Catégorie : La ronde enceinte

Une working girl sur canapé

 Alors aujourd'hui, foin de top five. Pas que ma vie ne soit remplie de rencontres incroyables, d'événements hors du commun qui vaillent le coup d'être immédiatement racontés, ou de péripéties hallucinantes, non non non, point de ça.

 

En même temps, quand tu es vissée sur ton canapé, va trouver des perles modesques à relater. Pas facile, je te le confirme ma mie. De pain.

 

Ok, mes neurones fondent au rythme de la dilatation de mon utérus.

 

Bref, puisque je suis donc comme qui dirait réduite à l'état de poule couveuse, je m'en vais te parler de mon pamplemousse qui forcément n'en est plus un ou alors sérieusement génétiquement modifié.

 

Oui, j'ai cette envie de te narrer de façon somme toute très spontanée ces petits bonheurs et tracas de la vie quotidienne d'une femme enceinte certes mais néanmoins femme.

 

Donc, voici au débotté, voire au pied levé, quelques éléments de ce voyage merveilleux vers l'inconnu qu'est la grossesse…

 

 

– Je passerai rapidement sur mon transit qui ne mérite même pas qu'on y fasse allusion puisqu'il est réduit au néant. Qu'on me rende des intestins, pitié.

 

– J'aimerais par ailleurs qu'on me remplace ce qui me sert soit disant d'estomac et qui met actuellement environ cinq heures à digérer un morceau de vieille mimolette – ma dernière folie. S'il pouvait par ailleurs cesser de fabriquer en quantités industrielles de l'acide chlorydrique ce serait merveilleux merci. J'ajouterai que la jeune donzelle qui semble avoir confondu cet organe vital avec un canapé est priée de dégager fissa sous peine de représailles imminentes.

 

– Je suis pour l'instant arrêtée et à priori jusqu'à délivrance du colis. En un sens c'est assez merveilleux, d'autant que je ne suis absolument pas angoissée à l'idée que ma remplaçante au demeurant charmante se révèle en mon absence une dangereuse voleuse de travail, un peu comme Mélanie Griffith réussit en deux coup de cuiller à pot à chiper la place ET le Harrison de Sigourney dans Working Girl. Ok, Sigourney s'était pété la cheville à Gstaadt. Ce qui n'a rien à voir avec le fait d'être enceinte. N'empêche que je n'y pense pas du tout donc aucun problème.

 

– Je n'ai plus de nausées. En revanche je ne tiens pas plus de deux minutes en position debout, sans avoir un malaise vagal. Je précise que vagal n'a rien à voir avec vaginal. Je sais c'est évident mais lorsque j'ai fait part de ce petit problème à Stéphane il a fallu le réanimer, il y a des mots qu'il ne faut pas employer devant les grandes actrices.

 

– Je découvre tout un tas de nouveaux examens que de mon temps – quand j'étais enceinte ET jeune – on ne pratiquait pas. Du genre le test du glucose, inventé probablement par un maniaque phobique de tout ce qui a un lien avec la grossesse: tu dois te trainer au labo à jeun, donc tôt – deux gros challenges en ce qui me concerne -, te faire prendre ton sang, puis t'enfiler un verre de deux litres environ de glucose et attendre ensuite deux heures sur une chaise que ton organisme assimile le shoot de sucre que tu viens de lui imposer pour finalement te refaire piquer, histoire de vérifier que ton sang n'a pas la même constitution que le sirop d'érable. Je n'ai pas encore les résultats mais en tous cas merci, mon organisme s'est bien exprimé, je suis tombée dans les pommes près de 10 minutes après l'épreuve du seau de glucose.

 

– J'observe avec ravissement l'aiguille de ma balance – qui certes me sous-pèse de CINQ kilos par rapport à celle de la clinique mais prend toutefois en compte mes variations de poids – qui persiste à stagner jour après jour. A peine cinq kilos depuis le début. Un record historique. En même temps, manger quand on n'a plus ni estomac, ni intestins, ça relève de l'inconscience urinaire.

 

– Malgré les apparences, je nage malgré tout dans le bonheur: je n'ai presque plus de poils. Mon dernier bouton remonte à cinq mois. Mes cheveux se lavent probablement tous seuls dans la nuit rapport que je peux tenir à l'aise quatre jours sans shampoing. Je n'ai plus à rentrer le ventre. En même temps ça vaut mieux, c'est sûr. Je ne fais plus la queue au supermarché. J'ai des orgasmes multidirectionnels.

 

Surtout, j'ai en moi une micro-fille qui se met à s'agiter dès que son père ce héros met la main sur mon ventre. Et qui s'arrête dès qu'il la retire. Ce qui forcément fait se gonfler d'orgueil – et se ratatiner d'amour – celui qui, il y a quelques jours encore prenait un air consterné pour annoncer que oui, malheureusement, encore une gonzesse. Moi je dis que cette petite nana en a déjà pas mal dans le ciboulot.

Nouvelle star, contractions et billet rafistolé

 Alors, qu'est-ce que je racontais donc dans ce billet boulotté par Mabulle ? Pfff, chais plus bien moi, je suis du genre imbécile, à ne jamais sauvegarder ce que j'écris et à ne pas forcément retenir par coeur ce qui est sorti de mon esprit parfois dérangé.

 

Bah, pas bien grave, comme le dit justement Zaza, après tout du moment qu'on a la santé, le reste n'est que broutilles.

 

N'empêche que je n'étais pas mécontente de moi.

 

 

Ah, je me souviens ! Comme j'étais devant la Nouvelle star, je vous faisais part de mes impressions. Notamment en ce qui concerne Lio qui par moment a l'air d'avoir 22 ans.

 

Et la minute d'après, plus du tout.

 

Je revenais aussi sur cet étrange phénomène dont semble être victime Philippe Manoeuvre, littéralement squatté de l'intérieur par Jean-Pierre Daroussin. Spéciale dédicace à son cassage de lampe et de tasses, un moment rock and roll tout en douceur. Oui on peut casser une tasse en douceur, les filles, souvenez-vous en la prochaine fois qu'il vous vient l'envie d'en fracasser une.

 

Je vous confiais aussi que cette année finalement, la Nouvelle star on s'en fout un peu. Et en même temps pour l'instant, je n'en ai pas loupé un épisode. Je donnais mes préférés, à savoir Amandine – photo – et Benjamin, le jeune homme aux cernes érotiques. Et puis aussi un petit peu Cédric le marin.

 

Mouais, ben comme quoi la première mouture était mieux, là ça sent le réchauffé.

 

Je parle du billet.

 

Pas de Cédric le marin.

 

A part ça, je vais bien, malgré quelques inquiétudes propres à toute femme enceinte en tous cas celles qui en temps normal sont déjà légèrement hypocondriaques.

 

Bon, en réalité je suis complètement flippée. Je suis à vrai dire en plein dans ma période "Je vais aux urgences ou je vais pas aux urgences ?" et ce à la moindre sensation étrange. Sachant, pour les nullipares – quel affreux mot -, que quand tu es enceinte, des sensations étranges tu en as à peu près toutes les 15 minutes. Bref, chez moi, deux pipis un peu rapprochés me font craindre l'infection rénale, une tension au dessus de la limite, une pré-éclampsie et des orteils un peu boudinés un oedème cérébral.

 

Je t'impressionne, hein ? Et encore ce n'est rien, je préfère ne pas trop dévoiler la profondeur abyssale de mes connaissances médicales j'ai peur que certains finissent par vraiment prendre peur. Tout ce que je peux te dire c'est que "pré-éclampsie" pour moi c'est la routine.  

 

Bref, pour tout avouer, ce matin j'étais donc aux urgences après avoir passé la nuit à me convaincre que j'étais en train d'accoucher. J'en reviens à peine, arrêtée pour deux jours par un interne de 22 ans maximum qui est resté un long moment le doigt à l'intérieur de mon intimité, les yeux fermés pour mieux se concentrer et qui a fini par déclarer d'un ton sentencieux: "col ramolli mais ferme".

 

Je suis totalement sereine et rassurée.

 

Je vous laisse, il faut que je potasse mon Vidal.

 

Edit: Les votes pour le festival de Romans seront clos le 31 mars. Ok, j'en conviens, vous avez été vraiment très performants, j'approche des 600 voix et j'en reste coîte. Mais ma copine Julie – oui, la même qui jouit du cuir chevelu – s'est mis en tête que je ne devais pas perdre ma troisième place au classement général même si globalement on s'en fout rapport que ce qui compte c'est d'être dans les 10 premiers de sa catégorie. M'enfin j'ai très peur qu'elle décompense si je me retrouve 4ème. Donc s'il vous reste quelques adresses mail non utilisées, n'hésitez pas, c'est ICI que ça se passe. Et c'est très simple, il suffit de saisir son mail et ensuite de confirmer en cliquant sur le mail de confirmation. Qui parfois n'arrive jamais. Ou dans les spams. Bon, ok, mieux vaut prendre un jour de congé pour voter.

 

Edit2: Je suis également ICI aujourd'hui, si ça t'intéresse.

Pannes, nouvelle star et contractions

 Alors forcément, avec les bugs multiples et variés de Mabulle depuis trois jours, j'avais fini par abandonner l'idée d'écrire quoi que ce soit d'ici la fin de la semaine.

 

Et puis pof, voilà que c'est rétabli. Et que du coup, va bien falloir que je me bouge un peu les fesses.

 

Sauf qu'à l'heure où je tape sur mon clavier – pas ce matin, non, hier soir en fait, magie de l'informatique – je suis premièrement devant la Nouvelle star et deuxièmement en pleine crise de contractions – enfin j'imagine que ces douleurs en bas du ventre en sont mais je me rends compte qu'en réalité malgré une grossesse géméllaire j'ai toujours pas mon bac grossesse – ce qui me rend moyennement productive.

 

 

Bref, j'avais des milliers d'idées incroyables de billets et là, la bise étant venue je me sens fort dépourvue.

 

Donc je vais me contenter de vous livrer quelques unes de mes impressions nouvellestaresques.

 

En vrac et pas dans l'ordre.

 

Sinclair, d'accord, il est joli. Mais quel melon punaise… En plus moi à la place de Manoeuvre et Manoukian j'aurais les boules parce qu'à Baltard au moment des annonces il s'est quand même choisi toutes les jolies filles.

 

Cédric le marin il est pris et moi ça me fait quelque chose, je sens un pouvoir érotique assez fort en lui.

 

– Ils ont aussi choisi un psychopathe qui roule les yeux et forcément, ça interpelle.

 

Lio parfois elle a l'air d'avoir 22 ans. Et la minute d'après, plus du tout.

 

– Globalement quand même on s'en fiche un peu cette année. Surtout, ce qui serait bien c'est qu'ils arrêtent de penser que les téléspectateurs ont Alzheimer et donc de te répéter tout ce qu'ils ont dit avant la pub. Franchement c'est fatiguant.

 

– Manoeuvre est malgré tout un vrai rockeur, même si Daroussin a pris possession de son esprit. Spéciale dédicace à sa façon de casser les tasses ou les lampes, avec son énergie de chamallow mais sans concession non plus.

 

Ma préférée c'est définitivement Amandine. Quand elle chante j'ai les poils comme dirait Ophelaï. Et puis Benjamin et ses cernes noirs. D'ailleurs à mon avis Lio aussi elle le kiffe vu comment elle a mis de la distance entre elle et lui au moment de lui dire qu'on continue l'aventure.

 

– Cette année les sélectionnés ils se la jouent tous un peu Julien Doré. A savoir qu'Ils ont vachement de recul par rapport à toute cette comédie de la société du spectacle. Ils auraient tous potassé Guy Debord que ça ne m'étonnerait pas.

 

Voilà, à part ça donc, je sens que je rentre dans ma phase "je vais aux urgences ou je vais pas aux urgences ?".  Une période qui devrait durer jusqu'au 3 août, donc. Avec des pics pendant lesquels deux pipis de suite vont se transformer dans mon esprit malade en systite infectieuse – je SAIS ça ne s'écrit sûrement pas comme ça -, une tension légèrement élevée en pré-éclampsie, des pieds gonflés en oedème cérébral et j'en passe. Et encore, histoire de ne pas vous faire trop peur je vous cache l'étendue de mes connaissances médicales parce que "pré-éclampsie" par exemple c'est que la partie émergée de l'Iceberg.

 

Sinon ben même si je ne vais pas à Baltard je voudrais dire que toute cette aventure m'a permis de vraiment retrouver l'énergie au dedans de moi même que j'avais perdue en route et la confiance que mes parents avaient mis à l'intérieur de mon corps. Donc malgré mes larmes je voudrais surtout dire à ma mamie que je l'aime.

 

Edit: Une pensée toute spéciale et douce pour la petite Louise qui est née il y a deux jours. J'ai connu son papa quand il avait cinq ans – et mois quinze – et forcément, ça me fait tout drôle.

 

Edit2: Il reste trois jours pour voter au festival de Romans. Bon, ok, mon score est déjà franchement insolent. Sauf que ma copine Julie qui a un léger problème au niveau de sa personnalité elle rêve que je finisse première. J'arrête pas de lui dire que ça n'est pas possible mais elle ne veut pas m'écouter. Alors s'il te plait, pour elle, vote ICI !

Des pieds pas comme les autres

 Bientôt il y aura l'écho du 5ème mois. Celle grace à laquelle on sait. Celle qui révèle le sexe de l'ange. Bien sûr, j'ai hâte. Hâte de voir à nouveau celui qui de tétard est passé à grenouille.

 

En même temps, cette perspective me renvoit à cet après-midi de janvier, il y a huit ans…

 

Un moment tant attendu. Enfin nous allions savoir si ces jumeaux étaient jumelles ou l'un et l'autre à la fois. C'est peu de dire que nous sommes allés au cabinet médical avec des ailes. Que pouvait-il nous arriver ? Que peut-il t'arriver alors que tu n'as pas trente ans et que tu attends deux enfants ?

 

Lorsque je me suis allongée sur la table d'examen et que la gynéco a mis le gel glacé sur mon ventre déjà énorme, je me souviens avoir souri.

 

On y était.

 

La sonde a glissé sur ma peau et les drôles de visages encore squelettiques ont pris forme sur l'écran. La gynécologue en a choisi un, au hasard. Tout en commentant ce qui apparaissait sur le moniteur, elle ne cessait de prendre des mesures, concentrée et minutieuse. A chaque vérification, tout allait bien, tout était dans la norme de ce qui doit être, qu'il s'agisse du fémur, de la distance entre un point A et un point B de ce corps encore minuscule, de la dimension du cervelet ou de l'écartement des doigts de pied. Après avoir effectué ces vérifications auxquelles je dois bien l'avouer nous ne nous intéressions que très peu, trop fascinés par les gestes graciles et déjà humain du foetus, elle finit par scruter ce qui se passait entre les deux gambettes. Pour nous annoncer sans l'ombre d'une hésitation qu'il s'agissait bien d'un garçon. L'homme a failli s'évanouir de bonheur, sappant en quelques secondes des mois de discours ultra-rodé selon lequel vraiment, pas de souci, fille ou mec ce qui comptait c'était qu'il aille bien.

 

Tu parles.

 

Une fois le premier check-up terminé, mon médecin s'est penché sur le jumeau B, puisque tel était son prénom à ce moment encore. Re-mesures, re-calculs, re-point A au point B, re-écart des doigts de pied. Répétition scrupuleuse de l'examen précédent. Et pourtant, imperceptiblement, quelque chose avait changé. Le ton de la voix, l'expression du visage, le rythme de la sonde, tout semblait guidé par une urgence que la gynécologue tentait vainement de masquer. Une menace que dans le tréfonds de mon ventre, je percevais comme autant d'alarmes silencieuses dont la fréquence pourtant me vrillait les tympans.

 

J'ai serré la main de l'homme et sans même un regard j'ai su que lui aussi avait perdu en quelques secondes l'insouciance des minutes précédentes.

 

La gynécologue finit par figer l'image sur les pieds du jumeau B. Elle passa encore un instant à scruter ce qui manifestement ne rentrait plus dans la norme. Puis elle revint sur un petit poing fermé. Fermé depuis le début d'ailleurs, ce qui m'avait fait penser avec amusement que je couvais un protestataire.

 

Après un silence qui me parut durer des siècles, elle prononça les mots qu'on ne veut pas entendre. Ceux qui déchirent et brûlent tout sur leur passage.

 

"Il y a un problème".

 

Il était question de pieds fixes, d'une main qui ne s'ouvrait pas. Les pieds étaient ce qu'on appelle des pieds bots varus équins, non, pas juste des pieds en dedans, monsieur, une malformation sérieuse, qui peut être totalement isolée, mais aussi associée à quelque chose de plus grave, une myopathie ou une trisomie, je ne peux pas vous le cacher, d'autant que cette main m'embête, il faudrait qu'elle s'ouvre mais depuis le début, il n'y a pas moyen. Il ne faut pas s'alarmer, mais je veux que vous alliez voir un spécialiste, et puis une amniosynthèse aussi, ce serait plus raisonnable… Vous comprenez, je ne peux pas vous dire que tout va bien, en même temps il ne faut pas paniquer non plus.

 

J'entendais mal, comme si une foule bruyante et bavarde avait envahi le cabinet. Je voyais les efforts de douceur, je comprenais que dire ces choses était probablement aussi difficile que de les entendre. Mais je n'étais déjà plus là, je voulais qu'on me laisse partir, qu'on essuie le gel, qu'on se taise, que l'on remonte le temps, qu'on arrête tout.

 

C'est à ce moment là que j'ai réalisé que je ne savais même pas à qui appartenaient ces fichus petits pieds tordus.

 

Ce fut ma seule question.

 

"C'est un garçon ou une fille ?"

 

"Une fille", répondit à contre coeur le médecin qui déjà semblait regretter d'avoir donné une identité à ce bébé incertain.

 

Trop tard.

 

C'était ma fille. Ma fille en colère qui refusait de desserrer le poing. Ma fille rajeuse. Ma fille.

 

C'est là que ça m'est tombé dessus. Un amour écrasant pour ce bébé qui ne s'avérait pas parfait, voire bien pire. Une certitude, tapie au fond de moi: on ne me la prendrait pas. De toutes façons, elle irait bien, c'était une évidence, c'était ma fille.

 

Ce jour là, je suis devenue mère. Il a fallu ce grain de sable, cet engrenage qui se grippait, ce ciel qui d'un coup s'est couvert, pour passer de la femme enceinte à la louve.

 

En sortant, on a pleuré, l'homme et moi, longtemps, sans que le flot ne tarisse. Jj'ai vieilli, d'un coup. J'ai réalisé que "ça" arrivait. Le monde qui s'effondre sous tes pieds, l'avenir radieux qui s'éloigne à grands pas.

 

Et puis il y eut une autre échographie dans un cabinet ultra-sophistiqué, avec un médecin spécialiste des bébés pas dans la norme.

 

Et puis il y eut cette main qui s'est ouverte, signe que si problème il y avait il ne concernait à priori que les pieds.

 

Et puis il y eut l'amniosynthèse et sa longue aiguille qui s'est enfoncée dans mon ventre, les trois semaines d'attente, le résultat négatif, le poids qui soudain s'enlève, le ciel qui à nouveau s'éclaircit.

 

Et puis il y eut deux petits pieds recroquevillés à la naissance, des mois d'attelles et de bandages, des années de kiné.

 

Et puis il y a aujourd'hui la plus belle des petites filles. Une petite fille qui curieusement voue un amour inconsidéré aux… chaussures. Et qui souvent, c'est vrai, serre le poing.

 

Edit: Je sens que ce texte est peut-être un peu trop intime. Mais forcément, à quelques jours de l'échographie, tous ces souvenirs se promènent dans ma tête et il me faut les apprivoiser. Et puis je me dis que peut-être, cette expérience pourra aider celles qui vivent ce genre d'instant dont on croit qu'on ne se relèvera pas. Alors que parfois, les miracles existent.

 

Edit2: Ces jolis pieds sont ceux de la demoiselle en question. Ils sont pour les médecins qui s'en sont occupés un exemple de guérison parfaite. Ils sont pour moi ce que ma fille a de plus beau et aussi de plus courageux. Parce que le chemin fut malgré tout assez long, qu'il n'est jamais facile pour un enfant d'accepter des soins quotidiens et que je n'ai pourtant jamais, mais alors jamais, entendu ma fille geindre, même lorsqu'à quelques mois il fallait enserrer ses pieds attelés dans des préservatifs pour la baigner…

 

Edit3: Ouais y'a un mégo sur la photo. Même pas le mien, moi quand je fume, c'est des roulées, d'abord. Et comme j'ai pas photoshop, je peux pas l'enlever.

 

Edit4. C'est malin j'ai envie de me rouler une clope.

Parle à mes couilles ma tête est malade

Petit billet parce qu'aujourd'hui je file à Bruxelles pour la journée. Je n'aurai hélas pas le temps de musarder mais je me réjouis malgré tout à l'avance de humer l'odeur des gaufres belges dès mon arrivée à la gare… Qui a dit que je ne pense qu'à bequeter ?

 

Bref, je vais donc être courte mais comme vous avez la gentillesse de me demander par mail ou par le blog des nouvelles du têtard, je tenais à vous informer qu'il y a quelques jours, on a enfin pu voir sa bouille à l'occasion de la première échographie officielle…

 

Alors que tout le monde se rassure, tout va bien pour la grenouille, qui fait ses bons huit centimètres et au bas mot 60 grammes. Un playmobil, en quelque sorte.

 

Son papa, très mesuré, l'a trouvé, je cite, "sublime" et "incroyablement éveillé". J'ai eu beau faire part de mon léger scepticisme quand à ce dernier qualificatif, l'homme m'a assuré les yeux dans les yeux façon Mitterrand parlant à Chirac qu'il l'avait sans qu'aucun doute soit possible surpris en train de compter sur ses doigts et que si je ne m'en étais pas aperçue c'était probablement parce que j'étais trop occupée à pleurnicher. En même temps, si je n'avais pas versé ma larme alors que je pleure en ce moment quand Joël Collado prédit de la pluie en Auvergne, c'eut été un peu incohérent.

 

Donc cet enfant est magnifique et brillant, dixit son père.

 

Tout ça bien sûr conjugué exclusivement au masculin.

 

Alors que je lui faisais remarquer ce léger détail et lui rappelais qu'il devait se préparer à l'éventualité que ses couilles championnes toutes catégories aient pu fabriquer une gonzesse, il m'a répondu que oui bien sûr, une fille ce serait très bien mais qu'un garçon, rien à faire, c'était non seulement plus drôle mais surtout teeeeeeeeeellement plus simple

 

Est-ce nécessaire de préciser que c'est à cet instant précis que l'ambiance a commencé à se déteriorier ? Disons plutôt que ça s'est refroidi lorsque je lui ai envoyé que si par "simple" il entendait "simpliste" voire "souvent très con", je ne pouvais que me ranger à son avis éclairé. A moins que ce ne soit lorsque j'ai ajouté que les filles n'étaient pas compliquées mais subtiles – copyright Anne-so – notion qui certes lui était probablement étrangère. Après, je ne sais plus trop, une chose en entrainant une autre, il me semble me rappeler que de "subtil" on est passés directement à "casse-burnes" ce qui m'a immédiatement fait rétorquer que c'était amusant qu'il parle des burnes puisque c'était précisemment là où manifestement migrait le cerveau masculin passé la puberté. Ce qui pouvait en même temps expliquer que les hommes trouvent ensuite la gente féminine légèrement complexe rapport que jusqu'à nouvel ordre aucune connexion neurologique n'a été décelée au niveau des testicules…

 

Bref, un vrai moment Nutella, manquait plus que l'ami Ricoré.

 

A part ça c'est la sérénité dans mon foyer. Rien de tel qu'une grossesse pour rallumer la flamme, moi je dis.

 

« Papillon du jour, toujours l’amour, papillon du soir… espoir »

Allez, c'est le moment du petit check-up grossesse, cet instant que vous attendez tant, celui où je vous livre mes pensées les plus intimes et vous dévoile tout ce que vous n'avez jamais osé demander sur les joies de la procréation…

 

Donc, à maintenant un peu plus de douze semaines de grossesse…

 

(Avertissement: les allergiques à tout ce qui touche de près ou de loin à la fabrication d'un bébé feraient mieux de ne pas cliquer sur "lire la suite"…)

 

– Je ne sais toujours pas exactement si je suis à trois mois à peine, trois mois passés ou encore autre chose rapport qu'il faut avoir fait polytechnique pour calculer où t'en es dans ta grossesse. Mais à priori j'ai fini le merveilleux premier trimestre, celui que tu traverses pour ainsi dire comme un cauchemar et pendant lequel tu ne cesses de te demander a) si tu as vraiment bien fait de mettre un bébé en route, b) de le mettre en route avec ce mec là vu que tu as la nausée dès qu'il fait mine de t'approcher, c) d'avoir un jour eu l'idée de te mettre nue avec un garçon dans un lit, parce que voilà où ça t'amène ces conneries.

 

– Je vais donc beaucoup mieux, j'ai une patate d'enfer, même. Entre 10h et 12H environ.

 

– Je suis essouflée dès que je parle et marche en même temps. Du coup, je ne marche plus.

 

– Personne ne se lève pour moi dans les transports en commun. En soi c'est désagréable mais je peux survivre. En revanche, j'aimerais que quelqu'un m'explique pourquoi, pas plus tard qu'en septembre dernier, alors que rien ne laissait présager que deux mois plus tard je me retrouverais à vomir entre deux stations aux heures de pointe, une femme âgée et manifestement TRES MAL EN POINT s'est levée pour me laisser sa place dans le bus. Oui, vraiment, j'aimerais.

 

– Je subis une attaque en règle d'un commando de boutons sur la joue gauche uniquement. Je pense très sincèrement qu'il s'agit d'une erreur de programmation, étant donné qu'enceinte, habituellement, j'ai une peau parfaite. Je songe à faire un recours devant le tribunal administratif.

 

– Je me souviens avec émotion d'une époque où il m'arrivait de faire caca.

 

– Je me souviens également avec émotion d'une époque où je pouvais envisager d'aller au cinéma et de voir TOUT le film sans être obligée de faire une pause pour courir faire pipi. Je compte d'ailleurs intenter un procès contre l'architecte du MK2 Bibliothèque qui manifestement n'a JAMAIS été enceinte rapport que les seuls toilettes du complexe sont à l'opposé des salles de cinéma et que du coup si tu y vas tu loupes un tiers du film et fais la première goutte avant d'arriver à destination.

 

– Au rayon des envies, je note une dégringolade du Royal Cheese, totalement dépassé par une percée impressionnante du chocolat. Niveau légumes, toujours le calme plat.

 

– Mon pamplemousse aurait tendance à grave prendre le melon depuis quelques jours.

 

– Le soir, lorsque je suis allongée, il me semble sentir comme des bulles de savon qui viendraient éclater à la surface de mon ventre. Parfois, même, il pourrait s'agir d'une nuée de papillons. Je sais que ce sont les premiers signaux envoyés par le têtard. A la fois ça me remplit de joie et à la fois cela m'effraie. Surtout qu'il a tendance à se manifester à heure fixe aux alentours de minuit. Et quelque chose me dit que ce n'est pas bon signe pour la suite des événements…

 

Edit: le titre est tiré d'une merveilleuse chanson de l'immense Louis Chedid.

Amoureuse d’un pamplemousse

Je sens que mon public réclame des nouvelles du têtard. Alors même si je déteste parler de ça, d'accord, pour vous faire plaisir, un petit point sur la situation. Mais n'allez pas croire que je vais m'épancher de la sorte tous les jours.

 

Sauf si vous le voulez vraiment.

 

Non parce que bien que détestant parler de moi et de mon utérus, je suis prête à aller contre cette réticence. Rien que pour vous.

 

Ok, j'en crève.

 

Donc, alors que s'achève ma dixième semaine de grossesse…

 

 

– Je n'ai presque plus la nausée. Sauf si on me propose d'avaler quoi que ce soit qui pourrait ressembler de près ou de loin à un légume. Pour la prise limitée de kilos ça me semble vraiment super bien parti. Cela dit, Zermati serait fier de moi, tout ce que j'avale est dégusté sans la moindre culpabilité. Et du coup, ça m'étonne moi même mais en effet, je suis très vite rassasiée.

 

– Je bloque toujours sur le MacDo. En plus du Royal Cheese, mon fantasme se porte désormais sur le Sundae caramel avec les pépites de cacahuètes. Je pourrais tuer pour un Sundae. Tout ça bien sûr en cachette de mes enfants élevés dans la haine des fast food et dans le culte des carottes.

 

– Je suis bipolaire. Sexuellement, je veux dire. Un soir Tabatha Cash, un soir Arlette Chabot. L'homme est en passe de devenir maniaco-dépressif, lui. Il a perdu ses repères, c'est très net.

 

– J'ai demandé à mon coiffeur de me faire une frange. Dieu soit loué, il est parvenu à me convaincre que ça risquerait de ne pas m'aller. J'ai également acheté trois keffieh chez H&M, envisagé de me faire tatouer et rêve d'apprendre la tektonik. Rien à voir évidemment avec la perspective de me transformer en amphore dans les mois qui viennent. Ni la peur de vieillir. Ou d'être à vie étiquettée "mère de famille nombreuse".

 

– J'ai une autonomie de 22 minutes environ. Ensuite si je ne me trouve pas à proximité de toilettes je ne réponds plus de rien. Du coup j'ai expérimenté de nouveaux lieux d'aisance plus pittoresques les uns que les autres: chiottes du métro – à côté Bagdad cest une promenade de santé – sanisettes publiques devenues gratuites – en même temps payer pour risquer de mourir noyée dans son pipi c'est abuser -, buissons de square – au risque d'être embarquée pour attentat à la pudeur – cul des voitures – avec comme souvenir de ravissantes goutelettes de pipi sur les bottes en cuir -, toilettes de PMU – devenues manifestement salles fumeur depuis le 2 janvier, etc etc etc. Bref, je n'ai jamais autant rêvé d'être un homme pour pouvoir pisser debout en toute impunité.

 

– J'ai envie de fumer. Surtout depuis que c'est interdit partout.

 

– Je suis super zen et ne m'inquiète pas du tout comme ces femmes enceintes de leur premier bébé. J'ai un vrai recul, moi. Je prends les choses comme elles viennent, je vis chaque instant avec calme et sérénité. A côté de moi le Dalaï Lama il est spasmophile. Juste, à chaque fois que je vais aux toilettes, j'ai peur de trouver du sang dans ma culotte. Mais à part ça rien à signaler. Ok, parfois je vais aux toilettes pour vérifier alors que je n'ai même pas envie de faire pipi. D'accord je suis grave flippée.

 

– Lorsque je m'allonge sur le dos et que je touche mon ventre, sous ma première couche de gras, je sens une boule un peu dûre de la grosseur d'un pamplemousse.

 

J'aime ce pamplemousse à la folie.

 

Pas mon genre

Bon alors je tiens à rassurer tous ceusses et celles que la grossesse ne passionne pas et qui tremblent de peur à l'idée que du coup je m'épanche sur mes petits maux tous les jours: ça n'est pas mon genre. Non, je veux dire, je sais bien que ça n'intéresse personne – à la limite ma mère – de savoir que:

 

– J'ai la nausée depuis plus d'un mois. Surtout le soir. Parce que le matin, ce serait trop banal. Non, moi c'est le soir, du coup je suis un vrai bonheur pour mon entourage à compter de 19h30 environ.

 

– Qu'en revanche je ne vomis pas. Mais que loin de m'en réjouir, il y a des soirs où je tuerais père et mère – pardon maman en plus tu es la seule à t'intéresser à ces choses là ce n'est pas juste – pour justement pouvoir vomir des fois que ça me soulagerait.

 

– Que je suis devenue une sorte de super Jaimie de la crotte de chien. Sérieux je pense que je t'en repère une à deux kilomètres les yeux fermés. Je peux également dater la dernière douche de tout être m'approchant à moins de trois mètres, te donner la composition d'un gâteau à dix mètres ou scanner toute personne portant Angel sur elle dans un rayon de 800 mètres. Je demande pardon à celles qui portent Angel, j'ai pas choisi que ça m'écoeure faut en parler à mes hormones.

 

– Je dors. Tout le temps. Je veux dire, même quand je suis debout, que je marche et que j'ai L'AIR réveillée, en vrai c'est faux, je roupille. Par contre la nuit, bof. En même temps peut-être qu'au delà de 18 heures de sommeil par jour l'organisme oppose une résistance.

 

– Je pleure. Parce que le tram vient de passer. Parce que ma collègue m'a dit bonjour mais pas vraiment gentiment en tous cas c'est pas sûr. Parce qu'il n'y a plus de papier aux toilettes. Parce que l'homme ne m'a dit que trois fois qu'il m'aimait. Parce que les enfants appellent le têtard "petit truc" et qu'ils lui disent au revoir le matin. Parce que dans le Elle cinquante personnalités ont écrit à Ingrid Betancourt et que même le mot de Roselyne Bachelot a réussi à me faire sangloter. C'est dire. Parce que c'est Noël dans dix jours. Et Paques dans quatre mois. Et mon anniversaire dans trois. Parce qu'il fait froid. Parce que la boulangère m'a fait cadeau de cinq centimes.

 

– J'ai froid. Même avec douze pulls, le chauffage à fond et l'homme en guise de radiateur.

 

– Ensuite d'un coup j'ai chaud. Et je pleure parce qu'enlever les douze pulls c'est trop dur.

 

– J'ai envie de riz au lait. Tout le temps. Je pourrais me nourrir que de riz au lait. Et aussi de foie gras. Même qu'en plus parait que c'est interdit.

 

– J'ai le feu au cul. Enfin, quand je ne dors pas. Ce qui laisse un créneau assez étroit. Mais wouah.

 

– Je suis précédée toute la journée de deux individus plutôt gonflés qui semblent dire bonjour à la terre entière et auxquels souvent les hommes répondent. Ils m'encombrent un peu mais parait qu'ils pourraient m'être utiles. Il semblerait d'ailleurs qu'ils ne soient pas pour rien dans le subit revirement de l'homme qui du jour au lendemain a décrêté que la grossesse finalement, il est pour.

 

Bref, voilà, me répandre sur toutes ces choses ce n'est vraiment pas mon genre. Alors ce n'est même pas la peine d'essayer de me demander quoi que ce soit.

 

Heu, je vous ai parlé de mon problème de caca ou pas ?