Catégorie : La ronde et les enfants

Pédagogie de bac à sable

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Dimanche, à la fin de notre promenade dans notre bien aimé parc Montsouris nous avons croisé un couple qui tentait de faire face à la colère bruyante de leur fille (deux ans et des poussières à vue de nez, imaginez). Je passe sur ce sentiment de jouissance inavouable qu'éprouve tout parent lorsque l'enfant d'autrui se roule par terre (que celui qui ne s'est jamais félicité que pour une fois ce ne soit pas le sien me jette la première pierre). Je passe donc sur cette pensée moyennement chrétienne mais ô combien délectable pour m'attarder deux secondes sur ces quelques mots prononcés par le père alors que nous les dépassions et qui définissent à eux seuls  je crois tout ce que "parentalité" veut dire.

Pendant que sa femme tentait de convaincre sa fille de remonter sur son vélo plutôt que de racler le bitume avec ses dents tout en résistant à la tentation de a) partir en courant et prendre le premier vol pour Sidney b) s'exercer au lancer de nain sur la voie ferrée toute proche, le père fouillait avec l'énergie du désespoir dans la poussette. Au moment même où nous les doublions, nous avons alors saisi au vol cette supplique de l'homme à terre: "Tu sais où est le D-O-U D-O-U ?" (pour saisir la dimension comique du récit et au cas où ce ne soit pas évident, le mot en question était épelé histoire que l'enfant n'entende pas le "D-word" et redouble de hurlements).

 "A la maison", a répondu la mère sans desserer les dents.

"Merde, putain", s'est contenté de répondre le père. Après, je ne serais pas prête à le jurer parce que malgré notre curiosité pareille à celle du quidam qui freine sur l'autoroute pour mater l'accident sur la voie d'en face, nous étions déjà un peu loin, mais j'ai cru entendre un sanglot. Et ça ne venait pas de la furie pleine de morve par terre.

Voilà, avons nous pensé le Churros et moi, tout auréolés de notre sagesse multipare et gonflés d'amour pour notre propre petite si docile en ce bel après-midi: rien ne sert de potasser des millions de bouquins pour devenir parent. La seule compétence nécessaire est de savoir quand et comment épeler certains mots stratégiques tels que "bonbon", "doudou", "docteur", "médicament", "télé", "manège" ou pour notre part, "M-A-R-C-O", à savoir le prénom du baby-sitter dont on ne tient pas toujours à ce que pupuce soit avertie de sa venue parce que tout emplis de notre courage, nous l'avons couchée AVANT qu'il arrive*.

Savoir épeler, donc, mais SURTOUT, garder à l'esprit qu'il vaut toujours mieux oublier sa carte bleue, son iphone ou son passeport plutôt que ce putain de D-O-U-D-O-U.

Je vous rassure, notre condescendance a vite été punie. Cinq minutes après en effet, Rose a décidé de faire l'étoile de mer sur les rails du tramway tant qu'on ne lui aurait pas fait refaire un tour de manège. C'est là qu'on a réalisé, nous les surdoués de la pédagogie, que nous avions oublié la T-E-T-I-N-E. Quand ils nous ont à leur tour dépassés, les parents de la mini-godzilla ont très clairement ricané.

La mesquinerie des gens m'étonnera toujours.

* Oui, ça c'est mal. Mais la fois où nous avons dérogé à la règle, elle a tellement pleuré quand on est partis qu'elle s'est vomi dessus. Ainsi que sur le baby-sitter. Et le canapé. Elle a ensuite réitéré dans son lit. Puis le nôtre. Pour se venger, le baby-sitter nous a appelé vers 21h45 pour nous annoncer que c'était Bagdad dans notre appart. Forcément, le repas a eu du mal à passer. Soirée de merde. D'où la dissimulation désormais.

Edit: J'avoue, la tétine en question est chelou.

 

Complètement spasmée

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Elle est plus solide que son frère et sa soeur. En deux ans, elle a du prendre trois fois des antibiotiques – dieu merci d'ailleurs, je rappelle au tout venant qu'elle est totalement réfractaire à la prise d'un quelconque médicament ce qui donne lieu à des scènes de torture qui ne dépareilleraient pas à Guantanamo.

Plus solide, donc, que ses dadais de frère et soeur dont on s'interrogeait une nuit sur deux pendant les trois premières années, de la nécessité ou pas de partir aux urgences. L'autre nuit, on y allait. Au urgences. A la fin, à Trousseau, on avait notre place de parking et parfois, j'aidais ma pote à l'accueil pour le triage.

Bref, Rose est plus solide, mais depuis hier elle est malade. Petite fièvre au départ puis 40 et des poussières cette nuit, avec pommettes rouges, cheveux collés au front, tremblements et chaleur qui irradie de ce petit corps dont tu n'imaginais pas qu'il puisse dégager autant d'énergie qu'un groupe électrogène.

A 5h du matin, elle a commencé à avoir des sortes de spasmes étranges.

"Elle convulse, merde !", j'ai crié au churros qui venait de se rendormir.

Le temps qu'il reprenne ses esprits ça s'était arrêté.

Pour recommencer dix minutes après.

"Tu fais pareil quand tu dors", il a grogné alors que je commençais à envisager le pire au niveau des séquelles cérébrales et de checker mentalement les causes principales des convulsions (j'ai fait médecine au Cook county, pardon).

"Je fais pareil parfois quand je m'endors, ça s'appelle un sursaut. Là c'est toutes les deux minutes, on dirait la gamine de l'exorciste putain. Nine one one, je te dis."

Croyez-moi ou non mais le churros a tenu bon. Il a refusé d'appeler le Samu (trop d'humiliations successives avec les dames du standard l'ont rendu méfiant). Et moi… moi j'ai regardé ma boulette pleine de cheveux jusqu'au matin, en tremblant à l'idée d'être pile en train de passer à côté de l'urgence qui aurait vraiment mérité qu'on file toutes sirènes hurlantes à l'hosto.

A l'heure où j'écris ces lignes, elle dort enfin paisiblement dans mon lit et les spasmes se sont arrêtés.

Y'a-t-il un moment où on est débarrassés de cette putain d'impression qu'on t'arrache les tripes à chaque fois que ton gamin va mal ?

 

De tout, de rien, mais surtout de rien

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Hier dans le cadre d'un article que je prépare, j'ai interviewé une "vlogeuse". Une quoi ? Mais si vous savez, ces filles qui font des tutoriels make-up sur youtube. Ni vraiment blogueuses, ni vraiment vidéastes. Complètement vlogeuses, en somme. Elle m'a confié que pour tourner puis monter une vidéo, il fallait compter plus d'une demi-journée.

Respect. Je n'ironiserai plus jamais sur le sujet.

Ah et non, ce billet n'est pas une façon subtile bien que maladroite de vous annoncer que je me lance dans le business du smokey eyes. On ne serait pas rendues, avec mes paupières auto-tachantes.

A part ça, j'aurais bien des choses à vous raconter mais Rose m'a comme qui dirait siphoné le cerveau hier.

Je crois que rien n'a échappé à son jugement lapidaire favori du moment:

"c'est nul".

Si ça se trouve elle fait une dépression.

Etait donc nul hier: faire un dessin, lire une histoire, jouer avec son bébé, manger ses coquillettes (ce qui confirmerait l'hypothèse de la dépression), faire pipi, prendre son bain, sortir de son bain, me donner la main pour traverser, le ketchup pas exactement à l'endroit voulu sur les coquillettes craignos, s'essuyer les fesses, n'avoir qu'un carambar et pas deux et pour finir, prendre la température (geste ayant précédé l'envoi au coin) (je prends toujours la température quand mes enfants sont casse-burnes AVANT de les punir, on ne sait jamais) (on a l'air con sinon).

J'avoue avoir éprouvé une certaine déception lorsque le thermomètre s'est arrêté à 36,8°.

C'est à dire que ça entérinait un fait déjà maintes fois avéré: non, elle n'est pas malade. Juste super chiante. Et pour ça, le doliprane est totalement inefficace. Pas de bol.

Moi qui pensais avoir finalement traversé sans trop de casse le terrible two, j'avais un poil vendu la peau d'Helmut avant de l'avoir tuée.

Non mais à part ça c'est un vrai bonheur de pouvoir profiter à fond de mes enfants.

Je vous laisse, je vais aller leur mitonner leur gâteau préféré pour quand ils rentreront du centre de loisirs.

J'déconne.

De l'(in)gratitude

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Hier, je trafiquais je ne sais pas quoi sur mon ordinateur, avec en bruit de fond les bavardages de la chérie et du machin. Ils bavardent beaucoup. Le reste du temps ils s'engueulent.

Je les entendais sans vraiment les écouter, quand le sujet de leur conversation a éveillé mon intérêt.

"C'était bien, Trouville, hein, on s'est trop marrés (immense satisfaction de la mère qui a su donner du bonheur à ses enfants) – Ouais, c'était trop cool, j'ai trop (ils disent "trop" tout le temps, ce n'est pas mon style qui s'émousse, c'est une retranscription réaliste de la conversation, ndlr) envie qu'on y retourne, des week-ends comme ça on en voudrait tout le temps (on y retournera mes amours, c'est précieux, cette faculté de jouir du temps présent, de reconnaître le plaisir quand on l'éprouve, je suis fière de vous mes oiseaux) – La mer, la plage, les coquillages, c'est trop stylé – Et avec le cerf-volant, on a ri-go-lé ! – Et les Vapeurs ! C'est les meilleures frites du monde, à mon avis – Mon meilleur moment à moi, c'est quand on est rentrés du restaurant, que c'était trop la nuit et qu'on racontait n'importe quoi sur le chemin (et en plus, ce qui leur plait le plus ne coûte pas un sou, j'ai enfanté des poètes, des épicuriens)".

Ils se sont tus un moment. La chérie a soupiré comme on le fait quand on est bien et un peu nostalgique. Je m'apprêtais à me lever pour les serrer fort, mon coeur de mère débordant d'amour et de guimauve, quand ma fille a eu ce dernier cri du coeur:

"Ouais, j'ai trop envie qu'on y retourne. Mais par contre, sans les parents, entre copains, quoi".

"Han han han", a acquiescé son crétin de frère en ricanant.

"Des poètes", qu'elle disait, l'autre. Des ingrats, ouais.

Hier, donc, je traficotais je ne sais pas quoi sur mon ordinateur quand j'ai été frappée de plein fouet par l'arrivée dans ma demeure d'une invitée très désagréable, annonciatrice d'une bonne dizaine d'années bien merdiques. L'adolescence, parait-qu'elle s'appelle. La teupu.

Calin du matin, chagrin

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8h12. Je suis prête à partir, Rose se jette sur moi, cul nu, pour un dernier calin. Je la bouffe, je la sniffe, je la pince, même. 8h15. On se détache et ça fait comme un bruit de ventouse. Je rassemble mes affaires et je refais mes lacets. 8h17. Putain, c'est quoi cette trainée de chocolat sur mon slim gris, fais chier quand même Rose, hein. 8h18. Et en plus ça ne part pas si je frotte avec mon doigt. 8h19. Méthode survalidée du doigt mouillé de salive pour faire disparaitre cette saleté de tache.

8h20. Ça n'est pas du chocolat.

Rewind ? "… 8h12, Rose se jette sur moi, CUL NU…."

Je viens de MANGER du caca. Je pense être allée aussi loin qu'il est possible au niveau de ce qui est de l'amour maternel. One step more et je traite Rufo et consorts de pédophiles.

Vie de merde.

Week off

Calin

Samedi, le machin, la chérie et Helmut sont partis avec leur papa à Lyon. Quand je dis "avec leur papa", c'est un peu exagéré. En vérité il a fait le voyage en train avec les trois mineurs, les a balancés sur le quai et a repris un tgv dans le sens inverse. Officiellement à cause de l'éventuelle pénurie de trains dimanche.

Officieusement, il voulait sa grasse-matinée dans sa maison.

C'est moche.

A sa décharge, Helmut aka Rose a vomi tripes et boyaux aux alentours du Creusot. Et il n'avait évidemment ni kleenex, ni lingettes.

Je devrais me sentir coupable (très), pourtant, ça me tue de l'avouer ici (quoi que depuis que j'ai participé à un lynchage on line de la future ex belle-mère de mon fils plus rien ne m'embarrasse vraiment), ma première réaction quand le churros m'a appelée pour me raconter l'épisode vomito, fut le soulagement de ne pas avoir été du voyage.

C'est bon la honte.

A part ça, donc, nous sommes child-free. Ce qui implique très concrètement: de pouvoir faire l'amour à 10h45 ; puis à 18h56 ; de regarder la télévision sans qu'il y ait sur l'écran l'insupportable Dora qu'on voudrait étrangler avec son sac à dos ; de manger DEVANT la télé (c'est mal mais c'est bon putain) de manger sans que la moitié du repas se retrouve sous la table ; d'aller déguster un Pho un dimanche à 20h15 ; de ne pas avoir à signer de cahiers à 8h13 (je me demande si cette manie de me faire signer douze cahiers à deux minutes du départ à l'école n'aurait pas pour objectif de m'enfumer en cas d'éventuelles sales notes) ; de ne pas rincer le pot douze fois par jour ; de ne pas chercher le bonnet de bain du machin le dimanche à 21h57 (lequel est probablement en train de faire la fête du slip avec ses douze congénères déjà perdus et ses copains les couvercles de tuperwarre, les batards) ; de regarder trois épisodes de House d'AFFILEE ; de ne pas faire le marché rapport que je ne vais pas préparer UN SEUL FUCKING REPAS DE LA SEMAINE ; de faire caca SEULE ; de n'avoir à emmener personne au solfège/à l'escalade/chez le pédiatre ; de rentrer du boulot à 20h00 et de m'avachir sur le canapé ; de rentrer du boulot à 20h00 et de m'avachir sur le canapé ; de rentrer du boulot et de m'av…

Ok, on m'aura comprise.

Une semaine avec les enfants chez Manou et Padom ça veut aussi dire qu'aucune boule pleine de cheveux sentant un mélange de pipi et de mustela ne va venir se glisser dans mon lit le matin. Et que ses deux grandes bringues de frère et soeur ne la rejoindront pas pour faire un gros tas.

Si seulement on pouvait les faire revenir pour un petit shoot et les renvoyer aussi sec…

Nan, je plaisante.

Je veux dire, je ne veux pas les faire revenir. Ce serait trop dur pour ma mère qui attendait cette semaine avec tellement d'impatience.

Et aussi je veux m'avachir sur le canapé.

De la géméllité

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Je ne parle pas souvent ici ou même dans la vie de la gémellité de mes enfants. Depuis le départ, on était d'accord avec le churros, ça ne devait pas être un problème. Ni même un sujet. Oui, ils ont été conçus à la même seconde du fait que leur mère a cette capacité incroyable à double ovuler.

J'avoue je n'en suis pas peu fière.

N'importe quoi.

Bref, on ne les a jamais habillés pareil et le fait qu'ils soient fille/garçon a rendu cet aspect des choses assez naturel. On ne les a jamais non plus mis dans la même classe, pour qu'ils aient leurs propres amis, leur propre vie. Ils ne lisent pas les mêmes livres, ne font pas les mêmes activités extra-scolaires, ils se ressemblent physiquement mais pas plus qu'un frère et une soeur. Je ne les ai jamais appelés "les jumeaux" et je déteste que d'autres le fassent en parlant d'eux.

En somme, j'ai intégré comme une grande fille la règle de base selon laquelle ils sont deux êtres à part entière et non la moitié d'un oeuf séparé en deux (ce qui n'est concrètement pas le cas, ce sont de "faux" jumeaux, deux oeufs, deux liquides amniotiques, deux poches, deux spermatozoides, deux ovules).

Mais voilà.

Il y a la théorie et la pratique. Et la pratique, c'est qu'ils sont jumeaux. Qu'ils ont depuis la naissance toujours enchainé les maladies à deux jours d'intervalle et ce sans exception. Qu'ils ont tous les deux été opérés des amygdales et des végétations. Que lorsque l'un se casse le pouce, l'autre se brise la cheville. Qu'ils finissent les phrases de l'autre et se chamaillent comme seul un couple sait le faire. Qu'ils se détestent la plupart du temps mais errent comme des âmes en peine si l'un est parti un peu trop longtemps. Que bien que dans des classes séparées, ils ont peu ou prou toujours fréquenté les mêmes copains.

La pratique, surtout, c'est que le machin est un enfant que je qualifierais en toute objectivité de solaire et d'ultra populaire. Et que sa soeur est de la famille des introverties, option compliquée. Une fille, vous me direz. Oui mais le modèle perfectionné, if you see what I mean.

La pratique, enfin, c'est que je pourrais aujourd'hui arracher les yeux d'une petite fille qui ne m'a rien fait à moi mais qui cette année pour son anniversaire a invité toute la bande de copains du machin, mais pas sa soeur. Laquelle a encaissé le plus dignement du monde mais dont je me doute qu'à l'intérieur ça doit faire mal.

La pratique, c'est que depuis deux jours, je fais une vie d'enfer à mon fils, lui  en voulant comme jamais je ne pensais lui en vouloir un jour, de ne pas avoir imposé sa soeur dans la fête. D'avoir choisi l'amoureuse potentielle contre sa… jumelle. (oui je sais).

La pratique c'est que ça me ronge à l'intérieur, que je ne sais pas déméler ce qui relève du bon vieux transfert (sauf que petite j'étais dans le camp des populaires, rarement zappée d'un anniversaire) et de la louve-attitude qui veut que toute mère abusive qui se respecte ne sait absolument pas se contrôler quand on fait du tort à son bébé.

La pratique enfin, c'est que toujours dans cette logique de mère juive, je me suis fendue d'un sms faussement innocent à la mère de la messaline en question sur le mode "juste pour être sûre, seul le machin est invité, ou sa soeur également ?".

Et que j'ai reçu une réponse salée, probablement méritée, m'expliquatnt que cette année, non, elle n'avait pas insisté auprès de sa fille pour qu'elle invite la mienne, qu'à dix ans les enfants étaient capables d'assumer leurs choix après tout et qu'elles n'étaient plus amies et puis c'est tout.

J'ai retenu du message que l'année dernière, donc, déjà, ma toute petite fille d'amour, qui vient de mon ventre et que je voudrais pouvoir y remettre là de suite, avait fait l'objet d'âpres négociations et invitée sous la menace. Ce qui n'a pas arrangé mon problème.

Et qui m'a amenée à répondre sans mesquinerie aucune (pas mon genre): "pas de problème, c'était juste pour vérifier, j'avais fait deux cadeaux, c'est tout".

Tout ça pour dire que la gémellité c'est un truc super compliqué. Que si la chérie et le machin n'avaient ne serait-ce qu'un an d'écart, jamais je n'aurais sur-réagi de la sorte, jamais je n'aurais pris pour une trahison cette exclusion. Et qu'aujourd'hui, je suis partagée entre la culpabilité d'avoir été si dure avec mon machin qui n'est après tout qu'un petit garçon de dix ans un peu égoïste (un garçon, donc) et la douleur de voir sa soeur écartée comme une vulgaire chaussette.

Et que je tremble à l'idée que le scénario ne se rôde année après année, que l'un soit heureux et l'autre non et que je puisse en vouloir à celui qui tirera son épingle du jeu d'avoir laissé l'autre sur le bas-côté.

On dit petits enfants petits soucis, je commence à entrevoir ce que ça peut signifier.

Edit: Des poncifs sexistes se sont glissés dans ce texte, sauras-tu les retrouver ?

Edit2: Toutes les personnes souhaitant aller dans mon sens et balancer quelques méchancetés sur ma future belle fille sont les bienvenues.

Edit3: Les autres sont priées de s'abstenir.

J’irai pisser sur vos squares

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J'ai toujours détesté les squares. Enfin, ce n'est pas exact, du temps où je n'avais pas encore d'enfants mais où ça me travaillait sévère (toute cette merveilleuse période durant laquelle je tentais d'envoyer tout un tas de messages subliminaux au churros ("roh, regarde comme ce bébé est craquant", "tu sais qu'à partir de 28 ans la production d'ovules est divisée par dix ?", "Je pense qu'on devrait acheter un monospace, parce qu'un jour ou l'autre…") celui-ci s'appliquant à ne rien capter tout en comptant névrotiquement les pilules de ma plaquette, persuadé d'être un futur dindon de la farce (ce qu'il fut)), j'idéalisais totalement les squares.

Il faut dire que ma référence absolue en la matière était "Martine petite maman". L'album dans lequel l'héroine pétainiste de mon enfance garde (à 10 ans) son petit frère Jean. Un baby-sitting totalement irréaliste qui consiste à promener toute la journée un bébé constamment hilare dans un landeau fabuleux mais passablement encombrant. Tout ça donc dans le jardin public, peuplé de femmes incroyablement élégantes et prêtes à aider la petite Martine, toutes émotionnées qu'elles sont par le chérubin.

Forcément, ça marque.

Donc dans mes fantasmes de jeune fille en fleur qui ignorait encore la signification de l'expression "bouchon muqueux", le square était une sorte de showroom en plein air dans lequel les mamans venaient exhiber leurs rejetons et éventuellement bouquiner au soleil pendant que leurs adorables petites têtes blondes faisaient des pâtés de sable.

Et puis j'ai eu des enfants.

Et logiquement le square est devenu mon cauchemar.

Parce qu'en réalité, jamais personne ne vient s'y attendrir devant tes gamins, rapport qu'on est toutes logées à la même enseigne quand on se pointe au jardin public. A savoir qu'on connait TOUTES la signification de l'expression "bouchon muqueux". Ainsi que "coliques du nourrisson", "terrible two", "impetigo", "vermifuge" et la liste est longue.

Autant dire qu'on s'en bat la nouille de la tronche du nouveau qui dort dans son berceau. Au mieux on envie sa mère qui a la chance d'avoir un bébé qui roupille. Mais de là à aller lui proposer nos services ou même la complimenter sur son petit crapaud, des clous.

Tout ce qu'on demande au square, c'est que le notre, de gamin, nous foute la paix. Ce qui n'arrive jamais. Soit on a pondu des enfants souffrant d'un déficit évident de coordination (c'est mon cas), et il faut sans cesse les récupérer en équilibre en haut d'une échelle, à moitié étranglés par la corde de la balançoire, du sable plein des yeux qu'ils ont réussi à s'envoyer dans la figure tous seuls, ou, mon préféré, la lèvre à moitié éclatée par le poney monté sur ressort (qui peut aussi prendre la forme d'un canard ou d'une moto) qui est à mon sens l'invention d'un type qui nourrit une aversion congénitale pour les moins de 3 ans.

Autre option, l'enfant qui cogne tout ce qui bouge. Ce qui te contraint à aller t'excuser platement auprès de tous les parents présents, lesquels sont probablement secrètement ravis que quelqu'un en ait enfin collé une à leur affreux rejeton mais qui ne vont pas manquer cette formidable occasion de prendre un air indigné pour t'accorder leur pardon du bout des lèvres. Quand ils ne te devancent pas en allant pourrir ta chair de ta chair, ce qui te transforme malgré toi en louve enragée. Je veux dire, moi j'ai le droit de traiter mes enfants de nazis, mais les autres même pas en rêve qu'ils puissent sous-entendre que ma fille a un léger problème de sociabilisation (alors qu'en réalité elle cherche simplement à établir un contact avec l'autre, parfois un peu maladroitemnt). Et que ma douce enfant ait ruiné les chances de la petite blondinette à son papa d'être un jour top-model (tout au moins le temps que la moitié de la chevelure arrachée repousse, ce qui devrait prendre toute une vie) n'y change rien.

Il y a également l'enfant qui prend les jouets de tout le monde – étant entendu que le square est sous le régime de la communauté des biens, surtout du point de vue des parents qui oublient systématiquement le combo bac à sable à la maison – mais qui ne veut jamais rien prêter. Avec ce spécimen, tu fais une croix sur la tranquilité. Tu passes ton temps à aller rendre ce qui ne t'appartient pas et à tenter de persuader ton gamin de partager – pour une fois – son ballon.

Ne parlons pas des casse-cou, qui te font prendre des suées toutes les trois minutes – je passe personnellement mon temps au square à avoir des flashs atroces de ma fille décapitée par un tourniquet qui aurait pété une pile ou de mon fils amputé pour cause de pont de singe qui s'effondre brutalement sur lui. Mes copines se fichent de moi et me conseillent régulièrement de me détendre mais la seule fois où j'ai essayé de les écouter et de baisser ma garde, j'ai, alors que je venais de m'autoriser à feuilleter d'un oeil distrait mon Elle, vu arriver un père de famille – responsable, lui – tenant dans ses bras ma fille aînée, âgée à l'époque de trois ans et à moitié inanimée, demandant à la ronde à qui était cette enfant qui venait de louper le premier virage du toboggan de la mort interdit au moins de dix ans et d'effectuer donc un vol sans parachute de trois ou quatre mètres. Sachant que jusque là cette vermine arrivait à peine à monter sur un trottoir sans se mettre à quatre pattes. Mais qu'elle avait grimpé en haut d'une échelle vertigineuse en moins de temps qu'il n'en faut à un pigeon pour te chier sur la tête. Depuis je suis plus vigilante qu'un pitbull, prête à m'élancer au moindre déséquilibre de ma progéniture.

Bref, au square, tu oublies pour toujours ton bouquin que tu ne peux absolument jamais sortir de ton sac ou alors juste pour faire genre. Sachant que durant les rares minutes de félicité ou tes marmots s'occupent tranquillement à jouer aux billes SANS S'ENGUEULER OU AVOIR L'IDEE SAUGRENUE DE LES AVALER, il se trouve toujours une mère en mal de conversation passionnante sur le menu de la cantine ou l'âge auquel le sien a su monter seul sur la balançoire ( bien avant ta demeurée de gamine qui à six ans a toujours besoin qu'on la cale sur la planche).

J'ai donc toujours détesté les squares, disais-je.

Mais depuis hier je pense que j'en ai fini pour toujours avec cet antichambre de l'enfer.

Parce qu'hier, Helmut, qui est "propre" (= qui CROIT qu'elle n'a plus besoin de couches) n'a rien trouvé de mieux que de s'arrêter juste en haut du toboggan, une dizaine de marmots aglutinés derrière elle, pour y pisser l'équivalent du lac d'Annecy.

C'est assez fascinant, une rivière de pipi dévalant d'un toboggan.

Le plus étonnant étant que ça coulait AUSSI le long de l'échelle. Et qu'il y avait pour couronner le tout, une marre sur la plateforme. Au milieu de laquelle ma petite chérie (j'ai bien songé m'en aller en courant en jurant sur la bible que ce réservoir à pipi n'était pas à moi mais quelque chose – l'instinct maternel ? – m'en a empêchée) était littéralement pétrifiée, n'en revenant visiblement pas elle même de la quantité de liquide qu'un corps comme le sien peut contenir.

Bien sûr je n'avais (enfin, Zaz avait) que TROIS kleenex pour tenter de réparer la petite boulette. Autant essayer d'écoper le titanic avec un dé à coudre.

M'enfin, une fois rose exfiltrée du lieu du crime (et ça n'a pas été une mince affaire), on a tenté tant bien que mal d'éponger, un vrai moment nutella.

Tout ça avec en bruit de fond les cris paniqués des parents des enfants, leur ordonnant de faire immédiatement demi tour (à croire que ma fille venait d'inonder le toboggan d'un liquide hautement radioactif). Les dits enfants trouvant bien sûr hilarant de patauger à quatre pattes dans la flaque d'urine encore chaude. A mon avis, il y a une charia contre moi dans tout le 13e arrondissement.

Sur ce, je vous laisse, j'ai comme une blessure narcissique à panser.

De l’éducation et des compromis

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Tout à l'heure, je revenais de l'école de musique où je venais de déposer ma grande. Cette fois-ci pas de crise d'Helmut, et pour cause on est juste un peu partis deux heures à l'avance histoire que mademoiselle Pinochet puisse y aller A PIED (comme quoi l'éducation ce n'est pas compliqué, tout est affaire de compromis et d'un peu d'organisation) (quoi que je ne suis pas sûre que "compromis" soit le bon mot quand finalement ce sont toujours les mêmes qui cèdent) (à savoir moi).

Je remontais donc l'avenue des Gobelins, la menotte d'Helmut dans la mienne. Il bruinait un peu, on chantait "il pleut il mouille, c'est la fête à la grenouille" et on criait pshiiiit à des pigeons idiots. ça n'a duré que quelques minutes (après elle a voulu que je lui achète un crunch au bureau de tabac et j'ai refusé) (pour faire passer la crise j'ai promis un bout de pain à la boulangerie) (le problème c'est qu'à la boulangerie elle a voulu un millefeuille) (jamais à court d'arguments je lui ai fait miroiter un carré de chocolat à la maison) (comme deux carrés ça ne suffisait pas, je viens de la coller devant cette pétasse de Dora). ça n'a duré que quelques minutes, donc, mais ce bref instant m'a rappelé pourquoi j'endure tout le reste.

Parce que je crois qu'il n'y a rien de meilleur que de courir après des pigeons idiots en serrant fort une petite main qui colle. En chantant "il pleut il mouille" c'est encore mieux.

Edit: Plein de pensées à Lily et son spoutnick qui fait bip-bip.

Edit 2: Zaz a des coeurs à vendre et ils déchirent…

Deux ans et des poussières

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Parmi les joyeusetés de la maternité dont tout le monde se garde bien de te parler avant que tu passes à l'acte, il y a ce qu'on appelle pudiquement "le passage difficile des deux ans".

En même temps, c'est un peu comme l'épisiotomie, les montées de lait, les vergétures ou la perte du bouchon muqueux. Si tu savais vraiment à quel point c'est moche, jamais tu ne te lancerais dans l'aventure.

Sauf qu'à tout casser, la bouée sur laquelle tu t'assieds parce que tu as l'intimité en chantier, ça dure deux semaines.

Le passage des deux ans, c'est l'inverse du contrat précaire. Si tu n'as pas de bol ça peut facilement s'étendre jusqu'à l'adolescence. Qui elle même est relayée par la post-adolescence. Qui dure, c'est bien connu avec les nouvelles générations, jusqu'à ce que mort s'en suive.

Mais revenons à ce qui nous intéresse. En tous cas moi.

Que se passe-t-il à deux ans et des poussières ?

Je vais essayer de prendre des pincettes des fois qu'il y aurait des femmes enceintes dans mon lectorat. Je ne voudrais pas déstabiliser les plus fragiles.

 A deux ans, pour dire les choses sobrement, ton enfant se transforme… en nazi.

Au début, ça se manifeste par des non à tout – même à ce qui deux jours avant remportait toute son adhésion, genre le bain – qui te font sourire. Tu as même la faiblesse d'en être fière et de parader devant tes copines sur le mode "Helmut a un caractère bien trempé" (= elle ira loin, au moins ce n'est pas une lavette). Et puis le non commence à être accompagné de quelques tapages de pieds, voire de moulinets de bras un poil gênants quand pupuce est en haut d'un toboggan interdit aux moins de 6 ans.

Tu commences à entrevoir que tu n'entres peut-être pas dans la période la plus sympa de ta vie. Mais tu es encore empreinte de tout cet amour qui déborde de toi pour ce petit être qui hier encore tétouillait ton mamelon avec tendresse.

Et puis arrive la première CRISE.

De préférence dans un lieu public. L'enfant de deux ans sait que c'est là que tu es la plus vulnérable. Je veux dire, subir les hurlements d'un cochon qu'on égorge chez soi, ça n'a rien de plaisant.

Mais au beau milieu de la queue des recommandés de l'agence postale de ton quartier, c'est la version 3D. Dans un bus bondé rempli de retraités qui en connaissent un rayon sur l'éducation, c'est encore mieux. Le pire étant le supermarché, sorte d'accélérateur à particules pour l'enfant de deux ans qui trouve dans chaque allée une raison d'exprimer son moi profond. A côté duquel celui de Joey Star est plus inoffensif qu'un bébé phoque.

Dans ces instants de rare solitude, même gavée de tranxène et sous l'influence d'un kilo de canabis, les plus ferventes opposantes à la fessée sentent leurs doigts fourmiller. Voire visualisent très nettement un lancer de chiard contre le mur le plus proche. Parfois, imaginer le bruit sourd de la collision procure même un plaisir coupable.

Et ça, c'est AVANT que l'enfant en plein tournant délicat des deux ans n'embraye sur la phase 2 de la crise.

La mue en une sorte de lamantin de douze tonnes.

Un phénomène très étrange que celui-ci. Ce bambin qui pèse en général 12 kilos grand maximum et qui au vu de sa célérité à se barrer d'un square dès que tu as le dos tourné ne manque pas de tonicité, semble subitement composé à 100% de gelée laxative. Tu le prends par les bras, ceux-ci te glissent des doigts comme des spaghettis trop cuits et tu te retrouves à le tenir par le cou ce qui n'est pas super recommandé si tu n'as pas dix ans d'ostéopathie derrière toi. Et encore. Tu tentes par la taille: le haut du corps part en arrière, te faisant redouter une fracture de la colonne, ce qui sur le moment résoudrait ton problème mais ne serait pas sans conséquence sur ta vie à venir. Reste le portage façon sac de farine sur l'épaule. Relativement efficace mais non sans risque. L'enfant de deux ans n'a en effet pas perdu son réflexe vomitif. Et retrouve instantanément son tonus musculaire pour te cogner avec application les omoplates avec ses kickers en titane.

Dans tous les livres de conseils psy à deux balles, on t'explique que le mieux dans ces cas là, c'est de respirer calmement par le ventre et de prendre un peu de distance, le temps que le nazillon se calme (ils ne disent pas nazillons évidemment mais désolée, personnellement le gremlin qui gesticule au rayon fromages parce qu'elle veut absolument manger là tout de suite de la mozarella (pratique) n'a plus rien d'un enfant).

A priori, les auteurs de ces torchons ne prennent pas en compte la crise au milieu du passage clouté alors que l'enfoiré de petit bonhomme vert clignote névrotiquement (prise de distance pour le moins délicate). Ni le fait que neuf fois sur dix, ton gamin n'en a rien à foutre que tu fasses semblant de t'en aller. Helmut trouve en général la force, en pleine apoplexie, d'arrêter deux secondes ses cris pour me dire au revoir quand je fais mine de m'en aller: "Très bien, rose, maman s'en va, si tu veux rester ici à te donner en spectacle au beau milieu du magasin, c'est TON problème. Tu as vu ? Là, je PARS. Tu vas rester TOUTE SEULE. Avec le vilain monsieur du supermarché qui va être très en colère (clin d'oeil complice au chef de rayon aussi agressif qu'un lapin nain). Au revouaaaaaar…"

"Avoir maman… Ouahiiiiiiiiiiiiiiinnnnnnnnnnnnnnnnnn".

Ce n'est jamais SON problème.

Sachant que RIEN de ce que tu ne feras ne t'estampillera bonne mère. La fessée ? Très mal vu, très guantanamo, très vilain. ça te vaut immédiatement des regards consternés et lourds de reproches de personnes en ayant sûrement donné à tour de bras mais qui sont trop heureuses de se venger à l'instant présent de ceux qui en leur temps les ont qualifiées silencieusement de tortionnaires. Cercle vicieux, je crains qu'on ne puisse jamais cogner nos gamins en toute impunité. Moi même je ne résiste pas à la tentation de juger hâtivement une mère un poil nerveuse quand Rose est dans un bon jour.

Céder au caprice ? Parfois, ça peut retarder le problème, surtout si l'objet du courroux est le refus d'entamer le paquet de granola à 18h45 avant le pasage en caisse (mais il faut savoir que c'est à court terme, une crise non aboutie signifie une autre crise plus violente dans la journée. C'est prouvé.) Céder est par ailleurs plus compliqué si pupuce a tout bonnement décidé qu'elle ne voulait plus porter ses chaussures par moins 15 et sous la flotte. Carrément inenvisageable si mademoiselle refuse de monter dans sa poussette alors que tu dois emmener sa soeur ainée au solfège à une heure de métro de là et que tu es de toutes façons déjà en retard avant même d'être partie.

Hurler ? ça soulage et à tout prendre, j'ai la faiblesse de penser qu'une agression verbale laisse moins de traces qu'une torgnole. En tous cas c'est toujours ça que l'aide sociale à l'enfance ne pourra pas détecter. Totalement sans effet cependant. Si ce n'est de passer pour une alcoolique.

Détourner l'attention en proposant tétine, doudou, gâteaux, calins, deux heures de tchoupi à la télé ? Peut fonctionner en cas de crise mineure. Mais si la machine est lancée, l'enfant n'entend plus et n'a plus aucun sens commun. Si tant est qu'il en ait eu un jour.

Parler calmement, ouvrir ses chacras et lui montrer que tu l'aimes toujours malgré toute l'energie qu'il/elle déploie à se faire haïr ? Nécessite une force intérieure que seules les meilleures d'entre nous possèdent. Et hélas ne marche quasiment jamais non plus.

On m'aura compris, la crise d'un enfant de deux ans, c'est un peu comme le programme "spécial blanc" de ta machine à laver. Une fois enclenché, tu dois attendre les deux heures réglementaires et que l'essorage soit totalement terminé pour ouvrir le hublot.

Là, tu attends que ton rejeton, certes bionique, ne trouve plus assez de jus pour continuer à t'essorer toi.

A ce moment là, en quelques dixièmes de secondes, tu te retrouves avec dans les bras une poupée de chiffon collante et parfois puante (le vomi ou la merde de chien dans laquelle elle avait élu domicile lors de la phase "étoile de mer" de la crise) qui se recroqueville contre toi en marmonnant un truc qui ressemble vaguement à "pardon".

A moins que ce ne soit: "t'es trop con".

Ce qui serait d'une grande clairvoyance en l'occurence. On n'a pas idée de pardonner aussi vite, aussi.

Il faut croire que la survie de l'espèce humaine tient à deux choses. L'amnésie des femmes quant aux douleurs de l'enfantement et l'absence totale de rancoeur que les mères éprouvent vis à vis de la cause même de ces douleurs. Et ce, quelque soit les sévices qu'elles endurent.

Et encore, s'il n'y avait que le fait de pardonner. Une fois sur deux tu t'abaisses carrément à t'excuser pour toutes ces choses affreuses que tu as dites ("maman va te laisser là tout seul au milieu de la route et n'en a rien à foutre") ou pensées ("Non seulement j'en ai rien a foutre mais j'attends avec impatience le 38 tonnes qui va te passer dessus") pendant la crise. Voire faites (un léger serrage de bras qui laisse hélas deux bleus de chaque côté qui pendant une semaine te plongent dans des affres atroces sur le mode "je suis la femme de Michel Fourniret"). Ce qui, évidemment, ne fait qu'alimenter le sentiment de toute puissance de chouchou. Et prépare donc le terrain pour la prochaine salve…

Non mais à part ça, c'est cool.