Catégorie : La ronde et les enfants

A star is porn

IMG_2296
Hier, Rose jouait peinarde dans sa chambre, ce qui en soi est un événement aussi notable que l'apparition de la vierge devant cette brave Bernadette. Son frère, qui partage ladite chambre avec elle, est monté chercher son livre de maths – apparté: j'ai donc fourgué quelques centaines d'euros à La Redoute pour des bureaux qui ne servent à rien, ils persistent à faire leurs devoirs à mes pieds en étalant toutes leurs affaires et s'ils pouvaient s'asseoir sur mon clavier je pense qu'ils le feraient.

Il est monté, donc, puis redescendu totalement offusqué.

"Je ne sais pas ce que vous lui apprenez ou ce que tu lui as fait regarder aujourd'hui maman, mais là, Rose a déshabillé ses barbies et son ken et ils font des choses vraiment bizarres ensemble". Le pauvre, il aurait surpris ses parents en train de forniquer il n'aurait pas eu l'air plus perturbé.

Quelque chose me dit qu'on n'a pas fini d'avoir des problèmes. Sans compter qu'on a été à deux doigts qu'elle emmène à l'école ce petit canard pour grands que le churros a cru bon de ramener du boulot (un cadeau d'une caisse de prévoyance, preuve qu'il reste quelques poches d'humour ou de résistance dans des endroits qu'on ne soupçonnerait pas).

Bref, à part ça, ne JAMAIS fanfaronner auprès des copines sur le mode "putain je crois qu'on peut enfin respirer, mes enfants se sont finalement fabriqué des défenses immunitaires, depuis la rentrée on n'a presque pas vu un médecin".

Deux heures plus tard, le machin pointait à 39 de fièvre et le lendemain, c'est Rose qui dans une quinte de toux dégobillait ses petits pois. 

La routine, quoi.

Résultat, vous m'excuserez du peu mais ce sera tout pour aujourd'hui.

Ah si quand même. Hier j'ai reçu un texto de Michel, le coiffeur des blogueuses et accessoirement propriétaire de mes crinière – il a un copyright sur ma frange – pour m'avertir qu'il ne validait absolument pas "ce brushing ringard à la Dallas" que Nadia venait de lui montrer sur son téléphone. Dans la foulée il m'a fixé un rendez-vous dès aujourd'hui pour "faire quelque chose parce que là on va où, hein ?". Je me demande tout de même si je ne suis pas en train d'entrer dans le show business. Je veux dire, c'est un truc d'Ines de la Fressange, ça, non, de recevoir des sms de son coiffeur ? 

IMG_2286
IMG_2289
En tous cas elle va probablement être de celles qui font le premier pas.

IMG_2288
IMG_2293
Tu m'étonnes qu'il est pépère le Ken. Je serais lui je me méfierais du poney, cela dit, il semble avoir une vraie place dans le scénario. En fait si ça se trouve elle va devenir blogueuse pornographique. Une sorte de délit-maille mais qui s'appellerait le délit-boules.

Over dressed

DSC_0056.jpg_effected
Vendredi soir mes twins étaient invités à une soirée déguisée. Pas super friands de costumes, ils m'ont regardée avec un mélange de détresse et de pitié quand j'ai émis l'hypothèse que la robe de fée clochette et le costume de Dark Vador pouvaient peut-être encore leur aller.

Qu'à cela ne tienne, on ne provoque pas une influente de la bloguerie, j'ai dit. J'ai joint le geste à la parole, emmenant tout ce petit monde chez Claire's, avec dans l'idée de dénicher deux ou trois accessoires  qui me permettraient de bricoler un déguisement pas trop neuneu. Ce qui est bien chez Claire's, c'est que tu trouves tout ce que tu cherches, mais bien plus encore. Des objets de première nécessité. Un gloss au goût de SevenUp par exemple.

Une fois rentrés à la maison, j'ai improvisé un atelier maquillage. L'objectif était de donner un look de sorcière à la chérie et de diablotin au machin.

A l'arrivée: Nina Hagen et Sid Vicious mais en version vulgaire. Comme il était trop tard pour recommencer, je me suis dit qu'à priori tous les autres gosses avaient probablement misé aux aussi sur le gothique et la punk attitude. On n'a pas 11 ans toute sa vie, non plus.

"J'espère qu'ils ne seront pas en lapins ou peter pan", ai-je toutefois pensé, balayant instantanément cette éventualité désagréable.

Au final, il y avait deux robin des bois, trois petites indiennes et un dracula dont le seul accessoire effrayant était un dentier maculé de ketchup.

Et donc deux gosses tout droit sortis d'un shooting porno chic, call me Carine Roitfeld. Mais très bien maquillés par contre. Sans me vanter je pense que les queens de la beautysphère auraient applaudi mes smokys eyes.

C'est à dire qu'en revanche si ça n'avait pas été les miens j'aurais appelé les services sociaux.

Depuis je rase les murs dans le quartier et mes enfants ne m'adressent plus la parole. Et je me suis jurée de ne plus jamais visionner un seul tuto de maquillage sur youtube. Ces trucs là ça vous colle le démon.

DSC_0054.jpg_effected
DSC_0059.jpg_effected
DSC_0062.jpg_effected
DSC_0075.jpg_effected DSC_0095.jpg_effected

Wanabee(2)

Tatoo

– Mais pourquoi tu as fait ça ?

– Voulais faire du machillage.

Je crains que ça ne se confirme, je suis en train d'élever une future youtubeuse. D'ici à ce qu'elle se mette à commander des pinceaux M567 pour étaler le liner – et pas le fard à paupière, pauvre dinde – il n'y a qu'un pas. Le jour où elle me demande mon classement Klout, je jette mon ordinateur et on part dans un achram reconnecter notre corps avec notre esprit. 

A part ça, Rose a un nouvel ami, bien réel celui-ci (je l'ai vu). Samuel.

– Tu fais quoi avec lui, vous allez sur le toboggan, vous faites la course, la bagarre ?

– Mais nooooon maman (air blasé). Samuel il me fait des coiffures. Des crèsses, des couettes, des barrettes…

Trois ans et elle a trouvé son Michel. Je vois bien une carrière internationale en fait.

 

Wanabees

DSC_0123.jpg_effected
Le week-end dernier, la chérie avait invité sa copine éponyme. Elles se connaissent depuis la maternelle et n'ont finalement été dans la même école que deux ans. Deux années qui ont suffi à en faire des inséparables malgré les chamailleries régulières.

Elles m'ont toujours rappelé ma copine Béa et moi, quand on allait manger en pleine nuit du thon à l'escabèche en se racontant notre vie. 

Mais samedi soir, quand je suis entrée dans la chambre de ma fille pour sonner les cloches du coucher, j'ai surpris chez les trois enfants – le machin était accepté dans l'antre, à condition qu'il se tienne bien tranquille dans son coin avec sa console – une expression qui n'était plus celle d'il y a encore quelques mois. Rien d'inquiétant, rien d'agressif, mais une sorte de distance, un signe, imperceptible, que je venais d'interrompre une confidence. Est-ce que c'était la musique à fond, les stickers Swinging London qui ont remplacé les affiches Hello Kitty ou encore les docks échoués dans un coin ? Le fait est que l'adolescence a définitivement installé ses quartiers chez moi.

J'ai toujours pensé que j'en serais malade, que cela signerait la fin de MA candeur et que je banirais l'idée même de comédons sur l'adorable nez de mes bambins.

Et bien étrangement, samedi, j'ai plutôt ressenti de la joie. Peut-être parce que ce que je voyais s'esquisser dans cette toute petite chambre m'a semblé valoir le coup de tous les haussements de sourcils à venir, de toutes les portes claquées et des "tu ne comprends rien" que je vais me manger…

DSC_0022.jpg_effected
DSC_0121.jpg_effected

Telle est prise…

IMG_1809.jpg_effected
Il y a quelques jours, je me suis enquise auprès du maitre de Rose de la façon dont ça se passait en classe. Je tiens à préciser que je suis plutôt en mode routarde de l'école avec number three, hyper détendue du slip – si on met de côté ma légère incontinence lacrimale le jour de la rentrée. Autrement dit son père et moi la livrons le matin comme un paquet à la poste, un bisou et hop à ce soir. Et lorsque c'est à moi de la récupérer, idem, je l'embarque après un bonjour au-revoir à l'enseignant. Le pauvre est de toutes manières pris d'assaut par les primipares en manque d'informations capitales sur ce que leur astre a mangé, la durée de la sieste ou la façon dont il a une fois de plus fait preuve de sa précocité.

Bref, j'ai compris, après tant d'années de pratique, que l'instit n'a pas que ça à faire que de tresser les louanges de mon enfant (non parce que ne nous voilons pas la face. Quand on demande à un prof si "tout va bien", la seule réponse que nous soyons en mesure de recevoir est un "oui" franc et massif. Aucun parent ne souhaite entendre qu'il y a un souci. Dans ce cas en général on se rappelle que mince, on a piscine et qu'on ne peut absolument pas rester pour écouter le compte-rendu forcément injuste des méfaits de notre enfant chéri).

Donc, disais-je, sentant qu'il y avait un mini créneau pour obtenir le fameux "oui, tout se passe bien" cher à mon coeur – et aussi pour montrer que je n'étais pas non plus indifférente aux progrès en gommettes de Rose – j'ai posé la question rituelle:

"Tout se passe bien ?" (dis oui, dis oui, dis oui de toutes façons j'ai poney).

J'ai été servie: tout va pour le mieux, elle est souriante, conciliante et toujours partante.

Ravie mais un peu perplexe – je connais les limites de mon joyau – j'ai embrayé sur ma préoccupation première:

"Et… vous… vous la comprenez ?"

Regard un peu étonné du maitre. "Bien sûr, pourquoi cette question ? Elle est très explicite et fait partie des enfants de la classe qui s'expriment parfaitement".

Je le sentais qu'il y avait un os. J'aurais du être alertée dès le "conciliante".

"On parle de Rose, hein", lui ai-je donc signifié goguenarde (celle que tu as perdue le premier jour, remember).

Regard cette fois-ci un peu froissé de l'enseignant.

"Oui, je sais désormais qui vous êtes et je sais qui est Rose. Et je vous le répète, elle parle et prononce parfaitement pour son âge".

Après il m'a très clairement fait comprendre que bien que conscient de cette tension sexuelle entre nous, il souhaitait mettre fin à cette conversation.

Je suis repartie pour le moins dubitative, d'autant que Rose m'a alors gratifiée d'un "il est ti le sieur, hein ?" (il est gentil le monsieur) qui m'a confirmé qu'on était assez loin du concours général de diction.

On aurait pu en rester là – et le mystère entier – si le surlendemain je n'avais pas fait avaler à la hâte un demi litre de doliprane à une Rose brûlante avant de la déposer, histoire de pouvoir expédier un rendez-vous de boulot avant de recevoir un coup de fil de l'école. Bingo, à peine le fameux rendez-vous terminé, message du directeur m'avertissant que le thermomètre frontal avait littéralement fondu.

J'ai déboulé feignant la surprise, confiant qu'elle mouchait bien un peu ce matin mais pas plus. "Vous pensez bien que je ne vous l'aurais pas laissée, sinon" (regard entendu, complicité, tension sexuelle).

Le maitre s'est contenté de cette réponse fielleuse: "C'est étonnant ce que vous me dites. Rose m'a pourtant parlé du doliprane qu'elle aurait pris juste avant de partir pour chasser la vilaine fièvre. Ce sont ses mots exacts. Mais je l'ai peut-être mal comprise après tout".

Je veux voir un point positif dans cette humiliation en règle. Ma fille n'a en effet aucun problème d'élocution.

En revanche elle se fout donc de moi depuis des mois. En plus d'être une sale balance. Je crois que je préfère sa grande soeur, je vous en ai parlé ?

Edit: A part ça donc la fashion week battant son plein je me suis mise au stree style. Je suis très excitée à l'idée de vous mettre au jus de toutes les nouvelles tendances. Ici le collant perforé. Géniaaaaaal.

Instants de grâce

IMG_1645
Je crois que rien que pour ces moments là je ne regretterai jamais d'avoir décidé de bosser chez moi. Pour ces soirs où je vais chercher Rose à l'école. Une expérience que je découvre presque, tant cela fut rare lorsque les grands avaient son âge.  Je les apprécie tellement d'ailleurs, ces instants, que j'ai déjà décommandé deux fois la nounou pour y aller à sa place. Dans ce cas, je me débrouille pour arriver la première derrière la porte de sa classe et la regarder par le hublot. Son sourire quand elle m'aperçoit, ses dents comme des perles, avec ce petit trou qu'on dit du bonheur, je ne sais pas comment l'exprimer. C'est bon, si bon que je crois que ça me fait presque un peu mal.

On sort de l'école, on remonte l'avenue d'Italie et on s'arrête devant la petite boulangerie, celle qui vend les meilleurs croissants du monde. Là, munie de ses dix centimes, elle choisit toujours les deux mêmes bonbons. Une fraise et une banane. Quand elle ressort, son petit sachet à la main, je pourrais la croquer avec autant d'appétit qu'elle ses haribos.

En général, après, elle me pète bien les couilles et je regrette un peu d'avoir annulé la nounou. Mais ça, je ne m'en souviendrai sûrement pas dans dix ans.

On n’est pas à Babylone, ici

DSC_0028.jpg_effected
Après une semaine à la maternelle pour Rose et au collège pour les grands, deux trois anecdotes au débotté, sans lien particulier les unes avec les autres.

– Le maître de Rose a très probablement connu un problème d'enlèvement d'enfant dans sa carrière. Sinon, comment expliquer qu'au terme de la première semaine, après m'avoir vue tous les jours venir chercher ma fille, il ait jugé nécessaire d'exiger mon passeport avant de m'autoriser à repartir avec la chair de ma chair qui, tiens-je à le préciser, s'était précipitée dans mes bras avec l'empressement d'un chiot qu'on aurait abandonné au chenil depuis le mois de juin ? Ok, je sortais de chez le coiffeur. Mais quand même. "Votre visage ne me dit rien", m'a-t-il déclaré sans l'ombre d'un sourire. Pour ensuite marquer un temps d'arrêt, constatant que sur mes papiers je ne portais pas le même nom que ma fille. Ou alors c'est un flic en reconversion.

– Tous les soirs depuis lundi dernier, Rose nous a parlé de Théo, son copain à elle. Théo a fait un dessin avec moi, Théo sur le toboggan, Théo à la cantine, Théo qui me fait rigoler dans la classe et, cerise sur le gâteau, Théo et moi on va avoir un bébé et ce sera un garchon (la tête de son père). Intriguée par cet astre au prénom identique à celui du meilleur pote du machin, c'est tout naturellement que je me suis renseignée auprès de son maton maître: "pouvez-vous me montrer le petit Théo, Rose m'en parle en permanence et il pourrait devenir le père de ses enfants, ce qui je pense justifie que nous soyons présentés". Réponse sans appel du maître un peu dérouté: "Aucun Théo dans la classe". Pas plus de Théophile, de Théodore ou tout autre bambin dont le prénom commencerait par un T. Note pour plus tard: retrouver le numéro de la pédopsychiatre.

– On va avoir du mal avec le programme de maths des grands. Quand je dis "on", je pense essentiellement à moi, qui ai séché dès le premier devoir à la maison. Ce dernier portait sur la numération babylonienne. Jamais entendu parler jusqu'à dimanche et dieu merci ça n'était pas au programme du Bac B année 1989 (j'ai eu 19/20, je vous l'ai dit ?). Figurez-vous que non contents d'avoir adopté un système sexadécimal (en gros ils comptaient de 60 en 60, tellement plus simple) (merci les mariages consanguins), ils avaient eu l'idée de génie d'utiliser non pas des chiffres mais des symboles, pour illustrer leur numération: des clous (les unités, que nous représenterons ici par des Y parce que thanks god, les babyloniens ont été décimés et qu'aucun clavier ne comporte de touche "clou") et des chevrons (les dizaines). Facile ? Oui, jusqu'à 59 (cinq chevrons et 9 clous pour celles et ceux qui n'ont pas quitté ce blog pour un autre plus accessible) (avec des tutoriels qui t'expliquent comment utiliser les cotons démaquillants par exemple) (je sens que ma régie pub est au bord de la crise de nerfs). Jusqu'à 59, donc, tranquille. Mais après, accrochez-vous, parce que le clou peut tout d'un coup être égal à 60 mais aussi 60×60 (3600). Et le chevron ? Pareil, protéiforme, le chevron. Sans crier gare, ça peut valoir 600 unités. Sauf que rien ne ressemble plus à un chevron de dix qu'un chevron de 600. Aucun signe distinctif, ils avancent masqués. Résultat, on te demande, par exemple, de traduire en chiffres normaux ce nombre:

YY <Y  YYYYY.

Ou bien d'écrire 3610 en babylonien.

Autant vous dire que ça s'est terminé en psychodrame, compte-tenu du fait qu'à l'heure tardive où j'écris ce billet je n'ai toujours pas compris L'EXEMPLE donné en tête d'exercice. En revanche j'ai répondu à l'aise à la question c) dudit exercice: "Quel est l'inconvénient majeur de la numération babylonienne ?".

"Elle fait chier, la numération babylonienne. Ecrivez-le: elle fait CH-I-ER."

Je crois que c'est à ce moment là que la chérie a fondu en larmes, balbutiant entre deux sanglots qu'elle ne voulait pas être orientée.

Le mot de la fin, comme souvent, revient au machin (qui soit dit en passant a réussi à répondre à toutes les questions sans toutefois être capable de m'expliquer le moins du monde comment) (les lois de la génétique sont impénétrables) (alors que les babyloniens à mon avis il ne se sont pas gênés):

"En tous cas, ils avaient un gros cerveau à Babylone. Ou bien ils étaient perturbés".

C'est bien ce que je disais. Tu m'étonnes que ça se soit mal terminé.

Je vous laisse je file à la pharmacie de la place Clichy racheter ma provision de bêta-bloquants. Il m'en faudra dix chevrons et trois clous, connard.

Edit: je n'avais pas d'idée pour illustrer. Et ça m'a émue tout de même que ma chérie (j'ai déjà dit que c'était ma préférée ?) (même si la pauvre elle fera des études littéraires) mette cette médaille le jour de la rentrée, pour que je sois un peu avec elle. C'était avant que je perde un tant soit peu mon quant à soi.

Cour(s) d’école

Roserentree
J'aurais adoré avoir l'énergie d'écrire un billet d'anthologie sur cette journée pour le moins traumatisante au cours de laquelle j'ai vu mon bébé entrer à la maternelle et mes grands mais néanmoins toujours nés à 34 semaines (donc prématurés) pénétrer dans l'antre de la vie adulte, à savoir le collège.

Mais hélas, je crois que trop d'émotions tuant l'émotion, je suis tout simplement vidée de mon énergie (je n'ai pas non plus hérité d'un capital énorme à la base). Sans rire, je me suis retrouvée hier soir à 18h31 avec cette impression étrange d'avoir pris une cuite la veille et enchainé sur une traversée de la Manche à la nage. Pourtant, franchement, cela s'est passé le mieux possible. A savoir que la seule personne ayant sangloté hier est votre serviteuse. Et bien que cela signe définitivement mon incapacité à gérer mes émotions (en même temps j'ai pleuré à gros bouillons pour la médaille de bronze de Christophe Lemaitre, quelque part ce serait ingrat de rester insensible à la rentrée de Rose à l'école), j'avoue préférer que les larmes versées aient été les miennes plutôt que celles de mes chérubins. Bref, voici, en quelques mots, quelques bribes émergeant de ce 5 septembre 2011…

– On s'est rendu compte dimanche soir que la rentrée des petites sections de la maternelle de Rose s'étalait sur deux jours et que la date d'entrée de l'enfant serait "conforme à ce qui avait été décidé lors de la réunion de pré-rentrée du 21 juin". Réunion volontairement séchée par mes soins au prétexte que ce n'est pas aux vieux singes qu'on apprend le fonctionnement de la cantine (la seule chose qui intéresse les parents ces jours là). Boulette, pour une fois la réunion servait à quelque chose. Par conséquent, gros doute quant au jour exact de rentrée de number three, à qui il a fallu expliquer qu'on se préparait mais qu'on n'était pas sûrs finalement. Ne souhaitant pas dégrader l'image idéale qu'elle a encore de sa mère, j'ai tout collé sur le dos de l'Education nationale, cela va de soi.

– Au final, c'était donc bien hier, ouf. Par contre, Rose qui avait bien intégré la notion de "maitresse" (bourrage de crâne tout l'été sur cet être céleste et merveilleux qu'elle aurait la chance de rencontrer bientôt) a eu la surprise – et moi aussi, première fois en 8 ans – de se retrouver face à un maitre. "C'est pareil, maman, c'est zuzt un garchon", m'a-t-elle rassurée devant mon désarroi.

– Après trente secondes à faire écran entre ma fille et un petit garçon menaçant d'entrer en éruption à force d'hurler, j'ai finalement décidé de m'éclipser, constatant que Rose se foutait éperdument du désespoir de son petit camarade (je crois qu'elle est de droite). Elle m'a gratifiée d'un laconique "à tout à l'heure" et c'était plié. C'est après que je me suis effondrée. Mais j'avais eu le temps de me réfugier au Monoprix.

– J'ai ensuite rejoint mes grands à la maison. La chérie, prête et habillée depuis 7h23 fignolait ses fiches bristol sur lesquelles elle a rapporté scrupuleusement toutes les fournitures demandées, matière par matière. Un modèle de décontraction.

– Le machin, lui – il était 9h45 et nous étions censés partir dans les cinq minutes – se grattait les couilles sur le canapé devant un manga. En pyjama.

– Après que je l'ai gentiment invité à s'habiller ("TU TE FOUS DE NOTRE GUEULE OU BIEN ?"), il est redescendu, vêtu d'un pantalon improbable que je suis aboslument certaine de n'avoir jamais acheté et qui réussissait l'exploit d'être à la fois trop petit et trop grand. Et chaussé de ses sandales de moine, tolérables sur la plage mais moyennement élégantes pour un jour de rentrée.

– Quand je l'ai inspecté de près, j'ai pu avoir la confirmation qu'il n'avait pas jugé utile de se laver la figure. Blasée, j'ai posé la question à cent balles: "tu t'es AU MOINS lavé les dents ?". Question à laquelle il a répondu, confondant de sincérité : "Non, t'inquiète, pas besoin, vu que je viens de réaliser que j'ai oublié de petit-déjeuner". Ah bon, ça va alors.

– Une fois dans la classe des enfants, la professeur principal – de français – a fièrement annoncé que son dada c'était la calligraphie. La tronche du machin. Et la sienne dans une semaine quand elle aura sa copie sous le nez. J'ai été tentée de lui filer ma boite de bêtabloquants.

– Alors que nous avions solennellement convenu avec les enfants que le fait d'être dans la même classe n'impliquait pas nécessairement qu'ils s'asseoient l'un à côté de l'autre (nécessité de respecter l'intimité de l'autre, périmètre obligatoire de sécurité sous peine d'injonction juridique, etc), j'ai eu à peine le temps de dire ouf qu'ils étaient déjà collés l'un à l'autre et en train de s'engueuler. L'année va être longue.

– J'avoue avoir décliné la proposition du proviseur faite aux parents de manger à la cantine avec leurs enfants pour ce premier jour. Je n'en suis pas particulièrement fière, surtout après avoir râlé pendant six ans contre la façon dont les parents étaient exclus de l'enceinte de l'école. Finalement je crois que ça me convient assez d'être exclue de l'enceinte scolaire.

– A 16h04 j'étais devant la maternelle de Rose qui n'ouvrait ses portes qu'à 16h20. Je m'étais fait violence pour ne pas arriver à 14h45.

– Quand je l'ai vue, elle était sagement assise en rond avec les autres enfants, autour du maitre qui chantait une chanson. Elle levait les bras en claquant la langue. J'étais gênée vis à vis des autres parents, tellement il était évident qu'elle claquait bien mieux la langue que les autres. J'ai filé au Monoprix pleurer un bon coup et je suis revenue.

– Alors que je la serrais dans mes bras, le maitre, un poil emmerdé, m'a avoué qu'ils l'avaient perdue durant un laps de temps dont il ne m'a pas précisé la durée. Ils l'ont finalement retrouvée dans une autre classe, après avoir légèrement paniqué (perdre dès le premier jour une enfant précoce c'est moche).

– Fidèle à mon habitude consistant à sourire bêtement à tout ce que me disent les enseignants – je veux qu'ils m'aiment – j'ai niaisement rigolé. Une fois sortie de l'école je te l'ai bien pourri en pensée tout de même. Je veux dire, comment est-ce possible que mon joyau ait pu échapper à sa vigilance ne serait-ce qu'une seconde ?

– J'ai ensuite tenté de reconstituer le drame avec Rose. ça a donné à peu près ça:

Moi:  "Alors ma chérie, il parait que tu t'es perdue aujourd'hui ? Mais qu'est-ce qui s'est passé ? Pourquoi tu es sortie de la classe ? (Tu cherchais la bibliothèque ?)".

Rose: "Je veux un bonbon".

Son frère et sa soeur ont eu un peu plus de chance et en mettant bout à bout ses bribes d'explications, il semblerait qu'elle n'ait pas suivi ses camarades à la fin de la récréation et qu'elle se soit retrouvée seule dans la cour. Elle se serait alors fait engueuler par une "dame", à qui elle aurait dit "pardon, pas fait essprès". Et qu'elle se soit ensuite retrouvée dans une classe qui n'était pas la sienne.

Je suis à deux doigts d'intenter une action en justice. En même temps je suis de gauche.

– Pour finir, mes grands sont revenus à la fois enchantés (ils n'ont pas cours le vendredi après-midi) et désemparés (la récréation ne dure que dix minutes).

Le mot de la fin au machin à qui son père lui demandait ses impressions: "j'ai trouvé ça super bien, la cour est trop stylée".

Attends de faire de la calligraphie, mon vieux. Tu vas moins rigoler.

Loumariusrentree

Et si on chantait ? Ou pas.

IMG_1559
Hier, Rose, qui n'a pas à proprement parler énormément progressé dans sa maitrise de la langue française et dont les déclarations nécessitent en général une traduction maternelle, m'a démontré qu'elle ne manquait malgré tout pas de ressources.

Alors que nous devisions gaiement avec le Machin dans le bus 64, elle a en effet partagé très distinctement son étonnement devant le comportement un peu étrange d'une jeune fille trisomique: "Non mais tu as vu MAMAN comme elle est BIZARRE la dame ?".

Bien que très émue par la construction parfaite de sa phrase – répétée trois fois au cas où mamencontreusement le papa de la dite jeune fille ne l'ait point entendue -, il m'est surtout revenu à l'esprit que les deux années à venir seraient certes pavées de joies immenses mais également d'une tripotée de grands moments de solitude.

Ce que je n'avais pas anticipé en revanche, c'est que la prochaine salve n'allait pas tarder à me tomber dessus. Se désintéressant de sa première cible, mon adorée s'est ainsi concentrée sur mon décolleté. Et considérant visiblement que le monsieur d'en face partageait un peu trop l'objet de son affection, elle s'est lancée dans une improvisation chantée (il m'a semblé reconnaitre l'air des Parapluies de Cherbourg mais je ne suis pas catégorique): "Les seins à maman, ils sont qu'à maman, ils ne sont pas à toua, ils sont à maman, les seins à maman, et en plus ils sont très groooooos…"

J'admets avoir été tentée de détourner son attention en direction de l'unijambiste qui venait de monter dans le bus.

A part ça, je suis donc pétrie d'inquiétudes quant à son intégration à l'école avec ses dix mots de vocabulaire, mais un peu moins qu'avant-hier.

Edit: sinon, je me suis fixée comme objectif en cette rentrée d'être un peu moins ridicule que pour celle, il y a huit ans, de mes ainés.

Edit2: Les chaussures canons de ma fille – et discrètes surtout – viennent d'H&M et coûtent une bouchée de pain (à savoir moins de 20 euros je crois, donc rien comparé aux 80 euros minimum de n'importe quelle paire de chaussure pour enfant) (je conseille régulièrement aux miens de faire ça comme métier plus tard: chausseurs pour gosses). C'est un basique du magasin qu'on trouve en toute saison, et dont les coloris et motifs changent régulièrement. En ce moment donc, elles sont roses ou argentées et comme la photo très saturée ne le montre pas, elles sont ornées de petites étoiles. H&M ne m'a absolument pas payée pour en parler, et par conséquent j'ajoute, pour plus de précision, que leur semelle ne résiste qu'assez peu de temps à une marche sur les talons (autrement dit les gosses qui trainent la gaudasse). Mais leur avantage considérable réside dans l'absence de lacets ou de zip, ce qui devrait, si mes pronostics sont bons, m'attirer la sympathie immédiate de la maitresse.

Edit 3 et après c'est vraiment tout: vous pouvez lire ma chronique "rentrée" sur La taille mannequin c'est démodé…