Catégorie : Envie de livres ?

Tu lis quoi en ce moment ?

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Je sors d'une phase de misère non pas sexuelle mais littéraire. Impossible de lire, si ce n'est des polars à la petite semaine, si possible dont l'intrigue ne tenait pas plus de 15 pages. Même le suspense m'était insupportable. Etrange, ces périodes de disette. Même si j'identifie en général assez bien les causes du problème. En l'occurrence ces derniers mois, beaucoup de choses différentes à faire, de papiers à rendre, d'histoires à inventer. Résultat, un cerveau fatigué, refusant de faire le moindre effort et préférant s'abrutir de séries – bonjour, je suis la fuite en avant.

Mais ces derniers jours, j'ai senti un rebond.  Je ne sais pas, peut-être parce que les séries se font plus rares en ce moment – même si whooo, j'ai découvert Luther deux ans après les fans mais je suis complètement happée, tellement dingue d'Idriss Elba, le gangster de The Wire mais aussi peut-être le futur James Bond. Trrrrrremble Daniel.

Voici donc quelques uns des bouquins lus ces derniers mois, je vous épargne les plus mauvais dont les Lisa Gardner qui certes a trouvé le bon filon – les enlèvements d'enfants en gros – mais qui très honnêtement est à mon sens au polar ce que Shym' est à la musique classique. Ce qui ne veut pas dire que je n'en relirai pas, mais le succès interplanétaire de ces bouquins a quand même tendance à m'échapper. Dans le genre je préfère dix fois Mo Hayder ou Gillian Flynn (bien au dessus, même).

Gillian Flynn, Sur ma peau: je crois vous en avoir déjà parlé, j'ai aimé tous les bouquins de cet auteur découverte avec les Apparences. Qui est soit dit en passant son "plus drôle", les autres sont nettement plus glauques. Il est ici aussi question d'enlèvement d'enfant mais le sujet est plutôt celui de cette journaliste dépêchée pour suivre l'enquête policière dans sa ville natale et dont les traumatismes enfantins remontent à la surface. Sur ma peau, pourquoi ? Parce qu'elle écrit des mots au rasoir sur son corps pour relâcher la pression. Amis de la joyeuseté, bonsoir.

Mo Hayder, Les lames: Un meurtre d'adolescente, une bande de jeunes dont certains sont peut-être impliqués, deux soeurs, l'une flic, l'autre paumée, qui cherchent le coupable. Tout ça sur fond de lande anglaise et de climat rude et pluvieux. Efficace.

Heureux les heureux, Yasmina Reza. J'avoue, Reza, depuis son bouquin si complaisant sur Sarkozy, bof. Mais là, j'ai dévoré ce livre chorale, écrit au scalpel, dont certains passages font pleurer et d'autres rire franchement. Il est question d'adultère, de maladie, d'amour et de folie. Il est question du bonheur qui peut-être n'existe pas ou bien il faut le dire vite.

Irvin D. Yalom, Mensonges sur le divan. Lu après m'être enfilée les 3 saisons d'In treatment, c'est parfait pour rester dans la continuité de ces histoires de transfert entre patients et psy. A la différence que là finalement, c'est aussi un polar, voire un thriller psychanalytique. J'aime vraiment bien cet auteur.

Les délices de Turquie, de Jan Wolkers. Je suis en train de lire ce bouquin édité chez Belfond dans le cadre de la collection "vintage", qui vise à faire revivre des livres devenus cultes au moment de leur parution mais qu'on a un peu oubliés. Dix fois plus trash je pense que les 50 shades of grey, on est à mi-chemin entre Les Valseuses et Dernier Tango à Paris. Une liberté de ton rafraichissante et qui confirme que de ce côté là on est plutôt devenus très conservateurs… Pas fini mais j'aime.

La vérité sur l'affaire Harry Quebert. Je suis très emmerdée. Au départ j'ai dit ici que ça s'annonçait pas mal. Le truc c'est que je l'avais alors à peine commencé. Et qu'en réalité, il y a au moins 150 parges de trop dans ce bouquin,  qui ne mérite de toutes façons pas les éloges que j'ai pu lire ça et là. L'auteur est malin, il a pris un peu de tous les auteurs américains qu'il aime et il en a fait une sorte de compilation, au détriment d'une intrigue qui à force de rebondir fait penser à celles des feux de l'amour dont le coupable change dix fois en cours de route. Le souci c'est que là on a vraiment l'impression que l'auteur a hésité dix fois avant de décider qui serait responsable de la mort de Nola Kellerman, 15 ans, dans les années 70. Je passerai sur le style qui est tantôt agréable, tantôt confondant de lourdeur – "il était inquiet. Il tremblait parce qu'il était inquiet" (pas sûre que ce soit littéral, mais vous voyez le genre). Ceci étant dit, je l'ai lu en entier et j'y ai pris – parfois – du plaisir.

Edit: Oui, on est d'accord, la pub, là, c'est too much. Je suis en train de voir ce que je peux y faire.

Edit2: Vendredi, vous aurez droit à la liste de Marje pour les jeunes et moins jeunes.

Edit3: D'autres chroniques livres ici, ici et ici.

On n’écrit pas avec ses pieds mais avec son cul… maybe ?

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Depuis que j'ai ce petit problème vertébral (j'ai décidé que cela faisait plus chic de de parler de mon cul en vrac), je prends conscience de la complexité du processus d'écriture.

Vous avez été quelques unes, dont ma mère qui est une des personnes que je connais qui tape le plus vite au monde, à me proposer gentiment de prendre mes articles en dictée. D'autres m'ont indiqué des applis de reconnaissance vocale.

J'ai étudié la possibilité de recourir à ces aides. Seulement voilà, moi qui ai toujours clamé que je n'étais pas manuelle, je m'aperçois que je me suis lourdement trompée. Sportive, ça non, je ne le suis pas, et il y a peu de chances que cela change dans les mois à venir. En revanche, écrire est une activité manuelle, contrairement à ce que je pensais. Probable que si je perdais l'usage définitif de mes mains, je finirais par trouver une autre voie pour faire vivre mes mots. Mais pour l'instant, il semble clair que pour que mes phrases trouvent leur sens, elles doivent passer par le bout de mes doigts. Comme si mon cerveau ne pouvait se passer de ce pianotement (tage ?) (?) régulier, comme si mes mains traduisaient ma pensée et que mes yeux, ensuite, en relisant, venaient me confirmer ou non que j'avais trouvé la bonne façon de m'exprimer.

J'admire d'autant plus ces personnes malvoyantes ou souffrant d'un handicap et qui écrivent envers et contre tout. J'imagine, encore une fois, que l'on s'adapte. Mais comme quoi à toute chose malheur est bon, j'ai pris conscience ces derniers jours que mon corps est un acteur de premier plan dans mon activité que j'ai toujours qualifiée d'intellectuelle, pas au sens que je serais une intellectuelle (quelle intellectuelle parlerait sur l'internet mondial des laxatifs qu'elle ingère pour cause de sphincters traumatisés ?) mais au sens que seule la tête jouerait un rôle.

Tout ça pour dire que du coup, ces derniers jours, comme je ne peux pas adopter ma position favorite pour écrire (en tailleur), les mots butent, regimbent et refusent de s'aligner. Je fais des fautes de frappe, de style et d'accords. Je peine à trouver le rythme et à retranscrire ce qui sonnait pourtant si bien en pensée.

Donc non seulement j'ai besoin de mes mains mais peut-être aussi de mon cul. Et ça, c'est une autre découverte. Comme s'interrogeait une amie journaliste elle aussi et qui s'est cassé le coccyx lors de son accouchement, "est-ce qu'en fait on a vraiment la tête dans le cul ? Je veux dire, tout le temps ?".

Je crois pouvoir répondre par l'affirmative…

Voilà, à part ça, en parlant d'écriture, et même si ça n'est pas du Chateaubriand, ces deux petits abécédaires sont enfin sortis. Un grand merci encore à Astrid M pour avoir su illustrer mes textes qui sont bien moins drôles quand ils ne sont pas accompagnés de ses oeuvres tellement chouettes et fines. J'espère qu'ils vous plairont si vous veniez à les acheter. Je les ai écrits en Corse, aux heures les plus chaudes, quand la plage n'est pas une option et que les enfants, même les grands, s'assoupissent. Parfois, le churros était à mes côtés et s'endormait alors que je tapais mes textes. Je me souviens m'être dit parfois que j'étais exactement là où j'avais envie d'être. Et que certes je n'étais pas encore dans la rédaction de cette fiction que j'espère, mais malgré tout, j'écris des livres. Peut-être me fallait-il tomber un peu de mon piedestal et me tasser le séant pour me rappeler à quel point je suis vernie…

Bonne journée

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Livres pour enfants: la chronique de Marje #7

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Bon les gars. Marje avec Noël, elle rigole pas. A savoir que sa chronique, elle fait un petit peu.. 50 pages. Et ça n’est pas une façon de parler, if you see what I mean. Franchement, s’il n’y a pas un éditeur ou un rédacteur en chef qui finit par la contacter pour lui confier une rubrique dans un mag ou carrément la responsabilité d’une collection, c’est que les gens sont vraiment cons.

Ce qui est une possibilité.

Ceci étant dit moi je me réjouis de la myopitude du tout venant parce qu’en attendant elle est rien qu’à moi, Marje. Et un peu à vous.

Comme Typepad, qui est déjà sous tranquilisants et à deux doigts de la cure de sommeil – sachez que JE NE SUPPRIME AUCUN COMMENTAIRE ET QUE JE MAUDIS SUR DOUZE GÉNÉRATIONS L’ANTISPAM QUI VOUS AVALE DES PAVÉS DE JOLIS MOTS TOUS LES JOURS – risquait de me jeter son tablier à la figure si je mettais l’intégralité de la chronique, j’ai coupé la poire en deux et vous propose ci-dessous une première moitié. Et demain, je mettrait l’autre moitié pour les plus grands.

Et juste là, parce que oui cette fois-ci ça a marché, vive le petit Jésus, les fichiers PDF, l’intégrale ou la liste en format tablette.

Je propose qu’on fasse une hola virtuelle à Marje, sinon.

La chronique de Marje est ici en format intégral
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et ici en format tablette (super mise en page Marje !)
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Allez, c’est parti…

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Où est passée Lola Frizmuth, d’Aurélie Gerlach

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La vie est – parfois – facétieuse. Pendant toutes ces années dans mon agence de presse, j'avais certes quelques ami(e)s, mais j'étais également convaincue d'être assez seule dans cette impression de ne pas être à 100% dans ce que je faisais. J'étais également persuadée de devoir à tout prix me planquer, rester dans mon placard de blogueuse et n'en parler qu'à mes très proches.

Bien sûr, au fil des années, ce fut de plus en plus compliqué de taire cette double vie, d'autant que s'il est une qualité que je ne possède pas, c'est bien la discrétion. Il n'empêche que naïve, j'étais assez convaincue que mis à part quelques initiés, personne ne savait qu'ici même j'avais, au hasard, écrit un long billet sur comment c'est bien de se masturber.

Il s'est avéré le jour de mon départ que pas un pékin n'ignorait mes activités. Et que tout le monde en réalité s'en foutait.

Pourquoi je vous raconte ça ? Parce que ce que je n'ai pas vu non plus pendant ces années, omnubilée que j'étais par ma petite personne, c'est que dans cette équipe à première vue très sérieuse, se cachait une écrivaine. Une vraie, en plus. Je l'avais bien repérée, Aurélie, avec ses cheveux canons, ses jambes canons, son sourire canon. J'avais bien senti que lors de nos pauses clopes qui parfois tombaient en même temps, on aurait eu des choses à se dire. Mais voilà, Aurélie est 1) un petit peu plus jeune que moi (deux ou trois mois) et 2) était arrivée après moi, avec trois ou quatre filles du même âge (ça joue, deux ou trois mois à 24 ans) et du coup on n'était pas dans les mêmes bandes.

Mais voilà, j'avais une sympathie innée parce que je sentais qu'elle n'y était pas toujours à 100% elle non plus. Sérieuse, consciencieuse, mais… mais une mini distance, un petit truc qui ne la faisait pas entrer totalement dans le moule.

Ce n'est que deux ans après être partie que j'ai appris qu'Aurélie, en réalité, n'a pas une vie mais au moins douze. Qu'elle est une dingue du Japon où elle part dès qu'elle peut et dont, je crois, elle parle – un peu – la langue, qu'elle écrit depuis toujours, des nouvelles, des chroniques dans un magazine japonais, qu'elle peint des toiles fluo et qu'elle a un groupe de rock au nom bien déjanté: Babooszchka.

Et surtout, donc, Aurélie Gerlach est l'auteur d'un premier bouquin destiné à la jeunesse mais que j'ai personnellement trouvé hilarant, avant que ma fille me le prenne d'autorité, attirée comme une abeille sur un pot de miel par la couverture: "Où est passée Lola Frizmuth ?". Chez Gallimard Jeunesse, excusez du peu.

La chérie a tranché, "c'est aussi bien que Georgia Nicholson, sauf que c'est encore plus fou". Elle est comme qui dirait au taquet du numéro deux et j'ose pas trop lui dire qu'il est encore à l'état de manuscrit. L'histoire ? C'est celle de Lola Frizmuth, "charisme hors norme et physique de rêve", qui décide de plaquer son bac à venir pour filer au Japon rejoindre Tristan, son amoureux un peu bête. Evidemment, elle va subir pas mal de déconvenues et se trouver embringuée dans une histoire bien compliquée aux frontières du polar ou du roman d'espionnage.

Franchement si vous avez envie d'offrir un bouquin sympa dont votre fille – je pense que c'est destiné aux 12 – 16 ans – ne va pas se détacher jusqu'à l'avoir fini, foncez. Bien sûr je suis de parti pris parce que le hasard fait que ces derniers temps avec Aurélie on s'est plus vues et parlé qu'en des années à bosser dans le même open space. Et que je vois se confirmer un truc : c'est vraiment une fille formidable. Alors si j'ai le moindre pouvoir prescripteur, je suis bien décidée à l'utiliser aujourd'hui. D'autant que je vous l'assure, il y a moyen de ricaner en le lisant, le style emprunte au langage des ados, SMS et pas mal d'argot, mais avec un vrai talent, une gouaille qui en fait un vrai style, justement, pas un truc artificiel et démago censé plaire aux djeuns et écrit par une adulte.

Voilà, c'est tout.

Livres pour enfants (et plus grands) : la chronique de Marje #6

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Et voici donc une sixième chronique de Marje, toujours aussi dense, toujours aussi pleine de promesses de lectures. Je la remercie une fois encore pour le temps qu'elle passe à rédiger tout ça, le soin qu'elle prend à trouver des ouvrages qui plairont à toutes sortes d'enfants (et de parents). Je lui ai dit par mail mais je le répète ici: Marje, le jour où tu auras l'impression que tu peux prendre ton envol sous quelque forme que ce soit, je te laisserai partir avec d'immences regrets mais sans amertume, tant je sens que ces chroniques peuvent être le début d'autre chose de plus grand. Bon, pas tout de suite hein, je ne suis pas pressée du tout ! Et si c'est jamais, ça me va aussi…

Ah et sinon, juste, en ce qui concerne mes enfants (qui suivent avec assiduité les conseils de Marje et dénichent aussi quelques perles à la bibliothèque), la chérie est actuellement plongée dans une série qui ne doit pas lui faire bien mal aux cheveux mais qui a le mérite d'être illustrée en couv par Bretecher (je me dis que ça ne peut pas être complètement nul): "Le journal intime de Georgia Nicholson". Elle adore. Le machin quant à lui a donc éclusé tous les Bottero et se relit tous les "A comme association" avant que le dernier ne sorte et s'enfile des Naruto en veux-tu en voilà (merci les repas au resto, cf la photo ci-dessus). Quand à Rose, elle reste fan des "Princesse coquette" mais aussi de "C'est moi le plus fort".

Voilà, je vous laisse avec les conseils avisés de Marje…

Quatre livres pour la rentrée

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Trois semaines que je veux vous écrire ce billet. Et puis je suis accidentellement tombée dans une série qui avait échappé à mes filets. In treatment. Et désormais j'envisage de faire une thérapie pour tomber amoureuse de mon psy. Même si ledit psy de la série, qui ressemble un peu à Harvey Keitel mais un Harvey Keitel qui serait gentil, est bien évidemment beaucoup plus mal que la majorité de ses patients. Et ne fait absolument rien dans la vraie vie de ce qu'il suggère à ceux qui viennent le consulter…

Bref, trois saisons, quarante épisodes chacune, on n'est pas rendus.

Mais trève de diversion, j'ai quatre coups de coeur pour la rentrée. Cet été j'ai eu la chance de pouvoir lire quelques livres en avant-première et je ne vous cacherai pas que c'était un sentiment assez jouissif, comme un petit privilège d'initiée. Ce qui ne m'a pas non plus empêchée de dévorer des oeuvres publiées depuis des lustres, hein. Mais donc cet été j'ai craqué pour :

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– Bois sauvage, de Jesmyn Ward, édité chez Belfond. Une énorme claque. L'auteur a l'air sur la photo de quatrième de couv d'avoir 14 ans (et est accessoirement d'une beauté renversante) et pourtant dans son style il y a quelque chose je trouve qui semble venir de loin, de très, très loin. L'histoire ? Depuis que sa mère est morte en couches, Esch, quatorze ans, s'occupe des hommes de sa famille : son père Claude, ses deux aînés, Randall et Skeetah, et Junior, le petit dernier. Esch a du mal à trouver sa place : elle couche avec les copains de ses frères pour leur faire plaisir mais c'est de Manny qu'elle est amoureuse. Et dont elle est enceinte. Ce pourrait être une chronique du bayou, d'une famille comme il y en a des tonnes le long du Mississipi, sur fond de luttes de chiens, de baignades dans la rivière et de misère, aussi. Sauf que les radios ne cessent d'annoncer l'arrivée imminente d'une tempête plus forte que les autres. Page après page, la menace gronde et l'atmosphère se fait plus lourde et moite. Parce que la tempête en question porte le funeste nom de Katrina… Il y a du Faulkner ou du Toni Morrison dans la façon d'écrire de cette jeune femme, elle même issue d'une famille nombreuse et première de sa lignée à obtenir une bourse pour l'université. Achetez-le, lisez-le, personnellement quand je l'ai refermée je n'étais plus tout à fait la même.

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Tigre, Tigre, de Margaux Fragaso, chez Flammarion: Un bouquin filé sous le manteau par ma dealeuse préférée. Elle m'avait prévenue: "c'est du lourd et ça chamboule". Résultat: c'est du lourd et ça chamboule. Faisant figure de péhnomène de la rentrée littéraire, le livre est chroniqué un peu partout. Un engouement qui a sûrement à voir avec la portée très sulfureuse du sujet, mais qui est néanmoins mérité. L'auteure raconte sa propre histoire d'enfant abusée par celui qu'elle considérait comme un père, un frère, voire aussi et c'est là toute la complexité de la chose, un potentiel amoureux. Elle a 8 ans quand elle le rencontre, il approche de la cinquantaine. Le plus cruel et le plus difficile à accepter dans ce récit, c'est que cette enfant l'aime, cet homme. Passionnément et viscéralement. Et que toute la perversité de ce bourreau réside justement dans sa capacité à se rendre indispensable. En choisissant pour proie une victime que sa famille, déchirée et dysfonctionnelle ne pourra non seulement pas aider mais précipitera même dans ses griffes. C'est troublant, c'est beau aussi, parce que le style est ciselé, précis, presque chirurgical. Mais c'est aussi bouleversant, c'est de l'assassinat de l'enfance qu'il est question page après page. A ne pas mettre entre toutes les mains, âmes trop sensibles s'abstenir.

L'attente de l'Aube, de William Boyd, publié au Seuil. Vienne, août 1913.  Lysander Ulrich Rief 27 ans, comédien anglais, autrichien par sa mère et fils d'un célèbre acteur britannique décédé en 1899, est venu suivre une psychanalyse avec le docteur Bensimon, anglais lui aussi. Son problème ? Il ne parvient plus à "conclure" ses ébats. Ce qui commence comme une sorte de périple initiatique d'un jeune homme un peu superficiel, très gâté et complètement narcissique se transforme très rapidement en quelque chose qui tient à la fois du roman d'espionnage, de la chronique de guerre et de la comédie romantique. On s'attache à Lysander, ce candide jeté malgré lui dans le renseignement britannique et devenu l'objet de manipulations amoureuses et politiques qui le dépassent. C'est parfois un peu compliqué et on n'a pas été trop de trois ou quatre à l'avoir lu cet été pour tenter de démêler le vrai du faux et asseoir nos certitudes quand au dénouement. C'est peut-être tout l'art de William Boyd, qui nous manipule autant que peut l'être son héros. A lire si on aime James Bond, les histoires d'espions et surtout, si l'on goûte cet humour anglais fin et parfois un peu empoisonné dont William Boyd est pour moi l'incarnation…

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Les Apparences, de Gillian Flynn, publié aux éditions Sonatine. Pour l'instant, toutes les personnes auxquelles je l'ai conseillé l'ont adoré. Un tout autre registre que les deux premiers romans américains évoqués dans cette chronique, si ce n'est que l'histoire se déroule dans le Mississipi aussi. Mais là on est dans le polar, même si c'est un polar plus proche du thriller psychologique que d'une véritable enquête policière. Je n'ai pas envie de trop vous en dire parce que tout l'intérêt du livre, outre son style absolument jubilatoire, réside dans les retournements de situation auxquels on ne s'attend pas une seconde. Mais pour vous planter le décor, il s'agit donc de la disparition d'Amy, l'épouse de Nick. Amy et Nick, couple modèle new-yorkais, jeunes, beaux et successfuls, ont connu quelques revers de fortune. Journalistes tous les deux, ils ont perdu leur boulot et se sont résolus à revenir sur les terres natales de Nick, au bord du Mississipi. Nick y tient un bar et Amy… Amy s'ennuie. Jusqu'à ce matin de leur cinquième anniversaire de mariage, où Amy disparait, ne laissant derrière elle qu'une maison sens dessus dessous et quelques tâches de sang. Assez rapidement, Nick, l'époux éploré, fait figure de suspect numéro un, magré ses dénégations. Je m'arrête là, mais franchement, c'est époustouflant d'ingéniosité, on a peur, on rit aussi beaucoup parce que Gillian Flynn est très, très, très drôle. Même si sa vision du couple et du mariage n'est pas vraiment très drôle, elle…

Edit: J'oubliais un truc. Christine S., la chroniqueuse de bouquins de Psychologies magazine parle de cette drôle d'expérience qu'est la rentrée littéraire. C'est hyper intéressant et c'est drôle et c'est ici.

Livres pour enfants (et plus grands) : la chronique de Marje #5

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Shame, shame shame on me, j’ai trainé tant et tant pour publier la chronique de Marje qu’elle ne vous sera pas d’une grande utilité pour vos sacs de plage. Ceci étant dit, s’il est une période propice à la lecture, c’est bien celle de la rentrée, je trouve. Personnellement je dévore depuis que je suis revenue, besoin, j’imagine, de m’évader à nouveau (à venir d’ailleurs ma liste des incontournables de l’automne). Quant à mes enfants, ils pillent les bibliothèques du quartier et de la petite bourgade de mes parents. Et ils sont devenus accros aux conseils de Marje (dernier gros succès, l’épouvanteur)…

Bref, voici donc, tadaaaaam, la chronique des livres jeunesse de Marje, que je remercie à nouveau pour ce boulot magnifique et sa patience concernant mes errances procrastinatrices…

Edit: la photo je l’aime parce qu’elle me rappelle le début de nos vacances et puis aussi parce que c’est ma fille telle que je la vois tout le temps, un livre greffé à la main, quoi qu’elle fasse…

Edit2: vous pouvez également télécharger la chronique de Marje ici : Téléchargement Carobloglijechron5

Allez, la parole à Marje ! En lire plus »

Concours de livres Belfond: les résultats

Voici les gagnants du concours. Je précise qu'ils sont le fruit d'un tirage au sort et non d'une sélection des commentaires qui m'ont tous beaucoup touchée. Vous êtes la preuve en tous cas qu'on peut se passionner pour autre chose que du maquillage, des dessous ou des bijoux. Et ça c'est quelque chose qui me donne vachement confiance.

Merci aux gagnantes de m'envoyer très vite leur adresse postale par mail. Si demain à 17h je n'ai pas toutes les coordonnées, je retirerai au sort, en effet la fée de chez Belfond part en vacances à la fin de la semaine et il faut que ce soit réglé avant. mail: cfrancfr(at)yahoo.fr

112: Grignette

380: Loop of kurland (je pense qu'il se passe quelque chose de très métaphysique entre toi et le churros)

220: Nathaline

56: Plume

8: Carole-Anne

Qu’est-ce que tu lis pour les vacances ? (concours inside)

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EDIT de 20h36: les résultats sont tombés et le concours est clos. Cela ne vous empêche pas de laisser votre commentaire si vous le souhaitez mais le jeu est terminé !

Avant de vous raconter ce week-end, un petit billet "père noël". Après la publication de ma liste de livres de l'été, j'ai reçu un adorable message d'une fée de chez Belfond, l'une des maisons d'édition que j'affectionne, pour me proposer de vous faire gagner des bouquins. Ce n'est pas une "opé" blogueuses ni un coup de pub, juste un élan du coeur d'une lectrice qui a été séduite par votre enthousiasme dans les commentaires et qui se dit que cet amour des livres c'est comme une grande chaine d'amitié qui nous relie à travers le monde (il se peut que j'aie abusé du Rioja, aussi).

Bref, par contre la fée va partir en vacances et il faut que ça se fasse vite. Donc le principe, c'est de laisser un commentaire dans lequel vous racontez en cinq ou six lignes (mais y'a pas non plus de calibrage obligatoire) votre meilleur souvenir de lecture (pas une critique de livre, hein, plutôt un moment qui a été un peu fondateur dans votre amour de la lecture, genre quand votre père vous lisait l'histoire du soir, quand vous avez lu en secret la bicylette bleue sous la couette, etc etc etc).

Tirage au sort ce soir (je dis bien tirage au sort et pas sélection des meilleurs témoignages parce que je n'ai pas envie d'émettre un jugement de valeur sur ce que vous aurez écrit, donc en gros l'idée c'est de vous permettre de raconter ce souvenir, pas de tenter d'écrire quelque chose de plus drôle, plus émouvant ou que sais-je que le voisin ou la voisine).

En jeu: cinq lots de trois livres: 

– "Crépuscule" de Michael Cunningham,

– "Pourquoi pas ?", le nouveau livre de David Nicholls, auteur d'Un jour.

– Chroniques de l'oiseau à ressort, de Murakami, auteur des 1Q84.

Si vous voulez faire partie des cinq heureux destinataires d'un colis juste avant le départ en vacances, c'est parti !

Edit: ça c'était la vue de ma terrasse ce week-end. Je veux vivre dans cet hôtel merveilleux. Je vous en parle très vite.