je pense que mes PetitsProches qui vont naître cette année recevront l’album de leur initiale comme cadeau de naissance … Faut-il encore que les futurs parents me dévoilent le prénom choisi ! Dès 6 ans.

Si vous souhaitez découvrir les vingt albums, le site de l’abécédaire ici !

 

Monsieur Blaireau et Madame Renarde, tome 1 : la Rencontre– B.Luciani/E.Tharlet – 32 p.

Ecole des Loisirs – 2012 – 6 €

FORET/ANIMAL/FAMILLE RECOMPOSEE/DIVORCE/DIFFERENCE/RELATION FRERE SŒUR/AMOUR/TOLERANCE

Cette bande dessinée aux illustrations douces et délicates recèle une belle histoire de mixité et une leçon de tolérance. Monsieur Blaireau, veuf, vit seul avec ses trois petits, Cassis, Glouton et Carcajou. Alors qu’il tente de maintenir sa progéniture à table, Monsieur Blaireau entend quelqu’un entrer dans le terrier familial. Il cache ses petits car les prédateurs sont nombreux en cette fin d’été … Il est soulagé d’apercevoir des petites moustaches, des oreilles fines et un pelage orangé. Il ne craint pas les renards. D’autant que ce renard est une jeune renarde ravissante. Elle et sa petite viennent d’être délogées de leur terrier par les chasseurs. Son récent divorce et cette fuite ont durement éprouvé la belle renarde. Monsieur Blaireau leur propose l’hospitalité pour la nuit et pour la vie ! Roussette, la jeune renarde n’est pas du tout conquise par cette idée saugrenue … Les blaireaux et les renards ne sont pas faits pour vivre ensemble. Elle trouve Glouton et Carcajou trop différents d’elle. Ils sont trop prudents, trop peureux et trop lents pour jouer. Les jeunes blaireaux la jugent intrépide, excitée et vraiment agaçante. Ils ne veulent pas cohabiter. Ils ne veulent pas devenir frères et sœur de terrier … Heureusement Edmond, le blaireau et la belle renarde laissent du temps à leurs enfants pour apprécier la vie de famille recomposée …Cette bande dessinée est délicieuse par son style graphique. Douceur, délicatesse et décors soignés offrent au lecteur de magnifiques illustrations. Le récit est savoureux par les dialogues enlevés et les situations drôles de la vie quotidienne du terrier. Les thèmes du divorce, du deuil et de la famille recomposée sont habillement menés. Les PetitsProches concernés ou non trouveront des réponses à leurs questions et pourront réfléchir aux difficultés rencontrées par la vie de famille qu’elle soit recomposée ou non … Dès 7 ans.

 

Petit Tarzan des villesMathis – 46 p.

Thierry Magnier – 2011 – 5 €

ECOLE/LIBERTE/ETRE SOI/GRANDIR/RELATION PARENT ENFANT/DANGER/VILLE

François est un jeune citadin au caractère bien trempé. Depuis qu’il regarde les vieux films conseillés par son grand-père, il rêve d’être un héros des temps modernes. Vous voyez, il aimerait bien ressembler à ça : clic. Il sait que l’on ne devient pas super héros du jour au lendemain. Il décide alors de s’entraîner chaque jour et de gagner en autonomie et en courage. Son premier projet est d’aller seul à l’école ! Il sait qu’il est capable d’affronter la jungle urbaine. Il n’a peur de rejoindre son école à pied. Il prépare un petit argumentaire afin de convaincre ses parents. François est un bon orateur et il les convainc de lui faire confiance. Dès le lendemain, plan à la main, François est prêt à affronter la ville, ses dangers et ses mystères. Notre jeune héros a gagné 3 km de liberté ! Il est comme ça François, une vraie tête en bois … J’ai beaucoup aimé ce très court roman. La répétition de « Mais je suis comme ça, moi, quand » ….. est une douce litanie. Cette phrase souligne la ténacité de ce jeune garçon qui aimerait que ses parents lui lâchent la main et la grappe afin de grandir et de devenir un jeune homme serein et sûr de lui. Je me souviens que ces quelques minutes de marche pour aller à l’école étaient pour moi aussi synonyme de liberté, de joie et de frousse mêlées. Je l’ai lu à MoyenPetit qui a trouvé un héros à sa mesure. Ce roman lui a fait comprendre que c’est à lui de décider de ses combats et surtout de ses victoires personnelles. Il l’a relu plusieurs fois et François est devenu son héros de l’été … Dès 6 ans.

Ti PoucetS.Servant/I.Green – 40 p.

Rue du Monde – 2009 – 15 €

PETIT POUCET/CONTE/ROUGE/HAINE/DISCRIMINATION/DEVORATION/OGRE/SEUIL/SOUVENIR

Après la chèvre de Monsieur Seguin, MoyenMoyen est passionné par le Petit Poucet. Règle t-il définitivement son complexe d’Œdipe ou essaie t-il de me dire quelques chose ? Dans tous les cas, nous arpentons tous les rayonnages de la bibliothèque à la recherche des diverses versions du Petit Poucet. Je vous avais déjà présenté le Journal secret du Petit Poucet de P.Lechermeier et R.Dautremer, ouvrage que je connais depuis longtemps maintenant mais que j’ai relu avec plaisir : ici ! Nous avons aussi relu Perdu et nous avons de nouveau ri et apprécié le rythme de cet ouvrage, ici. Ti Poucet est un album qui a subjugué MoyenMoyen et qui m’a confortée dans mon admiration pour Ilya Green. Cet ouvrage est une réécriture moderne du Petit Poucet. Dès la première page, on comprend que Ti Poucet est un jeune garçon qui vit à notre époque et peut-être à côté de chez nous. Il traîne en périphérie de la ville. Il semble désoeuvré. Les mains dans les poches, il triture sans cesse les trois cailloux qui ne le quittent jamais. Les villageois se moquent de lui car il a préféré manger les miettes de pain et mettre les fameux cailloux dans sa poche plutôt que de suivre ses frères et de retrouver ses parents un peu trop méchants. Les villageois le méprisent. Ils interdisent à leurs enfants de jouer avec lui. Ils le montrent du doigt en prévenant les plus jeunes que s’ils n’obéissent pas ils seront seuls et pitoyables comme Ti Poucet. Mais un jour, cette petite ville tranquille est terrorisée par l’arrivée d’un ogre gigantesque qui veut un enfant à dévorer. Cet ogre est effrayant avec sa bouche rouge et ses tatouages qui lui couvrent le corps. Un fois leurs enfants cachés, les villageois décident d’offrir Ti Poucet à l’ogre. Ils sont bien contents de se débarrasser de l’horrible colosse et du minuscule orphelin du même coup. Heureusement Ti Poucet est si petit qu’il arrive à se faufiler entre les doigts de l’ogre. Il court Ti Poucet, il court après la grand-route, au cœur de la forêt. Il tente se semer l’ogre dont il sent le souffle dans son cou … Cette réécriture du célèbre conte de Perrault n’est pas une version édulcorée. On frémit vraiment à la première lecture. Les villageois sont méprisables. Ti Poucet, malgré son visage renfrogné, est d’une fragilité sincèrement touchante. L’ogre est juste terrifiant avec ses dents « pointutes ». Heureusement que la fin du récit et la chute sont admirablement bien menées. L’histoire prend alors tout son sens, chaque chose reprend sa place. La vérité est dite. Le chagrin et la rancœur sont passés. Ti Poucet peut se reconstruire et grandir en paix. La mise en abyme et les conseils donnés aux lecteurs sont savoureux et apaisent le ou les lecteur(s). Suivant le schéma narratif du conte traditionnel, Stéphane Servant donne du sens à son interprétation du Petit Poucet. Les enfants ne s’y tromperont pas et sauront lire entre les lignes et débusquer leur propre version du conte. D’ailleurs, les plus affûtés débusqueront des clins d’œil à d’autres récits célèbres. Avec cette version, on touche du doigt l’essence même de l’intertextualité ! Les illustrations sont en adéquation avec cette version du conte. Les couleurs sont flamboyantes. Le rouge est très présent et souligne les sentiments de colère et de peur de Ti Poucet. On retrouve le style d’Ilya Green et ses marottes, l’enfant-chat, les arabesques de l’eau et des nuages, les pommettes rougies des enfants et surtout leurs regards si caractéristiques. Si vous aimez le rouge, je vous conseille cette exposition virtuelle de la BNF : ici. Dès 7 ans pour les PetitsProches qui sont au clair avec la peur de la dévoration et des monstres !

Paola Crusoé tome 1 : Naufragée – M.Domecq – 87 p.

Glénat – 2012 – 14.95 €

ROBINSONNADE/FAMILLE/RELATION FRERE SŒUR/RELATION PERE FILS/ADOLESCENCE/SOLITUDE/NATURE/ILE

Vous savez maintenant que j’éprouve une affection particulière pour les robinsonnades. Cette petite Paola m’appelait et j’avais envie de connaître ses aventures. Suite au naufrage du Batavia, Paola, son frère Yann, son père Xavier et une autre rescapé ont échoué sur une île déserte. Ils recherchent la petite dernière de la famille, Bénédicte qui a disparu lorsque la chaloupe s’est échouée. Paola, Yann et Xavier décident de fouiller les moindres recoins de l’île alors que l’autre rescapée, Rachel Burger dépense toute son énergie à réparer la chaloupe pour quitter l’île au plus vite. Rapidement des tensions apparaissent et le père de Yann tente de protéger ses enfants et ses biens de l’autorité de Rachel. Elle semble gérer cette situation comme une professionnelle de la survie. Elle sait pêcher, combattre les animaux sauvages et se repérer sans difficulté. En cherchant sa petite sœur, Paola retrouve son sac au cœur d’un marais. Elle est soulagée de récupérer ses effets personnels et particulièrement son portable. L’appareil ne peut pas se connecter mais il est en bon état et Paola fait défiler les dernières photos enregistrées. Elle est heureuse de voir le visage de sa mère et complètement désespérée de la savoir seule à Paris, convaincue d’avoir perdu son mari et ses enfants. Effectivement Anna est effondrée et décide de quitter l’appartement familial et son travail car elle est intiment convaincue que son mari et ses enfants ne sont pas morts dans la naufrage du Batavia … Cette robinsonnade moderne est une interprétation réussie du mythe. Bien que les robinsons soient nombreux sur cette île, la présence de la mystérieuse Rachel Burger pimente le suspens. Les relations familiales sont tendues et retracent bien les difficultés d’être une famille unie particulièrement dans une situation « extraordinaire ». Le récit est bien mené et le lecteur est dans l’expectative sans tomber dans l’angoisse. Les illustrations et la mise en page sont abouties et participent entièrement au récit. Cette bande dessinée a fait le tour de la famille, PetitMoyen, MoyenGrand, GrandGrand, mon mari et moi l’avons lue et nous attendons la suite avec impatience. Dès 7 ans.

Réponds correctement ! E.Janikovszky/L.Réber – 30 p.

La Joie de Lire – 2012 – 12.20 €

RELATION ENFANT-ADULTE/RELATION ENFANT-PARENT/TIMIDITE/ETRE SOI/QUESTION/COMPORTEMENT SOCIAL

Je félicite la Joie de Lire d’avoir réédité cet ouvrage de 1968. Je me suis régalée à lire les aventures de cet enfant qui est pourtant aujourd’hui plus vieux que moi. J’ai vécu les mêmes mésaventures et je pense que mes enfants doivent, eux aussi, traverser la terrible épreuve des questions des adultes. Il y a les questions bienveillantes et faciles comme tu as quel âge ? Tu es en quelle classe ? Qu’est ce que tu veux manger demain ? Il y a les questions embarrassantes comme tu préfères ton papa ou ta maman ? Qu’est ce que tu veux faire quand tu seras grand ? Est-ce que tu aimes l’école ? Et les questions de Maman ou plutôt l’éternelle question de Maman Pourquoi tu brailles ? Ce jeune garçon est un peu jaloux de sa petite sœur Mimi qui répond toujours avec pertinence aux questions des adultes. Elle passe toujours pour une petite fille intelligente et sociable alors que lui est parfois incapable de répondre. Il craint le regard et les jugements des adultes. Parfois timide ou parfois complètement extraverti, Il entend souvent les amis de ses parents demander s’il est muet, s’il est impertinent ou complètement idiot. Notre jeune héros se creuse les méninges. Il essaie d’imiter les adultes. Il aimerait avoir leur talent pour combler les silences et animer une discussion avec plein de jolis mots. Heureusement que son ami Monsieur Charly est là pour le réconcilier avec les monde des adultes et leurs questions tordues. Avec Monsieur Charly, toutes les questions sont simples, elles n’entraînent aucune confusion. Elles ressemblent à : quel nom donner au bébé hippopotame qui vient de naître au zoo ? De quoi parle la chanson de la dame à la télé quand le son est coupé ? De quelle couleur est l’eau ? Monsieur Charly l’éveille au langage, à la confiance en soi et surtout aux joies de la libre pensée. En quelques pages, notre jeune héros a déjà grandi. Il veut savoir pourquoi ses parents et ses grands-parents ne lui posent pas des questions pleines de bon sens comme Monsieur Charly. A tour de rôle et avec beaucoup d’amour, son père, sa mère, son grand-père et sa grand-mère vont lui expliquer pourquoi leurs questions sont si importantes pour eux et pour lui ! J’ai beaucoup apprécié cet album. Tout d’abord, le récit est très vivant et le jeune garçon dégage tant d’espièglerie et de jugeote qu’il semble avoir 8 ans pour l’éternité. Le thème de la difficulté de compréhension entre enfant et adulte est très bien cerné tant du point de vue de l’enfant que des grands. Les relations familiales sont savoureuses et engagent chacun à changer de point de vue. Enfin, les illustrations qui participent au récit (certains dessins remplacent des mots) sont malicieuses, vives et colorées. L’organisation texte-image est aboutie, travaillée et réfléchie. MoyenPetit a adoré cet album. Il ne le lit pas encore seul car il comporte beaucoup de texte mais il m’a confié comme un secret qu’il va bientôt essayer de le lire comme un grand …Cet album a 45 ans mais il n’a pas pris une ride ! Je lui souhaite une belle longévité. Ce mode d’emploi de la question est à conseiller à tous les enfants dès 5 ans en lecture accompagnée ou dès 7 ans en lecture seule.

 

Allô Jésus, ici MomoE.Simard – 46 p.

Syros – 2013 – 3 €

TOLERANCE/RELIGION/MIXITE SOCIALE/INTEGRATION/RELATION PERE FILS/CRECHE

Arrivé depuis quelques mois du Maroc, Mohammed s’intègre très bien dans sa nouvelle école. Il a déjà de nombreux amis et même une amoureuse, Doumbia. Son père, Monsieur Habib et sa femme Aïcha, ont ouvert une épicerie au village. Malheureusement les habitants ne prennent pas leurs habitudes dans le nouveau commerce de proximité. Si ses parents sont inquiets pour leur avenir au village, Mohammed, lui aussi est soucieux. Il veut absolument participer à la crèche vivante organisée au village pour célébrer la veillée de Noël. Malheureusement tous les rôles importants ont déjà été distribués … Très amoureux de Doumbia qui joue le rôle de Marie, il tient à fêter cet évènement avec elle au cœur de l’église. Il finit par accepter le costume du mouton. Mais en annonçant la bonne nouvelle à ses parents, il ne s’attend pas à la réaction virulente de son père qui refuse catégoriquement le rôle donné à son fils …J’aime Eric Simard. Je vous ai déjà présenté quelques uns de ses romans les Aigles de pluieet l’Enfaon. Dans ce très court récit, il change de registre et adapte son style à une fiction plus réelle, plus proche des préoccupations de la vie quotidienne. Néanmoins, je retrouve son talent pour inciter les jeunes lecteurs à réfléchir et à se forger leurs propres opinions. Allô Jesus, ici Momo encourage les PetitsProches à s’intéresser à différentes cultures et différentes religions. Avec humour, il les invite à comprendre les enjeux de la mixité sociale et la richesse de la diversité culturelle. Avec un happy end mais sans mièvrerie, Eric Simard réussit en quelques pages à offrir un beau plaidoyer pour la tolérance. Dès 8 ans.

La Nuit des cagesRascal/S.Hureau – 35 p.

Didier Jeunesse – 2007 – 13 €

CONTE/OGRE/FEE/MAGIE/PEUR/FILIATION/HEREDITE/AMOUR/ETRE SOI/RECIT GRAPHIQUE

Dans un passé ténébreux ou dans un monde qui ressemblerait au nôtre il y a longtemps, un jeune ogre est mis en cage par des soldats. A cette époque et dans cette contrée étrange, on croit à l’adage « Tel père, tel fils ». On emprisonne donc le fils pour qu’il ne commette pas les ravages de son père, l’ogre Morillon. Malgré les explications et les lamentations de sa mère, il est emmené en pleine nuit. Afin de ne pas finir pendu comme son père, il profite de l’obscurité pour se faufiler entre les barreaux. Il court à perdre haleine au cœur de la forêt pour échapper aux soldats qui le talonnent. Mais bientôt sonnent le tintement de la crécelle et la mélodie du basson dans la plaine. Caché dans les fourrés, le jeune ogre aperçoit une curieuse procession composée d’êtres étranges : nains, haridelles, mendiants, califes, bouffons …. Leur chant raconte leur mésaventure, ils étaient cent vaillants soldats qui aux douze coups de minuit ont été transformés en rats, chiens et doryphores par une terrible sorcière. Ivres de vengeance, ils ont réussi à attraper la fille de la magicienne qu’ils veulent brûler vive sur un grand bûcher. A la vue de la jeune fille en cage, le cœur du jeune ogre bat la chamade et par esprit de solidarité et peut-être un peu plus, il profite, de la pagaille engendrée par la rencontre des soldats et de l’étrange procession, pour libérer la belle et jeune sorcière. L’amour leur fait pousser des ailes. Ils échappent à leurs poursuivants et trouvent refuge dans une grotte au coeur de la forêt où leur amour dure depuis de nombreuses années. Leurs enfants sont trois petits êtres ailés mais seront-ils ogres ou sorcières ? Le récit est savoureux. Le texte est ciselé et les rimes sont un plaisir à lire et à entendre. Le vocabulaire moyenâgeux est pertinent. Le thème de la filiation et des préjugés est savamment travaillé tout au long de l’album. Les illustrations présentées comme un théâtre d’ombres chinoises sont très originales. Noir sur fond blanc, elles permettent toutes les interprétations. De multiples détails anachroniques ou burlesques sont à débusquer comme des casques de samouraïs pour les soldats, des trottinettes, un appareil photo, un camescope, un serpent en laisse, un varan magicien, des tortues voltigeuses et bien d’autres encore. La faune et la flore sont des éléments majeurs de ce récit graphique. Ils sont les témoins de la folie meurtrière des hommes. D’ailleurs dans cet album, les ailes de papillon sont des yeux ! La graphie est raffinée. Les lettrines sont magnifiques. Cet album très élaboré utilise le merveilleux pour traiter de problèmes sociaux d’actualité ! Original et jubilatoire. Dès 8 ans.

La Guerre des MotsT.Dedieu/F.Marais – 32 p.

Sarbacane – 2012 – 15.20 € (coup de cœur février 2013)

MOT/LETTRE/CHIFFRE/GUERRE/RACISME/DISCRIMINATION/HUMOUR

Rien ne va plus dans le monde de la graphie : l’équilibre entre les mots et les chiffres est rompu. Les chiffres sont devenus les maîtres du monde. Ils sont fiers, orgueilleux et complètement envahissants. De la cour d’école à la Bourse, ils sont partout. Les lettres se révoltent. Elles jurent de combattre chaque nombre. Elles rayeront jusqu’aux plus petits chiffres de la planète. C’est la guerre entre les chiffres et les lettres. De A à Z, de 0 à 9, tous sont enrôlés et engagés dans une lutte sans merci. Les hommes sont complètement déboussolés devant cette guerre fraternelle. Que faire, quelle armée choisir ? Heureusement qu’ils décident de réconcilier les troupes en insistant sur l’importance des chiffres mais aussi sur la valeur des mots. Enfin réunis et unis par un traité de paix, les chiffres, les lettres, les hommes et même les notes de musique fêtent la fin de la guerre. Edité en collaboration avec Amnesty International, cet album « souligne l’impasse de relations fondées sur la discrimination et l’importance du respect de mêmes droits pour tous et partout dans le monde ». Abordé sur le thème de l’humour, cette guerre fratricide questionne sur bien des problèmes d’actualité. Les situations cocasses permettent aux enfants et aux plus grands d’appréhender l’absurdité de la haine, du racisme et des jugements catégoriques. Dialogue, conciliation, médiation sont des valeurs portées par les hommes dans ce livre. La typographie, héroïne de cet ouvrage, est utilisée comme support à l’illustration et comme vecteur de sens. Les couleurs sont vives et participent elles aussi à la qualité de cet album. Il sera apprécié par les enfants et par les adultes. MoyenMoyen, 6 ans, l’a réclamé cinq soirs d’affilé. Ce livre est un message d’espoir porté avec finesse et talent. Dès 5 ans.

Le clin d’œil au célèbre tableau romantique de Friedrich est un délice !

 

Nour le moment venuM.Rutten – 60 p.

MeMo – 2012 – 15.50 € (coup de cœur mars 2013)

AMOUR/AMITIE/DEMENAGEMENT/HARMONIE/SENS DE LA VIE

Nour est une jeune grenouille. Entourée de tout ses amis, elle fête son anniversaire. Elle est heureuse d’être si bien entourée. Nour aime les anniversaires. Ils sont des moments importants de la vie. Elle est un peu mélancolique car cette fête sera la dernière dans sa petite cabane des champs. Elle doit déménager. Elle ne sait pas encore où mais elle souhaite rester proche de ses amis et particulièrement d’Oko qui est son meilleur ami et certainement un peu plus. Il lui a d’ailleurs promis une surprise mais Nour doit patienter un peu car la surprise d’Oko n’est pas encore prête. En attendant, Nour fait des cartons poétiques, des cartons pour les choses bleues, des cartons pour les objets doux et des cartons pour les éléments fragiles. Mais comment faire quand il faut ranger une plume douce, fragile et bleue … Nour ne se laisse envahir ni par les cartons ni par la nostalgie même si parfois la tristesse pointe son nez. Pour se reposer, Nour tricote de petits carrés de laine qu’elle laisse s’accumuler parmi les cartons. Elle marche aussi beaucoup. Ces balades sont l’occasion de s’émerveiller de tous les trésors de la nature : fleurs, graines, arbres et insectes remarquables. Cette petite grenouille est une contemplative qui s’enthousiasme et trouve son équilibre au sein de la forêt. Pas à pas, guidée par un sens profond de l’harmonie, Nour trouve le lieu de sa nouvelle vie. Une bonne nouvelle ne venant jamais seule, Oko vient la chercher pour lui offrir enfin son cadeau … Quelle surprise ! J’ai lu de nombreuses critiques sur cet album avant de l’acheter. Je n’étais pas sûre qu’il corresponde à mes attentes. J’attendais un album pour les petits qui parlerait de la vie d’une grenouille et de ses compagnons de prairie. Cet album dépasse largement mon horizon d’attente et mes projections de lecture. Le récit est profond. De nombreuses questions sont abordées comme la quête du bonheur, le sens de l’amitié, la peur. Les épisodes de la vie quotidienne de Nour invitent les jeunes lecteurs à une vision poétique et philosophique de la vie et des moments difficiles. De tout petits détails entraînent une réflexion et des discussions vraiment intéressantes en famille. La relation entre Nour et Oko est présentée avec beaucoup de délicatesse. J’ai apprécié le suspens de la surprise qui entraîne Nour dans les méandres des émois amoureux. Comme elle, nous avons vécu ou vivrons dans l’attente de la promesse d’un cadeau ou d’un engagement. Les illustrations sont à la hauteur du récit. Précises, fines, chaque tourne de page est un délice visuel. Illustrations pleine page ou dessins très resserrés, elles sont toutes à découvrir et à apprécier. Dès 5 ans et pour longtemps.

La chronique de ricochet : clic

La présentation de Sophie Van der Linden : reclic

Le Goût d’être un loup C.Leblanc – 32 p.

Motus – 2012 – 4.50 € (coup de cœur mars 2013)

LOUP/PERSONNALITE/CRITIQUE/JUGEMENT/DOUTE/IMAGE DE SOI

Ce tout-petit album est mon coup de cœur de ce début d’année de braise ! Je l’ai lu plusieurs fois. J’étais profondément touchée … Ce très court album relate la vie d’un loup. Il a quitté la meute. Il vit seul. Libre et fier, il découvre de nouveaux territoires. Un soir, ce loup est fatigué. Il se couche au sol, abattu par la solitude et le désarroi. Il se trouve gris, terne, banal. Sur le sable, la tête posée sur ses pattes avant, il souhaite devenir un coq pour arborer des couleurs vives ou un poisson pour sentir la caresse de l’eau ou un chevreuil ou même un chat pour être apprivoisé au moins une fois … Il ferme les yeux et rêve de devenir un autre car la vie est sûrement plus facile ! Mais une fourmi qui passe près de lui, l’apostrophe et lui avoue son envie de devenir un loup pour gambader librement, un papillon lui jalouse sa voix, un caneton voudrait lui aussi quitter sa meute. Les animaux se succèdent devant le loup pour l’admirer, le critiquer ou l’encourager. Il ferme de nouveau les yeux, il se lève et lui revient le goût d’être un loup ! Que de métamorphoses rêvées au cœur de cette forêt … La fatigue, le désarroi et les doutes du loup sont poignants. Nous sommes tous confrontés aux difficultés d’accepter d’être ce que l’on est et surtout tout ce que l’on n’est pas. Petit ou grand, les critiques peuvent parfois blesser. L’envie, la jalousie et la convoitise sont des émotions que nos enfants ressentent chaque jour. Ils aimeraient être plus grands, plus forts, plus petits, plus intelligents mais aussi moins gros, moins bruns, moins malhabiles … Les blessures sont rudes. Ce livre permet d’aborder avec finesse la délicate notion de personnalité, de confiance en soi. Sans atermoiements, sans bons sentiments, ce loup doute ! Il apprend que l’estime de soi ne se construit pas sur les jugements des autres. Il est un loup. Il se relève libre et fier. Comme l’exige la collection Mouchoirs de poche, l’auteur Catherine Leblanc a illustré elle-même ce court album. Sur fond noir, ses calligrammes et montages visuels sont très réussis et offrent une lecture approfondie. J’ai lu cet album à Moyenpetit, 6 ans, sans lui avouer mon coup de coeur Je n’étais pas sûre que son jugement rejoigne le mien. Je voulais que son avis soit objectif. Il a réclamé plusieurs lectures avant de me livrer son opinion  «il est chouette car il est pas comme d’habitude ». Si vous souhaitez surprendre vos enfants, n’hésitez pas ! Dès 6 ans.

La mystérieuse bibliothécaireD.Demers/T.Ross – 81 p.

Gallimard Jeunesse – 2004 – 5.61 € (coup de cœur mars 2013)

BIBLIOTHEQUE/LECTURE/CONTE/RELATION PARENT-ENFANT/AMITIE/MAGIE

A Saint-Anatole, une bibliothécaire est enfin engagée par Monsieur Lénervé, Maire du village. Il n’en revient pas de sa chance. Trente ans que la mairie passe une annonce dans le journal mais personne ne semblait intéressée par le placard à balai la bibliothèque. Monsieur Lénervé se frotte les mains en songeant aux retombées électorales de son recrutement. Mais il ne connaît pas encore Mademoiselle Charlotte. Cette dernière est bien décidée à faire de sa bibliothèque, un lieu de vie que chacun doit s’approprier. Après avoir séduit les enfants, ils investissent les immenses greniers de la mairie pour les réhabiliter en lieu de lecture avant-gardiste. Tente, matelas, animaux familiers, goûters sont désormais mêlés aux livres. Ces derniers sont classés en pile et par couleurs ! Autant vous dire que les lecteurs sont nombreux. Léo fait partie des premiers adhérents. Il adore Mademoiselle Charlotte qui lui conseille toujours des livres qu’il apprécie. Lors d’un de ses visites, Léo prend peur car il trouve Mademoiselle Charlotte couchée par terre. Un livre à la main, elle semble évanouie. Connaissant le caractère farfelu de sa bibliothécaire, il se doute qu’elle s’est endormie en lisant ! Il décide alors de reprendre la lecture du livre qu’elle tient encore entre son pouce et ses doigts : Barbe Bleue de Charles Perrault. A voix haute, il commence : « Le plancher était couvert de sang caillé, dans lequel se miraient les corps de plusieurs femmes mortes … ». Quelques secondes plus tard, elle ouvre les yeux et lui explique qu’elle adore les histoires qui font peur. Mademoiselle Charlotte est vraiment une bibliothécaire extraordinaire. Elle tombe dans les livres et vit ses contes préférés. Les enfants s’habituent à ses sommeils magiques. Ils connaissent la formule pour la réveiller afin qu’elle les aide à préparer le goûter. Malheureusement, en lisant la Belle et la Bête, Mademoiselle Charlotte est tombée amoureuse de la Bête. Léo a beau lire et relire le conte : Mademoiselle Charlotte ne se réveille pas … J’ai beaucoup souri à la lecture de ce court roman. Je rêve de fréquenter une bibliothèque comme celle de Saint-Anatole. J’aimerais aussi avoir le pouvoir de vivre mes livres préférés. Ce roman permet aux enfants d’imaginer le livre comme des clés d’accès à des mondes passés, futurs ou inconcevables. Les nombreuses péripéties de Mademoiselle Charlotte et ses amis sont drôles. Ce livre donne envie de lire et de devenir lecteur. Il souligne les différents profils de lecteurs et accorde le droit à chacun de lire comme il en a envie. A déguster dès 7 ans.

Mon frère est un cheval/Mon cheval s’appelle OrageA.Cousseau – 42 p.

Rouergue – 2012 – 6 € (coup de cœur mai 2013)

CHEVAL/AMITIE/AMOUR/SEPARATION/LIBERTE

L’achat de cet ouvrage est lié à la combinaison de deux lectures. Tout d’abord la lecture de Tempête au harasqui m’a réconcilié avec le monde équestre, les poneys, les crinières et les cavaliers. Puis la critiquetrès pertinente de Sophie Van der Linden a fini de me convaincre. Je ne peux pas être chroniqueuse littérature jeunesse et bouder l’un des animaux les répandus dans les livres pour les enfants (le cheval est en 4ème position du classement du taux d’apparition des animaux dans plus de 2400 ouvrages, si vous êtes passionnés par les classements et les bestiaires : clic !). Les éditions du Rouergue proposent une nouvelle collection depuis novembre 2012 : Boomerang. Elle propose des romans doubles. Chaque livre comporte deux très courts romans qui se répondent, s’interpellent et s’éclairent l’un l’autre. A l’image du titre de la collection, ces romans doubles promettent une lecture qui va et qui nous revient, un jeu du recto-verso, une lecture bi-goût, un deux-en-un qui mobilisent l’intelligence et nos capacités d’analogie. J’ai commencé cet ouvrage par la lecture de Mon cheval s’appelle Orage. Dans ce mi-roman, l’héroïne est une petite fille de 8 ans, Sarantoya. Elle reçoit un étalon pour son anniversaire. Ses parents lui expliquent qu’elle devra être patiente pour dresser son cheval. Mais dès la première nuit, Sarantoya s’enfuit de sa chambre pour rejoindre son cheval qu’elle prénomme Orage en s’inspirant de la robe de son ami qui rappelle le ciel les soirs où le tonnerre gronde. Pas à pas, lentement, elle s’approche d’Orage et le caresse pour le rassurer. En chuchotant, en l’amadouant, elle se hisse sur son dos. A l’instant elle devient la petite fille la plus heureuse du monde. Malheureusement, Sarantoya n’a pas refermé la barrière derrière elle et Orage s’enfuit au triple galop à travers la plaine qui prolonge son pré. Accrochée à la crinière de son cheval, Sarantoya n’a pas fini de galoper … Dans l’autre mi-roman : Mon frère est un cheval, le roman commence : « Je m’appelle Elvis, et mon cheval n’est pas mon cheval. Mon cheval est comme mon frère. Je suis né en même temps que lui, la même nuit ». Elvis, le jeune garçon et Elvis, le cheval sont liés par un amour extraordinaire. Pas besoin de chuchotements aux oreilles, de sucre ou de caresses, Elvis et Elvis sont frères de nuit, de sang et rien ne pourra les séparer. Leurs chevauchées dans les plaines et les collines gardent les traces de leur lien extraordinaire. Elvis est un jeune garçon de huit ans. Ses parents sont nomades. Ils vivent libres au cœur des plaines et aux flancs des collines de Mongolie. Malheureusement, par un hiver particulièrement rude, les moutons meurent les uns après les autres et la famine guette. Elvis est contraint de vendre son cheval à la robe grise comme une nuit qui promet un orage ….Vous devinez que le véritable héros est le cheval ! Un cheval mystérieux et terriblement attachant qui reliera des enfants très différents. Comme le promet cette collection innovante, les deux récits se répondent, se complètent et incitent le lecteur à s’émouvoir et à s’interroger … GrandGrand a beaucoup aimé. Il a été étonné de la richesse de ce bi-roman en si peu de page. MoyenGrand a été le plus sensible à ce format double. Petit lecteur, il a apprécié la brièveté des récits. L’écriture franche et vive permet une lecture fluide. Je l’ai lu à MoyenMoyen à raison de quelques pages chaque soir. Du haut de ses 6 ans1/2, il a été happé par ce double récit. Il a très bien compris les thèmes abordés, la liberté, l’amitié, la fidélité et l’amour absolu et d’absolu. J’ai hâte de découvrir les autres bi-romans de cette collection, j’ai déjà un faible pour, le Jour du slip/Je porte la culotte d’Anne Percin (Rappelez-vous : Comment bien rater ses vacances. clic !). Dès 8 ans en lecture autonome.

 

Moi le loup et la cabane D.Perret – 64 p.

Thierry Magnier – 2013 – 12.50 € (coup de cœur septembre 2013)

AMITIE/LOUP/CABANE/BETISE/VIE QUOTIDIENNE/JEU/BANDE DESSINEE

J’ai découvert Delphine Perret grâce à l’une d’entre vous ! Comme Lucie Albon, elle vit dans un bocal(le même !)… Moi le loup et la cabane a été l’album phare des vacances de Pâques. Un soir, je l’ai lu à MoyenMoyen. Nos rires ont éveillé la curiosité de GrandGrand et MoyenGrand qui nous ont rejoints. A tour de rôle, nous avons lu à plusieurs voix cet album hilarant. Pendant les quinze jours des vacances, je l’ai lu chaque soir parfois accompagnée par un aîné pour faire rire MoyenMoyen. J’avoue que je n’ai pas boudé le plaisir de rire avec lui. Un jeune garçon, Louis, a la particularité de vivre avec un loup caché dans son placard. Ils partagent tout : les bêtises comme les bonbons. Ils s’entendent à merveille et adorent jouer aux jeux de sept familles ensemble même si Louis soupçonne son ami de tricher. Ils sont inséparables. Les parents de Louis ont organisé des vacances à la campagne, Louis a donc décidé d’emmener son meilleur ami en cachette. Ils imaginent déjà la vie d’aventuriers qui les attend. A eux, les animaux sauvages, la chasse, la pêche, les cabanes et la liberté. Mais malgré les conseils de leur bible la Cabane d’aventuriers en dix leçons, Louis et son loup vont être confrontés à de nombreuses difficultés … Cette bande dessinée offre des illustrations au crayon noir. Sans décor superflu, sans couleur, cet album graphique montre pourtant toute la complicité et la connivence de Louis et de son loup (Bernard ?). Delphine Perret nous permet d’entrer dans une intimité de jeux et de plaisirs partagés. Les chutes sont savoureuses et sont à découvrir « entre » les dialogues et les dessins. Effectivement le texte et les images se répondent et se complètent à merveille. Tout est synchronisé pour déclencher des situations comiques. Les ellipses du texte sont comblées par les dessins et vice et versa. Les tournes de page sont utilisées avec finesse et pertinence pour tenir le lecteur en haleine. Cet album est drôle, fin et subtil. Je recherche déjà les deux premiers albums de cette série : Tout d’abord Moi, le loup et les chocos et Moi, le loup et les vacances avec Pépé. Dès 7 ans.

Nous ne sommes pas les seuls à être dingues des deux compères : La Soupe de l’espace : ici

Si vous souhaitez en savoir plus : entrez dans les coulisses : .

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FéroceJ.F.Chabas/D.Sala – 32 p.

Casterman – 2012 – 16.50 € (coup de cœur septembre 2013)

LOUP/MEUTE/PEUR/ETRE SOI/AMITIE/ALBUM

Après le Bonheur prisonnieret la Colère de Banshee, j’ai retrouvé avec plaisir deux auteurs que j’affectionne. Dès la couverture, j’ai su que cet album m’emporterait loin, ailleurs, dans un monde que je ne connaîtrai jamais malheureusement. Dans ce monde, une louve vient de mettre bas. Elle lèche ses petits afin de les nettoyer et de les stimuler. Un des petits ouvre les yeux. Au premier regard échangé, la louve sait que ce petit sera différent. Il semble terrifiant et cruel. A chaque tétée, elle frissonne de le voir s’approcher d’elle. Ses frères sont effrayés. Il semble féroce avec son pelage rougeâtre, ses énormes crocs et ses prunelles écarlates. En grandissant, tous les membres de la meute l’évitent. Rejeté par les siens, n’inspirant que peur et épouvante, le jeune loup rouge calque son comportement sur l’image que les autres loups lui renvoient, il devient féroce, cruel et sanguinaire. Après bien des combats, il est chassé de la meute et devient un loup solitaire. Il chasse, il traque, il s’enivre de brutalité et de sauvagerie. Même les arbres sont terrorisés lorsqu’il court entre leurs troncs. Au cœur de la forêt de sapins, comme à leur habitude, les branches se resserrent et la flore fait silence pour laisser le passage à la Bête. Mais Féroce s’arrête car il aperçoit une petite fille dans la clairière de pins. Occupée à cueillir des lis, elle ne voit pas l’animal qui l’observe. Il pousse alors un hurlement terrifiant afin de se délecter de la terreur de l’enfant. Celle-ci se retourne lentement pour affronter le loup rouge. Elle ne tremble pas, elle ne hurle pas de peur. Elle finit d’attacher le lis dans ses cheveux avant de s’approcher de lui pour le dévisager …Je ne suis pas très charitable de vous laisser au point culminant de l’histoire mais je ne veux pas dévoiler tout le charme et l’originalité de ce récit. L’illustration de couverture m’interpellait car elle me rappelait une autre couverture. J’ai secoué mes tablettes, soulevé des piles de livres, j’ai remué mes enfants et leurs bibliothèques et j’ai trouvé : Marlaguette ! Féroce est une réécriture de Marlaguette (d’après moi). Laissé le Père Castor sur son barrage car ce récit est aussi une réinterprétation. Féroce est un récit puissant et sauvage. La peur, l’angoisse, le rire mais aussi l’empathie sont ressentis tout au long de l’histoire. Les thèmes de l’apparence et de la différence sont traités avec honnêteté et sincérité. De nombreux clins d’œil sont à découvrir comme cette couleur rouge qui unit la petite fille et le loup. Ce nom de Fenris le loup rappelle les contes scandinaves. J’ai ri devant l’espièglerie de la petite fille qui défend les femmes de façon brillante et qui, du coup, force le rapprochement entre le loup et l’homme (Cette petite fille serait-elle un chaperon rouge d’une nouvelle génération !). Les illustrations sont splendides et se déploient sur des pages qui se déplient pour offrir des panoramas à couper le souffle et arrêter le temps. Certaines pages offrent des illustrations ton sur ton à toucher. On s’enivre des couleurs profondes et complexes. Les alternances de points de vue et de champs forcent le regard et ouvrent un dialogue infini entre le texte et l’image. Une fois de plus, les illustrations de David Sala m’ont rappelé les peintures de Klimt. MoyenMoyen voulait absolument que je le lui lise. Je l’ai prévenu que cet album pouvait lui faire peur. Il a insisté et j’ai cédé. Il a adoré. Je l’ai lu plusieurs fois d’affilée ce soir là. Quelques semaines plus tard, il me le réclame encore souvent et je sais qu’il le lit aussi tout seul. Il dit que le plus difficile c’est de ne pas se perdre dans les illustrations …Je parie qu’il se rappellera de cet ouvrage toute sa vie. Il se mariera avec une infirmière brune qui adorera les robes rouges …Dès 7 ans.

En comparant les deux couvertures, on remarque que sur l’album Féroce, la petite fille et le loup sont de la même taille. Ils regardent dans la même direction. Ils ont convergé l’un vers l’autre et se tournent maintenant vers l’avenir pour créer ensemble un monde dans lequel Féroce sera aimé. D’ailleurs il n’a plus de passé. Il n’y a pas d’empreinte de ses pattes dans la neige. Alors que la petite fille, aimante et donc certainement aimée des siens, se construit avec son passé. Derrière Féroce, il n’y a que des préjugés et des ressentiments qui l’enferment dans un comportement dont il est prisonnier comme ces troncs de bouleaux, en arrière-plan, qui ressemblent à des barreaux. Le loup et la fillette sont égaux et unis. Il n’y a pas de rapport de domination ou de force. L’illustration de couverture de Malaguette est tout autre et effectivement l’album conte une tout autre histoire !

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9-12 ans

 

ParadisoC.Chaix/F.Prevot – 48 p.

L’Edune – 2010 – 15.50 €

AMOUR/RELATION GARCON FILLE/ADOLESCENCE/POESIE/CINEMA/VOISIN

Depuis que j’ai lu une Princesse au Palais, je tente de parcourir tous les ouvrages de Carole Chaix (vous savez maintenant que je suis auteurmaniaque !). J’avais aimé l’album d’une Princesse mais je l’avais présenté en rubrique PourlesGrandes car je le trouvais si dense et si élaboré que je le jugeais peu accessible aux jeunes lecteurs. Paradiso, lui, n’a pas ce problème. C’est un album lisible et compréhensible par tous. Il parle d’amour et plus particulièrement du premier amour. Le premier qui ravage le cœur et remue les sentiments pour toute la vie. Maurice, 10 ans, est amoureux de sa voisine du dessous, Mona. Il la connaît depuis toujours. Il se rappelle leurs échanges de biberons de lait et leurs rentrées à la maternelle. Dès son plus jeune âge, il a été amoureux d’elle. Secrètement et discrètement, il a grandi en se nourrissant de ce sentiment qui s’épanouissait en lui. Maintenant qu’il se sent jeune homme, il a envie de dévoiler son secret et de lui avouer ses sentiments. Sur les conseils de son ami, Pablo, Maurice décide de lui écrire un poème … Carole Chaix utilise toutes les possibilités de l’album pour illustrer cette belle histoire. Tout est récit, la typographie, les illustrations, les couleurs, les pages liminaires (particulièrement les pages avant la couverture de fin) la mise en page, les cadrages, la pliure et la tourne de page. Chaque détail est pensé et donne du sens à l’histoire. On peut découvrir de nombreuses techniques, dessins, cartonnage, pliage, collage et montage numérique. Le texte de Michel Prévost sous forme de journal intime et les illustrations de Carole Chaix collaborent pour créer une histoire forte et touchante. Sans mièvrerie, ni gnangnanrie, ils tricotent mot après mot et détails après détails un album que l’on n’oublie pas. Dès 8 ans.

Le site de Carole Chaix : ici !

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Le Livre des cueillettes et de la cuisine sauvageM.Grand – 32 p.

Milan – 2013 – 13.50 €

NATURE/CUISINE/RECETTE/PLANTE/FLEUR/CHAMPIGNON/FRUIT DE MER

J’aime cette collection proposée par les éditions Milan. Nous avons déjà plusieurs titres dont le best-seller de tous les étés, le Livre des cabanes, ici ! Depuis quelques mois, MoyenGrand s’essaie à la cuisine. Je suis très fière de ses réussites culinaires mais j’ai bien compris que je dois quitter MA la cuisine lorsqu’il s’y installe sous peine de cris, de larmes et de boudins non comestibles ! Il a déjà épuisé tous les livres de recettes pour enfants et les recettes pour adultes sont parfois trop compliquées ou trop longues à réaliser. J’ai donc choisi ce livre des cueillettes et de la cuisine sauvage pour l’encourager dans son envie de cuisiner au naturel ! Plus de 33 recettes sont présentées. Elles sont classées par lieux de cueillette des ingrédients : dans les prés, dans les arbres, dans la forêt, dans la garrigue et en bord de mer. De nombreux conseils de vigilance sont fournis pour éviter de malheureuses confusions. Les recettes sont très détaillées. Elles proposent la liste des ingrédients, le nombre de parts et la réalisation. Certaines recettes sont très simples et permettent aux plus petits de participer comme les glaçons-fleurs ou le sirop de violette. D’autres plats requièrent plus d’expérience et de connaissance comme la crème choco-coquelicot glacée ou les galettes de pommes de terre aux fleurs aromatiques. Je suis la goûteuse officielle de ses réalisations et j’avoue que ses muffins aux myrtilles tabassent (même si je lui achète des fruits surgelés !), ses financiers aux framboises du jardin sont terribles aussi. Grâce à cet ouvrage, j’ai enfin réussi à leur faire goûter la soupe d’ortie ! La réalisation de ces recettes savoureuses nécessite de faire des balades actives et d’avoir l’œil aiguisé. Dès qu’une belle journée s’annonce, nous partons donc en famille récolter tout ce que nous offre la nature environnante. Glissé entre les recettes, de nombreuses notes historiques, des astuces santé, des informations agronomiques ou des conseils techniques comme émonder des amandes ou libérer des pignons de pin sont fournis au cuisinier-lecteur. Ce livre rejoindra donc notre collection des ouvrages à toujours emmener dans la poussette ici! Dès 8 ans.

 

Etrange Emily Cosmic Debris –

Seuil jeunesse – 2001 – 12€

ETRE SOI/REBELLION/DIFFERENCE

Si vous aimez les albums aux illustrations douces, si vous préférez les récits classiques dont lesquels les héros comprennent le sens de la vie, si vous pensez que les livres pour enfants doivent donner l’exemple d’enfants courageux et obéissants alors n’achetez pas Etrange Emily. Emily est une jeune fille étrange, un peu border-line et complètement excentrique. Elle aime tricher, terroriser ses nombreux ennemis, paresser et désobéir. Elle souhaite grandir mais elle ne veut surtout pas changer. Entourée de ses quatre chats noirs, ses compagnons de rébellion, elle envisage de devenir la reine des cauchemars, souveraine de la colère et grande détentrice de la mauvaise humeur éternelle. Elle se moque des effets de mode, elle ne s’habille qu’en robe et collants noirs. Elle renie tous les apprentissages de la vie et ne jure que par l’opposition et les combines maison. Emily est une jeune fille que je ne suis pas prête d’oublier et je suis persuadée de la reconnaître si je la croise ! Les illustrations sont très habiles. Le rapport texte-image est parfois complémentaire et parfois disjonctif. Chaque tourne de page offre un véritable décryptage graphique. Tout l’album est construit à l’aide de trois couleurs : noir, blanc et rouge. Des effets de surbrillance permettent de découvrir des jeux de mots ou des clins d’œil visuels supplémentaires. Le style gothique-trash est travaillé avec finesse et donne le sourire tout au long de l’album. Etrange Emily n’est vraiment pas un livre comme il faut mais je le conseille à tous les jeunes lecteurs car il faut toujours connaître le côté obscur de la vie ! Dès 10 ans.

Un article intéressant sur cet ouvrage, site de l’Université de Lille : ici !

WonderR.J.Palacio – 410 p.

Pocket jeunesse – 2013 – 17.90 €

USA/DIFFERENCE/TOLERANCE/AMITIE/COLLEGE/ETRE SOI

August a dix ans. Il vit avec sa famille dans une belle maison de Brooklyn. Il est fan de Star wars et il est imbattable à la Xbox. Il aime jouer avec son chien Daisy et embêter sa grande sœur Via. Il est intelligent, curieux et perspicace. Sa vie pourrait sembler douce et harmonieuse. Mais si vous croisiez August, vous ne diriez pas qu’il est adorable. Vous ne le trouveriez certainement pas aimable. August est effrayant ! Tous les enfants le craignent et les adultes tournent la tête à son passage. Il souffre d’une dysplasie otomandibulaire bilatérale. Son visage est complètement destructuré. Malgré de nombreuses opérations, il reste défiguré. Chaque sortie au jardin public l’oblige à subir les cris ou les rires des autres enfants. Tous les habitants du quartier le connaissent et le redoutent. August bénéficie de l’enseignement à domicile guidé par sa mère. Malheureusement ou heureusement, cette dernière ne se sent plus capable de continuer à instruire son fils. Elle se sent dépassée par les apprentissages. Elle et son mari décident alors d’inscrire August au collège en 6ème. Lorsque ses parents lui apprennent la nouvelle, il est terrorisé et refuse. Discussion après discussion, argument après argument, August accepte de rencontrer Monsieur Bocu ( !), le Principal du collège Beecher. Ce rendez-vous sera aussi l’occasion pour August de côtoyer des futurs élèves de 6ème. En quelques minutes, il découvrira l’amitié, la confiance et le plaisir de discuter avec des enfants de son âge. Il sera aussi confronté à la bêtise, la méchanceté et la duplicité … Considérant cette rentrée comme un défi personnel, August décide alors d’intégrer le collège Beecher … Sous forme de journal intime, ce roman est émouvant alors que le ton n’est ni mièvre, ni gnangnan. Les narrateurs se succèdent à chaque chapitre ce qui évite un roman chronologique monotone. Si August commence ce journal, sa sœur, sa meilleure amie, son ami, son futur beau frère offrent eux aussi des versions alternatives à cette tumultueuse année de 6ème. Le style est très agréable. Les jeunes lecteurs dégusteront certains dialogues cocasses et certains échanges de sms leur rappelleront peut-être leur quotidien. Les thèmes de la différence, du respect et de l’apparence sont au cœur du récit. August est un héros crédible car il n’est pas que gentil, doux et compréhensif. Il est aussi coléreux, rancunier et un peu « mamanipulateur » … Un vrai garçon de 10 ans ! Ce roman m’a entraînée plusieurs fois au bord des larmes sans pour autant me rendre triste. Mon GrandGrand a trouvé qu’August était un héros comme il les aime courageux, entreprenant et en quête d’un avenir meilleur … Dès 10 ans.

 

Personne ne bouge O.Adam – 92 p.

Ecole des Loisirs – 2011 – 9.80 €

AMOUR/RELATION MERE ENFANT/COLLEGE/PHENOMENE PARANORMAL/TEMPS

Antoine est un collégien discret et un peu timide. Il ne se passionne ni pour les jeux vidéos, ni pour le sport et encore moins pour l’école. Fils unique, il cristallise toute l’attention de sa mère qui s’inquiète de son peu d’intérêt pour les cours. En tant qu’enseignante, elle aimerait que son fils soit plus assidu et plus scolaire. Il n’a pas beaucoup d’amis si ce n’est Yohann, son voisin du même âge. Ce qui enthousiasme Antoine, c’est la mer. Il aime nager dedans et surfer dessus. Il peut passer des heures à regarder les flots. Il apprécie de crapahuter sur la plage à marée basse pour ramasser des crustacés. Il s’enivre des embruns. Elle est son repère à toute heure du jour et de la nuit. Son cœur bat au rythme des marées. Il mène une existence tranquille et routinière entre les corvées scolaires et les escapades maritimes. Un soir, installé sur la table de la cuisine, il termine laborieusement ses exercices de mathématiques lorsqu’il se rend compte qu’un silence absolu règne dans la maison. Il interpelle sa mère qui lui tourne le dos pour cuisiner mais elle ne répond pas. Elle est immobile. Une de ses mains tient toujours l’économe et l’autre une carotte à moitié épluchée mais elle ne bouge plus. Le chat est lui aussi semblable à une statue. En s’approchant de la fenêtre, Antoine se rend compte que les voitures sont arrêtées en pleine course comme les oiseaux et les avions dans le ciel. La pendule est arrêtée à 18h04 depuis plusieurs minutes. La télévision et le téléphone ne répondent plus. Antoine sent la panique le gagner. Il espère se réfugier auprès de Yohann mais chez son voisin tout est immobile et silencieux. Même Léa, la grande sœur de Yohann et surtout l’amoureuse secrète d’Antoine qui est habituellement toujours en mouvement, est figée avec sa guitare entre les bras. La mer, elle-même est suspendue. Les vagues sont pétrifiées. Le ressac est interrompu …C’est en remontant de la plage qu’Antoine se rend compte que le temps a repris son cours. En un instant, la course folle de la vie, le bruit, l’agitation sont revenus comme si rien ne s’était passé. Antoine est complètement déboussolé. Il décide de garder cette expérience secrète. Il ne souhaite pas passer pour un affabulateur. Il passe de longues heures à la bibliothèque, sur internet pour comprendre ce qu’il lui est arrivé mais il ne trouve aucune réponse à ses questions. Le mystère est encore entier lorsque le phénomène se produit une nouvelle fois … J’ai choisi ce roman car j’aime les romans d’Olivier Adam. J’avais envie de découvrir son style lorsqu’il écrit des romans jeunesse. Je n’ai pas été déçue. J’ai retrouvé son talent si particulier à décrire le vide, le peu, le presque rien. Il arrive à nous faire toucher du doigt ou de l’imagination, les turpitudes de l’âme humaine lorsqu’elle est confrontée à l’étrange, à l’indicible et à l’impalpable. Ce roman est étrange et fascinant. Chaque page nous entraîne au plus près d’un phénomène déconcertant et inexpliqué. Le personnage d’Antoine est terriblement crédible malgré l’environnement totalement irrationnel. J’ai apprécié la délicatesse et la justesse du ton pour décrire les premiers émois amoureux si fragiles et pourtant si intenses. Ses heures passées hors du temps sont des trésors dont il doit découvrir le sens. Pourquoi ne se transforme t-il pas lui aussi en statue ? Que doit-il faire de ses moments de liberté ? Comment ne pas profiter des tentations que cette liberté engendre ? Est-il sensé combler ses heures par des actions héroïques ? Comment déclenche t-il ce phénomène ? A la fin du roman, on ne sait rien du phénomène mais on sait que ces arrêts temporels de quelques heures lui ont permis de grandir bien plus que de longues années passées sur les bancs de l’école. Elles lui permettent de souffler, de prendre le temps de respirer et de réfléchir. Grâce à ce dysfonctionnement temporel, Antoine a pris de l’avance, de l’assurance et il sait maintenant que ces moments sont précieux …Dès 10 ans pour les lecteurs confirmés.

 

Les Rebelles de Saint-Daniel : tome 1 : Appellez-moi IsmaëlM.G.Bauer – 265 p.

Casterman – 2011 – 13 €

COLLEGE/VIOLENCE/PRENOM/ELOQUENCE/AMITIE/MALADIE/SOLIDARITE/AMOUR

En Australie, Ismaël Leseur est un jeune garçon qui entre au collège de Saint Daniel. Ses parents sont très fiers de son prénom dédié à leur amour commun du roman Moby Dick de Herman Melville. Dès le premier appel en classe, il est pris en grippe par Barry Bagsley, le tyran de la classe. Barry a décidé qu’Ismaël était un prénom de mauviette. Il trouve aussi que Leseur rime avec Le Sueur, le Pueur, le Prouteur. L’horrible Barry et sa bande font vivre un calvaire à Ismaël. Coups, bousculades, brimades et paroles blessantes sont le lot quotidien de notre jeune héros. Lors de cette première année au collège, Ismaël a appris à se faire tout petit, à raser les murs et à courber l’échine. Il a perdu confiance en lui. Il ne sent plus bon à rien. Il s’éloigne progressivement des apprentissages et de ses camarades. Heureusement lors de sa deuxième rentrée, Ismaël va rencontrer deux nouveaux arrivants. Tout d’abord, son professeur principal, Miss Tarango qui décèle rapidement les difficultés mais aussi toutes les possibilités d’Ismaël. Elle le nommera d’ailleurs tuteur du nouvel élève de sa classe : James Scobie, le deuxième arrivant. Ismaël râle de devoir escorter « le nouveau » partout avec lui. Surtout que James est atteint de troubles du comportement. Il cligne des yeux sans arrêt. Il lisse ses cheveux dix fois d’affilée. Il tourne la tête de droite et de gauche à répétition. Il a le gabarit d’une crevette et son look des années 50 n’arrange rien. Barry se frotte les mains devant ce binôme à terroriser sans crainte. Malgré son apparence, James cache une personnalité hors du commun et une force extraordinaire. Il trouvera la parade pour tenir tête à Barry. Il entraîne alors Ismaël dans un concours d’éloquence afin de prouver à tous et particulièrement à son meilleur ami qu’il faut toujours combattre en ayant le choix des armes … Après des mois de peur et d’angoisse, Ismaël s’ouvrira aux autres et découvrira les joies de la vie en groupe ! Ce roman rappelle un peu les romans de garçons d’autrefois. Sans magie, ni baguette, il fait aussi référence au « school story » et donc à Harry Potter. Le héros est touchant par son humour et son auto-dérision même si les situations vécues sont vraiment difficiles. L’auteur montre avec subtilité la capacité d’Ismaël à encaisser les coups et les méchancetés tout en soulignant l’effet produit sur sa personnalité : le repli, la perte de confiance en soi et la mésestime. Les personnages secondaires sont finement mis en relation. Les individualités et les différences s’effacent devant l’amitié et la solidarité. Le concours d’éloquence est aussi une belle découverte. La rhétorique et le charisme sont des talents que l’on souhaite approfondir après la lecture de ce roman d’apprentissage. Dès 11 ans.

Si vous souhaitez voir Ismaël s’épanouir :

Les Rebelles de Saint-Daniel : tome 2 : Ismaël part en live – M.G.Bauer –

Casterman – 2011 – 13 €

 

Le Roi des Trois OrientsF.Place – 46 p.

Rue du Monde – 2006 – 21.66 € (coup de cœur février 2013)

VOYAGE/CIVILISATION/AMOUR/NOMADISME/QUETE

MoyenGrand est abonné à la série Maximax de l’Ecole des Loisirs. Cet album est le premier reçu en classe cette année. Mon cœur s’est emballé lorsque j’ai vu ce livre dans son cartable ! Un ouvrage de François Place que je ne connaissais pas. Vous savez pourtant mon attachement à ce grand et bel auteur Le Secret d’Orbae, les Derniers géants, la Fille des Batailles, la Douane volante, l’Atlas des géographes. J’ai patiemment attendu l’heure du coucher pour savourer ce plaisir seule dans mon lit. Dès la première page, le voyage commence … Nous suivons une caravane qui traverse monts et merveilles afin de rendre hommage au Roi des Trois Orients. Cette caravane est nommée la Grande Ambassade. Elle marche depuis des mois et sûrement des années. Elle traverse de nombreux pays, elle avance inlassablement. A cheval, à pied, en chariot, pas à pas, au gré du vent et des étoiles, la Grande Ambassade ne craint aucunes des difficultés du chemin qui mène au Roi et à sa reconnaissance. Cette caravane rassemble des peuples différents vers un même but. Certains rejoignent la protection de cette caravane pour quelques kilomètres ou pour toute une vie. Des marchands, des lettrés, des musiciens enrichissent cette cité en mouvement. Dans cette multitude, nous rencontrons un joueur de luth qui saura se rendre indispensable à chacun et particulièrement à une charmante princesse, Nuée d’orage. Je n’ai pas encore lu avec exhaustivité les œuvres de François Place mais à ce jour cet album est mon préféré ! J’ai été emportée au sein de cette caravane personnifiée. Mouvante, vivante, multiculturelle, le récit et les illustrations s’étirent tout au long de cette Ambassade. Aussi longue que la Tour de Babel est haute, les ressemblances et les concordances sont pertinentes. L’histoire d’amour des amants que tout sépare est intrépide. Loin des amourettes à l’eau de rose, les femmes de François Place sont fières, libres et souvent surprenantes. J’ai lu plusieurs fois cet album afin de trouver ma place au sein de cette caravane : je cherchais la petite fille qui vient de naître, les petites monnaies de cuivre, les galettes cuisant sur la braise et plus particulièrement le chariot des archives, bibliothèque ambulante : déformation professionnelle. Album dont l’harmonie icono-textuelle atteint la perfection selon moi. Un classique à lire et relire dès 8 ans.

 

35 kilos d’espoirA.Gavalda – 110 p.

Bayard jeunesse – 2011 – 5.61 € (coup de cœur février 2013)

DIFFICULTES SCOLAIRES/RELATION GRANDPARENT-ENFANT/COLLEGE/ADAPTATION/INGENIERIE

Grégoire hait l’école. Depuis la petite section. Il essaie, il travaille mais non, l’école le rend malade. Du matin au soir, il se force, il s’efforce malheureusement il ne s’adapte pas au système scolaire. Il ne comprend rien en français, en mathématiques, en histoire et avec le sport c’est encore pire. Il a rencontré des psychologues, des psychiatres, des orthophonistes, des spécialistes. Le diagnostic est unanime : Grégoire n’a aucun trouble. Il dysfonctionne car l’école ne lui apprend rien. Il a besoin de travailler avec ses mains. Il rêve de devenir peintre en bâtiment, maçon, jardinier … Grégoire n’est pas malade, Grégoire va bien, Grégoire n’est pas capricieux : Grégoire est un jeune homme manuel. Il aime sentir les outils sur ses mains abîmées. Construire, monter, inventer, trouver des solutions, faire preuve d’ingéniosité, Grégoire est un jeune homme très intelligent ! Heureusement que son Grand-Père Léon comprend son mode de fonctionnement. Souvent ils s’abritent tout deux dans le cabanon de Léon pour éviter les colères des parents de Grégoire qui n’acceptent pas le comportement scolaire de leur fils unique. Effectivement depuis quelques temps, Grégoire ne fait plus d’effort. Il a compris, il a cessé le combat et baissé les bras. Renvoyé de deux collèges, sa situation se complique. D’autant que son Grand-Père ne le soutient plus, il a son propre combat à mener. Leurs routes vont se séparer et Grégoire va devoir se surpasser pour trouver sa place en ce monde. La plume d’Anna Gavalda est un vrai régal ! Elle a le don particulier de cerner ses personnages qu’ils soient adultes ou adolescents. Les dialogues et les réflexions du héros sont parfois désopilants. Son autocritique sans complaisance est saisissante. Ce roman est très touchant. Tout d’abord les difficultés de Grégoire sont poignantes. Son désespoir et sa colère sont palpables. Les relations avec Léon, son grand-père, sont émouvantes. Sans mièvrerie, sans sentiments faciles, l’auteur nous entraîne dans la tourmente de Grégoire. Les émotions sont intenses, je n’ai pas pleuré mais mon menton tremblait sur les derniers paragraphes …MoyenMoyen et GrandGrand l’ont lu. Les deux ont sincèrement aimé ce roman, je suis bonne pour acheter un deuxième exemplaire ! Dès 10 ans.

 

C’est ma vie [de toute façon]Epicerie de l’Orage – 48 p.

Epicerie de l’Orage – 2012 – 7.50 € (coup de cœur février 2013)

VIE/PHILOSOPHIE/QUETE/PSYCHOLOGIE/ADOLESCENCE

Conquise par le livre-carnet Le Collège comme GrandGrand, j’ai rencontré Catherine, éditrice et l’une d’entre nous, au Salon du livre jeunesse. Pendant notre conversation, mes yeux et mes mains étaient attirés par les petites merveilles exposées sur son stand. Lors de mon départ, Catherine m’a offert ce livre-carnet. Malgré sa petitesse, cet hybride ne s’est pas perdu dans mon sac à dos. Entouré d’albums immenses, de romans volumineux, ce livre-carnet a embelli mon retour morose en TGV. Non seulement cet ouvrage est un hybride dans sa conception matérielle mi-livre, mi-carnet mais il est aussi composite par sa conception intellectuelle. Il parcourt de nombreuses disciplines comme la philosophie, la psychologie, la biologie, les sciences sociales, l’histoire. La notion de vie est déclinée en neuf chapitres : Définir la vie, fabriquer la vie, commencer la vie, se sentir en vie, donner du sens à la vie, modifier la vie, soigner la vie, arrêter la vie et après la vie. Chaque chapitre propose une double page d’informations sur le thème évoqué suivie d’une double page de notes à personnaliser. Les parties documentaires sont très réussies. Les informations sont claires et précises. Eclairées par plusieurs domaines de la connaissance, ces informations incitent le jeune lecteur à se documenter et à se questionner. Le « connais-toi, toi-même » de Socrate prend tout son sens à la tourne de page. Des questions guident le lecteur dans sa quête de sens et de vérité. Qui suis-je ? Ma vie a-t-elle un sens ? … La typographie et les illustrations sont délicates. Visuellement attrayant et très réussi, je me suis régalée à la lecture de ce livre-carnet. Je me suis interdit d’écrire mes propres réflexions car je l’ai donné à GrandGrand. Il a tout de suite reconnu l’ouvrage comme appartenant à la collection de son livre-carnet collège. Je l’ai vu plusieurs fois avec cet ouvrage à la main, crayon à l’oreille. Lorsque je l’ai interrogé, il m’a dit que certaines questions le touchaient et qu’il avait appris et compris des concepts nouveaux. Il m’a surtout demandé s’il y avait d’autres livres-carnet comme celui-là. Je pense que ce carnet peut devenir un véritable repère pour la longue traversée de l’adolescence. Ce désert ou cette jungle post-enfantine n’est répertorié par aucune carte. Des balises, des ancres sont parfois nécessaires pour que les jeunes gens réalisent qu’ils avancent, qu’ils construisent, qu’ils réussiront même s’ils croient être perdus. Je n’ai jamais écrit de journal intime, je n’écris pas mes maux, ni mes états d’âme mais j’avoue que j’aurais aimé que GrandGrand délaisse ce livre-carnet pour me l’approprier. Dès 10 ans.

Dans cette Epicerie, ne manquez pas l’ouvrage l’Amour#l’indispensable. La nouvelle de Caro est un bel hommage à l’amour grand format, sans frontière, ni compromis. Ce livre est un carnet intime mais aussi un documentaire riche et inventif. Les nouvelles proposées sont toutes originales et surprennent le lecteur. Si vous ne connaissez pas la Carte du Tendre du XVIIème siècle, je vous conseille de vous perdre dans sa nouvelle version ! Je me suis régalée de chaque page, de chaque citation, de chaque analogie ou digression … même les statistiques sont percutantes. L’Amour # l’indispensable est un beau guide pour voyager en Amour …

Epicerie de l’Orage, ouvrez la porte !

Tempête au harasC.Donner – 133 p.

Ecole des loisirs – 2012 – 8.25 € (coup de cœur mars 2013)

CHEVAL/JOCKEY/LIEN HOMME-ANIMAL/HANDICAP/COURSE

A sa sortie en librairie, j’avais lu de nombreuses critiques élogieuses de ce roman, ici, , là aussiet aussi quelque part icipeut-être trop d’ailleurs … Je n’avais plus envie de le découvrir. Les chevaux me semblaient un thème vu et revu. J’ai dédaigné ce livre au Salon de Montreuil. Grand Seigneur, je lui ai tourné le dos. Heureusement que MoyenGrand l’a reçu avec son abonnement Maximaxcar une fois à la maison, je me devais de le lire. J’ai adoré. Malgré tout mon dédain, Chris Donner m’a collé sur le dos de Tempête et au grand galop, je me suis laissé entraîner des box aux hippodromes sans entraves, ni mors aux dents. Au haras de Saint James, au cœur de la nuit, Belle Intrigante met bas son premier poulain. Ses éleveurs sont aux petits soins pour l’aider et la réconforter dans ce moment délicat du poulinage. Lors de l’arrivée du jeune poulain Komploteur, la femme ressent elle aussi les premières douleurs de l’enfantement. Souffles mêlés, contractions mélangées, jument et femme vont découvrir leurs petits à quelques minutes d’intervalle. Komploteur et Jean-Philippe voient le jour la même nuit dans le même box. Jean-Philippe, notre jeune héros, va alors développer un véritable don de compréhension des chevaux. Belle Intrigante sera sa seconde mère. Il n’acceptera jamais d’être séparé d’elle. Jean-Philippe a dépassé les connaissances de son père éleveur. Il est au-dessus des chuchoteurs. Il atteint l’intelligibilité des chevaux instinctivement. Il sait qu’il passera sa vie auprès d’eux. Dès son plus jeune âge, il formule le vœu de devenir jockey, le plus mémorable des jockeys ! Dès son plus jeune âge, il s’occupe des chevaux quotidiennement. Ses parents lui confient le haras lors de leurs absences pour concourir sur les plus grands hippodromes. Lors d’une de leurs absences, un orage particulièrement violent touche le haras. Les chevaux s’affolent dans leurs box. Jean-Philippe décide alors de les libérer. Malheureusement en ouvrant à Belle Intrigante, Jean-Philippe trébuche … il est piétiné par la jeune pouliche de Belle Intrigante qui suit sa mère à fond de train. Jean-Philippe a la colonne vertébrale brisée. Harnaché dans un fauteuil roulant, il doit renoncer à sa vie de jockey ou peut-être pas ….Ce court roman est une chevauchée dans le monde équestre. On découvre les chevaux et particulièrement les trotteurs. On comprend les courses, les paris et la vie des jockeys. Le monde de l’élevage et ses difficultés sont abordés tout au long du parcours de Jean-Philippe. Le thème du handicap est traité avec pudeur sans apitoiement. Le personnage de Jean-Philippe est émouvant. J’ai été touchée par sa rudesse, sa clairvoyance et sa maturité. L’écriture est fluide. Le récit construit avec finesse incite à le lire d’une traite comme une course. Malgré mes appréhensions, ce roman est une pépite qui mérite toutes les critiques élogieuses. Mettez le pied à l’étrier, dès 9 ans.

La petite capuche rougeO.Charpentier – 128 p.

Gallimard jeunesse – 2008 – 6.80 € (coup de cœur mars 2013)

AMITIE/AMOUR/EMBRASSER/SOLITUDE/FORET/SOLIDARITE

En un mot comme en cent : Méthilde est une peste ! Cette héroïne est un cauchemar. Elle est égoïste et égocentrique. Elle est arrogante, un peu perfide, très vaniteuse. En classe, elle fait sa pimbêche et même sa crâneuse. Cette jeune fille est un repoussoir émotionnel. Elle est la bête noire des autres filles. Malgré sa jolie frimousse et ses bons résultats scolaires, elle est isolée car elle est incapable d’établir des relations saines avec les autres jeunes gens de sa classe. Ses rêves sont des cauchemars qui tournent autour d’interrogations surprises sur l’amour. Sans avoir étudié Freud sur les bancs de la faculté (quoique si en y réfléchissant bien !), on se doute que si Méthilde n’arrive pas lier de liens amicaux, c’est qu’elle-même ne reçoit pas d’amour. Le mimétisme émotionnel est nécessaire pour pouvoir créer des relations amoureuses et amicales sincères. Méthilde est consciente de dysfonctionner mais elle se réfugie à l’ombre de ses tocs pour calmer ses angoisses et sa solitude. Après une nuit peuplée de diplômes d’évaluation sur l’amour, Méthilde est d’humeur ombrageuse. Enfermée dans la salle de bains, aucun de ses vêtements ne lui plaît ! Après plusieurs essayages, elle essaie le dernier pull de la pile. Tout de suite, elle sait que ce pull convient à son humeur et à son teint. Tissé de cachemire, ce pull rouge à capuche semble s’enrouler autour d’elle comme s’il avait toujours attendu ce jour pour s’unir à Méthilde. Quelques heures plus tard, Méthilde est ravie car elle vient d’apprendre qu’un week-end de révision de mathématiques l’attend. Une évaluation très importante est annoncée par l’enseignante pour le lundi suivant. Méthilde ne cache pas sa joie et devant la mine consternée de ses camarades de classe, elle jubile. A cet instant, elle donne un coup de pied dans la chaise de sa voisine pour rappeler à celle-ci qu’elle doit se pousser quand la Sérénissime passe. A ce moment précis Méthilde reçoit une décharge électrique tout le long de l’échine. Elle est stupéfaite car le courant semble provenir de son pull. Après un haussement d’épaules désinvolte, elle rejoint le couloir où deux de ses camarades râlent devant les difficultés du prochain devoir de math. Sans réfléchir, Méthilde propose de réviser avec elles afin de les aider. La douce chaleur de son pull irradie le long de ses bras pour la réconforter. Sarah et Léopoldine sont étonnées de la proposition de Méthilde. Cet élan ne lui ressemble pas. De son côté Méthilde ne comprend pas pourquoi elle a proposé son aide. Elle sait alors que cette journée n’est pas ordinaire. Effectivement Méthilde va vivre une drôle de journée et une drôle de nuit. Elle va découvrir que l’amour et l’amitié ne sont pas des sentiments vains. Elle va s’apercevoir que l’on peut avoir confiance dans les autres et en soi. L’empathie et la solidarité sont des armes solides derrière lesquelles il est bon parfois de se protéger. Méthilde est une peste qui va expérimenter des émotions intenses mais authentiques. Elle va devoir lâcher prise pour cerner et comprendre le beau et ténébreux Djibril. Le personnage est détestable et adorable à la fois. Cette belle réécriture du petit Chaperon rouge est un délice ! Beaucoup de mystère restent sans réponse et c’est très bien comme ça. Chaque lecteur comblera les lacunes selon sa sensibilité, une sorte de réécriture intime ! Ce roman de pérégrination psychologique, de lente maturation est une belle réussite. Dès 11 ans.

 

Madame GargouilleO.Charpentier – 128 p.

Gallimard jeunesse – 2006 – 6.80 € (coup de cœur mai 2013)

SEPARATION/RELATION ADULTE-ENFANT/AMITIE/AMOUR/ADOLESCENCE/VIEILLESSE

Ezéchiel est un jeune parisien qui mène une vie paisible. Le collège, les copains, les filles et quelques bêtises rythment son quotidien. Avec son meilleur ami Jordan, ils inventent les pires sottises pour rendre l’horrible concierge de l’immeuble, Madame Gargouille, complètement chèvre. Cette vieille femme âgée et taciturne cristallise toutes leurs ingéniosités d’âneries. Entre Madame Gargon-Gargouille et Zec, c’est la guerre ! Zec ne sait pas encore que l’âge des plaisanteries est fini. En quelques heures, son existence va basculer suite à la séparation de ses parents. Un soir, en pleine crise conjugale, sa mère l’envoie se réfugier chez la concierge accompagné de sa petite sœur Lucie. Terrorisé et mal à l’aise, Zec frappe à la loge. Madame Gargon les accueille chaleureusement sans demander d’explications. Elle improvise une soirée crêpes pour détendre l’atmosphère. La petite Lucie est aux anges. Zec, lui, dessine pour oublier la tempête conjugale quelques étages plus haut. Il dessine pour se faire oublier. A travers la vitre de la loge, il voit son père passer avec une valise. La crise est terminée. Ses parents sont séparés. Ezéchiel va alors connaître des heures sombres. Du haut de ses treize ans, il va devoir soutenir sa petite sœur Lucie. Il va tenter de réconcilier ses parents. Il va grandir et comprendre que les apparences sont parfois trompeuses. Madame Gargon va devenir son repère dans cette tempête. D’horrible gargouille, elle deviendra son amie. Chaque jour, il passera faire le plein de réconfort, de tendresse et de pensées psychophilosophiques. Dans ce tout petit appartement, il va croiser d’autres enfants et particulièrement Jasmine qui deviendra son secret. Ce roman est un trésor de délicatesse. Sans gnangnanrie, les thèmes difficiles de la séparation, de l’adolescence sont abordés avec subtilité. Les personnages sont fouillés. Ezéchiel est étonnant. Il n’est pas le héros que l’on attend, il est humain et imprévisible. Tantôt fort, tantôt sombre ou fragile, les lecteurs se reconnaîtront dans ce jeune garçon qui amorce le passage délicat de l’adolescence. Madame Gargouille n’est pas un personnage accessoire. Elle représente peut-être chacune d’entre nous dans quelques années. Elle aussi aborde un tournant délicat de la vie, la vieillesse. GrandGrand, 12 ans, l’a lu très rapidement. Il me l’a rendu en me disant qu’il fallait que je me débrouille pour que MoyenGrand, 11 ans, le lise … Cette phrase sibylline veut dire : « ce livre est vraiment génial, j’aimerais partager cette belle lecture riche et profonde avec mon frère que j’adore mais je ne sais pas comment le lui dire ». Si, je vous assure, j’ai compris tout ça dans cette phrase énigmatique, pas vous ? Je remercie chaleureusement Orianne, l’auteur, qui m’a envoyé cet ouvrage. J’espère qu’elle nous offrira encore de beaux romans à partager …Dès 9 ans.

 

 

La balade de Yaya : tome 1 : la FugueJ.M. Omont/G.Zhao – 96 p.

Fei – 2011 – 9 € (coup de cœur mai 2013)

CHINE/PIANO/MENDICITE/MANGA/GUERRE/AMITIE/SOLIDARITE

En 1937, la Chine est malmenée par une nouvelle invasion japonaise. Les troupes se positionnent. L’ennemi approche. La population s’inquiète. Sur le port de Shanghaï, l’agitation règne. Tuduo, jeune garçon des rues profite de la foule rassemblée au port pour effectuer des acrobaties. Il enchaîne pirouettes et sauts périlleux sous les applaudissements des passants. Son petit frère Xiao ramasse quelques pièces à la fin du spectacle. Tuduo est inquiet car il sait qu’il n’a pas récolté assez d’argent pour satisfaire son tuteur Zhu. Cet affreux personnage le maltraite et récupère tous ses petits profits de spectacle. Ce soir là, Zhu, le tortionnaire, lui annonce qu’il commence la formation du petit Xiao dès le lendemain. Tuduo enrage. Il sait que Zhu va battre sans relâche son tout petit frère de quatre ans. Heureusement Tuduo a prévu une solution, un plan de sauvegarde. Au cœur de la nuit, les deux frères s’enfuient dans les rues de Shanghaï … Sur ce même port, à l’ombre du Saint-Patrick, Yaya croise furtivement le regard de Tuduo. Elle envie son apparente liberté de mouvement. Yaya se sent prisonnière dans sa vie de petite fille riche. La déclaration de guerre et la fuite organisée de ses parents ruinent ses plans de jeune pianiste prodige. Ils ont réussi à obtenir trois places pour le prochain départ vers Hong-Kong alors qu’elle s’exerce depuis des mois pour son concours au Conservatoire. Ses parents refusent d’ajourner leur départ. Obstinée, Yaya décide de quitter la demeure familiale au cours de la nuit afin de se rendre à son concours. Accompagnée de Pipo son oiseau apprivoisé, elle tente de passer les lignes de soldats. Pour les deux jeunes héros, cette nuit de fuite, sera aussi la nuit des premiers bombardements de la ville. Malgré leurs destinées opposées, leur rencontre fortuite leur permettra de voir les premières lueurs du jour … Ce manga, au format allongé, est un plaisir. Six tomes sont déjà disponibles. Les personnages sont savoureux. Les contrastes entre les vies de Yaya et Tuduo sont intéressants. Yaya fugue par caprice alors que Tuduo fuit pour sauver son petit frère. Mais le récit ne s’arrête pas à cette vision manichéenne, il offre plusieurs niveaux de lecture. Les illustrations et particulièrement les couleurs sont pertinentes et réhaussent le récit : des couleurs chaudes et vives pour l’univers de Yaya, des teintes ternes pour Tuduo. Ce manga coloré m’a fait penser au Tombeau des Lucioles de I.Takahata (Sorry Mister Churros !). Le contexte historique est savamment dosé. Le fictionnel et le documentaire se mêlent à merveille dans ce manga. Dès 9 ans mais peut être lu par des lecteurs plus jeunes.

 

L’Apprentissage amoureuxE.Houdart – 32 p.

Seuil Jeunesse – 2005 – 16 € (coup de cœur septembre 2013)

AMOUR/ETRE SOI/PARTAGE/DIFFERENCE/COUPLE/JALOUSIE/ALBUM

J’ai mis du temps à lire les albums d’Emmanuelle Houdart. J’ai eu besoin de digérer ces illustrations. J’ai dû m’habituer et travailler sur ces dessins qui parfois me mettaient mal à l’aise. C’est MoyenMoyen qui m’a sorti d’affaire en empruntant deux de ses albums à la bibliothèque. l’Apprentissage amoureux est un album qui décrit les étapes et les écueils d’une vie amoureuse au long cours. A la première page, deux jeunes enfants imaginent une histoire : Il était une fois une sublime princesse et un prince charmant. Dès le premier regard, ils surent qu’ils s’aimaient et que rien ne pourrait les séparer. Ils furent très heureux et eurent beaucoup d’enfants. Les deux jeunes héros se sont débarrassés en une page et quelques lignes des conventions sociales pour profiter pleinement de l’amour. Au début tout va bien, ils décident de paresser au lit, de manger des bonbons et de lire très tard. Le jeu et le partage sont les maître-mots de leur amour. Ils s’aiment et ne se quittent pas. Les amoureux grandissent et les problèmes pointent leurs nez : comment se mettre d’accord pour choisir la couleur du palais ? Comment partager le dernier cornet de glace ? Et lequel décidera finalement des prénoms de leurs futurs enfants ? Sans parler que la vie amoureuse entraîne une vie quotidienne parfois triviale. Le prince ronfle et pue des pieds. La princesse a des boutons. Il urine à tous vents alors qu’elle ne peut plus bouger gênée par son ventre de femme enceinte. Les soirées séparées pour retrouver leurs amis respectifs engendrent des crises de couple effroyables. Quelle est leur recette miracle pour affronter tous ces obstacles et toutes ces difficultés de la vie amoureuse ?… A vous de le découvrir mais je vous préviens qu’il n’y a malheureusement pas de mode d’emploi ou de philtre à commander ! Je trouve courageux de montrer le côté obscur de l’amour dans un couple. J’essaie souvent d’épargner à mes enfants mes théories assez tranchées sur la question. Cet album permet donc d’aborder par des personnages tiers les hauts et les bas du couple. Ils comprennent alors que tous les parents peuvent traverser des phases difficiles, des moments de colère, d’énervement et de jalousie. Le titre montre à quel point la vie à deux est un apprentissage laborieux dont la réussite n’est jamais acquise. Le ton léger et souvent drôle du récit permet de dédramatiser les situations conflictuelles. Le rire libère de la gêne, de l’angoisse et laisse un temps de respiration pour réfléchir et pour discuter. Les illustrations d’Emmanuelle Houdart sont caractéristiques. Complètement oniriques, elles laissent toujours une place à l’interprétation propre. Ces dessins aiguisent le regard et développent le sous-entendu. Ils sont elliptiques et parfois complètement loufoques. Chaque détail est important car ils sont les porteurs du sens profond des situations évoquées. J’ai particulièrement apprécié le travail des couleurs. Chaque tourne de page offre sa palette de couleurs et de motifs. Cette illustratrice ne peut pas s’apprécier seulement en feuilletant ses albums. Il faut les lire et comprendre le rapport texte-image qui construit son propos. Dès 9 ans.

50 comments sur “Les chroniques de Marje, #12 (partie 1)”

  1. lacopacham a dit…

    je ne sais pas si la plus bonne nouvelle est la chronique, le pdf, ta participation au salon … ou le site de marje! Merci à vous deux! C’est déjà Noël!

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  2. Geneviève a dit…

    Je vais me pencher sur cette chronique comme chaque fois avec bonheur… J’ai déjà repéré un titre ou l’autre maintenant que je vais être grand’mère !
    Ma folie des albums va me reprendre… et je vais très vite sur ton blog bien sûr.

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  3. Marje a dit…

    J’espère que cette sélection vous plaira ! Effectivement c’est la dernière chronique dans ce format … Le prochaine sera plus compacte. http://deslivresetlesenfants.blogspot.fr/ vous attend avec des mots clés et des onglets pour naviguer aisément et retrouver toutes mes présentations. (je ne dors pas autrement je cauchemarde en html !) N’hésitez pas à me faire des critiques pour l’améliorer marjolaineplassart@gmail.com ou deslivresetlesenfants@gmail.com. Vous comprenez qu’entre cette chronique, deslivresetlesenfants, le salon et la rencontre avec Caro dimanche, je crois moi aussi que c’est déjà Noël ! Bonne lecture à toutes et à tous.

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    • Caroline a dit…

      c’est pas un bug, c’est cette pub, j’ai demandé à ce qu’on l’enlève définitivement, elle bouffe une partie de la sidebar. Mais parfois ça prend du temps ces choses là, merci de votre patience 🙂

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  4. AnneduSud a dit…

    Je pense aussi que Marje est une extra-terrestre!
    Marje, une nouvelle fois merci pour ce boulot titanesque et puis une newsletter en abonnement à ton blog?
    Bises

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  5. Mireille a dit…

    Merci merci merci…J’en ai achetés certains que mes deux filles lisent et relisent et je vois quelques pépites qui vont bien vite se retrouver sous le sapin

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  6. Bérengère a dit…

    Super la chronique qui tombe à pic ! En plus je vais a la biblio avc la classe de jeanne cet aprem donc je vais yeuter plus particulièrement certains titres évoqués !
    J adore les berceuses jazz que je chippe régulièrement à mes filles !
    Sinon évidemment je ne pourrais etre présente au salon à Montreuil mais je me demandais comment un de mes livres l amour, l indispensable aurait pu etre dédicacé !
    Tres bon vendredi

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  7. Soeur Anne a dit…

    Je vois des trucs formidables pour mes enfants, et le blog qu’a ouvert Marje est une mine d’or… Petit message pour elle, quel dommage qu’on ne puisse lui laisser un commentaire… Mais rassure-toi Marje, ton blog est déjà dans ma blogroll…

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  8. SmouikSmouik a dit…

    OLAAAAAAAAAAAAAAAA ! (je sais plus si y a un H ou pas, pardon aux puristes…). Et bravo pour le blog… trop bien fait 🙂 J’envoie le lien à mes filles, elles iront choisir elles-mêmes !

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  9. Aix Parisienne a dit…

    Je n’ai qu’un mot MERCI !
    Vraiment merci du fond du coeur de prendre le temps de tout décortiquer pour nous, c’est un bonheur à l’état pur…Donc merci Marje/ Caro de m’aider à choisir et au passage Amazon vous remercie aussi 😉
    Je vais en prendre déjà 3 commandés dans la foulée chez mon libraire de quartier !!!

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  10. et de trois a dit…

    J’ai déjà eu en direct par mail Marje pour ses conseils judicieux de lecture. Elle est très bonne conseillère.
    Je me permet aujourd’hui de faire une demande plus générale ici.
    Un de mes filleuls est autiste (forme « relativement » légère) et j’ai très envie à Noël de lui offrir un livre, mais ne sait trop vers lequel me tourner. Il a 5 ans, il communique de mieux en mieux, il a encore des angoisses de foule et de bruit. Il aime particulièrement Petit Ours Brun, mais il me semble qu’il serait bien qu’il passe à autre chose. Il arrive de plus en plus à se poser seul et regarder des livres.
    Si quelqu’un ici peut me guider j’en serai ravie.
    Merci.

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  11. Marje a dit…

    Merci à toutes pour votre enthousiasme ! Et de Trois … Je vais rechercher dans mes tablettes, notes de formation … si je trouve un ou des ouvrages qui puissent lui plaire. SoeurAnne : j’ai un pb avec les commentaires, j’ai bien crée la zone commentaire mais cela n’apparaît pas, j’espère trouver rapidement la solution. AnneduSud, je suis déjà en cours de réalisation pour la newsletter mais les contraintes techniques sont nombreuses mais j’avance pas à pas !

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  12. valérie des landes a dit…

    Je vais dans le sens de flo et aix parisienne, essayons au maximum d’acheter nos bouquins chez des libraires ou s’il n’y en a pas près de chez vous une fnac qui peut aussi commander si pas en magasin. Bonne journée à tous.

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  13. Cam. a dit…

    Super! quel boulot!!
    merci!!
    ( par contre : mais par pitié pas amazon!!! si on veut encore des librairies physiques ou on peut toucher le papier, sniffer les livres et rire avec la libraire! allez chez vos libraires! pas amazon quoi! menfin! mince pas vous …)

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  14. Aline a dit…

    Merci à toutes les deux pour cette chronique, à celle qui la fait et à celle qui la partage.
    Et houra pour le nouveau blog de Marje, quelle bonne nouvelle!
    Plein de succès pour vous Marje!!!

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  15. Agoaye a dit…

    Il y a des bijoux dans les albums que tu proposes… Je suis entourée d’albums de jeunesse (déjà par mon boulot de prof des écoles remplaçante qui emmène sa bibliothèque avec elle dans les classes où elle reste plus d’une semaine) et ensuite parce que c’est une histoire de famille. Môm a une étagère entière de bouquins pour enfants, parfois même en plusieurs exemplaires (chien bleu elle l’a en 4 formats !!)…
    On est des collectionneuses en fait !!

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  16. DOMINIQUE a dit…

    En tout cas, le bourrage de crâne sur Amazon-le-diable (et pas sur les autres gros sites de vente en ligne, non non eux ils bichonnent leurs employés, les paient une blinde et leur fournissent du sparadrap pour leurs ampoules aux pieds) fonctionne bien à ce que je vois.

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    • LaClairette a dit…

      Renseigne-toi un peu sur Amazon : je ne vois pas pourquoi tu appelles « bourrage de crâne » le témoignage de salariés de cette société, qui en plus évite au maximum la fiscalité française.

      Répondre
      • Caroline a dit…

        Le débat a déjà eu lieu ici, je pense qu’on a fait le tour. Honnêtement je ne nie pas qu’amazon ait des pratiques discutables. Mais pour bon nombre de personnes vivant loin d’une librairie c’est une ouverture sur le livre. Et encore une fois c’est le seul moyen que j’ai trouvé pour rétribuer Marje. Si cela vous dérange vous ne cliquez pas, c’est simple ! 🙂

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      • DOMINIQUE a dit…

        Je suis renseignée sur Amazon, justement je ne vois pas, à moins d’avoir vécu dans une grotte, comment l’ignorer. Par « bourrage de crâne », je voulais dire que tout le monde se focalise sur cette société, mais personne ne pense à aller regarder chez Sarenza, Oscaro, La Redoute, les 3 Suisses et j’en passe.

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  17. Marje a dit…

    Merci à toutes … deslivresetlesenfants n’a jamais été autant visité. J’avoue que je me couche sereine et entourée de chacun de vos messages et commentaires. Et de Trois, j’ai quelques titres a te proposer que je t’envoie par mail demain. Dominique, merci de ta bienveillance ! Caro, tu es un vrai soutien et une proche sans faille (à part pour les œufs !).

    Répondre
  18. kanadelf a dit…

    oh le blog de Marje! Génial!
    Pas pu commenter sur le blog alors je le dis ici : un grand merci Marje pour vos fabuleux conseils, c’est grâce à une de vos chroniques ici que j’ai découvert Komako Sakaï. Depuis plusieurs mois « un amour de ballon » est le livre préféré de ma fille de 2 ans, et depuis une semaine que nous avons acheté « ne bouge pas », pas un jour ne passe sans au moins une lecture de « lézard » comme elle l’appelle. C’est drôle parce qu’elle tout de suite reconnu akiko et a parlé de ballon en le voyant!
    Et merci pour le blog qui sera une source sûre d’idées!

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    • Marje a dit…

      J’ai toujours un problème pour les commentaires … Désolée ! Akiko est aussi la meilleure amie de mon dernier. Je viens de lire Réveillés les premiers, le dernier album de Komako Sakaï, un vrai bijou ! Peut-être une idée pour Noël ? Merci de votre message.

      Répondre
  19. Anne de Toulon a dit…

    Je n’ai pas tout suivi des chroniques précédentes de Marje, et peut-être l’as-tu déjà expliqué, Caro, mais pourquoi le fait de commander chez amazon permet de la rétribuer ? en général, j’évite de passer par eux, privilégiant mon libraire de quartier, mais si ça aide Marje, je veux bien faire une entorse à mes principes ; c’est juste que j’aimerais comprendre comment ça fonctionne… Merci de m’éclairer !

    Répondre
    • DOMINIQUE a dit…

      Anne de Toulon : tu devrais trouver ta réponse dans l’onglet « chroniques de Marje » en haut à droite. Elles y sont toutes.
      Pour ma part, le premier libraire est à 30 km de chez moi, dans un coin ingarable. A moins de passer la demi-journée que je n’ai pas pour y aller…

      Répondre
    • Caroline a dit…

      En gros ce sont des liens affiliés, ce qui signifie qu’à chaque commande amazon me verse une commission de 5%. Ce qui ne change en rien le prix du livre acheté pour vous évidemment. Mais qui me permet donc de reverser à mon tour ces commissions à marje 🙂 (chaque billet rapporte à peu près 50 euros, ça n’est pas énorme mais ça permet à marje de s’acheter des livres)

      Répondre
      • Laurence a dit…

        Si ce n’est qu’une question de 50 euros de bouquins… a mon avis, on devrait bien pouvoir être plusieurs librairies à bien vouloir couvrir Marje de livres.

        Répondre
  20. DOMINIQUE a dit…

    Tous aux abris ! Faites attention en vous promenant sur le blog de Caro, portez des gants, un masque et si vous voulez, vous pouvez lui offrir une ou deux bassines.

    Répondre
  21. Camille a dit…

    J’y suis allée exprès et été bien déçue de repartir bredouille… Mais la gastro, c’est vrai que ça ne pardonne pas.
    J’ai acheté le petit livre sur l’amour pour offrir en cadeau de Noël, mais sans la dédicace, ce présent perd un peu de son sens (la destinataire adore ton blog). Penses-tu organiser une séance de rattrapage ?
    Bon rétablissement 🙂

    Répondre
  22. loune a dit…

    Bon rétablissement !

    (et dire qu’arrivée tôt ce matin au salon pour dédicace de l’auteur de Chi, j’ai tenté ensuite mille ruses pour que mes deux plus petits tiennent jusqu’à l’heure prévue d »une de celles qui inventent les trucs drôles de parents mode d’emploi »… tout ça pour apprendre que tu n’étais pas là… me restait plus qu’à demander de te transmettre mes vœux de bon rétablissement aux deux personnes du stand qui étaient toutes déçues elles aussi…)

    Récupérez bien ! ( et on espère bien une séance de rattrapage… avant Noël ce serait possible ou pas ?… )
    En espérant que vous serez vite remis !

    Répondre
  23. Caroline a dit…

    je suis réellement désolée pour celles qui sont venues malgré tout au salon, je suis absolument confuse, j’ai passé la journée à comater ainsi que mes enfants et le churros, c’est Rose qui nous a filé le virus et nous avons enchainé. Vraiment mille excuses…

    Répondre
    • DOMINIQUE a dit…

      C’est une vraie saloperie, la gastro, on te comprend. Et puis, si tu avais contaminé tout le salon du livre, on aurait été bien, tiens.
      Bon courage, c’est dur de se forcer à soigner toute la tribu alors que l’on préfèrerait être en boule dans un coin, en espérant mourir.

      Répondre
  24. marje a dit…

    La gastro est vraiment une « emmerdation » comme dirait mon fils. Je me suis remontée le moral à grand renfort d albums et de romans chouettes au Salon de Montreuil. Vivement demain pour découvrir encore de beaux ouvrages comme mon Livret de famille de l’ Epicerie de l’orage (qui a édité l’Amour) avec qui je passe la soirée ! Bon courage Caro et à bientôt…

    Répondre
  25. Jade a dit…

    Douze ans que je suis montreuilloise et au moment où tu pointes le bout de ton nez, je suis en weekend à Lyon ! (Quelques semaines après toi bien sûr). Saperlipopette !

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  26. Pauline a dit…

    Bonjour, j’aime beaucoup la photo du livre avec le petit moulin et le nuage de pluie… Mais je ne retrouve pas le titre dans la chronique. De quel livre s’agit-il? Merci! Et bravo pour tout ce travail. Le blog des livres et les enfants est vraiment top!

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  27. Marje a dit…

    Avec un peu de retard Imagier à toucher – P.Estellon – Les Grandes Personnes – 12.50 €, j’avais inséré une légende qui n’a pas supporté le changement de format entre Caro et moi. Bonne journée

    Répondre
  28. Marje a dit…

    Désolée pour le retard … Mon livret de famille est une fois de plus une grande réussite. Il permet aux enfants de réfléchir sur la notion de famille qu’elle soit de sang ou de cœur. Les Petitsproches peuvent personnaliser le Livret et s’approprier complètement ce carnet qui est aussi un documentaire instructif. Les illustrations sont fines et tendres … Si tu veux en savoir plus http://deslivresetlesenfants.blogspot.fr/2013/12/livret-de-famille-mle-hir-de-fallois.html . Bravo à l’Epicerie de l’orage et j’espère de nouveaux ouvrages aussi réussis en 2014 !

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